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  • 07/11/2023

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Les auditeurs sont invités à réagir, par téléphone ou via les réseaux sociaux aux grandes thématiques développées dans l'émission du jour. Aujourd’hui, il revient sur les propos de Claude Lelouch sur l'attaque du Hamas avec Gil Taieb, vice-président du CRIF. Dans l'émission de ce lundi, le réalisateur a déclaré "Ce qu'a fait le Hamas est impardonnable. Et en même temps, qu'est-ce qui pourrait tout arranger ? C'est le pardon. Le pardon, c'est l'aristocratie de l'intelligence".

Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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00:00 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1 de 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud et vous, votre émission où vous réagissez,
00:06 témoignez en composante dès maintenant le 01 80 20 39 21. Bonjour Pascal. - Et c'était hier, bonjour Géraldine,
00:13 c'était hier dans l'émission le réalisateur Claude Lelouch était avec nous, nous avons parlé de la guerre entre les terroristes du Hamas
00:18 et Israël et puis cette question qui peut surprendre, choquer à moi après les attaques,
00:24 cette question c'est pas moi qui l'ai posée d'ailleurs, c'est Claude Lelouch qui naturellement a parlé du pardon.
00:30 Je sais que ça peut évidemment
00:32 choquer les uns et les autres et c'est pour ça d'ailleurs nous avons décidé d'en parler ce matin, je vous propose peut-être de réécouter
00:38 Claude Lelouch, c'était hier. - Ce qu'a fait le Hamas est impardonnable,
00:43 impardonnable et en même temps qu'est ce qui pourrait tout arranger aujourd'hui c'est le pardon. Le pardon c'est l'aristocratie de l'intelligence,
00:53 c'est la forme suprême de tous les raisonnements, je veux dire qu'il faut absolument aujourd'hui que
00:59 d'abord on passe par un cessez le feu, c'est urgent et ensuite qu'on ait le courage de se pardonner les uns et les autres,
01:06 toutes nos erreurs. Voilà donc si vous voulez la terre est un gâteau incroyable et il faut savoir le partager.
01:13 Vous savez quand vous avez un anniversaire d'enfant,
01:18 celui qui a la petite part du gâteau il passe une mauvaise soirée et aujourd'hui
01:24 le gâteau de la terre il faut le repartager
01:27 intelligemment. Je pense que cette crise terrible qu'on est en train de traverser c'est peut-être ce qui peut nous arriver de mieux pour
01:35 sauver le monde.
01:37 J'ai envie de croire que des hommes un peu plus intelligents et des femmes un peu plus intelligentes que les autres vont trouver la solution
01:44 d'un problème terrible, terrible.
01:47 Mais je crois au pardon.
01:49 Alors je crois au pardon.
01:51 La difficulté c'est le moment et je vois pas comment
01:57 des Israéliens
02:00 dont les parents ont été tués,
02:03 massacrés,
02:06 je pense à ces jeunes adolescentes, je pense à ces mères qui étaient enceintes
02:11 avec des enfants qui ont été parfois tués, des mères éventrées,
02:16 je ne vois pas
02:17 quelle personne aurait, ou la bonté d'âme, je ne sais même pas
02:22 comment trouver le bon terme, pour un mois plus tard
02:27 pardonner. Je pense que c'est extrêmement compliqué. Et en même temps, dans le discours de
02:34 Claude Lelouch, il y a cette évidence, il faut qu'un jour les gens se parlent.
02:38 Il faut qu'un jour les gens se parlent. Alors nous sommes avec Kamel. Bonjour Kamel, vous nous appelez d'où ?
02:43 - Oui, bonjour Pascal. Oui, moi je suis originaire de Marseille.
02:46 - Vous êtes originaire de Marseille.
02:49 Vous avez écouté hier Claude Lelouch peut-être, ou vous l'avez écouté après l'émission ?
02:54 - Je l'ai écouté,
02:56 par le boulot, donc, et j'ai eu un peu le résumé de son interview avec vous.
03:05 La question du pardon, elle est très vaste.
03:09 - Est-ce que vous êtes ou juif ou musulman ?
03:15 - Alors je suis d'origine musulmane, d'origine algérienne marocaine,
03:20 sauf que je ne suis pas pratiquant, moi. Je crois en Dieu, je crois en toutes les religions.
