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  • 22/11/2023
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Transcription
00:00 - Alors Johan Sfarr, on va parler bien sûr de toute votre actualité, il y a beaucoup de choses qui se passent pour vous en ce moment,
00:07 mais avant de ça, impossible de faire l'impasse sur les événements qui traumatisent le monde, le monde en ce moment,
00:12 parce que vous êtes une voix qui compte et qui apaise aussi.
00:15 Vous avez été un des premiers artistes à prendre la parole en France suite à l'attaque du Hamas le 7 octobre,
00:20 et vous avez fait à votre manière, avec des mots, avec des dessins, sur l'un d'entre eux vous écrivez
00:26 "Ne résumez jamais une population à ses dirigeants ou à ses activistes, le meilleur de l'humanité c'est la majorité silencieuse,
00:34 malheureusement elle est silencieuse". Pourquoi elle est si silencieuse cette majorité selon vous, Johan Sfarr ?
00:41 - Je sais pas, moi j'ai toujours regardé tout ça depuis la France, parce que je suis français,
00:45 je fais partie des français de confession juive qui ont toujours été très sensibles à la cause palestinienne,
00:50 ça fait 30 ans que j'essaie de faire des rencontres, des choses,
00:53 et les événements du 7 octobre évidemment ont plongé tout le monde dans un cauchemar,
00:57 et oui le silence je pense que c'est jamais une solution, résumer l'autre à des symboles ou à des camps c'est jamais une solution,
01:03 et en France comme c'est un espace encore relativement apaisé, on a la responsabilité de créer des lieux de dialogue,
01:09 de créer des lieux de parole pour l'avenir, même si ça paraît absurde au milieu d'un conflit.
01:14 - Vous dites apaisé, en même temps vous avez vécu vous aussi la brutalité sur les réseaux sociaux,
01:19 dès qu'on ose parler de ce sujet vous avez fait partie des premiers à parler.
01:23 - Oui je crois que c'est pour ça que la plupart des gens ne parlent pas,
01:26 c'est que les extrémistes sont toujours les plus bavards,
01:30 moi mes ennemis sont ni dans un camp ni dans l'autre, mes ennemis ce sont les extrémistes,
01:34 ce sont ceux qui empêchent la parole intelligente, la parole apaisée,
01:38 mais c'est difficile d'être apaisé quand on se sent, je pense aux français de culture juive ou de religion juive,
01:44 en ce moment il y a un vrai danger à afficher son identité juive,
01:48 les gens cachent leur nom dans les taxis, les gens font gaffe quand ils parlent dans la rue,
01:53 cette anxiété là elle est très difficile à comprendre de l'extérieur,
01:57 et elle peut créer de la colère, je peux le comprendre.
02:01 - Vous écrivez aussi "un jour les deux camps seront en mesure d'entendre cette douloureuse évidence,
02:06 il y a du vrai dans les deux camps, un jour on sera capable d'entendre avec empathie la tragédie de l'autre,
02:11 le Hamas vient de repousser ce jour de 20 ans".
02:15 J'ai l'impression que cette parole qui est modérée, qui cherche un point d'équilibre,
02:19 on a du mal à l'entendre dans les médias aujourd'hui.
02:21 - C'est peut-être même exagérément pessimiste ce que j'ai dit,
02:24 parce qu'une part de moi pense que les massacres du 7 octobre sont intervenus
02:27 parce que c'était en train de bien se passer entre Israël et ses voisins.
02:30 Quand on dit que cette région n'arrive pas à faire la paix, c'est pas vrai,
02:34 il y a une paix durable avec l'Egypte, il y a une paix durable avec la Jordanie,
02:37 il venait d'y avoir une paix avec l'Arabie Saoudite,
02:39 et c'est peut-être parce que tout ça était en train de marcher que, téléguidé par l'Iran,
02:43 on ne sait rien, le Hamas a choisi de faire voler ça en éclats.
02:46 Je crois que le sous-texte, c'est que le monde arabe également en a marre du Hamas.
02:50 Donc il y a peut-être un consensus souterrain sur ce sujet-là.
02:54 - Johannes Farr, vous êtes notre invité jusqu'à 11h sur Europe 1,
02:57 et on revient dans deux minutes, à tout de suite.
02:59 - Sur Média sur Europe 1, jusqu'à 11h avec le dessinateur Johannes Farr.
03:03 On découvre évidemment le dernier 12e tome du "Chat du Rabbin".
03:07 - Et ça fait 21 ans qu'il existe ce "Chat du Rabbin", 12e tome,
03:11 qui est un peu différent des précédents,
03:13 parce que le "Chat du Rabbin" apprend que son maître a eu un autre chat avant lui,
03:18 et ça, ça crée une petite crise de jalousie.
03:21 - Oui, oui, j'ai voulu parler de la Première Guerre mondiale.
03:24 - Double.
03:25 - ...juifs dans l'armée française,
03:30 et oui, j'ai imaginé que mon jeune rabbin avait été aumônier des armées.
03:33 - Et voilà, vous revenez sur un point de l'histoire de la Première Guerre mondiale
03:36 qui est très très méconnu, moi j'en avais jamais entendu parler,
03:39 ce sont les mutineries de la mer noire.
03:42 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui s'est passé ?
