- 13/03/2024
Miraculeusement sauvé d'un arrêt cardiaque, Nicolas d'Hueppe, entrepreneur et fondateur d'Alchimie, raconte comment cet accident a changé sa vision de l'entreprise dans son livre 53 Minutes, survivre et renaître, aux éditions Iseran Éditions. Pour lui, inclure l'émotion dans le management est devenu fondamental. D'autant plus que se développent les outils dotés d'intelligence artificielle.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 - Donc Nicolas Duhab, salut Nicolas.
00:08 - Bonjour Stéphane.
00:09 - Donc en l'occurrence, tu restes encore actionnaire d'Alchimie aujourd'hui ou plus du tout ?
00:17 - Je suis toujours premier actionnaire individuel d'Alchimie.
00:21 - Premier actionnaire individuel d'Alchimie.
00:23 On en reparlera, qui fait du streaming thématique.
00:26 Donc ton bouquin, on va en voir la couverture, s'appelle "53 minutes survivre et renaître".
00:37 Et ces 53 minutes, c'est le temps pendant lequel ton cœur a cessé de battre ?
00:42 - Exactement, on est en mai 2021.
00:45 A l'époque j'étais gros cycliste, 12 000 km par an.
00:48 Je suis parti faire une sortie en vallée de Chevroze.
00:50 Et quand je rentre, je rentre sur la côte qui relie Vigife sur Yvette au plateau de Saclay, la côte dite de la belle image.
00:56 A 11h00, mon cœur s'est brutalement arrêté.
01:00 Et en fait, ce dont je témoigne aujourd'hui, c'est mes sauveteurs qui me le racontent, puisque moi je ne me souviens de rien.
01:06 Et ils se sont mis tout de suite à masser.
01:08 - Non mais attends, parce que déjà, c'est ça qui est complètement dingue.
01:12 D'ailleurs, je te poserai la question sur la religion, puisque tu en parles.
01:16 Mais ce qui est fou, c'est que derrière toi, il y a un médecin, deux gendarmes, qui ne se connaissent pas.
01:20 Tu ne les connais pas, ils ne se connaissent pas.
01:22 Ils sont en train, par hasard, de monter la même côte que toi au même moment.
01:25 - Exactement, ils vont voir que j'ai un problème.
01:27 - Ah oui, parce que tu es affaissé complètement sur la barrière de sécurité.
01:29 - C'est un endroit où il y a un rail de sécurité, donc je m'affale dessus.
01:32 Et je ne tombe pas du vélo, du coup je n'ai pas de chute, je ne me fracture rien du tout.
01:38 Mais je perds connaissance.
01:40 Et en fait, sur les vélos de course aujourd'hui, on est clipsé comme sur des chaussures de ski.
01:43 - Pédale automatique, absolument.
01:45 - Il me déclipse, il m'allonge par terre, et puis il commence à faire les gestes de premier secours instinctivement.
01:50 Et à sécuriser la zone, et à savoir qui je suis.
01:53 - Et autre coup de bol de dingue, le médecin donc, tu expliques, moi j'apprends plein de trucs.
01:59 Je ne savais pas que "stay in alive" était le rythme sur lequel on pouvait faire, ce qui tombe très bien d'ailleurs, un massage cardiaque.
02:05 Et tu dis, normalement on s'arrête au bout de 15 minutes.
02:08 - Alors en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que tu as 60 000 morts subites par an en France.
02:12 3% de rescapés, ça n'arrive pas qu'aux autres, parce que c'est un tiers de la population.
02:17 - On va y aller là-dessus, on va y aller, la culmination de ton histoire.
02:19 Est-ce que ça s'arrête au bout de 15 minutes ? C'est un médecin qui fait le message, donc il le sait, et il ne va pas s'arrêter.
02:24 - Alors en fait, il ne calcule pas le temps, il ne se rend pas compte.
02:27 Et quand les pompiers arrivent, les pompiers prennent le relais.
02:29 Et en fait, dans la loi française...
02:30 - Ça fait 25 minutes qu'il te masse le gars.
02:32 Mais en plus, d'ailleurs, on doit tous se former, il te pète toutes les côtes.
02:37 C'est-à-dire que c'est un truc physique de dingue qu'il est en train de faire.
02:40 - C'est ce qu'on a déjà fait, au bout de 2 minutes, quand tu t'entraînes, tu deviens tout rouge.
02:43 Et puis au bout de 25 minutes, soit tu es à la caisse...
02:46 - Alors il est à la caisse, c'est un cycliste.
02:48 - C'est un cycliste, c'est un Ironman même.
02:50 Et donc en fait, comme il va me dire aujourd'hui, je suis rentré là-dedans comme dans une course.
02:55 Et après, je n'ai pas vu le temps.
02:57 Et on s'est dit, on ne lâchait rien.
02:58 Et ils se sont attaqués.
03:00 Et donc c'est des gens qui vont aller au-delà de ce qui est raisonnable.
03:04 - Disons-le d'un mot, donc tu le dis d'ailleurs.
03:08 Tu es croyant, catholique, investi même dans les institutions de l'Église.
03:15 Quand on est profondément croyant, est-ce qu'on croit encore au hasard ?
03:19 - En tous les cas, moi je le dis ouvertement, c'est un cadeau de Dieu.
03:23 Parce que 53 minutes, ça n'existait pas.
03:26 Donc j'ai cherché, je suis un être cartésien, tu me connais.
