Mardi 23 avril 2024, SMART PATRIMOINE reçoit Philippe Parguey (Directeur général, Nortia) , Barbara Koreniouguine (CEO, Cushman & Wakefield) , Bertrand Desportes (Associé, Mazars) et Florence de Maupeou (Directrice, Financement Participatif)
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Patrimoine, l'émission qui vous accompagne dans la gestion de vos finances personnelles,
00:14mais l'émission qui décrypte également avec vous les enjeux et les tendances du secteur de la gestion de patrimoine.
00:21Et au sommaire de cette édition, nous commencerons avec les clés de l'IMO, notre rendez-vous dédié à l'investissement immobilier.
00:28Aujourd'hui, nous sommes ravis de recevoir la CEO France de Cushman & Wakefield, Barbara Korenjougin.
00:34Nous allons évoquer ensemble les grands mouvements de l'immobilier de bureau en Île-de-France.
00:39Quelles sont les grandes tendances du premier trimestre sur la demande locative et sur le marché de l'investissement ?
00:45C'est l'une des grandes questions que nous allons évoquer dans un instant.
00:49Dans Enjeux patrimoine, nous aurons le plaisir de recevoir Bertrand Deporte, associé chez Mazart,
00:54et Florence Demopou, directrice de Finances participatives France.
00:59Mazart et FPF ont sorti un baromètre sur les grandes tendances du crowdfunding.
01:03Dans un contexte économique compliqué, le financement participatif est-il toujours un succès ?
01:09C'est la question que nous allons nous poser avec nos deux invités.
01:13Enfin, dans l'œil du CGP, nous ferons un focus sur les 30 ans de la gestion de patrimoine.
01:18Nous évoquerons notamment les grandes évolutions de ce métier ces 30 dernières années
01:23avec Philippe Parguet, directeur général de Norcia.
01:26Norcia qui fête d'ailleurs ses 30 ans.
01:29Discussion à suivre dans un instant.
01:31Bienvenue à vous tous qui nous rejoignez par Patrimoine. C'est parti !
01:40Et c'est parti pour les clés de l'IMO, notre rendez-vous consacré à l'investissement immobilier.
01:46Aujourd'hui, je suis ravie de recevoir sur ce plateau Barbara Korenjugin,
01:50la CEO France de Cushman & Wakefield. Bonjour Barbara.
01:54Bonjour Pauline, merci de me recevoir.
01:56Nous allons donc évoquer ensemble les grandes tendances du premier trimestre.
02:01Pour commencer, Barbara Korenjugin,
02:03quels sont les grands aspects conjoncturels du marché de l'immobilier de bureau sur ce premier trimestre 2024 ?
02:09Alors, on va peut-être commencer par parler du marché locatif, si vous voulez bien,
02:13et en premier lieu du marché locatif en Île-de-France.
02:15Alors, on a un premier trimestre qui démarre plutôt de façon satisfaisante
02:19puisque la demande placée en Île-de-France s'établit à 452 000 m².
02:24Ça veut dire qu'il y a eu 452 000 m² de prises à bail régularisées en 2024,
02:30un chiffre stable par rapport à l'année 2023
02:34et tout à fait stable par rapport à la moyenne des années post-Covid.
02:39Donc, on va dire que ce premier démarrage, il s'établit de façon satisfaisante en particulier
02:45parce qu'on a constaté un retour des grandes transactions supérieures à 5 000 m²
02:50et au premier trimestre, elles se sont établies en nombre à 17 transactions
02:55à comparer à 9 l'année dernière.
02:57Donc, c'est plutôt un signe satisfaisant et positif du fait que les grandes entreprises
03:04continuent dans la période post-Covid à améliorer,
03:09à être en recherche d'amélioration et d'optimisation de leur parc immobilier
03:13et ça se traduit par un volume de transactions de ces grandes entreprises
03:17supérieur à l'année dernière, ce qui est plutôt bon signe.
03:20Sur le volet de l'investissement, les choses sont un peu différentes
03:24puisque le premier trimestre 2024, on aura enregistré 1,9 milliard
03:30de transactions immobilières en investissement en bureaux logistiques et retail.
03:37La part du bureau a représenté en investissement cette année 38% au premier trimestre.
03:43Il y a eu 24% des transactions qui ont été fléchées vers le retail,
03:46donc vers les centres commerciaux et les retail parcs,
03:49parmi lesquels une grande transaction, la transaction du centre commercial au Paris Nord
03:54qui a été transactée par les équipes de Cushman & Wakefield
03:57et enfin le solde des 1,9 milliard transactés au premier trimestre.
