100% Sénat - Le Sénat a adopté la proposition de loi visant à prévenir les ingérences étrangè

  • il y a 4 mois
100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat.
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00:00:00 Générique
00:00:02 ...
00:00:09 -C'est une menace devenue omniprésente
00:00:12 pour notre démocratie.
00:00:13 Le Sénat a adopté hier une proposition de loi
00:00:16 pour lutter contre les ingérences étrangères,
00:00:19 ces manipulations de l'information d'un Etat sur un autre
00:00:23 pour manipuler son opinion publique.
00:00:25 La France va se doter de nouveaux outils
00:00:28 pour identifier les acteurs des ingérences étrangères
00:00:31 et pour les sanctionner.
00:00:33 Pour mieux comprendre, je vous propose de revivre
00:00:36 cette séance dans "100 % Sénat".
00:00:38 -La démocratie ne fonctionne que lorsque nos concitoyens
00:00:42 sont éclairés, lorsque leurs consciences sont informées.
00:00:46 Les ennemis de la démocratie ont compris
00:00:49 que la bonne information des citoyens était la clé de voûte
00:00:52 de la démocratie, et c'est pourquoi ils s'en prennent
00:00:56 de manière régulière et de manière assez intense,
00:00:58 nous le constatons ces derniers mois,
00:01:00 à cette clé de voûte, c'est-à-dire
00:01:02 à la bonne information des citoyens,
00:01:05 en instillant le virus de la désinformation
00:01:09 dans le débat public pour le polariser,
00:01:12 pour le radicaliser et pour dévitaliser notre démocratie.
00:01:18 Et c'est la raison pour laquelle je veux saluer
00:01:20 le travail des parlementaires,
00:01:22 et en particulier des rapporteurs Agnès Canailler
00:01:24 et Claude Malluret, ainsi que le travail des commissions
00:01:27 des lois et des affaires étrangères
00:01:29 sur cette question fondamentale,
00:01:31 qui est traitée dans le cadre de cette proposition de loi,
00:01:34 celle de l'influence étrangère
00:01:36 et celle des ingérences étrangères.
00:01:39 La proposition de loi traite d'abord de l'influence étrangère
00:01:43 en créant pour la 1re fois, je dirais,
00:01:46 un bouclier de transparence pour que les Français
00:01:49 puissent être dûment informés
00:01:52 des activités d'influence ordonnées
00:01:54 ou dirigées par des puissances étrangères
00:01:57 au travers de mandataires
00:01:59 qui viendraient influencer le débat public,
00:02:03 les politiques publiques qui sont menées.
00:02:06 C'est l'article 1 de cette proposition de loi,
00:02:08 le registre placé sous la responsabilité
00:02:10 de la Haute Autorité pour la transparence de l'avis public.
00:02:13 Et je veux remercier Mme la rapporteure
00:02:16 pour son apport décisif en commission
00:02:20 qui a permis de préciser la matérialité
00:02:23 qui permet de déterminer
00:02:25 ce qui relève d'une activité d'influence.
00:02:27 Et en particulier, les personnes physiques ou morales
00:02:32 qui seraient contactées par les mandataires
00:02:34 de ces mandants étrangers
00:02:36 et qui, par les contacts qui auraient été établis,
00:02:41 eh bien, je dirais, présenteraient toutes les caractéristiques
00:02:44 d'une personne agissant pour le compte d'un intérêt étranger.
00:02:48 Je crois qu'il était important de définir cette matérialité.
00:02:53 Et je salue cet apport en commission.
00:02:57 Et puis, le deuxième gros volet de cette proposition de loi,
00:03:01 c'est la lutte contre les ingérences étrangères
00:03:03 qui se distinguent, évidemment, de l'influence étrangère
00:03:06 en ce qu'elles sont, évidemment, malveillantes
00:03:08 et, évidemment, illégales.
00:03:10 Encore faut-il que face à ces ingérences étrangères,
00:03:14 nous avons une disposition d'un véritable bouclier démocratique,
00:03:19 un bouclier qui permet de faire échec à ces ingérences
00:03:23 de la même manière qu'on fait échec à la propagation d'un virus,
00:03:27 en disposant à la fois de moyens de détection
00:03:30 pour pouvoir identifier des manœuvres informationnelles,
00:03:34 des dispositifs de traitement
00:03:38 pour dissuader ou pour supprimer
00:03:41 les comptes, sur les réseaux sociaux notamment,
00:03:46 des protagonistes de manœuvres informationnelles.
00:03:50 Et puis, enfin, l'immunité collective qu'il nous faut atteindre
00:03:54 si nous voulons pouvoir éviter d'être nous-mêmes,
00:03:59 en tant que citoyens, contaminés par ces fausses informations
00:04:03 pour, en définitive, contaminer les autres.
00:04:06 Et de ce point de vue-là, vis-à-vis de ce bouclier
00:04:09 que nous avons commencé à construire depuis quelques années,
00:04:12 je pense à la création de Viginum en 2021
00:04:15 sous l'impulsion du président de la République,
00:04:17 je pense aux lois européennes qui ont été adoptées
00:04:20 ces dernières années, en particulier le règlement
00:04:22 sur les services numériques qui impose aux grandes plateformes
00:04:24 de réseaux sociaux de lutter activement
00:04:26 contre la désinformation.
00:04:28 À ce bouclier démocratique que nous bâtissons,
00:04:31 cette proposition de loi vient apporter
00:04:34 au moins deux chapitres nouveaux que je voudrais souligner.
00:04:39 Le premier était déjà dans la proposition de loi
00:04:43 qui est arrivée sur le bureau du Sénat.
00:04:45 C'est l'article 4 qui permet de mobiliser les algorithmes
00:04:50 pour, en sollicitant les données en sources ouvertes,
00:04:53 permettre aux services de renseignement d'anticiper,
00:04:56 de détecter, de caractériser, pour pouvoir attribuer
00:05:00 des opérations de manipulation de l'information.
00:05:04 Et puis la nouveauté introduite par le Sénat en commission
00:05:08 et que je veux saluer là aussi,
00:05:10 c'est un dispositif extrêmement dissuasif
00:05:14 de renforcement des sanctions et des peines applicables
00:05:17 à l'encontre des personnes qui se rendent coupables
00:05:20 d'atteinte aux biens et aux personnes
00:05:22 lorsqu'elles le font pour le compte d'une puissance étrangère.
00:05:27 Et dans ce cas-là, d'une part, c'est le parquet de Paris
00:05:31 qui pourra être saisi, et d'autre part,
00:05:33 les peines encourues sont doublées
00:05:36 pour les atteintes aux biens et les atteintes aux personnes.
00:05:38 On voit bien là qu'il s'agit de renforcer considérablement
00:05:44 le caractère dissuasif de notre arsenal répressif
00:05:49 à l'encontre des auteurs et des protagonistes
00:05:53 de manœuvres informationnelles et d'opérations
00:05:55 de manipulation de l'information.
00:05:59 Et donc, dans une période où la démocratie est attaquée
00:06:02 par des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur
00:06:05 qui ont bien compris que sans la pleine information
00:06:09 des citoyens, sans que les consciences
00:06:13 ne soient éclairées, la démocratie vacille,
00:06:15 il était indispensable, effectivement,
00:06:18 de pouvoir, s'agissant de l'influence étrangère
00:06:21 comme des ingérences étrangères,
00:06:23 renforcer notre arsenal,
00:06:25 augmenter les outils dont nous disposons.
00:06:30 Avec cette proposition de loi, nous faisons la transparence
00:06:33 sur les activités d'influence étrangère
00:06:35 et nous nous donnons les moyens de détecter et de sanctionner
00:06:39 les auteurs d'opérations de manipulation de l'information
00:06:42 comme nous en avons connu de très nombreuses
00:06:46 ces derniers mois, ces dernières semaines,
00:06:48 et je dirais même ces deux dernières années
00:06:49 depuis le lancement de la guerre d'agression russe
00:06:53 en Ukraine par Vladimir Poutine.
00:06:56 Je voudrais donc, en conclusion, remercier une nouvelle fois
00:06:59 les rapporteurs et les commissaires pour leur travail
00:07:03 en commission, en espérant que les débats
00:07:06 que nous aurons aujourd'hui nous permettront d'affiner
00:07:08 un peu plus ce texte très bien.
00:07:10 -Merci, monsieur le ministre.
00:07:13 Je donne la parole à madame Agnès Canailler,
00:07:15 rapporteure de la Commission des lois.
00:07:18 Vous avez 10 minutes, chers collègues.
00:07:20 -Bonsoir.
00:07:21 (Applaudissements)
00:07:24 Monsieur le président, monsieur le ministre,
00:07:27 mes chers collègues, les comportements hostiles
00:07:30 de pays étrangers destinés à déstabiliser la France
00:07:33 ne sont malheureusement pas de simples scénarios
00:07:35 de politique fiction.
00:07:36 Les ingérences étrangères ont toujours existé.
00:07:39 De forme classique comme l'espionnage,
00:07:41 elles permettent de capter des renseignements stratégiques
00:07:43 ou sensibles.
00:07:44 Plus modernes, les cyberattaques sont aussi des outils
00:07:47 d'ingérences étrangères, tout comme les opérations
00:07:50 d'influence ou de sharp power, qui permettent de manipuler
00:07:53 l'information à l'aide d'un narratif tronqué
00:07:56 pour affaiblir nos institutions démocratiques.
00:08:00 Mise en lumière par l'affaire des Macron-Lix en 2017
00:08:03 ou encore celle dite des "story killers" relevée en 2023,
00:08:07 les ingérences étrangères se développent souvent
00:08:10 sur des terreaux déjà fragilisés.
00:08:13 De Mayotte à la Nouvelle-Calédonie,
00:08:14 les Outre-mer sont ces derniers temps
00:08:16 les cibles d'opérations d'ingérences étrangères,
00:08:19 comme celle de l'Azerbaïdjan avec le groupe de Bakou,
00:08:22 récemment dénoncée par le ministre de l'Intérieur,
00:08:25 Gérald Darmanin.
00:08:26 La menace est aujourd'hui plus protéiforme,
00:08:29 omniprésente, plus durable,
00:08:31 comme le constatait la délégation parlementaire
00:08:33 aux renseignements dans son rapport
00:08:35 sur les ingérences étrangères en 2022.
00:08:38 Pour tenter de contrecarrer ces actions hostiles
00:08:41 soutenues par des pays tiers,
00:08:43 la DPR a fait 22 propositions,
00:08:45 dont quatre d'ordre législative,
00:08:47 reprises dans la proposition de loi du président Sacha Houllier,
00:08:51 soumise aujourd'hui à notre examen.
00:08:54 Ces nouveaux outils doivent compléter
00:08:56 l'arsenal juridique français,
00:08:58 insuffisamment adapté à l'évolution de la menace.
00:09:02 Le premier outil prévu à l'article 1
00:09:04 consiste à créer un répertoire des acteurs de l'influence
00:09:07 réalisés pour le compte d'un mandat d'amendant étranger.
00:09:10 Ce répertoire est inspiré du modèle américain FARA.
00:09:14 Il sera tenu et rendu public
00:09:16 par la Haute Autorité à la transparence de la vie publique.
00:09:19 Et le fait, pour un représentant d'intérêt,
00:09:22 de ne pas se plier à cette obligation de transparence
00:09:25 serait puni de trois ans d'emprisonnement
00:09:28 et de 45 000 euros d'amende.
00:09:30 L'article 2 prévoit la remise bisannuelle au Parlement
00:09:34 d'un rapport au gouvernement sur l'état de la menace
00:09:37 résultant des ingérences étrangères.
00:09:40 L'article 3 vise les moyens dévolus
00:09:42 par le Code de sécurité intérieure
00:09:44 au service de renseignements français.
00:09:47 Il tend à étendre, au cas d'ingérences étrangères,
00:09:50 la technique dite de l'algorithme autorisée initialement,
00:09:53 uniquement pour la finalité du terrorisme.
00:09:57 Enfin, l'article 4 introduit la possibilité pour l'administration
00:10:01 de geler les avoirs des personnes physiques ou morales
00:10:04 pratiquant des ingérences étrangères.
00:10:06 Lors de ces débats, le 27 mars dernier,
00:10:08 l'Assemblée nationale a enrichi le texte initial.
00:10:11 D'une part, en obligeant les think tanks
00:10:13 à déclarer auprès de la HATVP
00:10:15 la liste des dons ou versements
00:10:18 provenant d'une puissance ou d'une personne morale étrangère.
00:10:21 Et d'autre part, en étendant explicitement
00:10:23 l'application de ces dispositions
00:10:25 au territoire de la Polynésie française,
00:10:27 de la Nouvelle-Calédonie et de Wadis et Futuna.
00:10:30 La Commission des lois du Sénat a estimé
00:10:32 que cette proposition de loi apporte une réponse
00:10:35 bienvenue et équilibrée
00:10:37 aux insuffisances de notre cadre juridique.
00:10:40 Elle concilie renforcement des exigences de transparence
00:10:44 et affermissement des capacités concrètes,
00:10:46 et cela pour une meilleure prévention
00:10:48 des ingérences étrangères.
00:10:50 Cependant, lors des auditions menées conjointement
00:10:53 avec le rapporteur pour avis
00:10:54 de la Commission des affaires étrangères et de la défense,
00:10:57 le président Malurey, que je remercie
00:10:59 pour sa collaboration constructive,
00:11:01 il nous est apparu nécessaire
00:11:03 de consolider les dispositifs proposés.
00:11:06 Ainsi, plusieurs amendements ont été adoptés en commission.
00:11:09 Tout d'abord, pour mieux garantir l'opérationnabilité
00:11:13 du nouveau répertoire des acteurs d'influence étrangère,
00:11:16 plusieurs modifications de fonds ont été adoptées.
00:11:19 A cette fin, nous avons proposé
00:11:21 une plus grande autonomisation du répertoire
00:11:24 des acteurs de l'influence étrangère
00:11:26 par rapport à celui des représentants d'intérêt
00:11:29 prévus par la loi Sapin 2.
00:11:31 Certains lobbyistes sont aussi des acteurs
00:11:33 de l'influence étrangère,
00:11:35 mais tous les représentants d'intérêt
00:11:37 ne travaillent pas pour des mandants étrangers.
00:11:39 La création d'un registre autonome
00:11:41 spécialement dédié aux acteurs de l'influence étrangère
00:11:44 assure une plus grande transparence
00:11:47 et une plus grande efficacité du dispositif.
00:11:50 La clarification de la notion d'influence étrangère
00:11:53 a été nécessaire afin de mieux définir
00:11:55 le champ d'application de l'obligation de déclaration.
00:11:59 La commission des lois a considéré
00:12:01 que l'élément intentionnel
00:12:02 devait s'additionner aux critères matériels.
00:12:06 L'intention consiste à agir sur ordre,
00:12:08 à la demande ou sous la direction
00:12:10 ou la contrainte d'un mandant étranger,
00:12:12 aux fins de promouvoir les intérêts de ce dernier
00:12:15 afin d'influer sur une décision publique
00:12:18 ou sur la conduite d'une politique publique.