03:29 J'ai cherché à savoir pourquoi, qu'est-ce qu'ils pouvaient expliquer, comment, etc.
03:33 Et la réalité, c'est que oui, on peut expliquer pourquoi mon artère s'est bouchée.
03:36 Mais on n'explique pas pourquoi le cœur a survécu.
03:39 Et on explique encore moins comment je peux avoir un cerveau aujourd'hui
03:43 qui n'est pas suffisamment habillé pour pouvoir te parler correctement.
03:45 - Oui, mais avant même, moi ce qui me fascine,
03:47 alors il se trouve qu'il est arrivé peu ou prou la même chose à un gars que je connais très très bien.
03:53 Donc lui c'était en courant.
03:55 Et lui c'est la Porsche Cayenne d'un cardiologue, si tu veux,
03:57 qui a pilé au moment où il s'effondrait.
03:59 Voilà, incroyable, pareil.
04:01 Mais ce qui me fascine dans l'histoire, c'est...
04:04 Parce que là, ils sont trois.
04:06 La conjonction de hasard que tu racontes, l'un des deux gendarmes, en fait, il n'est pas bien sur son vélo,
04:09 c'est une mauvaise sortie.
04:11 Mais il va quand même prendre à un moment la file d'une association, voilà,
04:15 qui va l'amener à rouler un petit peu et se retrouver dans cette cause.
04:18 - C'est un gendarme du GIGN, donc pas fou.
04:20 Et il devait tourner à droite pour rentrer sur Versailles.
04:22 Et il me dit, je ne sais pas, je me suis senti appelé à aller à gauche,
04:27 donc à 180 degrés de l'endroit où il devait aller.
04:29 Et je suis tombé sur trois.
04:31 Mais il y a aussi le rôle du médecin du SAMU,
04:33 qui quand il arrive, lui, peut déclarer que je suis mort.
04:35 Et au bout de 45 minutes...
04:37 - Parce que tu es reparti quand il arrive au bout de 45 minutes.
04:39 - Non, il y a le médecin du SAMU qui arrive et qui déconstate que je suis un cadavre.
04:43 D'ailleurs, le médecin qui m'a sauvé la vie pensait, quand je l'ai revu, il m'a dit,
04:46 mais tu es si jeune, il pensait que j'avais 65 ans et plus, c'est pour te dire dans quel état j'étais.
04:50 Et là, lui, il peut prendre la décision de dire, attendez les gars, c'est 45 minutes, on arrête tout.
04:56 Et pourtant, il va dire, allez, on tente le tout pour le tout.
04:59 Et cet homme, il va même m'emmener sur la table d'opération,
05:03 il va aller au-delà de ce qu'il devait faire.
05:05 Et il me dit aujourd'hui, tu sais, je sentais qu'il se passait encore quelque chose dans le cerveau.
05:09 J'avais cette intuition, il fallait que j'y aille.
05:11 Donc oui, au bout d'un moment, tout ça...
05:13 - Tout ça te fait réfléchir...
05:15 - Sur l'alignement de planètes et irraculeux.
05:18 - Parce que l'attait profond que je suis va appeler déconjecture, du hasard, etc.
05:24 - J'aimerais l'expliquer parce que moi, je n'ai pas envie que ça me réarrive.
05:28 - Mais sauf que la probabilité, elle est tellement infinitésimale.
05:31 - Soyons pédants deux secondes, un coup de dé n'abolit pas le hasard.
05:34 Non, le hasard est là.
05:36 - Mais là, je pense qu'il y a une configuration assez exceptionnelle.
05:39 Mais c'est un autre débat.
05:41 - Oui, c'est un autre débat, mais ça m'intéressait.
05:43 Et puis il faut le dire, parce que c'est important dans ta démarche, dans ta vie,
05:47 et sans doute aussi dans la façon dont tu as réussi à te reconstruire.
05:50 - Je pense.
05:51 - A partir du moment où... Mais je crois que beaucoup de laïcs le vivraient aussi de la même façon.
05:55 C'est-à-dire que c'est de toute façon un cadeau de quelqu'un, quelque part, quelque chose.
05:58 Et donc il faut le rendre à un moment, mais on va en reparler.
06:01 Il y a aussi évidemment tout un aspect familial.
06:03 Ça, je vais laisser ça de côté.
06:05 Ceux qui voudront lire ton aventure verront cet aspect familial.
06:09 Je retiens une leçon, une phrase que tu écris,
06:13 et qui vaut pour ton accident, mais qui vaut pour le monde dans lequel on est en train d'entrer.
06:20 Tu dis "nous ne sommes pas formés à gérer des crises aussi violentes".
06:28 - Bah non, en fait, t'es formé à être, au niveau cérébral,
06:33 quelqu'un qui va exécuter des business plans, les vendre, etc.
06:38 Mais en fait, ce cas qui est unique, d'ailleurs, t'es pas formé,
06:42 et puis en plus t'es pratiquement pas accompagné, parce que des cas comme moi ça n'existe pas.
06:47 - Pour moi, ta phrase va plus loin que ça.
06:51 On est dans une société d'hyper-protection.
06:54 On nous promet l'hyper-protection pratiquement à chaque initiative que l'on prend aujourd'hui.
07:00 La réalité, non, la réalité, elle est violente.
07:02 La réalité, c'est que la mort peut vous tomber dessus du jour au lendemain,
07:04 et c'est que la guerre peut vous tomber dessus du jour au lendemain.