04:01Ce sont principalement de la logistique et de l'industriel qui comptent pour 39% au total.
04:07Donc un volume par contre très en retrait, il faut revenir à 2009
04:12pour connaître un aussi mauvais démarrage de volume de transactions à l'investissement.
04:18Cela dit, ce n'est pas très surprenant.
04:21L'année 2023 a été une année extrêmement compliquée
04:26dans le sens où les taux directeurs n'ont cessé d'augmenter.
04:30Depuis quelques mois, enfin, on arrive à une période de stabilisation.
04:35Donc nous pensons que nous avons touché réellement le point bas au Q1 2024
04:40et qu'effectivement, pour le reste de l'année, les volumes devraient s'ajuster à minima pour s'orienter.
04:46Mais on y reviendra peut-être plus tard.
04:47Vous parliez, avant de revenir sur ça, vous parliez donc du Covid.
04:53Depuis le Covid, les entreprises se sont adaptées à des nouveaux modes de travail.
04:57Donc je pense au télétravail ou encore au flex office.
05:01Est-ce que ces nouveaux modes de travail ont affecté, c'est sûr, l'immobilier de bureau,
05:06mais est-ce que le Covid se fait encore sentir aujourd'hui ?
05:10Alors, le Covid en tant que tel, heureusement, non.
05:13En tous les cas, pas dans les mêmes...
05:14Du point de vue sanitaire, évidemment non.
05:17Par contre, les effets du Covid sont pérennes et durablement,
05:21je pense, inscrits dans la façon dont les entreprises projettent aujourd'hui leur stratégie immobilière.
05:27En Ile-de-France, toutes les grandes entreprises ont adopté un à deux jours de télétravail de façon permanente,
05:35un à deux jours selon le secteur d'industrie dans lequel on est.
05:39Et évidemment, quand on regarde sur les trois dernières années,
05:4658% des transactions des grandes entreprises se sont soldées par les réductions de surface.
05:52D'accord.
05:54Oui, c'est quand même significatif de l'impact qu'a eu le Covid sur l'immobilier de bureau.
06:00Oui.
06:01En termes d'études, vous allez sortir bientôt une étude sur les grands mouvements
06:06concernant l'immobilier de bureau en Ile-de-France.
06:09Est-ce que vous pourriez nous parler un petit peu des grands enseignements de cette étude à venir, Barbara ?
06:14Oui, bien sûr, avec grand plaisir.
06:15Alors, Cushman & Wakefield, on a la particularité de bien connaître les utilisateurs.
06:20En Ile-de-France, on a actuellement 35 millions de recherches...
06:2335, pardon, pas millions encore.
06:2535 missions, pardon, de recherche.
06:27J'aurais aimé bien, j'aimerais bien, 35 millions.
06:2935 missions de recherche exclusives pour le compte d'entreprises.
06:34Alors, on conseille des entreprises, je peux en parler parce que maintenant les choses sont faites,
06:38mais on conseille des entreprises comme Oracle,
06:41on conseille des entreprises comme on a conseillé Schneider Electric,
06:44on conseille des entreprises comme L'Oréal, on conseille...
06:47Donc, tous les secteurs d'industrie.
06:49Si on regarde effectivement l'étude que l'on a conduite sur le comportement des entreprises
06:54et la façon dont les entreprises se positionnent sur le marché de l'Ile-de-France,
07:00on va retenir quelques enseignements importants.
07:02Le premier, c'est que depuis le Covid, la recherche de centralité est un des critères déterminants
07:08pour une grande entreprise quand elle réfléchit à sa future implantation immobilière.
07:13Recherche de centralité, pourquoi ?
07:14Parce que ça correspond finalement à trois priorités.
07:19La première, clairement, c'est retenir et attirer les talents.
07:22Bon, toutes les entreprises sont confrontées à ce phénomène.
07:25Donc, le critère de centralité, c'est-à-dire être proche des hubs structurants,
07:31de transports en commun et dans un environnement de travail
07:34où on a une qualité d'environnement avec de la restauration, des services, etc.
07:41C'est le premier critère.
07:43Le deuxième, on a compris quand même que l'inflation est passée par là
07:47et que les entreprises, à la faveur également de la réduction des surfaces
07:53et du fait qu'elles ont adopté du flex-office pour 78% d'entre elles
08:00et même 88% d'entre elles en 2023, c'est le deuxième critère.