00:12:21 L'action d'influence peut prendre 3 formes.
00:12:24 Entrer en communication avec une personne cible,
00:12:26 réaliser une action de communication
00:12:28 à destination du public
00:12:30 ou encore collecter des fonds
00:12:32 ou procéder à des versements sans contrepartie.
00:12:35 Le Sénat a par ailleurs étendu la liste des personnes cibles,
00:12:38 celles qui peuvent être visées par l'action d'influence
00:12:41 au profit d'une puissance étrangère.
00:12:43 En plus des cibles déterminées par la loi 522
00:12:47 ont été ajoutées les anciens présidents de la République,
00:12:51 membres du gouvernement, députés et sénateurs
00:12:53 pendant une durée de 5 ans à partir de la fin du mandat.
00:12:57 Les candidats à une élection nationale
00:12:59 à partir du dépôt officiel de candidature
00:13:02 ainsi que les élus locaux
00:13:04 dans les communes de plus de 20 000 habitants
00:13:06 et non 100 000 comme initialement prévu.
00:13:09 Le Sénat a aussi renforcé le pouvoir de contrôle de la HATVP.
00:13:13 Sans pouvoir disposer d'un pouvoir de sanction administrative,
00:13:17 la HATVP pourra mettre en demeure les récalcitrants,
00:13:21 procéder à des vérifications sur place et sur pièce,
00:13:23 sur autorisation du juge de la liberté de la détention
00:13:27 et en présence d'un OPJ
00:13:28 et prononcer des astreintes à hauteur de 1 000 euros par jour.
00:13:32 Enfin, nous avons souhaité reporter l'entrée en vigueur
00:13:35 de cette nouvelle obligation de déclaration
00:13:37 au 31 décembre 2025.
00:13:40 La HATVP nous a indiqué qu'avec la période des Jeux olympiques,
00:13:43 ils ne pourront être prêts comme prévu
00:13:45 pour la fin de l'année à venir.
00:13:47 Ensuite, et afin de mieux assurer le contrôle du recours
00:13:50 aux algorithmes, 2 modifications ont été réalisées
00:13:54 à l'article 3.
00:13:55 En effet, cette proposition de loi vise à étendre
00:13:58 cette technique réservée aux services de renseignement
00:14:01 du 1er siècle à la finalité de la lutte
00:14:03 contre les ingérences étrangères,
00:14:06 et cela à titre expérimental pour 4 ans.
00:14:09 La Commission des lois a renforcé les contrôles assurés
00:14:12 tant par la Commission nationale du contrôle
00:14:14 des techniques de renseignement
00:14:16 que par la délégation parlementaire au renseignement.
00:14:19 Elle a aussi fixé la date du 1er juillet 2028
00:14:23 pour la fin de l'expérimentation.
00:14:25 Enfin, pour compléter les outils à disposition
00:14:27 des autorités administratives et judiciaires,
00:14:30 2 nouveaux dispositifs ont été ajoutés.
00:14:32 D'une part, la possibilité pour la HATVP de contrôler,
00:14:36 au titre des mobilités publiques privées
00:14:39 et de la reconversion professionnelle
00:14:41 des anciens ministres, présidents d'exécutifs locaux,
00:14:44 membres d'une autorité administrative
00:14:46 ou publique indépendante,
00:14:47 les risques d'ingérence étrangère,
00:14:49 et cela pour une durée de 5 ans.
00:14:51 Selon le rapport de l'OCDE, publié le 19 avril dernier,
00:14:55 de nombreuses actions d'influence étrangère
00:14:57 à l'égard des décideurs publics nationaux ou locaux
00:15:00 sont menées plusieurs années après la fin de leurs fonctions
00:15:05 en raison de leur important réseau
00:15:07 et de l'influence qu'ils continuent à exercer
00:15:08 sur la vie publique.
00:15:10 D'autre part, un dispositif pénal
00:15:12 prévoyant une circonstance aggravante
00:15:14 lorsque l'atteinte aux biens ou aux personnes écomises
00:15:17 pour le compte d'une puissance étrangère a été introduit.
00:15:21 Les services d'enquête pourront, par ailleurs,
00:15:23 avoir recours aux techniques spéciales d'enquête.
00:15:26 Ces outils d'ordre judiciaire
00:15:29 complètent la possibilité de gel des avoirs
00:15:32 recentrés sur une fonction préventive.
00:15:35 Cette proposition de loi opportune
00:15:37 permet d'étendre la palette des moyens légaux
00:15:40 pour prévenir les ingérences étrangères
00:15:42 et combler les failles de notre cadre juridique très libéral.
00:15:46 Si nous pouvons compter sur l'efficacité
00:15:47 de nos services de renseignement,
00:15:49 ces derniers doivent pouvoir disposer de moyens
00:15:52 adaptés à l'évolution de la menace.
00:15:54 Il en va de la préservation de notre démocratie.
00:15:58 Malheureusement, cette loi arrivera trop tard
00:15:59 pour les élections européennes
00:16:01 et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris,
00:16:03 qui risquent de concentrer en 2024
00:16:05 les tentatives d'ingérence étrangère de pays hostiles
00:16:08 qui souhaitent déstabiliser nos institutions.
00:16:12 Plus vite, plus haut, plus fort,
00:16:13 ensemble, cette devise olympique
00:16:15 est particulièrement adaptée aux enjeux
00:16:16 de la lutte contre les ingérences étrangères.
00:16:19 C'est pourquoi nous vous demandons
00:16:20 d'adopter cette proposition de loi
00:16:22 issue des travaux de la délégation parlementaire
00:16:24 au renseignement. Je vous remercie.
00:16:27 -Merci, chers collègues.
00:16:29 La parole est maintenant au président Maluray,
00:16:31 rapporteur pour avis de la Commission des affaires étrangères,
00:16:34 de la Défense et des Forces armées.
00:16:35 Vous avez 5 minutes, M. le Président.
00:16:38 -Je vous souviens.
00:16:39 M. le Président, M. le ministre,
00:16:48 messieurs les présidents, madame le rapporteur,
00:16:50 mes chers collègues,
00:16:52 une nouvelle guerre a commencé,
00:16:54 et nous tardons à le comprendre.
00:16:57 Au XXe siècle, les démocraties,
00:16:58 au terme d'un combat de 100 ans
00:17:00 contre les totalitarismes, l'ont emporté.
00:17:03 Comme Kant, nous avons cru à tort à la paix perpétuelle.
00:17:07 Les dictatures sont revenues,
00:17:09 bien décidées à prendre leur revanche
00:17:11 et unies contre nous.
00:17:13 Le plus étonnant dans notre déni,
00:17:16 c'est que nos ennemis ne se cachent pas.
00:17:18 Poutine, Xi, Khamenei et quelques autres
00:17:21 déclarent ouvertement qu'ils veulent notre perte
00:17:24 et le changement de l'ordre du monde.
00:17:26 Plus surprenant encore, à l'est de l'Europe,
00:17:28 en mer de Chine, au Moyen-Orient ou en Afrique,
00:17:30 la vraie guerre, la guerre traditionnelle,
00:17:32 la guerre des armées et des canons
00:17:34 se déroule devant nous, sur nos écrans.
00:17:37 Mais au lieu de nous alerter,
00:17:39 beaucoup des dirigeants de nos démocraties,
00:17:41 comme dans les années 30, font tout pour rassurer.
00:17:45 Combien de fois ces derniers mois n'avons-nous pas entendu
00:17:48 "Nous ne sommes en guerre avec personne,
00:17:50 "nous ne voulons la guerre avec personne."
00:17:53 Quelle étrange idée, quand vos ennemis annoncent
00:17:56 qu'ils veulent vous détruire,
00:17:57 que de prétendre ne pas être en guerre.
00:18:00 "La guerre qu'on ne voit pas venir",
00:18:02 titre d'un livre de Nathalie Loiseau
00:18:04 que chacun devrait lire,
00:18:05 est nouvelle et différente des précédentes.
00:18:08 Le monde a changé, la guerre aussi.
00:18:11 Campagne de désinformation,
00:18:12 manipulation des opinions publiques,
00:18:14 noyautage des réseaux sociaux,
00:18:15 fake news, fermes à trolls, cyberattaques,
00:18:18 infiltration des milieux politiques et des affaires,
00:18:21 c'est le fondement de nos démocraties
00:18:23 qui est attaqué de l'intérieur.
00:18:24 Sans victime apparente, sans coupable identifié,
00:18:28 mais avec des dégâts sur nos institutions
00:18:30 qu'il faut être aveugle pour ne pas voir.
00:18:33 C'est la 1re branche de la tenaille,
00:18:35 l'ingérence que nous faisons semblant d'ignorer.
00:18:38 En 2018, ici même, au Sénat,
00:18:40 j'ai réclamé l'interdiction de "Russia Today"
00:18:42 et de Spoutnik.
00:18:43 Le ministre d'alors m'a répondu,
00:18:46 "Vous n'y pensez pas."
00:18:47 Et la liberté d'expression.
00:18:49 La liberté d'expression pour les organes de propagande
00:18:52 du FSB publié depuis Moscou,
00:18:54 piloté depuis Moscou.
00:18:56 Le lendemain de l'invasion de l'Ukraine,
00:18:58 RT et Spoutnik étaient interdits en panique
00:19:00 dans toute l'Europe.
00:19:02 Quel meilleur exemple de notre naïveté congénitale ?
00:19:05 Est-ce que nous avons compris aujourd'hui ?
00:19:08 J'ai bien peur que non.
00:19:10 J'ai demandé à la Commission européenne
00:19:11 des mesures contre TikTok
00:19:13 si cette plateforme continue à se moquer des règles du DSA.
00:19:16 Elle tarde à venir.
00:19:19 À Nouméa, le gouvernement a très bien compris
00:19:20 le rôle majeur de TikTok dans la propagation des émeutes,
00:19:23 et il a eu le courage de décider sa suspension.
00:19:26 Le ministre est déjà assigné en justice
00:19:29 par les ONG gauchistes
00:19:31 pour atteinte à la liberté d'expression.
00:19:33 Je l'ai déjà dit, je le redis ici avec solennité,
00:19:37 tant qu'on considérera les plateformes,
00:19:39 ces banques de la colère,
00:19:41 comme des hébergeurs et non comme des éditeurs,
00:19:43 avec le régime de responsabilité et de sanctions qui s'y attachent,
00:19:47 nous perdrons la bataille de la désinformation,
00:19:50 c'est-à-dire la bataille de la démocratie.
00:19:52 Après l'ingérence, la 2e branche de la tenaille,
00:19:55 c'est la 5e colonne.
00:19:56 L'extrême droite qui finit toujours dans le camp de l'étranger
00:19:59 par haine de son propre pays,
00:20:01 et l'extrême gauche dont la candeur refuse de voir
00:20:03 que la paix suppose la puissance.
00:20:05 Ce sont les courroies de transmission des tyrannies,
00:20:08 et les enquêtes pénales pour intelligence avec l'étranger
00:20:10 se concentrent aujourd'hui sur ces extrêmes,
00:20:13 chez nous comme au Parlement européen.
00:20:16 La proposition de loi que nous allons étudier a 2 vertus.
00:20:19 La 1re, c'est qu'elle marque la fin du déni.
00:20:22 L'ampleur des ingérences en Europe est incroyablement sous-estimée,
00:20:26 et il faudra des années pour convaincre
00:20:28 de son caractère massif.
00:20:30 Il est plus que temps de commencer.
00:20:32 La 2e vertu de cette loi est qu'elle propose des moyens
00:20:34 de faire face à la menace.
00:20:36 Jean-Noël Barraud et Agnès Canaillet,
00:20:38 notre rapporteur au fond que je remercie,
00:20:40 viennent d'en faire l'analyse détaillée.
00:20:43 Ce projet est donc bienvenu,
00:20:45 et la Commission des Affaires étrangères et de la défense,
00:20:47 M. le Président, le soutient.
00:20:49 Mais le chemin à parcourir est gigantesque,
00:20:52 et ce 1er pas est encore timide.
00:20:55 La loi FARA, l'équivalent aux Etats-Unis,
00:20:58 date de 1938,
00:21:00 celle de la Grande-Bretagne d'il y a plusieurs années.
00:21:03 C'est dire le retard que nous devons rattraper.
00:21:05 Quant aux moyens, les chiffres sont carrément terrifiants.
00:21:09 Les agents des organes de désinformation,
00:21:11 de cyberguerre, de fermes à trolls et de censure,
00:21:15 en Russie, sont des centaines de milliers,
00:21:17 en Chine, plusieurs millions.
00:21:19 Face à cela a été créé en France
00:21:22 un commandement de la cyberdéfense
00:21:23 rattaché au chef d'état-major des armées.
00:21:26 Il compte 3 500 membres.
00:21:28 Viginium, chargé de la protection
00:21:29 contre les ingérences numériques étrangères,
00:21:31 compte en 2023 42 agents.
00:21:34 Enfin, le registre prévu par la loi que nous allons voter
00:21:37 sera confié à la Haute Autorité
00:21:38 pour la transparence de la vie publique,
00:21:40 qui compte 71 agents,
00:21:42 et devra assumer cette charge supplémentaire
00:21:44 à effectif constant.
00:21:45 Ces chiffres à eux seuls résument
00:21:47 l'incroyable disproportion des forces
00:21:49 au début de ce 21e siècle.
00:21:52 Chaque jour apporte son lot de nouvelles attaques.
00:21:54 La dernière provocation de la Russie,
00:21:56 qui n'a pas hésité hier
00:21:58 à souiller le mémorial de la Shoah à Paris
00:22:01 et à tenter de mettre à bas l'ensemble du réseau Internet
00:22:03 de Nouvelle-Calédonie,
00:22:05 est un nouveau symbole de l'urgence à identifier
00:22:08 et à combattre les ingérences étrangères dans notre pays.
00:22:11 C'est ce que nous allons faire ce soir.
00:22:13 Les ingérences étrangères sont aujourd'hui
00:22:15 une des plus grandes menaces qui pèsent sur nos démocraties.
00:22:19 La Russie, la Chine en tête,
00:22:20 ont intérêt à perturber et perturbent
00:22:23 nos processus démocratiques.
00:22:25 Nous l'avons vu avec des députés européens d'extrême droite
00:22:28 acceptant de l'argent russe
00:22:29 pour promouvoir la propagande poutinienne.
00:22:31 Nous l'avons vu avec la tête de liste de l'AFD,
00:22:34 vous l'avez dit, monsieur le ministre, en Allemagne,
00:22:35 ayant embauché un collaborateur au Parlement européen,
00:22:38 un espion chinois, qui a tranquillement eu accès
00:22:41 pendant des années à des documents confidentiels
00:22:43 sur la politique commerciale de l'Union européenne.
00:22:46 Nous l'avons vu lorsque des députés européens socialistes
00:22:49 ont accepté des sacs de billets pour relayer
00:22:52 les intérêts du Qatar dans l'hémicycle.
00:22:55 Hier encore, nous apprenions que les mains rouges
00:22:57 sur le mur des justes étaient une initiative poutinienne
00:23:00 faite dans un seul but, appuyer sur nos divisions,
00:23:03 nourrir ceux qui peuvent nous déchirer
00:23:05 et ce faisant affaiblir nos liens sociaux,
00:23:07 ciment de notre démocratie.
