Et maintenant ! - Gauche : pourquoi se détestent-ils ?
Pour ce premier numéro de la nouvelle saison de « Et Maintenant ! », on s’intéressera au nouveau gouvernement. A quoi va-t-il ressembler ? Emmanuel Macron a finalement nommé Michel Barnier à sa tête, un membre du parti LR, 73 ans, rompu à l’exercice du pouvoir. L’Elysée refuse de parler de cohabitation et préfère mettre en avant le terme de « coexistence exigeante ». Parmi les dossiers prioritaires du nouveau Premier ministre : le budget. Le déficit public pourrait atteindre 5,6 % cette année. Y aura-t-il une augmentation des impôts ? Et c’est dans ce contexte général d’instabilité politique que certains appellent à la destitution du Président, à l’instar de LFI quand d’autres se projettent déjà. Edouard Philippe l’a annoncé : il sera candidat à la présidentielle et semble même anticiper une démission du chef de l’Etat. On parlera également de l’état de la gauche : après un été à discuter de l’opportunité ou non de participer à un gouvernement, voici que la gauche se déchire à nouveau. Cette semaine dans les pages de l’Obs, le député François Ruffin s’en prend à Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise, et l’épisode Cazeneuve laissera peut-être des traces. Enfin, direction les Etats-Unis où avait lieu cette semaine le premier et peut être seul grand débat entre les deux candidats à l’élection présidentielle du 5 novembre : d’un côté la démocrate Kamala Harris, de l’autre l’ancien président Donald Trump. La vice-présidente semble avoir gagné la première partie mais sera-t-elle la prochaine présidente ? Année de Production :
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00:00...
00:12La réponse, à mes yeux, ne pouvait pas procéder
00:15par des changements de gouvernement ou des coalitions, d'ailleurs,
00:19qui n'étaient pas possibles au Parlement,
00:21et les derniers jours l'ont très clairement montré,
00:25mais elle imposait une dissolution
00:29qui permet seule la clarification des choses.
00:33Les choses sont-elles vraiment plus claires aujourd'hui, M. le Président ?
00:37On va voir si c'est le cas. Ce qui est vraiment clair,
00:39c'est que vous nous avez manqué, amis téléspectateurs.
00:41Bonjour à tous. Vous regardez, maintenant,
00:43premier numéro de la saison.
00:44On revient toujours avec plaisir et toujours avec vous
00:47sur l'actualité politique de la semaine.
00:48Vous connaissez le principe. Hashtag.
00:50Et maintenant, si vous souhaitez réagir, c'est la rentrée.
00:53Il fait déjà très froid sur la France.
00:55On a donc décidé de mettre des paillettes et de la chaleur
00:58sur ce plateau.
00:59Les fines fleurs de l'analyse politique sont là.
01:01Bonjour, Roselyne.
01:02– Bonjour. – Comment allez-vous ?
01:03– Vous avez vu mon taillère ensoleillé.
01:04– Les paillettes et les couleurs.
01:05– C'est pour vous, spécialement.
01:07– C'est gentil. Vous êtes éditorialiste, ancienne ministre.
01:09Votre dernier livre s'intitule « 682 jours »,
01:13c'est à retrouver chez Plon.
01:14Merci d'être là.
01:15À côté de vous, Nicolas Baverez.
01:17Bonjour, Nicolas.
01:18Vous êtes économiste, avocat et historien.
01:19Je renvoie à votre livre,
01:20qui est à retrouver aux éditions de l'Observatoire.
01:23« Démocratie contre empire autoritaire »,
01:25il ressort en format poche cet automne.
01:28Loridon, bonjour.
01:29– Bonjour.
01:30– Vous êtes directrice éditoriale de l'Institut Montaigne,
01:31essayiste chargée d'enseignement à Sciences Po.
01:34Vous publiez « Le château de mes sœurs »,
01:36c'est aux éditions Les Pérégrines.
01:38Et le grand Pierre Jacquemin est aussi là.
01:39Bonjour.
01:40– Bonjour.
01:41– Rédacteur en chef chez Politis,
01:43la une de cette semaine est consacrée aux escrocs de la pensée.
01:46Merci d'être là.
01:47Dans cette émission, on se demandera si Kamala Harris
01:50a d'ores et déjà plié le match après son débat face à Donald Trump cette semaine.
01:54On reviendra sur l'été et la rentrée compliquée de la gauche.
01:57On se demandera si Emmanuel Macron va démissionner
02:00et si le gouvernement Barnier va nous demander de payer toujours plus d'impôts.
02:04Oui.
02:05Mais d'abord…
02:06– La séance est ouverte.
02:07– Bonjour et merci Président Larcher.
02:09Mais d'abord, à quoi va ressembler le futur gouvernement ?
02:11Après un été d'hésitation et de doute,
02:13Emmanuel Macron a finalement nommé Michel Barnier à sa tête,
02:16un membre du parti Les Républicains, 73 ans, rompu à l'exercice du pouvoir.
02:20Et tout de suite, il a tenté d'imprimer sa marque à Matignon.
02:23Écoutez-le.
02:25– J'ai bien aimé la manière dont vous m'avez donné des…
02:29non pas des leçons.
02:30…
02:35Enfin, les enseignements, même si ça n'a duré que huit mois,
02:40que l'on apprend quand on est Premier ministre.
02:42J'aborde cette période, cette nouvelle page qui s'ouvre,
02:48cette nouvelle page avec beaucoup d'humilité.
02:52J'ai bien des exemples en tête de progrès, petits ou grands,
02:56qui ont été accomplis grâce à des idées,
03:00de bonnes idées, de bonnes solutions apportées par les gens d'en bas.
03:04– Qui est vraiment M. Barnier ?
03:07Je me tourne vers vous Roselyne et j'aimerais vous soumettre cette phrase.
03:10Il est chiant, qu'est-ce qu'il est chiant, mais il est bon.
03:13C'est Jacques Chirac, Jacques Chirac sur Michel Barnier.
03:16Il a raison.
03:17– D'abord, je ne le trouve pas chiant.
03:20Michel Barnier est un ami de 30 ans, on se retrouve régulièrement,
03:23en particulier dans des manifestations culturelles,
03:27que ce soit au festival d'Aix-en-Provence ou ailleurs.
03:31Je ne l'ai jamais trouvé chiant, comme pouvait le dire Chirac,
03:35avec sa truculence habituelle.
03:38Ce n'est pas un joyeux tour lourou.
03:41Si vous voulez faire un tonus étudiant, je vous conseille un autre animateur.
03:45– Mais il est bon.
03:47– Mais il est bon, voilà.
03:49Il a été un très grand ministre de l'environnement,
03:51ce qu'on oublie toujours parce qu'on fait dans les bornes de Michel Barnier.
03:55On parle d'abord de sa présidence des Jeux olympiques de Tignes-Albertville
04:00et puis de l'autre côté le Brexit.
04:02Mais il a fait une œuvre environnementale très importante,
04:06la création de la commission du débat public obligatoire
04:10sur tous les grands projets d'infrastructure.
04:13Un certain nombre de choses comme la taxe Barnier,
04:15aussi bien sur les lieux de surtourisme que la taxe sur les assurances, etc.
04:21Et les principes de l'environnement, dans le code de l'environnement.
04:24Non, non, c'est un type très, très construit, solide,
04:28travailleur et qui travaille de façon autonome.
04:31Ce n'est pas un type qui lit les notes de ses conseillers,
04:34ce n'est pas du tout son…
04:36– Moi je vais lire la carte d'identité de Michel Barnier,
04:38plus jeune conseiller général de France à 22 ans,
04:40Benjamin des députés en Savoie en 1978, plus jeune président du conseil,
04:45conseil départemental de Savoie, 4 fois ministre, vous l'avez évoqué Roselyne,
04:482 fois commissaire européen et enfin négociateur du Brexit.
04:52Pierre, c'est un peu « the right man at the right place » Michel Barnier ?
04:56– Je ne crois pas, je crois surtout que Michel Barnier,
05:01au-delà de son parcours, et on va sans doute y revenir,
05:03pour moi il y a un Michel Barnier d'avant la primaire des Républicains
05:06et d'après la primaire des Républicains.
05:08Lorsque j'étais plus jeune, peut-être trop jeune,
05:11je voyais Michel Barnier comme étant un héritier du gaullisme
05:14ou du chiracisme, mais j'ai découvert Michel Barnier
05:16pendant la primaire des Républicains, où là il a cédé à une tentation
05:21qui était la tentation de l'extrême droite,
05:23et il a copié-collé le programme de l'extrême droite
05:25sur les questions de sécurité et d'immigration.
05:27Je dis que Michel Barnier est sans doute une anomalie aujourd'hui à Matignon,
05:32parce que, pardon, je sais que sans doute ça va faire redite
05:35avec plein de débats qui ont pu avoir lieu sur cette chaîne,
05:39mais je ne comprends toujours pas comment il est possible
05:41que les Français aient placé en tête la gauche aux élections législatives
05:44et qu'on se retrouve avec un Premier ministre de droite
05:46tenté en tout cas par les thèses aussi de l'extrême droite,
05:49je l'ai dit à l'instant.
05:50Donc c'est ça qui me paraît le plus...