07:07 Et je pense que notre univers mental doit recommencer à s'y préparer.
07:11 - Oui, t'as raison.
07:13 Moi, je déroulais, j'avais fait mon introduction en bourse, etc.
07:17 Je déroulais et à aucun moment j'avais interprété ou intégré ce genre de drame.
07:24 Et d'ailleurs, j'ai tellement pas intégré qu'il va falloir 14 mois pour que je comprenne
07:28 qu'il s'est passé quelque chose.
07:30 Donc c'est du formatage.
07:32 C'est-à-dire que moi, ça m'a fait beaucoup réfléchir aussi.
07:35 C'est-à-dire que je suis un entrepreneur, et je suis un entrepreneur pour être libre,
07:38 parce que je veux pas de patrons qui me disent,
07:39 "toi tu prends femme et enfant, tu t'en vas", et je voulais être libre.
07:42 Et en fait, tu réalises à quel moment t'es un peu dans le Truman Show.
07:45 C'est-à-dire que t'es formaté sur le temps, t'es formaté sur la course,
07:47 t'es formaté sur les critères de valeur, etc.
07:50 Et qu'en fait, ta liberté, elle est tout à fait relative.
07:53 - Alors, ça nous amène effectivement vers l'entreprise, et c'est ça qui est intéressant.
07:58 Juste parce qu'on va y aller sur l'idée, ce que tu décris finalement,
08:02 c'est en fait, t'as vécu une forme d'accident du travail.
08:06 Mais on va... Ah, et c'est ce que tu décris, hein.
08:09 Mais on va y aller. Mais juste la gestion du choc dans l'entreprise,
08:12 en fait, là, t'en parles finalement assez peu.
08:15 Réunion du board, etc.
08:17 Mais bon, l'entreprise se met visiblement assez facilement.
08:20 Donc l'entreprise que tu as fondée, que tu as amenée en bourse,
08:24 arrive assez facilement finalement à continuer à bosser et à se passer de toi.
08:28 - Oui, parce qu'en fait, il y a une gouvernance, il y a un conseil d'administration,
08:31 même si une société, côté, il y a de la communication,
08:34 tout ça est complètement bordé.
08:36 Et donc, quand ça se met en place, les avocats se mettent en route,
08:38 tout est relu. Et finalement, il n'y a pas de crash au niveau de la gouvernance.
08:42 Le crash, il est émotionnel, parce que finalement, t'as beaucoup de salariés
08:46 avec qui je travaille depuis 20 ans et qui s'aperçoivent que,
08:49 potentiellement, je peux ne pas revenir.
08:51 Et le crash ultime, il est quand j'annonce à tout le monde que, en fait,
08:54 j'ai essayé de revenir, j'ai voulu faire comme avant,
08:56 et puis je ne suis plus capable, et donc je les quitte.
08:58 Et ça, c'est le cœur de la boîte qui...
09:01 Je pense que tu vas revenir sur le cœur, mais c'est le cœur de la boîte qui explose.
09:04 - Ah oui, on va revenir sur le cœur, ça, eux, et très, très, très largement.
09:07 T'as pas d'explication, aujourd'hui, physiologique.
09:11 Donc, ils te plongent dans le coma, tout ça dure, évidemment, un certain temps.
09:17 En plus, tu fais une infection là-dessus. Enfin, bref, les choses se compliquent.
09:21 Puis, un jour, tu te réveilles, tu t'enlèves toi-même tes tubes,
09:24 t'enlèves toi-même les fils. Évidemment, tu t'effondres,
09:26 tu tombes de ton lit et tout, mais bim, c'est reparti, quoi. Voilà.
09:29 - Alors, c'est reparti. Entre-temps, j'ai perdu la parole, j'ai perdu la marche.
09:32 - Oui, oui, oui !
09:33 - Donc, on recommence à réédu... On fait une rééducation complète.
09:35 Mais c'est vrai qu'avec le même état d'esprit qu'il y a le mien, du gars qui fonce,
09:38 qui est dans la performance, je vais faire une rééducation en cinq semaines.
09:41 Et en cinq semaines et un jour plus tard, je suis au bureau.
09:43 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'ai beaucoup de compassion pour eux.
09:46 Il y a des gens qui sont au centre de rééducation, qui étaient là avant moi
09:48 et qui y sont toujours. Donc, moi, je fais un passage éclair à suivre mes Watt,
09:52 parce que tu suis tes Watt sur ton vélo tous les jours avec une méthode.
09:56 Et c'est l'obstination, quoi.
09:58 - Et c'est pas parce que, justement, t'es cycliste, super caisse,
10:03 grosse hygiène de vie, etc. et tout.
10:06 À un moment, tu dis, en fait, ça n'a pas grand-chose à voir, finalement.
10:10 - Non, parce qu'en fait, tu vois que t'as un tiers de ceux qui font des arrêts cardiaques
10:14 qui ont 55 ans et moins, qui sont en bonne santé.
10:16 Alors, tu dis sur le plan physiologique, en fait, j'ai du cholestérol, plus.
10:20 Mais en fait, c'est ton stress qui oxyde ton cholestérol.
10:23 Alors, je ne sais pas quel est le stress. Le stress avait comme effet sur toi.
10:26 Moi, il oxyde mon cholestérol. Je ne le savais pas.
10:28 Et puis, du coup, ça crée des plaques. Et puis, ça affine tes artères.