03:26 Je crois que
03:29 j'ai appris une chose moi dans la religion musulmane, comme dans le christianisme, comme dans le judaïsme,
03:34 qu'au final on vient tous du même
03:39 de la base, c'est des trois religions sont faites de la même base.
03:43 Les écritures,
03:45 autant dans la bible que dans la Torah et que dans le Coran, viennent
03:49 de la parole de Dieu. La parole de Dieu a été transmise
03:53 ensuite à l'ange Gabriel qui, lui, après,
03:57 quand on remonte un peu la jeunesse de cette histoire-là de la religion,
04:02 des religions sur terre, les trois religions monothéistes les plus fréquentées,
04:08 elles arrivent de là. Ensuite le pardon, c'est la base de la vie en communauté et entre humains.
04:16 Moi, comme je disais ce matin à Olivier, je pense
04:20 que pour avoir du pardon, il faut qu'il y ait du dialogue. Pour avoir la paix, il faut qu'il y ait le pardon.
04:25 Si on ne pardonne pas,
04:28 c'est sûr, un crime atroce comme ce qui s'est passé en Israël, comme ce qui s'est passé à une époque en Algérie
04:34 avec le GIA qui a
04:38 fait des massacres aussi monstrueuses que ce qui s'est passé avec le Hama.
04:40 - Camel, moi, ce qui m'intéresse,
04:43 j'entends ce que vous dites, mais ce qui m'intéresse toujours c'est,
04:45 à titre personnel,
04:48 on ne peut évidemment pas se mettre à la place des gens qui ont subi ce qu'ils ont subi.
04:52 Est-ce que vous, par exemple,
04:55 le pardon, puisque Claude Lelouch parlait de lui-même, il a dit à chaque fois que j'ai pardonné, finalement, j'ai
05:00 avancé dans ma vie. Est-ce qu'il y a des gens qui vous ont fait dans la vie suffisamment de mal, Camel, pour qu'il y ait eu
05:07 besoin de pardonner ? Parce qu'on peut aussi traverser la vie
05:10 sans avoir
05:13 une personne à qui pardonner.
05:15 Moi, par exemple, j'ai 60 ans, il n'y a pas une personne qui m'a fait suffisamment de mal sur cette terre pour que je doive lui
05:21 pardonner quelque chose. J'ai cette chance. J'ai cette chance.
05:24 - Le degré, je veux dire, c'est le degré de la...
05:26 - On a peut-être fait des petites choses, des choses légères dans la vie professionnelle ou dans la vie personnelle,
05:30 mais jamais au point où
05:33 je puisse dire c'était tellement important qu'il y ait justement cette nécessité du pardon.
05:38 Donc, je pose la question à vous. Est-ce que dans votre vie, il y a des gens à qui vous avez pardonné ?
05:44 - Bien sûr, moi, ça m'est arrivé.
05:46 - Mais pour des choses graves, bien sûr.
05:48 - Non, mais bien sûr, pour des choses graves.
05:50 Vous savez, au final...
05:52 - Et une fois que vous avez pardonné, vous avez trouvé que vous aviez raison ?
05:56 - Bien sûr. On ne peut pas vivre dans la haine constamment. Je veux dire, le pardon, il est fait
06:03 qu'il est fait pour nous faire avancer.
06:07 Je veux dire, la personne qui a commis, si le pardon se mérite, ne se donne pas comme ça.
06:12 On ne peut pas pardonner un crime, tout ça, une personne qui a commis, que ce soit la petite bêtise,
06:17 la petite trahison, la petite bêtise au grand crime, on ne peut pas pardonner si la personne ne mérite pas le pardon.
06:27 Si la personne fait l'effort de mériter le pardon, de reconnaître ses torts, de dire voilà,
06:31 ce qui s'est passé, je n'aurais pas dû, je suis peut-être un peu naïf en disant ça.
06:36 - Non, je trouve que c'est très intelligent ce que vous dites, au contraire, Kamel.
06:38 - Voilà, le pardon...
06:40 - Ça vient de l'autre aussi, le pardon. Il faut être deux pour que le pardon soit en place.
06:43 Je suis assez très intelligent, vous avez raison, Kamel.