05:52C'est ce qu'il faut raconter autour de la nomination de Michel Barnier,
05:54c'est qu'il va être en charge de nommer un gouvernement,
05:57on entend déjà les profils des ministres qui pourraient arriver
06:00dans ce gouvernement-là, c'est quand même la vieille droite
06:02qui refait surface et encore une fois teinté d'une idée d'extrême droite.
06:07Là où vous avez un peu raison, Pierre,
06:10c'est un Premier ministre qui est celui de la seule formation
06:12qui n'a pas fait front républicain.
06:14Nicolas, est-ce que ça vous étonne, ça vous choque,
06:17comme ce qu'a l'air de dire Pierre ?
06:20Non, mais je reviens à la question que vous posiez,
06:23est-ce que c'est le bonhomme pour...
06:27Oui, je l'ai fait en anglais, vous avez raison, il faut le dire en français.
06:28Compte tenu de la situation.
06:32La réponse, c'est qu'il faut quand même déjà regarder la situation
06:35qui est quand même absolument invraisemblable.
06:38On a le garant des institutions qui a réussi à mettre
06:42les institutions de la Ve République sur le toit
06:44et on se retrouve avec, effectivement, un Parlement
06:48qui est complètement éclaté avec, en fait, trois blocs,
06:52mais le bloc central étant lui-même extrêmement divisé.
06:59Donc, ce qui est vrai, c'est qu'on va, je pense, y revenir,
07:04c'était assez logique de commencer par la gauche,
07:06c'est d'ailleurs d'une certaine manière ce qui a été fait.
07:08On va largement y revenir.
07:09C'est le parti socialiste lui-même qui a coulé cette possibilité.
07:14Donc, ensuite, on se retrouve dans la 4e République au sein de la 5e.
07:20C'est vrai que c'est très curieux d'avoir un parti qui a 44 députés
07:24et qui se retrouve à diriger le gouvernement,
07:26mais c'est exactement le parti pivot de la 4e République.
07:30Le parti charnière, oui.
07:31Voilà, le parti charnière.
07:32Et donc, on a essayé le parti charnière à gauche qui a dit non,
07:35on va sur le parti charnière à droite.
07:38C'est vrai que ça n'est plus du tout le...
07:41Et donc, dans ce cas de figure, pourquoi est-ce que Michel Barnier est...
07:47On verra bien s'il y arrive parce que c'est très très compliqué,
07:50mais effectivement, il est expérimenté,
07:54il a l'habitude de négociations compliquées.
07:58Et il a eu une vraie chance, j'allais dire, d'apporter...
08:02Qu'est-ce que les Français veulent ?
08:03Ils veulent deux choses assez simples.
08:05Ils veulent de la stabilité et ils veulent un Premier ministre
08:08qui gouverne parce qu'ils n'acceptent plus
08:11que le président de la République prétend gouverner.
08:14Il y a aussi les symboles, le plus jeune Premier ministre de la 5e
08:17par le plus âgé entre Amatineau.
08:19Il y a quelque chose aussi à voir là-dedans, peut-être blanche.
08:21Absolument, et on l'a vu dans le court extrait que vous venez de montrer,
08:24la première rupture, si tant est qu'il y en ait d'autres par la suite,
08:28d'un point de vue notamment programmatique,
08:30c'est la rupture avec Gabriel Attal.
08:32On a beaucoup entendu dans les mots, dans la bouche du nouveau Premier ministre
08:37cette volonté de ne pas faire de promesses,
08:40de ne pas faire de communication, d'être à l'écoute.
08:42Et donc on voit qu'il y a une volonté de se démarquer.
08:44Mais pour reprendre un petit peu tout ce qui vient d'être dit
08:46et faire un peu de en même temps, pardon pour cette expression,
08:50je crois quand même que M. Barnier bénéficie...
08:53Il est un petit peu exonéré d'une coloration politique trop forte.
08:56C'est-à-dire que ce n'est pas comme si Emmanuel Macron avait nommé
08:58un Laurent Wauquiez ou même un Xavier Bertrand
09:00qui pourtant a pris ses distances avec sa famille politique de Rennes.
09:03Je pense que dans l'imaginaire collectif des Français...
09:05Il est moins connu.
09:06Il est moins connu, il est moins identifié, il est plus plastique,
09:08il est plus malléable.
09:09Donc en réalité, et puis on l'a vu d'ailleurs,
09:11ça n'a pas suscité une fronde absolument considérable dans l'opinion.
09:15Il y a eu les manifestations la semaine dernière
09:17mais qui ont été relativement faibles comparé à ce qu'on aurait pu en attendre.
09:21Donc moi, je crois que le vrai test désormais,
09:23ça va être la nomination du gouvernement.
09:24Et c'est là où, effectivement, on pourra accuser en délit de démocratie
09:29si au sein de ce gouvernement, on retrouve une majorité de figures DLR
09:33et de l'ex-majorité présidentielle.
09:35Il est en tout cas sous surveillance, M. Barnier.
09:37Sous surveillance de qui ?
09:38D'abord du Rassemblement national et de ses 123 députés.
09:42On va écouter Marine Le Pen.
09:45Nous ne tenons pas, M. Barnier, pour responsable de ce bilan
09:48qu'Emmanuel Macron, bien confortablement,
09:50croit pouvoir lui laisser en héritage,
09:53même si la famille politique de M. Barnier
09:56a accompagné tous ses errements au fil des années
10:00sans jamais accepter de censurer Emmanuel Macron.
10:05Mais tout le monde dans ce Parlement est sous la surveillance de Mme Le Pen.
10:09Peut-être, mais il y aurait eu un échange téléphonique
10:12entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour valider Michel Barnier.
10:16Je ne sais pas, mais en tout cas, ce qui ressort,
10:17c'est qu'avec un groupe parlementaire de plus de 120 députés,
10:21le groupe parlementaire le plus important
10:24est l'apport des 17 députés de M. Ciotti,
10:28qui s'appelle l'UDR, maintenant.
10:31Grrrrrr...
10:34La captation d'héritage est lourde.
10:37Le fait, par exemple, d'une motion de censure du cartel des gauches
10:42ne peut marcher que si il y a l'apport des voix
10:46du Rassemblement ex-National.
10:49Les patrons, le boss, ce n'est pas Marine Le Pen aujourd'hui
10:51qui peut appuyer sur le bouton nucléaire en disant,
10:52Elle peut appuyer sur le bouton nucléaire, mais toute seule, elle ne peut pas appuyer sur le bouton nucléaire.
11:02Elle n'a pas la survie de M. Barnier et du gouvernement Barnier à elle seule.
11:09C'est uniquement si le cartel des gauches lui apporte son appui.
11:12Tout le monde dans ce parlement complètement pulvérisé, mais cette pulvérisation ne ressort pas d'abord d'Emmanuel Macron.
11:22Elle ressort d'une évolution de la structuration politique de ce pays et ça pose à terme la question des institutions et de faire fonctionner les institutions.
11:35Chér Rogine, l'Elysée refuse de parler de cohabitation et préfère mettre en avant le terme de coexistence exigeante.
11:42Qu'est-ce que ce terme vous inspire Blanche ?
11:45Alors là, on joue sur les mots, on va voir effectivement ce que ça va donner.
11:48C'est vrai que là, il y a toute une mise en scène que l'on observe aussi pour montrer quand même qu'il y a une distinction entre ce qui relèvera du domaine du président de la République et de celui du Premier ministre.
11:58On sait notamment que le secrétaire général de l'Elysée a mis un terme au conseiller partagé entre l'Elysée et Matignon,
12:05qu'il y aurait un mot d'ordre qui aurait été donné aux administrations centrales pour qu'elles dépendent directement du Premier ministre et non plus de l'Elysée.
12:12Donc en tout cas, il y a une volonté dans l'apparence, mais il est beaucoup trop tôt pour en juger.
12:16Est-ce que ce sera une cohabitation, une coexistence exigeante ? Il y a énormément de termes.
12:22En tout cas, c'est quelque chose d'inédit.
12:25La Pierre n'est pas du tout d'accord.
12:27Mais encore une fois, tout dépendra de la façon dont ce gouvernement va être composé et surtout, avant tout, de la politique qui sera menée.
12:36Et si effectivement, c'est la continuité pure et parfaite de la politique menée par Emmanuel Macron, on ne sera pas dans une cohabitation.
12:41Laissez-moi deviner, Pierre. Vous allez nous dire qu'il n'y a pas de différence idéologique entre Emmanuel Macron et Michel Barnier. Est-ce que je vous connais bien ?
12:46Oui, vous me connaissez bien, mais je ne cesse de le dire.
12:48Effectivement, pour moi, ce que sont les Républicains aujourd'hui est soluble dans le macronisme comme le macronisme est soluble dans ce que sont les Républicains.
12:55L'électorat des Républicains est parti chez Emmanuel Macron. Il faut bien à un moment donné qu'il se rende à l'évidence que, oui, il y a une filiation idéologique entre les deux formations politiques.
13:03Donc, le coup de maître, s'il en est un, d'Emmanuel Macron, c'est de rassembler enfin ces deux formations politiques qui ont vocation à gouverner ensemble.
13:11Je le dis depuis toujours et on l'a vu d'ailleurs au moment de la réforme des retraites.
13:14Le programme d'Emmanuel Macron était quasiment le même à 100 euros près de celui de Valérie Pécresse.