08:04Donc, c'est effectivement la recherche d'économie.
08:09Et le troisième critère, c'est une meilleure expérience utilisateur pour les collaborateurs.
08:15Et donc, ça passe effectivement par des sièges mieux situés
08:18avec une offre servicielle de meilleure qualité, un bon design.
08:22Voilà les trois critères effectivement qui sont ceux des entreprises.
08:24Et je mettrai aussi en quatrième critère,
08:28c'est l'alignement avec les critères ESG des corporates qui sont aujourd'hui effectivement clés.
08:36Chaque entreprise, quand elle va déménager,
08:38va s'assurer que l'immeuble correspond bien à ces critères ESG
08:41de performance environnementale, sociale, voilà.
08:45Pour finir très rapidement, parce qu'on a déjà presque plus de temps,
08:49j'aimerais qu'on parle de la deuxième étude que vous allez sortir
08:52qui compare l'immobilier de bureau dans les centres-villes.
08:54Donc de Paris, de Londres et de New York.
08:57Quelles sont les grandes différences significatives entre ces trois grandes villes ?
09:02Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a eu le Covid dans les trois villes, clairement.
09:07Et si on compare New York, c'est-à-dire Manhattan, on va appeler ça comme ça, le centre-ville.
09:12Donc la recherche de centralité, on va comparer Manhattan,
09:16on va comparer Central London et on va comparer le Grand Paris, on va dire ça comme ça.
09:21Donc Paris est la première couronne.
09:23D'accord, à avoir finalement des points de repère à peu près identiques.
09:27Finalement, il y a eu le Covid sur ces trois géographies, il n'a pas eu les mêmes impacts.
09:31La taille du parc sur Manhattan, c'est 39 millions de mètres carrés.
09:35Central London, c'est 27 millions de mètres carrés.
09:38Et le Grand Paris, hors la deuxième couronne, c'est pareil, c'est 39 millions de mètres carrés.
09:42Les taux de vacances depuis le Covid ne sont absolument pas les mêmes.
09:45Le centre de Manhattan, 22% de taux de vacances.
09:48Central London, neuf et quelques.
09:52Et Paris, 8,5.
09:53Donc on voit bien que l'impact du Covid, de l'adoption du full remote, par exemple, aux Etats-Unis,
10:00fait que même les centres-villes se sont vidés, alors qu'à contrario,
10:04en Europe continentale ou UK, on a été beaucoup plus...
10:08D'abord, le retour au bureau a été beaucoup plus rapide.
10:11Et deux, on a une forme d'envie et de désir d'aller au bureau,
10:18de rencontrer, de collaborer les gens, qui font qu'effectivement,
10:22l'impact du Covid n'est pas le même sur le taux de vacances des bureaux.
10:26Quand vous comparez 22% de taux de vacances dans Manhattan et 8% sur le Grand Paris,
10:33mais 2,4% seulement dans Paris intramuraux, ce n'est pas du tout la même chose.
10:38Ensuite, en termes de valeur locative et de positionnement des entreprises,
10:42sur ces trois géographies-là, les entreprises recherchent la même chose.
10:45Des immeubles de catégorie A, neuf au restructuré,
10:49pour les raisons que nous avons évoquées, de critères d'EG, d'offres servicielles, etc.
10:54Pour autant, les valeurs locatives ne sont pas les mêmes.
10:56Paris reste très bon marché, comparativement à Central London ou à Manhattan.
11:03Manhattan, loyer moyen, 1350 euros du mètre carré.
11:08Le West End, 1700 euros du mètre carré.
11:11Paris-QCA, 1055.
11:13Tout ça pour dire que, dans le futur, on peut imaginer,
11:17c'est un peu notre perception à nous chez Cushman,
11:21c'est que, dans les années à venir, à la faveur de la rareté de l'offre renouvelée
11:26de bonne qualité dans Paris intramuraux, la tension dans Paris va continuer à s'exacerber
11:32et que les valeurs locatives vont continuer à croître dans Paris
11:35parce qu'on est encore loin des valeurs locatives
11:37qu'on peut constater dans d'autres villes et d'autres géographies de centres-villes
11:45comme celle du West End ou de Central London, par exemple.
11:49Merci beaucoup, Barbara Korenugin.
11:52Vous êtes la CEO France de Cushman & Wakefield.
11:55Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions.
11:58Quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Enjeu patrimoine.
12:01Et on se retrouve dans Enjeu patrimoine.
