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  • 29/01/2024
Dans son édito du 29/01/2024, Paul Sugy revient sur le potentiel blocage de Paris par les agriculteurs.

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Transcription
00:00 Oui Romain, on voit bien que le défi que les agriculteurs adressent au gouvernement s'intensifie.
00:04 Cette fois-ci c'est un face-à-face direct, une confrontation aux portes des lieux de pouvoir.
00:07 C'est évidemment symbolique à plusieurs titres.
00:09 On l'a vu avec Lomique notamment, le marché de Rungis il est effectivement bloqué.
00:13 C'est toute la mécanique merveilleuse qui permet d'alimenter entre autres la capitale,
00:16 mais pas seulement, qui se gripperait.
00:19 Ce qu'il y a de bien avec les machines, c'est que généralement quand ça fonctionne,
00:22 on ne se rend pas compte de l'importance de chacun des rouages,
00:24 mais dès l'instant où elles s'arrêtent, alors à ce moment-là,
00:26 chaque rouage, chaque maillon devient essentiel.
00:28 C'est exactement le but symbolique que recherchent les agriculteurs,
00:32 c'est de rappeler aux Parisiens que la nourriture n'arrive pas par magie ou par miracle dans leur assiette,
00:38 mais que derrière il y a des vies humaines et des métiers qui sont évidemment en jeu.
00:41 Et puis ce face-à-face symbolique, c'est aussi le face-à-face de tous les périls pour le gouvernement.
00:46 Jusqu'ici on l'a vu, les forces de l'ordre ont plutôt laissé faire les blocages,
00:49 mais c'était loin de Paris.
00:50 Là, si Gérald Darmanin décide de laisser faire à nouveau,
00:53 il prend le risque d'un blocage qui aura des conséquences économiques importantes
00:56 sur la vie de la capitale et donc la vie du pays.
00:58 Et en même temps, s'il décide de montrer davantage les muscles,
01:01 c'est s'exposer aussi à ce reproche de dire "tant que c'était loin de Paris, vous laissiez faire,
01:04 maintenant c'est sous vos fenêtres, alors d'un coup vous réagissez".
01:06 Ce serait évidemment dans tous les cas une mauvaise situation pour le pouvoir.
01:10 Pour le moment, les forces de l'ordre ont plutôt laissé faire.
01:12 Certains à gauche et chez les écologistes dénoncent un deux poids deux mesures
01:16 par rapport à d'autres actions des écolos.
01:18 Oui, alors de deux choses l'une, c'est difficile de nier qu'il y a eu jusqu'ici pour l'instant
01:21 une forme de clémence ou de mensuétude à l'égard du mouvement des agriculteurs.
01:24 Les consignes assumées en tant que telles étaient évidemment d'éviter à tout prix la confrontation
01:29 et jusqu'ici c'est la bienveillance qui l'a emporté.
01:31 En revanche, ceux qui comparent les actions des agriculteurs jusqu'à maintenant
01:35 avec d'autres actions écologistes où il y a eu cette fois-ci une démonstration policière plus forte
01:39 font à mon avis une comparaison qui n'a pas de sens.
01:41 On n'a vu aucun agriculteur jusqu'à présent s'en prendre aux forces de l'ordre.
01:45 Ils le disent d'ailleurs, ce ne sont pas eux leurs cibles
01:47 et il y a au contraire dans leur attitude une forme de respect.
01:50 Et sans même parler du fait que les actions des agriculteurs ont quand même plus de sens
01:53 que ceux qui vont par exemple ce week-end balancer de la peinture sur la Joconde.
01:56 Donc on voit bien qu'on n'est pas sur le même registre d'actions.
01:59 En revanche, c'est vrai, jusqu'ici le pouvoir, le ministère de l'Intérieur
02:02 a décidé d'accompagner le mouvement sans chercher la confrontation.
02:05 On va voir si ça continue comme ça.
02:07 Alors Paul, maintenant que les agriculteurs arrivent aux portes de Paris,
02:10 comment le gouvernement doit-il réagir face à ce mouvement ?
02:12 Gérald Darmanin, on l'a vu, a fixé deux lignes rouges.
02:15 Il ne veut pas que les tracteurs rentrent dans les grandes villes et notamment à Paris
02:17 et il ne veut pas que Rungis soit bloqué.
02:20 Dans ce cadre-là, il continue de dire à ses forces de l'ordre
02:23 de ne pas intervenir directement tant que ces deux limites sont respectées.
02:27 Mon collègue Christophe Corneva a trouvé une formule pour parler de Gérald Darmanin
02:32 à ce titre-là.
02:33 Il dit "il faut montrer les muscles en espérant ne pas avoir à s'en servir".
02:37 C'est effectivement exactement ça.
02:38 Pour le gouvernement, au fond, le dilemme se résume ainsi.
02:41 C'est le droit face à la justice.
02:42 La justice qui est du côté du mouvement des agriculteurs,
02:44 considéré comme légitime, on l'a encore dit, par 9 Français sur 10.
02:47 Mais le droit qui suppose d'empêcher toute atteinte à l'ordre public,
02:52 en particulier les blocages des autoroutes, s'il continue,
02:54 paralyse cet ordre public.
02:56 Seulement, en reconnaissant le mouvement comme juste et légitime,
02:59 le gouvernement s'expose à un risque, c'est de ne pas être capable d'y répondre.
03:02 C'est-à-dire que si jusqu'ici il laisse faire en disant aux agriculteurs
03:04 "vous êtes dans votre droit", à la fin il va falloir remettre sur la table
03:07 des mesures autrement plus fortes que celles proposées par Gabriel Attal vendredi.
03:10 [Musique]
03:14 [SILENCE]

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