13:20Donc, il faut arrêter de se raconter des histoires. Ce sont deux formations qui ont vocation à exister ensemble et à faire force commune.
13:26D'ailleurs, je trouve assez... Bon, on a bien vu qu'il y a eu une volonté de la part de Michel Barnier de montrer qu'il ne serait pas la continuité du macronisme
13:35et qu'il y aurait une forme de cohabitation, en tout cas, que c'est ça qui se passerait.
13:38Mais il faut arrêter de se raconter des histoires là aussi.
13:40Evidemment, il l'a dit d'ailleurs dans ses premiers mots, son obsession, c'est la dette économique et la dette écologique.
13:48Vous me faites la transition, Pierre.
13:49Oui, mais donc, on voit là l'obsession de Michel Barnier. C'est celui qui a été la sienne durant tout le temps de son mandat au sein de l'Union Européenne, c'est de réduire les dépenses publiques.
13:58Michel Barnier va-t-il augmenter les impôts ? Je ne veux pas annoncer de mauvaises nouvelles, mais il semble qu'on en prenne la direction.
14:02La situation financière de la France est en tout cas inquiétante.
14:06Le déficit pourrait atteindre cette année les 5,6% du PIB, alors que l'exécutif s'était engagé à le ramener à 5,1% cette semaine.
14:13Bruno Le Maire a fait ses adieux au ministère des Finances. Il en a profité pour dresser un tableau de la situation.
14:21Après des crises, nous avons pris avec les parlementaires une ligne de fermeté sur les comptes publics.
14:28Cela ne nous vaut pas, évidemment, que des amis.
14:32Pourtant, la sagesse recommande de tenir cette ligne, de réduire la volure des dépenses, d'en étaler certaines, d'en reporter d'autres.
14:40Toute autre décision conduirait mécaniquement le prochain gouvernement à augmenter les impôts ou à plonger la France dans des difficultés financières aiguës et immédiates.
14:53Michel Barnier va devoir trouver des solutions. Un seul chiffre, 110 milliards d'euros comme les économies qu'il faudrait faire en trois ans pour repasser sous la barre des 3% de déficit d'ici à 2027.
15:06Nicolas, la situation est-elle grave ?
15:09Oui. La nomination de Michel Barnier, elle ne règle ni la crise politique, ni la crise financière, ni la crise sociale, le sentiment de colère.
15:25Et puis là-dessus, j'allais dire, on a en plus la crise de Nouvelle-Calédonie qui est extrêmement grave.
15:32Et c'est vrai que, comme toujours le paradoxe dans ce pays, c'est que l'urgence, aujourd'hui il y a une vraie urgence sur les finances publiques.
15:42Mais à quel point c'est urgent, à quel point c'est grave ? J'ai l'impression qu'on entend ça un peu tous les six mois. Vraiment, on est à un point de rupture aujourd'hui ?
15:49Je pense qu'on est à un point de rupture. Pourquoi ? Parce que, par rapport à ce qu'on a connu finalement, la France a eu une très grande impunité parce que,
15:59premièrement, on arrivait à faire rentrer l'impôt dans des conditions très efficaces puisqu'on a plus de 52% du PIB de recettes publiques qui sont collectés chaque année.
16:11Ensuite, on avait le parapluie européen qui nous protégeait beaucoup. Je rappelle qu'entre 1981 et 1983, donc en deux ans, on s'est retrouvés aux portes du FMI avec en fait...
16:25Une époque français-mitterrand sociale.
16:27Voilà, mais avec une relance qui était de l'ordre de 1,5% du PIB, un déficit de 2,4% du PIB et une dette de 26% du PIB à l'époque.
16:36Et comme on n'avait pas le parapluie de l'euro, c'est allé très très vite avec la crise monétaire et puis le problème de la balance.
16:43Aujourd'hui, quand on regarde les chiffres, ils sont ahurissants. Donc on est à plus de 5%. On a une balance commerciale qui est déficitaire de 100 milliards.
16:51Et pour l'instant, il ne s'est rien passé. Mais là où les choses ont changé, c'est que, là encore, les institutions de la Ve République étaient une forme de garantie.
17:00Aujourd'hui, il y a quand même une énorme incertitude. Et deuxièmement, les partenaires européens ont changé et les marchés nous ont mis quand même clairement sous surveillance.
17:10Et là, si vous voulez, la caractéristique, c'est que normalement, évidemment, il ne faut pas être borné quand il se passe une crise ou un choc.
17:19C'est normal qu'on utilise le budget de manière contra-cyclique. La particularité de la France, c'est qu'il y a eu la pandémie. On a fait plutôt plus que les autres pendant la pandémie.
17:31Mais c'est compréhensible. Mais depuis, en fait, on a continué. Et l'envolée des dépenses, il y a une perte complète de contrôle des dépenses et du déficit.
17:42Et maintenant, cette émission, elle porte très bien son nom. Vous avez vu, Roselyne. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'il va falloir augmenter les impôts ?
17:48On l'entend beaucoup et on a l'impression que même Michel Barnier est en train d'ouvrir la porte.
17:51Oui. C'est-à-dire qu'augmenter les impôts, c'est évidemment ce qui pourrait apparaître comme le moins douloureux plutôt que de restreindre un pays drogué à la dépense publique.
18:02Et c'est vrai qu'après les dépenses liées à la crise, l'augmentation du déficit, l'augmentation de l'endettement est liée à 70 % aux mesures anticrismes, à 30 % à d'autres facilités.
18:18On se dit qu'on va évidemment s'adresser aux plus riches, que ce soit dans l'entreprise ou que ce soit chez les particuliers.
18:27Mais on se rend compte qu'on a déjà essayé et qu'on a eu des mauvaises surprises. Par exemple, la taxe sur les superprofits, elle a rapporté 40 fois moins que prévu.
18:39On s'attendait à récupérer par exemple 12 milliards chez les énergéticiens et tout d'un coup, on s'est retrouvés avec 69 millions.
18:48Parce qu'inévitablement, quand on décide de s'attaquer aux plus riches, comme ça ne marche pas parce qu'il y a toutes sortes de stratégies d'évitement, on ne s'en va pas vers les plus riches, on s'en va vers les autres.
19:00Parce que les autres, ils sont parfaitement identifiés, on peut les retrouver à tous les coins de rue et ça finit par ça.
19:06Donc moi, les histoires où on se dit qu'on va simplement taper sur les plus riches, 45 ans que je suis dans la politique, je ne peux vous dire que ça ne marche pas.
19:16Alors comment en est-on arrivé là ? Cette semaine, à l'Assemblée nationale, Bruno Le Maire a défendu son bilan et les décisions qui ont été prises, il a été accueilli plutôt chaudement par les députés. Écoutez-le.
19:26Vous êtes un voleur parce que vous avez volé méthodiquement l'argent des Français pour les offrir aux plus riches de ce pays.
19:32Oui, Monsieur Bruno Le Maire, vous êtes un voleur et plutôt deux fois qu'une.
19:36D'abord parce que vous avez volé les élections et que vous avez passé l'été à préparer un budget alors même que vous avez été balayé par les Français dans les urnes.
19:45Vous êtes toujours serein et vous êtes satisfait de vous et de votre bilan au bout de ces temps.
19:50J'avoue avoir du mal à trouver mes mots, de rester calme face, une fois de plus, à une telle autosatisfaction.
19:57J'en peine à trouver effectivement mes mots face à un tel désastre budgétaire.
20:02Pierre Bruno Le Maire, c'est 7 ans au ministère des Finances.
20:05Vous auriez pu passer la réponse de Bruno Le Maire.
20:07On l'avait déjà entendu juste avant.
20:09Il a défendu son bilan au moment de ses adieux au ministère des Finances et aussi effectivement il a ciblé clairement la France insoumise.
20:19Mais donc 7 ans au ministère des Finances, quel est le bilan de Bruno Le Maire ? Est-ce qu'il est si négatif que ça ?
20:26J'adore la question.
20:28Après les propos des insoumis.
20:32Force est de constater qu'il n'est pas excellent.
20:34En tout cas, il n'est pas à la hauteur des attentes à la fois de Bruxelles, même si ce n'est pas ma référence de prédilection.
20:42Mais force est de constater qu'on a largement dépassé les 3% de déficit.
20:46Le chômage a baissé.
20:47Le chômage a baissé sans doute.
20:49La santé économique des Français ne s'est pas améliorée.
20:54Les salaires n'ont pas évolué, n'ont pas cru.
20:57On peut s'interroger sur la performance économique de la politique de Bruno Le Maire.
21:03Je trouve que ça manque un peu de modestie.
21:05Sans doute la période était compliquée.
21:08Il y a eu des crises.
21:09La France a fait ce qu'elle avait à faire.
21:11Il y a eu bien sûr des crises.
21:12Ce que je veux dire, c'est que quand j'entends les députés raconter qu'il y a eu un vol, sans doute le terme n'est pas approprié.
21:17En revanche, on peut s'interroger sur pourquoi on est un des pays d'Europe qui donne le plus d'argent public.
21:23C'est la première dépense française.
21:25On dit toujours que c'est les aides sociales, etc.
21:27Mais c'est quand même les aides aux entreprises.