12:08Aujourd'hui, on va parler du baromètre de Mazars et FPF
12:12sur les grandes tendances du crowdfunding cette année.
12:15C'est la cinquième année consécutive que ce baromètre de référence
12:20du financement participatif est publié.
12:22On va donc se demander ensemble si le crowdfunding est toujours un succès
12:27et quelles sont les grandes tendances qui se dégagent cette année
12:30dans un contexte économique un petit peu compliqué.
12:33Pour en parler, je suis ravie d'accueillir Florence de Maupoux,
12:36directrice de Finance participative France.
12:39Bonjour.
12:39Bonjour Pauline.
12:40Et Bertrand Deporte, associé chez Mazars.
12:43Bonjour.
12:43Bonjour Pauline.
12:44Alors commençons tout de suite peut-être avec les chiffres clés du rapport.
12:47Bertrand Deporte, que peut-on dire sur la collecte cette année ?
12:51Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent ?
12:53Alors 2023 a été une année pleine de contrastes pour le crowdfunding
12:56qui enregistre pour la première fois dans l'histoire
12:58une baisse de moins 11,3%.
13:02Et pour analyser cette baisse, il faut regarder les différentes tendances sectorielles.
13:06Et la première d'entre elles, de manière assez marquante,
13:08c'est l'immobilier qui a enregistré un repli de moins 28%.
13:13Tout le secteur a souffert, on va y revenir,
13:15du promoteur immobilier en passant par le marchand de biens jusqu'à l'agent immobilier.
13:19Le crowdfunding n'échappe pas à cette réalité et a enregistré un véritable repli.
13:24Mais dans le même temps, il y a des dynamiques positives.
13:27Et la première d'entre elles, je dirais que c'est l'ENR,
13:29le financement de la transition énergétique.
13:31Les développeurs d'énergies renouvelables, que ce soit en photovoltaïque,
13:34en éolien, en biogaz ou encore en hydroélectricité,
13:38ont un financement qui a été positif cette année, plus 12%.
13:43Et une dernière thématique sectorielle, au titre de l'innovation,
13:46l'innovation a vraiment bien marché cette année, plus 78%.
13:49Ce qui nous amène finalement à une photographie, je dirais, d'ensemble
13:51qui est très contrastée, pleine de nuances.
13:54Et ce qui nous permet d'échapper peut-être aux commentaires monolithiques
13:57de la baisse de l'immobilier.
13:58Finalement, le crowdfunding a été très, très varié cette année
14:01et on va pouvoir en revenir dessus.
14:04Je dirais encore d'un mot, il y a les projets, le nombre de projets.
14:07On a plus de 150 000 projets cette année, 157 000.
14:10Et ça, c'est particulièrement frappant.
14:12Ce qui veut dire que le crowdfunding s'inscrit bien dans les circuits
14:14de financement de l'économie et par ailleurs,
14:17et en adéquation avec les aspirations des Français,
14:20un financement de proximité, de la transparence, de l'impact.
14:24Évidemment, pour 150 000 projets face à 2 milliards,
14:26ce n'est pas que des gros projets, c'est des projets qui sont souvent
14:29de petite taille, liés à l'artisanat, au micro-entrepreneuriat, à la solidarité.
14:33Mais ce sont des projets à impact qui ont de l'impact là où ils ont lieu.
14:37Et ça, c'est important. J'en ai terminé pour ce panorama d'ensemble,
14:39mais je pense qu'on va pouvoir rentrer dans les différences.
14:41Tout à fait, on va rentrer dans le détail dans un instant avec Florence de Maupou,
14:45notamment sur la collecte immobilier.
14:46Mais juste avant, j'aimerais qu'on fasse un point très rapide
14:49sur les différentes manières d'investir.
14:52Il y a le financement participatif en dons, en prêts et en investissement,
14:57en deux, trois mots. Est-ce qu'on peut revenir, Bertrand Deporte,
15:00sur ces trois modes de financement ?
15:02Il y a trois verticales dans le crowdfunding, vous les avez rappelés.
15:05Le don, vous êtes vraiment sur une...
15:07Il n'y a pas de logique d'épargne, vous êtes vraiment sur une logique
15:10de don avec ou sans contrepartie.
15:12Éventuellement, il y a une contrepartie quand vous financez, par exemple,
15:14des projets artistiques. Et là, dans ce cas-là, vous pouvez avoir
15:16un autographe, une place dédicacée, etc.
