MÉDICAMENTS - Audrey Deverloy, présidente de Sanofi, est l'invitée de Amandine Bégot

  • l’année dernière
Pénurie de médicaments : où en est-on ? Quels produits manquent le plus ? D'autres vont-ils s'allonger à la liste, comme le Doliprane pour enfants ces dernières années durant la période des fêtes ? Audrey Deverloy, présidente de Sanofi, est l'invitée de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 10 novembre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez, Amandine Bégaud.
00:10 Vous recevez ce matin donc Audrey D'Hervelois qui est patronne de Sanofi France.
00:14 Sanofi, on le rappelle, c'est le plus gros laboratoire français qui produit notamment le Doliprane,
00:19 médicament que tous ceux qui nous écoutent connaissent et qu'on a tous ou presque dans nos armoires à pharmacie.
00:23 Un médicament Audrey D'Hervelois dont on a parfois manqué l'hiver dernier.
00:26 Est-ce que vous pouvez nous assurer ce matin qu'il n'y aura pas de problème ni ces prochaines semaines ni ces prochains mois ?
00:32 Alors je le confirme, réponse très courte, non il n'y aura pas de problème.
00:36 Les usines elles tournent 24 sur 24, à Lisieux, à Compiègne.
00:39 Donc soyons tous responsables, vous l'avez dit, on en a tous dans nos pharmacies donc on sur-stocke pas.
00:43 Et nous on produit à fond, il n'y a pas de problème sur Doliprane.
00:46 Pas besoin d'acheter 3-4 boîtes au cas où, c'est un peu le réflexe qu'on a tous.
00:50 Non seulement il n'y a pas besoin mais il ne faut pas le faire.
00:52 Parce que c'est ça qui crée la pénurie.
00:54 C'est pas que ça, mais il faut qu'on soit tous responsables.
00:57 On a des médicaments quand on en a besoin et on ne sur-stocke pas à tous les niveaux.
01:02 À la maison, chez le pharmacien, chez le grossiste.
01:05 Il faut reconnaître que c'est vrai qu'on va à la pharmacie acheter tout à fait autre chose
01:09 et puis on voit juste derrière la boîte de Doliprane et on se dit "bah tiens, je vais en prendre une au cas où, je ne sais pas si j'en ai encore".
01:16 Il ne faut pas le faire, c'est ce que vous nous dites.
01:18 Vous êtes aussi médecin, je le rappelle.
01:20 Et ce que vous dites c'est qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
01:22 Plutôt que de devoir prendre du Doliprane, il faut essayer d'éviter d'avoir à en prendre.
01:27 Alors ça c'est très important.
01:29 La prévention en France, on est plutôt en retard et on est en pleine période de vaccination de grippe.
01:33 Donc moi je me suis fait vacciner, je ne sais pas, autour de l'antenne et les auditeurs s'y sont fait vacciner.
01:38 J'y vais à 10h30.
01:39 C'est très très bien, il faut le faire.
01:41 La grippe, c'est 100 000 passages aux urgences tous les ans.
01:44 C'est 15 000 hospitalisations.
01:46 C'est des décès et en France la couverture chez les plus de 65 ans, c'est seulement 56%.
01:50 C'est pas acceptable parce que non seulement à titre individuel,
01:53 quand vous attrapez la grippe, vous avez des risques de comorbidité cardiovasculaire.
01:57 Vous avez des risques d'AVC, c'est peu connu, donc il faut le dire.
02:00 Et ça, il suffit juste d'aller en bas dans votre pharmacie, vous faire vacciner.
02:04 Un message, soyez tous vaccinés et c'est en ce moment.
02:07 Autre vaccin, c'est celui contre la bronchiolite.
02:09 Une révolution, on en a beaucoup parlé.
02:11 Alors Sanofi ne le produit pas ce vaccin, mais le commercialise ici en France.
02:14 C'est un vaccin qui a été un peu victime de son succès.
02:16 Résultat, il est limité aux maternités.
02:19 Le vaccin, en fait, arrive visiblement au compte-goutte dans les hôpitaux.
02:22 Est-ce qu'il va y avoir d'autres livraisons ? Combien ? Quand ?
02:26 Alors déjà, il faut se réjouir parce que la vaccination contre la bronchiolite,
02:31 alors en fait, c'est un traitement préventif, mais soyons assez simples aujourd'hui.
02:34 Donc, c'est une prouesse.
02:36 C'est quelque chose qu'on n'avait pas dans l'outillage hivernal.
02:40 Donc, on est vraiment sur une première thérapeutique.
02:44 Et ce qui est formidable, c'est qu'on a vraiment une adhésion historique dans la vaccination.
02:49 Sur un vaccin pédiatrique comme ça, aujourd'hui, on a à peu près 80% d'adhésion.
02:53 Ce qui est du jamais vu. Je vous disais, la grippe, c'est à peu près 56% aujourd'hui.
02:57 Les vaccins pédiatriques, c'est plutôt 10 à 30% quand ce sont des vaccins qui ne sont pas recommandés.