21:29C'est plusieurs centaines de milliards d'euros qui sont offerts chaque année aux entreprises,
21:32sans contrepartie économique, sociale ou écologique.
21:36C'est de ça dont on peut s'interroger.
21:38Certes, il y a la question des impôts.
21:40Peut-être que ça peut être facile.
21:42Il n'y a qu'à Faucon, on va augmenter les impôts.
21:44Roselyne a raison.
21:45Il n'y a pas que ça.
21:46Mais à un moment donné, l'économie, on doit pouvoir aussi toucher la question des salaires, la question du SMIC.
21:50Je veux dire, c'est des sujets...
21:51D'ailleurs, on entend le nouveau Premier ministre Michel Barnier dire que sans doute,
21:54peut-être qu'il faut organiser une conférence sociale sur les salaires.
21:56Mais oui, enfin, quand est-ce qu'il va falloir mettre les syndicats, les patronats ?
22:02Il y a plusieurs leviers pour relancer la consommation.
22:07Et je pense que commencer par le biais des salaires serait une bonne chose.
22:10Blanche, là-dessus.
22:11Sur le bilan de Bruno Le Maire.
22:13Effectivement, je crois qu'on a à peu près tout dit.
22:16Aujourd'hui, les indicateurs ne sont pas bons au niveau de la dette, au niveau du déficit.
22:20Ils sont même très supérieurs à ce qui avait été prévu au départ.
22:24Après, il ne faut pas oublier, on l'a dit, le Covid,
22:27le fait que l'économie française a été quand même formidablement soutenue à ce moment-là
22:34et qu'on l'a remerciée.
22:36Et c'est vrai qu'il y a eu peut-être une très grande difficulté, ensuite, à revenir à un État intérieur.
22:43Peut-être pour revenir sur cette question des impôts, ça va être extrêmement compliqué.
22:46Parce qu'on a un Premier ministre qui a dit qu'il voulait davantage de justice fiscale.
22:50Et on a malgré tout un Laurent Wauquiez qui en a fait une ligne rouge.
22:55L'augmentation des impôts est pour lui une ligne rouge.
22:57Et donc, comme c'est le seul soutien aujourd'hui officiel de ce gouvernement,
23:02on voit d'ores et déjà, avant même la composition du gouvernement et le dépôt du budget,
23:07qu'il y a un hiatus entre le Premier ministre et celui qui est pourtant son premier soutien.
23:12Très rapidement, Nicolas, on augmente les impôts ou pas ?
23:15Alors, on augmente les impôts, non, pour une raison simple.
23:18C'est que chaque fois qu'on a fait un choc fiscal, on a effondré la croissance.
23:21Les derniers, Juppé 1995, on se coupe de la reprise mondiale.
23:25Sarkozy-Hollande 2011-2012, et de nouveau, on se coupe.
23:30La reprise, elle date de 2009 aux États-Unis. Il faudra attendre 2014.
23:35Je voudrais juste dire un mot sur le bilan.
23:37C'est qu'on a parlé des finances publiques, mais le plus préoccupant, c'est l'économie.
23:41Je rappelle que la productivité en France a diminué de 6 % depuis 2019.
23:47C'est ce qui permet de distribuer du pouvoir d'achat,
23:52et c'est ce qui permet normalement d'améliorer les choses,
23:56de dégager des marges pour investir, préparer.
23:58Donc, on a une économie qui est vraiment en train…
24:01C'est sans doute la partie économique du bilan est en réalité la plus négative et la plus inquiétante.
24:10On a compris que Michel Granier aura du pin sur la planche,
24:12d'autant plus que son gouvernement peut être renversé à tout moment.
24:15Et dans ce contexte d'instabilité politique, certains demandent d'aller plus loin,
24:19encore plus loin, beaucoup, beaucoup plus loin.
24:23Le groupe parlementaire en responsabilité a aussi décidé ce matin
24:28que serait déposée aujourd'hui la proposition de résolution
24:31visant à destituer le Président de la République au titre de l'article 68 de la Constitution.
24:37Il est clair aujourd'hui, je crois pour l'ensemble du pays,
24:40qu'Emmanuel Macron est non seulement le point de blocage,
24:43mais aussi la raison pour laquelle nous n'avons pas de gouvernement
24:46et l'agent de perturbation du bon fonctionnement démocratique des institutions.
24:51Un texte a donc été déposé à l'Assemblée nationale.
24:53On va rappeler que la procédure de destitution du Président de la République
24:57est prévue à l'article 68 de la Constitution.
25:00C'est un long processus qui intervient en cas de manquement
25:03à ses devoirs manifestement incompatibles avec l'exercice de son mandat.
25:07La prochaine étape, c'est le passage par le bureau de l'Assemblée nationale
25:10pour vérifier que la proposition est recevable.
25:14Il a manqué à ses devoirs, Emmanuel Macron ?
25:16En tout cas, c'est l'accusation formelle qui est prévue dans la Constitution,
25:21un manquement du chef de l'État.
25:24Ce que je trouve très intéressant avec cette histoire de destitution,
25:27c'est la façon dont l'idée a évolué, a un petit peu muté dans l'opinion publique.
25:32Beaucoup d'entre nous ont été familiarisés grâce à la super série d'Éric Benzécrit,
25:37La fièvre, à la notion de fenêtre d'Overton.
25:39Qu'est-ce que ça veut dire ?
25:40Ça veut dire qu'une idée au départ présumée, radicale et inadmissible dans l'opinion,
25:44petit à petit va faire son chemin et va devenir un petit peu plus tolérable
25:48et on va se dire, tiens, pourquoi pas ?
25:50C'est un petit peu ce qui s'est passé.
25:51Quand vous regardez le 18 août, qui est le premier jour où Jean-Luc Mélenchon
25:54met cette idée dans le débat public, dans la tribune du dimanche,
25:57tout le monde dit que c'est complètement baroque, que ça n'arrivera jamais, etc.
26:00Et petit à petit, alors destitution, on en parlera sûrement plus tard,
26:03démission aussi tout simplement du président de la République.
26:06Petit à petit, cette idée a gagné les esprits et alors qu'elle paraissait
26:10pour tous les Français totalement exclus,
26:14petit à petit, elle fait son chemin dans l'opinion publique
26:17et je trouve ça intéressant de voir comment les idées,
26:19et on voit même nous, le dernier gros sondage Ipsos qu'on a révélé à la fin du mois d'août,
26:24montrait que 51% des Français étaient plutôt favorables à la démission du président de la République.
26:28Donc on voit à quel point, et d'ailleurs certains, plus ou moins volontairement,
26:33ont fait pousser cette idée, je pense notamment à l'ancien Premier ministre Édouard Philippe,
26:38qui a lui-même...
26:40Non mais justement, on va écouter Édouard Philippe.
26:42Si Emmanuel Macron n'est pas distitué, il sera peut-être contraint à démissionner.
26:47C'est en tout cas ce que semble anticiper Édouard Philippe
26:50qui a annoncé un peu à contre-temps sa candidature à l'élection présidentielle cette semaine.
26:54Il est revenu sur la situation politique actuelle.
26:56Écoutez Édouard Philippe.
26:58Présider sous la Ve République, ce n'est pas inaugurer les chrysanthèmes.
27:02Mais ce n'est pas gouverner.
27:04Donc il faut que le président préside, que le gouvernement gouverne.
27:07Michel Barnier a parfaitement raison de souligner cette nécessité,
27:10et je le soutiens totalement dans cette lecture.
27:12Je ne dirais pas qu'on est près d'une crise de régime,
27:14mais je dirais assez volontiers que la situation dans laquelle nous nous trouvons
27:17est à la fois inédite et périlleuse.
27:19Et que dans ces moments-là, il faut se concentrer sur ce qui est essentiel,
27:23et il ne faut quand même pas oublier l'intérêt du pays.
27:25Vous me disiez hors antenne que cette déclaration à l'Élysée n'est pas à contre-temps.
27:30Elle a été stigmatisée, qu'on soit pour ou contre les idées d'Édouard Philippe.
27:36Elle a été stigmatisée comme étant hors de propos,
27:39alors qu'autre chose se passait dans le pays.
27:43Mais finalement, il faut se dire, on est rentré, avec la dernière séquence,
27:48on est rentré dans la séquence de l'élection présidentielle de 2027.
27:52Que ça plaise ou pas.
27:54Et qu'Édouard Philippe, qui dit qu'il va être candidat à l'élection présidentielle,
27:59ait posé sa pierre dans le camp du centre-droit,
28:03ce qui va obliger tous les candidats potentiels à venir,
28:07à se positionner finalement, les candidats potentiels à droite et au centre,
28:12à se positionner par rapport à cette déclaration,
28:15n'est à mon avis pas maladroit,
28:17parce qu'ils seront plutôt dans la position de l'agresseur,
28:20alors qu'Édouard Philippe, qui est quand même la personnalité la plus sympathique
28:26pour les électeurs à deux droites,
28:28c'est lui qui arrive en tête de popularité,
28:31je trouve qu'il l'a fait,
28:34et je pense que c'est plutôt une bonne chose pour lui.
28:37– Vous restez avec moi Roselyne, on va faire un duel.
28:40On va faire un duel autour de cette question face à Pierre Jacquemin,
28:42le grand Pierre Jacquemin.