15:20Le prêt, il y a le prêt classique et le prêt sous forme obligataire
15:24qui concernent tous les secteurs d'activité et qui est,
15:27je dirais, prépondérant dans le crowdfunding puisque cette année,
15:30sur les 2,1 milliards évoqués, c'était 1,7 milliard au titre du prêt.
15:33Là où le don évoqué juste avant, c'était plutôt 160 millions.
15:37Et enfin, il y a l'investissement. Là, on est vraiment dans le capital
15:39des entreprises, donc on prend un risque capitalistique
15:43puisqu'on devient co-actionnaire de l'entreprise financée
15:46et ça a représenté 267 millions sur l'année 2023.
15:51Donc, je vous propose qu'on rentre dans le vif, vraiment,
15:54du sujet du baromètre.
15:56Florence de Maupou, on a eu le portrait avec Bertrand Desportes
16:00sur une collecte de l'immobilier un petit peu en recul.
16:04L'immobilier, c'est la locomotive du financement participatif.
16:08Comment on explique ce recul, Florence ?
16:11Oui, alors en effet, comme vous le dites, depuis quelques années,
16:15l'immobilier est vraiment prépondérant dans le secteur du financement participatif.
16:21Et comme l'a mentionné Bertrand, il y a eu un recul en 2023 de la collecte
16:26puisqu'on a eu une collecte de 1,1 milliard d'euros
16:28pour le secteur de l'immobilier versus 1,6 milliard en 2022.
16:33Donc, une baisse de la collecte de 28%
16:37sur l'année 2023 qui s'explique de manière assez naturelle,
16:41par effet de récocher, parce que le secteur de l'immobilier
16:44a connu une année difficile avec une forte hausse
16:48et une hausse très soudaine des taux d'intérêt qui a entraîné
16:53pour les ménages français
16:57des difficultés à acquérir un bien immobilier.
16:59Donc, il y a eu beaucoup moins de ventes de biens immobiliers
17:02de la part des promoteurs ou marchands de biens.
17:05Et ce qui explique, du coup, des projets qui sont plus compliqués à vendre
17:09ou alors sur lesquels la marge est beaucoup plus faible.
17:12Donc, les promoteurs, les acteurs du secteur de l'immobilier
17:15vont attendre pour vendre le bien immobilier
17:18pour ne pas trop rogner sur la marge initiale qui était prévue.
17:21Ce qui fait que
17:25ce contexte difficile du secteur de l'immobilier a affecté
17:29le crowdfunding, les plateformes qui intermédient des projets immobiliers.
17:33Et on a vu aussi les tendances ces derniers mois, ces dernières années.
17:37C'est aussi un repli des plateformes
17:40plutôt vers des marchands de biens que de la promotion immobilière.
17:45Donc, on est sur 60%
17:49de marchands de biens versus 30% de promotion immobilière.
17:55Et puis après, on a un peu d'aménageurs fonciers ou d'immobiliers fractionnés aussi.
17:59Mais voilà, c'est un peu ce qui se dessine sur le secteur de l'immobilier.
18:03C'est ça, c'est une baisse de la collecte pour la première année.
18:08Et à contrario, on a eu une hausse de la collecte
18:10sur ce que vous disiez, Bertrand Desportes, sur les énergies renouvelables.
18:14Comment on explique cette hausse sur les ENR, Bertrand ?
18:19Alors, c'est vraiment une thématique dans l'air du temps.
18:22Puis par ailleurs, il faut voir que les développeurs d'énergies renouvelables,
18:25encore une fois sur le biogaz, le photovoltaïque, l'éolien,
18:29y voient un intérêt de financement, mais aussi pour embarquer
18:32la population locale à ces projets-là.
18:34Donc, il y a aussi un levier d'acceptabilité qui est trouvé par le crowdfunding,
18:38puisqu'on associe la population locale non seulement à l'intérêt économique du projet,
18:42mais aussi au fait de participer à quelque chose qui a du sens pour eux.
18:47Donc ça, ça a beaucoup marché.
18:49Puis il y a des plateformes françaises qui sont particulièrement dynamiques
18:52sur le sujet.
18:54On peut parler d'Enerfips, l'Endosphère, l'Endopolis, l'UMO.
18:56C'est vraiment de belles success stories qui embarquent le secteur à la hausse
19:00pour atteindre plus de 12%.
19:01Donc, c'est particulièrement remarquable.