06:45 - Voilà. Vous savez, je veux dire, moi j'étais tout gamin, moi j'ai une soeur qui est décédée d'un crime,
06:54 d'un homicide, à cause d'une cigarette. On voyait un peu.
06:59 Donc je m'en rappelle très très vaguement de ce qui s'est passé.
07:02 Mes parents ont mis du temps à pardonner à la personne qui a fait ça.
07:07 Mais il n'y a aucune excuse. Mais ils ont mis du temps et ils ont pardonné.
07:14 Et ils ont pu avancer dans la vie, avec le deuil et tout ça.
07:19 La reconstruction familiale est très difficile.
07:21 Vous savez, quand on perd un enfant, grâce à Dieu, je n'ai pas eu ce malheur-là comme mes parents.
07:28 Moi j'ai perdu ma soeur, c'est tout petit, donc je m'en rappelle très très peu de son visage.
07:33 Mais le fait que mes parents ont pu avancer dans la vie, reconstruire son socle familial, est passé par le pardon.
07:41 Alors c'est un travail qui est long, qui est difficile.
07:45 C'est dur d'accepter le fait de pardonner à quelqu'un qui a fait un crime horrible,
07:51 comme ce qui s'est passé en Israël.
07:53 Mais si on n'arrive pas à pardonner, on n'aura jamais la paix.
07:58 La paix ne se fera que par le pardon.
08:00 Et je veux dire, qui c'est qui doit nous montrer l'exemple ?
08:02 Déjà nos pères et nos politiques.
08:06 - Merci de ce premier témoignage Kamel, parce qu'on vous a écouté avec beaucoup d'attention pour tout vous dire.
08:12 Et merci à la fois de la sagesse, mais de la bienveillance et de l'émotion qu'il pouvait y avoir dans votre voix.
08:18 Il est 11h12, il faut que vous me pardonniez parce qu'on est déjà en retard, M. Fabrice Laffitte.
08:24 Oui, on commence !
08:26 Est-ce que je vais pardonner à M. Boubouk, son attitude ?
08:30 - Mon attitude, c'est-à-dire ? Bonjour à tous !
08:32 - Bonjour !
08:33 - Oui, me pardonner de quoi ? Dites-moi encore, qu'est-ce que j'ai fait ?
08:35 - Parfois ironique, moqueuse du monsieur que je suis.
08:40 - Non mais attendez Pascal !
08:41 - Du monsieur que vous raillez parfois sur ses goûts musicaux anciens.
08:45 - Oui, écoutez, je pense que vous m'en raillez aussi beaucoup sur ma culture qui est incomplète.
08:50 - Abyssale !
08:51 - Abyssale !
08:52 - Abyssale !
08:53 - Un nouveau mot que j'ai appris récemment grâce à Maud Fontenoy.
08:56 Abyssale !
08:57 - Il est 11h13, tout va bien Géraldine ?
09:01 - Très bien.
09:02 - C'était bien avec Claude Lelouch hier.
09:04 - C'était passionnant.
09:05 - Vraiment de l'écouter.
09:06 - Oui.
09:07 - Nous marquons une pause et nous revenons.
09:08 - De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1, à tout de suite.
09:11 - Europe 1.
09:12 - Pascal Praud et vous.
09:13 - Ce qu'a fait le Hamas est impardonnable.
09:16 Impardonnable.
09:17 Et en même temps, qu'est-ce qui pourrait tout arranger aujourd'hui ? C'est le pardon.
09:22 Le pardon, c'est l'aristocratie de l'intelligence.
09:25 - Les propos de Claude Lelouch, le réalisateur que chacun connaît.
09:29 Je rappelle que le père de Claude Lelouch était juif.
09:33 Je rappelle que sa mère était catholique chrétienne et qu'elle s'est convertie au judaïsme.
09:38 Et qu'il disait hier qu'il avait été élevé à la fois dans les églises et les synagogues.
09:41 Et pour ceux qui connaissent le cinéma de Lelouch, le thème de la Shoah est très présent, je pense, aux uns et aux autres.
09:48 Notamment ce film absolument magnifique qui raconte le drame et le calvaire des juifs qui étaient emmenés à Auschwitz ou à Birkenau.
09:58 Nous sommes avec Gilles Tailleb, qui est vice-président du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France.
10:04 J'avoue que j'ai été surpris lorsque Claude Lelouch a dit ce qu'il a dit hier.