28:43– Oh j'ai peur !
28:44– La question est la suivante,
28:47une démission d'Emmanuel Macron est-elle possible, est-elle envisageable ?
28:51Vous avez 45 secondes chacun, Pierre va nous dire pourquoi,
28:54selon vous, la démission d'Emmanuel Macron est aujourd'hui possible.
28:58– Blanche le disait plutôt très bien tout à l'heure,
29:00c'est-à-dire qu'effectivement à partir du moment où on a instillé déjà l'idée
29:03d'une destitution possible, même si on sait qu'elle ne peut pas aboutir,
29:06l'idée même qu'il puisse y avoir un débat au Parlement
29:08sur l'autoritarisme d'Emmanuel Macron
29:10ou la manière dont il conduit le gouvernement
29:13ou dont il assume ou endosse le rôle de chef de l'État,
29:16ça arrive dans la tête des gens.
29:19Et donc du coup oui, une fois qu'on aura épuisé Michel Barnier,
29:21qu'on aura épuisé je ne sais pas un autre Premier ministre,
29:23il faudra bien qu'il se pose la question de savoir où ça bloque.
29:25Et lui-même ne l'avait pas exclu, souvenez-vous,
29:27au moment où il avait débattu dans le grand débat avec les Français,
29:31il avait lui-même dit qu'à un moment donné, le Président,
29:33quand il est le blocage d'un pays, il faut qu'il se pose la question
29:36de redonner le pouvoir aux Français, c'est-à-dire de redonner le vote,
29:38le pouvoir de voter aux Français.
29:39Donc oui, la possibilité qu'Emmanuel Macron démissionne
29:42et qu'il y ait une élection anticipée avant 2027,
29:44c'est d'ailleurs la sortie d'Édouard Philippe, l'illustre.
29:47Il peut anticiper aussi, lui aussi, la possibilité d'une démission plus tôt.
29:50Vous avez respecté votre temps cher Pierre Roselyne, vous avez 45 secondes.
29:53De Gaulle a démissionné.
29:55On met en parallèle deux choses qui n'ont pas l'air.
29:58D'un côté il y a une destitution qui est un procédé externe
30:02qui s'impose au Président de la République,
30:04et de l'autre côté une démission qui ne relève que de lui
30:07et de sa décision personnelle.
30:09Il peut à tout moment, tous les Présidents de la République
30:11peuvent démissionner.
30:13Et de toute façon, ce qui est terrible dans cette affaire,
30:16c'est que si Emmanuel Macron prenait la décision de démissionner,
30:20le nouveau Président de la République serait exactement dans la même situation
30:24que le Président de la République actuel,
30:26avec une majorité qui n'existerait pas.
30:29Donc quand il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème.
30:32Il vous reste 11 secondes pour votre dernier mot Roselyne.
30:34C'était votre dernier mot ?
30:35C'était mon dernier mot.
30:36Très bien.
30:37Nicolas, j'aimerais juste vous faire revenir sur ce que disait
30:40Edouard Philippe qui parlait, on lui demande
30:42est-ce qu'il y a une crise de régime ?
30:43Et il dit non, la situation est un peu compliquée,
30:45il y a de l'instabilité.
30:46Vous parlez aujourd'hui, vous, de crise de régime ?
30:49Incontestablement, la Ve République n'a jamais vécu une situation comparable.
30:55Comme ça a été dit et tout le monde est d'accord,
30:57ce n'est pas une cohabitation, parce que dans une cohabitation,
30:59il y a une majorité en face du Président.
31:04Donc les institutions de la Ve République,
31:06elles sont aujourd'hui, effectivement, très gravement déstabilisées.
31:11Ensuite, c'est pour ça que peut se poser la question,
31:16parce qu'en fait, il y a quand même un lien évident entre destitution
31:19et démission, parce que la démission, elle s'imposera à Emmanuel Macron,
31:25notamment s'il y a une nouvelle défaite devant les électeurs,
31:30par exemple, en cas de nouvelle dissolution.
31:33Ce qui est frappant, c'est qu'il a continué à utiliser le mot de clarification.
31:37On voit très bien pourquoi.
31:39Il n'y a pas de clarification, mais il y a une très grande fragilité
31:43aujourd'hui du Président de la République.
31:47Est-ce qu'on en sort par exemple la proportionnelle ?
31:51C'est une des...
31:52On aboutira au même résultat.
31:54La proportionnelle, ça institutionnalisera les blocs, etc.
32:00En tout cas, on peut commencer à y réfléchir.
32:02Mais ce qui est vrai, et c'est regardé par nos partenaires,
32:07nos alliés et les marchés financiers aussi,
32:09c'est qu'aujourd'hui, la Ve République,
32:12elle est elle-même très fortement déstabilisée.
32:15On arrive sur un thème qui va plaire à Pierre.
32:17La France a-t-elle la gauche la plus bête du monde ?
32:20C'est une expression qui avait été employée dans les années 60
32:22par un socialiste en référence à la droite,
32:25mais après un été a discuté sur l'opportunité ou non
32:28de participer à un gouvernement.
32:29Voici que la gauche se déchire à nouveau cette semaine.
32:32Dans les pages de l'Obs, le député François Ruffin
32:35pilonne Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise.
32:38Quand Jean-Luc théorise sa nouvelle France,
32:40c'est sur quelles bases, non pas sociales,
32:42les petits, les travailleurs, mais spatiales,
32:44les métropoles et les quartiers, et quasi raciales.
32:47Les 25% de Français qui ont un grand-parent immigré,
32:51eux, sont la priorité.
32:53La France insoumise construit alors de nouveaux murs.
32:56Fin de citation.
32:57Du côté de la France insoumise, l'heure est à la contre-attaque.
33:01Expliquez que parce que nous luttons contre le racisme,
33:04je vais y venir, nous essentiellarisons les victimes du racisme,
33:09c'est exactement reprendre les arguments du printemps républicain.
33:12Laissez penser qu'en réalité, parce que nous combattons le racisme,
33:18qui est absolument indispensable,
33:19et les filles abandonneraient la question sociale,
33:22c'est uniquement cotiser à ce que disent nos adversaires,
33:25et je pense que ce n'est pas digne de François.
33:27Pierre, on le fait un peu chahuter, Eric Coquerel,
33:30ma fille aurait dit qu'il n'y a que la vérité qui blesse,
33:33c'est un peu ça ?
33:34Moi je trouve qu'ils ont ouvert un débat,
33:36le problème c'est qu'il faut que le débat soit serein,
33:39et il ne l'est pas serein.
33:40Qui a ouvert le débat ?
33:41François Ruffin, il l'a ouvert depuis longtemps,
33:44et je pense qu'il a eu raison de l'ouvrir ce débat.
33:46C'est vrai qu'à un moment donné, sans doute,
33:48la France insoumise a fait de très bons scores
33:50dans les centres urbains et dans les quartiers populaires,
33:52mais à un moment donné, si on veut le pouvoir,
33:53il faut quand même parler à tous les Français.
33:54Et ce que dit François Ruffin,
33:55et la campagne qu'il a menée en disant
33:57qu'il faut lier la France des bourgs et la France des tours,
33:59il a raison, ça ne s'appuie d'ailleurs pas seulement
34:02sur un avis ou une intuition,
34:04ça s'appuie sur des travaux intellectuels,
34:06et moi ça me plaît quand les politiques vont aller chercher
34:08les travaux des sociologues,
34:09qui racontent comment l'électorat populaire,
34:12ou l'électorat rural,
34:13c'est de plus en plus rapproché du monde urbain.
34:15Mais cette vérité n'est pas acceptée à la France insoumise, visiblement.
34:17Il faut que le débat soit ouvert,
34:19qu'il soit quand même posé et serein.
34:21Et ce que j'entends du côté de la France insoumise,
34:23c'est qu'ils n'aiment pas trop l'idée
34:25qu'ils ont quitté la France insoumise,
34:27et ils sont fâchés de voir les insoumis des insoumis
34:31prendre leur envol et exister politiquement,
34:34et sans doute avoir des ambitions.
34:36Donc j'entends, je vois bien les attaques qui fusent,
34:38mais il faut que tout le monde revienne un peu à la raison.
34:40C'est-à-dire que si le Nouveau Front Populaire,
34:42parce que tout le monde appartient à cette famille politique,
34:44cette coalition, le Nouveau Front Populaire,
34:45si elle veut gagner, il faut qu'elle débatte,
34:46il faut qu'elle débatte sur les divergences,
34:47mais à un moment donné, il faut aussi qu'elle ne se rassemble pas,
34:49qu'elle s'invective comme ils le font.
34:50Là, on dirait quand même que ce n'est pas juste des petites invectives,
34:52il y a des vraies divergences de fonds blanches.
34:55En fait, la division, elle se déplace.
34:57C'est-à-dire que jusqu'à présent, on interrogeait
34:59cette capacité du Nouveau Front Populaire
35:01dans l'ensemble de ses compétences à rester unie.
35:03Et là, on se rend compte qu'il y a un déplacement
35:05de la division qui est au sein même des partis.
35:07Alors, évidemment, Ruffin est parti de la France insoumise,
35:09mais c'est quand même son parti organique originel,
35:12et on voit des dynamiques un peu comparables
35:15au sein du Parti Socialiste depuis quelques jours.