10:31 - Oui, parce que quand tu regardes ton cœur, puisqu'à un moment,
10:33 il regarde ton cœur très, très vite, finalement, il est très dégradé.
10:36 - Il est très dégradé. C'est les artères. - Les artères qui sont très dégradées.
10:39 - Et en fait, quand tu fais des tests d'effort, c'est-à-dire qu'on regarde ton cœur,
10:43 on regarde la fibrillation, ils n'ont rien vu.
10:45 Et en fait, il faut faire des scanners et aller voir l'état de tes artères.
10:48 Il faut aller voir profondément là où vous en êtes.
10:50 Moi, 45 ans, ne buvant pas plus que ça, faisant beaucoup de sport, etc.,
10:53 je ne voyais pas où est le problème. Donc, je n'étais pas plus servi.
10:55 Et d'ailleurs, je n'avais pas de cardiologue.
10:57 - Donc, accident du travail, parce que, et là, il faut quand même…
11:03 Là, on rentre vraiment dans la vie de l'entreprise.
11:06 Tu racontes l'introduction en bourse comme un pur cauchemar.
11:10 - Alors, moi, c'est la… - Tu ne dors plus.
11:12 - En fait, c'est la première intro 100% digitale, puisqu'on était dans la période de Covid.
11:17 Et donc, en fait, je n'ai pas fait de roadshow.
11:19 Je ne prenais pas l'avion à 4 heures du matin pour me promener en Europe.
11:22 Je faisais tout ça en chausson dans ma chambre avec des visios.
11:25 Et je me suis dit « Tu sors physiquement bien, parce que je ne suis pas fatigué ».
11:29 Mais en fait, je ne me suis pas aperçu que je suis sorti psychiquement, mais complètement rincé.
11:33 Parce que, t'imagines, 80 visios, la moitié des mecs, au début, ne savaient même pas mettre leur caméra.
11:37 Donc, tu étais en train de convaincre un écran noir de mettre de l'argent dans ta boîte.
11:40 Et élever 20 millions à travers un écran, en fait, c'est juste totalement inhumain.
11:46 Et puis, derrière, l'intro en bourse, la réalité, c'est qu'on m'avait dit « Mais tu ne regardes pas ton cours.
11:52 Ce n'est pas grave, on ne regarde pas la valeur de sa boîte tous les jours ».
11:55 Mais pour de vrai, c'est que tout le monde t'en parle.
11:58 Et tu n'as même pas besoin de regarder ton cours.
12:00 Chaque meeting avec un fournisseur ou un client, il commence en te parlant de ton cours.
12:03 Donc, tu as même le cours en temps réel avec toutes ses visites.
12:06 Et en fait, c'est une pression sans cesse.
12:08 Ce n'est pas que tu le regardes tous les jours, c'est que tu le regardes toutes les heures.
12:10 Exactement. Et puis, c'est pire que les étoiles sur LinkedIn.
12:14 Et puis, à la fin, c'est même des amis qui disent « J'ai vachement confiance en toi, j'ai mis de l'argent ».
12:19 Et certains qui ont mis leur 1 000, 2 000, 3 000 euros, parce qu'ils te confient en confiance.
12:24 En fait, ça fait une pression qui est latente.
12:28 Ce n'est pas une pression qui arrive comme un gros choc, comme tu peux avoir dans une entreprise.
12:31 C'est des micro-agressions en permanence.
12:34 Et moi, j'ai fait aussi une erreur, c'est que j'étais seul.
12:37 C'est un one-man show et qu'on ne fait pas une intro en étant seul.
12:40 J'avais certes un directeur financier, mais il faut y aller avec un associé,
12:43 il faut quelqu'un qui partage, ne serait-ce qu'un directeur général qui tient la boutique
12:47 pendant que tu es en train de faire des visios.
12:50 Et ça, c'est probablement une erreur.
12:52 - Et est-ce que tu dirais que c'est une introduction en bourse pour une boîte ?
12:57 Parlons juste d'un mot sur Alchimie, streaming thématique,
13:01 c'est-à-dire que tu peux faire le pitch streaming thématique ?
13:04 - En fait, on aidait les médias.
13:06 Alors maintenant, Alchimie a beaucoup bougé, mais on aidait les médias, les talents,
13:09 à créer leur propre plateforme de SVOD, c'est-à-dire leur propre Netflix à cette époque-là.
13:14 - D'accord. - Et en fait, moi, je suis dans un secteur
13:17 où tous les Américains sont cotés, tout le monde est coté.
13:19 Et donc, c'est bien d'être coté parce que ça te permet de parler d'égal à égal et donner une valeur.
13:24 Donc, je trouvais ça plutôt bien d'aller chercher des capitaux de ce côté-là
13:28 plutôt que via les fonds traditionnels.
13:31 Et puis après, je ne le cache pas aussi, c'est quand tu es un entrepreneur,
13:33 que tu es une boîte, c'est quand même un kiff parce que tu as réussi à faire tes levées de fonds,
13:38 les LBO, les MBO, il fallait que je fasse ça à l'IPO et on continue, on coche les cases.
13:43 - Un kiff qui a failli te tuer. - Oui, qui m'a partiellement tué.
13:46 - Non, mais est-ce que c'est une leçon pour les autres entrepreneurs ?
13:49 Je regarde, là, tu vois l'histoire de Believe, et super intéressante.