10:09 Et en même temps, comme toujours, ça m'a fait réfléchir, forcément.
10:13 Quel est votre sentiment, M. Tailleb ? Bonjour.
10:16 - Bonjour. Bien écoutez, comme vous, j'ai été très surpris.
10:21 Alors j'ai évidemment, comme vous, ça m'a amené à des réflexions.
10:25 D'autant plus, comme vous l'avez souligné, combien nous sommes admiratifs les uns et les autres de Claude Lelouch, de son œuvre,
10:32 de sa précision justement, de son œil, de cette caméra qui, lorsqu'elle filme, va jusqu'aux détails.
10:38 Et là, je pense qu'il n'a pas mis autant de précision qu'il aurait dû le faire.
10:46 Et puis surtout, son idée, j'ai écouté Kamel tout à l'heure au téléphone, je trouvais son intervention exemplaire.
10:54 Et elle correspond tout à fait pour être, comme vous l'avez dit, pour pardonner, il faut être deux.
11:00 Pour pardonner, il faut que celui qui a fait la faute demande pardon.
11:04 Là, aujourd'hui, on est devant un phénomène qui est, pardonner à qui ? Pardonner au Hamas ?
11:10 Est-ce que le Hamas demande pardon ? Est-ce que le Hamas libère les otages ?
11:14 Est-ce que le Hamas est amende honorable ? Non, le Hamas appelle à d'autres massacres.
11:19 Alors à ce moment-là, le pardon n'a aucun sens, puisqu'il n'est pas voulu, il n'est pas désiré,
11:24 et qu'il ne peut que montrer un signe de faiblesse qui va encore renforcer cette idéologie mortifère
11:32 qui est celle que nous connaissons du Hamas, qui a entraîné toute la région dans la situation dans laquelle on est.
11:38 Donc pour Claude Lelouch, encore une fois, avec toute admiration que j'ai, je ne vais pas arroger un de ses titres,
11:45 c'est l'erreur d'un réalisateur un peu perdu, pour moi, et c'est là que j'ai de la peine par rapport à ce qu'il a dit.
11:55 Je le dis et je le répète, pour faire la paix, il faut être deux, pour pardonner, il faut être deux,
12:01 mais il faut dans un premier temps cicatriser. J'interroge chacun de ceux qui nous écoutent.
12:07 Si c'était votre enfant qu'on avait décrépité, si c'était votre enfant qu'on avait mis et brûlé vive dans un four,
12:14 si c'était votre frère, votre soeur qu'on avait vanté, 1400 personnes ont été...
12:20 Et en plus, rappelons-le, c'était dans une zone où ceux qui habitaient étaient des gens de paix,
12:26 des gens qui la veille prenaient les enfants de Gaza pour les éduquer, un industriel qui a installé à Gaza du travail.
12:35 Donc on est dans une contradiction totale entre le sentiment et la réalité.
12:40 Et devant ce sentiment et cette réalité non comprises, je suis déçu par la déclaration de Claude Lelouch.
12:46 - Gilles Tailleb, vice-président du CRIF, est avec nous. On va marquer une nouvelle pause et on va revenir avec vous,
12:52 parce qu'au-delà de la déclaration de Claude Lelouch, il y a évidemment cette idée de l'avenir.
12:58 Parce que comment imaginer l'avenir ? Et pour tout dire, on ne l'imagine pas.
13:04 On voit une solution aujourd'hui, on voit deux camps face à face,
13:12 et on voit surtout un monde qui aujourd'hui est en ébullition sur ce sujet,
13:18 et on n'imagine pas comment ces Palestiniens peuvent parler aujourd'hui avec les Israéliens.
13:26 Et cette solution des deux États auxquels certains ont longtemps cru,
13:32 je pense que nous sommes très nombreux à aujourd'hui à imaginer qu'elle ne verra jamais le jour.
13:38 En tout cas, nous marquons une pause et nous revenons avec le vice-président du CRIF.
13:42 - De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Proé, vous vous réagissez au 01.80.20.39.21.
13:47 La page Facebook existe aussi.
13:49 - Europe 1, Pascal Proé.
13:51 - De 11h à 13h sur Europe 1, vous réagissez au 01.80.20.39.21.
13:56 Nous parlons de pardon ce matin, Pascal.