35:18Donc, c'est vrai que là, alors même que la gauche pourrait,
35:21puisque là, on parlait, est-ce que ce serait une cohabitation
35:23avec Emmanuel Macron ? On ne sait pas vraiment.
35:26En tout cas, il y a une certitude, c'est que la gauche
35:28aurait pu s'imposer de façon extrêmement claire et offensive
35:32comme une force d'opposition structurée,
35:34et tout ça a été parfaitement lisible.
35:37Et là, on voit que les dissensions, à la fois au sein du NFP
35:41et au sein même des formations qui la composent,
35:43pourront être des obstacles à cette capacité à s'ériger
35:47en véritable opposition qui fait bloc.
35:49Pour comprendre un peu ces déclarations du député Ruffin,
35:51je vous propose cette déclaration de Jean-Luc Mélenchon.
35:53C'était la semaine dernière dans une manif parisienne
35:55organisée contre Emmanuel Macron.
35:57Il dit la chose suivante à des sympathisants qui l'entourent.
36:00Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires.
36:02Tout le reste, laisser tomber, on perd notre temps.
36:04Là se trouve la masse des gens qui ont intérêt
36:07à une politique de gauche.
36:08C'est une stratégie assumée maintenant chez Jean-Luc Mélenchon,
36:11de plus en plus assumée en tout cas, Nicolas.
36:13C'est une stratégie assumée et comme on l'a dit,
36:15c'est la réalité puisqu'il suffit de regarder
36:18les résultats électoraux et le fait que pour la France insoumise,
36:23en fait, ce sont des emprises géographiques
36:27avec d'ailleurs des scores qui sont très impressionnants,
36:30mais sur des parties extrêmement limitées du territoire.
36:33Mais quand on leur demande à des députés insoumis
36:35est-ce que c'est une stratégie assumée ?
36:36On dit non, non, non, pas du tout.
36:37On essaye de parler à tout le monde.
36:38Là, ça devient un petit peu plus clair, j'ai l'impression.
36:40Mais cette segmentation de l'électorat,
36:44elle n'est pas que le fait de Jean-Luc Mélenchon
36:47et de la France insoumise.
36:48Rappelez-vous la fameuse lettre de Terra Nova
36:51qui s'adressait aux sociodémocrates
36:53et qui disait voilà, il faut cibler un certain nombre
36:57de segments de l'électorat, les femmes, les minorités, etc.
37:03Donc cette segmentation qui est, à mon avis,
37:06complètement orthogonale avec le message universaliste
37:10de la gauche et qui s'est toujours présenté
37:12de cette façon-là, c'est quelque chose de très grave
37:15dans le débat public parce que ça empêche pratiquement
37:19les institutions et le pacte social de fonctionner.
37:23Parce que travailler par segmentation,
37:25c'est dresser les Français les uns contre les autres.
37:28C'est inévitable.
37:29Donc là, il y a une question de fond et on ne peut pas
37:34l'éviter en disant tout ça, ce sont des propos polémiques,
37:38tout ça, c'est parce qu'on n'est pas des gentils garçons
37:40et des gentilles petites filles.
37:41Non, il y a une fracture idéologique qui est très grave
37:45et qui doit être traitée par la gauche
37:47et en particulier par les sociodémocrates
37:49en prenant des positions...
37:52Il y a deux stratégies, la stratégie de la polarisation.
37:55Ce qui est intéressant, c'est ce qui s'est passé
37:57au Royaume-Uni.
37:58On a eu exactement la même chose avec une gauche version Corbyn
38:02qui, en fait, avait des options qui ressemblaient
38:05à celles de Jean-Luc Mélenchon.
38:07Très radicales.
38:08Et le retour au pouvoir d'une socialdémocratie responsable
38:12qui a parlé à l'ensemble de l'électorat
38:16et qui n'est pas seulement la gauche, soit des villes,
38:20soit des campagnes, soit de telle ou telle communauté.
38:25Donc derrière, on retrouve toujours le même problème,
38:28c'est est-ce qu'il est possible aujourd'hui ou non
38:32de faire revivre une socialdémocratie
38:35qui soit adaptée au XXIe siècle
38:38et qui puisse prendre le gouvernement...
38:41La question aussi, c'est est-ce que cette gauche socialdémocrate
38:43veut gouverner parce que l'épisode Cazeneuve
38:45a peut-être laissé des traces.
38:47À gauche, on rappelle que Bernard Cazeneuve,
38:49l'ancien socialiste, avait un temps été pressenti pour Matignon
38:52mais les Insoumis, notamment, n'en voulaient pas.
38:54Le Parti Socialiste était un peu plus partagé à ce sujet.
38:57Cette semaine, François Hollande est revenu sur cette séquence.
39:00Écoutez-le.
39:02Emmanuel Macron ne voulait pas,
39:04en tout cas c'était pour lui la dernière des hypothèses,
39:06nommer Bernard Cazeneuve
39:08mais que la direction du Parti Socialiste
39:12lui a donné le prétexte pour justement ne pas le nommer.
39:15Le Parti Socialiste a laissé passer sa chance, clairement.
39:18Et alors peut-être que c'est dans son intérêt
39:20parce que là on voit que prendre les responsabilités
39:23et occuper le pouvoir aujourd'hui.
39:25Et d'ailleurs dans son livre, il semblerait que
39:27François Hollande insiste sur cette tension inhérente
39:31à la gauche entre la tétanie à l'égard de la prise du pouvoir
39:36et en même temps la volonté de le récupérer.
39:38Donc c'est vrai que dans un moment aussi difficile,
39:42on peut imaginer que ce n'était pas forcément un cadeau
39:44de leur offrir Matignon aujourd'hui.
39:46Je voudrais juste revenir sur le débat qui précède en une phrase
39:49parce qu'on dit qu'on a une France insoumise, une gauche
39:53qui segmente un petit peu son électorat.
39:55Et le parti dont on a quand même très peu parlé
39:57depuis le début de cette émission, c'est le RN
39:59qui lui progressivement continue à élargir massivement
40:02la base sociologique, générationnelle, géographique de son parti
40:05aujourd'hui à l'exception des villes de plus de 500 000 habitants.
40:08Vous voyez qu'il devient majoritaire absolument partout
40:10et c'est ça je crois qu'il faut à tout prix garder en tête
40:12pour comprendre les dynamiques électorales
40:14et la façon dont on va venir s'adresser à l'électorat
40:16dans les semaines et les mois qui viennent.
40:18Il y a même question, le parti socialiste, je veux dire la gauche.
40:21La gauche a-t-elle laissé passer sa chance
40:23en refusant de soutenir Bernard Cazeneuve à Matignon
40:27en refusant tout compromis ?
40:28Il y a quand même quelque chose d'assez hallucinant
40:30c'est d'imaginer qu'un seul instant Emmanuel Macron
40:32ait imaginé nommer la gauche à Matignon.
40:34Mais pas un instant c'est venu à l'esprit d'Emmanuel Macron.
40:37J'entends bien le discours dans la Macronie qui consiste à se dire
40:39c'est la faute du parti socialiste si on se retrouve avec Michel Barnier
40:41aujourd'hui mais enfin je ne crois pas que le parti socialiste
40:43ait le pouvoir de nommer le Premier ministre aujourd'hui.
40:45Il y a eu une proposition du parti socialiste
40:47c'est celle de la formation du nouveau front populaire.
40:49Ils se sont mis d'accord, c'est une coalition, c'est inédit,
40:51on est dans une session unique, ils se sont mis d'accord
40:53sur un nom lucidcasté, ce n'était pas Emmanuel Macron
40:55de choisir qui du NFP devait prendre Matignon.
40:58S'il avait eu un instant l'idée de mettre la gauche au pouvoir
41:01il devait nommer lucidcasté.
41:02Est-ce qu'il a été candidat aux élections législatives
41:04Bernard Cazeneuve ?
41:05Est-ce qu'on connaît le programme de Bernard Cazeneuve
41:07aux élections législatives ?
41:08C'est le seul à gauche, en tout cas dans cette partie-là
41:11de la gauche qui se revendique d'une social-démocratie populaire
41:13à avoir été contre le NFP.
41:15C'est la première coalition arrivée en tête
41:17des élections législatives, mais quelle idée
41:19d'avoir choisi Bernard Cazeneuve.
41:21Bernard Cazeneuve, je suis désolé, n'avait pas à représenter
41:24une gauche qui faisait...
41:26Pierre, est-ce que tu as lu les déclarations
41:28de lucidcasté dans l'Express ?
41:30Parce que c'est quand même extraordinaire.
41:32Tout le monde a cru qu'il y avait 50 experts
41:35prêts à me faire travailler, une armée,
41:37mais il n'y a rien eu.
41:39Elle parle des partis, le jour d'après
41:41les partis ne l'ont pas pensé.
41:43Elle continue.
41:45Les cadres de ces partis étaient fatigués
41:47de s'être tapés dessus pendant 15 jours
41:49dans une pièce sans fenêtre.
41:51Et elle raconte qu'elle a travaillé.
41:54Les partis l'avaient complètement abandonné.
41:56Elle a travaillé avec des copains Hénard
41:58que le soir...
42:00C'est lucidcasté qui m'a raconté.
42:02Ce n'est pas des dragots. Elle le dit.
