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  • 02/05/2024
Suite et fin des auditions publiques devant la commission spéciale chargée de préparer le débat dans l'hémicycle sur le projet de loi fin de vie. Après Catherine Vautrin, les membres du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), les représentants des cultes ou encore ceux des associations, les députés entendent des médecins et professeurs concernés par le sujet, mais aussi l'ancienne la ministre de la Santé Marisol Touraine. Le projet de loi instaure une aide active à mourir sous certaines conditions strictes. Il sera débattu en séance publique à partir du 27 mai. Ce texte sensible est présenté comme la grande réforme sociétale de la législature, alors qu'Emmanuel Macron s'était engagé à changer la législation sur la fin de vie. Une audition à voir ou revoir sur LCP Assemblée nationale.

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Transcription
00:00:00 Mesdames, messieurs, merci d'avoir accepté cette dernière table ronde
00:00:07 qui va terminer un processus de travail à la fois individuel et collectif
00:00:12 sur le projet de loi qui a été déposé à l'Assemblée nationale le 10 avril dernier
00:00:16 par le gouvernement sur le projet relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie.
00:00:21 Par ordre alphabétique, et je vous promets que j'ai révisé mon alphabet depuis la semaine dernière,
00:00:26 Madame Marina Carrère-Dancos, Monsieur Jean-Marie Gomaz, le Dr Jean-Marie Gomaz,
00:00:32 Madame Marie de Haenzel, Madame Martine Lombard, le Professeur Didier Sicard
00:00:37 et Madame Marisol Touraine.
00:00:40 Alors, pour démarrer, vous aurez chacun la parole entre 5 et 7 minutes,
00:00:45 parce que vous êtes 6, l'idée c'est qu'on puisse avoir un échange avec ici les collègues parlementaires.
00:00:50 D'abord les rapporteurs qui prendront chacun la parole 3 minutes maximum s'ils le souhaitent.
00:00:55 Vous pourrez répondre aux rapporteurs et ensuite à nos collègues députés qui poseront des questions pour une minute
00:01:01 et qui n'oublieront pas, comme ils savent très bien le faire, de dire à qui s'adresse la question.
00:01:06 On démarre tout de suite et on va commencer par l'ordre alphabétique, c'est souvent le plus simple.
00:01:13 Madame Marina Carrère-Dancos.
00:01:16 Oui, je dis ça pour que vous fassiez maximum de ce qui vous a été dit dans le courrier d'invitation.
00:01:22 Je vais essayer de parler vite.
00:01:25 Madame la Présidente de la Commission spéciale, Monsieur le Rapporteur général, Mesdames et Messieurs les rapporteurs,
00:01:31 Mesdames et Messieurs les députés, Madame la Ministre, en préambule, je voudrais vous dire pourquoi je suis là,
00:01:36 puisque je ne suis ni juriste, ni philosophe, ni héticien, je ne fais pas de politique,
00:01:40 mais je suis médecin, journaliste, femme, citoyenne, mère de famille et fille de mes parents,
00:01:45 même s'ils sont tous deux partis très récemment et peut-être aussi à cause de cela.
00:01:49 Ce sujet, je le défends, ce combat, je le porte pour les malades que j'ai connus en tant que médecin, journaliste et ancienne compagne.
00:01:55 Des années que je traite de ce sujet, que je vais à la rencontre de patients, de soignants en France comme à l'étranger.
00:02:01 J'ai suivi le vote des lois Leonetti et Claes-Leonetti, mesuré l'importance de ces lois, mais aussi la nécessité de les faire évoluer.
00:02:10 Aujourd'hui, je dois le dire, je suis fière de vivre dans un pays où la convention citoyenne a existé,
00:02:14 où ce modèle de démocratie a pu aboutir et être respecté.
00:02:18 75% de ces membres se sont prononcés en faveur d'une aide à mourir, considérant que le cadre légal en vigueur était insuffisant.
00:02:26 Ce qui correspond au souhait des Français, si l'on en croit les sondages réalisés, des sondages souvent contestés, un peu à raison.
00:02:33 En effet, répondre à la question "Voulez-vous une fin de vie digne ?" par "oui" est assez naturel,
00:02:38 mais à part pour ceux qui ont été confrontés à la fin de vie difficile d'un proche, cela ne repose que sur une envie bien compréhensible.
00:02:44 La majorité des Français qui répondent à ces sondages n'ont pas forcément tous les tenants et aboutissants de cette question si complexe.
00:02:51 Les membres de la convention citoyenne, si. Ils ont écouté, ils ont entendu tous les acteurs de la fin de vie pendant des mois.
00:02:58 Leurs conclusions sont donc majeures et le résultat est là, ce texte.
00:03:03 Résultat avant tout du remarquable travail d'une honnêteté totale menée par Agnès Firmin-Lebaudot.
00:03:08 Je souhaite infiniment qu'il aboutisse, que cette loi soit votée, mais je souhaite aussi que cela heurte le moins possible.
00:03:15 J'aimerais tellement que l'on pense avant tout aux malades durant la discussion de cette loi, à eux et à leur dignité.
00:03:21 Même si je sais que le président Macron n'aime pas ces termes, je voudrais qu'il reste les mots "droit", "choix" et "liberté"
00:03:28 pour ceux qui souhaitent être aidés dans leur fin de vie, mais qu'il reste aussi ces mêmes mots pour tous les autres malades et pour tous les soignants.
00:03:35 Le mot "obligation" ne doit pas exister avec cette loi pour aucun malade, aucune personne fragile et aucun soignant.
00:03:42 Cela étant dit, je voudrais m'arrêter sur quelques points du texte que je souhaiterais voir évoluer.
00:03:47 Les soins palliatifs tout d'abord, même si je ne suis pas une spécialiste de cette question à la différence du Dr Gomass.
00:03:53 J'approuve profondément cette stratégie décennale des soins d'accompagnement et notamment ce dernier mot.
00:03:59 La volonté me semble être là, c'est essentiel tant ces soins sont dotés de moyens insuffisants.
00:04:04 Ils doivent être accessibles à tous ceux qui en ont besoin, quelle que soit la région où l'on habite,
00:04:10 quelle que soit la maladie dont on souffre et en tout lieu où l'on souhaite être accompagné et notamment au domicile.
00:04:16 81% des Français souhaitent mourir chez eux, à peine un quart y parviennent, on doit entendre cette volonté.
00:04:23 Des soins d'accompagnement de qualité et suffisants en quantité répondront à la grande majorité des cas de malades en souffrance,
00:04:30 les soins mais aussi l'accès à la sédation profonde et continue.
00:04:35 Et cette sédation doit être mieux connue des malades et bien appliquée par les médecins.
00:04:40 D'expérience, j'ai appris qu'il existe des réticences de la part de certains soignants à accepter l'existence de ce geste
00:04:46 pour des raisons humaines, morales, éthiques, religieuses et donc à l'appliquer.
00:04:50 Et ça n'est pas acceptable. Je ne sais pas au nom de quoi un médecin peut considérer qu'un malade en fin de vie,
00:04:55 à qui il reste au mieux quelques jours à vivre et qui demande cette sédation, doit encore tenir un peu.
00:05:01 C'est ce que j'ai entendu, il n'est ni dans la tête ni dans le corps du malade, il ne souffre pas à sa place,
00:05:07 il doit l'écouter et l'entendre et s'il ne l'accepte pas, en référer à ses confrères.
00:05:11 Ce n'est pas toujours le cas et c'est insupportable pour celui qui souffre et pour ses proches.
00:05:15 Et cela m'inquiète concernant l'aide à mourir, j'y reviens tout de suite.
00:05:19 Mais je le redis, si ces soins sont suffisants et si cette sédation est bien utilisée,
00:05:23 cela devrait résoudre le cas de plus de 95% des patients en fin de vie.
00:05:28 Et les patients qui ne rentrent pas dans le cadre de la loi Claes Leonetti ?
00:05:32 Les patients dont le pronostic vital n'est pas engagé à court terme,
00:05:35 même s'ils sont atteints d'une maladie grave et incurable,
00:05:38 qu'ils présentent des souffrances physiques et/ou psychologiques réfractaires,
00:05:41 et qu'ils sont en capacité de manifester leur volonté de façon libre et éclairée.
00:05:46 Ainsi en est-il de patients atteints de maladies neurodégénératives,
00:05:50 comme l'ASLA que l'on cite toujours, mais il y en a d'autres.
00:05:53 Également des patients ayant été agressés, ayant eu un accident vasculaire cérébral ou un accident de la voie publique,
00:05:58 les laissant très lourdement handicapés, sans espoir d'amélioration, avec de grandes souffrances.
00:06:04 Des patients dont le pronostic vital n'est pas engagé à court terme.
00:06:08 Deux exemples qui ont été médiatisés et qui illustrent bien cette spécificité.
00:06:12 Vincent Amber avait 21 ans quand il fut victime d'un accident de la voie publique,
00:06:17 le laissant tétraplégique, muet et aveugle.
00:06:20 Il ne pouvait communiquer qu'avec son pouce droit, mais était parfaitement conscient et lucide.
00:06:25 Il avait demandé à Jacques Chirac, alors président, le droit de mourir,
00:06:29 lequel s'était beaucoup ému, mais n'avait plus accédé à sa demande.
00:06:32 Amber souffrait, elle, d'une maladie de Charcot.
00:06:35 Quand elle est devenue dépendante, ses membres supérieurs étant totalement paralysés
00:06:39 et connaissant l'avenir qui l'attendait, elle est partie à l'étranger pour mourir.
00:06:43 C'est pour ces patients que le terme de "court" ou "moyen terme" qui figure dans l'article 7 doit être modifié.
00:06:50 Car comment le définir ? Quelques mois ? Six mois ? Un an ?
00:06:54 Déjà, quel médecin est capable de savoir que son patient mourra dans moins d'un an ou plus d'un an ?
00:06:58 Quel médecin peut dire "il vous reste 8 mois ou 10 mois ou 13 à vivre" ? Aucun.
00:07:03 Et comment juger que vivre de manière indigne est acceptable 6 mois mais pas 12 ? Je ne sais pas.
00:07:08 Chaque malade est unique et chaque maladie est unique pour chaque malade.
00:07:13 Un patient atteint d'une maladie de Charcot a une espérance de vie, on le sait, de 3 ans au moment du diagnostic.
00:07:18 C'est une moyenne. Certains meurent en moins d'un an, d'autres vivent 5 ans.
00:07:21 Nul n'est capable à ce moment de savoir comment la maladie évoluera avec précision,
00:07:26 si ce n'est que l'on connaît son caractère inéluctable.
00:07:29 De même, personne n'aurait pu dire quelle espérance de vie attendait Vincent Imbert, 5 ans, 10 ans,
00:07:34 en tout cas sûrement plus de 6 mois, surtout avec les progrès de la médecine.
00:07:38 Alors si l'on fixe malgré tout 6 mois ou un an, on exclura de ce fait de nombreux patients pour lesquels cette loi évolue.
00:07:44 Il faut donc trouver une façon de résoudre cette question du court ou moyen terme.
00:07:48 Et puis les soignants, deux points sur les soignants.
00:07:51 L'article 8 précise "La personne qui souhaite accéder à l'aide à mourir en fait la demande à un médecin
00:07:57 qui recueille l'avis d'un médecin qui ne connaît pas la personne, spécialise de la pathologie de celle-ci si lui-même ne l'est pas,
00:08:03 ainsi que l'avis d'un professionnel de santé".
00:08:05 Avant de m'inquiéter, je voudrais dire l'importance que dans ce texte, le professionnel de santé, infirmière, soignant, psychologue, soient impliqués.
00:08:13 Tout comme les infirmiers dans l'accompagnement de l'aide à mourir.
00:08:16 Les soignants non médecins, outre qu'ils accompagnent au quotidien et remarquablement les patients,
00:08:21 les connaissent souvent autant, si ce n'est mieux que les médecins.
00:08:24 Et leur présence en différents points de ce texte est une grande avancée.
00:08:28 Reste ma crainte qui est la même que celle qui concerne la sédation profonde et continue.
00:08:32 Que des médecins réticents à l'aide à mourir ne freinent, voire bloquent le processus.
00:08:36 Là encore, il faut que la demande du patient soit primordiale.
00:08:39 Il serait donc souhaitable que la décision ne soit pas prise à l'unanimité mais à la majorité.
00:08:44 Et en cas de refus, que le patient puisse refaire auprès d'un autre médecin et facilement sa demande.
00:08:50 Et puis, pour terminer, j'aurais qu'évoluer un point essentiel à mes yeux qui est l'implication des médecins dans ce texte.
00:08:56 Il est bien dit dans l'article 8 que l'administration de la substance létale est effectuée par la personne elle-même.
00:09:02 Lorsque celle-ci n'est pas en mesure d'y procéder physiquement, l'administration est réalisée à sa demande,
00:09:07 soit par une personne volontaire qu'elle désigne, soit par le médecin ou l'infirmier présent.
00:09:11 Je ne comprends pas pourquoi refuser à un patient qui le souhaite, que le médecin qui l'accepte puisse faire ce geste,
00:09:18 même si le patient peut encore le faire.
00:09:20 Pour avoir entendu de très nombreux médecins en France et à l'étranger dire qu'ils considèrent que c'est leur rôle,
00:09:26 leur ultime geste de soin, je ne vois pas où est l'obstacle.
00:09:29 Pour les patients que j'ai rencontrés également, leurs derniers mots le plus souvent étaient « merci »,
00:09:34 des médecins et des proches me l'ont raconté.
00:09:36 Les malades qui ne souhaitent pas faire ce geste eux-mêmes, un geste difficile même quand on souhaite mourir,
00:09:41 pourquoi leur refuser l'aide du soignant qui accepte ?
00:09:44 Il faut écouter ces patients et écouter et entendre les médecins qui souhaitent eux aussi assurer ce geste.
00:09:50 On les entend peu, ils existent.
00:09:52 Une enquête réalisée en avril 2023 par le Conseil de l'Ordre des médecins a révélé que 66% d'entre eux étaient opposés à l'euthanasie,
00:09:59 11% ne se prononçaient pas, 23% y étaient favorables.
00:10:04 Ce dernier chiffre qui est en hausse est pour certains faible, il est à mes yeux très élevé,
00:10:09 on est loin du « tous les médecins sont contre » que l'on entend trop souvent.
00:10:13 Donc pour les médecins qui le souhaitent, cela doit être respecté.
00:10:16 Tout comme doit être respecté le choix des autres qui considèrent l'aide à mourir contraire à leur déontologie.
00:10:22 Eux aussi doivent être écoutés, entendus, respectés dans leur choix.
00:10:26 Cette aide à mourir ne pourra jamais être imposée à aucun médecin.
00:10:30 La clause de conscience leur laissera toute liberté de ne pas le faire pourvu qu'ils communiquent sans délai aux malades,
00:10:35 le nom de professionnel susceptible d'y participer.
00:10:38 Cela ne devrait pas poser de problème si l'on s'en réfère à la Belgique, c'est à peine plus de 3% des patients qui meurent par euthanasie.
00:10:44 Cela ne nécessite donc pas la totalité des médecins.
00:10:47 Pour conclure, j'espère que dans les débats sur ce sujet aussi essentiel,
00:10:51 domineront les mots et l'intention de défendre ces mots, respect, écoute, droit, liberté et dignité.
00:10:58 Merci beaucoup.
00:11:00 Merci. Docteur Gomaz.
00:11:03 Messieurs les députés, merci pour votre invitation qui me donne l'occasion de parler de mes 36 ans d'expérience d'exercice médical.
00:11:18 J'ai donc accompagné des milliers de malades, d'abord comme médecin généraliste et ensuite comme hospitalier responsable d'un centre d'ouleurs chroniques sans palliatifs.
00:11:25 Je viens vous exprimer mon inquiétude de clinicien devant ce projet de loi.
00:11:35 D'abord parce que ce projet de loi pour moi est confus, refusant de nommer l'euthanasie et le suicide assissé alors qu'il s'agit exactement de cela.
00:11:43 Pour moi, les choses sont claires.
00:11:46 Aide à mourir, ça veut tout dire et rien dire.
00:11:49 Aide à vivre, c'est la médecine.
00:11:51 Aide à bien mourir, c'est la médecine aussi, c'est le prendre soin du palliatif.
00:11:55 Mais aide à mourir pour refuser de dire euthanasie et suicide assisté, c'est une tromperie des citoyens et des soignants.
00:12:03 Le titre 1 du projet me semble inutile puisqu'en fait la loi existe déjà.
00:12:07 Ça peut sembler surprenant qu'un spécialiste de soins bâtifs ne soit pas content qu'on vante l'accompagnement.
00:12:13 Le problème c'est que là, le terme d'accompagnement vient se substituer à celui de soins palliatifs et qui reprend exactement la définition qu'on a faite depuis 1999.
00:12:23 En fait, à l'heure actuelle, on a besoin d'être consensuel sur le point international et les universitaires de soins bâtifs viennent de prendre la parole sur ce point.
00:12:31 Ce changement de mot du titre 1 semble-t-il pour moi à deux objectifs.
00:12:35 Un, de faire valoir le titre 2 bien sûr, mais surtout d'introduire la possibilité de mort programmée dès le début de la maladie dans ce fameux projet personnalisé d'accompagnement
00:12:46 qui vient se substituer au projet personnalisé de soins qui existe depuis plus de 10 ans et qui est parfaitement cadré par la HAS.
00:12:53 Et puis, le titre 1 vante la création des maisons d'accompagnement.
00:12:59 Je ne sais pas avec le nombre de postes vacants, l'absence de médecins disponibles, de soignants, des équipes publiques qui ne peuvent recruter, des unités de soins palliatifs qui ferment,
00:13:09 comment on va pouvoir créer autant de maisons d'accompagnement.
00:13:11 Mais j'ai bien compris que la mort programmée pourrait y être administrée.
00:13:15 Alors, analysons quelques points rapidement des conditions d'accès.
00:13:19 Les critères envisagés dans ce projet, pour moi, cliniciens, sont inapplicables et certains sont incontrôlables.
00:13:26 Par exemple, le prosthèque à moyen terme. Marina vient d'en parler. Aucun médecin sérieux ne peut vous donner des chiffres sur une telle durée.
00:13:34 La souffrance physique ou psychologique. La souffrance physique, ça veut dire douleur. La douleur ou la souffrance psychologique.
00:13:41 Mais c'est toute la médecine. Quand vous êtes très malade, vous avez de la souffrance physique ou psychologique ou les deux.
00:13:46 Donc, sous le couvert d'une loi de fraternité, on ouvre complètement une éligibilité à la mort programmée.
00:13:53 Ça, ça m'angoisse beaucoup. Troisième point, choisir d'arrêter son traitement.
00:13:58 Si cet arrêt entraîne une souffrance insupportable, la loi 2016 prévoit une sédation profonde.
00:14:03 Ce qui survient en filigrane, c'est qu'arrêter son traitement permettrait d'être éligible à la mort programmée puisque ça pourrait entraîner une situation insupportable.
00:14:10 Soigner, ce n'est pas faciliter la mort programmée. Sûrement pas.
00:14:15 Pour moi, la priorité, ce n'est pas d'organiser cela, c'est de permettre un accès aux soins pératifs aux centaines de malades qui décèdent tous les jours sans avoir accès aux soins pératifs.
00:14:24 Quelques mots sur la procédure. Les délais sont irréalistes, inadaptés.
00:14:29 Ils ne tiennent pas compte de l'état dramatique du système de soins. Déjà, il faut plusieurs mois pour avoir un rendez-vous de médecin de la douleur en ce moment.
00:14:36 Ça serait surprenant qu'on ait besoin de 15 jours pour une mort programmée.
00:14:40 Car l'urgence euthanasique n'existe pas. Si vous êtes en détresse terminale, la sédation profonde peut vous donner le calme.
00:14:47 D'ailleurs, même les psychiatres flamands de Belgique ont fait une remarque en disant que le caractère insupportable ne peut être invoqué que quand on le rend insupportable.
00:14:57 Par refus de traitement, ce n'est pas acceptable.
00:15:00 En fait, le cœur de mon anxiété sous ce projet de loi, c'est le fait que c'est une triple incitation au suicide.
00:15:08 Première incitation, l'annonce de la mort programmée dès le début.
00:15:12 Deuxième incitation, la participation d'un soignant à chaque étape de la procédure.
00:15:17 La prise du rendez-vous fige le passage à l'acte. En plus, il doit aller chercher lui-même le produit létal à la pharmacie.
00:15:23 En Oregon, je vous rappelle que 35% des patients ne prennent pas la pharmacie ou ne prennent pas du tout le médicament létal.
00:15:30 Troisième incitation, l'espèce de date de péremption du processus, puisque deux fois, le projet de loi indique qu'il faut fixer une nouvelle date si le malade demande un délai
00:15:41 ou fixer un nouvel examen de la situation de volonté libre et éclairée si on atteint la limite des trois mois.
00:15:48 Cela fait une espèce d'accumulation de facteurs de pression qui n'existent à ma connaissance dans aucun pays en légiféré de cette question.
00:15:56 Et comment articuler cela avec la prévention du suicide ?
00:16:00 Sur un plan pratique, le médecin doit rester à proximité suffisante pour pouvoir intervenir en cas de difficulté.
00:16:07 Moi qui ai fait des milliers de visites à domicile et dirigé un service, la proximité suffisante, c'est derrière la porte, dans le couloir, dans la salle de soins, la seringue à la main.
00:16:16 C'est vraiment quelque chose de complètement pas possible dans l'état actuel du texte.
00:16:21 Et qu'est-ce qui l'attend pour intervenir ? Le silence ? Des bruits ? Un appel à l'aide ? Cela ne peut pas être mis en place.
00:16:27 Et en plus, le dernier point avant de terminer, le patient qui ne serait pas physiquement en mesure de procéder à sa mort peut se faire administrer le produit létal par un médecin, un infirmier ou une personne volontaire qu'elle désigne.
00:16:39 Aucun pays au monde n'a osé émettre l'idée qu'un proche pourrait être la main qui administre la mort.
00:16:45 C'est bien mal connaître les familles, les abus de faiblesse et les dissensions que d'imaginer qu'un membre de la famille pourrait aider le malade à s'administrer une mort programmée.
00:16:56 Donc pour terminer ce digeste de mes 10 minutes, j'ai trois requêtes à vous faire, mesdames et messieurs les députés.
00:17:03 Une première requête très simple, appeler un chat un chat, il va falloir utiliser les bons mots dans ce projet de loi.
00:17:10 Deuxièmement, jamais, jamais, jamais d'euthanasie. Il faut protéger les malades et les soignants.
00:17:16 Jamais de participation de la famille à ce geste mortifère. Il ne faudrait pas que notre pays des droits de l'homme devienne le pays de la mort donnée à l'homme.
00:17:25 Troisième requête, si la société veut plus d'autodétermination, soit jusqu'à maîtriser sa propre mort en méconnaissant les modifications induites par la maladie, soit, il faut clarifier ce projet de loi.
00:17:40 Il faut limiter le rôle des soignants. Aucun pays au monde n'a réussi à contrôler la dépénalisation d'euthanasie.
00:17:46 Tous les critères s'élargissent inéluctablement et l'intention première du législateur a disparu petit à petit dans tous les pays qui l'ont fait.
00:17:53 Donc, Mesdames et Messieurs les députés, nous avons encore beaucoup de travail à faire et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'exprimer mon expérience de clinicien.
