- 23/05/2025
Que reste-t-il des Jeux une fois la flamme éteinte ? L’heure est à la reconversion des sites et à l’activation de leur héritage. Centre aquatique, village des athlètes, nouvelles écoles… mais aussi recyclerie sportive : comment ces équipements trouvent-ils une seconde vie au service des habitants ? Réponses avec Henri Specht, directeur des opérations d’aménagement de la Solideo, et Charles Pénaud, directeur de la Recyclerie Sportive.
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00:00Générique
00:00C'est le débat de ce Smart Impact, on parle du destin des infrastructures des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2020 avec Henri Specht, bonjour.
00:13Bonjour.
00:13Bienvenue, vous êtes le directeur des opérations d'aménagement de la Solideo et Charles Pénoux, bonjour.
00:19Bonjour.
00:19Le directeur de la recyclerie sportive, la Solideo, société de livraison des ouvrages olympiques.
00:26La livraison, elle a eu lieu déjà, elle a eu lieu il y a longtemps, pourquoi vous êtes encore au boulot ? Expliquez-nous.
00:30Alors il y a une première livraison pour l'été 2024, pour les Jeux Olympiques et Paralympiques et notre livraison du moment, c'est celle pour les habitants, celle pour la phase de l'héritage.
00:40Et donc à partir de la fin de l'année 2025, les habitants vont investir le village olympique et paralympique et ceux du cluster des médias sont déjà rentrés dans les murs en début d'année 2025.
00:49Et donc ça veut dire que tout sera fini, même si l'histoire va continuer dans ces lieux, mais tout sera fini pour vous fin 2025, c'est ça ?
00:57À quelques ouvrages près, oui. On avait 69 ouvrages à livrer. Il nous en restera 4 à la fin de l'année à parachever d'ici 2026-2027.
01:06Ça veut dire qu'il y a des transformations à faire, évidemment. Ce qui était prévu pour les athlètes, il y a du boulot encore pour en faire un usage pour nous, pour des entreprises, etc.
01:16Exactement. Alors par exemple, si je prends l'exemple du village olympique et paralympique, les athlètes ont investi des appartements qui étaient dans une première configuration pour les Jeux
01:25et puis qui sont transformés pour la phase héritage, même si on avait dès le départ imaginé l'organisation des bâtiments et des appartements pour la phase héritage.
01:34Vous l'aviez pensé, évidemment, de cette façon, Charles Pénaud. Je veux bien que vous nous présentiez la recyclerie sportive en quelques mots.
01:41J'en connais une, moi, à Boulogne-Biancourt, près de Paris. C'est un super lieu. Donc expliquez-nous quel est le principe.
01:49Le principe, c'est qu'on a fait le constat en 2015 qu'il manquait des acteurs spécialisés dans le réemploi des articles de sport.
01:57Il faut savoir qu'en France, on met sur le marché 140 000 tonnes d'articles de sport par an. Donc ça fait beaucoup d'articles qui finissent à la poubelle ou qui sont inutilisés dans les placards de tout à chacun.
02:09Je pense que tout le monde a des articles de sport inutilisés chez soi. Et l'idée, c'était de donner une deuxième vie à ces articles.
02:17Et donc, c'est comme ça qu'est née la recyclerie sportive, à la rencontre entre le monde du sport et le monde du déchet.
02:23On existe depuis 2015. On est présent aujourd'hui sur huit territoires en France, bientôt deux nouveaux territoires, dont un dont on va parler avec vous ce matin.
02:31Et l'idée, c'est de collecter des matériels inutilisés, raquettes de tennis, maillots de bain, tout objet de sport.
02:43Et nous, on va le revaloriser, on va le trier, voir ce qui est réutilisable en état.
02:48On va le remettre en vente à des prix solidaires pour favoriser l'accès au sport pour tous.
02:52– Oui, évidemment. Il y a cette idée-là qui est très importante.
02:56C'est-à-dire que c'est des prix d'achat qui sont faibles et qui permettent à des familles qui ne pourraient pas éventuellement se payer l'équipement d'y aller.
03:02– Exactement. Donc, c'est favoriser l'accès au sport aussi d'un point de vue de l'équipement.
03:07C'est évidemment plus complexe que ça, l'accès au sport.
03:09Ça dépend aussi des infrastructures dont on va parler aussi.
03:13Mais il y a aussi cette question de l'équipement qui peut parfois être un peu onéreux à l'achat initial,
03:19surtout pour se lancer dans une activité qu'on ne va peut-être pas pratiquer pendant longtemps et qu'on veut tester.