42:04Ce qui veut dire qu'Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon
42:06ne voulaient pas vraiment aller à la matinée.
42:08C'est pas son intérêt.
42:10Ils ne veulent pas mettre les mains dans le cambouis.
42:12Elle a tout fait pour, évidemment,
42:14les premières forces
42:16qui ont dézingué Lucie Castex.
42:18Et elle l'avoue maintenant.
42:20Je ne suis pas d'accord.
42:22C'est faux.
42:24Rapidement, il y a eu un accord de coalition,
42:26voire un accord de gouvernement.
42:28Que la gauche n'était pas prête à gouverner,
42:30c'est une possibilité.
42:32Qu'elle en ait eu envie, ça, j'en suis convaincu.
42:34Elle a eu envie de gouverner la gauche.
42:36C'est une certitude.
42:38Il y a un programme de coalition qui a été fait.
42:40Avec un programme qui a été...
42:42En tout cas,
42:44aujourd'hui,
42:46c'est Michel Barnier à Matignon.
42:48Et ce sera peut-être Kamala Harris ou Donald Trump
42:50à la Maison Blanche.
42:52On va prendre la direction des States, les amis,
42:54où avait lieu cette semaine le premier, peut-être,
42:56non pas peut-être, c'est sûr, seul grand débat
42:58entre les deux candidats à l'élection présidentielle
43:00du 5 novembre.
43:02D'un côté, la démocrate Kamala Harris.
43:04De l'autre, l'ex-président Donald Trump.
43:06C'était une opposition de style.
43:08Donald Trump nous a légué la pire attaque
43:10contre notre démocratie
43:12depuis la guerre de sécession.
43:14Et ce que nous avons fait,
43:16c'est remettre en ordre le bazar
43:18laissé par Donald Trump.
43:22J'ai sans doute pris une balle dans la tête
43:24à cause de ce qu'ils disent à mon sujet.
43:26Ils parlent de démocratie, que je suis une menace pour la démocratie.
43:28Mais c'est eux la menace pour la démocratie.
43:32Nicolas,
43:34and the winner is,
43:36qui a gagné ce débat ?
43:38Qui est le vainqueur de ce débat ?
43:40Il y a clairement un avantage pour Kamala Harris.
43:42Est-ce que c'est un avantage décisif ?
43:44Non.
43:46Ce qui est vrai,
43:48c'est qu'on est quand même dans un moment
43:50où les bonnes nouvelles sont rares.
43:52Quand on regarde le monde,
43:54il y a beaucoup de sources de violences d'escalade
43:56de l'Ukraine au Moyen-Orient.
43:58On a quand même
44:00deux bonnes nouvelles cet été.
44:02Le Keir Starmer
44:04et la manière dont il a pris ses fonctions
44:06au Royaume-Uni.
44:08Et le fait que,
44:10c'est vrai qu'au lendemain
44:12de l'attentat contre Donald Trump,
44:14on avait l'impression que l'élection présidentielle
44:16ne pouvait pas lui échapper.
44:18Ce qui était un gros problème pour les Etats-Unis.
44:20Mais quand il y a un gros problème pour les Etats-Unis,
44:22il y a un gros problème pour le reste du monde.
44:24Et notamment pour les démocraties.
44:26Et là, aujourd'hui,
44:28il y a vraiment une élection.
44:30C'est vrai que Kamala Harris n'a pas gagné,
44:32mais qu'on sent que,
44:34grosso modo,
44:36le combat a changé d'âme.
44:38C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
44:40la dynamique, l'envie de gagner,
44:42le caractère innovant,
44:44c'est du côté des démocrates
44:46et de Kamala Harris,
44:48et que Trump paraît figé dans ses obsessions.
44:50Et finalement,
44:52il avait tellement rêvé de la revanche contre Joe Biden
44:54qu'il n'arrive pas à s'en sortir.
44:56Or, Kamala Harris n'est pas Joe Biden.
44:58En parlant des obsessions de Donald Trump,
45:00pendant le débat, on a eu le droit à certaines sorties
45:02dont Donald Trump a le secret.
45:04Regardez celle-ci, c'est ma favorite.
45:06Regardez ce qui arrive aux villes
45:08à travers les Etats-Unis.
45:10Et beaucoup de villes ne veulent pas en parler.
45:12Il ne s'agit pas d'Aurora
45:14ou de Springfield.
45:16Beaucoup de villes ne veulent pas en parler
45:18parce qu'elles en sont gênées.
45:20À Springfield, ils mangent des chiens.
45:22Les gens qui viennent, ils mangent des chats.
45:24Ils mangent les animaux de compagnie des habitants.
45:26C'est ce qui se passe dans notre pays.
45:28Et c'est une honte.
45:30On rigole,
45:32mais c'est aussi un clin d'oeil aux complotistes
45:34qui font partie
45:36de sa base électorale.
45:38Oui, c'est pour ça que je suis d'accord avec Nicolas.
45:40On peut dire que,
45:42je ne sais pas si Mme Harris a gagné le débat,
45:44mais à l'évidence,
45:46à part les 15 premières minutes,
45:48Donald Trump l'a perdu.
45:50Mais nous, ça nous fait rire.
45:52Et heureusement.
45:54Mais je suis sûr
45:56qu'il y a toute une partie de l'électorat américain
45:58qui pense ces choses-là.
46:00Et effectivement,
46:02les réseaux complotistes
46:04sont extrêmement puissants.
46:06Et on voit bien d'ailleurs,
46:08les premiers sondages post-débat
46:10le montrent,
46:12qu'il n'y a pas d'avantage significatif
46:14qui a été gagné par Kamala Harris
46:16dans ce débat.
46:18Même si elle a été
46:20bonne,
46:22mais faible sur tout l'aspect
46:24économique de son programme,
46:26sur la substance,
46:28j'ai pensé qu'elle a encore
46:30des choses à finaliser.
46:32Un meilleur avantage, c'est Taylor Swift, pour l'instant.
46:34Oui, Taylor Swift, la chanteuse
46:36qui s'est déclarée...
46:38Alors expliquez-moi, Taylor Swift,
46:40c'est une chanteuse qui s'adresse
46:42principalement aux jeunes visiblement
46:44et aux indécis. En quoi ?
46:46Après ce débat,
46:48elle a affirmé son soutien officiel
46:50à Kamala Harris.
46:52Qu'est-ce que ça change que Taylor Swift
46:54apporte son soutien à Kamala Harris ?
46:56A mon avis, au même titre que
46:58est-ce que ça change quelque chose que Kamala Harris
47:00ait, selon la majorité
47:02de la presse américaine et internationale,
47:04remporté le débat, ça change très peu de choses
47:06au sondage et ça ne change surtout pas
47:08à l'issue de l'élection. Souvenez-vous quand même
47:10que le premier débat entre
47:12Hillary Clinton et Trump, tout le monde avait
47:14dit qu'Hillary l'avait emportée. C'est pas ça
47:16qui lui a garanti de remporter
47:18l'élection. Moi, pour revenir à cette histoire
47:20des haïtiens
47:22de Springfield qui mangeraient
47:24des chiens et des chats de compagnie,
47:26pour moi, les deux seuls peut-être
47:28vainqueurs de ce débat, ce sont
47:30les deux présentateurs de la chaîne ABC.
47:32Ils ont quand même déconstruit
47:34chacune des fake news.
47:36C'est un autre,
47:38c'est CNN qui les a comptabilisés. Il y a eu
47:4033 fake news qui ont été propagées
47:42par Donald Trump
47:44pendant le débat et une seule pour Kamala Harris.
47:46Et c'est vrai qu'on a
47:48des modérateurs, et d'ailleurs ça leur a été
47:50très reproché par le banquier,
47:52qui ont joué leur rôle
47:54et qui ont essayé d'identifier
47:56et d'avertir le public qui les écoutait
47:58de ces
48:00fausses informations. Et ça, c'est
48:02une toute petite victoire et on sait à quel point
48:04ce chantier de lutte contre les
48:06informations, il est gigantesque
48:08aux Etats-Unis, mais on peut se réjouir
48:10que sur un débat qui a quand même été
48:12très scruté... Là où je ne suis pas d'accord avec vous,
48:14c'est qu'à mon avis, ça a renforcé
48:16le sentiment anti-élite
48:18de ces populations qu'elles s'adressent
48:20à Donald Trump, en disant
48:22et en leur commentaire, c'était
48:24un débat trois contre un.
48:26Et je pense que...
48:28Ça c'est un peu le moteur aussi de Donald Trump.
48:30Ils ont été rationnels dans la rectification.
48:32La solution n'est pas forcément
48:34de ne pas rectifier, il faut rectifier.
48:36Mais c'est l'utilité
48:38effectivement de la rectification.
48:40Vous parliez tout à l'heure, Roselyne,
48:42des programmes économiques, en tout cas des promesses
48:44économiques qu'elle a faites pendant le débat.
48:46Je vais vous en donner quelques-unes.
48:48Kamala Harris promet une loi contre les prix
48:50abusifs dans l'alimentation,
48:52une aide de 25 000 dollars pour l'achat d'un premier
48:54logement, la construction de 3
48:56millions de nouveaux logements pour lutter contre la
48:58crise immobilière, ou encore une baisse
49:00d'impôts pour la classe moyenne,
49:02classe moyenne entre guillemets, parce qu'aux Etats-Unis,
49:04cher Nicolas, la classe moyenne ne correspond pas
49:06à notre classe moyenne, c'est plus les couches populaires.