00:18:03 Madame de Hennzel.
00:18:11 Messieurs et Madame les députés, on me présente souvent comme une des premières pionnières des soins palliatifs.
00:18:19 Et c'est effectivement à partir de cette expérience qui a été la mienne il y a près de 40 ans que je vais m'exprimer devant vous.
00:18:27 Mais je vous parlerai aussi à partir du poste d'observation qui est le mien depuis 20 ans bientôt,
00:18:34 à savoir l'accompagnement des personnes vieillissantes de 60 à 100 ans dans l'aventure qu'elles vivent.
00:18:41 Aider à mourir, c'est ce que faisait la première équipe de soins palliatifs dont j'ai été la psychologue pendant 10 ans.
00:18:49 Aider à mourir, c'est-à-dire s'engager à ce que la personne, en fin de vie, ne souffre pas,
00:18:54 à ce qu'elle puisse effectuer son travail du trépas, c'est-à-dire se préparer à mourir, dire au revoir aux siens,
00:19:01 être soulagée de son angoisse, rester une vivante jusqu'au moment où le désir de mourir l'emporte sur sa fin de vie.
00:19:10 Et fin, je l'écris F-A-I-M.
00:19:13 Et enfin, mourir doucement, apaisée.
00:19:16 À aucun moment, cette aide à mourir n'a nécessité un geste létal ni un suicide assisté.
00:19:22 Avec l'équipe dont j'ai été la psychologue, nous avons affronté tout ce que notre société jeuniste,
00:19:29 qui est obsédée par les valeurs de l'effectivité, de la performance, de la rentabilité, rejette.
00:19:36 La mort d'autrui, la dégradation physique, la vulnérabilité extrême, le sentiment d'échec et d'impuissance.
00:19:44 À l'intérieur de cet univers sombre, glauque, dégoûtant pour certains,
00:19:50 nous avons découvert une humanité à laquelle nous ne nous attendions pas.
00:19:55 Des moments de vérité, de tendresse, de tact, de douceur insoupçonnée et dont le monde extérieur n'avait pas idée.
00:20:06 Cette expérience, j'en ai rendu compte dans mon livre "La mort intime",
00:20:10 préfacée par un président de gauche qui avait à cœur le respect de la dignité de la personne
00:20:16 et d'une fraternité à ses côtés, excluant tout geste radical.
00:20:21 Un président qui avait compris les enjeux d'une médecine vraiment humaine.
00:20:26 Je sais donc ce qu'aider à mourir veut dire.
00:20:29 Je n'ai cessé, à travers mes deux rapports ministériels, mes écrits,
00:20:33 de militer en faveur d'un développement de vrais soins d'accompagnement
00:20:38 qui impliquent une formation sérieuse et des moyens financiers.
00:20:42 Et vous comprendrez la tristesse qui est la mienne quand je réalise que le soin d'accompagnement
00:20:47 va englober l'assistance au suicide et l'euthanasie.
00:20:52 Des mots que l'on n'ose même plus nommer.
00:20:55 Depuis la loi du 9 juin 1999, les pouvoirs publics n'ont pas pris la mesure de l'enjeu.
00:21:01 S'ils l'avaient pris, nous n'en serions pas là.
00:21:05 S'ils l'avaient pris, vous n'auriez sans doute pas à voter une loi
00:21:09 qui n'a, à mon sens, rien de fraternel ni de rassembleur
00:21:12 et qui inquiète notamment les personnes les plus fragiles et les personnes très âgées.
00:21:18 C'est d'ailleurs de ces dernières dont j'aimerais vous parler,
00:21:22 même si je sais que M. Falorni a dit que cette loi n'était pas pour les personnes âgées,
00:21:26 mais néanmoins ce sont elles qui sont les plus proches de la mort
00:21:29 et elles qui sont atteintes de polypathologie.
00:21:32 Vous le savez, ce projet de loi ne fait pas l'unanimité parmi elles.
00:21:37 Il séduit une frange de jeunes vieux qui sont encore autonomes et en bonne santé
00:21:44 et qui, redoutant de mal vieillir et de mal mourir, veulent rester maîtres de leur destin.
00:21:50 Mais j'observe que plus on vieillit, plus on entre dans l'âge cassant
00:21:56 avec ses risques de fragilité et de dépendance d'autrui,
00:22:00 plus on s'inquiète d'une loi qui fera de l'acte de la vieille vie
00:22:05 et de la mort un soin ultime.
00:22:10 Les personnes qui entrent dans un âge avancé souhaitent mourir dignement
00:22:15 sans avoir recours à un geste radical.
00:22:18 Alors on se demande pourquoi préférer voter une loi sur le suicide assisté
00:22:23 plutôt que de mettre les moyens humains et financiers nécessaires
00:22:27 au service d'un vieillir et d'un mourir digne.
00:22:31 Pourquoi ne pas exiger, comme le disait M. Gomaz,
00:22:35 que la loi actuelle Clesleonitis soit mieux connue du public,
00:22:39 mieux appliquée par les médecins ?
00:22:41 Pourquoi ne pas exiger, comme l'avait demandé le comité consultatif d'éthique,
00:22:46 de couvrir d'abord le territoire français de structures de soins palliatifs
00:22:50 avant d'envisager d'aller plus loin ?
00:22:53 Le choix d'intégrer le suicide assisté et l'euthanasie
00:22:56 à l'intérieur d'un vaste fourre-tout nommé soins d'accompagnement
00:23:00 leur apparaît comme une provocation.
00:23:02 Elle est d'ailleurs perçue, et ça a été dit aussi par la majorité des médecins
00:23:07 et des soignants qui ont une autre conception du soin
00:23:10 et qui savent que la confiance que leur font leurs patients âgés
00:23:14 sera mise à mal après le vote de cette loi.
00:23:17 Nous savons tous que former des médecins aux soins palliatifs,
00:23:20 faire une vraie pédagogie de la loi Leonetti,
00:23:22 former des soignants, monter des équipes hospitalières et à domicile,
00:23:26 tout cela à un coût alors qu'une injection létale ne coûtera rien.
00:23:30 Dans un contexte de disette budgétaire sévère,
00:23:33 Mme la ministre Catherine Vautrin s'est engagée à combler le retard
00:23:37 dans l'accès aux soins palliatifs avant que l'aide à mourir soit votée.
00:23:42 Est-ce qu'il n'y a pas là une contradiction entre cette promesse
00:23:47 et le fait que l'aide à mourir sera votée en 2025 ?
00:23:52 Nous pressentons toutes les inégalités que cette loi, par défaut, va créer.
00:23:58 Les vieux qui ont les moyens de rester chez eux ou dans un habitage choisi,
00:24:03 ceux qui ont une famille et des amis solidaires,
00:24:06 des relations médicales qui pourront espérer vieillir et mourir dignement
00:24:11 et se laisser glisser doucement vers la mort sans souffrir et accompagner.
00:24:16 Mais les autres, les pauvres, les esselés, les maltraités,
00:24:21 ceux que leur famille a placés dans un Ehpad situé au milieu d'un désert médical,
00:24:26 sans soins palliatifs à proximité, quel sera leur choix ?
00:24:31 Le jour où, lassés de vivre, seuls ou abandonnés,
00:24:35 ils se demanderont ce qu'ils font encore sur Terre ?
00:24:38 Le jour où ils quémanderont un regard, un geste,
00:24:42 une parole qui leur signifie qu'ils ont encore leur place dans ce monde ?
00:24:46 Quels choix auront-ils ? Leur proposera-t-on une potion létale,
00:24:51 faute de pouvoir proposer un accompagnement humain ?
00:24:54 Et si aucun médecin, aucun soignant ne veut participer à cet acte radical,
00:24:59 devront-ils nommer un proche ?
00:25:01 Et que se passera-t-il au moment de l'absorption du produit létal
00:25:05 si le corps de la personne refuse cette autodélivrance
00:25:09 et que la personne recrache ou rejette le produit ?
00:25:12 Vous n'êtes pas sans savoir que la décision de mettre fin à ces jours
00:25:16 est parfois une décision ambivalente,
00:25:18 qu'au moment de mourir, certaines personnes ont un sursaut de vie surprenant,
00:25:22 que le désir inconscient de vivre encore un peu
00:25:26 est parfois plus fort que la volonté d'en finir.
00:25:29 Les concepteurs de ce projet de loi ont-ils réfléchi aux conséquences
00:25:33 de cette assistance au suicide
00:25:35 pour celui qui sera convoqué pour l'assumer ?
00:25:39 Ce proche qui devra éventuellement donner une dose supplémentaire
00:25:44 au cas ou pris soudain d'un désir de vivre encore un peu,
00:25:47 la personne renversera sa potion.
00:25:49 Ont-ils réfléchi aux deuils compliqués qui suivront ?
00:25:53 Dans ma longue pratique de psychothérapeute,
00:25:56 j'ai parfois entendu les cauchemars
00:25:58 qui accompagnent les deuils compliqués de médecins
00:26:01 qui avaient eu un geste létal ou de proches
00:26:04 qui avaient été pris dans ce que les anglo-saxons appellent
00:26:07 le "double bind", c'est-à-dire ce double lien
00:26:11 avec cette culpabilité inévitable
00:26:15 de celui à qui on demande d'assister à un suicide.
00:26:19 Quoi qu'il fasse, qu'on assiste ou qu'on refuse d'assister,
00:26:24 on se sent coupable.
00:26:26 Et puis, dans une société agiste comme la nôtre,
00:26:30 ont-ils anticipé les inévitables pressions
00:26:33 qui seront exercées sur la personne âgée
00:26:36 dès qu'elle émettra la moindre plainte
00:26:39 par un entourage lassé ou des héritiers pressés
00:26:43 qui leur suggéreront peut-être qu'il serait temps,
00:26:45 qu'elles aient l'élégance de laisser la place à d'autres,
00:26:48 de s'auto-effacer ?
00:26:50 C'est la raison pour laquelle, et je terminerai par là,
00:26:53 je vous demande instamment, messieurs et madame les députés,
00:26:57 que la loi ne soit pas votée avant que le territoire français
00:27:01 soit entièrement couvert en termes de ressources palliatives
00:27:05 et que ceux d'entre vous qui seraient sensibles à mon propos
00:27:09 déposent un amendement prévoyant un délit d'incitation au suicide assisté.
00:27:15 Un amendement qui compléterait l'interdit d'abus de faiblesse
00:27:19 déjà prévu par la loi.
00:27:21 Car l'incitation au suicide, la pression psychologique
00:27:25 qui peut être exercée, sont différentes de l'abus de faiblesse.
00:27:29 Elles peuvent s'exercer sur une personne très âgée
00:27:32 qui a tous ses moyens cognitifs,
00:27:35 mais qui pourrait être sensible à la culpabilité
00:27:39 que représenterait un poids pour la société et pour ses enfants.
00:27:44 Je vous remercie.
00:27:46 Madame Lombard.
00:27:50 Merci madame la présidente, mesdames et messieurs les députés.
00:27:55 Comme juriste, et je m'exprimerai comme juriste,
00:27:58 la question de l'applicabilité concrète des lois
00:28:02 m'a toujours paru essentielle.
00:28:04 Lorsqu'une loi crée un droit, mais qu'il se révèle inapplicable,
00:28:10 inaccessible ou inégalement accessible,
00:28:13 le risque est de saper la confiance des Français en la loi,
00:28:17 voire en la démocratie.
00:28:19 Or, sur la question de la fin de vie,
00:28:21 trop de lois ont déçu les promesses qu'elles apportaient.
00:28:26 Comme vous m'avez censurée, madame la présidente,
00:28:29 je n'en donnerai pas d'exemple, mais il pourrait être nombreux.
00:28:33 Donc cette fois, l'enjeu est de veiller à adopter
00:28:37 une loi concrètement applicable.
00:28:40 Avant d'en venir à cela,
00:28:42 je voudrais faire quelques précisions de vocabulaire.
00:28:45 Techniquement, concrètement, juridiquement,
00:28:48 il s'agit en fait de faire une loi qui va dépénaliser
00:28:53 ce qui est actuellement interdit.
00:28:56 Mais cette dépénalisation, si elle est possible,
00:28:59 ne doit être que conditionnée,
00:29:02 comme l'a énoncé un arrêt très important
00:29:04 de la Cour européenne des droits de l'homme.
00:29:07 Condition, c'est le terme qu'utilisent les juristes
00:29:10 pour qualifier ce que d'autres appellent verrou.
00:29:15 Concernant toujours le choix des mots,
00:29:18 c'est le mot d'euthanasie qui avait été utilisé
00:29:21 par la Cour européenne des droits de l'homme dans cet arrêt,
00:29:23 et parce qu'elle examinait la loi belge
00:29:26 et que c'est le mot utilisé dans la loi belge.
00:29:30 Mais c'est une euthanasie sur demande,
00:29:33 ce qui la différencie radicalement de l'euthanasie nazie.
00:29:38 Le mot d'euthanasie a en effet deux sens totalement différents.
00:29:43 Cela peut désigner un assassinat.
00:29:46 Cela peut désigner aussi l'aide
00:29:50 apportée à un malade qui demande à être aidé à mourir.
00:29:55 Le projet de loi utilise l'expression "aide à mourir".
00:29:59 Certains la dénoncent comme euphémisante,
00:30:01 comme ne voulant rien dire, mais non, au contraire,
00:30:04 elle a le grand mérite d'éviter la dualité
00:30:07 du mot polysémique d'euthanasie.
00:30:11 Donc l'essentiel de mon propos va concerner les conditions
00:30:14 qui doivent être posées par la loi
00:30:16 pour ouvrir une telle possibilité d'aide à mourir.
00:30:20 Dans la jurisprudence de la Cour européenne de droit de l'homme,
00:30:22 il y en a trois.
00:30:24 La loi en prévoit cinq.
00:30:26 Elle peut aller plus loin.
00:30:28 Et si on regarde de près, elle en prévoit même six.
00:30:32 La première condition exclut les mineurs.
00:30:34 Je n'ai pas le temps d'en parler. J'espère qu'on en discutera.
00:30:37 La deuxième condition est d'être français
00:30:40 ou résident régulier français.
00:30:43 Beaucoup de lois de ce type comportent une réserve
00:30:47 telle que celle qu'on a ainsi conçue.
00:30:50 J'espère simplement que la Belgique, le Luxembourg et la Suisse
00:30:54 ne vont pas s'en inspirer pour limiter.
00:30:58 Restent trois questions essentielles
00:31:01 qui figurent donc trois conditions, pardon,
00:31:04 dans la jurisprudence de la Cour européenne de droit de l'homme
00:31:06 et qui aura pris le projet de loi.
00:31:09 Première condition, il doit y avoir une demande.
00:31:12 C'est la condition essentielle.
00:31:14 Une demande faite librement et en connaissance de cause
00:31:18 par le malade.
00:31:20 On pourrait beaucoup parler de cette demande libre
00:31:23 et faite en connaissance de cause.
00:31:25 Je voudrais dire une seule chose.
00:31:27 Faite en connaissance de cause, cela veut dire notamment
00:31:30 que le médecin doit informer le malade
00:31:33 de ce que pourraient lui apporter les soins palliatifs.
00:31:36 Et cela signifie aussi qu'il doit y avoir un accès effectif
00:31:40 du malade à ses soins palliatifs.
00:31:42 Autrement dit, cela va devoir vraiment stimuler
00:31:46 les progrès à faire en France pour respecter
00:31:49 effectivement cette exigence.
00:31:52 Ce sera sans doute grâce aux équipes mobiles
00:31:54 de soins palliatifs parfois.
00:31:57 La deuxième condition est que le malade subisse
00:32:00 des souffrances réfractaires ou insupportables.
00:32:05 En France, la loi énonce depuis longtemps
00:32:08 que toute souffrance, je cite, doit être prévenue,
00:32:14 évaluée, prise en compte et traitée.
00:32:17 Quelle belle loi !
00:32:19 Mais malheureusement, c'est sans compter
00:32:21 les souffrances réfractaires, celles qui échappent précisément
00:32:24 aux traitements, même palliatifs.
00:32:27 La loi de 2016 a commencé à s'en préoccuper,
00:32:30 en les citant d'ailleurs, mais uniquement
00:32:33 lorsque le pronostic vital est engagé à court terme.
00:32:36 Il s'agit maintenant d'aller plus loin,
00:32:39 car ces souffrances réfractaires peuvent être malheureusement
00:32:43 subies bien avant le pronostic vital engagé à court terme.
00:32:47 J'ai malheureusement observé lors des auditions
00:32:50 que certains persistent à nier, y compris devant vous,
00:32:56 l'existence même de ces souffrances réfractaires,
00:32:59 alors que, pardonnez-moi,
00:33:02 je n'ai pris que 15 secondes,
00:33:05 tant le Comité Consultatif National d'Ethique
00:33:08 que l'Académie de Médecine ont reconnu pleinement leur existence.
00:33:13 L'Académie de Médecine a utilisé même l'expression
00:33:16 de "souffrance inhumaine" qui figure en titre
00:33:19 de son avis du 27 juin 2023.
00:33:22 Enfin, la troisième condition est que le malade
00:33:26 doit être atteint d'une maladie grave et incurable,
00:33:29 ce qui veut dire que, à terme, son pronostic vital est engagé.
00:33:33 Mais la Cour européenne des droits de l'homme, quant à elle,
00:33:36 n'a nullement ajouté une condition de pronostic vital engagé
00:33:40 à court ou moyen terme.
00:33:43 Mieux même, dans son arrêt si important de 2022,
00:33:46 elle a admis qu'une euthanasie pouvait être effectuée
00:33:51 à la demande d'une malade qui aurait pu vivre, en fait,
00:33:55 encore 10 ans, peut-être, avec ces souffrances inhumaines.
00:34:00 La Cour a simplement souligné que, dans ce cas-là,
00:34:04 les conditions procédurales devaient être renforcées,
00:34:08 en l'occurrence, 3 avis de médecin au lieu de 2,
00:34:12 et un délai plus long pour la réitération de la demande.
00:34:17 Or, le projet de loi qui vous est soumis,
00:34:20 donc, ajoute une condition supplémentaire,
00:34:23 une condition qui, comme chacun l'a dit,
00:34:26 comme tous les médecins que vous avez auditionnés l'ont dit,
00:34:29 qu'il soit hostile ou favorable à la mort.
00:34:32 Cette condition de pronostic vital engagé à moyen terme
00:34:35 sera très difficile à apprécier.
00:34:39 Alors, il y a une solution qui a été avancée par Régis Aubry,
00:34:43 qui est entente, selon laquelle le moyen terme
00:34:46 se définirait dans la singularité de chaque cas.
00:34:50 Ce serait donc, cas par cas, que le médecin dirait
00:34:56 s'il y a effectivement cette condition de réunie,
00:34:59 sans critères objectifs.
00:35:01 Je crains personnellement que cela consiste à revenir,
00:35:05 pour une part, à la situation actuelle,
00:35:08 où il vaut mieux avoir un bon réseau social parmi les médecins
00:35:12 pour trouver un espoir concret d'échapper aux souffrances.
00:35:17 Une approche plus objective consiste à confier
00:35:20 à la Haute Autorité de Santé le soin de dire
00:35:22 ce qu'est le moyen terme en fonction des différentes pathologies.
00:35:25 Mais pourquoi faudrait-il, une fois de plus,
00:35:28 confier à la Haute Autorité de Santé le soin de définir
00:35:32 ce que serait la portée concrète de la loi ?
00:35:36 Cette condition, franchement mystérieuse,
00:35:39 s'inspire en fait du modèle de l'Oregon.
00:35:43 D'un modèle cité par l'avis du Comité consultatif national d'éthique,
00:35:49 cet État a, depuis 1997, prévu que,
00:35:54 les malades qui ont un pronostic vital engagé à 6 mois,
00:35:58 peuvent obtenir une prescription d'un produit létal.
00:36:02 Mais c'est un modèle que, en dehors des Etats-Unis,
00:36:05 seules l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont imité.
00:36:09 Et même dans ce dernier État, une récente pétition de médecins
00:36:13 vient de demander la suppression de cette condition
00:36:16 tant elle laisse de malades de côté.
00:36:19 Si le Parlement devait faire ce choix,
00:36:24 la France s'écarterait radicalement des valeurs européennes.
00:36:30 En Europe, chaque fois qu'une loi a été adoptée
00:36:35 pour ouvrir une possibilité d'aide à mourir,
00:36:38 par-delà la diversité des modalités de cette aide à mourir,
00:36:42 il a toujours été veillé, que ce soit,
00:36:45 je vais le citer par l'ordre chronologique, aux Pays-Bas,
00:36:48 en Belgique, au Luxembourg, en Espagne, en Autriche même,
00:36:51 et de façon très précise, il a été veillé à ce que
00:36:54 des malades atteints par exemple de la maladie de Charcot,
00:36:57 ou d'une sclérose en plaques,
00:37:00 ou d'une autre maladie neurodégénérative,
00:37:02 puissent tout de même demander à être aidés à mourir
00:37:07 s'ils subissent des souffrances réfractaires,
00:37:10 et cela sans attendre les tout derniers mois de la maladie.
00:37:14 J'ose à peine imaginer le sentiment d'incompréhension,
00:37:20 pour le moins, j'espère pas de trahison des Français,
00:37:24 si par l'ajout de cette condition bien mystérieuse
00:37:27 de pronostic vital engagé à moyen terme,
00:37:30 la loi devait finalement avoir une portée symbolique,
00:37:33 c'est vrai, fortement symbolique,
00:37:36 mais tellement restrictive en pratique, à l'égard des malades.
00:37:39 Alors, faute de temps, vous nous avez coupés,
00:37:42 je ne ferai que lister tout ce dont je ne pourrai pas parler,
00:37:45 mais qui peut-être fera l'objet de questions,
00:37:47 les modalités de l'aide à mourir.
00:37:49 Sachons que si un choix était donné aux malades
00:37:53 entre auto-administration du produit létal
00:37:56 ou administration par intérieur,
00:37:58 cela ne violerait en tout cas aucun principe conventionnel.
00:38:02 Concernant les directives anticipées,
00:38:05 il y aurait tellement à dire
00:38:07 sur l'absence étrange de ces directives anticipées
00:38:12 pour l'aide à mourir.
00:38:13 Certes, il ne faut pas tout prévoir,
00:38:15 il y aurait un curseur à placer de la façon la plus juste,
00:38:18 mais enfin, l'absence totale est une négation même
00:38:22 de la raison d'être des directives anticipées.
00:38:25 Et enfin, pour finir, permettez-moi, Madame la Présidente,
00:38:28 de dire juste une dernière chose.
00:38:30 C'est une anomalie que je crois
00:38:32 personne n'a encore évoquée devant vous,
00:38:34 alors que le Conseil d'Etat l'a signalé
00:38:36 dans son avis qui n'a malheureusement pas été suivi sur ce point.
00:38:40 Cette anomalie consiste à donner compétence
00:38:43 aux juges administratifs
00:38:45 pour connaître dans tous les cas
00:38:47 des recours contre les décisions
00:38:50 - quel vocabulaire ? -
00:38:51 contre les décisions de médecins
00:38:53 qui estimeraient que le malade n'est pas assez malade
00:38:56 pour pouvoir bénéficier d'une aide à mourir.
00:38:59 Le juge administratif est certes légitime
00:39:02 pour connaître de tout ce qui se passe dans les hôpitaux publics,
00:39:05 mais que viendrait-il d'âbe, diable, faire
00:39:08 dans les relations entre un malade
00:39:10 et son médecin traitant de ville ?