13:52 T'es quand même sur une histoire, Believe, pardon, si vous ne connaissez pas,
13:56 c'est aujourd'hui l'un des, alors ce n'est pas vraiment une maison de disques,
14:00 on ne peut pas dire ça comme ça, mais en tout cas, agents de star,
14:03 les plus importants d'Europe, une histoire de croissance incroyable,
14:07 les mecs s'introduisent en bourse et après, parce que c'est la bourse,
14:10 le cours, il se retrouve divisé par deux.
14:12 Et bien tout à coup, c'est toute l'histoire de Believe qui se retrouve racontée
14:17 à travers son cours de bourse, ce qui n'a aucun sens.
14:20 Alors que l'histoire de croissance, elle, elle continue.
14:23 Et donc les gars sont maintenant en train d'essayer de sortir de la bourse,
14:26 mais ils ne vont peut-être même pas y arriver parce qu'à partir du moment
14:29 où t'es devenu public, comme disent les Américains, ton capital,
14:32 il peut être chopé par n'importe qui.
14:34 Donc la bourse...
14:36 - En fait, c'est un effet amplificateur à la hausse et à la baisse.
14:39 - Oui, on l'a connu, on a fait quand même 5 mois où ça a un effet amplificateur,
14:42 ça m'a permis de racheter une boîte aux Etats-Unis, etc.
14:45 Donc c'est la dynamique du succès. Mais sauf qu'à la baisse, c'est la même chose.
14:48 Et donc en fait, ça se traduit comment ? Tu fais -15, puis tes salariés débarquent
14:52 en disant "mais on est en faillite, on n'a pas d'argent".
14:55 C'est comme moi, personne ne sait lire un compte d'exploitation ou quoi que ce soit.
14:58 Et puis du coup, t'as tes fournisseurs qui disent "ben attendez, là, j'ai vu
15:01 votre cours de bourse, ça va pas bien, il va falloir me payer tout de suite, là,
15:04 je pense que vous avez des problèmes de trésorerie". Puis t'as tes clients qui arrivent
15:07 et qui disent "ouais, mais si on commence à bosser avec vous, il y a peut-être
15:10 une histoire de fiabilité, vous allez peut-être disparaître". En fait, tout le monde
15:13 commence à amplifier à la baisse ton problème, alors qu'il n'y a pas de problème.
15:16 Et que Alchimie a connu un choc brutal, mais Alchimie est toujours en vie.
15:20 Tu as Alchimie, des abonnements incroyables, donc une inertie de chiffre d'affaires incroyable.
15:25 Mais en fait, personne n'y comprend rien. Et donc, t'as même des salariés de talent
15:29 qui se disent "ben je vais y aller parce que j'ai une autre offre".
15:32 Et donc, à ce moment-là, on te quitte. Donc c'est exponentiel.
15:36 Absolument. Alors que juste pour expliquer à ceux qui ne sont pas dans la mécanique
15:40 de la bourse, quand t'es une petite valeur et même une valeur moyenne d'ailleurs,
15:43 tu es juste en fait une poche de liquidité pour des investisseurs qui, à un moment,
15:48 vont avoir besoin de récupérer un petit peu de cash pour aller l'investir ailleurs.
15:52 Ils ne vont pas sortir de LVMH, ils ne vont pas sortir d'Airbus, etc. parce que là,
15:56 ils sont sur des engagements beaucoup plus importants. Toi, t'es la poche de liquidité.
15:59 Et finalement, quels que soient tes résultats, ils s'en foutent complètement
16:02 au moment où ils vont larguer un petit peu de tes actions. Ils ne regarderont même pas.
16:07 Et moi, je n'ai pas fait de liquidité.
16:09 Non, non, non, mais je pense que c'est ça qu'il faut avoir en tête face à ce que
16:12 tu as très bien décrit comme le mirage de la bourse.
16:15 Deux aspects échos derrière sur les 10 grosses minutes qui nous restent.
16:19 Le capital santé n'est pas dans le bilan de l'entreprise, tu dis.
16:22 Je suis très surpris. C'est-à-dire, tu dis, on ne t'a rien demandé en termes de...
16:26 Non, tu sais, tu signes un SPI, un document de bourse, d'introduction aux bourses.
16:31 Il doit y avoir, je ne sais plus le chiffre exact, mais à peu près 50 pages de tous les risques.
16:35 Tu dois lister tous les risques. D'un point de vue légal, il faut tout imaginer.
16:38 Même l'Airbus qui s'écrase sur ton data center. Enfin, tous les trucs improbables.
16:42 Il n'y en a pas un qui m'a posé la question de savoir au niveau santé...
16:45 Mais c'est fou, ça !
16:46 Comment ça va se passer ?
16:48 Ben, c'est factuel.
16:50 Oui, c'est factuel.
16:51 Voilà. Et donc, tu le sais, d'ailleurs, beaucoup de vicies te disent
16:55 « Moi, je mise sur une équipe. Je mets de l'argent sur une équipe. »
16:58 Tous, ils disent ça, effectivement.
17:00 En plus, moi, c'est un peu Owen Manchow. Et donc, s'il se passe un problème avec vous, qu'est-ce qui se passe ?
17:03 Il se passe que vous détruisez 95% de la valeur.
17:06 Et alors, c'est des sujets qui sont aussi assez délicats.
17:11 Je pense que la société est un peu plus moderne, un peu plus mature pour entendre ça aujourd'hui.
17:16 Mais très longtemps, ça a été... C'est des affaires privées.
17:19 Vous n'avez pas à mettre directement en public votre bulletin de santé.