03:24Et donc, venir à la recyclerie sportive ou dans d'autres recycleries du sport, c'est pouvoir accéder à ces équipements pas trop chers.
03:32– Alors, et le nouvel espace dont vous parlez, c'est au sein du centre aquatique olympique.
03:37Vous allez nous l'expliquer dans un instant.
03:39Mais Henri Spes, ce site, déjà c'est quoi ?
03:43C'est l'un des seuls qui a été construit de manière pérenne pour ces Jeux ?
03:48– Alors, effectivement, le concept de la candidature de Paris 2024, c'était de réduire au maximum le nombre d'infrastructures à produire.
03:56Les quelques grands sites, ce sont les deux villages, le village olympique et paralympique,
03:59le cluster des médias au Bourget, la Courneuve et du Nid, le centre aquatique olympique dont on parle ce matin,
04:06l'aréna de la Porte de la Chapelle qui a été livrée en 2024 par la ville de Paris.
04:12Et puis, on a procédé par exemple au réaménagement de la colline de l'Ancourt pour accueillir les épreuves de VTT qui vient d'ouvrir au public.
04:22– Et alors, ce centre aquatique, il ouvre au public aussi là dans quelques jours ?
04:26– Il ouvre au public dans quelques jours, tout début juin, sous la maîtrise d'ouvrage de la métropole du Grand Paris.
04:32Et c'est un programme qui se veut à la fois divers, à la fois le programme aquatique avec notamment l'ouverture au grand public
04:39mais aussi l'accueil d'un certain nombre de structures de haut niveau.
04:43Je pense notamment au plongeon et puis les nageurs de l'équipe de France qui y seront fréquemment
04:47avec un événement qui a déjà eu lieu récemment dans son centre aquatique.
04:51Et puis, des programmes d'accompagnement, je pense notamment à du paddle, à la recyclerie dont on se parle
04:57pour en faire un vrai lieu de vie au contact du Stade de France.
05:00– C'est le paddle en raquette, ce n'est pas le paddle en…
05:02– C'est le paddle en…
05:03– Parce que même sur une piscine olympique de 50 mètres, on a vite fait le tour en paddle à rame.
05:09Et donc, on va y retrouver un espace de la recyclerie sportive.
05:12C'est un petit espace, c'est 80 mètres carrés.
05:14– Oui.
05:15– Alors, c'est quoi ? Pour vous, c'est un peu une vitrine de ce que vous faites ?
05:17Comment vous l'avez pensé ?
05:18– C'est deux aspects différents.
05:20En fait, pour nous, c'est effectivement une vitrine parce qu'on est dans un encrin majestueux, symbolique,
05:26très en lien avec l'activité sportive,
05:28ce que nous n'avons pas sur nos autres sites.
05:30Nous, on est souvent basé en centre-ville ou en tout cas dans des zones commerciales classiques.
05:38Là, on va se retrouver pour la première fois intégrés dans un équipement sportif.
05:41Donc déjà, c'est un peu symbolique pour nous.
05:43Par ailleurs, on va essayer de toucher une population peut-être un peu différente
05:47de celle qu'on touche avec nos boutiques classiques.
05:49On va avoir sur ce centre aquatique une fréquentation d'un public très vaste, très large, très divers.
05:55On est sur un emplacement en Seine-Saint-Denis avec évidemment une population de Seine-Saint-Denis
06:00parfois un peu défavorisée, mais aussi dans un quartier plus spécifiquement de la plaine
06:06où là, on est sur des grandes entreprises, des sièges de grandes entreprises.
06:09Donc, il va y avoir une grande mixité.
06:11Et puis tout près du Stade de France.
06:13Il y a la patrelle qui fait le lien entre les deux équipements.
06:15Et donc, l'idée, c'est aussi de toucher un public plus large que celui qu'on a l'habitude de toucher.
06:21On estime des fréquentations, en tout cas les exploitants récréants en particulier
06:25estiment des fréquentations très importantes de ce site.
06:29Donc, on a bon espoir qu'on arrivera à sensibiliser beaucoup de personnes.
06:32Et on va pouvoir venir avec son vélo.
06:33J'ai lu ça en préparant l'émission.
06:35Ça m'a fait marrer parce que faire réparer son vélo,
06:37on vient à la piscine avec son vélo pour le faire réparer.
06:40Ça, c'est un principe aussi de la recyclerie ?
06:42Ça, c'est l'idée.