00:23:09 Les tentatives d'influence de l'opinion publique
00:23:11 depuis l'étranger se multiplient,
00:23:13 surtout par le biais de diffusion de fausses informations en ligne
00:23:17 et de rumeurs.
00:23:18 Les puissances étrangères, étatiques ou non,
00:23:21 ont un objectif politique, affaiblir nos démocraties
00:23:24 et la démocratie européenne, car ces dernières
00:23:27 sont le plus grand obstacle à leur plan.
00:23:30 Et elles trouvent ici de si nombreux alliés.
00:23:34 L'extrême droite européenne partage au fond le même projet,
00:23:37 celui de la mise à mal des institutions démocratiques,
00:23:40 du pluralisme, du consensus, du débat éclairé,
00:23:43 de la citoyenneté active, des droits et libertés publiques,
00:23:47 des valeurs européennes.
00:23:48 Réunis en Espagne autour d'A.Pascal,
00:23:51 Orban, Mélanie, Le Pen, Milleu,
00:23:53 ont montré avoir cette alliance réactionnaire globale
00:23:56 qui est bien une même force politique
00:23:59 et que les démocrates doivent vaincre.
00:24:01 Par conséquent, s'équiper sérieusement
00:24:04 pour lutter contre les influences étrangères,
00:24:07 c'est le devoir de toutes les démocrates ici.
00:24:10 Sommes-nous en mesure de répondre à ces menaces,
00:24:13 souvent hybrides et qui s'intensifient ?
00:24:16 Non. Aujourd'hui, non.
00:24:17 Car trop longtemps, la naïveté au mieux
00:24:19 et le déni au pire ont prévalu.
00:24:22 Serons-nous en mesure d'y répondre enfin
00:24:24 quand nous aurons voté ce texte ?
00:24:25 Malheureusement, non.
00:24:27 La proposition de loi de Sacha Houllier
00:24:29 permet indiscutablement d'améliorer un peu la situation
00:24:33 et comprend des mesures utiles pour renforcer la transparence.
00:24:36 A ce titre, nous soutenons pleinement
00:24:38 la création d'un registre des activités d'influence
00:24:41 mené pour un mandataire étranger hors Union européenne.
00:24:44 C'est d'ailleurs la proposition que les écologistes
00:24:46 ont portée au Parlement européen pendant plus d'une décennie.
00:24:49 Et jusqu'à présent, tous les groupes, à part la gauche,
00:24:51 y étaient opposés.
00:24:53 Tous, les conservateurs, les libéraux,
00:24:55 les sociodémocrates et évidemment l'extrême droite.
00:24:58 Nous saluons également les améliorations du texte en commission,
00:25:01 notamment la possibilité qui serait donnée à la HATVP
00:25:04 d'infliger une sanction en cas de manquement
00:25:07 aux obligations déclaratives.
00:25:09 En revanche, nous sommes opposés à l'analyse algorithmique
00:25:12 de toutes les données de connexion,
00:25:14 l'autre mesure principale de ce texte.
00:25:16 Si vous votez cette mesure,
00:25:18 vous allez renforcer la surveillance de masse
00:25:20 et porter atteinte à nos libertés.
00:25:22 La lutte contre les ingérences étrangères
00:25:23 doit servir à protéger nos libertés individuelles et publiques.
00:25:28 Elle ne peut donc être efficace si elle les abîme.
00:25:30 Et donc, SAC, très loin de là.
00:25:33 Ce texte ne va pas s'attaquer à la nécessaire fermeture
00:25:36 des stations de police illégales chinoises
00:25:39 sur le territoire étranger
00:25:40 et combattre les rumeurs infondées partagées
00:25:42 par des plagiats de sites de presse étrangers.
00:25:44 Ce texte ne va rien résoudre sur un des aspects
00:25:47 pourtant absolument majeurs,
00:25:48 celui du financement des campagnes électorales
00:25:50 depuis l'étranger,
00:25:52 alors qu'il s'agit là d'un risque grave.
00:25:54 Tous nos amendements pour résoudre ce problème
00:25:56 ont été considérés comme cavaliers législatifs,
00:25:58 alors que la lutte contre cette forme d'ingérence étrangère
00:26:01 devrait être une priorité absolue.
00:26:04 Qui peut accepter que le Rassemblement national
00:26:06 continue de contracter des prêts russes ?
00:26:09 Qui peut accepter que l'extrême droite
00:26:10 finance des campagnes électorales
00:26:12 grâce à l'argent des autocrates ?
00:26:14 Qui peut accepter que des oligarques
00:26:16 prêtent de l'argent à des candidats
00:26:18 pour concourir à des scrutins démocratiques en France ?
00:26:20 Aucun démocrate.
00:26:21 C'est pourquoi la création d'une banque de la démocratie
00:26:24 pouvant octroyer des prêts aux partis
00:26:26 était une idée à étudier,
00:26:28 y compris dans le contexte de cette proposition de loi.
00:26:31 Même si ce texte est largement incomplet
00:26:33 et comporte des mesures dangereuses,
00:26:35 il permet un petit peu de renforcer la lutte
00:26:38 contre les ingérences étrangères.
00:26:39 C'est pourquoi notre groupe écologiste
00:26:41 votera en faveur de cette proposition de loi.
00:26:43 -Merci, chers collègues.
00:26:45 La parole est maintenant à M. Pascal Savoldelli
00:26:47 pour le groupe CRCEK.
00:26:49 Vous avez 5 minutes, chers collègues.
00:26:51 -M. le Président, M. le ministre,
00:27:07 Mme la rapporteure, mes chers collègues.
00:27:09 Avant toute chose, il est essentiel de replacer ce texte,
00:27:12 dont nous avons fait auparavant, dans son contexte géopolitique
00:27:15 pour en saisir tout le sens.
00:27:17 En effet, dans les arcanes de ce texte
00:27:19 émergent discrètement
00:27:21 les choix stratégiques géopolitiques de l'Union européenne.
00:27:25 Alors que les tensions entre la Chine et les Etats-Unis
00:27:27 se cristallisent autour de la course à la suprématie mondiale,
00:27:30 l'atmosphère internationale se teinte d'incertitude
00:27:33 et de désordre.
00:27:36 Lors du sommet de Tallinn en septembre 2021,
00:27:38 Charles Michel plaidait pour une Europe soucieuse
00:27:40 d'affirmer sa puissance et de se libérer
00:27:42 de ses entraves géopolitiques.
00:27:45 Mais dans un contexte de rivalité commerciale et idéologique
00:27:48 avec la Chine,
00:27:50 faut-il vraiment se ranger derrière les Etats-Unis
00:27:53 pour préserver notre indépendance ?
00:27:56 A demi-mot, ce texte prône un protectionnisme
00:27:58 à l'égard de la Chine ou de la Russie.
00:28:00 Pourtant, il oublie de mentionner que les pressions politiques,
00:28:03 économiques et financières ne proviennent pas uniquement
00:28:06 d'Etats autoritaires, mais aussi de multinationales,
00:28:10 principalement américaines, qui disent que leurs propres lois
00:28:13 s'invitent dans nos décisions publiques.
00:28:16 L'alerte sur les ingérences étrangères
00:28:17 sonne de plus en plus fort,
00:28:18 mais elle semble être instrumentalisée
00:28:21 au service d'une idéologie occidentale au centré
00:28:24 plutôt que pour préserver la souveraineté nationale légitime.
00:28:28 Si la lutte contre les ingérences étrangères
00:28:30 est un enjeu crucial,
00:28:32 nous pouvons établir une dichotomie
00:28:34 entre les ingérences tolérées et d'autres inacceptables
00:28:37 en fonction de l'origine géographique de celles-ci.
00:28:40 La réalité des ingérences étrangères
00:28:42 ne peut se réduire à cette vision binaire.
00:28:44 Cette approche risque de légitimer des pratiques déjà bien ancrées,
00:28:49 notamment au Parlement européen,
00:28:50 tels que les jeux d'influence ou le lobbying.
00:28:53 Au quotidien, les consultants jouent à la fois le rôle d'experts,
00:28:56 d'arbitres ou de pompiers de service.
00:28:59 Et là, je vous renvoie à notre proposition de loi
00:29:01 sur l'intervention des cabinets de conseil.
00:29:04 Nul besoin d'être un Etat pour influencer nos affaires publiques.
00:29:08 Face à ces enjeux cruciaux et hautement politiques,
00:29:10 nous estimons que la prévention des ingérences étrangères
00:29:12 doit être intégrée dans le cadre juridique commun
00:29:15 applicable à toutes les formes d'influence sur l'action publique
00:29:19 qu'elles émanent d'Etats autoritaires
00:29:20 ou de multinationales à soi fait de profit
00:29:23 ne servant que leurs propres intérêts.
00:29:25 C'est pourquoi nous proposerons un amendement
00:29:26 qui élargit le terme d'Etat étranger
00:29:29 aux entités à but lucratif,
00:29:31 conscient que les intérêts financiers et les guerres économiques
00:29:34 sont aujourd'hui les principaux moteurs des ingérences étrangères.
00:29:37 Dans le même sens, la lutte contre les ingérences étrangères
00:29:41 ne doit pas faire exception pour les Etats membres
00:29:43 de l'Union européenne.
00:29:45 Bien qu'il soit regrettable que des entités
00:29:47 dépourvues de légitimité démocratique
00:29:49 tentent d'influencer nos décisions publiques,
00:29:52 il est préférable que ces activités d'influence
00:29:54 se déroulent dans la transparence.
00:29:56 C'est pourquoi nous soutiendrons l'article 1er
00:29:59 qui vise à établir un répertoire public
00:30:02 déclarant les activités d'influence à la haute autorité
00:30:05 pour la transparence de la vie publique.
00:30:07 Toutefois, il est impératif d'attribuer les ressources nécessaires
00:30:10 pour renforcer l'émission de la HATVP.
00:30:15 Par ailleurs, s'agissant des personnes physiques ou morales
00:30:19 concernées par ce répertoire,
00:30:21 nous proposerons un amendement protégeant la liberté de la presse
00:30:24 et la confidentialité des avocats.
00:30:27 Enfin, nous nous opposons fermement à l'article 3 de ce texte
00:30:31 qui ouvre la porte à l'utilisation d'algorithmes
00:30:33 par les services de renseignement en matière d'ingérence étrangère.
00:30:36 Cette mesure soulève des questions cruciales
00:30:38 sur l'équilibre entre sécurité nationale et droits individuels.
00:30:41 Elle s'inscrit dans une tendance inquiétante,
00:30:44 déjà amorcée par des décisions antérieures,
00:30:46 telles que l'article 3 de la loi de programmation
00:30:48 du ministère de la Justice de l'année dernière
00:30:51 accordant au juge le pouvoir d'activer les microphones
00:30:53 et caméras des smartphones
00:30:55 sans le consentement de son propriétaire.
00:30:57 De même, le vote de la loi Paris 2024
00:31:00 autorisant la surveillance publique de masse
00:31:02 va dans la même direction.
00:31:04 La normalisation de la surveillance minérique
00:31:06 constitue une menace pour nos libertés fondamentales.
00:31:09 Face à cette culture de la surveillance,
00:31:11 il est essentiel de reconnaître que l'algorithme n'est pas neutre
00:31:14 et implique une certaine idéologie.
00:31:16 Elle modifie nos comportements,
00:31:18 elle restreint nos libertés individuelles
00:31:19 et elle reproduit les discriminations préexistantes.
00:31:22 Ainsi, le cadre de ces mesures est bien trop large
00:31:25 et ses contre-pouvoirs sont absents.
00:31:27 En cela, cet article constitue une menace substantielle
00:31:30 à nos libertés.
00:31:31 Je vous invite donc à considérer ces dangers sérieusement.
00:31:35 C'est pourquoi, si cet article demeure en l'Etat,
00:31:39 nous n'aurons d'autre choix
00:31:41 que de voter contre l'ensemble de cette proposition de loi.
00:31:44 Il s'agit d'un amendement qui vise à insérer les mots
00:31:49 qui agissent de facto sous le contrôle d'un Etat étranger.
00:31:52 Alors, je sais que la Commission n'est pas emballée,
00:31:54 mais ce dispositif vient directement
00:31:58 du rapport de l'OCDE,
00:32:00 paragraphe 3, 2,2,
00:32:03 qui précise que le mandat peut être verbal,
00:32:06 qu'il peut être écrit,
00:32:07 mais qu'il peut aussi résulter de facto des activités.
00:32:11 Donc je pensais que c'était intéressant de le préciser.
00:32:15 -Merci. Quel est l'avis de la Commission, madame la rapporteure ?
00:32:18 -Oui, merci, monsieur le président.
00:32:19 Ce sera un avis défavorable, chers collègues.
00:32:23 Effectivement, si votre source est le rapport de l'OCDE,
00:32:25 il n'en reste pas moins que cette proposition-là
00:32:28 d'amendement introduit une notion assez floue,
00:32:32 très peu juridique, qui est celle de notion de "de facto",
00:32:36 d'autant plus que c'est couvert
00:32:38 par les dispositions que nous avons adoptées,
00:32:40 puisque l'élément intentionnel
00:32:42 qui justifie l'inscription dans le registre
00:32:44 dit que cela vise toute personne agissant sur l'ordre,
00:32:47 la demande ou sous la direction de contrôle d'un mandat étranger,
00:32:50 donc d'un mandant étranger.
00:32:52 Donc avis défavorable.
00:32:53 -Merci. Même avis du gouvernement.
00:32:56 Je mets aux voix cet amendement 23 qui...
00:32:59 Oui, madame Goulet, pour explication de vote.
00:33:01 -Oh non, mais je le retire, monsieur le président.
00:33:03 -Il est retiré.
00:33:06 L'amendement numéro 5, qui est défendu par monsieur Durin.
00:33:08 Vous avez la parole, chers collègues.
00:33:09 -Merci, monsieur le président.
00:33:11 Ce 1er amendement du groupe socialiste
00:33:12 propose de clarifier les critères qui déterminent
00:33:15 qui est agent d'influence pour le compte d'une puissance étrangère
00:33:17 et qui ne l'est pas.
00:33:19 Le texte retient aujourd'hui 2 critères.
00:33:21 Le 1er critère, c'est une personne qui agit sur ordre,
00:33:23 sur demande ou sous le contrôle d'un mandant étranger.
00:33:26 Le 2d critère, c'est une personne qui agit dans le but
00:33:28 de promouvoir les intérêts de ce mandant.
00:33:30 Par cet amendement, nous proposons de supprimer
00:33:32 ce 2d critère qui nous paraît redondant avec le 1er.
00:33:35 Un individu qui exerce son activité d'influence sur ordre,
00:33:39 sur demande ou sous le contrôle d'un mandant étranger
00:33:42 le fait nécessairement dans le but de promouvoir
00:33:44 les intérêts de ce mandant.
00:33:45 On n'agit pas sous ordre de quelqu'un
00:33:47 pour contrarier les intérêts de cette personne.