19:04Dans le contexte, il y a peut-être aussi
19:08une action des investisseurs d'aller diversifier leur investissement
19:12et justement de mettre peut-être un peu moins dans l'immobilier
19:14parce que l'immobilier connaît des prorogations, des remboursements
19:19et d'aller aussi sur d'autres actifs.
19:20Et les énergies renouvelables ont en effet quelque chose d'assez sécurisant
19:23parce que parfois, il y a derrière des gros développeurs d'énergies renouvelables
19:27qui proposent des financements de projets photovoltaïques, éoliens ou que sais-je.
19:31Mais du coup, il y a aussi cette démarche, je pense, des investisseurs
19:33d'aller chercher d'autres actifs financiers.
19:36Oui, il y a une vraie qualité de signature sur ces acteurs-là
19:38qui sont solides financièrement, qui ont de la vision,
19:42de la prévisibilité sur leur business plan.
19:44Et c'est des projets qui sont globalement très rentables.
19:46Donc, en fait, il y a un intérêt économique immédiat pour les investisseurs.
19:49C'est ce qui séduit l'épargnant, en fait.
19:50C'est ce qui séduit l'épargnant, oui.
19:52Il y a aussi une autre tendance qu'on peut évoquer.
19:55C'est le crowd equity.
19:58Plusieurs questions me viennent.
20:00Déjà, Bertrand ou Florence, n'importe.
20:02Qu'est-ce que c'est le crowd equity, Florence ?
20:05C'est devenir actionnaire d'une entreprise.
20:08Crowd, toujours la foule. Equity, c'est le capital.
20:12Donc, faire du crowd equity, c'est que moi, en tant que particulier,
20:15je deviens actionnaire d'une entreprise, d'une start-up.
20:20Et je peux devenir actionnaire à partir de 50, 100 euros.
20:23Généralement, c'est le seuil limite proposé sur les plateformes.
20:28Et donc, je prends une part du capital de l'entreprise.
20:31Mais ça séduit donc de plus en plus.
20:34Pourquoi c'est si populaire, Bertrand Deporte, le crowd equity ?
20:38Il y a cette idée d'être co-investisseur,
20:41d'être au capital d'une entreprise.
20:43Il y a des écosystèmes d'innovation extrêmement dynamiques en France.
20:46Ça participe beaucoup.
20:47Puis, il y a la popularisation progressive de ce mode d'investissement.
20:50Il y a des émissions grand public qui ont beaucoup joué.
20:52Et pour 2024, on peut déjà l'annoncer,
20:54il y a le dispositif du député Paul Midi sur les jeunes entreprises de croissance
20:58et les jeunes entreprises de rupture,
21:01qui va vraiment favoriser aussi cet engouement vers l'investissement au capital
21:08avec un dispositif fiscal tout à fait avantageux,
21:10puisqu'on peut aller défiscaliser de 30 à 50 % de l'impôt sur le revenu.
21:15Et ça, c'est tout à fait positif pour le secteur du crowd equity.
21:20Et là, cette remise d'impôts, ça séduit l'épargnant aussi ?
21:25Ça devrait être concourir à le séduire.
21:28Et puis, le crowdfunding via l'equity est quasiment le seul levier
21:33qu'a un épargnant particulier d'aller sur du capital,
21:36puisque les fonds communs de placement à risque ont des tickets d'entrée
21:40qui sont très élevés.
21:41Là, sur des plateformes, vous pouvez descendre sur ce qu'évoquait Florence,
21:43des tickets à partir de 100 euros.
21:45Ils popularisent quand même beaucoup, ce qui rend accessible l'accès au capital.
21:48Parce que si vous avez une logique de business angel,
21:50vous devrez aller mettre des tickets beaucoup plus élevés.
21:52Là, le crowd equity pour 100 euros,
21:54parce que le crowd equity monte des holdings de participation
21:58qui vont investir dans le capital,
22:00fait que vous pouvez avoir sur la ligne de départ
22:02beaucoup plus d'épargnants investisseurs.
22:04Et il y a du coup un accès qui est facilité.
22:08C'est vrai que c'est important de le mentionner.
22:10Pour une entreprise, ce n'est pas forcément accueillir
22:12une centaine de nouveaux tout petits actionnaires à leur board,
22:15parce qu'il y a souvent, dans 90% des cas,
22:18il y a une holding qui rassemble cette foule d'investisseurs particuliers,
22:22ce qui permet d'avoir une gestion aussi pour l'entreprise
22:24qui fait une levée de fonds en crowd funding,
22:26en crowd equity, ça permet d'avoir une gestion un peu plus facile.