13:58 - Mais c'est vrai, avec Gilles Tailleb, on ne l'a pas dit il y a une seconde,
14:03 mais c'est vrai que dans la religion juive, il y a ce jour très particulier qui est le grand pardon, Gilles Tailleb,
14:08 et qui effectivement interroge tous les Juifs.
14:12 Et d'ailleurs, on se souvient aussi de la réponse que, dans un célèbre film, du grand pardon précisément,
14:18 que donne Roger Hanin, on a tué toute sa famille,
14:22 et il dit que tous les Juifs du monde entier, tous pardonnent, sauf un, moi.
14:26 Et ça nous interroge tous à ce qu'est le pardon.
14:32 Quand je disais tout à l'heure, dans ma vie, il n'y a personne à qui je dois pardonner,
14:35 mais ce dont je suis sûr, me semble-t-il,
14:38 c'est que s'il m'était arrivé ce qui est arrivé à une famille israélienne,
14:42 si c'est ma fille qui subit cela, ou si elle est enlevée,
14:47 qu'elle est dans des conditions abominables, ou tuée, ou violée, ou torturée,
14:51 moi je ne suis pas un saint, non seulement je ne pardonne pas,
14:54 mais il est possible, bien sûr, que, voilà,
14:57 si j'ai la possibilité, pourquoi pas, de répondre, il est possible que je réponde, bien sûr, monsieur Tailleb,
15:02 parce que nous sommes des hommes, parce que nous sommes des êtres humains.
15:05 Gilles Tailleb, en revanche, la vraie question,
15:09 si on se projette, et c'est quasiment impossible aujourd'hui de se projeter,
15:14 comment vous imaginez l'avenir au Proche-Orient, Gilles Tailleb ?
15:17 - Raconter l'anecdote, parce que je pense qu'elle est aussi très importante.
15:24 Il y a une image très forte à la sortie et à la libération des camps.
15:27 Lorsqu'un des camps de concentration a été libéré,
15:31 les forces de libération ont continué leur chemin et ont laissé des armes à des déportés,
15:36 des déportés qui ont vu leurs frères et sœurs brûler.
15:39 Eh bien, figurez-vous qu'aucun de ces déportés n'a utilisé l'arme
15:44 pour tuer les Allemands qui étaient entre leurs mains.
15:47 Ça, c'est une notion très forte qu'il faut garder.
15:50 Ce qui veut dire combien, et ils le faisaient à l'époque, pour dire,
15:53 on ne doit pas ressembler à ces êtres ignobles, nous ne devons pas leur ressembler.
15:59 Et comme vous le disiez tout à l'heure, le pardon est important dans le judaïsme,
16:03 mais il y a quelque chose qu'on appelle la téchouva.
16:06 La téchouva, c'est la reconnaissance de son erreur et de demander pardon.
16:10 Et c'est ce qui était notre sujet tout à l'heure.
16:12 Donc, effectivement, vous l'avez dit.
16:14 Alors maintenant, aujourd'hui, on parle de l'avenir.
16:17 Aujourd'hui, l'avenir est sombre.
16:19 Aujourd'hui, les corps ne sont même pas encore reconstitués.
16:23 L'ADN des gens n'a pas encore permis la reconnaissance
16:27 de tous ceux qui ont été massacrés le 7 octobre.
16:31 Et il y a encore aujourd'hui 240 otages entre les mains de ces criminels islamistes, terroristes.
16:38 - Mais l'avenir politique, ça m'intéresse.
16:40 Votre avis à vous ? L'avenir politique ?
16:42 - Moi, je pense que, vous savez, Golda Meir disait,
16:44 le pessimisme est un luxe que le juste ne peut pas se permettre.
16:48 Donc, oui, il va falloir qu'au bout du tunnel, il ait la lumière.
16:51 Oui, au bout du tunnel, il va falloir trouver des solutions.
16:54 - Et ces deux états, pour vous ?
16:56 - Aujourd'hui, les deux états sont toujours quelque chose qui est dans une certaine utopie pour moi.
17:03 Parce qu'aujourd'hui, on ne voit pas qui, comment, où.
17:08 Est-ce que demain, vous pensez que des habitants vont pouvoir faire confiance à un voisin qui les a massacrés ?