00:33:49 Cela paraît assez évident.
00:33:50 Si nous proposons de supprimer cette mention
00:33:52 de promotion des intérêts du mandant,
00:33:54 ce n'est pas simplement par souci d'esthétique juridique,
00:33:57 c'est par souci de clarté et d'efficacité juridique,
00:34:00 car avec cette mention, on prend le risque
00:34:02 qu'une personne qui agit sur ordre d'un mandant étranger
00:34:04 argue du fait qu'il n'agit pas pour les intérêts de son mandant,
00:34:07 mais pour les intérêts d'un tiers,
00:34:09 avec le risque, on le comprend bien,
00:34:11 de contourner le dispositif dont nous sommes en train de discuter.
00:34:14 -Merci, chers collègues.
00:34:15 Mme le rapporteur, l'avis de la commission.
00:34:17 -Oui, ce sera là encore un avis défavorable,
00:34:20 parce que vous visez, chers collègues,
00:34:22 à assouplir les conditions qui déclenchent
00:34:24 les obligations d'inscription dans le répertoire,
00:34:26 en supprimant la notion
00:34:29 de "au fin de promouvoir ses intérêts".
00:34:30 On pense que l'ensemble des critères qui sont fixés
00:34:33 sont cumulatifs et qu'ils permettent d'éviter
00:34:36 d'élargir trop largement cette obligation d'inscription
00:34:40 et de déclaration dans le registre,
00:34:42 qui rendrait du coup ce registre
00:34:44 beaucoup moins opérationnel et utile,
00:34:46 donc ce sera un avis défavorable.
00:34:48 -L'avis du gouvernement, même avis,
00:34:50 je mets aux voix cet amendement n°5,
00:34:53 avec 2 avis négatifs, qui est pour,
00:34:56 qui est contre, il n'est pas adopté.
00:34:59 L'amendement n°8, défendu.
00:35:02 Allez-y, chers collègues, allez-y.
00:35:03 -Merci, M. le président.
00:35:05 Donc cet amendement,
00:35:06 comme les amendements qui suivent, sont importants
00:35:09 pour la portée du texte que nous sommes en train d'examiner.
00:35:11 En effet, le dispositif de transparence
00:35:13 des activités d'influence est intéressant,
00:35:15 mais il est incomplet,
00:35:17 puisque plusieurs personnes publiques de haut rang
00:35:19 ou catégories de personnes publiques
00:35:21 ne sont pas prises en compte parmi les cibles
00:35:23 des agents d'influence.
00:35:24 C'est notamment le cas pour le président de la République,
00:35:27 ce qui est l'objet de ce 1er amendement.
00:35:29 Le texte, tel que modifié par Mme la rapporteure,
00:35:32 ne prend en compte que les actes d'influence exercés
00:35:34 vis-à-vis des anciens présidents de la République,
00:35:37 pas des présidents de la République en exercice.
00:35:40 L'argument, nous le connaissons,
00:35:42 est que ce serait contraire à la Constitution.
00:35:45 En effet, le statut du président de la République
00:35:47 relève de la seule Constitution,
00:35:49 mais cet amendement ne modifie en rien
00:35:51 le statut du président de la République.
00:35:53 Il ne serait non plus soumis à aucune obligation déclarative
00:35:57 nouvelle ou supplémentaire.
00:35:58 Cet amendement ne crée des obligations
00:36:01 qu'aux agents d'influence qui agitent
00:36:03 pour le compte d'un mandant étranger
00:36:05 en leur imposant de se registrer auprès de la HA-TVP,
00:36:08 de déclarer les actions qu'ils ont entreprises
00:36:10 vis-à-vis du président de la République,
00:36:12 et surtout au nom de qui.
00:36:14 Nous ne parlons pas là de relations diplomatiques
00:36:16 d'Etat à Etat ou de chef d'Etat à chef d'Etat,
00:36:19 mais de tentatives par des organisations étrangères
00:36:22 d'influencer sur la conduite des politiques publiques.
00:36:24 Il ne s'agit en aucune façon de trahir
00:36:27 quelques secrets d'Etat, mais de protéger et de prévenir
00:36:30 les plus hauts responsables publics de notre pays
00:36:32 contre les influences étrangères.
00:36:34 -Quel est l'avis de la Commission, madame le rapporteur ?
00:36:38 -Merci, monsieur le président. Ce sera un avis défavorable.
00:36:41 En effet, vous élargissez les personnes cibles,
00:36:44 donc celles qui sont visées par les actions d'influence,
00:36:49 et nous pensons, comme vous l'avez dit,
00:36:50 qu'il y a un vrai risque constitutionnel
00:36:52 sur ces dispositions-là,
00:36:53 puisque l'immunité du président de la République
00:36:55 est prévue par la Constitution,
00:36:57 et donc ça porterait atteinte.
00:36:59 Donc c'est un avis défavorable.
00:37:00 -Merci. L'avis du gouvernement, monsieur le ministre.
00:37:03 -Merci, monsieur le président.
00:37:06 En complément de l'explication
00:37:08 que vient d'apporter la rapporteure,
00:37:10 ça veut en dire que, dans son avis,
00:37:13 sur la loi Saint-Pin-deux, le Conseil d'Etat
00:37:16 avait indiqué que le statut du président de la République
00:37:19 relevant de la seule constitution
00:37:20 n'était pas possible aux législateurs
00:37:23 de l'inclure dans la liste des cibles
00:37:25 de représentants d'intérêt.
00:37:26 -Merci. Je mets au voie cet amendement numéro 8
00:37:30 avec deux avis négatifs,
00:37:32 qui est pour, qui est contre.
00:37:35 Il n'est pas adopté. Nous passons ensuite
00:37:37 à l'amendement numéro 9, défendu par monsieur Durand.
00:37:41 -Merci, monsieur le président.
00:37:42 Cet amendement s'inscrit dans le prolongement du précédent.
00:37:44 Il vise à protéger les membres du Conseil constitutionnel
00:37:47 contre les activités d'influence qui seraient conduites
00:37:49 vis-à-vis d'eux pour tenter d'influer sur la vie publique.
00:37:52 Les décisions du Conseil constitutionnel
00:37:54 peuvent avoir un impact significatif
00:37:55 sur la conduite des politiques publiques.
00:37:57 Sa décision sur la funeste loi immigration en témoigne.
00:38:00 Comment pourrait-on croire qu'il ne puisse pas être
00:38:02 la cible d'agents d'influence
00:38:04 agissant sur ordre demandant à étrangers ?
00:38:06 Il nous sera sans doute répondu que cet amendement
00:38:08 n'est pas conforme à la Constitution,
00:38:10 au motif que l'organisation et le fonctionnement
00:38:12 du Conseil constitutionnel relèvent de l'ordonnance
00:38:14 numéro 58, 70, 67 du 7 novembre 1958,
00:38:17 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel.
00:38:19 Mais là encore, prendre en compte les membres
00:38:22 du Conseil constitutionnel
00:38:23 comme cible d'activité d'influence
00:38:25 ne modifie en rien ni l'organisation
00:38:28 ni le fonctionnement du Conseil constitutionnel
00:38:30 comme institution.
00:38:32 Quant à ces membres, ils ne seraient non plus soumis
00:38:34 à aucune obligation déclarative nouvelle.
00:38:37 La seule conséquence juridique que produirait cet amendement
00:38:40 serait pour les agents d'influence
00:38:41 de devoir déclarer leurs activités
00:38:43 lorsqu'elles concernent un membre du Conseil constitutionnel.
00:38:46 -Merci. Quel est l'avis de la commission,
00:38:49 madame la rapporteure ?
00:38:50 -Ce sera un avis défavorable.
00:38:51 C'est le même raisonnement
00:38:53 que pour les présidents de la République,
00:38:55 d'autant plus que ce qui touche ces personnes-ci,
00:38:57 ce sont leurs contacts,
00:38:59 les personnes qui sont en relation avec elles,
00:39:01 donc ça touche bien leur statut,
00:39:03 et là, qui est géré par une loi organique.
00:39:04 Donc avis défavorable.
00:39:06 -Merci. L'avis du gouvernement, monsieur le ministre ?
00:39:07 Même avis. Je mets aux voix cet amendement numéro 9
00:39:11 avec deux avis défavorables,
00:39:12 qui est pour, qui est contre,
00:39:15 il n'est pas adopté.
00:39:17 L'amendement numéro 7, défendu par un jourda,
00:39:20 vous avez la parole, chers collègues.
00:39:21 -Merci, monsieur le président.
00:39:23 A l'initiative de sa rapportrice,
00:39:24 la commission des lois a souhaité élargir la liste
00:39:27 des cibles de l'influence par rapport aux règles fixées
00:39:30 en matière de représentation d'un tiré
00:39:33 par la loi dite "Sapin 2",
00:39:35 pour y ajouter les candidats déclarés
00:39:37 à une élection nationale,
00:39:39 autrement dit législative ou présidentielle,
00:39:41 à compter de la publication officielle
00:39:43 des listes des candidats déclarés.
00:39:45 Nous avons approuvé cet élargissement,
00:39:48 mais nous regrettons fortement
00:39:49 qu'il ne concerne que les élections nationales
00:39:52 et que les candidats aux élections européennes
00:39:54 ne soient pas pris en compte.
00:39:55 Autant il est logique de ne pas prendre en compte
00:39:57 les parlementaires européens
00:39:59 dont le régime relève du droit de l'Union,
00:40:02 autant rien ne fait obstacle
00:40:03 à ce que les candidats soient pris en compte
00:40:06 dans le cadre de ce texte.
00:40:08 La qualité de candidats aux élections européennes
00:40:10 relève de la loi du 7 juillet 1977
00:40:14 relative à l'élection des représentants
00:40:15 au Parlement européen,
00:40:17 donc du droit national.
00:40:19 Dans la période qui court
00:40:21 de la publication officielle des candidats à l'élection
00:40:23 elle-même, c'est bien le droit national qui prévaut,
00:40:26 puisque chaque pays organise le scrutin européen
00:40:29 selon ses propres règles.
00:40:31 En conséquence, la prise en compte
00:40:33 des candidats aux élections européennes
00:40:35 est tout à fait possible sur le plan juridique,
00:40:37 mais c'est surtout politiquement indispensable.
00:40:41 Les actions d'influence étrangère
00:40:42 à destination des élus européens
00:40:44 ont été parfaitement documentées,
00:40:46 notamment par la commission spéciale
00:40:48 sur l'ingérence étrangère du Parlement européen
00:40:51 présidée par Raphaël Bluzman.
00:40:53 Ces stratégies d'influence sont initiées
00:40:55 avant même les scrutins
00:40:57 quand les intéressés ne sont encore que des candidats.
00:41:01 Ce serait donc une erreur de ne pas les prendre en compte,
00:41:04 une erreur ou oubli que nous proposons ici de corriger.
00:41:07 -Merci. L'avis de la commission, madame la rapporteure.
00:41:10 -Merci, monsieur le président.
00:41:11 Nous demanderons l'avis du gouvernement
00:41:13 sur cette question-là.
00:41:14 En effet, nous avons eu le débat en commission
00:41:16 et à la commission des affaires étrangères aussi
00:41:19 sur l'élargissement des cibles aux députés européens,
00:41:22 mais nous avons considéré que s'ils étaient protégés
00:41:24 par les réglementations applicables
00:41:28 au Parlement européen,
00:41:30 se pose, et votre amendement est justifié,
00:41:33 la question des candidats aux élections européennes,
00:41:37 notamment, nous ne savons pas, nous nous posons l'exception
00:41:40 de savoir si l'Union européenne assure déjà
00:41:43 ce type de contrôle pour ces candidats
00:41:46 qui peuvent être soumis eux aussi
00:41:48 à des opérations d'influence
00:41:50 dans le cadre de leur campagne électorale.
00:41:52 -L'avis du gouvernement, monsieur le ministre.
00:41:55 -Monsieur le président, l'avis du gouvernement
00:41:59 est favorable sur cet amendement.
00:42:01 Il est souhaitable que la liste puisse être étendue
00:42:06 aux activités, aux cibles des activités d'influence
00:42:09 aux candidats aux élections européennes.
00:42:12 Liste qui couvre déjà les candidats déclarés
00:42:14 aux élections présidentielles, législatives ou sénatoriales.
00:42:18 Les candidats aux élections européennes
00:42:22 peuvent être directement exposés aux activités d'influence
00:42:25 et aux tentatives d'ingérence étrangère,
00:42:26 et ce, alors même qu'ils participent à l'édiction de normes
00:42:28 directement applicables au territoire national.
00:42:31 Il est donc pertinent de les inclure dans le dispositif
00:42:33 instauré par la proposition de loi.
00:42:35 -M. le ministre, vous suivez cet avis, madame le rapporteur ?
00:42:37 -Oui, tout à fait. -Merci.
00:42:39 Donc je mets cet amendement numéro 7
00:42:41 avec 2 avis favorables, qui est pour,
00:42:45 qui est contre, il est adopté.
00:42:48 Mme Goulet, vous nous présentez l'amendement 1 rectifié,
00:42:51 s'il vous plaît.
00:42:52 -Oui, c'est un amendement de précision.
00:42:54 J'ai un exemple parfaitement clair
00:42:57 en vue d'un organisme qui organise
00:43:01 des voyages à destination des parlementaires,
00:43:04 des élus et des socioprofessionnels
00:43:05 qui n'est pas inscrit sur la liste
00:43:07 de la haute autorité de la transparence.
00:43:09 Et donc je pensais que c'était intéressant
00:43:11 de préciser cette activité dans la liste
00:43:15 telle que prévue à l'article 1.
00:43:17 -Et l'avis de la commission, madame le rapporteur ?
00:43:20 -Ce sera une demande de retrait ou sinon un avis défavorable,
00:43:23 puisque votre amendement est déjà satisfait,
00:43:26 madame la sénatrice.
00:43:27 En effet, le fait d'organiser des voyages
00:43:29 à destination des élus ou des socioprofessionnels
00:43:32 équivaut à entrer en communication avec eux.
00:43:34 Donc c'est déjà couvert par le dispositif
00:43:36 "voter en commission".
00:43:37 -Merci. L'avis du gouvernement, monsieur le ministre ?
00:43:39 -Même avis.
00:43:41 -Il est retiré.
00:43:42 Nous passons ensuite à 2 amendements identiques.
00:43:45 Le 1er est défendu par monsieur Durain.
00:43:48 C'est l'amendement 6.
00:43:50 Vous avez la parole, cher collègue.
00:43:51 -Merci, monsieur le président.
00:43:52 Cet amendement aborde un sujet complexe,
00:43:54 qui est celui des activités d'influence
00:43:56 menées pour le compte d'Etat membre de l'Union européenne.
00:43:59 Il y a 2 volets dans cette question,
00:44:01 un volet politique et un volet juridique.
00:44:03 Sur le plan politique, personne ne peut sérieusement
00:44:05 défendre l'idée selon laquelle les Etats membres
00:44:07 de l'Union européenne, par nature,
00:44:09 n'exerceraient pas des activités d'influence
00:44:11 à l'égard de leurs partenaires, y compris la France.