06:42En fait, nous, on a développé, quand on collecte du matériel inutilisé pour le remettre en vente,
06:48il faut qu'on s'assure que cet objet puisse être en bon état et sécurisé.
06:52Et en particulier, on a collecté beaucoup de vélos et on en a fait une spécialité.
06:56On n'est pas les seuls, mais on a développé des compétences de réparation de vélos.
07:00Donc, nous, on répare les vélos qu'on collecte pour les remettre en vente.
07:02D'accord.
07:03Et du coup, on propose aussi des ateliers…
07:04Oui, je peux me dire faire réparer mon vélo et repartir avec.
07:07Faire réparer votre vélo.
07:07Ah, d'accord.
07:10Vous-même, sous les consignes de notre responsable d'atelier et en utilisant nos outils, nos pièces détachées,
07:18ce qui permet de rendre autonome le public sur l'utilisation du vélo.
07:22Parce qu'on sait aussi que les réparations peuvent être un frein.
07:25Ça peut aussi être un coût.
07:27De faire réparer son vélo, ça peut représenter une certaine somme.
07:30Et donc, l'être autonome dans la réparation, c'est quelque chose qui va favoriser, on le croit,
07:37l'utilisation du vélo et le développement de la mobilité active.
07:40Qu'est-ce qui vous intéresse dans le fait d'intégrer un espace comme celui-là, la recyclerie sportive,
07:46dans un écran, je reprends votre mot, comme la piscine olympique, le centre aquatique ?
07:50Alors, en fait, j'étendrai même le scope.
07:53C'est finalement, qu'est-ce qu'on peut attendre dans, j'allais dire, le contenu des ouvrages olympiques
07:58qui vont trouver une dimension à l'héritage.
08:00Si je prends l'exemple du village olympique et paralympique,
08:03déjà, c'est qu'on a mis beaucoup d'efforts sur ce qu'on appelle le design actif.
08:08C'est-à-dire, finalement, rendre la ville active.
08:10C'est-à-dire, pouvoir faire du sport dans les espaces publics,
08:13pouvoir ouvrir les espaces publics, mais aussi les bâtiments à tous les publics.
08:16On a profité des Jeux olympiques et paralympiques
08:18pour insister sur la dimension paralympique et l'accessibilité pour tous.
08:22Donc, finalement, ce qu'on peut tirer de l'expérience des Jeux olympiques et paralympiques
08:26et puis du prolongement qui est en cours,
08:27c'est finalement de s'adresser à des publics beaucoup plus larges,
08:30beaucoup plus nombreux, en âge, en capacité de mobilité.
08:36Et donc, je trouve qu'il y a un vrai écho entre le travail sur la recyclerie
08:40et l'intégration de la recyclerie dans ces quartiers,
08:43une forme de prolongement sur le plan économique de ce travail.
08:45C'est sûrement trop tôt pour le dire,
08:47mais est-ce que vous avez le sentiment que la pratique du sport
08:49est en progression en France dans la foulée de l'effervescence,
08:54du succès et du plaisir procuré par les JO ?
08:55Alors, ce serait plutôt une question à poser,
08:57je veux dire, à l'écosystème sportif en tant que tel.
09:00Ce que je sais, c'est que l'énergie et les moyens qui ont été mis
09:04sur la rénovation d'un centre du site sportif,
09:06la création d'espaces publics qui favorisent ces pratiques,
09:09je veux dire, quotidiennes,
09:11ne sont que des bonnes choses pour cette pratique au quotidien.
09:15Et puis, alors, il y a la dimension économie circulaire
09:18qui est quand même aussi au cœur des projets.
09:20Parce que si on prend le village olympique dont vous parliez,
09:2375% des matériaux utilisés pour les chambres des athlètes,
09:28c'était démontable et recyclable.
09:30Donc ça, ça a été fait.
09:31Et qu'est-ce que c'est devenu d'ailleurs ?
09:33Alors, effectivement, les cloisons, par exemple,
09:36qui étaient installées de façon provisoire dans les appartements
09:39pour créer une chambre de plus pour accueillir des athlètes,
09:42je veux dire, en plus par rapport à des familles à l'héritage,
09:45ces cloisons ont été imaginées pour être démontables.
09:47Et donc aujourd'hui, ils sont dans de nouveaux bâtiments
09:49avec un système de remontage facile dans ces nouveaux bâtiments.
09:53Ça a aussi été, durant la préparation du village des athlètes,
09:57le réemploi ou le recyclage de près de 95% des structures de bâtiments
10:01qui existaient auparavant sur le site.