17:25 Tu vois, mais en termes de gouvernance, je ne trouverais pas ça complètement dingue que dans un conseil d'administration,
17:29 on ait sept, qu'il y en ait deux qui soient mandatés pour regarder mon bilan de santé
17:32 et chargés de dire « Je le porte auprès de la connaissance de l'ensemble des membres du conseil ou pas, parce que c'est privé. »
17:39 Je suis d'accord.
17:40 Mais est-ce que ça a un peu évolué avec le Covid, justement ?
17:43 Il y a une série de questions qui ont émergé.
17:46 Autant d'ailleurs pour les dirigeants que pour les salariés.
17:49 D'ailleurs, je le dis d'un mot, parce que j'ai appris ça récemment.
17:53 Oui, je le sais, mais le dire comme ça...
17:56 En fait, on parle de capital humain, c'est un immense mensonge.
17:59 Dans le bilan de l'entreprise, c'est une charge, les hommes.
18:02 Ce n'est pas le capital.
18:03 Et donc la formation, c'est une charge, ce n'est pas un investissement.
18:06 Je referme la parenthèse.
18:07 Mais peut-être que là, il y a une évolution.
18:09 À post-Covid, j'ai l'impression de l'entreprise et de la façon dont elle doit rentrer dans le champ de la santé.
18:14 Je n'ai pas de benchmark de toutes les boîtes, de ce qui se passe en ce moment.
18:17 Donc, je ne me prononcerai pas là-dessus.
18:18 Toujours est-il qu'aujourd'hui, moi, si je passe à côté d'un investisseur, c'est le premier truc que je regarde.
18:24 Et d'ailleurs, mon premier livre qui était "Votre énergie est inépuisable",
18:27 "Un entrepreneur, c'est une station-service-énergie".
18:29 Ça donne de l'énergie à tout le monde, à ses salariés, à ses actionnaires, à ses clients, etc.
18:34 Et donc, en fait, tu mises sur une équipe parce qu'elle est talentueuse dans son expertise,
18:38 mais avant tout parce qu'elle a de l'énergie.
18:40 Et cette énergie, c'est pour les jeunes.
18:42 Et au bout d'un moment, ça devient la santé, passé un certain âge.
18:44 - Oui, mais alors justement, c'est la grande leçon de ton bouquin.
18:47 Moi, c'est le truc qui m'a passionné.
18:48 C'est que cette phrase-là que tu viens de prononcer, c'est encore la phrase de l'ancien Nicolas Duhep.
18:53 Alors, tu vas le résumer.
18:57 Mais en gros, tu dis, on est passé de la révolution industrielle,
19:02 de l'économie des machines à l'économie de la connaissance, avec les ordinateurs.
19:06 Et maintenant, tu dis, ça y est, c'est fini.
19:08 L'intelligence artificielle, de toute façon, battra toutes les connaissances de toute la Terre.
19:12 Et on rentre dans l'économie du cœur.
19:14 Raconte-moi ce que c'est que l'économie du cœur.
19:17 - Ma profonde intuition, j'ouvre dans le bouquin et puis maintenant, je vais y travailler.
19:21 - Et il serait bien d'écrire un bouquin dessus.
19:22 - Absolument.
19:23 - C'est les dix dernières pages, elles sont passionnantes.
19:25 - C'est qu'en fait, tu sais, on a recruté des cerveaux.
19:28 On s'est formés, on a fait les mêmes écoles.
19:30 On est devenus brillantissime en cerveau.
19:32 Et on est dans une société 100% cérébrale qui ne juge que par une performance du cerveau.
19:36 Et en fait, moi, je m'aperçois dans le coma qu'il y a deux organes qui sont encore actifs.
19:41 Les autres sont endormis et qu'il y en a un qui est plus puissant que l'autre.
19:43 Parce que le cœur peut vivre sans le cerveau, l'inverse n'est pas vrai.
19:46 Et cette symbolique, parce que bien sûr, tu as besoin de tous les autres.
19:48 Cette symbolique, pour moi, elle m'ouvre un horizon.
19:50 Parce qu'en fait, tu t'aperçois que le cœur est plus puissant que le cerveau.
19:53 Mais quelle place on donne au cœur ?
19:54 On les a sexués nos organes.
19:57 On a dit les garçons, c'est les maths, c'est le cerveau.
19:59 Les filles, c'est les lettres, c'est le cœur.
20:00 Mais en fait, en rééquilibrant en ce moment les valeurs, tu t'aperçois que les garçons ont un cœur et que les filles ont un cerveau.
20:06 C'est une évidence, mais on y est quand même.
20:09 Et donc, exprimer ce que tu as sur le cœur, on ne sait pas faire.
20:13 Moi, exprimer les émotions, traduire avec le cœur, intuitivement, tu le fais.
20:16 Mais qu'est-ce que ton cœur est capable d'exprimer ? Tu ne sais pas.
20:19 D'ailleurs, quand tu rencontres quelqu'un, tu rencontres plein de gens, Stéphane,
20:22 au bout d'une seconde, ton cœur, il te dit oui/non.
20:24 Mais ton cerveau, il te dit non, tu n'as pas le droit de juger, il faut laisser la science sur le genre.
20:27 Et puis, six mois plus tard, tu arrives exactement là où ce que ton cœur t'a dit.
20:31 Donc, en fait, il faut apprendre à le comprendre et à le discerner et à lui faire confiance.