00:44:14 Les Etats membres de l'Union européenne
00:44:15 sont des partenaires, mais entre partenaires,
00:44:17 il n'est pas illégitime d'exiger la plus grande transparence
00:44:20 et de requérir de ceux qui exercent des activités d'influence
00:44:23 vis-à-vis de nos responsables publics
00:44:25 au nom de ces Etats membres, déclarent leurs activités.
00:44:28 Être assujetti à ce répertoire,
00:44:30 y compris pour ceux qui agissent pour le compte
00:44:32 d'un Etat européen, n'est ni une sanction,
00:44:34 ni une mesure de défiance,
00:44:35 mais une simple mesure de transparence.
00:44:37 Ce n'est pas illégitime, y compris entre partenaires.
00:44:40 Sur cet aspect des choses, je pense que nous pouvons
00:44:42 être globalement en accord.
00:44:43 Le principal argument qui est opposé à cet amendement
00:44:46 est juridique, en ce qu'il serait contraire
00:44:48 aux droits européens.
00:44:49 Nous sommes prêts à étudier cette question
00:44:51 pour peu qu'on nous explique concrètement
00:44:53 en quoi l'intégration des Etats européens
00:44:55 aux dispositifs contreviendrait aux droits de l'Union européenne.
00:44:59 -Merci. Mme Cambière d'Aminzou,
00:45:01 vous défendez l'amendement 53, s'il vous plaît.
00:45:04 -Oui. Bonsoir, M. le Président,
00:45:08 M. le ministre et chers collègues.
00:45:09 Notre amendement vise à supprimer l'exception faite
00:45:13 aux ingérences des Etats membres de l'Union européenne.
00:45:16 Lors des débats sur la loi de programmation militaire,
00:45:18 nous avons à maintes reprises exprimé notre inquiétude
00:45:21 face à la montée alarmante de l'extrême droite
00:45:23 dans plusieurs pays de l'Union européenne,
00:45:25 tels que le Danemark, la Suède, l'Italie ou encore la Hongrie.
00:45:29 Cette montée en puissance constitue une menace tangible
00:45:33 pour notre sécurité nationale et pour nos valeurs démocratiques.
00:45:36 L'argument en faveur de l'exclusion des Etats membres
00:45:39 de l'Union européenne repose sur l'idée
00:45:41 que nous partageons des valeurs communes,
00:45:43 mais la réalité politique actuelle démontre
00:45:45 une divergence inquiétante de valeurs et de principes.
00:45:49 L'essor de l'extrême droite avec ses positions nationalistes
00:45:52 xénophobes et autoritaires va à l'encontre des idéaux
00:45:55 de solidarité, de tolérance et de respect
00:45:57 des droits humains fondamentaux
00:45:59 qui forment le socle de notre démocratie.
00:46:01 La présence croissante de ces mouvements
00:46:04 au sein de certains gouvernements européens
00:46:06 crée un terrain fertile pour les ingérences étrangères.
00:46:09 Ces gouvernements peuvent être tentés de nouer des alliances
00:46:12 ou d'accepter des soutiens extérieurs.
00:46:15 Présumer que nous sommes immunisés des ingérences étrangères
00:46:17 serait une grave erreur et même une grande naïveté.
00:46:20 La montée de l'extrême droite exige une vigilance accrue.
00:46:24 Et voilà donc pourquoi je vous invite à voter cet amendement
00:46:27 pour envoyer un signal fort.
00:46:29 La France est résolue à préserver l'intégrité de sa démocratie.
00:46:32 Affirmons que la vigilance ne connaît pas de frontières
00:46:35 et que la justice ne souffre aucune exception.
00:46:38 -Merci. Madame le rapporteur, l'avis de la commission.
00:46:42 -Merci, M. le président. Ce sera 2 avis défavorables.
00:46:46 En effet, nous comprenons l'objectif recherché
00:46:49 par vos amendements, néanmoins, et vous l'avez dit,
00:46:52 il y a un risque d'inconventionnalité fort
00:46:55 de vos 2 amendements qui sont liés à une décision
00:46:59 de la Cour de justice de l'Union européenne
00:47:01 concernant la Hongrie, qui a déjà jugé
00:47:04 que de telles obligations se heurtaient
00:47:06 aux obligations qui incombrent aux états membres
00:47:09 au titre de la liberté de circulation des capitaux,
00:47:12 qui est fondée sur l'article 63, très précisément,
00:47:16 du traité fondateur de l'Union européenne,
00:47:19 ainsi que sur les articles 7, 8 et 12
00:47:22 de la charte des droits fondamentaux.
00:47:24 -Merci. Quel avis du gouvernement, M. le ministre ?
00:47:26 -Même avis. Je mets aux voix ces 2 amendements identiques
00:47:30 avec 2 avis défavorables, qui est pour...
00:47:33 Qui est contre...
00:47:36 Est-ce que vous pouvez lever la main ? Les contre...
00:47:41 -Merci. Ils ne sont pas adoptés.
00:47:45 Nous passons ensuite à l'amendement 4 rectifié.
00:47:49 Mme Goulet, vous avez la parole.
00:47:51 -Victoire de l'optimisme sur l'expérience.
00:47:54 Je vous propose de compléter la ninéa 24 du texte
00:47:59 en précisant que les partis mouvements politiques en exil
00:48:03 ou bénéficiant du statut de réfugiés
00:48:07 sont tenus aux mêmes règles.
00:48:10 -Merci. Quel est l'avis de la commission, Mme le rapporteur ?
00:48:13 -Pardon. Défavorable, M. le président.
00:48:16 En effet, cette mention nous apparaît superfétatoire
00:48:20 puisqu'ils soient à l'étranger ou en France,
00:48:21 ce sont des partis ou gouvernements politiques étrangers
00:48:23 déjà couverts par les dispositions.
00:48:26 -L'avis du gouvernement, même avis.
00:48:27 Je mets aux voix cet amendement 4 avec 2 avis défavorables,
00:48:30 qui est pour...
00:48:32 Qui est contre...
00:48:35 Il n'est pas adopté.
00:48:36 Nous passons ensuite à 3 amendements
00:48:38 faisant l'objet d'une discussion commune.
00:48:40 Nous commençons par le 51.
00:48:42 M. Savoldelli, vous avez la parole.
00:48:44 -Merci, M. le président, M. le ministre, mes chers collègues.
00:48:46 Notre amendement propose d'ajouter dans le champ
00:48:48 des personnes exclues de la catégorie
00:48:50 des représentants d'intérêt
00:48:52 agissant pour le compte d'un mandat étranger,
00:48:54 notamment les journalistes et les organes de presse.
00:48:57 Croire que l'on peut lutter contre la propagande de guerre
00:48:59 par la censure constitue une faute lourde.
00:49:02 Le combat pour un journalisme libre
00:49:04 passe nécessairement par le combat
00:49:05 contre toute forme d'ingérence des détenteurs de pouvoir,
00:49:08 quels qu'ils soient.
00:49:09 Ce n'est pas évident en temps de paix,
00:49:11 ce l'est encore moins en temps de conflits armés.
00:49:14 A cet égard, la censure gouvernementale
00:49:15 des chaînes d'Etat russe,
00:49:17 Russia Today et Spoutnik sur le territoire
00:49:19 de l'Union européenne après l'invasion de l'Ukraine,
00:49:22 auraient dû avoir de quoi choquer les démocrates que nous sommes.
00:49:25 Dans une démocratie, la liberté d'expression
00:49:27 fut-elle propagandiste et protégée ?
00:49:30 Elle ne vaut pas pour ce qui fait consensus.
00:49:33 La Cour européenne des droits de l'homme rappelle souvent
00:49:35 qu'elle vaut aussi cette liberté pour les propos et idées
00:49:38 qui choquent, je cite, qui heurtent et qui inquiètent.
00:49:41 Pourtant, cela n'avait pas empêché le Conseil européen
00:49:44 d'adopter en mars 2022 un règlement
00:49:46 établissant la censure sur tout le territoire de l'Union européenne
00:49:50 et sur tout support de six chaînes russes.
00:49:52 Pour la première fois depuis des dizaines d'années,
00:49:54 des gouvernements se sont attribués le pouvoir
00:49:56 de fermer des médias dans une action en rupture totale
00:49:58 avec les standards juridiques européens.
00:50:01 Et mes chers collègues, face à la désinformation,
00:50:04 la censure est d'ailleurs inefficace.
00:50:07 RT et Spoutnik sont toujours accessibles
00:50:09 via des plateformes de vidéo en ligne.
00:50:11 C'est contre-productif, ça nourrit le complotisme
00:50:14 et c'est surtout contraire aux libertés fondamentales.
00:50:16 Le véritable antidoc de la désinformation
00:50:19 n'est pas l'interdiction des médias,
00:50:21 mais un audiovisuel public fort dont sa réforme ici en France
00:50:24 ne risque d'affaiblir davantage.
00:50:26 Si la vérité est la première victime de la guerre,
00:50:28 c'est aussi parce que ces belligérants,
00:50:30 quel que soit leur camp, y trouvent leur intérêt.
00:50:32 Au mépris des citoyens et à l'information fut-elle biaisée.
00:50:36 Cet amendement propose de protéger ce droit fondamental.
00:50:39 -Merci. L'amendement 2 rectifié n'est pas défendu en séance.
00:50:44 Monsieur Dossu, l'amendement 27, s'il vous plaît.
00:50:47 -Oui, c'est un amendement qui vise à exclure les avocats
00:50:49 de l'obligation d'inscription au répertoire
00:50:52 afin de garantir le bon fonctionnement de la justice
00:50:54 et de préserver la relation de confiance client-avocat.
00:50:57 La fonction de conseil et de défense de l'avocat
00:50:59 sont et doivent demeurer indissociables.
00:51:02 Et rappelons que les avocats sont soumis
00:51:04 à une déontologie stricte, qu'on peut rappeler ici,
00:51:07 puisque ces règles interdisent aux avocates et aux avocats,
00:51:10 par exemple, d'accepter un mandat
00:51:12 lorsque leur indépendance ne peut être garantie.
00:51:15 Il y a 3 mécanismes de contrôle.
00:51:17 D'abord, ce sont les bâtonnières et bâtonniers du barreau
00:51:20 qui veillent au respect des règles déontologiques dans leur ensemble.
00:51:23 Ensuite, les avocates et avocats
00:51:25 qui acceptent des activités de représentation d'intérêt
00:51:27 doivent déclarer ces activités à l'ordre des avocats.
00:51:29 Et enfin, en 3e lieu, les avocats sont déjà soumis
00:51:33 au registre créé par la loi Sapin 2.
00:51:35 C'est dans ce contexte qu'il faut analyser cette PPL
00:51:37 qui crée un mécanisme de déclaration
00:51:39 et de sanction parallèle,
00:51:40 à savoir donc potentiellement une 4e obligation.
00:51:44 Cet amendement a été issu d'une recommandation du CNB.
00:51:49 -Merci. Madame le rapporteur,
00:51:51 votre avis sur ces 2 amendements ?
00:51:54 -Ce sera un avis défavorable pour ces 2 amendements.
00:51:57 Donc le 1er amendement vise à étendre
00:52:01 les exclusions de l'obligation de déclaration
00:52:05 aux journalistes et avocats,
00:52:08 et le 2e, simplement aux avocats.
00:52:11 L'argumentation sera la même pour les 2.
00:52:13 Nous avons auditionné de nombreux services de renseignement
00:52:17 qui nous ont tous confirmé
00:52:18 qu'ils avaient rencontré plusieurs cas d'ingérence
00:52:21 qui avaient utilisé la voie soit du Conseil juridique,
00:52:24 soit du journalisme.
00:52:25 Et l'affaire des Storykillers nous le prouve
00:52:28 en matière, cette fois-ci, effectivement,
00:52:30 d'ingérence étrangère.
00:52:32 Donc ces exceptions pourraient être utilisées
00:52:34 pour contourner le dispositif et donc en saper toute l'utilité.
00:52:39 Donc c'est pour ça que ça nous paraît
00:52:40 totalement contraire aux objectifs recherchés.
00:52:44 Et donc ce sera un avis défavorable,
00:52:45 d'autant que, je voulais préciser pour le 2e amendement,
00:52:49 l'activité des journalistes...
00:52:52 Concernant les avocats, pardon, excusez-moi,
00:52:54 les activités contentieuses ne relèvent pas
00:52:57 des activités qui sont visées par l'article 1er,
00:53:01 qui crée à l'article 18.12.1 une nouvelle obligation.
00:53:06 -Merci. Quels avis du gouvernement ?
00:53:08 Même avis.
00:53:10 Je mets au voie l'amendement 51
00:53:12 avec 2 avis défavorables, qui est pour,
00:53:15 qui est contre, il n'est pas adopté.
00:53:19 Je mets au voie l'amendement 27, c'est le même vote.
00:53:22 Même vote. Je vous remercie.
00:53:25 Nous passons ensuite à l'amendement 28,
00:53:28 défendu par M. Dossu. Vous avez la parole.
00:53:30 -Merci, M. le président.
00:53:31 C'est un amendement qui vise à obliger
00:53:33 les entités étrangères enregistrées au répertoire
00:53:36 de publier le montant de leur activité de lobbying en France.
00:53:40 On soutient pleinement l'objectif de la transparence.
00:53:44 Et bien que les représentants d'intérêt
00:53:46 doivent déclarer l'entité représentée
00:53:48 et la nature des activités, personne n'est obligé
00:53:51 de déclarer le montant de la rémunération perçue
00:53:53 de l'étranger.
00:53:54 C'est quand même surprenant de ne pas inclure
00:53:55 cette information clé dans les obligations de déclaration.
00:53:59 Nous pensons qu'il peut y avoir une différence
00:54:01 si un lobbyiste reçoit 1 000 euros ou 5 millions d'euros
00:54:03 pour une opération d'influence
00:54:05 qui potentiellement constitue un acte d'ingérence.
00:54:08 Nous pensons qu'il faut garantir que les représentantes
00:54:10 et représentants d'intérêt étrangers
00:54:12 déclarent des montants de financement reçus
00:54:14 pour leurs activités.
00:54:16 Le nouveau répertoire serait loin d'être le premier
00:54:19 à imposer une telle déclaration,
00:54:20 puisque le registre de transparence européen
00:54:22 impose aux personnes qui y sont inscrites
00:54:24 de publier les montants de leur financement par mandataire,
00:54:27 hormis les ONG.
00:54:28 Les personnes qui y figurent n'ont pas besoin
00:54:30 d'indiquer le montant exact, mais se situent sur une fourchette.
00:54:34 Néanmoins, cette information est essentielle
00:54:36 pour évaluer de manière plus précise
00:54:38 l'influence étrangère et le risque d'ingérence qui va avec.
00:54:42 -Merci. La commission, madame la rapporteure.
00:54:46 -Merci, monsieur le président. Ce sera un avis défavorable.
00:54:48 Il nous semble que cette obligation
00:54:51 de déclarer l'ensemble des financements
00:54:54 pour chacune des activités
00:54:58 nous paraît extrêmement sévère.