22:30Et c'est aussi un très bel outil de communication
22:33pour une entreprise qui va faire une campagne en crowd equity,
22:35parce que ça lui permet aussi de communiquer largement
22:39sur ce qu'elle fait, sur ses produits.
22:42Et ça lui permet aussi de proposer à ses salariés
22:45de devenir actionnaire de l'entreprise.
22:47Donc c'est une démarche en termes de communication
22:48et de valorisation de l'entreprise
22:50qui a aussi, je pense, le vent en poupe en ce moment.
22:53Dernière question très rapide sur l'agrément PSFP.
22:57Les plateformes, depuis novembre dernier,
23:01sont obligées de détenir l'agrément PSFP,
23:04donc prestataire de services de financement participatif.
23:07Très rapidement, Bertrand Deporte,
23:09qu'est-ce que ça a changé pour les plateformes ?
23:11Ça a changé, ça a professionnalisé le secteur.
23:13Maintenant, elles ont des obligations de fonds propres réglementaires,
23:16de contrôles internes, de dispositifs de gestion des risques.
23:19Et puis pour l'épargnant, c'est plus sécurisant,
23:21parce que l'épargnant, il va y avoir une séparation
23:24entre les investisseurs avertis et non-avertis,
23:26avec des modalités d'accès qui sont plus sécurisées et plus jalonnées.
23:31Donc c'est positif.
23:33C'est aussi passeportable.
23:35Et c'est aussi le passeport.
23:36Tu as raison Florence de le mentionner.
23:37C'est un accès à l'Europe facilité pour les plateformes
23:39qui permettent à chacune des plateformes qui ont ce PSFP
23:42d'aller vers l'Europe sans être obligé de s'implanter sur place.
23:45A contrario, ça va aussi amener de nouveaux acteurs en France
23:47qui ont eu dans leur pays d'origine le PSFP.
23:50Merci beaucoup Bertrand Deporte, associé chez Mazart
23:55et Florence de Maupoux, directrice de Finances participatives France.
23:59Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans l'Œil du CGP.
24:06Et c'est parti pour l'Œil du CGP.
24:08Je suis ravie de recevoir aujourd'hui Philippe Parguet.
24:11Bonjour.
24:12Ravie aussi, bonjour Pauline.
24:13Vous êtes le directeur général de Norcia.
24:16Alors Philippe Parguet, aujourd'hui, vous venez nous parler de 30 ans
24:19de conseil en gestion de patrimoine à l'occasion notamment de l'anniversaire de Norcia.
24:23C'est nos 30 ans.
24:24Alors pour commencer...
24:25J'ai le pince d'ailleurs.
24:2630 ans c'était bien.
24:27Il y a 30 ans c'était très à la mode.
24:29Comment la profession a-t-elle évolué ces 30 dernières années Philippe ?
24:33On a vu une profession naître ou plus exactement on est né avec elle.
24:38C'était une profession à l'époque où soit on allait dans sa banque
24:40où il y avait quelques conseils à côté mais qui était une activité qui vraiment
24:44était toute naissante.
24:45Et c'est des gens qui sont arrivés avec un produit différentiel de celui des banques
24:49que d'ailleurs nous leur offrions à l'époque.
24:52C'était l'architecture ouverte et vraiment cette recherche d'avoir des produits.
24:55Après c'est une profession qui a grandi, qui a commencé à avoir des clients,
24:58qui a eu besoin de nombreux services et sur lesquels on a travaillé avec eux,
25:02sur l'ingénierie financière, l'ingénierie patrimoniale.
25:05Et après c'est une profession qui a complètement changé sur les dix dernières années on va dire.
25:11Réglementation accrue, énorme, que ce soit sur la partie compte-titres avec Mifid
25:16ou sur la partie assurance.
25:17Une profession qui s'est vraiment professionnalisée et qui a dû s'adapter à toute cette contrainte
25:25réglementaire qui faisait plus ou moins bien mais qui pour le coup devait faire exactement
25:29comme le régulateur le demandait.
25:31Donc ça a créé une grande vague aujourd'hui à laquelle on assiste de concentration des acteurs
25:36avec, je cite, Cirrus, Laplace, Minancière d'Orient, Patrimophie et bien d'autres
25:40qui sont évalués à rien, j'y habite à côté.
25:43Et donc du coup cette concentration fait qu'il y a des magnifiques portées tendards
25:48de la profession du conseil en gestion de patrimoine indépendant
25:51qui aujourd'hui sont accessibles au plus grand nombre.