00:39:13 De même, pourquoi retirer,
00:39:15 dessaisir le jeu judiciaire
00:39:17 pour les établissements privés
00:39:19 qui ont aussi des soins palliatifs,
00:39:21 là par exemple où exerce la présidente de la SfAP ?
00:39:25 La justification avancée serait d'éviter
00:39:28 tout risque de disparaître de jurisprudence.
00:39:31 Mais ce serait ignorer
00:39:33 qu'il existerait toujours, de toute façon,
00:39:36 des risques de saisine du juge pénal.
00:39:38 Et ce serait une bonne chose
00:39:40 de juge des tutelles
00:39:42 pour les majeurs protégés.
00:39:43 Là aussi, nous pourrions en parler.
00:39:45 Alors ce n'est pas ce qu'il y a de plus problématique
00:39:48 dans ce projet de loi.
00:39:49 Mais si vous pouviez le corriger,
00:39:51 je vous en remercierais.
00:39:53 Merci à vous.
00:39:54 Merci madame Lombard.
00:39:55 Je ne crois pas vous avoir interrompu, je ne crois pas.
00:39:58 Mais dix minutes, c'est bien le temps qui vous était précisé.
00:40:00 L'idée, c'est quand même d'avoir un échange
00:40:01 avec nos collègues parlementaires.
00:40:02 Et nul doute,
00:40:04 que vous pouvez aussi nous faire parvenir
00:40:07 une contribution écrite.
00:40:08 Certains d'entre vous l'ont déjà fait.
00:40:11 Monsieur Sicard.
00:40:13 Je suis confronté à ces questions
00:40:18 et je passe mon temps à évoluer.
00:40:21 Et j'étais frappé de voir,
00:40:23 depuis un quart de siècle,
00:40:25 la responsabilité de la médecine
00:40:28 dans l'incapacité de porter attention à la fin de vie.
00:40:33 Et c'est cette incapacité qui a fait
00:40:36 que les soins palliatifs ont toujours été considérés
00:40:39 comme des soins accessoires.
00:40:41 Et qu'il n'y a aucune formation universitaire
00:40:44 et ce n'est pas en quelques mois,
00:40:46 même en quelques années,
00:40:47 qu'on va pouvoir restaurer
00:40:49 une véritable politique de soins palliatifs,
00:40:51 comme en Angleterre.
00:40:52 Où d'ailleurs, je suis frappé de voir
00:40:54 qu'on ne parle jamais de l'aide
00:40:57 à mourir anglaise,
00:40:59 qui est essentiellement fondée
00:41:01 sur les soins palliatifs.
00:41:03 Alors, moi j'ai vu le projet de loi
00:41:06 et je suis frappé de voir que
00:41:08 proposer une loi sur l'aide active à mourir,
00:41:11 avec toutes les ambiguïtés des mots,
00:41:12 mais je ne reviens pas dessus,
00:41:14 qui en fait ne répond qu'à la volonté
00:41:17 de 2 à 3% des personnes
00:41:19 dont on sait très très bien le profil
00:41:21 et les quelques cas douloureux
00:41:24 qui sont concernés,
00:41:26 et qui n'apportent aucune protection
00:41:28 aux 97 à 98% des citoyens,
00:41:33 en dehors des promesses intenables.
00:41:36 Et au fond, une loi,
00:41:38 elle n'est pas forcément faite
00:41:40 pour une partie minime de la population,
00:41:43 même si les sondages répondent
00:41:46 "Est-ce que vous voulez souffrir jusqu'à la fin
00:41:49 ou est-ce que vous préférez que
00:41:50 si les souffrances sont insupportables,
00:41:53 qu'on mette fin à leur vie ?
00:41:54 Je ne comprends pas qu'on ne soit pas à 100%
00:41:57 et qu'on reste à 90%".
00:42:00 Au fond, ce qui m'a frappé dans ce projet de loi,
00:42:02 c'est que c'est un papier collé
00:42:04 d'une association militante de la DMD,
00:42:07 respectable,
00:42:08 mais qui tient des propos
00:42:12 qui sont en décalage total
00:42:15 avec la qualité de la réflexion antérieure
00:42:18 de la Commission citoyenne,
00:42:19 du CCNE, du Conseil d'État,
00:42:22 bref, d'un certain nombre d'instances
00:42:26 qui ont montré les limites
00:42:28 d'une loi qui doit être en même temps rédigée,
00:42:32 mais qui est extrêmement difficile à rédiger
00:42:34 pour ne pas universaliser forcément
00:42:37 des situations particulières.
00:42:39 Alors, on parle sans arrêt de l'affaire Vincent Lambert.
00:42:42 Vincent Lambert, ça n'a rien à voir avec la fin de vie
00:42:44 puisque la médecine avait décidé
00:42:46 de mettre fin à la vie
00:42:48 et que ce sont des conflits familiaux
00:42:50 que la justice, d'ailleurs, a eu de la peine à résoudre,
00:42:53 mais je ne vois pas en quoi l'affaire Vincent Lambert
00:42:55 rentre dans le débat actuel.
00:42:57 La critique...
00:42:59 - Vincent Lambert, pas Lambert.
00:43:01 - Oui, moi je parle de Vincent Lambert
00:43:03 parce qu'on oscille au Vincent.
00:43:05 La critique primaire de la sédation
00:43:07 comme si c'était une pratique euthanasique,
00:43:11 alors que je pense que la loi de 2016
00:43:14 a introduit cette capacité
00:43:16 de permettre à toutes celles que j'ai pu voir
00:43:21 mourir après une sédation jusqu'à la fin de vie
00:43:25 ont été des morts très douces,
00:43:27 des morts qui ont rassuré l'entourage
00:43:29 et je trouve que c'est un progrès absolument considérable.
00:43:33 Et cette fascination permanente de la loi belge,
00:43:36 j'ai été auditionné au moment, en 2002,
00:43:40 au Parlement belge.
00:43:41 Et j'étais frappé de voir le divorce qu'il y avait
00:43:44 entre une culture flamande fascinée par la Hollande
00:43:46 et une culture vallone qui était beaucoup plus réticente.
00:43:49 Mais la culture vallone était écrasée par la culture flamande.
00:43:52 Autrement dit, penser que c'est très simple
00:43:55 et qu'une loi doit répondre à 90% des citoyens
00:43:58 méconnaît de fait des questions sous-jacentes
00:44:01 qui restent extraordinairement contradictoires.
00:44:04 Et en Belgique, c'est très difficile, effectivement,
00:44:07 d'en avoir la preuve,
00:44:09 mais la bureaucratie de l'aide à mourir, de l'euthanasie,
00:44:12 aboutit à ce qu'un certain nombre d'euthanasiques langues d'estines,
00:44:15 à partir du moment où la médecine a accepté l'euthanasie,
00:44:19 se font, parce que la loi le permet,
00:44:21 on ne va pas remplir des papiers qui sont toujours un peu compliqués.
00:44:24 Et au fond, dans les articles,
00:44:27 dire qu'un médecin, une assistance médicale sera présente
00:44:31 lors du geste du suicide de la personne
00:44:35 me paraît absolument contradictoire avec la médecine.
00:44:38 Les médecins que j'ai pu voir et qui étaient en Suisse,
00:44:41 quand j'étais là-bas,
00:44:43 et qui m'ont raconté la détresse des médecins devant cette assistance.
00:44:48 Et on peut imaginer que ce soit des petits-enfants
00:44:51 ou des familles, des cousins,
00:44:53 et ils vont mettre des "moi".
00:44:55 Et qu'au fond, on oublie toujours que pour l'entourage,
00:44:58 une mort par euthanasie,
00:45:00 on la montre dans les films, le champagne,
00:45:02 les petites clochettes dans la Suisse,
00:45:04 mais c'est d'une violence humaine extraordinairement forte.
00:45:09 C'est donc une première au monde que de demander à un médecin
00:45:12 d'être là et d'assister simplement à une absorption d'un produit.
00:45:19 Les délais bureaucratiques avec des jours ouvrés
00:45:23 sont totalement aussi réduits à néant
00:45:26 par le fait qu'un médecin peut, dans la loi,
00:45:29 permettre, en cas d'urgence,
00:45:31 et comme vous le disiez, la sédation terminale
00:45:33 est à ce moment-là parfaitement légitime,
00:45:35 et donc introduit une non-importance
00:45:41 des délais de réflexion.
00:45:43 Les soins palliatifs, je disais un mot tout à l'heure,
00:45:47 mais c'est un peu comme le droit au logement.
00:45:49 Le problème, c'est qu'actuellement,
00:45:51 la médecine est dans une situation tragique.
00:45:53 Il n'y a pas assez de médecins.
00:45:55 Même dans le rapport sur les soins palliatifs
00:45:58 que j'ai lu entièrement, on estime qu'avant 2030,
00:46:01 il n'y aura pas de progrès considérable,
00:46:03 même avec des efforts financiers énormes,
00:46:05 de milliards d'euros,
00:46:07 et que la médecine elle-même est responsable,
00:46:09 dans la mesure où j'étais au CNU,
00:46:11 je n'ai jamais pu introduire,
00:46:14 dans la section dans laquelle j'étais,
00:46:16 la médecine interne,
00:46:18 une section pour former des professeurs
00:46:20 de soins palliatifs,
00:46:21 la médecine portant toujours un jugement
00:46:23 relativement lointain
00:46:26 devant cette aide à mourir,
00:46:29 ou surtout cette aide à accompagner.
00:46:32 Et quand on sait qu'actuellement,
00:46:34 il faut 6 mois devant une douleur infernale
00:46:36 pour aboutir à un service antidouleur,
00:46:38 on voit très très bien, au fond,
00:46:40 les contradictions qu'ils vont avoir
00:46:42 entre une loi qui va permettre l'aide à mourir
00:46:44 et l'incapacité de répondre réellement
00:46:47 à des souffrances intolérables.
00:46:49 Les 3 ou 4 questions que je voudrais poser à la fin,
00:46:52 c'est que, au fond, une loi,
00:46:55 elle est faite pour pas simplement répondre
00:46:57 à la loi en 2024 ou 2025,
00:47:00 elle est là pour anticiper le futur.
00:47:02 Et tirer un enseignement,
00:47:04 que depuis 22 ans,
00:47:06 la loi Belge a été modifiée une dizaine de fois
00:47:08 pour élargir sans fait
00:47:10 aux enfants, aux prisonniers, aux malades psychiatriques,
00:47:12 aux débuts d'Alzheimer,
00:47:14 bref, la loi est toujours,
00:47:17 et l'ADMD a très bien compris,
00:47:19 que s'il pouvait y avoir une loi
00:47:21 qui introduisait cette aide à mourir,
00:47:23 eh bien c'était un premier pas
00:47:25 qui serait rapidement élargi par une deuxième loi,
00:47:27 une troisième loi et une dixième loi.
00:47:30 La modération des recommandations actuelles
00:47:35 sur les personnes accessibles
00:47:38 n'est donc qu'un élargissement
00:47:40 à un futur permanent
00:47:42 en revendiquant le caractère
00:47:44 ultérieurement provisoire
00:47:46 de la loi en cours.
00:47:48 En fait, le problème, pour moi, le plus important,
00:47:51 c'est d'anticiper les conséquences d'une loi
00:47:55 sur les personnes les plus vulnérables,
00:47:57 que sont les personnes âgées, dans lesquelles je me mets,
00:48:00 les personnes en situation de handicap.
00:48:02 J'étais frappé de voir les enfants
00:48:04 atteints de, vous savez, des troubles
00:48:06 cognitifs et surtout moteurs,
00:48:09 et qu'on voit dans la rue, qui sont bouleversants,
00:48:11 et qui me disaient, il y a une différence
00:48:13 entre vous et nous, nous,
00:48:15 on ne nous pose pas de questions sur notre droit à l'existence
00:48:17 et votre bonheur, vous, vous passez votre temps
00:48:20 à penser qu'on serait beaucoup mieux morts.
00:48:22 Et comme je travaille dans des organismes handicapés,
00:48:25 quand je vois que, quand ils sont accueillis à l'hôpital,
00:48:28 ils ont 30 ou 40% de refus,
00:48:30 parce que l'hôpital dit, je n'ai pas le temps
00:48:32 de m'occuper de vous, ça prendrait trop de temps.
00:48:34 On peut imaginer qu'à ce moment-là,
00:48:36 il y aurait des tentations de passer à l'acte.
00:48:39 Jamais dans cette loi, on ne parle de protection,
00:48:41 on ne parle que de droit, de liberté.
00:48:44 Une liberté n'a de sens que si elle protège
00:48:46 ceux qui ne voudraient pas l'utiliser.
00:48:49 La vie est avant tout relation,
00:48:51 et que la plus grande partie de ceux qui le demandent
00:48:54 sont des gens qui sont dans une grande solitude.
00:48:56 Et à partir du moment où cette loi répondrait plus
00:49:00 à des demandes plus sociales qu'individuelles,
00:49:03 est préoccupant.
00:49:04 Et puis le Canada nous a donné quand même
00:49:06 une information intéressante,
00:49:07 c'est l'économie de milliards de dollars
00:49:09 qu'ils ont obtenu depuis l'instauration de cette loi.
00:49:15 Donc au fond, en conclusion,
00:49:17 rédiger une loi sur l'acte à mourir
00:49:19 est un des moments les plus difficiles d'une législature.
00:49:23 Parce que ces rédacteurs passent leur temps
00:49:26 à affronter l'universalisation de situations individuelles.
00:49:30 Les lois précédentes de 2005 et 2016,
00:49:33 qui sont des lois françaises,
00:49:34 étaient des lois admirées dans le monde entier.
00:49:36 J'avais été en Amérique,
00:49:38 et j'avais été frappé de voir qu'en Amérique du Sud,
00:49:40 ils étaient fascinés par la qualité des lois.
00:49:43 Ils n'avaient jamais eu une loi sur ces sujets,
00:49:45 laissant, au fond, aux situations individuelles,
00:49:49 trouver des solutions.
00:49:50 À mon sens, les conséquences actuelles d'une telle loi
00:49:54 risquent de mettre en péril
00:49:56 les avancées des lois précédentes,
00:49:58 en mettant la médecine au défi de l'appliquer,
00:50:02 avec des conséquences chaotiques,
00:50:03 des médecins euthanasieurs,
00:50:05 des médecins qui refuseraient,
00:50:06 et donc avec un clivage
00:50:08 qui, dans la médecine actuelle,
00:50:10 serait probablement préjudiciable.
00:50:12 La noblesse du politique,
00:50:14 ce n'est pas simplement de trouver une loi
00:50:16 qui répond à la demande libertaire
00:50:18 d'un certain nombre de personnes,
00:50:20 quelle que soit leur justification
00:50:22 et la compréhension de ce que je peux comprendre
00:50:24 comme demande,
00:50:25 c'est de penser sans cesse
00:50:27 aux conséquences à long terme
00:50:29 pour les plus vulnérables de demain,
00:50:31 dans un monde du soin
00:50:32 qui n'a jamais été en France
00:50:34 autant fragilisé.
00:50:36 Merci, Mme Touraine.
00:50:41 Merci, Mme la Présidente,
00:50:43 M. le Rapporteur général,
00:50:44 Mesdames, Messieurs les députés,
00:50:45 je vous remercie pour l'opportunité
00:50:48 que vous m'offrez d'exprimer ma position,
00:50:50 et donc je vais commencer par vous dire
00:50:52 quelle est ma position de principe
00:50:54 avant de vous faire trois observations
00:50:56 sur le projet de loi
00:50:58 dont vous allez débattre.
00:51:02 Je suis depuis longtemps favorable
00:51:05 à l'adoption d'une loi
00:51:06 pour une aide active à mourir.
00:51:08 J'ai été, comme beaucoup,
00:51:10 confrontée à plusieurs reprises
00:51:12 à des situations très douloureuses
00:51:15 concernant des très proches,
00:51:17 mais je ne suis pas une militante
00:51:19 de cette cause,
00:51:20 je n'appartiens à aucune association,
00:51:23 et même si j'espère que
00:51:26 cette loi, avec des aménagements,
00:51:30 sera votée,
00:51:32 je souhaite que, évidemment,
00:51:34 votre débat puisse être aussi serein
00:51:36 que possible.
00:51:38 Il me semble qu'aujourd'hui,
00:51:40 il s'agit d'entendre l'aspiration
00:51:42 de nos concitoyens
00:51:44 à rester maîtres de leur vie
00:51:46 jusqu'au bout de leur vie,
00:51:48 c'est-à-dire jusqu'au moment
00:51:50 de leur mort,
00:51:52 alors même que ce droit
00:51:54 ou cette liberté qui leur serait offerte
00:51:56 de choisir leur mort
00:51:58 ne retranche rien à personne,
00:52:01 et n'enlève rien à personne.
00:52:04 Il s'agit d'ouvrir un droit,
00:52:07 une liberté,
00:52:09 et certainement pas, évidemment,
00:52:11 d'imposer une obligation
00:52:13 ou d'ouvrir une obligation,
00:52:15 un cadre qui s'imposerait
00:52:17 à l'ensemble de la population.
00:52:19 Et je crois même
00:52:21 que le fait d'ouvrir un droit,
00:52:23 une liberté,
00:52:25 a une vertu apaisante,
00:52:27 et que des femmes et des hommes
00:52:29 qui souffrent,
00:52:31 ou ont peur, j'y reviendrai,
00:52:33 de souffrir,
00:52:35 s'inquiètent à l'idée de souffrir,
00:52:37 sachant qu'une perspective
00:52:39 est ouverte, qu'un droit,
00:52:41 une liberté leur sera
00:52:43 éventuellement proposée,
00:52:45 pourraient ne pas l'utiliser,
00:52:47 pourraient en tout cas vivre
00:52:49 jusqu'au moment ultime
00:52:51 de manière plus sereine
00:52:53 que s'ils savaient,
00:52:55 que s'ils savent, comme aujourd'hui,
00:52:57 qu'au fond,
00:52:59 ils n'ont d'autres solutions,
00:53:01 si ça leur est possible,
00:53:03 que de partir à l'étranger,
00:53:05 des personnes qui savent comment faire
00:53:07 et qui ont les moyens de le faire.
00:53:09 J'ai été confrontée,
00:53:11 je l'ai dit, à des situations
00:53:13 personnellement très difficiles,
00:53:15 à plusieurs
00:53:17 décennies d'écart,
00:53:19 et j'ai vu
00:53:21 l'évolution de notre société,
00:53:23 j'ai vu l'évolution aussi
00:53:25 des demandes, des aspirations,
00:53:27 et je crois
00:53:29 qu'aujourd'hui, nous sommes confrontés
00:53:31 à l'évolution de la société,
00:53:33 nous considérons que la société,
00:53:35 la majorité de Français,
00:53:37 considère que la société n'a pas à nous dire
00:53:39 comment vivre,
00:53:41 et encore moins comment mourir,
00:53:43 mais qu'elle doit nous aider, qu'elle doit aider
00:53:45 chacun d'entre nous à vivre et à mourir
00:53:47 le mieux possible, et en ce sens,
00:53:49 l'aide à mourir
00:53:51 est bien l'expression d'une fraternité
00:53:53 et d'une solidarité.
00:53:55 Et c'est la raison pour laquelle
00:53:57 je n'oppose pas les soins palliatifs,
00:53:59 qui sont évidemment indispensables,
00:54:01 je ne crois pas qu'il serait une folie,
00:54:03 une absurdité de le nier,
00:54:05 je n'oppose pas les soins palliatifs
00:54:07 et le droit à bénéficier
00:54:09 d'une aide à mourir,
00:54:11 je crois au contraire
00:54:13 qu'il y a là une complémentarité.
00:54:15 Je tiens à préciser
00:54:17 que cette position que je vous exprime
00:54:19 était déjà la mienne
00:54:21 lors de l'adoption de la loi Claes-Leonetti,
00:54:23 j'ai mené
00:54:25 pour le gouvernement
00:54:27 alors les débats
00:54:29 à l'Assemblée, enfin au Parlement,
00:54:31 j'ai évidemment respecté
00:54:33 les arbitrages, comme ministre,
00:54:35 les arbitrages qui avaient été rendus
00:54:37 qui ne correspondaient pas à ce que j'espérais,
00:54:39 mais je les ai évidemment
00:54:41 respectés,
00:54:43 et je n'ai pour autant
00:54:45 jamais caché que je considérais
00:54:47 que le texte voté
00:54:49 était porteur d'avancées pour les malades,
00:54:51 mais que ces avancées
00:54:53 étaient insuffisantes. Vous me permettrez
00:54:55 d'observer qu'à l'époque déjà,
00:54:57 un certain nombre de personnes
00:54:59 s'opposaient à cette loi
00:55:01 en appelant
00:55:03 à en rester à la loi
00:55:05 Leonetti de 2005,
00:55:07 et je constate que souvent,
00:55:09 ces personnes sont celles qui, aujourd'hui,
00:55:11 appellent à en rester à la loi
00:55:13 Claes-Leonetti, alors peut-être qu'un jour
00:55:15 d'autres évolutions
00:55:17 appelleront le même type de positionnement.
00:55:19 Je voudrais maintenant
00:55:21 faire trois observations en référence
00:55:23 au projet de loi lui-même dont vous êtes
00:55:25 saisis, parce que, évidemment,
00:55:27 l'essentiel
00:55:29 est de passer d'une position de principe
00:55:31 à un texte concret
00:55:33 qui va être opposable, en quelque sorte,
00:55:35 et qui va faire la loi,
00:55:37 justement, qui va être la loi
00:55:39 collective, mais,
00:55:41 et j'insiste, quelle que soit la position,
00:55:43 d'ailleurs, il n'y a pas de texte qui ne soit
00:55:45 l'émanation d'une
00:55:47 position de principe et d'une vision.
00:55:49 C'est-à-dire que
00:55:51 le choix des mots, le choix de la
00:55:53 rédaction d'une loi est, évidemment,
00:55:55 porté par une
00:55:57 conception de la vie
00:55:59 en société et de la place que chacune
00:56:01 et chacun d'entre nous peut y occuper. Et ma première
00:56:03 observation, justement,
00:56:05 c'est que, contrairement à ce que
00:56:07 j'entends de la part de certains responsables
00:56:09 gouvernementaux,
00:56:11 ce projet de loi
00:56:13 ouvre bien un nouveau droit ou une nouvelle
00:56:15 liberté.
00:56:17 Et c'est d'ailleurs pour cela
00:56:19 qu'il marque, selon moi, une avancée réelle.
00:56:21 Si ça n'était pas le cas, vous me permettrez de penser
00:56:23 que ça ne serait pas la peine de légiférer.
00:56:25 On ne fait pas une loi
00:56:27 si ça n'est pas pour apporter
00:56:29 quelque chose de nouveau.
00:56:31 Un droit, une liberté.
00:56:33 Je ne sous-estime pas la portée
00:56:35 symbolique des mots et
00:56:37 parler d'aide à mourir ou d'aide active
00:56:39 à mourir me convient bien,
00:56:41 j'avoue, certains le savent ici, j'avoue
00:56:43 que j'ai hésité,
00:56:45 j'ai réfléchi,
00:56:47 j'ai été interpellée par le choix de
00:56:49 ces termes
00:56:51 qui renvoient à beaucoup de choses, au fond,
00:56:53 qui peuvent renvoyer à beaucoup de choses.