00:55:00 Je rappelle que l'influence étrangère,
00:55:01 c'est quand même une activité qui est légale.
00:55:03 Ca va emboliser en plus l'AHATVP,
00:55:07 qui dispose tout de même,
00:55:09 depuis que nous avons adopté en commission
00:55:11 des pouvoirs de contrôle,
00:55:12 la possibilité de faire des contrôles sur place et sur pièce
00:55:15 et de demander si nécessaire ces informations
00:55:19 pour les faire communiquer.
00:55:21 -Le ministre met l'avis. Je mets au voie cet amendement...
00:55:24 Oui, madame Goulet, vous avez la parole
00:55:26 pour explication de votre...
00:55:27 -Je soutiens cet amendement, monsieur le président.
00:55:29 Je pense qu'il est bienvenu.
00:55:31 -Je mets au voie cet amendement 28
00:55:34 avec deux avis défavorables, qui est pour,
00:55:36 qui est contre.
00:55:40 Il n'est pas adopté.
00:55:42 Nous passons ensuite à l'amendement 42 rectifié bis.
00:55:45 Madame Girardin, vous avez la parole.
00:55:47 -Oui, monsieur le président. L'article 1er
00:55:49 ne parle explicitement que de la sanction afférente
00:55:52 à l'oubli de déclaration pour les représentants d'intérêt.
00:55:55 Le rapport du 22 avril 24 de l'OCDE
00:55:59 renforçait la transparence et l'intégrité
00:56:00 des activités d'influence étrangère en France.
00:56:03 Un outil pour lutter contre les risques
00:56:04 d'ingérence étrangère appelle à prévoir un régime gradué
00:56:07 de sanctions en cas de non-respect des obligations,
00:56:10 incluant des sanctions administratives et pénales,
00:56:12 avec comme 1er objectif la désuasion
00:56:14 de conduire des activités d'influence non déclarées.
00:56:17 Donc outre l'omission, il apparaît essentiel
00:56:20 que ce texte sanctionne également
00:56:23 la volonté de fausser les informations déclarées.
00:56:25 Cet amendement vise donc ainsi à spécifier et à expliciter
00:56:28 les sanctions correspondantes à des déclarations
00:56:31 ou des fausses déclarations d'informations
00:56:33 dans le cadre de la déclaration faite à la HATVP.
00:56:36 -Merci. L'avis de la commission, madame la rapporteure.
00:56:39 -Nous donnons un avis défavorable,
00:56:44 car nous pensons que les dispositions de sanctions
00:56:50 en cas de non-déclaration ou de mauvaise déclaration,
00:56:53 qui sont de 3 ans d'emprisonnement et de 40 000 euros d'amende,
00:56:56 satisfait cet amendement.
00:56:59 -Merci. L'avis du gouvernement, monsieur le ministre.
00:57:01 Même avis. Je mets aux voix cet amendement 42 rectifier bis
00:57:05 avec 2 avis défavorables, qui est pour,
00:57:07 qui est contre, il n'est pas adopté.
00:57:12 -Madame Girardin, vous présentez le 43 rectifier bis,
00:57:15 s'il vous plaît.
00:57:16 -Alors, dans le cadre de l'actuel répertoire
00:57:21 des représentants d'intérêt tenu par la HATVP,
00:57:23 un représentant d'intérêt peut se désinscrire
00:57:26 du dit répertoire en cas de cession d'activité
00:57:30 et d'abondance de sa qualité.
00:57:33 Lorsqu'une entité est désinscrite du répertoire,
00:57:36 les éléments qu'elle a déclarés sur le répertoire
00:57:38 demeurent accessibles pendant une durée de 5 ans.
00:57:40 S'agissant d'un représentant d'intérêt
00:57:42 agissant pour un mandant étranger,
00:57:44 il serait souhaitable que cette information
00:57:46 reste accessible beaucoup plus longtemps.
00:57:49 C'est pourquoi nous demandons que ce soit intégré dans le décret
00:57:52 qui va définir les modalités de mise en oeuvre
00:57:54 de l'article 1er, car nous estimons qu'il est possible,
00:57:57 ensuite, que ce type de personnes puisse avoir accès
00:58:00 à des entreprises françaises ou des directions politiques
00:58:03 au sens sensible du terme.
00:58:05 -Merci. L'avis de la commission, madame la rapporteure.
00:58:09 -Ce sera un avis défavorable.
00:58:11 On pense là aussi que ce n'est pas utile, voire superfétatoire,
00:58:15 parce qu'il appartiendra déjà au décret de fixer les dates.
00:58:19 Et d'autre part, la commission sur la forme
00:58:21 n'est pas friande, et notamment.
00:58:23 Donc ce sera plutôt un avis défavorable sur cette amende.
00:58:25 -Merci. Même avis du gouvernement.
00:58:27 Je me vois cet amendement 43 avec 2 avis défavorables,
00:58:30 qui est pour, qui est contre, il n'est pas adopté.
00:58:36 Madame la rapporteure, vous présentez pour la commission
00:58:39 l'amendement 55, s'il vous plaît.
00:58:40 -C'est un amendement de correction d'une erreur matérielle.
00:58:43 -Monsieur le ministre, avis favorable.
00:58:45 Je mets au voie cet amendement 55, qui est pour,
00:58:48 qui est contre, il est adopté.
00:58:50 Nous passons au vote sur l'article 1er.
00:58:53 Madame Jourdat, vous avez la parole pour explication
00:58:56 de vote sur l'article 1er.
00:58:57 C'est ce que vous souhaitiez tout à l'heure.
00:59:00 Bon, donc je mets au voie l'article 1er, qui est pour,
00:59:07 qui est contre, il est adopté.
00:59:10 -Ce présent article ouvre la porte à l'utilisation d'algorithmes
00:59:15 par les services de renseignement en matière d'ingérence étrangère.
00:59:18 Comme je l'ai souligné dans mon intervention,
00:59:20 cette mesure soulève des questions cruciales
00:59:22 sur l'équilibre entre sécurité nationale et droits individuels,
00:59:26 d'autant plus qu'elle s'inscrit dans une tendance inquiétante
00:59:28 de la banalisation de la surveillance algorithmique
00:59:30 déjà amorcée par plusieurs décisions antérieures.
00:59:33 Excusez-moi cette formule, mais soyons honnêtes,
00:59:36 cette banalisation des IR de surveillance,
00:59:40 le président Macron y prépare le pays depuis maintenant 7 ans.
00:59:43 Depuis qu'il arrive à l'Elysée en 2017,
00:59:46 il annonce vouloir, je cite, "faire de la France un leader
00:59:50 "en intelligence artificielle",
00:59:52 et ce, contre les plaintes de nombreuses ONG
00:59:55 et les avis répétés de l'ACNIL,
00:59:57 qui, dès 2019, jugent ces outils illégaux.
01:00:01 Si ces pratiques sont acceptées
01:00:02 au long de la lutte contre le terrorisme
01:00:03 ou la sécurité nationale,
01:00:05 elles risquent d'être étendues progressivement
01:00:07 à d'autres domaines sans que nous en mesurions
01:00:09 réellement les conséquences.
01:00:10 De plus, les erreurs algorithmiques
01:00:13 qui peuvent toucher jusqu'à 2% de la population
01:00:16 sont inacceptables à l'échelle nationale.
01:00:19 Il faut lire les mots, c'est un capitalisme de surveillance.
01:00:21 Il est essentiel de reconnaître que l'algorithme n'est pas neutre,
01:00:25 et comme j'ai tenté de le démontrer
01:00:26 dans ma première proposition de loi
01:00:28 relative à la maîtrise du management algorithmique du travail,
01:00:31 l'algorithme, il est le fruit d'un donneur d'ordre
01:00:33 et il implique une certaine idéologie.
01:00:35 Il modifie nos comportements,
01:00:36 il risque de restreindre nos libertés individuelles.
01:00:38 Michel Foucault avait décrit cette société
01:00:41 qu'il appelait la société panoptique,
01:00:43 où la sécurité est basée sur une surveillance anonyme.
01:00:45 C'est pourquoi il est essentiel
01:00:47 d'engager la responsabilité humaine
01:00:48 derrière le choix de l'algorithme,
01:00:50 quels vont être le biais de ces algorithmes,
01:00:51 qui en aura l'usage,
01:00:53 et de plus, son application pourrait être étendue
01:00:55 à la prévention de toute ingérence étrangère,
01:00:57 un cadre bien trop large.
01:00:59 C'est pourquoi il est crucial, je pense,
01:01:01 de voter contre cet article aussi dangereux qu'inquiétant
01:01:04 pour nos libertés individuelles.
01:01:05 On va déposer plusieurs amendements.
01:01:08 Si d'aucun n'est retenu, vous comprendrez qu'à la fin,
01:01:10 on votera contre le texte
01:01:12 de par la nature de cet article 3. Merci.
01:01:15 -Monsieur le ministre, vous avez la parole.
01:01:18 -Merci, monsieur le président.
01:01:20 Monsieur le sénateur, je comprends que vous soyez opposé
01:01:22 à cet article, c'est votre droit et vous pouvez le voter,
01:01:24 mais il faut pas tout mélanger.
01:01:25 Quand vous dites que le président de la République
01:01:28 aurait placé la France sous surveillance,
01:01:29 non, quand il a dit qu'il voulait faire de la France
01:01:32 le leader de l'IA, vous pouvez le remercier
01:01:33 parce que vous avez tout autour de vous des algorithmes
01:01:35 qui tournent toute la journée.
01:01:37 Vous savez où ont été conçus ces algorithmes,
01:01:39 monsieur Savoldelli ?
01:01:40 Ils ont été conçus en Chine ou aux Etats-Unis.
01:01:42 Et donc le projet qui est celui du président de la République,
01:01:45 c'est de vous permettre d'utiliser des logiciels,
01:01:49 des algorithmes qui ont été conçus en France ou en Europe
01:01:52 pour pouvoir vous débarrasser de ces dépendances excessives
01:01:55 dans votre téléphone, dans votre tablette,
01:01:58 dans votre téléviseur et partout ailleurs,
01:02:00 dans votre véhicule de logiciels
01:02:02 qui ont été construits aux Etats-Unis ou en Chine,
01:02:04 où la vision que nos amis chinois ou américains
01:02:08 ont de la dignité de la personne humaine,
01:02:10 de la vie privée, des droits d'auteur
01:02:13 est singulièrement différente de celle que nous avons en Europe.
01:02:15 Monsieur Dossu,
01:02:19 vous présentez l'amendement 29, s'il vous plaît.
01:02:22 Oui, c'est pas parce qu'un algorithme est français
01:02:24 qu'il est vertueux.
01:02:25 C'est l'argumentaire de monsieur le ministre
01:02:27 et quand même assez surprenant.
01:02:29 Je vais pas reprendre les arguments
01:02:31 qui ont été très bien développés par monsieur Savoldelli.
01:02:33 C'est un amendement de suppression de cet article
01:02:36 qui vise à élargir la surveillance algorithmique,
01:02:40 puisque là, on touche un peu les limites aussi
01:02:42 d'avoir une proposition de loi,
01:02:44 puisqu'on va élargir
01:02:46 quelque chose qui est énormément circonscrit.
01:02:49 À chaque fois qu'on étend la société de surveillance
01:02:52 avec des nouveaux outils, on nous dit,
01:02:53 "Mais non, c'est uniquement pour le terrorisme.
01:02:56 "C'est uniquement pour des cas extrêmement graves."
01:02:58 Et puis, de PPL en PPL, là, on va élargir un petit peu
01:03:02 et on va continuer à avancer comme ça
01:03:04 dans cette société de surveillance,
01:03:05 cette fois-ci, sans aucune étude d'impact,
01:03:08 sans aucun avis du Conseil d'Etat,
01:03:11 ni de l'ACNIL.
01:03:12 Donc, on va continuer à avancer comme ça,
01:03:14 à élargir le périmètre d'utilisation de ces algorithmes.
01:03:18 Et donc, pour lutter contre les autocrates,
01:03:20 qui, eux, vous l'avez dit, monsieur le ministre,
01:03:22 n'ont pas la même conception
01:03:24 du respect des libertés individuelles,
01:03:27 on va utiliser leur propre outil de surveillance
01:03:29 et étendre nous-mêmes, avec le consentement,
01:03:33 puisque ce sont des algorithmes français, visiblement,
01:03:35 même si ce n'est pas garanti par ce texte,
01:03:38 on va continuer d'étendre la société de surveillance,
01:03:41 la société de contrôle.
01:03:43 Donc, on propose la suppression de cet article
01:03:46 au vu de la légèreté de l'étude de ses conséquences.
01:03:51 -Merci. Monsieur Saboldi, amendement 44.
01:03:54 -Oui, merci, monsieur le président.
01:03:55 Monsieur le ministre, dans le projet de loi
01:03:58 qui nous fait débattre, là,
01:03:59 j'ai pas vu signifier la nationalité de l'algorithme.
01:04:03 On est d'accord ?
01:04:05 Parce que l'algorithme, il n'a pas de nationalité.
01:04:08 C'est le donor d'ordre qu'il y en a une.
01:04:09 C'est pour ça que vous avez évoqué d'ailleurs d'autres pays.
01:04:13 C'est une technique...
01:04:14 C'est important, ce débat-là.
01:04:16 C'est un traitement autobaptisé
01:04:19 qui vise à détecter des connexions
01:04:20 ou des navigations sur Internet
01:04:22 susceptibles de révéler à un stade précoce
01:04:25 l'existence d'une menace.
01:04:26 La technique ne consiste pas en une surveillance ciblée,
01:04:30 mais en une analyse de l'ensemble des données de connexion
01:04:32 de groupes, de personnes,
01:04:34 sans que les motivations de cette surveillance ne soient motivées.
01:04:37 C'est pas que le groupe communiste et kanaki
01:04:39 qui, tout seul dans son coin,
01:04:40 suscite des peurs sur la question de l'intelligence artificielle
01:04:43 et des algorithmes.
01:04:45 Depuis 2021, il y a un avis de l'ACNIL
01:04:48 sur cette méthode de renseignement
01:04:51 qu'elle considère, je cite, "particulièrement intrusive".
01:04:54 Et l'autorité administrative indépendante
01:04:56 invitait à compléter de garanties supplémentaires
01:04:59 ces dispositions.
01:05:00 Et là, je m'excuse, monsieur le ministre,
01:05:02 à ma connaissance et à la connaissance de l'ACNIL,
01:05:04 il n'y a eu aucune garantie donnée sur ces aspects-là.
01:05:08 Et rien ne permet d'assurer un juste équilibre
01:05:10 entre à la fois des impératifs de sécurité
01:05:12 que nous partageons tous ici,
01:05:14 mais aussi des atteintes à la portée de la vie privée
01:05:16 des personnes concernées.
01:05:18 Cette technique de renseignement soulève des interrogations
01:05:21 en matière de biais algorithmiques.
01:05:23 Si tous les algorithmes connaissent des biais,
01:05:24 aucun élément n'est communiqué sur ce point.
01:05:27 Nous n'avons aucune information, aucune garantie.
01:05:30 Voilà, c'est pas qu'un débat technique.