03:01 Là, du 80%, soyons super fiers, c'est un très bon signal que quand on s'y met tous, ça marche et il n'y a pas de défiance.
03:08 Sauf que là, les parents aimeraient faire vacciner leur bébé, on ne peut pas.
03:11 Si, on peut, parce qu'en maternité, les bébés qui en ont besoin reçoivent aujourd'hui leur traitement préventif contre la bronchiolite.
03:19 Il y a 200 000 doses qui sont sécurisées pour la France.
03:23 Il faut savoir que la France, là, c'est encore une fois un succès.
03:25 Parce que Sanofi et l'État, on a été très, très vite et c'est suffisamment rare pour le souligner.
03:31 Et donc, on a été prêt dès l'année 1.
03:33 On est en train de travailler pour avoir des doses supplémentaires.
03:36 J'ai rencontré le ministre cette semaine et je lui ai redit qu'on devrait être en mesure de dépasser ces 200 000 doses.
03:42 Encore une bonne nouvelle.
03:43 Est-ce qu'on peut imaginer que l'année prochaine, pour l'hiver prochain, tous les parents qui souhaitent faire vacciner
03:48 ou qui souhaitent administrer ce traitement préventif à leurs enfants puissent le faire sans que ce soit rétreint ?
03:52 C'est l'idée, on est d'accord.
03:54 On y travaille pour.
03:55 Revenons à cette pénurie de médicaments.
03:57 Elle sera aujourd'hui au cœur des discussions au ministère de la Santé.
03:59 Aurélien Rousseau, le ministre, réunit, et il nous l'avait d'ailleurs annoncé ici même sur RTL, l'ensemble des acteurs.
04:05 D'après les syndicats de pharmaciens, 4000 médicaments seraient aujourd'hui en rupture ou en risque de rupture.
04:11 Il y a plein de médicaments, des antibiotiques, des antidiabétiques, des traitements de chimiothérapie également.
04:15 Ce n'est pas nouveau, mais c'est plus que l'hiver dernier.
04:18 On était à peu près à 3700 toujours d'après les syndicats de pharmaciens.
04:21 Qu'est-ce qui cloche ? Où est le problème d'après vous ?
04:24 Déjà un peu de pédagogie.
04:25 Fabriquer des médicaments, ce n'est pas fabriquer un produit lambda.
04:29 C'est complexe et c'est toute une chaîne.
04:31 Une fois qu'on a dit ça, bien évidemment, nous on est, vous l'avez dit, premier laboratoire français, européen, mondial.
04:36 Donc on a une grande expérience de ça.
04:38 Pour Sanofi, pour remettre, vous avez cité des chiffres, mais qu'est-ce que ça veut dire pour Sanofi ?
04:41 On a sur l'ensemble de notre portefeuille, qui est très large, parce qu'une boîte qui sort chez les pharmaciens sur 6, c'est un produit Sanofi.
04:50 Juste pour vous dire, c'est notre savoir-faire, on sait le faire.
04:52 Il y a 1% de ce portefeuille qui est en situation de rupture aujourd'hui.
04:57 Donc vous, vous faites le job ?
05:01 On y travaille parce que c'est notre métier, il faut nous faire confiance aussi.
05:04 Et qu'est-ce que ça veut dire aussi ?
05:05 C'est qu'en fait, vous le citiez, il y a des périodes juste avant ces ruptures, ce qu'on appelle des périodes en tension.
05:10 Et là, il y a des mécanismes qui existent et sur lesquels on travaille avec les autorités de santé.
05:15 Donc par exemple, on contingente les stocks.
05:17 Donc on dit, le patient, il va à la pharmacie, il ne prendra pas plus de boîte.
05:22 Ou on le fait avec les pharmacies, on le fait avec les grossiers.
05:25 Donc il y a des mesures qui marchent aujourd'hui.
05:27 Ce qu'on fait aussi, et c'est moins connu, c'est quand on arrive et on sait qu'on a eu cette situation très récemment,
05:32 on se dit là, sur ces produits, on va être en situation à risque de rupture.
05:37 On travaille avec d'autres laboratoires pour les aider à importer sur le territoire français des molécules alternatives.
05:44 Il faut savoir qu'il y a aussi toujours ces alternatives thérapeutiques.
05:46 Donc c'est ce qu'on sait faire, on le fait au quotidien.
05:49 Alors, je ne voulais pas mettre en cause particulièrement un laboratoire plus qu'un autre,
05:53 ce qu'on a du mal à comprendre, c'est que d'un côté, on a l'agence du médicament qui dit,
05:57 on a des stocks pour une grosse partie de ces médicaments,
06:00 il y en a peut-être 400 pour lesquels c'est plus compliqué, mais sinon pour les autres on en a.
06:04 Mais les pharmacies n'arrivent pas à être livrées,
06:07 les grossistes qui fournissent les pharmacies n'arrivent pas à être livrées.
06:10 Et en fait, certains expliquent que c'est parce que les très grosses pharmacies achètent directement au laboratoire.
