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  • 15/01/2024

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Transcription
00:00 Oui, nous sommes avec Françoise Nicolas, bonsoir, vous êtes chercheuse directrice
00:04 du centre Asie de l'Ifri.
00:06 En élisant la I-Ching II, quel est le message qu'a voulu faire passer la population ? Qu'elle
00:11 veut maintenir le statu quo avec la Chine ?
00:13 Oui, absolument, mais l'ensemble de la population veut le maintien du statu quo.
00:20 Même si ça avait été l'autre candidat, si ça avait été le candidat du Kuomintang
00:25 qui avait été élu, lui-même n'était pas du tout favorable à un abandon du statu quo.
00:30 Tous les Taïwanais sont favorables au statu quo.
00:33 Avec le DPP, c'est beaucoup plus évident parce que non seulement c'est préservation
00:38 du statu quo, mais en plus il y a une certaine distanciation vis-à-vis de la Chine, donc
00:43 il y a quand même une hostilité à l'égard de la Chine qui aurait été moins forte avec
00:46 le candidat du Kuomintang.
00:48 Mais tous les Taïwanais sont désormais favorables à une certaine indépendance de
00:55 Taïwan, de fait, pas une indépendance formelle, pas une indépendance sur le plan juridique,
00:59 mais une indépendance de fait.
01:01 C'est une réalité aujourd'hui.
01:03 Donc là, les deux candidats en réalité sur ce point-là ne différaient pas aussi
01:08 fondamentalement que l'on peut le croire.
01:10 Et alors comment expliquer qu'aux législatives le résultat soit sensiblement différent
01:14 puisque le parti de la Chine 2 cette fois-ci a perdu la majorité absolue ?
01:21 C'est quoi les conséquences ?
01:22 Alors, bon, malgré tout l'élection a été extrêmement serrée, tant pour la présidentielle
01:29 que pour les législatives.
01:30 Si on regarde les résultats de la présidentielle, ce qu'il faut bien constater c'est que le
01:35 DPP, donc celui qui a été élu, a quand même perdu 3 millions de voix par rapport
01:42 au résultat des élections précédentes.
01:44 Donc il y a clairement malgré tout un changement assez fondamental.
01:48 Mais ce que l'on observe c'est qu'il y a pour la première fois un même parti qui
01:56 enchaîne trois mandats.
01:58 Le DPP était déjà élu, c'était déjà le deuxième mandat de Madame Tsai, et son vice-président,
02:04 maintenant M. Lai, était élu à nouveau.
02:07 Donc trois mandats de rang, c'est du jamais vu.
02:10 Il y a par définition une certaine usure du pouvoir à Taïwan comme ailleurs.
02:14 Donc c'est pour ça qu'il y a une désaffection vis-à-vis du DPP, ce qui explique les résultats
02:19 aux législatives vraisemblablement.
02:21 Par ailleurs, le bilan de Madame Tsai, notamment sur le plan économique, n'était pas idéal.
02:26 Il y a un renchérissement du coût de la vie, il y a des difficultés d'emploi, notamment
02:31 pour les jeunes, de manière plus générale.
02:33 Donc il y a toute une série de sujets de mécontentement qui expliquent que le DPP
02:39 a été en quelque sorte abandonné.
02:42 Et en plus, il y a un autre facteur qui a joué de manière assez importante, c'est
02:46 le vote des jeunes.
02:47 Il y a tout un tas de gens qui votaient pour la première fois, et ces jeunes ne s'inscrivent
02:52 plus dans le clivage traditionnel entre DPP d'un côté et Kuomintang de l'autre.
02:57 Et donc ils se sont reportés sur le troisième candidat, parce qu'il y avait un troisième
03:01 candidat qui a quand même engrangé pas mal de votes.
03:04 C'est la première fois que le troisième candidat pèse un peu lourd.
03:08 Et donc c'est vers lui que certaines des voix se sont reportées.
03:13 C'est ça qui explique que le DPP n'ait pas pu maintenir sa majorité aux législatives.
03:19 On regarde ces résultats, les yeux sont désormais rivés vers la Chine.
03:24 On se demande tous quelles vont être les conséquences.
03:27 Est-ce que Pékin, il faut s'y attendre, va durcir le ton, va augmenter la pression
03:32 militaire ces prochains jours, ces prochains mois ?
03:35 Pékin est évidemment mécontent du résultat, mais Pékin est mécontent de toute façon
03:41 de l'organisation même des élections.
03:43 C'est à nouveau ce que je disais au début.
03:46 Quel qu'ait été le candidat, Pékin aurait été mécontent de toute façon, parce qu'aucun
03:50 ne trouve grâce à ses yeux, puisque le seul fait que Taïwan existe lui déplaît.
03:55 Donc vraisemblablement, on va avoir un durcissement, si c'est encore possible d'ailleurs, de la
04:01 position de Pékin dans les jours à venir.
04:03 Il va y avoir vraisemblablement à nouveau des incursions dans la zone d'identification
04:08 aérienne de Taïwan, vraisemblablement aussi des incursions maritimes.
04:11 Donc Pékin va poursuivre sur la lignée de ce qu'on observait depuis un certain nombre
04:17 d'années maintenant, puisque au cours des deux dernières années, on a un nombre vraiment
04:22 très spectaculaire d'incursions aériennes, par exemple, il y en a près de 2000, 1800
04:27 je crois, par an, depuis deux ans, alors qu'auparavant il y en avait nettement moins en tout cas.
04:33 Donc vraisemblablement, ce genre de manifestations vont se perpétrer.
04:38 Mais ça ne durera vraisemblablement qu'un temps, parce qu'il n'est absolument pas question
04:46 qu'il y ait une invasion de l'île.
04:48 Tout le monde parle de ça, mais je pense que ça n'est absolument pas au programme.
04:53 Les intimidations vont se poursuivre, ça c'est sûr.
04:58 Merci beaucoup, merci à vous de nous avoir accordé ces quelques minutes sur l'antenne
05:02 de France 24 pour nous éclairer.

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