01:05:34 Et enfin, rien n'est précisé sur le stockage des données.
01:05:37 Imaginez, s'il serait fait en France,
01:05:39 ou même, je m'excuse d'être provocant,
01:05:42 il pourrait être stocké à l'étranger.
01:05:44 Et si le logiciel est à 100% français,
01:05:46 pourtant des ingérences étrangères
01:05:48 peuvent également apparaître à ce niveau.
01:05:50 C'est pour ça qu'on est sur la suppression de cet article.
01:05:53 Et qu'on souhaitait le renvoi en commission.
01:05:54 Et qu'on souhaitait la poursuite des travaux du CEDA
01:05:57 avant d'arriver à un texte qui est quand même imparfait,
01:05:59 notamment sur ce domaine.
01:06:01 -Quel est l'avis de la commission, madame le rapporteur ?
01:06:06 -Oui, merci, monsieur le président.
01:06:09 Alors évidemment, nous sommes opposés à ces 2 amendements
01:06:12 qui suppriment l'extension de la technique des algorithmes
01:06:16 aux ingérences étrangères.
01:06:19 Tout d'abord, parce que nous pensons aujourd'hui
01:06:22 que face à l'évolution de la menace,
01:06:23 et nous n'arrêtons pas de le dire ce soir,
01:06:25 il faut faire évoluer aussi les outils,
01:06:27 notamment les outils à destination de services de renseignement
01:06:30 qui, pour prévenir ces ingérences étrangères,
01:06:32 ont besoin d'avoir accès à des moyens modernes,
01:06:36 des moyens efficaces qui doivent leur permettre
01:06:39 de mieux cibler, mieux cerner, mieux appréhender
01:06:42 ces menaces d'ingérences étrangères.
01:06:44 Et nous pensons aujourd'hui que cette technique des algorithmes
01:06:47 qui se perfectionne, qui, par son entraînement aujourd'hui,
01:06:52 a fait ses preuves en matière de terrorisme,
01:06:54 sera particulièrement utile en matière d'ingérences étrangères,
01:06:58 notamment pour prévenir des cyberattaques
01:07:01 qui sont plus faciles à cibler, d'autant plus que ce sont des attaques
01:07:04 qui vont de machine à machine.
01:07:06 Et donc on a bien conscience et on nous a bien expliqué
01:07:10 que l'algorithme aura un rôle prépondérant en la matière.
01:07:15 En ce qui concerne la mise en oeuvre des algorithmes,
01:07:17 je voudrais revenir sur un certain nombre de fausses idées
01:07:21 qui ont été véhiculées ce soir.
01:07:23 Les données ne sont pas stockées n'importe où.
01:07:26 Elles ne sont pas stockées à l'étranger,
01:07:27 elles ne sont pas stockées dans un cloud qui se baladerait.
01:07:30 Elles sont stockées au GIC,
01:07:32 au Groupement Interministériel de Contrôle,
01:07:35 qui est un espace sécurisé, que nous avons contrôlé,
01:07:40 nous le dit le président de la DPR,
01:07:42 parce qu'effectivement, sur l'utilisation des algorithmes,
01:07:45 il y a un ensemble de contrôles qui sont assurés,
01:07:48 que nous avons renforcés, notamment à la Commission des lois.
01:07:52 C'est le contrôle de la CNCTR qui peut intervenir à tout moment,
01:07:55 qui peut faire arrêter tout algorithme
01:07:58 si elle considère qu'il ne répond pas aux obligations
01:08:01 et aux contraintes et au cadre légal
01:08:06 qui est fixé pour l'utilisation de ces algorithmes.
01:08:08 Nous avons même rajouté un contrôle supplémentaire
01:08:12 dans le cadre de cette expérimentation
01:08:13 de la délégation parlementaire au renseignement.
01:08:16 Depuis tout à l'heure, on demande des rapports,
01:08:18 on demande des débats,
01:08:19 mais je vous rappelle quand même que la seule instance
01:08:21 qui est en capacité d'avoir véritablement connaissance
01:08:24 de l'ensemble de ces actions,
01:08:27 de l'ensemble de ces outils
01:08:28 qui sont mis en place par les services de renseignement,
01:08:31 c'est la DPR.
01:08:32 C'est là où nous aurons toutes les informations
01:08:34 et c'est bien pour ça qu'a été mise en place la DPR,
01:08:37 qui est composée de parlementaires qui sont habilités
01:08:41 et au sein desquels on peut verser et faire part
01:08:44 d'un certain nombre d'informations
01:08:46 qui sont des informations secrètes défense
01:08:48 et qui ne pourront jamais être divulguées
01:08:51 dans le cadre de ces hémicycles
01:08:53 et dans le cadre des débats que nous avons ici.
01:08:57 C'est pour ça qu'il me semble
01:08:58 que cette technique des algorithmes
01:09:00 sera particulièrement efficace
01:09:02 pour lutter contre les ingérences étrangères
01:09:05 et que les modalités de contrôle et d'encadrement
01:09:07 qui sont définies aujourd'hui
01:09:09 permettent d'assurer le respect du cadre légal que nous votons.
01:09:13 -Merci. Quel est l'avis du gouvernement ?
01:09:15 C'est le même avis.
01:09:17 Mme Morin de Selye,
01:09:18 vous avez la parole pour explication de vote.
01:09:20 -En réalité, je voudrais poser une question
01:09:24 à M. le ministre et Mme la rapporteure
01:09:26 parce que les algorithmes,
01:09:27 il me semble que c'est de l'intelligence artificielle
01:09:29 que nous venons de voter le règlement
01:09:32 sur l'intelligence artificielle qui dépend de l'Europe.
01:09:37 Et il me semble que l'approche du texte européen,
01:09:39 c'est l'approche par le risque,
01:09:41 avec notamment une attention particulière, justement,
01:09:45 à ces questions de surveillance,
01:09:47 de catégorisation des populations,
01:09:50 des usages qui sont strictement interdits,
01:09:52 sauf une exception qui est précisément
01:09:56 la lutte contre des menaces type terroristes.
01:09:59 Donc je voulais avoir confirmation
01:10:01 parce qu'il me semble que les deux textes doivent s'articuler.
01:10:03 Est-ce que M. le ministre Barrault,
01:10:05 qui connaît bien le texte, pourrait nous éclairer ? Merci.
01:10:08 -Merci. M. le ministre,
01:10:11 est-ce que vous voulez répondre ?
01:10:13 -M. le président, Mme la sénatrice,
01:10:19 en général, la Sécurité nationale a été exclue
01:10:25 du périmètre des obligations qui s'imposent
01:10:29 aux personnes qui distribuent
01:10:33 sur le territoire de l'Union européenne
01:10:35 des services, des logiciels d'intelligence artificielle.
01:10:39 Je pense donc qu'il n'y a pas de contradiction
01:10:43 entre cet article et le règlement sur l'intelligence artificielle.
01:10:47 -Je vais donner la parole à Mme Laura Porter,
01:10:51 ensuite, vous aurez la parole, M. Kaddiq.
01:10:53 Je vous en prie, Mme Laura Porter.
01:10:56 -Oui, je voulais juste préciser à Mme la sénatrice Moinsaï
01:11:00 que les algorithmes ne sont pas de l'intelligence artificielle.
01:11:04 Les algorithmes sont simplement des comportements prédéterminés
01:11:08 qui sont inscrits dans la machine par le fameux algorithme
01:11:12 et qui font hitter des données, c'est le terme qui est utilisé,
01:11:16 dès lors que ces données correspondent à ces comportements.
01:11:20 Donc il n'y a pas de création de matière.
01:11:22 Donc ce n'est pas de l'intelligence artificielle,
01:11:24 c'est simplement un outil informatique
01:11:29 qui permet de relever des comportements
01:11:32 qui correspondent soit à des ingérences étrangères,
01:11:34 soit à des risques d'actes de terrorisme,
01:11:36 ou alors dans le cadre aussi de la vidéoprotection augmentée,
01:11:40 on a recours à des algorithmes pour relever des images
01:11:44 qui correspondent à ces événements prédéterminés.
01:11:47 -M. Kaddiq, vous avez la parole pour explication de vote.
01:11:50 -Merci, M. le Président.
01:11:54 Je voudrais rassurer M. Salvodeli
01:11:57 que, ne vous inquiétez pas, toutes vos données
01:11:59 sont d'ores et déjà captées, comme les nôtres.
01:12:02 Elles sont aspirées en Chine,
01:12:05 parce qu'il prévoit que quand ils auront les ordinateurs quantiques,
01:12:09 ils pourront faire sauter tous les cryptages de données.
01:12:11 Donc aujourd'hui, c'est déjà le cas.
01:12:14 Donc je peux vous rassurer de ce côté-là,
01:12:15 ça part bien à l'étranger.
01:12:17 Et eux, ils n'ont pas les règles conscrètes.
01:12:20 Et cet article, Mme la rapporteure l'a très bien dit,
01:12:25 c'est une technique d'automatisation
01:12:27 pour permettre de repérer plus vite, effectivement,
01:12:29 des manipulations et d'ingérences étrangères.
01:12:32 Donc je pense que c'est important.
01:12:34 Il ne faut pas fantasmer autour de ça.
01:12:35 C'est vraiment une possibilité d'automatiser
01:12:39 et d'aller plus vite pour repérer les ingérences.
01:12:41 Merci.
01:12:43 -Merci. Pas d'autres demandes d'explication de vote.
01:12:46 Je vais mettre aux voix ces deux amendements identiques
01:12:50 avec deux avis négatifs.
01:12:52 Je suis saisi d'une demande de scrutin public du groupe CRCK.
01:12:57 Le scrutin est ouvert.
01:13:01 Le scrutin est clos.
01:13:03 Nom de votant, 344. Nom de suffrage exprimé, 344.
01:13:12 Pour, 33. Contre, 311.
01:13:15 Le Sénat n'a pas adopté.
01:13:19 Nous passons ensuite à l'amendement numéro 15,
01:13:23 défendu par M. Durin. Vous avez la parole.
01:13:25 -Merci, M. le Président.
01:13:27 Nous l'avons dit, nous ne sommes pas défavorables par principe
01:13:30 à l'utilisation des techniques algorithmiques
01:13:32 appliquées à la lutte contre les ingérences étrangères.
01:13:35 Pour peu que le dispositif soit justement circonscrit
01:13:39 et que les garanties soient suffisantes
01:13:40 à protéger le droit à la vie privée
01:13:42 et notamment les données personnelles.
01:13:43 C'est le sens de cet amendement de réécriture de l'article 3.
01:13:48 Nos collègues préfèrent s'opposer, nous préférons encadrer.
01:13:52 J'en ferai une présentation globale
01:13:53 avant de revenir plus en détail sur certains des points
01:13:56 les plus importants dans les amendements suivants.
01:13:57 D'abord, nous voulons affirmer plus explicitement
01:14:00 le caractère expérimental de cet article 3.
01:14:03 Et pour cela, comme le veut l'usage,
01:14:04 nous ne proposons pas de modifier le code de la sécurité intérieure,
01:14:07 mais nous proposons une disposition non codifiée.
01:14:10 Nous proposons de ramener la durée de cette expérimentation
01:14:13 à 3 ans, comme le prévoyait le texte dans sa rédaction initiale.
01:14:16 On nous dit que ce délai est trop court,
01:14:18 mais le délai 4 ans le sera aussi sans doute.
01:14:21 Et donc, dans ces 2 hypothèses,
01:14:22 il faudra repasser devant le Parlement
01:14:24 et nous considérons que le plus tôt sera le mieux.
01:14:26 Nous proposons de mieux circonscrire les cas
01:14:28 dans lesquels il pourrait être recouru
01:14:30 à la technique de l'algorithme
01:14:31 pour viser la seule lutte contre les ingérences étrangères,
01:14:35 puisque tel est l'objet de ce texte.
01:14:37 Nous y reviendrons dans un amendement suivant
01:14:38 puisque c'est un point essentiel de cet article 3.
01:14:41 Enfin, nous proposons d'étoffer le rapport d'évaluation
01:14:44 dans le sens de ce qu'a voté l'Assemblée nationale
01:14:47 à l'initiative des députés socialistes.
01:14:49 Nous souhaitons que ce rapport présente
01:14:50 les conséquences de l'élargissement prévu
01:14:52 sur l'efficacité de la technique dite de l'algorithme
01:14:55 en matière de lutte contre le terrorisme,
01:14:57 mais aussi qu'il précise l'évolution
01:14:59 du nombre d'alertes recensées.
01:15:02 -Merci. Quel est l'avis de la Commission, madame la rapporteure ?
01:15:05 -Merci, monsieur le président. Ce sera un avis défavorable.
01:15:07 En effet, cet amendement tend à réécrire
01:15:10 le dispositif de l'algorithme
01:15:13 et à le sortir des dispositions du Code de sécurité intérieure.
01:15:17 Néanmoins, on pense que les effets juridiques
01:15:19 sont exactement les mêmes,
01:15:21 parce que dans chacun des cas, c'est pour une durée limitée
01:15:25 et c'est une expérimentation.
01:15:27 Nous ne sommes pas d'accord sur la durée de l'expérimentation,
01:15:30 mais nous pensons que 3 ans, c'est trop court
01:15:32 et qu'il faut laisser véritablement les moyens,
01:15:34 notamment pour que les fameux algorithmes
01:15:36 s'entraînent dans ce qu'on appelle des bacs à sable.
01:15:39 Et sur le dernier point, nous sommes d'accord.
01:15:41 Donc c'est une demande de retrait ou à défaut un avis défavorable.
01:15:45 -Avis défavorable aussi du gouvernement.
01:15:47 Je mets aux voix cet amendement 15
01:15:49 avec 2 avis défavorables, qui est pour,
01:15:53 qui est contre, il n'est pas adopté.
01:15:55 M. Durand, vous présentez l'amendement numéro 16.
01:15:59 -Avec plaisir, monsieur le président.
01:16:00 Cet amendement est à nos yeux particulièrement important
01:16:02 puisqu'il concerne le champ d'application
01:16:04 de la technique algorithmique
01:16:05 dans le cadre de cette proposition de loi.
01:16:07 L'intention affichée des auteurs du texte
01:16:09 était d'étendre cette technique
01:16:11 jusqu'ici réservée à la lutte contre le terrorisme,
01:16:13 à la lutte contre les ingérences étrangères.
01:16:16 Sauf que le texte qui nous est présenté,
01:16:18 que ce soit le texte venu de l'Assemblée nationale
01:16:20 ou le texte issu des travaux de la Commission des lois du Sénat,
01:16:22 va bien au-delà.
01:16:24 La technique de l'algorithme aujourd'hui permise
01:16:25 pour les seuls besoins de la lutte contre le terrorisme
01:16:27 serait désormais possible pour les finalités suivantes.
01:16:29 Je cite la liste.
01:16:30 L'indépendance nationale, l'intégrité du territoire,
01:16:33 les intérêts majeurs de la politique étrangère,
01:16:34 l'exécution des engagements européens
01:16:36 et internationaux de la France
01:16:37 et donc les ingérences étrangères.