10:03Donc on a mis une énergie considérable sur la circularité des matériaux.
10:09Et typiquement, les bâtiments qui existaient avant sur le site
10:12ont servi de fondation pour les futures infrastructures.
10:14Et donc vraiment un recyclage in situ de ces matériaux qui existaient sur le site.
10:20Autre exemple, on a produit les substrats de plantation pour les végétaux
10:23à partir de déchets de la métropole,
10:25à partir de terres issues des tunneliers du Grand Paris,
10:29de création de compost dans le périmètre de la métropole
10:32pour ne pas avoir à aller chercher de la terre agricole,
10:35j'allais dire, en grande couronne.
10:37Et donc c'est aussi un exemple concret de comment les infrastructures olympiques
10:40ont permis, j'allais dire, d'accélérer, de structurer des filières
10:43orientées sur la circularité des matériaux et le recyclage.
10:47Avec, dans cette logique de recyclage, vos recycleries, c'est quoi ?
10:51C'est un peu une garde-triage, une recyclerie, on peut dire ça ?
10:54C'est un peu ça.
10:55Nous, on va collecter, donc effectivement, on va récupérer beaucoup de matériel.
11:00On va faire un tri.
11:01Et donc effectivement, il y a un peu de tri.
11:02Parce qu'il y a du matériel qui est réutilisable en tant que tel
11:04et on va le remettre en vente.
11:06Mais il y a du matériel qu'on ne peut pas réutiliser
11:07et qui va partir dans des filières de recyclage, idéalement.
11:11Pour ça, on est conventionné avec des éco-organismes spécialisés,
11:14en particulier pour la filière des articles de sport, c'est écologique.
11:17Et donc les articles vont repartir dans des filières de recyclage.
11:21Après, il faut quand même dire des choses,
11:22il y a beaucoup d'articles aujourd'hui qui ont du mal à se recycler.
11:24C'est ce que je vais vous dire.
11:25Vous dites idéalement parce que ce n'est pas si simple.
11:26Ce n'est pas si simple que ça.
11:27Pourquoi ? Parce qu'il y a trop de mélange de matériaux, par exemple ?
11:29En partie, c'est à cause de ça.
11:31En partie parce qu'il n'y a pas forcément un besoin de matériaux recyclés
11:34encore forts de la part de l'écosystème en tant que matière première, on va dire.
11:40D'accord.
11:41Et du coup, on se retrouve avec des quantités d'articles.
11:44Par exemple, les balles de tennis, aujourd'hui, on ne sait pas trop quoi en faire.
11:48On en fait de l'enrobé pour des aires de jeu.
11:51Sauf que les aires de jeu, on ne peut pas en construire à l'infini.
11:54Donc, il y a un moment donné, on a trop de balles de tennis.
11:57On ne sait pas trop quoi en faire.
11:58Je prends l'exemple des balles de tennis.
11:59Mais l'exemple peut se faire sur tout plein d'articles.
12:02Les skis, par exemple, se recyclent très mal.
12:03C'est très difficile.
12:04Il y a plein d'articles comme ça.
12:05Oui, ça suppose souvent une éco-conception de la part des constructeurs de matériel sportif
12:11pour se dire, OK, maintenant, ils le font de plus en plus.
12:13De plus en plus.
12:13Je pense mon matériel pour qu'il soit recyclé après.
12:17Et ça veut dire justement que vous travaillez aussi
12:19avec les grandes fédérations sportives
12:20pour récupérer une partie du matériel qu'elles n'utilisent plus ?
12:26Alors, nous, on est encore un peu petits
12:27pour travailler et répondre aux besoins des fédérations.
12:30En plus, les fédérations, vous savez, c'est un système régional, départemental.
12:34Donc, nous, on va plutôt travailler avec les instances locales des fédérations.
12:37Et c'est avec certaines de ces instances
12:39qu'on va essayer de créer des partenariats
12:40ou pour récupérer et collecter
12:42ou pour redistribuer auprès de nouveaux pratiquants
12:45des articles qui seraient inutilisés.
12:48Bon, cette recyclerie sportive,
12:50elle est à découvrir là à partir d'aujourd'hui et ce week-end
12:53avant la grande ouverture du centre aquatique le 2 juin.
12:57Merci à tous les deux d'être venus nous présenter
13:00ces deux projets qui se marient.
13:03On passe tout de suite à notre rubrique start-up.
13:05Merci à tous les deux.
13:06Merci à tous les deux.
13:06Merci à tous les deux.
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