49:08Vous avez vu ça, Pierre ?
49:10C'est un vrai programme de gauche.
49:12En tout cas, je trouve qu'on reste sur notre fin
49:14quand on regarde le débat sur
49:16les programmes des uns et des autres.
49:18Ça a beaucoup plus tourné sur
49:20l'ego surdimensionné de Donald Trump,
49:22lui renvoyant des traits de caractère
49:24à Kamala Harris. Et c'est vrai qu'on reste
49:26vraiment sur notre fin sur la précision
49:28du programme, et notamment du programme
49:30économique. Maintenant, je trouve quand même
49:32que, je pense que les Américains
49:34et nous-mêmes les Européens, parce que je trouve qu'elle a été
49:36beaucoup trop effacée au cours du mandat
49:38de Joe Biden,
49:40alors même qu'on l'avait découverte quand
49:42Joe Biden a été élu, au tout début, on avait découvert
49:44cette femme que je trouvais vraiment dynamique,
49:46intelligente, qui avait
49:48des idées assez précises, et je trouve qu'au moins
49:50on a réussi à découvrir ça.
49:52Et même s'il ne faut pas
49:54faire de pronostics un peu trop
49:56hâtifs, je dirais quand même
49:58que les signaux sont plutôt
50:00au vert, quand même, sur la campagne
50:02de Kamala Harris.
50:04Oui, ce n'est pas très sympa.
50:06Mais on a un regard d'Européens,
50:08où je pense que la plupart des Européens ont envie que Kamala Harris
50:10gagne cette élection, et on espère, je pense,
50:12assez majoritairement que cette idée-là
50:14va faire...
50:16va gagner l'esprit des Américains, mais c'est vrai qu'un débat...
50:18Qu'elle soit revenue sur la fracturation.
50:20Qu'elle soit revenue sur...
50:22La fracturation. Ah oui, sur la fracturation, bien sûr.
50:24Mais en même temps, c'est un débat qui
50:26traverse aussi les États-Unis. Nicolas, vous avez 45
50:28secondes. On a aussi entendu beaucoup
50:30parler d'immigration,
50:32pas forcément dans ce débat, mais de manière générale dans le débat
50:34des Américains. Ça occupe aujourd'hui une place centrale
50:36dans la politique américaine, cette question de l'immigration,
50:38comme dans toutes les autres sociétés, mais
50:40aux États-Unis, on a l'impression que ça devient
50:42centrale. Dans les enquêtes
50:44qui sont faites, aujourd'hui, c'est la première priorité
50:46de l'électeur
50:48américain, oui.
50:50Ça, et l'économie.
50:52Alors, qu'est-ce qui va déterminer, finalement, l'issue du scrutin
50:54du 5 novembre ? C'est ce qu'on a dit,
50:56les programmes,
50:58c'est pas une élection qui va se jouer de toute manière sur les
51:00programmes. Il faut rappeler, quand même, que sur Kamala Harris,
51:02c'est jamais arrivé d'avoir
51:04une candidate qui arrive dans
51:06l'élection aussitôt.
51:08Donc, par principe,
51:10elle est jetée
51:12dans cette élection,
51:14et c'est pour ça que...
51:16C'est pour ça aussi qu'elle a gagné le débat, parce que,
51:18à l'inverse, si elle l'avait perdue,
51:20ça se saurait, et voilà.
51:22Et Nicolas, ne jamais
51:24oublier qu'étant donné la structuration
51:26du mode d'élection américain, il faut
51:28deux points de plus aux démocrates pour gagner,
51:30et qu'elle ne les a pas, pour l'instant,
51:32les deux points de plus.
51:34Merci, Président Larcher.
51:36Comme chaque semaine, on termine par un Top Flop,
51:38une question simple qui a marqué l'actualité
51:40de la semaine, en bien ou en mal.
51:42Shell Roselyne, vous commencez. Quel est
51:44votre top de la semaine ?
51:46Mon top de la semaine, c'est Mme Pellicot,
51:48dans le procès de la soumission chimique,
51:50ce procès
51:52absolument atroce du mari
51:54qui droguait sa femme
51:56pour la faire violer par plus de 50 personnes,
51:58sans doute 70,
52:00et la dignité de cette femme qui a exigé
52:02que le débat soit public,
52:04justement pour dénoncer ces faits avec beaucoup de courage
52:06et une dignité formidable.
52:08Votre flop de la semaine ?
52:10C'est l'abbé Pierre et Emmaüs,
52:12et je dirais plus largement l'église catholique
52:14qui a couvert par un système
52:16de non-révélation,
52:18de dissimulation, les exactions
52:20sexuelles de l'abbé Pierre,
52:22et finalement, le désespoir
52:24de tous ces gens
52:26qui se sont déployés,
52:28qui se déploient au service des plus pauvres,
52:30c'est quelque chose de terrible.
52:32Nicolas, le top de la semaine ?
52:34Je voulais vous proposer de sortir des frontières,
52:36donc mon top, ce serait Mario Draghi
52:38et son rapport sur la compétitivité de l'Europe,
52:40parce que
52:42il dit vraiment la vérité,
52:44il montre qu'on est à un point critique,
52:46et il propose
52:48un vrai chemin, reste à savoir
52:50si les responsables européens arriveront
52:52à délivrer.
52:54Et le flop, toujours à l'étranger,
52:56c'est ce qui se passe au Venezuela,
52:58et l'exil forcé
53:00de celui qui a en réalité gagné
53:02l'élection, et dans le flop,
53:04je voudrais, j'allais dire, saluer
53:06néanmoins le courage de Madame Machado
53:08qui est la leader de l'opposition,
53:10qui a été empêchée de se présenter,
53:12mais qui, elle, prend le risque
53:14de rester dans le pays, alors même
53:16que sa vie est clairement menacée.
53:18Blanche, le top de la semaine ?
53:20Alors moi, mon top, il est pour le centre Pompidou
53:22qui a fait une exposition sur le surréalisme.
53:24On a beaucoup parlé de surréalisme
53:26pour qualifier la période politique
53:28qu'on a traversée depuis quelques mois.
53:30C'est bien de revenir aux origines de ce mot
53:32et du mouvement qu'il désigne.
53:34C'est une formidable exposition,
53:36et c'est surtout une exposition qui met en lumière
53:38des artistes femmes de ce courant,
53:40et notamment Dora Maar,
53:42donc c'est très important d'aller s'y.
53:44Allez-y ce week-end. Et le flop de la semaine ?
53:46Mon flop, c'est sur les derniers chiffres
53:48qu'on vient d'avoir sur la demande
53:50de 7 millions de demandes au premier semestre.
53:52C'est un record selon l'Union sociale
53:54pour l'habitat, avec 100 000
53:56demandes de plus qu'en 2023, ce qui montre
53:58que la politique du logement
54:00social aujourd'hui, elle va dans un mur,
54:02que la politique du logement en France, ça doit être
54:04une priorité pour le gouvernement Barnier.
54:06Je vous invite à consulter la dernière note de l'Institut Montaigne
54:08sur le sujet du logement social.
54:10Pierre, le top de la semaine ?
54:12Un top qui ravira Roselyne, qui sera d'accord avec moi,
54:14qui va Olivier Faure. Je l'ai suffisamment
54:16critiqué par le passé pour lui reconnaître
54:18d'avoir un bilan à la tête du Parti socialiste
54:20qui me fait dire que les critiques dont il fait
54:22l'objet sont assez injustes. Il a quand même
54:24remis le Parti socialiste sur les rails de la gauche,
54:26là où il était le plus crédible pendant longtemps, il se faisait huer
54:28dans les manifestations. Et je trouve que, voilà,
54:30le bilan qu'il a laissé là, y compris la campagne des européennes
54:32et le fait d'avoir doublé le nombre de députés,
54:34ils lui sont plutôt favorables.
54:36Et le flop de la semaine ?
54:38Et le flop de la semaine, c'est l'Union européenne, en tout cas dans la voix
54:40de Ursula von der Leyen, qui
54:42flirte, en tout cas accompagne le vent
54:44d'extrême droite qui souffre sur l'extrême droite et qui annonce
54:46vouloir renforcer les contrôles aux frontières
54:48et la sécurité aux frontières,
54:50tout ça se faisant évidemment au détriment des
54:52personnes en parcours d'exil qui
54:54meurent dans la Méditerranée, qui meurent dans la Manche,
54:56avec des records aujourd'hui qui sont absolument hallucinants
54:58et sans penser les politiques d'accueil justement à l'échelle européenne.
55:00Non, et puis faire un débat sur Olivier Faure,
55:02on le fera la prochaine fois, les amis.
55:04Merci beaucoup, c'est la fin de cette émission. Merci
55:06à tous les quatre. C'était une belle première
55:08pour cette nouvelle saison, qu'on est ravis de commencer
55:10avec vous, amis téléspectateurs.
55:12Vous pouvez revoir cette émission en replay sur
55:14lcna.fr. On se retrouve la semaine prochaine,
55:16même jour, même heure et même endroit.
55:18Bye bye.