25:54Est-ce que vous pourriez nous rappeler donc au-delà de la réglementation dont on a déjà parlé,
25:57les faits marquants de ces trente dernières années en gestion de patrimoine ?
26:01Je crois qu'il y a toutes les phases réglementaires MIFID,
26:03je crois que c'était le premier le plus important sur la partie conseil,
26:08nécessité de formaliser un conseil précis et d'avoir un suivi de son client,
26:13c'est vraiment les points qui sont importants et ça c'est vraiment sur la partie conseil.
26:16Après sur la partie allocation d'actifs en tant que telle,
26:19on s'est rendu compte en 2008 avec la crise de subprime qu'il y avait un vrai besoin
26:24d'avoir une vraie analyse de ce qu'on mettait dans les contrats d'assurance-vie
26:27et de ce qu'on proposait en offre financière.
26:29Je pense que c'est les deux vraiment faits marquants.
26:31Donc vous constatez que...
26:32J'en oublie un, DDA, avec la fin du troisième usage du courtage
26:35et le transfert des contrats d'assurance-vie, ça c'est un point important aussi.
26:39Et vous constatez donc que les placements ont changé en trente ans,
26:42les Français, ils n'investissent plus sur les mêmes choses.
26:47Qu'est-ce qui a évolué en termes de placements financiers ?
26:50Alors je vais aller vraiment au-delà,
26:51c'est que je pense que l'épargnant du maire général commence à comprendre,
26:54même si l'épargne de marché du conseil en gestion de patrimoine indépendant
26:57n'évolue pas assez vite à mon goût forcément,
27:00mais on compris qu'il y avait une autre voie que la voie du conseil traditionnel de sa banque
27:06et qu'il y avait d'autres gens à côté qui faisaient un travail qui est bien plus complet,
27:13ou bien plus spécifique, ou plus en architecture ouverte
27:17et qui correspond beaucoup mieux à ce qu'ils veulent.
27:20Je vais vous donner une statistique, et j'en aurai qu'une.
27:22Il y a une étude qui a été faite par Cantart, de mémoire,
27:25qui montrait que 90% des clients d'un conseil en gestion de patrimoine
27:28sont satisfaits du conseil qu'il leur est donné,
27:30versus 17% seulement chez des acteurs traditionnels,
27:34qui est sa banque ou son courtier ou autre.
27:37Alors si les gens sont satisfaits de leur conseil en gestion de patrimoine,
27:40il faut en former des nouveaux.
27:41Et bien c'est ça !
27:42Comment on forme des nouveaux CGP, Philippe ?
27:45Je reviens à 30 ans, il y a 30 ans peut-être que le conseil en gestion de patrimoine
27:48faisait peut-être 5% de part de marché ou 4% de part de marché, je ne sais pas.
27:53Aujourd'hui, finalement, on est peut-être autour de 10.
27:56Alors ce qui est mieux, mais au regard de la qualité qui est servie,
28:01on devrait être bien au-delà.
28:02Et en fait, il y a beaucoup de gens qui ont du mal à se lancer,
28:04ou qui ont un peu peur, ou ils imaginent,
28:07ils se font une histoire incroyable sur le fait de se mettre à son compte
28:10que ce soit la complication que ça traite, que ça génère.
28:13Et en fait, on a lancé depuis un an l'incubateur Bainortia.
28:17L'incubateur, c'est vraiment d'accompagner tous les gens dans leur création d'entreprise.
28:20Donc, on en a une quarantaine à peu près sur l'année précédente, 40-50.
28:25Et on va continuer à faire ça, parce qu'on est conscients
28:28que le conseil qui est donné par ces gens-là est de bonne qualité.
28:31On est conscients aussi qu'il y a plein de gens qui veulent s'installer.
28:34On est aussi conscients qu'il y en a quelques-uns qui n'ont pas les clés,
28:36qui n'ont pas toutes les clés pour s'installer.
28:38Nous, on a 30 ans d'expérience, donc à nous de leur donner.
28:41Ce sera le mot de la fin.
28:42Merci beaucoup Philippe Harguet, vous êtes le directeur général de Norcia.
28:46Merci d'avoir répondu à ces questions et d'avoir adressé un petit peu
28:49ce bilan de 30 ans de gestion de patrimoine.
28:52Et merci à vous de nous avoir suivis.
28:54On se retrouve très vite pour un nouveau numéro de Smart Patrimoine.