00:56:55 Qui peuvent, pardon, renvoyer à beaucoup de choses.
00:56:57 Ça met l'accent sur la démarche de l'aide aux
00:56:59 patients, ce qui est certainement positif
00:57:01 et exprime une solidarité,
00:57:03 mais il faut savoir reconnaître ce que ces mots
00:57:05 veulent dire.
00:57:07 Et ces mots renvoient bien
00:57:09 à l'assistance au suicide, dans le cadre
00:57:11 de ce projet de loi.
00:57:13 Ils renvoient bien à une assistance au suicide
00:57:15 qui peut aller jusqu'à
00:57:17 une forme d'euthanasie,
00:57:19 une euthanasie limitée,
00:57:21 puisqu'elle est définie
00:57:23 dans un cadre très précis.
00:57:25 Et pour ma part, je me retrouve
00:57:27 assez bien pour dire
00:57:29 qu'il pourrait être
00:57:31 envisagé que si la personne
00:57:33 le souhaite, alors même
00:57:35 qu'elle peut elle-même pratiquer le geste
00:57:37 létal, si le médecin
00:57:39 ou le soignant en est d'accord,
00:57:41 on ne voit pas pourquoi il faudrait lui retirer
00:57:43 cette possibilité-là.
00:57:45 Parce que, précisément,
00:57:47 il n'y a pas d'ambiguïté
00:57:49 dans le lien,
00:57:51 il ne doit pas y avoir d'ambiguïté
00:57:53 dans le lien qu'il y a entre la volonté
00:57:55 exprimée par la personne
00:57:57 et le processus qui s'enclenche.
00:57:59 Alors que l'euthanasie
00:58:01 peut se définir
00:58:03 de manière totalement
00:58:05 indépendante, évidemment, ça devient
00:58:07 tout à fait autre chose.
00:58:09 Donc, je ne préconise pas,
00:58:11 ma position n'est pas de dire qu'il faut revenir
00:58:13 à un terme,
00:58:15 mais que je souhaite que le débat
00:58:17 parlementaire permette d'éclairer
00:58:19 la portée
00:58:21 effective des mots qui sont
00:58:23 employés, parce que c'est quand on est clair
00:58:25 et transparent qu'une volonté
00:58:27 collective peut exister. Si on
00:58:29 veut que chacun sache ce que la loi lui
00:58:31 donne comme possibilité, il ne faut pas
00:58:33 qu'il y ait d'ambiguïté. Et donc, il faut
00:58:35 que les Français puissent savoir
00:58:37 ce qu'il leur sera possible de demander
00:58:39 et ce qu'il ne leur sera pas possible
00:58:41 de demander. Parlons d'aide active
00:58:43 à mourir, mais disons exactement
00:58:45 en quoi elle consiste. Ma deuxième observation
00:58:47 est que si la loi
00:58:49 ouvre un nouveau droit, elle doit évidemment
00:58:51 poser le cadre de référence dans lequel
00:58:53 ce droit va pouvoir s'exercer.
00:58:55 La loi doit évidemment
00:58:57 garantir l'effectivité du droit
00:58:59 qui est posé, sinon ça ne sert
00:59:01 à rien.
00:59:03 Je n'entre pas dans les détails,
00:59:05 je n'ai pas le temps. Elle doit ensuite
00:59:07 évidemment garantir, et c'est pour moi
00:59:09 essentiel, que la volonté du malade est
00:59:11 respectée et cette
00:59:13 volonté, elle seule, seule
00:59:15 la volonté du malade, doit
00:59:17 être entendue. C'est évidemment
00:59:19 le point fondamental pour
00:59:21 éviter
00:59:23 d'éventuelles dérives.
00:59:25 Mais à cet égard,
00:59:27 je dois dire que je regrette
00:59:29 la disparition
00:59:31 des directives anticipées dans le dispositif
00:59:33 qui est posé.
00:59:35 Elle pourrait notamment, ces directives
00:59:37 d'abord parce qu'elles permettent
00:59:39 une pédagogie en quelque sorte
00:59:41 de la réflexion
00:59:43 pour le malade.
00:59:45 On sait très bien que si on n'est pas
00:59:47 malade, et encore plus si on a 30 ans,
00:59:49 mais même si on n'a pas 30 ans et qu'on
00:59:51 n'est pas malade, c'est extrêmement difficile
00:59:53 d'écrire une directive anticipée.
00:59:55 Mais
00:59:57 si on devient malade,
00:59:59 si on tombe malade, réfléchir
01:00:01 à cela peut être
01:00:03 important, et en particulier
01:00:05 si la personne ne pouvait pas,
01:00:07 ne pouvait plus faire
01:00:09 réexprimer sa volonté
01:00:11 au moment ultime,
01:00:13 alors même que le processus a été
01:00:15 engagé. Je suis assez
01:00:17 sensible à ce que certains ont
01:00:19 pointé sur le fait qu'on
01:00:21 peut dire ce que l'on veut, on peut le répéter,
01:00:23 et avant le moment
01:00:25 ultime, on peut devenir
01:00:27 inconscient du fait de l'évolution
01:00:29 de la maladie, et parce qu'on ne
01:00:31 pourrait plus, à la dernière étape,
01:00:33 réexprimer sa volonté,
01:00:35 on ne pourrait plus bénéficier
01:00:37 de l'aide
01:00:39 active à mourir,
01:00:41 peut-être que les directives anticipées
01:00:43 seraient une façon de contourner
01:00:45 cette difficulté qui me
01:00:47 semble réelle. En revanche,
01:00:49 et c'est ma troisième observation,
01:00:51 il ne faut pas attendre de la loi,
01:00:53 en tout cas c'est ma conception,
01:00:55 qu'elle règle comme du papier à musique,
01:00:57 si j'ose dire, l'ensemble des questions concrètes
01:00:59 et des questions éthiques.
01:01:01 La loi fixe un cadre
01:01:03 principiel, mais la singularité
01:01:05 de chaque cas doit renvoyer à ce que
01:01:07 le Conseil d'État appelle la "sagesse pratique"
01:01:09 dans son rapport de 2018,
01:01:11 et cette sagesse pratique
01:01:13 elle se construit
01:01:15 dans le dialogue du malade
01:01:17 avec son environnement,
01:01:19 son entourage, et si possible
01:01:21 avec son médecin, ou en tout cas
01:01:23 avec un médecin, puisqu'il y a son médecin
01:01:25 et si ça n'est pas possible d'aller
01:01:27 jusqu'au bout avec son médecin,
01:01:29 il faut aller avec un médecin, une équipe soignante,
01:01:31 et je crois,
01:01:33 pardon,
01:01:35 je crois pour ma part qu'il faut faire confiance
01:01:37 à ce dialogue singulier,
01:01:39 mais précisément parce que ce dialogue singulier
01:01:41 doit ouvrir des libertés.
01:01:43 Je ne vois pas du tout le rapport,
01:01:45 le dialogue singulier comme quelque chose qui viendrait
01:01:47 limiter la possibilité
01:01:49 pour le malade d'être accompagné,
01:01:51 je crois au contraire
01:01:53 qu'il doit permettre
01:01:55 d'apprécier les situations
01:01:57 au cas par cas, et de ce point de vue,
01:01:59 j'avoue ma perplexité devant la précision
01:02:01 qui est introduite dans le projet de loi
01:02:03 et qui veut que seul
01:02:05 pourrait bénéficier de l'aide à mourir
01:02:07 ceux dont le pronostic vital est engagé
01:02:09 à court ou moyen terme.
01:02:11 Outre la difficulté à préciser
01:02:13 ce terme,
01:02:15 je trouve que c'est
01:02:17 précisément
01:02:19 sur ce terrain-là
01:02:21 que le dialogue, la relation de confiance
01:02:23 entre le malade et le médecin peut s'exercer,
01:02:25 le médecin, le soignant peut s'exercer.
01:02:27 C'est-à-dire que je considère justement
01:02:29 que si on enlève la référence au terme,
01:02:31 c'est la relation
01:02:33 entre le malade et son médecin
01:02:35 qui devient prépondérante et dominante
01:02:37 contrairement à ce que peuvent
01:02:39 craindre un certain nombre de soignants.
01:02:41 Je ne veux pas suggérer d'élargir
01:02:43 infiniment, si j'ose dire,
01:02:45 le champ d'application de la loi,
01:02:47 mais de le rendre souple
01:02:49 et flexible.
01:02:51 Et de ce point de vue-là d'ailleurs,
01:02:53 je voudrais poser la question de savoir
01:02:55 s'il est bien clair que la volonté
01:02:57 de ne pas souffrir, alors même
01:02:59 que l'on ne souffre pas encore,
01:03:01 si la volonté de ne pas souffrir
01:03:03 dans un avenir indéterminé
01:03:05 est bien assimilée
01:03:07 à une souffrance psychologique,
01:03:09 parce qu'il serait quand même
01:03:11 problématique que quelqu'un
01:03:13 qui ne souffre pas encore
01:03:15 physiquement,
01:03:17 qui peut commencer à souffrir psychologiquement,
01:03:19 à un moment où il peut prendre
01:03:21 une décision sereine,
01:03:23 se le verrait refuser au motif
01:03:25 que sa souffrance ne serait pas établie,
01:03:27 ce qui pourrait l'amener pour le coup à mentir,
01:03:29 y compris sur sa souffrance
01:03:31 que je trouverais
01:03:33 problématique.
01:03:35 Mesdames, Messieurs, Députés,
01:03:37 pour terminer, même si ça n'a
01:03:39 pas à voir avec la loi,
01:03:41 je veux dire que je reste personnellement
01:03:43 très marquée par ce que l'on a appelé
01:03:45 l'affaire Vincent Lambert,
01:03:47 que j'ai eu à vivre comme ministre,
01:03:49 dont personne n'est sorti
01:03:51 indemne, ni sa femme,
01:03:53 ni ses parents, je pense,
01:03:55 ni ses soignants,
01:03:57 ni personne de sa famille,
01:03:59 ni l'hôpital où il était
01:04:01 soigné.
01:04:03 Personne n'a été épargné.
01:04:05 Et si je fais référence
01:04:07 à cette affaire,
01:04:09 ça n'est pas pour dire que la loi
01:04:11 que vous allez voter lui serait applicable,
01:04:13 je ne crois pas du tout,
01:04:15 je crois effectivement que c'est un conflit de famille
01:04:17 qui a posé problème,
01:04:19 mais pour dire qu'il faut,
01:04:21 à chaque fois qu'on écrit quelque chose dans la loi,
01:04:23 se demander si on pourra éviter une judiciarisation inutile.
01:04:27 On n'évite jamais la judiciarisation complètement,
01:04:29 mais si on peut l'éviter un peu,
01:04:31 c'est mieux.
01:04:33 Voilà, et je termine de nouveau,
01:04:35 enfin en disant à nouveau
01:04:37 ma confiance,
01:04:39 je pense que ce projet de loi constitue
01:04:41 une avancée notable,
01:04:43 et qu'il vous appartient
01:04:45 de faire de ce projet de loi
01:04:47 pas simplement une avancée,
01:04:49 mais une grande loi.
01:04:51 Merci.
01:04:53 Merci mesdames, messieurs,
01:04:55 de vos propos liminaires. Je vais passer la parole
01:04:57 à chacun des rapporteurs pour 3 minutes,
01:04:59 et après vous aurez tout le loisir de répondre aux rapporteurs,
01:05:01 et on passera aux questions des députés.
01:05:03 Monsieur Falorni, rapporteur général.
01:05:05 Merci madame la présidente,
01:05:07 et merci
01:05:09 à vous mesdames et messieurs
01:05:11 pour vos interventions.
01:05:13 Beaucoup de choses ont été dites,
01:05:15 parfois certains aspects du texte
01:05:17 ont été abordés par les uns,
01:05:19 d'autres
01:05:21 en ont abordé
01:05:23 d'autres.
01:05:25 Donc je vais essayer
01:05:27 de limiter mes questions
01:05:29 à des points un peu centraux,
01:05:31 ceux qui auront évoqué
01:05:33 la question dans leurs
01:05:35 interventions liminaires,
01:05:37 du coup, n'auront pas forcément
01:05:39 à y répondre, et je vous prie de m'en excuser.
01:05:41 La première question
01:05:43 à madame la ministre
01:05:45 Touraine, je vous remercie
01:05:47 d'abord de nous réserver
01:05:49 la primeur de votre position,
01:05:51 parce que ça fait des années que vous n'étiez pas
01:05:53 pris position,
01:05:57 vous n'étiez pas exprimé
01:05:59 sur cette question-là.
01:06:01 C'est important pour nous
01:06:03 de pouvoir vous entendre aujourd'hui.
01:06:05 Vous avez
01:06:07 à juste raison rappelé
01:06:09 qu'il y a eu des oppositions
01:06:11 au moment de la loi Claes-Léonettier, notamment sur la question
01:06:13 de la sédation profonde et continue.
01:06:15 On l'oublie. Vous savez, c'est comme on dit
01:06:17 "le droit
01:06:19 de ne pas souffrir a été conquis".
01:06:21 Quand je dis ça,
01:06:23 certains me regardent avec des grands hurons en disant
01:06:25 "c'est une évidence, le droit de ne pas souffrir".
01:06:27 Revenons en arrière, dans les années 80,
01:06:31 le droit de ne pas souffrir.
01:06:33 Je ne suis pas sûr
01:06:35 que ce droit était si acquis que ça.
01:06:37 Ce sont des conquêtes progressives.
01:06:39 Est-ce que vous pouvez,
01:06:41 première question,
01:06:43 Madame la ministre,
01:06:45 avoir une réponse
01:06:47 sur le très faible
01:06:49 nombre de sédations profondes et continues
01:06:51 maintenues jusqu'au décès ?
01:06:53 Aujourd'hui,
01:06:55 on a mené une mission d'évaluation
01:06:57 de la loi avec mes collègues.
01:06:59 Très peu
01:07:01 sont pratiquées, alors qu'on
01:07:03 nous avait présenté ça comme
01:07:05 une alternative.
01:07:07 Elle peut être une réponse,
01:07:09 effectivement,
01:07:11 sauf qu'elle est très peu pratiquée.
01:07:13 Donc pourquoi ?
01:07:15 Ma deuxième question,
01:07:17 une question générale,
01:07:19 quelle est votre position sur
01:07:21 le pronostic vital engagé
01:07:23 à court et moyen terme ?
01:07:25 Je voudrais avoir votre opinion
01:07:27 sur tous les six. Est-ce que c'est opérant
01:07:29 ou pas ?
01:07:31 Monsieur Sikhar,
01:07:33 vous avez évoqué,
01:07:35 vous avez dit, peut-être que je vous ai mal compris,
01:07:37 que la question de l'aide à mourir ne se pose pas
01:07:39 en Angleterre. J'ai peut-être mal
01:07:41 interprété, mais si, elle se pose.
01:07:43 C'est d'ailleurs dans le programme politique
01:07:45 d'un des deux grands mouvements
01:07:47 politiques en Angleterre.
01:07:49 Donc la question se pose.
01:07:51 Est-ce que vous considérez,
01:07:53 est-ce que vous êtes en désaccord avec la position
01:07:55 du comité consultatif
01:07:57 national d'éthique que vous avez
01:07:59 présidé en son temps,
01:08:01 qui dit qu'il y a une voie éthique
01:08:03 pour une application de l'aide à mourir ?
01:08:05 Est-ce que vous êtes d'accord avec le fait
01:08:07 qu'il y a une voie éthique pour l'aide à mourir ?
01:08:09 Voilà,
01:08:11 je vais en finir.
01:08:13 Je nous invite tous
01:08:15 à retenir cette belle expression
01:08:17 de Madame Touraine,
01:08:19 qui nous invite tous à de la
01:08:21 sagesse pratique.
01:08:23 Je pense que ça ne peut qu'inspirer les travaux
01:08:25 des législateurs que nous sommes.
01:08:27 Merci à vous toutes et tous.
01:08:29 Merci, M. Martin.
01:08:31 Merci, Madame la Présidente.
01:08:35 A mon tour de vous rebercier
01:08:37 pour vos interventions précises
01:08:39 et
01:08:41 les idées que vous avez avancées.
01:08:43 Bien que
01:08:47 les interventions aient beaucoup tourné autour
01:08:49 de l'aide à mourir, il y a
01:08:51 malgré tout un titre 1 qui s'appelle
01:08:53 soins d'accompagnement,
01:08:55 droits des malades, soins palliatifs.
01:08:57 Et c'est vrai
01:08:59 que ce titre fait un peu
01:09:01 léger,
01:09:03 je dirais, parce que
01:09:05 il doit être assorti
01:09:07 d'une annexe qui s'appelle
01:09:09 le plan décennal de développement
01:09:11 des soins palliatifs, sur lequel a travaillé
01:09:13 en équipe
01:09:15 à la demande
01:09:17 de Mme la Ministre,
01:09:19 le professeur Rémi Chauvin.
01:09:21 Et nous avons des spécialistes
01:09:23 ici des soins palliatifs
01:09:25 qui ont
01:09:27 certainement pris connaissance
01:09:29 du contenu
01:09:31 de ce plan qui a été
01:09:33 établi autour de valeurs,
01:09:35 6 valeurs fondamentales,
01:09:37 5 objectifs
01:09:39 principaux et 4
01:09:41 objectifs spécifiques
01:09:43 où l'on parle
01:09:45 des détenus, où l'on parle des enfants,
01:09:47 où l'on parle de l'outre-mer, où l'on parle
01:09:49 de la douleur de façon générale.
01:09:51 Ce plan prévoit aussi
01:09:53 la
01:09:55 constitution d'une nouvelle spécialité
01:09:57 médicale en tant que telle,
01:09:59 c'est-à-dire la médecine des soins
01:10:01 palliatifs et incluant
01:10:03 la lutte contre la douleur.
01:10:05 Alors, si vous l'avez
01:10:07 consulté,
01:10:09 quelle
01:10:11 appréciation portez-vous sur ce plan
01:10:13 de développement sur les 10 prochaines années
01:10:15 avec ces soins d'accompagnement
01:10:17 qui englobent
01:10:19 les soins palliatifs, avec ces
01:10:21 maisons d'accompagnement
01:10:23 intermédiaires entre
01:10:25 les soins palliatifs hospitalo-centrés
01:10:27 et les autres structures
01:10:29 et le domicile, et
01:10:31 comment envisagez-vous les moyens
01:10:33 nécessaires ?
01:10:35 Ce ne sont pas forcément des milliards d'euros,
01:10:37 je l'ai entendu,
01:10:39 mais ce sont des postes,
01:10:41 ce sont des investissements physiques,
01:10:43 c'est des recrutements,
01:10:45 c'est une nouvelle approche
01:10:47 anticipée
01:10:49 en amont
01:10:51 de ces derniers jours,
01:10:53 d'une maladie grave et incurable,
01:10:55 mais bien d'un accompagnement
01:10:57 tout au long de cette évolution
01:10:59 en termes de droit.
01:11:01 Vous avez
01:11:03 esquissé la question des directives anticipées
01:11:05 puisque dans ce plan, il y a le plan
01:11:07 personnalisé d'accompagnement.
01:11:09 Qu'est-ce que, du point de vue droit,
01:11:11 on peut glisser dans ce plan
01:11:13 personnalisé d'accompagnement ?
01:11:15 Et puis pour les médecins qui sont là,
01:11:17 qui ont été confrontés très concrètement
01:11:19 à tout cela, quels sont
01:11:21 les moyens qui vous
01:11:23 semblent indispensables
01:11:25 pour que ce plan réponde à la
01:11:27 demande ? Parce qu'on parle de centaines de milliers
01:11:29 de personnes. L'aide active
01:11:31 à mourir concernera peut-être
01:11:33 quelques milliers de
01:11:35 personnes, mais le plan d'accompagnement,
01:11:37 ce sont des centaines de milliers de personnes
01:11:39 et vous en connaissez les
01:11:41 raisons. Je vous remercie.
01:11:45 Madame Maïa Aménioury.
01:11:47 Merci Madame la Présidente.
01:11:49 Oui, j'avais une question et la même question
01:11:51 je souhaiterais la poser à Madame la ministre
01:11:53 Touraine ainsi qu'à Madame
01:11:55 Lombard. Si vous me le permettez,
01:11:57 vous avez rappelé Madame la
01:11:59 ministre le cas
01:12:01 de Vincent Lambert, qui a, je crois,
01:12:03 marqué les esprits d'un très grand
01:12:05 nombre de nos concitoyens
01:12:07 et concitoyennes dans notre
01:12:09 pays. Est-ce que vous pensez,
01:12:11 et vous avez souligné toutes les deux
01:12:13 raisons, il me semble, l'absence
01:12:15 de référence
01:12:17 aux directives anticipées dans le
01:12:19 projet de loi ? Ce qui effectivement nous questionne
01:12:21 aussi nous, en tant que rapporteurs, on n'a pas encore
01:12:23 totalement résolu
01:12:25 le sujet, mais pensez-vous
01:12:27 que si des directives
01:12:29 anticipées étaient opposables
01:12:31 à l'époque
01:12:33 de Vincent Lambert,
01:12:37 est-ce que le conflit de famille aurait pu
01:12:39 être résolu par le fait que
01:12:41 les directives anticipées auraient tranché
01:12:43 ou en tout cas
01:12:45 la volonté du patient
01:12:47 Vincent Lambert aurait été respectée ?
01:12:49 Voilà, c'était la question que j'avais envie
01:12:51 de vous, Madame la ministre, parce que vous étiez
01:12:53 ministre à l'époque et que ce cas,
01:12:55 bien sûr, vous l'avez dit,
01:12:57 vous a évidemment beaucoup marqué,
01:12:59 comme nous tous. Merci.
01:13:01 Madame Christol ?
01:13:03 Merci, Madame la présidente.
01:13:05 J'aurais trois questions
01:13:07 qui me viennent à l'esprit en vous
01:13:09 écoutant.
01:13:11 La première, il a
01:13:13 été évoqué, professeur Lombard,
01:13:15 particulièrement, mais très
01:13:17 rapidement, la question des majeurs protégés.
01:13:19 Ça fait partie des
01:13:21 articles 7 et de l'article 11,
01:13:23 donc directement
01:13:25 dans la procédure. J'aurais aimé savoir,
01:13:27 particulièrement vous, en tant
01:13:29 que professeur de droit,
01:13:31 mais également peut-être d'autres avis sur la question
01:13:33 des majeurs protégés qui se posent à ce niveau-là.
01:13:35 Deuxième question,
01:13:37 vous en avez également parlé,
01:13:39 est-ce que vous avez connaissance
01:13:41 dans la législation étrangère
01:13:43 autorisant l'administration
01:13:45 et non seulement l'assistance d'une
01:13:47 substance létale par un proche ou par un bénévole ?
01:13:49 Ce tiers qui n'est
01:13:51 pas soignant, qui est abordé
01:13:53 dans la procédure également,
01:13:55 que ce soit dans l'article 5, mais également
01:13:57 dans l'article 11, et
01:13:59 qui peut être amené à assister
01:14:01 la personne. Et troisième et dernière question,
01:14:03 c'est
01:14:05 de façon un peu plus
01:14:07 globale, sur la procédure
01:14:09 actuellement, ou plutôt
01:14:11 tout ce qui est mis en place
01:14:13 au niveau de
01:14:15 la collégialité
01:14:17 des médecins qui sont
01:14:19 demandés,
01:14:21 c'est-à-dire le médecin qui est
01:14:23 interpellé, le médecin
01:14:25 qui est en appui, ainsi que
01:14:27 bien entendu l'équipe soignante au sens large
01:14:29 qui est également évoquée. Je vous remercie.