17:13 - C'était la position de la France longtemps. C'est pour ça que je vous pose la question.
17:16 - Je pense que la position de la France et la position du Quai d'Orsay, aujourd'hui, n'est pas réaliste.
17:21 Elle est complètement... - Et donc, la vôtre, c'est laquelle ?
17:24 - Pour moi, c'est d'abord que les peuples doivent retrouver leur légitimité,
17:30 doivent avoir des dirigeants qui soient à la hauteur du défi.
17:35 On a eu en France le général de Gaulle, il faut des grands hommes pour faire l'histoire.
17:39 En Israël, il y a eu des grands personnages.
17:42 Rappelons Begin, rappelons Rabin, rappelons tous ceux qui ont fait ça.
17:47 Rappelons Sharon, qui a quitté toute la région de Gaza.
17:52 Et en face, il n'y a pas d'interlocuteur.
17:55 Donc oui, il faut que ce peuple palestinien puisse avoir un espoir.
17:59 Donc où, comment, quoi ? Il faut qu'il prenne son destin en main
18:04 et qu'ensemble, nous essayons de trouver une solution.
18:07 Mais pour l'instant, pour moi, c'est trop tôt. Nous sommes dans le deuil, aujourd'hui.
18:10 - Eh bien, merci. Merci beaucoup, Gilles Tailleb.
18:12 Je rappelle que vous êtes vice-président du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France.
18:16 Laura est avec nous. Laura, qui est confession juive, également,
18:20 qui intervient régulièrement, d'ailleurs, sur notre antenne
18:22 et qui voulait réagir peut-être à cette parole, hier, sur notre antenne, de Claude Lelouch.
18:28 Bonjour, Laura. - Bonjour, Gilles.
18:31 - C'est Pascal. C'est Pascal Prot. - Excusez-moi.
18:34 J'écoutais, en fait, j'écoutais attentivement.
18:36 - Mais c'était Gilles Tailleb. Je pensais pour tout dire que vous étiez déjà intervenue sur l'antenne,
18:39 mais vous n'étiez jamais intervenue sur l'antenne. J'ai confondu.
18:42 - Non, non, je n'étais jamais intervenue, parce qu'en fait, je vous écoute toujours avec attention.
18:45 Et c'est vrai que, malheureusement, à chaque fois, j'essaye, mais bon, ça ne matche pas.
18:50 Mais c'est vrai qu'heureusement, il y a quand même des gens qui sont là pour faire entendre
18:55 des voix quand même rassurantes dans le contexte actuel,
18:58 comme Kamel, que vous avez fait passer juste avant.
19:03 Moi, ce que j'aimerais dire, c'est que le pardon, personne ne l'a refusé,
19:07 mais est-ce que quelqu'un l'a demandé, en fait ?
19:10 C'est-à-dire que le pardon, quand on est seul, on peut pardonner.
19:13 Mais est-ce que ça va être efficace ? Est-ce que ça va nous permettre de vivre en sécurité,
19:17 de vivre sereinement, au jour d'aujourd'hui ? Non.
19:20 On a des personnes qui ont fait un massacre, des actes terroristes, etc.,
19:24 comme Israël malheureusement a l'habitude, mais pas de cette ampleur-là.
19:27 Mais il faut dire quand même qu'Israël vit sous la menace quotidiennement,
19:30 et encore aujourd'hui. Ils sont quand même bombardés encore actuellement
19:35 par des roquettes qui proviennent de la bande de Gaza et maintenant du Liban.
19:40 Mais ce qu'il y a, c'est que quelle voix s'est élevée pour dire
19:43 qu'on n'est pas solidaires du Hamas ? Nous, les musulmans du monde,
19:49 le monde arabo-musulman, on soutient les Palestiniens, on soutient leur droit
19:52 à avoir un État comme les Israéliens, comme nombreux Israéliens,
19:55 et comme beaucoup de Juifs du monde entier.
19:57 On veut qu'il y ait un État palestinien, mais on demande le pardon
20:02 et on veut travailler ensemble.
20:03 - Merci Laura, merci beaucoup pour ce témoignage,
20:07 on voulait vraiment consacrer la première demi-heure de cette émission
20:10 à la phrase de Claude Lelouch hier soir, hier matin plus exactement,
20:14 dans notre émission. Il est quasiment 11h30.

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