06:16 Ce sont eux les gros méchants, si je simplifiais ?
06:19 Il n'y a pas de gros méchants, tout le monde se lève le matin pour fournir les médicaments aux patients.
06:23 Ce qu'on fait quand il y a des situations comme ça en tension, c'est ce que je vous dis,
06:26 on s'assoit avec les autorités de santé, donc la NSM, on partage,
06:30 on complète transparence nos niveaux de stock et on se dit,
06:33 quelles sont les mesures qu'il faut faire au niveau des pharmaciens, au niveau des grossistes.
06:37 Donc il se peut qu'en bout de chaîne, le pharmacien, effectivement, à un moment, il en ait moins.
06:41 Tout ça, pourquoi ? Parce que ce qu'on a pu faire aussi très récemment,
06:44 c'est quand il y a ce type de situation, les stocks sont chez nous, donc chez Sanofi,
06:50 le pharmacien nous appelle, nous dit "j'ai un patient en face de moi, j'ai son ordonnance",
06:54 le pharmacien peut nous appeler et sous 48 heures, on a été capable de livrer.
06:59 Et ça, c'est un processus qui existe et qu'il faut bien évidemment continuer à partager au niveau de l'information,
07:04 parce que ce n'est pas forcément connu.
07:06 Alors vous allez me dire, ce n'est pas la solution idéale pour tout,
07:09 mais c'est une solution qui existe et qui fait que le patient, sous 48 heures, il a son médicament.
07:13 Relocaliser la production de médicaments ici en France, on en a beaucoup parlé pendant le Covid,
07:18 est-ce que c'est LA solution miracle ?
07:20 Ce n'est pas forcément la solution miracle, non.
07:23 Non.
07:25 Ça a le mérite d'être bref.
07:27 Je voulais dire, en fait, toute cette chaîne, elle est complète.
07:30 Il ne faut pas faire croire qu'il y a une solution qui va régler tout.
07:33 Il faut faire, encore une fois, confiance aux experts,
07:36 il faut faire confiance dans le dialogue entre les autorités et l'État,
07:39 et c'est comme ça qu'on y arrivera.
07:41 Il y a d'un pas qui cherche à prendre du profit en créant cette pénurie.
07:46 Je ne sais pas, il y a plein de fantasmes autour de ces questions-là, et vous le savez.
07:49 Oui, mais il ne faut pas être très factuel.
07:51 Après, il y a un sujet, on ne l'a pas abordé là, mais il y a un sujet d'investissement industriel.
07:55 Pourquoi nous, chez Sanofi, on a 1% de rupture ?
07:58 Parce qu'on investit très significativement.
08:00 C'est 400 millions qu'on met tous les ans sur nos usines.
08:04 Hier, j'étais à Tours, j'ai réannoncé 15 millions supplémentaires.
08:07 À Lisieux, j'ai réannoncé 40 millions.
08:09 À Val-de-Reuil, en Normandie, j'ai réannoncé 250 millions.
08:12 Donc, il faut investir.
08:13 La souveraineté sanitaire, ça a un prix, et on est ravis de le faire.
08:18 On a les équipes, nous, qui travaillent.
08:20 On sait produire des médicaments, c'est notre métier.
08:22 Après, il faut savoir faire de la prévention, il faut savoir consommer de façon responsable aussi.
08:26 D'un mot, et ce sera ma dernière question, je reviens au Doliprane.
08:29 Sanofi a annoncé fin octobre qu'il se séparait de son pôle santé grand public,
08:32 qui fabrique justement ce Doliprane, et d'ailleurs tous les traitements sans ordonnance.
08:36 Ça a suscité de nombreuses inquiétudes, notamment à Lisieux, où est produit justement le Doliprane.
08:41 Est-ce que vous pouvez ce matin nous dire, un, que le Doliprane continuera à être produit en France,
08:45 et deux, qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour l'emploi ?
08:47 Non seulement on continuera à le produire, mais en plus, je vous l'ai dit,
08:49 les 20 millions qu'on a investis sur le site, ça va permettre de faire 140 millions de boîtes supplémentaires de Doliprane.
08:57 Donc, pas de doute par rapport à ça.
08:59 Et ça, on le fait parce que, j'allais dire, chacun a son cœur de métier.
09:03 Chez Sanofi, on a deux, j'ai l'habitude de dire deux jambes,
09:06 une jambe industrielle, mais une jambe aussi d'innovation.
09:08 Et donc, on veut absolument pouvoir continuer à investir en recherche et développement.
09:12 Sanofi, c'est le premier investisseur en R&D, tout secteur confondu,
09:17 2,5 milliards tous les ans en France sur la R&D.
09:20 Merci beaucoup Audrey D'Arbellois.
09:21 Une boîte de médicaments sur 6 vendue chez nos pharmaciens est fabriquée par Sanofi.
09:25 C'est ce chiffre que vous nous avez donné en début d'hiver.
09:27 [SILENCE]

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