20:37 Et en fait, pourquoi ce cœur, il est puissant ?
20:39 C'est qu'en fait, les cerveaux vont être partiellement mis au chômage par l'IA, puisqu'il y a une somme de connaissances.
20:44 Mais pour prompter une IA, il faut un cœur.
20:46 Le cœur qui est sur cet ouvrage, j'ai mis beaucoup de temps à le prompter, à trouver les mots, mais c'est le résultat de l'IA.
20:52 Et donc, se former au cœur, et puis derrière, pour voir si on fait juste un match cerveau/IA, c'est perdu.
20:59 On a raison de s'inquiéter.
21:00 Mais si tu veux voir autre chose, comme le petit prince, tu vas voir avec le cœur.
21:04 Donc, il va falloir qu'on recrute des cœurs.
21:06 Et je pense que là, on a un défi devant nous qui est incroyable, c'est comment tu recrutes des cœurs,
21:09 comment tu formes des cœurs, comment tu fais grandir des cœurs, comment tu fais confiance au cœur.
21:13 Et moi, je trouve ça une opportunité incroyable qui me réjouit.
21:17 En fait, je me réjouis de l'IA parce qu'on va être un peu moins tableau Excel et PowerPoint,
21:22 et on va rentrer dans une forme d'humanité qu'on n'avait pas jusqu'aujourd'hui.
21:25 Ton économie du cœur, c'est une économie de l'émotion.
21:29 Mais ça veut dire qu'on vend des émotions.
21:31 Et là-dessus, ce n'est pas moi qui vais te dire le contraire.
21:35 L'économie de l'émotion est l'économie des valeurs.
21:38 C'est ça que tu mets en avant.
21:40 Les émotions, d'abord, il faut savoir les ressentir, il faut savoir les qualifier, il faut savoir les traduire.
21:44 Et surtout les traduire et les exprimer.
21:46 Je pense que dans un métier comme le tien, c'est natif.
21:49 Non, on y travaille.
21:52 Mais tu vois bien dans les entreprises dans lesquelles tu interviens,
21:55 les mecs parlent avec des cerveaux et se disent « je n'arrive pas à recruter des jeunes ».
21:58 Bien sûr, les jeunes aujourd'hui, ce n'est même pas qu'ils cherchent du sens, ils cherchent du cœur.
22:01 Donc, si tu leur parles avec le cerveau, ils n'ont pas envie de devenir.
22:04 Puis s'ils viennent, au bout de six mois, ils s'en vont.
22:06 Donc, ça coûte très cher.
22:08 Tu parlais tout à l'heure d'une charge gigantesque.
22:10 Donc, le cœur, il a une performance pour pouvoir faire venir les meilleurs,
22:14 pour pouvoir les garder, pour pouvoir les emmener dans une histoire.
22:17 Et je pense que nous, on vient d'une génération,
22:20 on a tout fait pour être les premiers de la classe, pour gagner un peu d'argent,
22:23 et puis ils ont fini tous en burn-out, ou presque, dans ces catégories 50-55.
22:27 Bienvenue au club !
22:28 Les jeunes derrière, ils se disent « mais c'est tout ça pour ça ? »
22:31 Moi, je n'ai pas envie. J'ai envie de vivre avec mon cœur, j'ai envie de vivre dans le relationnel.
22:34 Donc, on a très vite fait de les enfermer.
22:36 Ils sont bêtes, machin, dans les réseaux sociaux.
22:38 Peut-être qu'il y en a qui sont perdus là-dedans.
22:40 Moi, je crois qu'avant tout, ils ont envie de vibrer, ils ont envie de vivre avec le cœur.
22:43 Et ceux qui vont, d'ailleurs, dès que tu as un concert,
22:47 ou des choses qui vivent avec le cœur, ils sont tous là.
22:49 Ils sont à la recherche de ça. Donc, on va vers ça.
22:52 J'insiste sur le coup de génie que tu as, Nicolas.
22:55 C'est que l'histoire de quête de sens m'exaspère un tout petit peu, je dois te dire.
23:00 Le sens, c'est Google Maps, t'es perdu.
23:02 Ouais, et puis le sens, on met de la morale là-dedans.
23:05 Dès qu'on met de la morale dans l'entreprise, je ne sais pas où on va,
23:08 parce que je ne sais pas où elle s'arrête.
23:10 Le cœur, c'est bien différent. C'est l'émotion.
23:13 C'est les poils qui se dressent. C'est tout ça.
23:16 Et ça, ça ne rentre pas dans des cas, ça ne rentre pas dans des catégories,
23:20 mais ça fait avancer. C'est ça qu'on cherche.
23:22 Et c'est ça qu'on va aller chercher.
23:24 Et tu m'as questionné sur la spiritualité tout à l'heure.
23:26 Et pourquoi oui, j'ai une spiritualité ?
23:28 Parce que quand tu as fait l'expérience du lit de mort, à la fin,
23:30 tu vois que c'est le triomphe de l'amour. Il ne reste plus que ça.
23:33 Mais l'amour, c'est le cœur.
23:35 Il n'y a que le cœur qui t'emmène vers cette joie,
23:37 qui t'emmène vers cet ultime sentiment de cet ultime moment de vie.
23:40 On fait des business plan sur 5 ans.
23:42 On te demande d'être visionnaire quand tu lèves de l'argent.
23:44 Mais ta stratégie perso à 20 ans, à 30 ans, à 40 ans, quelle est-elle ?
