Attitude du PS : « Refuser a priori de rencontrer le Premier ministre, c’est une erreur politique »
L'essayiste et enseignant à Sciences Po David Dajïz était l'invité de la matinale de Public Sénat le vendredi 13 septembre.
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NewsTranscription
00:00Je pense que c'est une erreur de refuser de rencontrer le Premier ministre a priori.
00:04C'est-à-dire, on peut être en désaccord sur les conditions de sa nomination.
00:08Par parenthèse, je rappelle que les dirigeants du PS n'ont pas montré un fol enthousiasme
00:13vis-à-vis de l'hypothèse Bernard Cazeneuve, qui a été un des leurs pendant 35 ans.
00:16Je ne dis pas qu'ils sont responsables de sa non-nomination,
00:20mais à tout le moins, leur tiédeur n'a pas aidé et n'a pas contribué à sa nomination.
00:26Refuser a priori de rencontrer le Premier ministre, pour moi, c'est vraiment une erreur politique.
00:32Discuter, quand on est patron de parti ou patron de groupe parlementaire avec un Premier ministre,
00:40c'est simplement faire fonctionner, c'est l'usage régulier des institutions.
00:43Quand vous commencez à refuser le dialogue a priori, vous rentrez dans une forme de populisme
00:47qui n'est pas de bonne à loi.
00:49Ce que sont en train de faire les socialistes ? Ils sont en train de devenir populistes ?
00:52Je pense que malheureusement, quand vous dites je refuse a priori de rencontrer un Premier ministre,
00:55vous participez de ce populisme, oui.
00:57– Ce n'est pas la position des communistes qui, eux, iront à Matignon
01:00pour rencontrer Michel Barnier.
01:02Est-ce qu'Emmanuel Macron et Michel Barnier sont en train de fracturer la gauche ?
01:06De la refracturer.
01:07– Je ne suis pas certain que la gauche est fracturée idéologiquement.
01:11Le problème, je vais vous dire, ça ne plaît pas à un certain nombre de dirigeants
01:15de partis de gauche, ce que je vais vous dire.
01:17Mais c'est qu'il y a très peu de points communs intellectuellement entre la France insoumise,
01:22d'une part, qui a une culture quand même très autoritaire,
01:26qui a une méthode très conflictuelle,
01:28qui a une vision très anticapitaliste de la société,
01:32et les sociodémocrates qui sont sur une toute autre équation politique.
01:37Simplement, ces forces politiques se sont regroupées
01:40dans ce que j'appelais moi une unité d'action électorale
01:43pour empêcher la victoire du Rassemblement National.
01:45– Ça veut dire qu'on est dans un caractère électoral,
01:47mais qu'idéologiquement le Nouveau Front Populaire n'a pas d'avenir pour vous ?
01:50– Pour moi, cette équation politique n'a pas d'avenir.
01:52Pour moi, ce qu'il y a de l'avenir, c'est la reconstruction d'une offre politique
01:56véritablement sociodémocrate qui intègre l'écologie,
01:59qui intègre un nouveau discours sur la démocratie,
02:02qui intègre un nouveau discours sur l'humanisme, sur l'Europe.
02:05Et ça, c'est un immense chantier de reconstruction qui s'ouvre devant nous.
02:10Et je pense que, si vous voulez, le Nouveau Front Populaire,
02:13c'est d'abord un cartel électoral, mais ce qu'il faut pour les électeurs,
02:16pour les Français, ce que les gens attendent, c'est de la clarté.
02:19C'est d'être capable de dire très exactement où on se situe,
02:22dans quoi on croit, on a le droit d'être en désaccord.
02:25Il faut faire vivre les désaccords, c'est ça la démocratie.
02:28Mais regrouper des carpes et des lapins ad vitam aeternam, ça n'a pas de sens.
02:32Et c'est pour ça que je suis, entre autres, un partisan de la proportionnelle,
02:35parce que la proportionnelle, ça permet à des formations politiques
02:39de se présenter sous leurs couleurs et d'assumer leurs idées
02:43sans être obligé, en quelque sorte, de se mettre sous l'hégémonie,
02:46comme ça a été le cas pour la gauche avec la France Insoumise,
02:49d'un parti qui, en plus, est minoritaire, très minoritaire,
02:52mais qui, parce qu'il est mieux organisé intellectuellement et mieux structuré,
02:57est capable de mettre la mainmise sur toute la gauche.