01:14:31 Madame Fiat.
01:14:33 Merci,
01:14:35 Madame la Présidente. Merci à toutes
01:14:37 et tous pour vos propos liminaires.
01:14:39 Je ne peux pas tous
01:14:41 vous interroger, on est limite en temps.
01:14:43 Vous ne voyez aucun mal.
01:14:45 Madame Henzel, vous avez
01:14:47 parlé de très beaux
01:14:49 exemples,
01:14:51 de jolis départs,
01:14:53 de très belles
01:14:55 morts. Vous nous avez parlé d'agisme, et comme
01:14:57 beaucoup de personnes, lors de ces
01:14:59 auditions, quand on nous a parlé
01:15:01 de l'agisme dans notre
01:15:03 société, on a parlé
01:15:05 du rôle des personnes âgées
01:15:07 dans cette... enfin de la place des personnes âgées
01:15:09 dans cette loi, ce qui me fait faire des bons
01:15:11 de 15 km de haut en tant qu'aide soignante
01:15:13 en EHPAD, parce que
01:15:15 l'agisme c'est justement de mettre ces personnes
01:15:17 âgées dans cette loi.
01:15:19 Donc,
01:15:21 je ne comprends
01:15:23 pas pourquoi le faire,
01:15:25 même s'il y a des personnes
01:15:27 âgées qui
01:15:29 peuvent avoir
01:15:31 des fins de vie difficiles,
01:15:33 mais, et je vais le redire comme à
01:15:35 toutes les auditions, pardon à tous les collègues qui ont été là
01:15:37 à toutes les auditions, mais non, être
01:15:39 une personne âgée n'est toujours
01:15:41 pas une maladie incurable
01:15:43 qui engage le pronostic vital.
01:15:45 Et ça le restera ainsi.
01:15:47 Après, on peut avoir une maladie, mais c'est
01:15:49 pas le fait d'être âgé.
01:15:51 Madame Lombard,
01:15:53 pardon, monsieur Sikhar,
01:15:55 vous n'avez parlé
01:15:57 que de médecins, donc du coup
01:15:59 vous m'avez mis un petit peu en colère.
01:16:01 Et vous avez parlé de la
01:16:03 détresse des médecins face
01:16:05 à l'aide à mourir.
01:16:07 Donc moi, je vais vous demander
01:16:09 ce que nous ferons
01:16:11 de la détresse du patient,
01:16:13 de son entourage
01:16:15 et des soignants
01:16:17 qui sont
01:16:19 à côté
01:16:21 du patient, face
01:16:23 au rien faire,
01:16:25 face à la non-réponse
01:16:27 du "s'il vous plaît, laissez-moi partir,
01:16:29 j'en peux plus, c'est trop long,
01:16:31 emmenez-moi en Belgique",
01:16:33 de la personne en pleurs qui vous demande
01:16:35 de le laisser partir, "ça y est, c'est bon,
01:16:37 sa vie est finie, il n'en peut plus",
01:16:39 le soignant qui part
01:16:41 dans l'ascenseur, qui va rentrer chez lui et qui
01:16:43 enlarme en se disant "bah dis donc,
01:16:45 ta journée aujourd'hui, c'était peut-être pas
01:16:47 la meilleure journée
01:16:49 de ta carrière".
01:16:51 Vous avez parlé de loi d'économie.
01:16:53 Pareil,
01:16:55 je ne peux qu'être
01:16:57 camp des accords. Combien de demandes
01:16:59 vont aller jusqu'au bout ?
01:17:01 Combien de demandes vont avoir lieu
01:17:03 dans les quelques jours, dans les quelques mois,
01:17:05 où jamais on sait,
01:17:07 c'est dans un rapport
01:17:09 de la loi belge, où les gens, juste par le
01:17:11 fait qu'on leur réponde "oui,
01:17:13 si vous êtes trop douloureux,
01:17:15 si vous avez trop peur
01:17:17 ou quoi que ce soit, vous aurez le droit
01:17:19 à l'aide à mourir",
01:17:21 mais juste soulagé
01:17:23 de savoir qu'ils pourront la voir,
01:17:25 et bien, ça va mieux
01:17:27 et ils ne le font pas au final.
01:17:29 Et c'est pas parce que vous le demandez que vous serez obligés
01:17:31 de le faire dans cette loi.
01:17:33 Et c'était...
01:17:35 Voilà. Merci.
01:17:37 - Merci.
01:17:39 Mesdames,
01:17:41 Messieurs les rapporteurs,
01:17:43 je vous passe la parole à chacun pour répondre aux questions
01:17:45 qui vous ont été posées. On va faire...
01:17:47 On va commencer par la dernière lettre de l'alphabet,
01:17:49 Madame Touraine.
01:17:51 - Oui, merci, Madame la Présidente.
01:17:53 Monsieur le rapporteur général, merci
01:17:55 de vos commentaires.
01:17:57 Je vais
01:17:59 vous répondre sur
01:18:01 l'histoire du moyen terme, du terme.
01:18:03 Ma position est claire, je pense
01:18:05 que c'est
01:18:07 plus un obstacle,
01:18:09 y compris
01:18:11 dans la perspective de ceux
01:18:13 qui voudraient
01:18:15 limiter ou
01:18:17 s'assurer de la
01:18:19 pleine volonté des
01:18:21 personnes, c'est-à-dire, je crois que
01:18:23 c'est une précision qui n'a pas lieu d'être.
01:18:25 Sur ce qui est de la raison pour laquelle la
01:18:27 sédation profonde
01:18:29 est continue et peut pratiquer,
01:18:31 je pense que
01:18:33 il y a au moins...
01:18:35 Enfin, il y a plusieurs raisons, sans doute,
01:18:37 mais en réalité,
01:18:39 les médecins
01:18:41 ou les professionnels
01:18:43 ont pu ne pas s'en emparer
01:18:45 car il n'y avait pas
01:18:47 de changement majeur
01:18:49 par rapport à... Enfin, il y avait
01:18:51 potentiellement un changement par rapport à ce qui
01:18:53 existait auparavant,
01:18:55 mais il y avait deux cas de figure, il y a deux cas de figure
01:18:57 dans la loi. Soit on est tout à fait
01:18:59 au bout et donc le médecin peut pratiquer
01:19:01 lui-même l'acte
01:19:03 parce que par humanité,
01:19:05 dans un esprit d'humanité, mais c'est ce qui existait
01:19:07 déjà auparavant.
01:19:09 Même avant qu'il y ait des lois,
01:19:11 même avant la loi
01:19:13 Clès-Launetti, je l'ai vécu.
01:19:15 Il y avait des médecins
01:19:17 qui accompagnaient, mais à la toute fin,
01:19:19 c'est-à-dire quand on savait que c'était
01:19:21 deux jours, trois jours
01:19:23 qui restaient à vivre et qu'on voulait
01:19:25 éviter une souffrance inutile,
01:19:27 une angoisse inutile, etc.
01:19:29 Et puis l'autre... Donc ça, ça ne changeait pas.
01:19:31 Et l'autre cas de figure, c'était à la demande
01:19:33 dans la loi Clès-Launetti, c'est à la demande
01:19:35 du patient,
01:19:37 mais c'est très angoissant.
01:19:39 C'est-à-dire que c'est une
01:19:41 demande, au fond, d'endormissement
01:19:43 dont on ne sait pas très bien
01:19:45 ce que ça veut dire et ce que ça va donner.
01:19:47 Et je me permets de vous rappeler qu'au moment
01:19:49 des débats,
01:19:51 il y a eu toute une discussion
01:19:53 autour de faire mourir de faim
01:19:55 ou de soif.
01:19:57 Ce qui n'était pas
01:19:59 du tout le cas, mais il y a eu
01:20:01 une ambiguïté portée
01:20:03 dans le débat, pas dans la loi.
01:20:05 Il faut le dire, la loi, il n'y a pas
01:20:07 d'ambiguïté dans le texte de loi.
01:20:09 Mais il y a eu une ambiguïté
01:20:11 volontairement portée, selon moi,
01:20:13 par les opposants à la loi
01:20:15 Clès-Launetti,
01:20:17 et qui donc ont
01:20:19 installé un climat où, au fond,
01:20:21 on se disait "Mais est-ce que moi
01:20:23 je veux mourir de faim ou de soif ?
01:20:25 Évidemment pas."
01:20:27 Et donc je pense que ça a pesé.
01:20:29 Sur l'affaire
01:20:31 des directives anticipées,
01:20:33 Madame la députée,
01:20:35 Madame la rapporteure,
01:20:37 l'affaire Lambert, elle m'a marquée,
01:20:39 j'ai eu à la traiter,
01:20:41 j'ai eu à prendre des décisions de protection
01:20:43 des soignants et de l'hôpital.
01:20:45 Je veux dire, je n'ai pas simplement assisté
01:20:47 comme ministre au
01:20:49 développement de l'affaire. C'était une affaire
01:20:51 qui m'a amenée à prendre un certain nombre
01:20:53 de décisions
01:20:55 pour protéger
01:20:57 les soignants qui se
01:20:59 sentaient, qui étaient attaqués, mis en cause
01:21:01 et l'hôpital,
01:21:03 y compris au tribunal.
01:21:05 Je pense, oui,
01:21:07 que s'il y avait eu des directives anticipées
01:21:09 clairement rédigées,
01:21:11 il n'y aurait pas eu
01:21:13 d'affaire
01:21:15 puisque
01:21:17 son épouse
01:21:19 disait qu'il lui avait dit que.
01:21:21 Et si...
01:21:23 Les choses
01:21:25 auraient pu s'arrêter là,
01:21:27 d'une certaine façon. C'est parce que
01:21:29 d'autres membres de la famille ont dit
01:21:31 "ça n'est pas vrai" que, en l'absence
01:21:33 de directives anticipées,
01:21:35 il n'a pas été possible de répondre
01:21:37 à cette situation. Donc les directives anticipées,
01:21:39 elles me semblent nécessaires pour des
01:21:41 cas qui ne sont pas ceux de l'aide active à mourir,
01:21:43 mais qui sont ceux
01:21:45 de l'affaire type affaire
01:21:47 Vincent Lambert, l'accident,
01:21:49 ce qui n'est pas anticipé, qui n'est pas une maladie.
01:21:53 Enfin, voilà. Et puis
01:21:55 par ailleurs, dans le cadre de la loi,
01:21:57 il me semble que cela pourrait être
01:21:59 un instrument,
01:22:01 une liberté, encore une fois, il n'y a pas
01:22:03 d'obligation, qui dans...
01:22:05 Au moment où une personne
01:22:07 est accompagnée dans la maladie,
01:22:09 où elle apprend qu'elle va être malade, progressivement,
01:22:11 si elle a la possibilité
01:22:13 d'exprimer,
01:22:15 d'écrire, ça peut aussi
01:22:17 être exprimé à un proche,
01:22:19 je veux dire, de confiance,
01:22:21 il me semble
01:22:23 que cela peut faciliter
01:22:25 certaines étapes
01:22:27 du processus, dans un cas,
01:22:29 dans un nombre de cas sans doute limités,
01:22:31 puisque la loi telle que
01:22:33 elle est, le projet de loi tel qu'il est
01:22:35 proposé, dit, affirmation,
01:22:37 exige la réaffirmation
01:22:39 de la volonté à plusieurs étapes.
01:22:41 On comprend bien pourquoi,
01:22:45 et je le partage,
01:22:47 je partage cette
01:22:49 exigence, pour l'essentiel,
01:22:51 pour la grande majorité des cas,
01:22:53 il reste des tout, un nombre de cas
01:22:55 probablement limités,
01:22:57 où l'expression
01:22:59 de directive anticipée permettrait
01:23:01 que quelqu'un qui a
01:23:03 exprimé à plusieurs reprises formellement
01:23:05 sa volonté de mourir
01:23:07 ne soit pas empêché d'être
01:23:09 accompagné dans la mort,
01:23:11 simplement
01:23:13 parce qu'il a sombré dans l'inconscience
01:23:15 du fait de sa maladie.
01:23:17 Merci, M. Sikhar.
01:23:21 Oui, je suis tout à fait d'accord
01:23:23 avec ce que vient de dire la ministre sur les directives
01:23:25 anticipées. Ça me paraît évident.
01:23:27 J'avais d'ailleurs
01:23:29 présidé la commission de l'HAS pour la
01:23:31 rédaction des directives anticipées.
01:23:33 À partir du moment où une personne
01:23:35 est en état d'inconscience
01:23:37 jugée définitive, je ne vois pas
01:23:39 en quoi les directives anticipées peuvent être
01:23:41 dangereuses dans la mesure où
01:23:43 la personne a exprimé ce désir
01:23:45 qu'on ne maintienne pas la réanimation.
01:23:47 Je ne vois pas tellement, au fond, le débat.
01:23:49 À propos de l'Angleterre,
01:23:51 je ne suis pas fanatique
01:23:53 de l'Angleterre. Simplement, les Anglais
01:23:55 ont été les premiers à réfléchir
01:23:57 en profondeur
01:23:59 à l'existence des soins palliatifs.
01:24:01 L'Angleterre, ce n'est pas un paradis parce que,
01:24:03 après 65 ans, on ne traite plus les cancers
01:24:05 et qu'on abandonne les personnes âgées.
01:24:07 Mais simplement, c'est que les soins
01:24:09 palliatifs font partie
01:24:11 du système médical
01:24:13 anglais. En France,
01:24:15 ça fait 22 ans, 25 ans
01:24:17 qu'ils sont
01:24:19 marginaux,
01:24:21 qu'ils sont au bout de l'hôpital,
01:24:23 personne ne les connaît, ils font très peur à tout le monde.
01:24:25 Il n'y a pas cette culture de soins palliatifs
01:24:27 française et je ne vois pas
01:24:29 comment, en quelques mois, une loi
01:24:31 pourra résoudre l'absence de formation
01:24:33 jusqu'ici, l'absence de professeurs,
01:24:35 l'absence de services
01:24:37 répartis.
01:24:39 La détresse,
01:24:41 j'ai aidé
01:24:43 à mourir et que
01:24:45 je suis d'accord avec vous, c'est pas la détresse
01:24:47 seulement des médecins et je suis extrêmement
01:24:49 sensible à la détresse d'un malade,
01:24:51 extrêmement sensible, peut-être plus que
01:24:53 n'importe qui. Pour moi, ça a été obsessionnel.
01:24:55 J'ai enseigné à mes étudiants
01:24:57 en leur disant que la médecine
01:24:59 commence là où la médecine
01:25:01 est inefficace. A ce moment-là,
01:25:03 vous devenez un être humain et
01:25:05 vous devez être attentif à toute souffrance.
01:25:07 Simplement, c'est que
01:25:09 quand il y a un conflit
01:25:11 sur un malade, entre...
01:25:13 S'il y a une catégorie
01:25:15 de médecins, parce qu'ils ne sont pas forcément très
01:25:17 nombreux, on risque d'avoir
01:25:19 une sorte de discrimination
01:25:21 avec des médecins un peu comme en Hollande,
01:25:23 où il y a des cliniques de l'euthanasie.
01:25:25 Au fond, il risquerait
01:25:27 d'y avoir un désaccord
01:25:29 à l'intérieur de la médecine et je pense qu'il faut trouver
01:25:31 une loi qui permette à ce que
01:25:33 les médecins se retrouvent, non pas
01:25:35 dans une indifférence qui
01:25:37 serait insupportable, mais dans une
01:25:39 aide à mourir qui tienne compte
01:25:41 du malade, effectivement, plus
01:25:43 que le sentiment du médecin. La conviction du médecin
01:25:45 ne m'intéresse pas. Et enfin,
01:25:47 un simple mot. Quand on interroge
01:25:49 à la pitié de sale pétrière
01:25:51 le service de maladie de charcot,
01:25:53 sans arrêt on revient à l'allégorie de dystrophie,
01:25:55 les maladies de charcot veulent mourir. On va
01:25:57 finir par ce que les pauvres malades de charcot
01:25:59 vont se dire, l'euthanasie est peut-être
01:26:01 souhaitable. Au fond,
01:26:03 dans le service
01:26:05 de maladie de charcot,
01:26:07 la demande d'euthanasie est
01:26:09 exceptionnelle. Donc,
01:26:11 faire de la maladie de charcot un modèle
01:26:13 d'euthanasie est excessif.
01:26:15 Et je pense qu'il faut tout de même
01:26:17 toujours penser que
01:26:19 en dehors
01:26:21 de quelques situations emblématiques,
01:26:23 médiatiques,
01:26:25 le discernement
01:26:27 entre
01:26:29 au moment même
01:26:31 où l'angoisse de mourir
01:26:33 apparaît, le sentiment
01:26:35 de la liberté
01:26:37 est étouffé quelquefois par
01:26:39 des conditions presque
01:26:41 viscérales, organiques,
01:26:43 ou d'une demande
01:26:45 ou d'une survie au dernier moment, mais
01:26:47 penser que c'est une
01:26:49 liberté au moment de mourir
01:26:51 est une liberté
01:26:53 à mon avis qui peut avoir
01:26:55 un aspect factice,
01:26:57 elle est évidente au moment
01:26:59 où on est en parfaite santé,
01:27:01 elle devient problématique au moment où
01:27:03 on va mourir. Et personnellement,
01:27:05 en 60 ans
01:27:07 de médecine, je me
01:27:09 souviens pas d'avoir eu peut-être un ou deux
01:27:11 malades qui m'aient demandé.
01:27:13 Et je n'avais pas de position
01:27:15 anti-euthanasique, et
01:27:17 donc j'ai aidé à mourir
01:27:19 beaucoup de malades par la
01:27:21 sédation, même quand la sédation
01:27:23 était encore pas
01:27:25 forcément légale,
01:27:27 et je pense que cette
01:27:29 vision d'une médecine
01:27:31 qui serait indifférente
01:27:33 a une
01:27:35 existence, mais elle mériterait d'être
01:27:37 beaucoup plus enseignée
01:27:39 à l'université, ce qui n'est
01:27:41 absolument pas le cas.
01:27:43 - Si je peux te permettre, vous ne m'avez pas répondu
01:27:45 à la question sur le comité d'éthique.
01:27:47 - Est-ce qu'il existe une voie éthique
01:27:49 pour une application ?
01:27:51 - Alors, il y avait un avis
01:27:53 contraire dans lequel je me serais
01:27:55 placé.
01:27:57 Vous savez,
01:27:59 l'éthique, elle n'a pas de définition.
01:28:01 L'éthique, ça pose des questions. Donc je
01:28:03 respecte tout à fait l'avis du comité d'éthique.
01:28:05 Ce n'est pas celle que j'aurais prise,
01:28:07 mais en aucune façon, je suis
01:28:09 critique quand on dit avis éthique.
01:28:11 Il a un avis qui a
01:28:13 rassemblé une majorité des membres du
01:28:15 comité, ce n'aurait pas été la mienne.
01:28:17 - Madame Lambert ?
01:28:21 - Oui,
01:28:23 merci.
01:28:25 Beaucoup de questions ont été posées
01:28:27 et qui sont souvent
01:28:29 difficiles
01:28:31 quant à la réponse à apporter.
01:28:33 Première question,
01:28:35 que pensez-vous, clairement,
01:28:37 du pronostic vital engagé à moyen terme ?
01:28:39 Et je le rapprocherai
01:28:41 de la question sur la collégialité.
01:28:43 Parce que
01:28:45 en fait, je suis en ce moment
01:28:47 en train d'essayer de rédiger des amendements
01:28:49 au projet de loi.
01:28:51 Et pardonnez-moi, je travaille jour et nuit,
01:28:53 mais c'est long.
01:28:55 Et donc, j'utiliserai le dernier
01:28:57 terme de
01:28:59 l'échéance jusqu'au 2 mai.
01:29:01 Mais, en plus,
01:29:03 j'étais en Australie et donc, voilà.
01:29:05 Alors, je pense qu'il faut
01:29:09 supprimer cette condition
01:29:11 de pronostic vital engagé
01:29:13 à court ou moyen terme.
01:29:15 Mais qu'il faut prévoir tout de même
01:29:17 des conditions
01:29:19 renforcées, d'appréciation
01:29:21 lorsqu'il apparaît que
01:29:23 le malade pourrait vivre encore
01:29:25 quelques années.
01:29:27 Donc, au-delà de une année, en tout cas.
01:29:29 Et
01:29:31 j'essaie de rédiger là des amendements
01:29:33 qui prévoiraient que
01:29:35 dans ce cas-là, il faudrait
01:29:37 l'avis, effectivement,
01:29:39 non pas simplement un avis simple,
01:29:41 mais un avis conforme
01:29:43 d'au moins
01:29:45 deux ou même trois médecins.
01:29:47 Ce qui m'a frappée, c'est que
01:29:49 dans la loi actuelle, dans le projet de loi,
01:29:51 on a l'impression
01:29:53 que tout se passe par
01:29:55 un médecin,
01:29:57 qui est celui qui décide.
01:29:59 C'est pour ça que j'étais très frappée par le mot
01:30:01 "décision". Je crois que
01:30:03 le rôle des médecins, il me semble,
01:30:05 devrait être de constater
01:30:07 que les conditions d'éligibilité
01:30:09 sont remplies.
01:30:11 Alors, il ne faut pas les réunir
01:30:13 tous ensemble, puisque je crois qu'il faut qu'ils soient
01:30:15 indépendants les uns des autres et que
01:30:17 séparément les uns des autres, ils constatent
01:30:19 que ces conditions sont remplies.
01:30:21 Et si le malade
01:30:23 peut encore vivre longtemps,
01:30:25 je crois qu'il serait sage
01:30:27 effectivement de prévoir
01:30:29 que trois médecins
01:30:31 considèrent que les conditions
01:30:35 d'éligibilité sont remplies.
01:30:37 Je ne suis pas pour une décision collégiale,
01:30:39 je suis pour une succession d'avis
01:30:41 qui vont dans le même sens.
01:30:43 Deuxième question,
01:30:47 les dérétices anticipées. Pour monsieur
01:30:49 le rapporteur Didier Martin,
01:30:51 je voudrais
01:30:53 faire quelque chose à la fois dans le titre 1
01:30:55 et dans le titre 2.
01:30:57 Titre 1, donc, sur
01:30:59 les soins d'accompagnement
01:31:01 et puis d'une façon générale, il y a
01:31:03 une disposition sur les dérétices anticipées
01:31:05 pour qu'elles soient inscrites dans le dossier médical.
01:31:07 Mais je pense qu'il serait bon de saisir
01:31:09 l'occasion de ce projet de loi
01:31:11 pour résoudre un autre problème
01:31:13 qui est le fait
01:31:15 que les dérétices anticipées
01:31:17 sont soi-disant opposables,
01:31:19 mais en fait, elles peuvent être écartées
01:31:21 et elles sont manifestement inappropriées.
01:31:23 L'exemple qu'avait donné
01:31:25 à l'époque Jean Leonetti
01:31:27 était que
01:31:29 si les dérétices anticipées ont été
01:31:31 écrites à 20 ans,
01:31:33 lorsque le malade en a 70,
01:31:35 il peut avoir changé d'avis
01:31:37 entre-temps.