01:16:39 Il est donc prévu d'étendre la technique de l'algorithme
01:16:41 bien au-delà de la lutte contre les ingérences étrangères.
01:16:44 Par l'effet de ce texte, on pourrait y recourir
01:16:46 au nom des intérêts majeurs de la politique étrangère
01:16:49 ou au nom de l'indépendance nationale,
01:16:50 qui sont des notions extrêmement larges
01:16:53 et sans que ce ne soit forcément en jeu
01:16:55 des questions d'ingérences étrangères.
01:16:57 De façon plus ou moins insidieuse,
01:16:59 on élargit considérablement la technique de l'algorithme
01:17:01 au détour de ce texte,
01:17:03 dont l'objet est la lutte contre les ingérences étrangères.
01:17:06 Nous proposons de circonstruire cet article
01:17:09 à ce seul périmètre.
01:17:11 -Merci. L'avis de la commission, madame la rapporteure.
01:17:14 -Oui, je vous rappelle, chers collègues,
01:17:17 que les algorithmes, c'est un outil
01:17:19 destiné aux services de renseignement
01:17:22 et prévu par le Code de sécurité intérieure.
01:17:25 C'est la raison pour laquelle nous avons voulu,
01:17:26 en commission des lois, bien définir les finalités
01:17:30 en se référant aux finalités qui sont traditionnellement utilisées
01:17:34 dans le Code de sécurité intérieure
01:17:35 et non pas simplement à la notion d'ingérences étrangères,
01:17:37 qui est une notion qui n'est pas définie
01:17:39 dans ce Code de sécurité intérieure, d'une part,
01:17:43 et d'autre part, si nous adoptons votre amendement,
01:17:48 vous limitez considérablement le champ
01:17:50 de sorte que les algorithmes ne pourraient plus être utilisés
01:17:53 dans le cadre des hyperattaques.
01:17:54 Or, on sait que c'est là qu'ils seront particulièrement utiles.
01:17:58 -L'avis du gouvernement, c'est le même avis.
01:18:01 Je mets aux voix cet amendement 16 avec 2 avis négatifs,
01:18:05 qui est pour, qui est contre, il n'est pas adopté.
01:18:09 Nous passons ensuite à 3 amendements
01:18:11 faisant l'objet d'une discussion commune.
01:18:13 Le 1er, c'est le 17 rectifié, et c'est Mme Jourdat.
01:18:18 -Merci, M. le président.
01:18:19 Par cet amendement, nous souhaitons renforcer
01:18:22 le contrôle de l'autorisation de l'algorithme.
01:18:24 Ce contrôle est, pour l'essentiel, exercé
01:18:27 par la Commission nationale de contrôle des techniques
01:18:29 de renseignement.
01:18:30 Lorsque les services de renseignement
01:18:32 élaborent un algorithme de surveillance
01:18:34 des données de connexion, le Premier ministre
01:18:37 le soumet pour avis à la CNETR,
01:18:39 composée, entre autres, de parlementaires.
01:18:42 Ce contrôle par la CNETR, qui équivaut à un avis conforme,
01:18:46 puisqu'en cas d'avis défavorable,
01:18:48 la saisine du Conseil d'Etat est automatique,
01:18:50 ne vaut que pour l'autorisation initiale.
01:18:53 En revanche, une fois l'autorisation accordée,
01:18:56 en cas de modification apportée aux paramètres de l'algorithme,
01:19:00 la CNETR n'est qu'informée.
01:19:02 Elle disporse, certes, d'un accès permanent,
01:19:05 complet et direct à ses traitements,
01:19:07 ainsi qu'aux informations et données recueillies,
01:19:10 et elle peut émettre des recommandations.
01:19:12 Mais la modification des paramètres de l'algorithme,
01:19:15 quand bien même cette modification serait substantielle,
01:19:19 n'est soumise à aucun contrôle en tant que tel.
01:19:22 C'est ce que nous proposons d'instaurer
01:19:24 par cet amendement.
01:19:27 -Merci. M. Savoldelli, l'amendement 45.
01:19:29 -Oui, merci, M. le Président, M. le ministre,
01:19:31 mes chers collègues.
01:19:32 Ces 3 amendements,
01:19:34 si mon collègue le permet,
01:19:39 ils permettent qu'à l'inverse du droit actuel,
01:19:43 d'une part, en l'absence de l'avis
01:19:44 de la CNTCR,
01:19:47 rendu au Premier ministre sur l'autorisation de mise en oeuvre
01:19:49 du territoire national des techniques de recueil de renseignements,
01:19:53 l'avis ne peut pas être réputé rendu.
01:19:57 Et d'autre part, qu'en cas d'avis défavorable
01:20:00 de la CNTCR,
01:20:02 des techniques de renseignement rendus au Premier ministre
01:20:04 sur l'autorisation mise en oeuvre sur le territoire national
01:20:07 des techniques de recueil de renseignements,
01:20:09 aucune autorisation ne peut être délivrée
01:20:11 en matière de traitement algorithmique.
01:20:14 Voilà.
01:20:15 Je ne veux pas commenter,
01:20:16 mais les 3 amendements, ils ont un mérite,
01:20:19 c'est qu'ils renforcent les contrôles
01:20:20 de l'autorité administrative indépendante.
01:20:24 -Merci, M. Dossu.
01:20:25 Vous présentez l'amendement 30.
01:20:26 -Oui, ça a été bien défendu par mes 2 prédécesseurs,
01:20:30 mais ce sont des garde-fous
01:20:33 qui, en l'absence d'études d'impact,
01:20:35 David Lachnil, l'avis du Conseil d'Etat,
01:20:37 permettent aussi, pour nous, législateurs,
01:20:40 d'avoir un rôle à jouer
01:20:42 dans l'encadrement de ces techniques
01:20:44 de plus en plus élargies et utilisées.
01:20:47 Et donc, voilà, ce sont 3 amendements
01:20:50 qui permettent d'établir un peu des garde-fous.
01:20:54 -Et si, quel est l'avis de la Commission
01:20:56 sur ces 3 amendements ?
01:20:58 -Ce sera des avis défavorables,
01:21:00 puisque vous tendez à renforcer, effectivement,
01:21:02 les contrôles sur les algorithmes.
01:21:04 Or, d'ores et déjà, la CNCTR intervient à tout moment.
01:21:09 Elle est informée de la mise en oeuvre d'un algorithme
01:21:11 et elle peut le contrôler à tout moment.
01:21:13 Et comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
01:21:14 elle peut même mettre fin à l'utilisation d'un algorithme.
01:21:17 Donc l'informer systématiquement sans qu'elle rende un avis
01:21:21 ne permettra pas un contrôle plus renforcé.
01:21:25 C'est pour ça que je mettrai un avis défavorable
01:21:28 sur l'amendement 17.
01:21:30 De même, sur l'amendement 45 de M. Savoldelli,
01:21:33 il prévoit à la fois un contrôle renforcé
01:21:37 avec un avis conforme de la CNCTR,
01:21:39 mais d'ores et déjà, les contrôles de la CNCTR
01:21:42 fonctionnent particulièrement bien
01:21:44 et les avis sont toujours suivis par le Premier ministre.
01:21:49 Et deuxièmement, prévoyez aussi l'intervention de la CNIL.
01:21:53 Je ne vois pas, ça viendra alourdir et ça ne renforcera pas,
01:21:56 parce que la CNCTR a un contrôle beaucoup plus précis,
01:21:59 beaucoup plus technique sur ces algorithmes
01:22:01 et à notre avis, suffisant.
01:22:03 Et c'est la même chose sur l'amendement
01:22:06 soutenu par M. Dossu.
01:22:07 Un amendement 30 sera un avis aussi défavorable.
01:22:11 -L'avis du gouvernement, même avis.
01:22:13 Je mets au voie l'amendement 17 avec deux avis négatifs qui...
01:22:19 Ah, M. Savoldelli, pour expliquer son vote.
01:22:22 -Oui, très rapidement, M. le Président, M. le ministre.
01:22:24 Mme la rapporteure, je suis étonné de l'argument
01:22:27 sur le fait que la CNIL alourdisse.
01:22:31 Moi, je pense que l'avis de la CNIL
01:22:33 qui touche à nos libertés individuelles
01:22:35 n'est pas un avis de trop ou un avis de surcharge.
01:22:40 Il y a eu déjà, sur la loi, d'autres lois,
01:22:43 un avis rendu par la CNIL.
01:22:46 Et là, on nous dit que ça alourdit, ça...
01:22:48 Non, il faut qu'on tienne les deux bouts.
01:22:52 C'est des amendements de repli.
01:22:55 C'est de se donner des garanties entre à la fois
01:22:57 notre sécurité nationale et nos libertés individuelles.
01:23:00 Donc la CNIL n'est pas en trop.
01:23:02 Son avis n'est pas en trop.
01:23:04 C'est pas une superposition, c'est pas un doublon.
01:23:07 C'est un regard avec ses spécificités,
01:23:09 sa singularité française.
01:23:12 -Si je mets au voie l'amendement 17
01:23:15 avec deux avis négatifs qui est pour,
01:23:18 qui est contre, il n'est pas adopté.
01:23:21 Je mets au voie l'amendement 45 avec deux avis négatifs.
01:23:25 C'est le même vote.
01:23:26 Même vote. Je mets au voie l'amendement 30
01:23:29 avec deux avis négatifs.
01:23:30 C'est le même vote. Même vote.
01:23:33 Nous passons ensuite à l'amendement 47.
01:23:35 M. Savoldelli, vous avez la parole.
01:23:37 -Oui, M. le président, M. le ministre,
01:23:41 Mme la rapporteure, mes chers collègues.
01:23:43 Notre Etat de droit réoppose sur un équilibre
01:23:46 et une garantie des droits fondamentaux.
01:23:48 Le Conseil d'Etat et la CNIL doivent pouvoir contrôler
01:23:51 le cadre réglementaire de la technique de renseignement
01:23:54 par algorithme étendu aux ingérences étrangères.
01:23:57 On ne peut pas étendre cette technique sans contrôle.
01:24:01 C'est bien le rôle de l'autorité administrative indépendante
01:24:03 de veiller à ce que l'informatique ne porte
01:24:06 atteinte ni aux droits de l'homme,
01:24:08 ni à la vie privée et informatique,
01:24:10 ni aux libertés individuelles ou publiques.
01:24:13 Par cet amendement, nous demandons à nouveau
01:24:15 d'instaurer des garanties suffisantes
01:24:18 pour que le renseignement sur les ingérences étrangères
01:24:20 ne se fasse pas au détriment de l'Etat de droit.
01:24:22 Et la prévention contre les ingérences étrangères
01:24:24 doit se faire dans le cadre du droit commun
01:24:26 applicable à tous les types d'influence
01:24:29 sur l'action publique.
01:24:30 On nous dit vouloir lutter par cette PPL
01:24:33 contre les influences de régimes
01:24:34 où les droits humains et les libertés fondamentales
01:24:36 ne sont pas respectés.
01:24:38 Nous sommes pourtant en train de sacrifier notre Etat de droit
01:24:40 sur le thème de la lutte contre les ingérences étrangères.
01:24:43 -Quel est l'avis de la commission, Mme le rapporteure ?
01:24:47 -Merci, M. le président. On serait à un avis défavorable.
01:24:50 La CNCTR a des équipes de techniciens spécialisés
01:24:54 qui vont vérifier sur place le fonctionnement des algorithmes.
01:24:58 L'ACNIL ne fera qu'une vérification sur dossier, en général.
01:25:02 Donc le contrôle de la CNCTR est bien plus performant
01:25:06 et bien plus puissant que ne serait un contrôle de l'ACNIL
01:25:09 et qui, s'il venait s'ajouter,
01:25:11 je reviens sur ce que j'ai dit tout à l'heure,
01:25:13 complexifierait et alourdirait les procédures de contrôle.
01:25:17 Donc on risquerait, à force de vouloir trop renforcer,
01:25:20 d'affaiblir le contrôle.
01:25:21 Je pense qu'aujourd'hui, la manière
01:25:23 dont la CNCTR assure son contrôle
01:25:25 sous contrôle elle-même d'une commission spéciale
01:25:31 du Conseil d'Etat garantit suffisamment l'Etat de droit.
01:25:34 -M. le ministre, vous avez la parole.
01:25:38 -Merci, M. le président.
01:25:40 Vous parlez d'affaiblir l'Etat de droit,
01:25:42 mais la question qui est posée là,
01:25:43 c'est la manière de riposter à des événements comme le suivant.
01:25:46 Lors des élections nationales en Slovaquie,
01:25:48 en septembre 2023,
01:25:50 pendant la période de silence,
01:25:52 c'est-à-dire pendant les 48 heures qui ont précédé le scrutin,
01:25:55 a été diffusé sur les réseaux sociaux
01:25:57 un faux enregistrement audio
01:25:58 dans lequel on entend le candidat progressiste,
01:26:02 si l'on peut dire, échanger.
01:26:04 C'est un enregistrement artificiel
01:26:06 avec un journaliste
01:26:08 sur la manière dont il entend manipuler le vote.
01:26:12 Il se trouve, d'une part, que ce candidat progressiste a perdu
01:26:16 et que même s'il est difficile d'établir
01:26:18 que la propagation de ce faux enregistrement
01:26:21 a eu un effet important sur le scrutin,
01:26:24 le simple fait qu'il ait pu avoir un effet
01:26:27 jette un voile de doute sur la sincérité du scrutin.
01:26:30 L'usage qui sera fait par les services de renseignement
01:26:33 de ces algorithmes permettra d'identifier,
01:26:36 de détecter et de faire échec à ce type d'événements
01:26:40 qui peuvent porter atteinte à ce qui est le coeur de l'Etat de droit,
01:26:43 c'est-à-dire l'expression, par le suffrage du peuple souverain.
01:26:47 -Merci. Je mets au voie cet amendement 47
01:26:52 avec 2 avis négatifs, qui est pour,
01:26:55 qui est contre, il n'est pas adopté.
01:26:58 M. Savoldelli, présentez le 48, s'il vous plaît.
01:27:02 -Je pense l'avoir défendu à plusieurs reprises, M. le président.
01:27:08 -Merci. Quel est l'avis de la commission, Mme le rapporteur ?
01:27:12 -Défavorable, 2 ans pour l'expérimentation des algorithmes,
01:27:15 c'est trop court, nous avons prévu 4 ans
01:27:17 et avec un rapport de mi-étape.
01:27:19 -Merci. L'avis du gouvernement est le même.
01:27:22 Je mets au voie cet amendement 48 avec 2 avis négatifs,
01:27:25 qui est pour, qui est contre, il n'est pas adopté.
01:27:27 -La proposition de loi pour lutter
01:27:29 contre les ingérences étrangères est donc adoptée.
01:27:32 Par le Sénat, la France va se doter de nouveaux outils
01:27:35 comme la création d'un répertoire qui recense les acteurs
01:27:38 de l'influence étrangère.
01:27:40 Les autorités françaises pourront également geler leurs avoirs.
01:27:43 C'est la fin de cette séance.
01:27:45 Merci de l'avoir suivie.
01:27:46 Bonne suite des programmes sur Public Sénat.
01:27:50 ...

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