On a rencontré Abdellah, le roi des merguez, en plein manifestation contre la réforme des retraites

neo

Abdellah est le roi des merguez. Depuis 44 ans, il vend des sandwichs aux merguez lors des manifestations. Pour neo, il témoigne.

Transcript

00:00 Mon rêve c'est les merguez.

00:02 Ça fait 42 ans que je suis toujours dans les manifs.

00:05 Ah, tout le monde me connaît.

00:07 Michel Sardot, il a mangé chez moi.

00:09 Enrique Omercias, il a mangé chez moi.

00:11 Je suis toute la France, toute l'Europe aussi.

00:14 J'adore les merguez de Abdel.

00:16 Tout le monde dit ça.

00:18 C'est lui le roi des merguez.

00:20 Le roi des merguez.

00:22 Voyons-y madame, brochettes, merguez, show me more.

00:29 La meilleure c'est ici, vous ne trouvez pas comme moi.

00:31 La vérité, vous allez manger, vous allez voir.

00:33 Et après c'est quoi ?

00:35 Ketchup, mayonnaise.

00:37 Ah ben dis donc, il y a plein de couleurs.

00:39 Je me présente monsieur Abdel là.

00:41 J'ai 58.

00:43 Depuis 1979, je vends les sandwichs, merguez.

00:45 Dans les manifs comme ça, comme aujourd'hui.

00:47 On met des oignons, des poivrons, des tomates.

00:49 Avec la sauce.

00:51 La rissole, la moutarde, mayonnaise, ketchup, samouraï,

00:53 tout ça.

00:55 C'est tout.

00:57 Moutarde, mayonnaise, ketchup, samouraï,

00:59 sauce algérienne, sauce marocaine.

01:01 Il y a toutes les sauces.

01:03 Et vous, vous êtes préféré ?

01:05 Moi la rissole.

01:07 La traduction de la France, c'est les merguez.

01:09 Et les saucisses boudin, saucisses toulousain.

01:11 Les gens ont l'habitude de faire le barbecue

01:13 et de manger les merguez.

01:15 Celui-là, il a 12 ans.

01:19 C'est en collection celui-là maintenant.

01:21 Je fais la sudure, c'est moi qui la sudis.

01:25 Et je fais tout.

01:27 Hier soir, j'ai préparé 10 kilos.

01:29 J'ai acheté la viande et j'ai mélangé

01:31 avec de l'ail, avec des épices,

01:33 du cumin, tout ça.

01:35 Et c'est très bon.

01:37 Ça donne du goût.

01:39 Qui vous a appris à faire des merguez ?

01:41 C'est moi-même.

01:43 Oui bonjour, ça va bien ?

01:45 Ça va merci.

01:47 Un petit sandwich ?

01:49 Alors, il est comment ?

01:51 Parfait.

01:53 J'adore mes clients.

01:55 J'adore mon métier.

01:57 Je suis toujours dans les manifs,

01:59 toujours dans les galas, les boxe,

02:01 toujours dans les concerts aussi,

02:03 à Bursy,

02:05 à Zénith de Paris, partout, partout.

02:07 Je fais toute la France,

02:09 toute l'Europe aussi.

02:11 J'étais en Allemagne, j'étais en Italie,

02:13 en Portugal, en Espagne.

02:15 La fête de Curida, Toro,

02:17 Abayone, Dax, Arles.

02:19 J'ai mis mes merguez et brochettes,

02:21 les deux dans le pain.

02:23 Aïe, aïe, aïe !

02:25 Il y a pas mal de gens qui me connaissent.

02:29 Beaucoup, c'est pas un peu.

02:31 Michel Sardot, il a mangé chez moi.

02:33 Bernard Tapie, il a mangé chez moi.

02:35 Il y avait un gars qui a dit boxe à Paris des Sports.

02:37 Enrique Omercias, il a mangé chez moi.

02:39 Chiapralette aussi.

02:41 Jamel Deboze.

02:43 C'est une charité ?

02:45 Ah ben oui ! La France c'est mon dada.

02:47 Franchement, mes enfants sont nés ici en France.

02:49 Ils aiment bien la France.

02:51 Franchement, j'ai une fille qui fait colonel de gendarmerie.

02:53 J'ai une fille qui fait brigade de la police.

02:55 Ah ben, Thiboire, vous êtes gentil.

02:59 Vous êtes sympa.

03:01 Est-ce que vous ne vous trouvez pas mieux qu'ici ?

03:03 Ah oui !

03:05 Mon rêve c'était routier,

03:07 en Australie.

03:09 Mais bon,

03:11 je me suis planté avec les sandwichs,

03:13 j'ai resté avec les sandwiches.

03:15 Pourquoi vous faites ça ?

03:17 Pour vivre.

03:19 J'ai fait ça juste pour vivre,

03:23 ce n'est pas pour être millionnaire.

03:25 Mais on galère dans la rue,

03:29 des fois on a l'autorisation, on le paye,

03:31 des fois on n'en a pas.

03:33 Et ben, ce n'est pas normal, ce n'est pas juste.

03:35 Ah, la chef,

03:37 ça me paye 7 euros s'il vous plaît.

03:39 Mais avant, l'huile,

03:43 le litre de l'huile...

03:45 C'est tout commenté.

03:47 Avant, c'était toléré,

03:49 il n'y avait pas beaucoup de concurrence,

03:51 il n'y avait pas beaucoup de commerçants.

03:53 Et là, la misère,

03:55 il y a trop de monde qui fait ça.

03:57 À cause de quoi ?

03:59 À cause du manque de boulot,

04:01 il n'y a pas de boulot là,

04:03 c'est fini, il y a beaucoup de chômeurs.

04:05 Je ne sais pas ce qu'ils ont fait avec la retraite,

04:07 est-ce qu'ils ont accepté ou pas.

04:09 Ils ont voté,

04:11 non, demain c'est la vôtre, non ?

04:13 - Et vous, c'est quand la retraite ?

04:15 - Moi, je n'ai même pas calculé.

04:17 Moi, je travaille dans la rue,

04:23 je n'en ai rien à foutre.

04:25 S'ils vont me donner la retraite,

04:27 si ils ne me la donnent pas, je m'en fous.

04:29 Mais quand même,

04:31 c'est vrai, ça sert la retraite,

04:33 parce qu'il y a des gens qui ont travaillé,

04:35 qui ont galéré.

04:41 Voilà, avec plaisir.

04:43 - Merci. - Pas de soucis.

04:45 Tu vois, il y a des gens qui viennent,

04:49 je les donne,

04:51 ils sont à SDF, je ne peux pas les réviser,

04:53 ils sont fins.

04:55 S'il a besoin de sandwich ou quelque chose,

04:57 je les donne.

04:59 Moi, je partage avec les gens,

05:01 vous le savez.

05:03 Je pars aux Zinith,

05:05 ce soir c'est un gala de boxe pas lourd.

05:07 C'est du pas lourd ce soir.

05:09 - Merci.

05:11 - A la prochaine, quand il y a des manifs,

05:13 je suis là.

05:15 Soyez bienvenus, il n'y a pas de problème.

05:17 Bon appétit.

05:19 - Merci.

05:21 - C'est bien.

05:23 [Sonnerie de fin]

05:25 [SILENCE]

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