01:31:39 Je pense que là, il faut prévoir que
01:31:41 le médecin qui décide
01:31:43 d'écarter les dérétices anticipées
01:31:45 doit d'abord consulter la personne
01:31:47 de confiance. Et s'il n'existe pas
01:31:49 une personne de confiance
01:31:51 improche.
01:31:53 Ou l'aide-soignant qui s'occupe de cette personne.
01:31:55 Et donc, je voudrais proposer
01:31:57 un amendement en ce sens
01:31:59 pour mieux encadrer
01:32:01 la possibilité pour un médecin
01:32:03 d'écarter comme manifestement
01:32:05 approprié, inapproprié
01:32:07 les dérétices anticipées.
01:32:09 Maintenant, j'en viens à l'affaire Vincent Lambert.
01:32:11 Bien sûr que si dans l'affaire Vincent Lambert
01:32:13 il y avait eu des dérétices anticipées,
01:32:15 cela n'aurait pas duré
01:32:17 11 ans de contentieux.
01:32:19 Donc, vraiment,
01:32:21 on a besoin de dérétices anticipées.
01:32:23 Mais,
01:32:25 là, je propose vraiment des solutions
01:32:27 très nuancées.
01:32:29 Si, par exemple,
01:32:31 un malade qui est
01:32:33 vraiment en phase terminale,
01:32:35 par exemple, une tumeur
01:32:37 au cerveau, s'il
01:32:39 demande une aide à mourir parce qu'il craint
01:32:41 encore
01:32:43 une déchéance telle
01:32:45 qu'il ne pourrait plus communiquer.
01:32:47 Et donc, il voit des médecins
01:32:49 qui reconnaissent que,
01:32:51 oui, il a rempli les conditions
01:32:53 d'éligibilité, mais très malheureusement
01:32:55 pour lui, avant
01:32:57 même qu'il y ait
01:32:59 l'acte
01:33:03 de l'aide à mourir,
01:33:05 il perd toute possibilité de communiquer.
01:33:07 Je crois que là, il faut qu'il y ait
01:33:09 pu avoir des dérétices anticipées
01:33:11 et qu'il puisse avoir
01:33:13 dit, dès ce
01:33:15 moment-là, que si
01:33:17 malheureusement il perdait toute possibilité de
01:33:19 communication, eh bien,
01:33:21 il faut respecter la volonté qui était la sienne.
01:33:23 Il peut y avoir
01:33:25 d'autres maladies, une sclérose en plaques,
01:33:27 il peut y avoir une dernière marche que le
01:33:29 malade craignait de descendre
01:33:31 et malheureusement, elle se produit.
01:33:33 Donc, je trouve que dans le
01:33:35 système actuel, on demande
01:33:37 au malade d'être, donc,
01:33:39 avec un pronostic vital engagé à moyen terme,
01:33:41 plutôt en phase terminale,
01:33:43 et qu'il faut reconnaître
01:33:45 la possibilité de dérétices anticipées,
01:33:47 finalement, il se trouve
01:33:51 pris dans un corner. Il faut qu'il soit
01:33:53 à la fois très gravement malade,
01:33:55 mais à un moment, s'il est trop malade pour communiquer,
01:33:57 il ne pourrait plus obtenir une aide à mourir.
01:33:59 Donc, je suis pour
01:34:01 prévoir
01:34:03 la prise en compte de ces dérétices anticipées.
01:34:05 En revanche, je ne vais pas
01:34:07 très loin. Certains voudraient que,
01:34:09 et j'ai souvent
01:34:11 entendu cette question
01:34:13 qui m'a été posée par beaucoup,
01:34:15 certains voudraient que
01:34:17 s'ils ont la maladie
01:34:19 d'Alzheimer, qu'ils puissent
01:34:21 dire, eh bien, si je ne suis plus en état
01:34:23 de répondre, de
01:34:25 reconnaître mes enfants, je demande
01:34:27 à être aidé à mourir. Et là,
01:34:29 je les déçois. Personnellement,
01:34:31 je ne suis pas d'accord, parce que
01:34:33 si,
01:34:35 un malade ne peut plus communiquer,
01:34:37 alors, oui, il faut
01:34:39 écouter ces dérétices anticipées. Mais s'il a
01:34:41 simplement changé de personnalité,
01:34:43 c'est une autre personnalité. Ce n'est
01:34:45 plus celle qui, effectivement, a
01:34:47 rempli ces dérétices anticipées, mais c'est
01:34:49 une autre personnalité qui doit se
01:34:51 respecter. Je ne vois pas comment
01:34:53 on pourrait infliger
01:34:55 quelque chose,
01:34:57 une solution à quelqu'un qui ne
01:34:59 la veut plus, même s'il
01:35:01 ne reconnaît plus ses enfants. Donc, ce
01:35:03 sont des solutions tout en nuance que
01:35:05 je voudrais, mais
01:35:07 sans, en tout cas,
01:35:09 dire de façon
01:35:11 radicale qu'il est impossible de
01:35:13 rédiger des dérétices anticipées en matière
01:35:15 d'aide à mourir.
01:35:17 Troisième question sur les majeurs protégés.
01:35:19 Le Conseil d'État a fait beaucoup de
01:35:25 recommandations sur ce point
01:35:27 qui ont été minutieusement suivies
01:35:31 dans la rédaction du projet de loi.
01:35:33 Je crois qu'actuellement,
01:35:35 on arrive à un
01:35:37 résultat équilibré. Je
01:35:39 m'explique.
01:35:41 La loi permet qu'un majeur
01:35:43 protégé, donc
01:35:45 placé sous un régime de protection juridique
01:35:47 avec assistance ou même représentation,
01:35:49 puisse quand même demander à
01:35:51 bénéficier d'une aide à mourir.
01:35:53 Mais,
01:35:55 simultanément,
01:35:57 le médecin qui
01:35:59 accueillerait cette demande doit informer
01:36:01 la personne responsable de la protection juridique.
01:36:03 En fait,
01:36:07 la personne responsable de la protection juridique peut,
01:36:09 à ce moment-là, réagir,
01:36:11 saisir le juge des tutelles,
01:36:13 lui demander de procéder
01:36:15 notamment à une évaluation psychiatrique.
01:36:17 Donc, que le juge des tutelles ordonne
01:36:19 une analyse psychiatrique.
01:36:21 Et si l'expertise fait apparaître qu'il n'a plus
01:36:23 son discernement,
01:36:25 à ce moment-là, et la loi le prévoit,
01:36:27 c'est un nouvel événement qui conduit
01:36:29 le médecin, finalement, à changer d'avis
01:36:31 et à ne pas admettre l'aide à mourir.
01:36:33 Donc, je trouve que,
01:36:35 en l'état, la loi,
01:36:37 finalement, a apporté un bon équilibre
01:36:39 s'agissant du traitement des majeurs protégés.
01:36:41 Bon, pardonnez-moi
01:36:43 si je suis trop longue.
01:36:45 Si on m'a posé la question de
01:36:47 est-ce que je connais des lois
01:36:49 qui prévoient l'administration d'un produit
01:36:51 létal par un proche ? Non, je n'en connais pas.
01:36:53 Voilà, je serai très brève.
01:36:55 Merci, madame Wenzel.
01:36:57 Merci.
01:36:59 Je suis très sensible
01:37:07 à ce que madame Lombard a dit
01:37:09 des directives anticipées,
01:37:11 puisque, si je suis peut-être
01:37:13 la personne qui est un peu porte-parole
01:37:15 des personnes âgées,
01:37:17 que j'entends depuis très longtemps,
01:37:19 et j'ai remarqué une chose,
01:37:21 c'est que les personnes âgées sont très
01:37:23 réticentes à écrire leurs directives
01:37:25 anticipées. On en avait parlé,
01:37:27 d'ailleurs, lors d'une précédente audition.
01:37:29 Elles préfèrent
01:37:31 les conversations anticipées.
01:37:33 Elles sont très peures d'être prisonnières
01:37:35 d'un papier
01:37:37 administratif avec
01:37:39 des cases à cocher
01:37:41 et elles demandent plutôt
01:37:43 une conversation anticipée
01:37:45 et, évidemment, la désignation de la personne
01:37:47 de confiance.
01:37:49 Je voulais réagir
01:37:51 aussi à ce que
01:37:53 Didier Sicard a dit
01:37:55 de la maladie de Charcot, parce que
01:37:57 personnellement, en
01:37:59 10 ans, le psychologue
01:38:01 dans la première unité
01:38:03 de soins palliatifs,
01:38:05 nous avons accompagné une trentaine
01:38:07 de personnes atteintes de cette maladie,
01:38:09 relativement jeunes. Sur les
01:38:11 30, 28
01:38:13 ont trouvé,
01:38:15 d'ailleurs,
01:38:17 je dirais, la porte étroite
01:38:19 et tout à fait mystérieuse
01:38:21 d'arriver à vivre avec cette maladie
01:38:23 jusqu'au moment où elles sont mortes,
01:38:25 sans doute d'une embolie pulmonaire
01:38:27 ou de... Seulement deux personnes
01:38:29 sur les 30
01:38:31 ont demandé, ont fait vraiment
01:38:33 demander aux médecins
01:38:35 de les sédater.
01:38:37 Et ce que j'ai remarqué, c'est que les 28
01:38:39 personnes étaient rassurées
01:38:41 par le fait que le médecin s'engage
01:38:43 formellement
01:38:45 à ne pas les laisser souffrir.
01:38:47 C'est-à-dire que cet engagement
01:38:49 leur a permis
01:38:51 de vivre
01:38:53 jusqu'à ce que la mort les
01:38:55 emporte.
01:38:57 Il y a la question qui a été
01:38:59 posée sur le développement
01:39:01 des... Sur cette
01:39:03 stratégie décennale.
01:39:05 Je laisserai peut-être
01:39:07 mon voisin, docteur Gomaz, répondre
01:39:09 à cela, simplement.
01:39:11 La question que
01:39:13 j'ai posée tout à l'heure, c'est-à-dire
01:39:15 je vois difficilement
01:39:17 la promesse
01:39:19 de madame Vautrin, qui est que
01:39:21 les soins palliatifs soient
01:39:23 largement
01:39:25 accessibles
01:39:27 et possibles
01:39:29 et compatibles avec le fait que la
01:39:31 loi d'aide à mourir va être
01:39:33 votée l'année prochaine.
01:39:35 C'est une question que j'ai.
01:39:37 Madame Fiat,
01:39:39 bien sûr que la
01:39:41 vieillesse n'est pas une
01:39:43 maladie. Bien sûr.
01:39:45 Je suis la première, d'ailleurs, à le dire.
01:39:47 Mais il se trouve quand même
01:39:49 que, vous le savez, que les dépenses
01:39:51 de santé d'une personne, c'est
01:39:53 dans les six derniers mois de sa vie
01:39:55 qu'elles sont les plus importantes. C'est-à-dire qu'il y a
01:39:57 quand même... Les personnes
01:39:59 âgées ont
01:40:01 beaucoup besoin d'un médecin, ce qui
01:40:03 est très problématique dans une zone
01:40:05 avec un désert médical
01:40:07 et pas de soins palliatifs.
01:40:09 Donc elles ont peur. Et ce dont
01:40:11 ce que j'ai exprimé tout à l'heure,
01:40:13 c'est la peur de ces personnes.
01:40:15 Non. Je sais que le texte
01:40:19 ne concerne que des personnes
01:40:21 malades, mais...
01:40:23 Vous me permettrez quand même
01:40:25 de témoigner du fait
01:40:27 que ces personnes se disent
01:40:29 que, peut-être
01:40:31 malades dans les derniers mois de leur vie,
01:40:33 on fera peut-être pression sur elles.
01:40:35 C'est tout
01:40:37 ce corpus de peur
01:40:39 que j'ai essayé d'exprimer et dont
01:40:41 on ne peut pas juste dire
01:40:43 que la loi est faite uniquement pour
01:40:45 les maladies
01:40:47 graves
01:40:49 qui sont
01:40:51 avec un cours
01:40:53 au moyen terme.
01:40:55 Cette crainte,
01:40:57 elle doit être prise en compte aussi
01:40:59 parce que, justement,
01:41:01 elles savent,
01:41:03 elles pressentent
01:41:05 qu'elles vont se dégrader
01:41:07 très vite, qu'elles peuvent être...
01:41:09 Et elles se demandent
01:41:11 ce qui se passera, effectivement,
01:41:13 pour elles, à partir
01:41:15 du moment où l'assistance
01:41:17 au suicide sera
01:41:19 possible par la loi.
01:41:21 Voilà. C'est ça que j'ai voulu exprimer.
01:41:23 - Merci, monsieur Gomas.
01:41:27 - Un point de vue de cliniciens
01:41:31 sur les projets de la stratégie
01:41:33 décennale, si il y a des difficultés du système.
01:41:37 Vous savez, je suis un jeune médecin plein d'avenir,
01:41:39 vous avez vu ma tête, donc ça fait 25 ans
01:41:41 que j'entends des promesses et des plans,
01:41:43 etc. Et j'ai vu
01:41:45 tellement de fois... J'étais chef d'unité fonctionnelle
01:41:47 à la résistance publique des hôpitaux de Paris.
01:41:49 J'ai vu tellement de promesses
01:41:51 non tenues, tellement d'engagements impossibles
01:41:53 que, bien entendu,
01:41:55 je suis ravi de tous ces projets,
01:41:57 mais j'attends de voir. Certains ne me semblent pas très logiques.
01:41:59 Je me méfie beaucoup actuellement
01:42:01 de tout ce qui vient
01:42:03 impacter le tout curatif du système.
01:42:05 Le tout curatif du système,
01:42:07 c'est les dépenses sans limite des médicaments
01:42:09 onéreux sur des maladies
01:42:11 qu'on ne guérit toujours pas, c'est
01:42:13 la non-application des
01:42:15 programmes de formation chez les
01:42:17 professionnels de santé initiaux.
01:42:19 Les médecins n'ont pas toutes les heures,
01:42:21 merci de l'avoir rappelé, toutes les heures de formation
01:42:23 en faculté de médecine.
01:42:25 Les infirmières, les kinés, les ergots, les psychomotes,
01:42:27 les aides-soignantes. Alors, madame
01:42:29 Fiat, je m'attendais à vous voir
01:42:31 pour vous le dire. Comme je suis
01:42:33 un des créateurs à la Haute Autorité
01:42:35 de Santé de l'équipe multidisciplinaire
01:42:37 dans la première donnée du référentiel,
01:42:39 je peux vous dire que je suis
01:42:41 complètement d'accord avec vous. Mais comment
01:42:43 forme-t-on ces professionnels ? Pas suffisamment
01:42:45 au soin créatif. Et ça fait des années
01:42:47 qu'on l'attend. Ça fait des années
01:42:49 qu'on attend ça. Les postes
01:42:51 fléchés PUPH, ça fait 20 ans qu'on les attend.
01:42:53 Merci d'avoir rappelé que
01:42:55 la conférence des doyens a voté contre
01:42:57 la création des profs de sympathie pendant des années.
01:42:59 Etc. etc. Les IPA
01:43:01 sont un formidable progrès.
01:43:03 Encore faut-il qu'on les soutienne vraiment,
01:43:05 qu'il n'y ait pas d'obstacles
01:43:07 aux infirmières de pratiques avancées.
01:43:09 Sur le plan multidisciplinaire,
01:43:11 il faut sortir du tout créatif aussi.
01:43:13 Donc, il y a tellement
01:43:15 de choses qui ne sont pas appliquées
01:43:17 des lois actuelles. Il y a tellement
01:43:19 d'incohérences entre les médicaments.
01:43:21 Vous savez ça sûrement, mesdames
01:43:23 et messieurs les députés. Il y a des médicaments
01:43:25 recommandés par la Haute Autorité de Santé, qui sont
01:43:27 toujours remboursés par la Sécu.
01:43:29 Il y a des médecins qui se font tacler parce qu'ils les ont utilisés
01:43:31 hors AMM. Mais ce n'est pas possible
01:43:33 ça. On ne peut pas continuer comme ça.
01:43:35 Dans les dernières recommandations de sympathie de la
01:43:37 HAS, 2018-2020,
01:43:39 ils sont de remarquables documents.
01:43:41 Et il y a des incohérences avec
01:43:43 le travail de la Sécurité sociale.
01:43:45 Voilà un exemple.
01:43:47 Bien avant d'autres créations
01:43:49 dont j'ai bien peur qu'elles n'arrivent pas à se mettre
01:43:51 en place, là j'ai besoin de
01:43:53 preuves et d'actions réelles
01:43:55 de la stratégie décennale.
01:43:57 Évidemment, nous sommes ravis
01:43:59 si les choses progressent.
01:44:01 Merci, madame Carrière-Macos.
01:44:03 Oui, j'aurais précisé juste
01:44:05 trois points concernant la maladie
01:44:07 de Charcot, puisque j'ai soulevé
01:44:09 cette question dans mon propos
01:44:11 en citant comme exemple de maladie
01:44:13 neurodégénérative. Je le faisais non pas tant
01:44:15 que pour son côté emblématique,
01:44:17 mais parce que manifestement, et même
01:44:19 si j'entends bien que les médecins de soins palliatifs
01:44:21 ont exceptionnellement des demandes
01:44:23 d'aide pour
01:44:25 ces patients-là,
01:44:27 en l'occurrence, ils représentent
01:44:29 une part importante des patients qui vont
01:44:31 en Belgique ou en Suisse demander
01:44:33 de l'aide. Ça c'est une réalité.
01:44:35 Je parle des patients français.
01:44:37 En Suisse, tant qu'ils peuvent le faire,
01:44:39 en Belgique, quand ils n'ont plus la capacité
01:44:41 physique de le faire, et c'est
01:44:43 sous-estimé très probablement parce qu'il faut,
01:44:45 vous le rappelez, effectivement, des moyens financiers,
01:44:47 des moyens familiaux, des moyens amicaux
01:44:49 pour pouvoir franchir ces frontières
01:44:51 pour être aidés à mourir.
01:44:53 Donc évidemment qu'il y a bien d'autres maladies
01:44:55 qui sont concernées, mais c'est ce que
01:44:57 nous disent effectivement les autorités.
01:44:59 Les patients entamadis de Charcot font partie
01:45:01 d'une part importante de ces patients
01:45:03 qui franchissent les frontières.
01:45:05 Concernant les directives anticipées,
01:45:07 je suis tout à fait sensible à cette nuance très complexe
01:45:09 qui existe entre un patient
01:45:11 qui a une maladie évolutive et qui à un moment
01:45:13 ne va plus pouvoir s'exprimer et qu'il faut entendre,
01:45:15 et les patients qui souffrent de maladies d'Alzheimer.
01:45:17 Et là,
01:45:19 l'écriture est complexe, mais ce qui est important
01:45:21 c'est qu'effectivement ils puissent avoir accès
01:45:23 à ces directives et à pouvoir dire
01:45:25 si ma maladie évolue et que je ne peux plus m'exprimer,
01:45:27 qu'on entende toujours ma demande.
01:45:29 Parce qu'il ne faudrait pas qu'ils anticipent leur mort
01:45:31 et qu'ils demandent une mort plus précoce
01:45:33 parce qu'ils peuvent encore s'exprimer.
01:45:35 Donc ça c'est effectivement quelque chose de compliqué à écrire.
01:45:37 Heureusement,
01:45:39 ce n'est pas moi qui rédige les textes,
01:45:41 mais c'est une notion très complexe dont il faut tenir compte.
01:45:43 Et puis pour répondre à votre question,
01:45:45 Monsieur le rapporteur général,
01:45:47 pour revenir sur ce thème de court ou moyen terme,
01:45:49 je pense profondément qu'il ne faut pas mettre
01:45:51 de chiffres précis, de mois,
01:45:53 d'échéances et entendre peut-être effectivement
01:45:55 ces propos de Monsieur le professeur Aubry,
01:45:57 du cas par cas,
01:45:59 avec l'intelligence, avec toute la connaissance
01:46:01 de chaque médecin, ce qui évitera
01:46:03 certainement à des médecins de devoir
01:46:05 faire des arrangements avec la réalité,
01:46:07 avec l'espérance de vie de leur patient.
01:46:09 Je pense qu'effectivement, mettre un terme exact
01:46:11 est quelque chose d'extrêmement,
01:46:13 à mon avis, préjudiciable.
01:46:15 Merci.
01:46:17 Alors, chers collègues,
01:46:19 nous devons finir à 19h, vraiment
01:46:21 au plus tard. Il y a
01:46:23 13 questions, 1 minute,
01:46:25 13 minutes, et chacun de nos intervenants
01:46:27 pourra répondre aux questions qui leur ont été
01:46:29 posées.
01:46:31 On commence par Monsieur Juvin.
01:46:33 Madame Carrière-Brincaud, je vais vous poser
01:46:39 une question que j'ai déjà posée, mais sans obtenir de réponse.
01:46:41 Est-ce que vous avez des données scientifiques robustes
01:46:43 qui montreraient que des gens qui étaient
01:46:45 ineligibles à la sédation profonde n'y ont pas eu accès,
01:46:47 que des sédations profondes dureraient plusieurs jours ?
01:46:49 Dans mon expérience personnelle,
01:46:51 les sédations profondes, c'est jamais
01:46:53 plus de 48 heures.
01:46:55 Madame Enzel, dans l'Oregon,
01:46:57 vous allez chercher le produit à la pharmacie,
01:46:59 et vous le prenez si vous voulez, 40% des gens
01:47:01 finalement ne le prennent pas.
01:47:03 Dans la loi, ce qui est prévu, c'est un rendez-vous
01:47:05 fixe, donc mardi à 15h.
01:47:07 Est-ce que vous considérez que le rendez-vous fixe
01:47:09 est de nature à faire en sorte que ceux qui,
01:47:11 les 40% qui ne l'auraient pas pris,
01:47:13 se sentiraient obligés de le prendre ?
01:47:15 Monsieur le Dr Gomas,
01:47:17 vous avez soulevé le risque de pression familiale.
01:47:19 Quand on demande une cure-attelle ou une tutelle,
01:47:21 on passe par le juge, aujourd'hui.
01:47:23 Pourquoi ? Parce que,
01:47:25 alors que l'intéressé peut être d'accord,
01:47:27 que la famille tutrice pourrait être d'accord,
01:47:29 le juge parfois dépiste
01:47:31 des actes de faiblesse,
01:47:33 d'abus de faiblesse. Est-ce que vous ne
01:47:35 croyez pas qu'un contrôle du juge serait une garantie
01:47:37 de liberté supplémentaire ? Et enfin,
01:47:39 Monsieur le Professeur Sicard,
01:47:41 le docteur Prada de la Pitié Saint-Pétrière, m'envoie un mot,
01:47:43 il me dit que sur ses 10 ans d'estimation
01:47:45 de maladie de charcot,
01:47:47 c'est le spécialiste de la maladie de charcot,
01:47:49 600 nouveaux patients, 15 demandes persistantes
01:47:51 d'euthanasie et 3 déplacements
01:47:53 en Belgique.
01:47:55 Merci, Madame Lizeau.
01:47:57 Merci, Madame la Présidente.
01:48:01 Je voudrais poser une question à Madame Enzel.
01:48:03 Madame, vous dites
01:48:05 que les soins palliatifs
01:48:07 sont la solution,
01:48:09 ou en tout cas c'est ce que j'ai compris de vos propos.
01:48:11 Il manque de soins palliatifs
01:48:13 en France, c'est vrai.