23:47 Moi, j'ai découvert que, pas d'un point de vue conceptuel,
23:49 mais dans ma chair, c'est ce qui restait.
23:51 Donc, ce n'est plus la discussion avec un petit verre de vin rouge
23:53 le samedi soir avec des potes en disant que j'ai des priorités.
23:56 Ces priorités, je les ai dans ma chair maintenant.
23:58 Moi, mes journées, j'ai envie qu'elles se tournent vers l'amour.
24:00 Le livre est là pour en témoigner.
24:02 Quand tu parles avec le cœur, d'ailleurs, j'ai plein de jeunes qui me prennent contact avec moi sur LinkedIn, etc.
24:06 Un petit tips d'ailleurs, tu dis, l'hyper-émotionnalité est un signe peut-être de fragilité cardiaque.
24:15 Tu dis, si on se met à chialer au cinéma sur un film à l'eau de rose,
24:22 ça peut être, tu l'écris comme ça, ça peut être un signal d'alerte.
24:26 Non, alors, puisque je chiale sur les films à l'eau de rose, je ne suis pas...
24:29 Je le traduis moi en séquel, c'est qu'aujourd'hui, je suis devenu hyper sensible.
24:32 J'ai du mal à gérer mes émotions et c'est vrai que je pleure une fois par jour pour des films
24:36 ou pour des relations ou pour des témoignages qu'on me raconte, des choses qui sont hyper touchants.
24:40 Mais avant, j'aurais eu presque un peu honte.
24:43 Je les mettais sous une plaque de béton.
24:45 L'entrepreneur, il cache toutes ses émotions parce qu'il ne veut pas être embêté par ça.
24:48 Mais en fait, c'est la vie.
24:50 C'est tellement bien.
24:51 Et en fait, c'est une richesse.
24:52 Donc, comment on convertit cette richesse quand même en performance ?
24:56 Parce qu'à un moment donné, il faut...
24:59 Je ne jette pas ma vie d'avant.
25:02 Je continue à dire que ça a été très bien et qu'à 20, 30 ans, si tu veux créer une famille, il faut y aller.
25:07 Et donc, au contraire, vive les entrepreneurs.
25:10 Mais les entrepreneurs...
25:12 Vive les entrepreneurs, mais l'obsession de la performance, puisque en fait, tu l'opposes un peu.
25:16 Ton économie du cœur, tu l'imposes un peu.
25:18 Tu l'opposes un peu à l'économie de la performance, ce qui d'ailleurs, dans une planète aux ressources limitées, etc.
25:24 Bref, tout ce qu'on vit aujourd'hui sur les impasses de la croissance me semble parfaitement collé.
25:29 Et donc, il faut sortir de cette performance.
25:32 Mais tu le dis, il nous reste deux minutes.
25:34 Le cœur du truc, à un moment, t'écris.
25:36 Donc, tu as cette rééducation hyper rapide, etc.
25:40 Et tu repars.
25:41 Et pourquoi tu repars ?
25:42 Parce que c'est très, très difficile de sortir de la roue du hamster.
25:46 Mais tu sais, les entrepreneurs, ils aiment se comparer à des sportifs de haut niveau.
25:50 Mais un sportif de haut niveau, c'est un entraîneur, un coach, un nutritionniste, un kiné, etc.
25:54 Nous, on a quoi ?
25:55 Et puis, un sportif de haut niveau, à 35 ans, ça prend sa retraite.
25:58 Zidane, aujourd'hui, il met ses talents, il est sur le coach, il entraîne des équipes.
26:02 Pour les entrepreneurs, c'est la même chose.
26:04 À un certain âge, ton talent, il est de l'autre part.
26:06 Il faudra l'admettre.
26:07 Et à 45 ans, tu ne fais plus la course avec ceux qui ont 25.
26:10 Mais tu fais valoir d'autres actifs.
26:13 Mais c'est super dur.
26:14 Tu l'expliques bien.
26:15 Tu as des histoires d'organisation de vie, de niveau de vie, d'une famille qui dépend de toi,
26:19 de choix à faire qui vont amener peut-être une dégradation des conditions de vie de cette famille.
26:23 Et pourtant, c'est une question de survie au sens propre.
26:27 Exactement.
26:28 Et moi, il me l'aura fallu, multipres épreuves sur 14 mois.
26:31 Parce que, dans le livre, c'est expliqué, ce n'est pas un arrêt cardiaque qui m'a permis de comprendre ça.
26:35 Il a fallu casser les poignets, les épaules, les mains, finir aux invalides en me disant
26:38 que je deviens un problème de neurologique.
26:40 Et là, je dis "Ok, je comprends".
26:42 Bon, on n'a pas le temps de raconter "casser les poignets", mais c'est sûr que ta femme,
26:45 quand elle aurait reçu le coup de fil, ça a dû être quelque chose.
26:48 Allez lire ça, donc, Maison d'édition, que tu as appelée "Entrepreneur un jour, entrepreneur toujours".
26:56 Avec une femme qui est Louanze d'Aboville, qui est l'éditrice, qui est extraordinaire.
27:00 Donc, Isran édition, 53 minutes, survivre et renaître.
27:06 C'est une belle histoire et elle est bien écrite, Nicolas.
27:09 Merci à tous et à bientôt pour de nouveaux débats sur Bismarck.
27:16 [Musique]
Recommandations
17:16
|
À suivre
6:02
1:44:05
1:43:28
29:23
25:33
24:26
27:23