03:44 - C'est une histoire géniale.
03:45 En 1918, la marine française décide de continuer la guerre contre la Russie
03:48 pour essayer de reprendre l'argent de l'emprunt russe.
03:51 Dans les bateaux, il y a des soldats maghrébins,
03:53 il y a des matelots qui ont fait toute la guerre,
03:55 qui n'en peuvent plus qu'une chaussure pour 3 soldats,
03:57 et ils en ont marre, ils veulent rentrer chez eux,
04:00 ils chantent l'international, ils hissent le drapeau rouge sur les navires,
04:03 et les bateaux vont quitter le port d'Odessa sans tirer un seul coup de feu.
04:07 C'est une histoire vraie.
04:08 - Une histoire vraie à suivre dans le chat du rabbin.
04:11 Et alors il veut devenir aumônier des armées, le rabbin,
04:14 vous avez trouvé très peu de documentation d'ailleurs je crois sur le sujet,
04:17 parce qu'en réalité, il y a globalement très peu de documents
04:20 sur ces soldats maghrébins, juifs ou musulmans.
04:23 - Il n'y a pas grand chose, mais il y a des trucs géniaux.
04:25 J'ai trouvé, ça je ne l'ai pas inventé,
04:27 un rabbin qui avait décidé de traduire la marseillaise en hébreu,
04:30 pour ses fidèles,
04:31 mais comme il trouvait que c'était un peu sanglant, il a changé les paroles,
04:33 alors ça donnait un truc du genre,
04:35 "France, on te souhaite une bonne santé et que tu aies de beaux enfants."
04:39 - Ah oui !
04:40 - C'est légèrement très légère !
04:42 - C'est moins sanguinaire maintenant.
04:44 Et alors il se fait aumônier aussi bien pour les juifs
04:47 que pour les chrétiens et les musulmans.
04:49 - Oui, ça c'est une différence.
04:51 Les anglais, ils classaient leurs soldats par religion,
04:54 les français non.
04:55 Donc forcément, comme tout le monde mourait tout le temps,
04:57 il est arrivé que des curés, des rabbins, des imams
04:59 fassent la prière pour les autres.
05:00 - Voilà, c'est une histoire qui est quand même assez sombre.
05:04 Par exemple, on voit des tsaristes bouillir des communistes,
05:08 obliger des gens à aller manger.
05:10 Mais vous y glissez, comme d'habitude,
05:12 beaucoup d'humour, beaucoup de pédagogie.
05:15 Dans toutes vos bandes dessinées, on apprend toujours quelque chose,
05:17 que ce soit historique, philosophique, culturel.
05:20 Vous imitez un point d'honneur à ça.
05:22 - Moi, surtout, parce que je suis un vieil étudiant,
05:25 et si je ne me choisis pas un sujet, je ne vais pas lire.
05:27 Donc dès que je me dis que mon sujet, c'est la Russie de 1918
05:30 ou c'est la Marine française en 1918,
05:32 j'accumule les bouquins.
05:33 Et il y a tellement de trucs pas possibles
05:34 qui sont arrivés pour de vrai.
05:36 La soupe, c'est vrai,
05:38 ils faisaient manger les gens d'un village par les autres.
05:40 Il y avait terreur rouge et terreur blanche
05:42 dont chacun essayait d'effrayer les autres.
05:43 C'est des histoires d'ogres, de contes de fées, quoi.
05:45 - Jusqu'où elle va vous emmener, cette histoire du chat du rabbin ?
05:48 On en est au 12e tome,
05:49 est-ce que vous avez déjà le prochain en tête ?
05:51 - Alors, je ne me force pas.
05:52 Il faut qu'il vienne me parler, c'est un petit chat.
05:54 Mais le prochain, ça va beaucoup parler de Hamam en Algérie
05:58 et de nanas qui font leur toilette avec le chat qui regarde.
06:01 "Excusez-moi, c'est mon livre, je fais ce que je veux."
06:03 - Parce que vous avez la réputation
06:06 de ne pas toujours aller au bout de vos histoires,
06:08 Johann Spahr.
06:09 On en parlait pendant la pluie avec Jo-Hume.
06:11 - C'est le fait peut-être de faire beaucoup de choses.
06:13 - D'abord c'est ça,
06:14 ensuite quand un truc ne vend pas, j'arrête.
06:16 Et puis, il faut que ça vienne me parler.
06:18 Parce que si je me force, ça va être très mauvais.
06:20 Par exemple, le chat, il y a un moment, pendant six ans,
06:22 je n'en ai pas fait parce que je n'avais pas d'idée.
06:23 Et quand il vient me parler, je me dis "Ouh là là !"
06:25 - Il est temps d'y revenir.
06:28 Johann Spahr, restez avec nous.
06:30 On découvre évidemment "Le chat du rabbin",
06:32 un nouvel album,
06:34 mais il y a aussi des indispensables dans Culture Média.
06:36 Et le premier, c'est la musique.
06:38 Alors Led Zep aurait pu se crasher en avion, vous le saviez ça ?
06:40 Et bien c'est Jo qui va nous raconter ça dans un instant.
06:42 - Je vais vous raconter surtout comment ils ont évité.
06:44 - Ah oui, oui.
06:45 - Ça en est tiré quand même.

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