01:48:15 Moi, je suis une élue du Nord et ce département
01:48:17 est largement doté
01:48:19 en termes de centres de soins palliatifs.
01:48:21 Cela n'empêche pas
01:48:23 certains de nos concitoyens du Nord
01:48:25 d'aller en Belgique
01:48:27 parce qu'ils n'ont pas ici
01:48:29 la réponse attendue
01:48:31 ou qu'ils espèrent dans les soins palliatifs.
01:48:33 Alors ma question est simple.
01:48:35 A des personnes, celles qu'a évoquées par exemple
01:48:37 la rapporteure Caroline Fiat,
01:48:39 qui sont désespérées
01:48:41 et qui supplient de l'aide,
01:48:43 que leur répondez-vous ?
01:48:45 Je vous remercie.
01:48:47 Madame Ibora.
01:48:49 Merci, Madame la Présidente.
01:48:53 Je voulais vous interroger
01:48:55 pour ceux qui sont plutôt
01:48:57 favorables, sur les soins d'accompagnement
01:48:59 et la création des maisons d'accompagnement.
01:49:01 Le projet de loi
01:49:03 définit des soins d'accompagnement
01:49:05 en y incluant des soins palliatifs
01:49:07 sans les réduire cependant
01:49:09 à ceux-ci, à ces derniers.
01:49:11 Le projet de loi prévoit la mise
01:49:13 en oeuvre d'un plan personnalisé
01:49:15 d'accompagnement dès le diagnostic
01:49:17 de la maladie.
01:49:19 La loi prévoit la création des maisons
01:49:21 d'accompagnement pour les personnes
01:49:23 en fin de vie.
01:49:25 Que pensez-vous de ces
01:49:27 innovations ?
01:49:29 Sont-elles
01:49:31 bienvenues ? Plus largement,
01:49:33 pensez-vous que le projet de loi tel que
01:49:35 proposé garantit le
01:49:37 choix des personnes en fin de vie,
01:49:39 y compris celui de la
01:49:41 demande d'aide à mourir
01:49:43 alors que les directives
01:49:45 anticipées dans le projet
01:49:47 de loi aujourd'hui sont très
01:49:49 peu sollicitées ?
01:49:51 Monsieur Audoul.
01:49:53 Merci, Madame la Présidente.
01:49:55 Nous n'avons pas
01:49:57 eu l'occasion, et nous le regrettons,
01:49:59 d'auditionner des témoins étrangers
01:50:01 de pays où l'euthanasie
01:50:03 est en vigueur.
01:50:05 Et nous le regrettons fortement.
01:50:07 Docteur Gomaz, vous qui avez
01:50:09 une connaissance des dérives constatées
01:50:11 en Belgique notamment,
01:50:13 quelles sont pour vous les conséquences
01:50:15 de la législation belge
01:50:17 ou la législation luxembourgeoise
01:50:19 au Luxembourg sur la fin
01:50:21 de vie des personnes ?
01:50:23 Quelle est la qualité des soins palliatifs
01:50:25 ou l'accès des soins palliatifs
01:50:27 dans ces pays ?
01:50:29 Et quel est le positionnement
01:50:31 des soignants en Belgique
01:50:33 vis-à-vis de l'euthanasie ? Je vous remercie.
01:50:35 Monsieur Benz.
01:50:37 Merci, Madame la Présidente.
01:50:39 Ma question s'adresse à Madame Lombard,
01:50:41 un petit peu dans l'esprit de ce que m'a dit mon collègue
01:50:43 Julien Audoul. Vous avez parlé
01:50:45 du droit existant chez nos voisins
01:50:47 européens. En l'occurrence,
01:50:49 vous avez laissé entendre
01:50:51 qu'on devrait, nous, la France, suivre
01:50:53 nos voisins. En l'occurrence, la France reste
01:50:55 quand même un pays souverain
01:50:57 qui peut choisir sa voie, et d'ailleurs la France l'a toujours
01:50:59 choisie, celle des soins palliatifs depuis 25 ans.
01:51:01 En Belgique,
01:51:03 on constate avec le recul que l'on a
01:51:05 que l'euthanasie
01:51:07 s'est faite au détriment du développement
01:51:09 des soins palliatifs.
01:51:11 En Hollande, Théo Bauer,
01:51:13 vous avez, j'imagine, lu son
01:51:15 alerte, nous adresse un message très clair.
01:51:17 Lui, qui est l'ancien contrôleur des euthanasies
01:51:19 aux Pays-Bas, nous dit "Vous, la France
01:51:21 et les Français, ne faites pas l'erreur que nous avons fait
01:51:23 dans notre pays." Je pense qu'il faut les écouter.
01:51:25 Bien sûr, on a une possibilité
01:51:27 de comparer, mais ma question est très simple.
01:51:29 Est-ce que ces deux exemples-là, la Belgique
01:51:31 et les Pays-Bas, ne seraient pas de nature,
01:51:33 au contraire, nous, à ce qu'on est,
01:51:35 à ce qu'on légifère
01:51:37 de manière extrêmement prudente ?
01:51:39 Je vous remercie.
01:51:41 Monsieur Pilateau.
01:51:43 Merci, Madame la Présidente.
01:51:45 J'aimerais déjà faire une remarque
01:51:47 sur le mot "euthanasie", "suicidatisté",
01:51:49 "à mourir". L'euthanasie,
01:51:51 sur toutes les définitions, il n'y a
01:51:53 jamais de demande. Donc, c'est une...
01:51:55 On donne la mort de manière volontaire
01:51:57 et, à partir de ce moment-là, on peut se poser
01:51:59 la question sur la sédation profonde
01:52:01 et continue dans le cadre
01:52:03 du non-acharnement.
01:52:05 Est-ce que ce n'est pas tout simplement une euthanasie ?
01:52:07 Et si la demande est faite,
01:52:09 toujours dans cette même
01:52:11 situation, est-ce que ce n'est pas un suicide
01:52:13 assisté ? Je referme la parenthèse.
01:52:15 Ma question s'adresse à Madame Lombard.
01:52:17 Si
01:52:19 quelqu'un remplit les cinq critères
01:52:21 et qu'on retire
01:52:23 à court ou à moyen
01:52:25 terme, c'est-à-dire qu'à partir du moment
01:52:27 où c'est diagnostiqué,
01:52:29 la demande est accordée
01:52:33 et la personne,
01:52:35 quand elle ne peut plus supporter,
01:52:37 demande à éteindre la lumière.
01:52:39 Est-ce qu'en conservant les cinq
01:52:41 critères, cette démarche
01:52:43 vous paraît censée ?
01:52:45 Monsieur Vigier ?
01:52:49 Merci, Madame la Présidente.
01:52:51 Aux quatre personnes qui sont les plus opposées
01:52:53 à ce texte, est-ce que la loi
01:52:55 que laissez-vous d'étudier couvre toutes les
01:52:57 situations ? Qu'il faudrait-il faire pour l'améliorer ?
01:52:59 À Marie-Josephe Touraine
01:53:01 et à Marina Carré-Dancos.
01:53:03 Sur les directives anticipées,
01:53:05 Madame la ministre, Marie-Josephe Touraine,
01:53:07 est-ce que vous ne croyez pas qu'ils
01:53:09 peuvent être dans le dossier médical ?
01:53:11 Est-ce qu'on doit aller plus loin en demandant
01:53:13 qu'elles soient inscrites obligatoirement ?
01:53:15 Quel mot de la loi
01:53:17 vous en avez parlé ?
01:53:19 Quel mot dites-vous sur la protection des soignants ?
01:53:21 Vous avez rappelé tout à l'heure les engagements qui ont été
01:53:23 les vôtres lorsqu'il a fallu dans l'infirmier
01:53:25 mieux protéger les soignants et les équipes.
01:53:27 Et la dernière chose, sur la collégialité
01:53:29 de la décision, comment l'améliorer
01:53:31 par rapport au texte
01:53:33 qui nous est proposé ? Merci.
01:53:35 Monsieur Gernigon ?
01:53:37 Oui, merci, Madame la Présidente.
01:53:39 Ma première question s'adresse à
01:53:41 Madame Hensel où vous avez fait
01:53:43 le rapprochement entre
01:53:45 le placement de la population et donc
01:53:47 l'aide active à mourir. On ne peut pas s'empêcher
01:53:49 dans ce texte de faire
01:53:51 du transfert par rapport à ce qu'on a pu vivre personnellement
01:53:53 et ce qu'on vit personnellement.
01:53:55 Moi, j'ai ma maman qui a 91 ans qui est en EHPAD.
01:53:57 J'ai du mal à penser que
01:53:59 si elle demandait l'aide
01:54:01 à mourir demain pour une raison
01:54:03 x ou y hors sa situation
01:54:05 de maladie,
01:54:07 comment vous placez
01:54:09 le fait qu'il y ait un critère
01:54:11 qui précise
01:54:13 qu'il faut que
01:54:15 la souffrance soit réfractaire
01:54:17 et dans ce cas-là,
01:54:19 je dirais que la souffrance n'est pas du tout
01:54:21 réfractaire chez les personnes âgées
01:54:23 en EHPAD et comment vous pouvez penser
01:54:25 qu'ils puissent demander
01:54:27 l'aide à mourir ? Et puis ma deuxième question
01:54:29 pour Madame Touraine,
01:54:31 Madame la Ministre, c'est que vous avez évoqué
01:54:33 le fait des directives
01:54:35 anticipées. Est-ce que vous considérez
01:54:37 qu'une personne qui a
01:54:39 souhaité bénéficier de l'aide à mourir
01:54:41 qui rentre dans les 5 critères
01:54:43 et qui malheureusement dans les 30 jours
01:54:45 perd ses facultés,
01:54:47 est-ce que vous pensez que le fait qu'elle ait exprimé
01:54:49 cette aide à mourir suffit
01:54:51 à considérer que c'est une directive
01:54:53 anticipée ?
01:54:55 Madame Mathistel ?
01:54:57 Merci beaucoup
01:54:59 Madame la Présidente. Mes questions
01:55:01 s'adressent plutôt à ceux qui n'y ont pas
01:55:03 répondu pour l'instant puisque certains
01:55:05 d'entre vous l'ont déjà fait et recoupent un petit
01:55:07 peu la question de
01:55:09 mon collègue sur le court
01:55:11 et moyen terme. Si on le
01:55:13 retirait tout simplement
01:55:15 du texte, est-ce que en fait
01:55:17 nous on considère que
01:55:19 le patient doit être au cœur du dispositif
01:55:21 et que l'appréciation de la
01:55:23 soutenabilité
01:55:25 de la douleur ou de la souffrance,
01:55:27 seul le patient peut en déterminer
01:55:29 le terme. Donc est-ce
01:55:31 que ça vous appelle des remarques
01:55:33 pour ceux qui n'en seraient pas
01:55:35 d'accord par exemple ?
01:55:37 Sur la question du
01:55:39 libre et éclairé,
01:55:41 et le non-recours dans ce cas-là aux
01:55:43 directives anticipées, ça revient un petit peu
01:55:45 à ce que disait le collègue à l'instant
01:55:47 puisqu'on a un certain nombre de cas
01:55:49 où les directives ont été faites de manière
01:55:51 pas très ancienne d'ailleurs
01:55:53 et où la personne n'est plus en capacité
01:55:55 de pouvoir l'exprimer et le texte
01:55:57 ne répondra pas aujourd'hui
01:55:59 à cette volonté.
01:56:01 Donc est-ce que vous verriez
01:56:03 un inconvénient que
01:56:05 on fasse un recours aux directives
01:56:07 assistées dans le cas
01:56:09 d'une non-expression possible ?
01:56:11 Et sur la question des maladies
01:56:13 neurodégénératives, est-ce que
01:56:15 finalement, qui sont aujourd'hui écartées
01:56:17 de cet acte pour un certain
01:56:19 nombre, est-ce que si on n'y
01:56:21 remédie pas, on ne ferait pas une loi
01:56:23 à minima ?
01:56:25 Madame Vidal ?
01:56:27 Merci Madame la Présidente.
01:56:29 J'aimerais revenir, j'ai
01:56:31 deux questions. La première concerne
01:56:33 les personnes âgées.
01:56:35 Elles seront de plus en plus nombreuses
01:56:37 dans notre pays et notamment les très-âgées,
01:56:39 je pense aux personnes de plus de
01:56:41 90 ans. Leur profil est que
01:56:43 bien souvent ces personnes sont porteuses
01:56:45 d'une ou plusieurs
01:56:47 pathologies chroniques.
01:56:49 Donc est-ce que, ma question
01:56:51 s'adresse plutôt aux médecins,
01:56:53 est-ce que vous pourriez
01:56:55 considérer que le pronostic
01:56:57 vital à moyen terme
01:56:59 est engagé dans ce cadre-là ?
01:57:01 La deuxième question concerne
01:57:03 l'expression de la collégialité.
01:57:05 Le médecin qui va devoir répondre
01:57:07 à une demande d'aide
01:57:09 à mourir va s'encadrer
01:57:11 de l'avis d'un certain nombre de professionnels.
01:57:13 Pensez-vous qu'il serait
01:57:15 opportun ou pertinent
01:57:17 de prendre aussi l'avis du proche aidant
01:57:19 qui potentiellement va devoir
01:57:21 faire le geste fatal
01:57:23 et gérer derrière
01:57:25 un deuil potentiellement complexe ?
01:57:29 Monsieur Le Gendre ?
01:57:31 Merci Madame la Présidente.
01:57:33 Une première question qui rôde autour
01:57:35 de tout ce que nous avons évoqué sur les directives
01:57:37 anticipées. En effet, on voit bien qu'il y a là
01:57:39 une possibilité
01:57:41 sous réserve qu'on trouve le bon dispositif
01:57:43 à mettre une sorte d'amendement
01:57:45 au fait que
01:57:47 le discernement et la décision
01:57:49 libre et éclairée est un obstacle à une
01:57:51 application complète de cette loi.
01:57:53 Est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer
01:57:55 tout en maintenant évidemment les quatre autres critères ?
01:57:57 Ça je pense que c'est absolument essentiel
01:57:59 notamment sur le pronostic et les douleurs.
01:58:01 Imaginez que les directives
01:58:03 aient été écrites suffisamment
01:58:05 récemment et notamment
01:58:07 lorsque la maladie a été diagnostiquée
01:58:09 et qu'elle n'a pas encore donné lieu
01:58:11 à la perte de discernement.
01:58:13 À ce moment-là, évidemment,
01:58:15 les directives ont un poids plus important.
01:58:17 Est-ce qu'on peut imaginer,
01:58:19 parce qu'ensuite se pose la question du moment
01:58:21 de l'acte létal en l'absence
01:58:23 de conscience de l'intéressé
01:58:25 et du patient, est-ce qu'on ne peut pas
01:58:27 imaginer à ce moment-là qu'un tiers de confiance
01:58:29 intégrée au dispositif
01:58:31 des directives anticipées, spécifiquement
01:58:33 dédiée à cette décision
01:58:35 de l'aide à mourir, puisse être
01:58:37 une manière d'aménager le dispositif
01:58:39 et d'apporter le secours nécessaire.
01:58:41 Et enfin, pour terminer,
01:58:45 on termine en beauté puisqu'on lui souhaite
01:58:47 un joyeux anniversaire, Monsieur Cyril Zaxi-Bil.
01:58:49 Merci, Madame la Présidente.
01:58:53 Mesdames, Messieurs,
01:58:55 merci pour vos présentations
01:58:57 et pour nous faire partager votre longue expérience.
01:58:59 Ce projet de loi
01:59:01 propose de passer
01:59:03 outre l'interdit doté
01:59:05 de la vie et beaucoup d'entre nous
01:59:07 peuvent le comprendre dans un sens compassionnel.
01:59:09 Cependant, l'histoire
01:59:11 nous a également appris que ces lois
01:59:13 sociétales sont toujours amenées à évoluer
01:59:15 vers un élargissement de leurs conditions
01:59:17 et de leurs pratiques. Et nous pouvons
01:59:19 craindre l'ouverture à de nouvelles
01:59:21 catégories d'âge, notamment les mineurs,
01:59:23 à des personnes sans pronostic
01:59:25 vital engagé, comme le propose
01:59:27 Madame Carine Ancos, ou enfin des personnes
01:59:29 atteintes de pathologies psychiatriques.
01:59:31 Avec votre expérience,
01:59:33 comment pouvez-vous
01:59:35 nous faire des propositions
01:59:37 de garantie solide
01:59:39 pour éviter que cette brèche
01:59:41 que nous ouvrons ne s'agrandisse
01:59:43 voire ne dérive ?
01:59:45 Je me permets de vous en proposer deux,
01:59:47 ne de dos ou pas, comme l'a fait Simon Veil
01:59:49 dans sa sagesse pour l'IVG,
01:59:51 nous limiter à une dépénalisation
01:59:53 pour les médecins, à l'aide
01:59:55 de mourir, pratiquée dans certaines conditions,
01:59:57 aide qui se pratique déjà,
01:59:59 nous le savons. Une deuxième proposition
02:00:01 sera un meilleur encadrement
02:00:03 pour ne pas laisser cette décision
02:00:05 seule aux médecins, pourquoi c'est les médecins qui décideraient,
02:00:07 suite à la volonté exprimée par le patient,
02:00:11 ne pourra-t-elle pas être tractée par un juge
02:00:13 qui aurait recueilli l'avis
02:00:15 et l'expertise
02:00:17 du collège des soignants
02:00:19 et qui aurait constaté le discernement du patient ?
02:00:21 Je vous remercie.
02:00:23 C'est bien parce que c'était votre anniversaire,
02:00:25 M. Getsch,
02:00:27 ce n'est pas le vôtre, mais vous pouvez
02:00:29 quand même poser une question, et c'est bien une minute.
02:00:31 Merci, Mme la Présidente.
02:00:33 Je ne voulais pas
02:00:35 terminer en beauté sans y avoir participé.
02:00:37 D'abord,
02:00:39 je veux vraiment remercier tous les
02:00:41 panélistes, parce que comme à chaque fois,
02:00:43 ça nous lime la cervelle
02:00:45 et c'est extrêmement précieux dans ce moment.
02:00:47 Je pense notamment à l'intervention
02:00:49 de Mme Carrière-Danco, je vous en remercie.
02:00:51 Vous avez pointé la crainte
02:00:53 que des médecins réticents à l'aide à mourir
02:00:55 freinent, voire bloquent le processus,
02:00:57 et vous avez souhaité que la
02:00:59 demande du patient soit primordiale.
02:01:01 Au moment où nous, on va préparer dans les jours
02:01:03 qui viennent nos amendements, est-ce à dire
02:01:05 que vous pensez qu'il faille que
02:01:07 l'exercice de la clause
02:01:09 de conscience
02:01:11 soit adossée
02:01:13 à une obligation pour le médecin
02:01:15 réticent de trouver
02:01:17 son père
02:01:19 susceptible
02:01:21 d'être celui
02:01:23 qui le remplace ?
02:01:25 Est-ce que vous allez
02:01:27 jusqu'à cette formulation de ce type
02:01:29 d'obligation ?
02:01:31 J'avais plein d'autres questions, mais je respecte le temps,
02:01:33 Mme la Présidente. - Merci
02:01:35 de votre sagesse, M. Gage.
02:01:37 Je vous propose
02:01:39 que chacun puisse répondre aux questions
02:01:41 qui ont été posées. J'ai un rôle
02:01:43 très facile, c'est de limiter le temps.
02:01:45 Dans un maximum,
02:01:47 vraiment maximum de 5 minutes
02:01:49 chacun, si ça peut être plus court, c'est mieux.
02:01:51 Allez, on va commencer par Mme de Henzel.
02:01:53 La première
02:01:59 question de M. Juvin,
02:02:01 je pense effectivement que
02:02:03 le rendez-vous fixe,
02:02:05 ça peut être effectivement très contraignant.
02:02:07 Je pense qu'en
02:02:09 Oregon, le fait
02:02:11 que la personne aille chercher elle-même
02:02:13 son produit et que,
02:02:15 comme on le voit, que 40% seulement
02:02:17 le prennent, je suis
02:02:19 d'accord avec lui.
02:02:21 Plusieurs questions autour de l'efficacité
02:02:23 des soins
02:02:25 palliatifs.
02:02:27 Je ne peux que
02:02:29 témoigner ici de
02:02:31 mon expérience. J'ai été
02:02:33 la psychologue de la première
02:02:35 unité pendant 10 ans.
02:02:37 Je n'ai jamais
02:02:39 vu quelqu'un
02:02:41 aux prises avec des souffrances réfractaires.
02:02:43 Les médecins
02:02:45 étaient des médecins compétents
02:02:47 et c'étaient des médecins
02:02:49 qui s'engageaient, parce que pour moi, la définition
02:02:51 des soins palliatifs, c'est
02:02:53 l'engagement à ne pas
02:02:55 laisser souffrir
02:02:57 et utiliser tous les moyens
02:02:59 qui sont, d'ailleurs, dans la loi
02:03:01 Léonetti,
02:03:03 on sait très bien que l'obligation
02:03:05 de soulager au risque d'écourter la vie
02:03:07 montre bien
02:03:09 c'est un engagement.
02:03:11 Je vais
02:03:13 donner un exemple.
02:03:15 Un de mes amis, qui est connu d'ailleurs,
02:03:17 qui a écrit un livre sur "Faire le deuil
02:03:19 de soi", Nicolas Menet,
02:03:21 avec qui j'ai beaucoup parlé
02:03:23 quand il était atteint de cette maladie
02:03:25 à 49 ans d'un cancer du cerveau,
02:03:27 avait l'intention de partir
02:03:29 en Suisse.
02:03:31 Nous avons correspondu
02:03:33 et à un moment donné,
02:03:35 il m'a dit au fond, je vais aller voir
02:03:37 une équipe de soins palliatifs, je crois que c'était
02:03:39 à la salle Pétrière,
02:03:41 et il m'a écrit ensuite, en me disant
02:03:43 j'ai rencontré un médecin
02:03:45 qui s'est engagé
02:03:47 à ce que je ne souffre pas
02:03:49 et qu'au moment où
02:03:51 je le déciderai, au moment
02:03:53 où je dirai je ne peux plus aller plus loin,
02:03:55 il me ferait une sédation.
02:03:57 Et c'est ce qui a eu lieu.
02:03:59 Cette sédation a lieu et elle n'a pas
02:04:01 duré qu'un jour.
02:04:03 Donc je pense que
02:04:05 dans cette...
02:04:07 Je pense que les soins palliatifs incluent
02:04:09 la pratique de la sédation, bien sûr.
02:04:11 Et en général,
02:04:13 les équipes sont compétentes pour le faire.
02:04:15 Ce que je trouve aberrant,
02:04:17 c'est que des équipes hospitalières
02:04:19 mettent en place des sédations
02:04:21 tout en continuant
02:04:23 à hydrater,
02:04:25 je dirais,
02:04:27 à faire une hydratation
02:04:29 artificielle du patient.
02:04:31 Ce qui me semble, moi, complètement aberrant.
02:04:33 Parce que, évidemment,
02:04:35 c'est là qu'on a des sédations qui durent
02:04:37 8 jours, 15 jours.
02:04:39 J'ai une amie qui est morte de la maladie
02:04:41 de Charcot il y a 3 mois.
02:04:43 Elle était chez elle
02:04:45 avec une équipe de soins palliatifs
02:04:47 à domicile et cette équipe
02:04:49 s'était aussi engagée, le médecin
02:04:51 s'était engagé à ce qu'elle ne souffre pas
02:04:53 quand elle a commencé
02:04:55 à faire des risques
02:04:57 de fausse route et à ne plus pouvoir
02:04:59 parler. Elle a dit que
02:05:01 c'était le moment. Eh bien, on lui a
02:05:03 fait une sédation
02:05:05 et 48 heures après, elle n'était plus là.
02:05:07 Donc,
02:05:09 je parle à partir
02:05:11 de mon expérience, bien sûr.
02:05:13 Je ne peux pas vous dire autre chose
02:05:15 que cela. Je crois que
02:05:17 une autre question m'a été posée
02:05:19 à propos de...
02:05:21 Oui, à propos
02:05:23 d'une maman dans une EHPAD
02:05:25 sur ce critère
02:05:27 de... Effectivement,
02:05:29 une personne qui est dans un EHPAD
02:05:31 n'est pas une personne
02:05:33 qui est nécessairement prise avec
02:05:35 une souffrance réfractaire.
02:05:37 Mais vous avez beaucoup de personnes, et c'est là
02:05:39 que ça répond un peu à la question de Mme Touraine,
02:05:41 la souffrance, est-ce qu'elle est
02:05:43 uniquement physique ou psychologique ?
02:05:45 Vous avez des personnes
02:05:47 qui sont dans une telle angoisse
02:05:49 de souffrir ou d'être
02:05:51 abandonnée, de ne pas avoir le médecin
02:05:53 qui va être proche,
02:05:55 de ne pas avoir l'équipe de soins palliatifs qui va être là,
02:05:57 que cette angoisse
02:05:59 est une souffrance
02:06:01 intolérable.
02:06:03 Est-ce que ça ne fait pas partie des critères,
02:06:05 cette souffrance psychologique intolérable ?
02:06:07 Justement,
02:06:09 je pose ça comme ça
02:06:11 parce qu'effectivement,
02:06:13 quand cette personne...
02:06:15 Prenez
02:06:17 une personne âgée dans un EHPAD
02:06:19 qui a peur de souffrir,
02:06:21 qui sait qu'il n'y a pas de médecin,
02:06:23 il n'y a plus de médecin traitant,
02:06:25 il y en a beaucoup qui n'en ont pas,
02:06:27 qui n'ont pas de soins palliatifs,
02:06:29 qui est prise dans cette angoisse
02:06:31 et qui dit "J'en ai assez, je veux mourir."
02:06:33 Quand cette loi sera
02:06:35 votée, honnêtement,
02:06:37 qui d'entre vous peut me dire qu'on ne va pas
02:06:39 lui proposer un suicide assisté ?
02:06:41 -Merci,
02:06:43 Madame.
02:06:45 Monsieur Sikar ?
02:06:49 -Je comprends très mal
02:06:51 le problème des suicides.
02:06:53 Le pays d'Europe
02:06:59 où il y a le plus petit nombre de directives anticipées,
02:07:01 parce qu'il y a sans arrêt
02:07:03 la réflexion,
02:07:05 mais on peut très bien changer l'état d'esprit.
02:07:07 Les directives anticipées sont destinées
02:07:09 quand il y a une personne
02:07:11 sans connaissance,
02:07:13 jugée définitive,
02:07:15 est-ce qu'on arrête les soins ou est-ce qu'on les maintient ?
02:07:17 Je ne vois pas comment
02:07:19 en situation de coma définitif,
02:07:21 une personne peut changer l'état d'esprit.
02:07:23 Respecter les directives
02:07:25 anticipées dans cette situation
02:07:27 devrait être une sorte
02:07:29 d'évidence, mais il y a une sorte
02:07:31 de populisme
02:07:33 permanent qui dit "Mais les directives
02:07:35 anticipées, vous risquez de changer."
02:07:37 Je me souviens d'un malade atteint du SIDA
02:07:39 qui avait rédigé
02:07:41 ses directives anticipées
02:07:43 et qui me dit, à l'occasion
02:07:45 d'une pneumonie extrêmement grave,
02:07:47 "Ne regardez pas
02:07:49 mes directives anticipées." Parce qu'il
02:07:51 parlait. Et donc le problème, c'est que
02:07:53 les directives anticipées n'ont pas de sang chez quelqu'un
02:07:55 qui peut parler. Elles n'ont de sang
02:07:57 que si la personne est définitivement inconsciente
02:07:59 pour arrêter la réanimation.
02:08:01 Donc je trouve qu'elle est beaucoup plus simple.
02:08:03 Et je ne comprends pas les débats
02:08:05 perpétuellement, "Mais
02:08:07 on peut changer l'état d'esprit, on ne peut pas changer
02:08:09 en état de coma."
02:08:11 La question de Charcot,
02:08:13 "Est-ce que vous avez dit 6%
02:08:15 sur une longue série de plusieurs centaines ?"
02:08:17 Oui, c'est vrai.
02:08:19 Le problème, c'est qu'on a envie de répondre
02:08:21 à ces 6%. Est-ce que cette réponse
02:08:23 à ces 6% ne met pas en danger
02:08:25 les
02:08:27 94% de Charcot
02:08:29 qui se dirait, au fond,
02:08:31 "Il y a une loi, peut-être que c'est la meilleure solution."
02:08:33 Au fond,
02:08:35 cette loi,
02:08:37 la vraie question, c'est
02:08:39 comment maintenir la liberté
02:08:41 de ceux qui iraient en Suisse ou en Belgique
02:08:43 et en même temps ne pas
02:08:45 encourager, ne pas
02:08:47 protéger les personnes
02:08:49 les plus vulnérables que sont
02:08:51 éventuellement les personnes de 91 ans,
02:08:53 ces enfants handicapés.
02:08:55 Moi, je suis très bouleversé.
02:08:57 Ces enfants handicapés m'avaient dit
02:08:59 "S'il y a un jour une loi sur l'aide
02:09:01 à mourir, on a très peur."
02:09:03 Et donc, tenir compte,
02:09:05 il faudra que dans la loi, si elle existe,
02:09:07 il faut qu'il y ait un ou deux articles
02:09:09 qui soient des articles de protection
02:09:11 des personnes les plus vulnérables
02:09:13 nommées. Et donc,
02:09:15 dans ce domaine, s'il y avait une loi
02:09:17 qui, en même temps, protège
02:09:19 soins palliatifs, protection
02:09:21 des personnes les plus vulnérables, on peut
02:09:23 imaginer qu'effectivement, peut-être,
02:09:25 le respect
02:09:27 de telle ou telle liberté pourrait être admise.
02:09:29 Merci, madame Ambar.
02:09:31 Assez peu de questions
02:09:35 m'ont été directement posées, mais
02:09:37 j'en retiens une, vraiment.
02:09:39 C'est d'abord de M. Pilateau qui m'a demandé
02:09:41 si quelqu'un remplit les cinq conditions,
02:09:43 est-ce que cette demande pourrait être prise en compte de façon
02:09:45 censée ? À mon sens,
02:09:47 oui. C'est-à-dire qu'on élimine la sixième
02:09:49 condition qui est la condition
02:09:51 de pronostic vital engagé à courrées
02:09:53 moyen terme. S'il remplit toutes les autres
02:09:55 conditions, oui, bien sûr, sa demande
02:09:57 me paraît censée.
02:09:59 Il y avait une question qui m'était directement
02:10:01 adressée par M. Bens, et je le
02:10:03 remercie vraiment de me l'avoir posée
02:10:05 parce que je voudrais faire
02:10:07 un jour, si j'ai le temps, mais
02:10:09 le temps est toujours compté, une compilation
02:10:11 de toutes les fake news qu'il y a
02:10:13 sur ces pays étrangers.
02:10:15 Notamment, vous avez parlé de Théo Boer.
02:10:17 Théo Boer, beaucoup le prennent pour
02:10:19 un médecin. Théo Boer
02:10:21 est un docteur en théologie
02:10:23 qui est enseigné dans une université de
02:10:25 Béothéologie. Il n'est
02:10:27 non pas le grand contrôleur des
02:10:29 euthanasies aux Pays-Bas,
02:10:31 il a fait partie d'une commission régionale de contrôle
02:10:33 quelques années parce que
02:10:35 les Pays-Bas ont prévu en effet qu'il y ait
02:10:37 un médecin, un juriste
02:10:39 et quelqu'un d'autre qui
02:10:41 peut être un théologien dans les commissions
02:10:43 de contrôle. Donc il est assiégé à ce titre.
02:10:45 Maintenant, sur ce
02:10:47 qu'il dit, je retiens notamment
02:10:49 ce qu'il a dit récemment,
02:10:51 que si les Pays-Bas
02:10:53 avaient atteint, dès 2001,
02:10:55 le degré de qualité des
02:10:57 soins palliatifs actuels,
02:10:59 ils n'auraient peut-être
02:11:01 pas eu l'idée d'adopter cette loi
02:11:03 sur l'interruption de la fin de vie.
02:11:05 Autant dire qu'il
02:11:07 reconnaissait très explicitement, lui, Théo Boer,
02:11:09 le théologien, que les soins
02:11:11 palliatifs avaient considérablement
02:11:13 progressé aux Pays-Bas.
02:11:15 Sur la Belgique, maintenant,
02:11:17 on dit parfois que les
02:11:19 soins palliatifs ont baissé de qualité
02:11:21 en Belgique en s'appuyant sur deux études,
02:11:23 l'une de 2015, l'autre de 2020.
02:11:25 L'une a été procédée,
02:11:27 il a été procédé par The Economist,
02:11:29 l'autre par une université Duke
02:11:31 de Singapour. Donc, selon des méthodes
02:11:33 tout à fait différentes,
02:11:35 et notamment en 2020,
02:11:37 il n'était pas possible de faire des expertises
02:11:39 dans les différents pays, c'était donc par
02:11:41 auto-qualification,
02:11:45 quand on interrogeait les experts des différents pays.
02:11:47 Chacun, c'était presque un
02:11:49 concours de venterie,
02:11:51 de ventardise.
02:11:53 Eh bien, il n'est pas étonnant qu'en 2020,
02:11:55 les pays
02:11:57 considérés comme ayant les soins palliatifs
02:11:59 les plus développés étaient le Sri Lanka,
02:12:01 la Biélorussie, la Macédoine du Nord.
02:12:03 Effectivement,
02:12:05 la Belgique,
02:12:07 qui ne fait moins de ventardise,
02:12:09 est passée du 5e au 15e rang.
02:12:11 Mais ce sont deux études
02:12:13 complètement différentes.
02:12:15 Personnellement, j'ai pris la peine de
02:12:17 lire à chaque fois ce qu'on
02:12:19 écrit, ce qu'on
02:12:21 dit, et vraiment, il y aurait,
02:12:23 je vous assure, un livre à faire
02:12:25 là-dessus. Donc, merci pour votre
02:12:27 question.
02:12:29 Madame Carrière-Mancousse.
02:12:31 Oui, comme le temps avance,
02:12:33 je vais juste répondre rapidement aux
02:12:35 trois questions qui m'ont été nominalement posées.
02:12:37 La première par M. Juvin,
02:12:39 concernant la sédation profonde
02:12:41 et continue. Je ne crois pas du tout avoir
02:12:43 évoqué ni le nombre de
02:12:45 sédations profondes effectuées, ni
02:12:47 la durée qui existait entre le geste
02:12:49 réalisé et la
02:12:51 mort du patient, le temps qui s'écoulait. Ce que je
02:12:53 disais simplement, c'est qu'elle était
02:12:55 effectivement peu pratiquée, on l'a dit,
02:12:57 en France, parce qu'elle est
02:12:59 très mal connue des patients et donc pas demandée.
02:13:01 Et,
02:13:03 je le dis aussi, pas toujours acceptée
02:13:05 par les médecins. C'est juste ça que je disais,
02:13:07 qu'il faut qu'elle soit déjà mieux connue par l'ensemble
02:13:09 des Français. Concernant
02:13:11 le pronostic vital
02:13:13 engagé, est-ce qu'il faut enlever
02:13:15 ce terme de pronostic vital engagé ? Pas du tout,
02:13:17 ce n'est pas du tout ce que je disais. Ce que je disais
02:13:19 simplement, c'est qu'il faut bien sûr que cette maladie,
02:13:21 que le patient ait un pronostic vital
02:13:23 engagé pour protéger, évidemment,
02:13:25 les plus faibles et les plus fragiles,
02:13:27 mais simplement ne pas
02:13:29 arriver à trouver une façon de ne pas mettre
02:13:31 un nombre de mois précis,
02:13:33 parce que je pense que là, ça va être très compliqué à gérer.
02:13:35 Et concernant la clause de conscience,
02:13:37 je crois que beaucoup de médecins
02:13:41 sont effectivement demandeurs d'une
02:13:43 double clause de conscience, comme elle existe
02:13:45 aujourd'hui pour l'IVG, et comme elle a
02:13:47 existé dès le départ pour l'IVG, et même elle n'a pas été
02:13:49 enlevée alors que certains souhaitaient l'enlever,
02:13:51 elle est restée,
02:13:53 ce qui veut dire effectivement que tout médecin
02:13:55 a parfaitement le droit de refuser de pratiquer
02:13:57 une aide à mourir, et heureusement,
02:13:59 mais qu'il a l'obligation, et c'est ce qui
02:14:01 existe dans le texte pour l'IVG, de l'orienter
02:14:03 vers un autre praticien qui accepte
02:14:05 de pratiquer, en l'occurrence c'est
02:14:07 des IVG pour le texte sur l'IVG, mais qui accepterait
02:14:09 de pratiquer des aides à mourir. C'est
02:14:11 simplement une protection et du
02:14:13 médecin et du patient,
02:14:15 rien de plus.
02:14:17 Merci,
02:14:19 Madame Touraine.
02:14:21 Le fait qu'il y ait
02:14:23 un dialogue
02:14:25 et un échange
02:14:27 entre différents professionnels,
02:14:29 que ce soit successivement ou au même
02:14:31 moment, me paraît évidemment
02:14:33 souhaitable qu'on
02:14:35 s'assure, s'il y a un doute, que le médecin
02:14:37 puisse interroger des collègues, et je crois
02:14:39 que c'est prévu dans le texte de loi,
02:14:41 cela me paraît
02:14:43 positif. Pour ce qui est de l'affaire
02:14:45 Lambert et de la protection des soignants,
02:14:47 j'ai simplement
02:14:51 exercé ma responsabilité de
02:14:53 ministre, c'est-à-dire que j'ai apporté
02:14:55 la protection fonctionnelle, mais j'ai aussi
02:14:57 apporté la protection politique, en quelque
02:14:59 sorte, c'est-à-dire que j'ai garanti
02:15:01 à l'hôpital
02:15:03 et aux soignants qu'ils seraient
02:15:05 protégés juridiquement,
02:15:07 politiquement, que je prendrai leur
02:15:09 défense dans le débat public,
02:15:11 si leur
02:15:13 action de médecin,
02:15:15 de soignant ou de structure médicale
02:15:17 était mise en cause, et elle l'a été,
02:15:19 puisqu'il y a même eu
02:15:21 des procès qui les ont impliqués,
02:15:23 et honnêtement, ils ont été très traumatisés,
02:15:25 franchement, d'avoir été
02:15:27 mis en cause de cette façon-là.
02:15:29 Sur les directives anticipées,
02:15:31 dont je trouve assez intéressant
02:15:33 qu'elles occupent au fond
02:15:35 un peu le cœur du débat,
02:15:37 ce qui est à la fois
02:15:39 très positif, mais il ne faudrait pas que ça devienne
02:15:41 le cœur du débat
02:15:43 sur ce projet de loi,
02:15:45 c'est-à-dire qu'il y a d'autres sujets
02:15:47 qui me paraissent tout à fait essentiels.
02:15:49 En théorie,
02:15:51 je suis assez d'accord que
02:15:53 l'expression de la volonté,
02:15:55 dès lors qu'elle s'est exprimée
02:15:57 dans le cadre, même prévu par le
02:15:59 projet de loi, une fois, deux fois,
02:16:01 si, parce que
02:16:03 la maladie avance et que la personne n'est plus
02:16:05 en mesure de
02:16:07 réaffirmer sa volonté, au fond,
02:16:09 ça vaut aux directives anticipées.
02:16:11 Et ça, moi, je suis assez prête
02:16:13 à faire ce...
02:16:15 à accepter cette démarche-là
02:16:17 puisque, dès lors,
02:16:19 l'essentiel, c'est qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
02:16:21 sur la volonté de la personne.
02:16:23 Je trouve que c'est quand même ça qui est
02:16:25 essentiel, et la directive anticipée,
02:16:27 elle est là pour s'assurer
02:16:29 de la volonté de la personne quand la personne
02:16:31 n'est plus en état
02:16:33 de l'exprimer. Mais si, dans le cadre
02:16:35 d'une maladie, elle a déjà exprimé
02:16:37 sa volonté, ce qui ne serait pas
02:16:39 le cas de quelqu'un qui est très malade,
02:16:41 qui n'a pas encore eu l'occasion dont le
02:16:43 pronostic vital est engagé. Je suis...
02:16:45 Je le répète pour qu'on enlève toute
02:16:47 référence à un nombre de mois. La personne
02:16:49 est malade. Elle n'a pas eu
02:16:51 l'occasion d'exprimer
02:16:53 sa volonté.
02:16:55 Évidemment, si elle devient
02:16:57 inconsciente à ce moment-là,
02:16:59 on se retrouve exactement dans
02:17:01 le même cas de figure que si elle est inconsciente
02:17:03 parce qu'il y a eu un accident de voiture
02:17:05 ou je ne sais quoi. Et alors,
02:17:07 il faut pouvoir s'appuyer sur quelque chose.
02:17:09 Et donc, je trouve dommage que
02:17:11 lors de l'annonce de la maladie,
02:17:13 lors du suivi dans les premiers
02:17:15 mois, si, les premiers mois, il y a
02:17:17 de la maladie, on n'insiste pas,
02:17:19 l'équipe soignante n'insiste pas
02:17:21 auprès du malade pour éventuellement
02:17:23 avoir... Et moi, j'ai bien aimé
02:17:25 l'expression de Marie de Henzel
02:17:27 de "discussion
02:17:29 anticipée" parce qu'on l'a tous
02:17:31 vécue à une occasion ou à
02:17:33 une autre, on se dit "Et moi, si ça
02:17:35 m'arrivait, qu'est-ce que je ferais ?"
02:17:37 Moi, j'ai eu
02:17:39 une discussion, en quelque sorte,
02:17:41 qui n'est pas très anticipée puisque je ne suis pas malade,
02:17:43 mais une discussion avec un
02:17:45 proche de confiance qui n'est autre que mon conjoint,
02:17:47 mais en lui disant "Si
02:17:49 jamais il se passe ceci, ceci, cela,
02:17:51 voilà ce que je souhaite."
02:17:53 Donc, au fond,
02:17:55 c'est cela. Et je voudrais simplement
02:17:57 terminer la question, on ne s'est pas posé
02:17:59 dans ces termes-là, mais
02:18:01 pour dire que je trouve le débat
02:18:03 statistique un peu troublant
02:18:05 et un peu heurtant.
02:18:07 On ne légifère pas toujours pour la
02:18:09 majorité. Et au fond,
02:18:11 la protection, protéger
02:18:13 les plus vulnérables, c'est aussi
02:18:15 légiférer pour une
02:18:17 minorité, même une petite
02:18:19 minorité. Si on ne
02:18:21 légiférait que pour la majorité,
02:18:23 on n'aurait jamais légiféré
02:18:25 pour les personnes en situation de handicap.
02:18:27 C'est la loi de Jacques Chirac
02:18:29 de 1975 qui est une grande loi.
02:18:31 On n'aurait pas
02:18:33 légiféré
02:18:35 sur... et ensuite 2005,
02:18:37 mais il y a celle de 75, ça commence en 75.
02:18:39 Enfin, je ne vais pas
02:18:41 prendre tous les exemples, mais ce que je veux dire,
02:18:43 c'est que ce n'est pas parce que des situations
02:18:45 sont
02:18:47 limitées et dont on...
02:18:49 parce qu'on sait qu'elles seront limitées
02:18:51 et dont on doit souhaiter qu'elles soient limitées.
02:18:53 Moi, je le dis. Qui peut
02:18:55 souhaiter que quelqu'un en arrive
02:18:57 à l'extrémité
02:18:59 d'eux, mais au fond, c'est
02:19:01 un choix qui relève de la personne.
02:19:03 Et donc, moi, mon plaidoyer,
02:19:05 il est simplement de dire
02:19:07 on ne légifère
02:19:09 pas pour imposer quoi que ce soit.
02:19:11 Évidemment, ce serait inacceptable.
02:19:13 On ne légifère pas... enfin,
02:19:15 vous n'allez pas légiférer, le pays
02:19:17 ne va pas légiférer pour
02:19:19 une loi qui s'imposerait
02:19:21 à toute personne en situation de maladie.
02:19:23 On n'enlève rien à personne.
02:19:25 On apporte une liberté
02:19:27 ou un droit, choisissez le mot,
02:19:29 chacun choisit le mot, une liberté
02:19:31 ou un droit à des personnes
02:19:33 qui, parmi celles qui sont
02:19:35 malades, potentiellement ne seront pas
02:19:37 toutes les personnes. Et si
02:19:39 les soins palliatifs
02:19:41 leur permettent d'aller
02:19:43 jusqu'au bout, c'est magnifique.
02:19:45 Je le dis, c'est magnifique.
02:19:47 Simplement, il y a
02:19:49 des femmes et des hommes qui, même
02:19:51 avec des soins palliatifs, même
02:19:53 avec des soins palliatifs qui fonctionnent,
02:19:55 qui sont formidables,
02:19:57 souhaitent pouvoir,
02:19:59 parce que c'est leur conception de la dignité,
02:20:01 c'est leur conception de la vie,
02:20:03 c'est la conception de leur vie,
02:20:05 ce n'est pas la vie en soi, c'est leur vie,
02:20:07 souhaitent pouvoir
02:20:09 mettre un terme à celle-ci
02:20:11 dans des conditions qui répondent
02:20:13 à leur exigence
02:20:15 philosophique de vie.
02:20:17 Voilà, c'est ça que je voulais dire.
02:20:19 Et donc, même si vous légiférez
02:20:21 pour quelques pourcents de Français,
02:20:23 eh bien, ça peut être
02:20:25 une très belle loi et une très grande
02:20:27 loi. Et la République s'honore
02:20:29 à répondre aux attentes
02:20:31 d'infimes minorités
02:20:33 ou de petites minorités
02:20:35 quand cela se présente.
02:20:37 Merci
02:20:41 mesdames, messieurs,
02:20:43 tout d'abord pour vos propos liminaires et ensuite pour les réponses
02:20:45 aux questions posées
02:20:47 par mes collègues députés.
02:20:49 Chers collègues, je vous rappelle que le délai
02:20:51 de dépôt des amendements, c'est
02:20:53 mardi 7 mai, 17h.
02:20:55 Bons travaux à vous tous et
02:20:57 Madame Lombard, à priori...
02:20:59 7 mai ?
02:21:01 Mardi 7 mai.
02:21:03 Ah 7 mai, merci de me donner ça.
02:21:05 Je vous donne du temps supplémentaire, Madame Lombard.
02:21:07 Merci à vous.
02:21:09 - Je vais prendre mon masque.

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