- 24/10/2023
Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, Pascal Praud revient, avec l'envoyé spécial d'Europe 1 à Jérusalem, sur les images des massacres commis par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre. Des images récupérées sur des caméras, utilisées par les combattants eux-mêmes, ou dans les téléphones des victimes.
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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 Votre matinée se poursuit sur Europe 1 avec Pascal Praud.
00:02 11h-13h, vous écoutez Pascal Praud et vous, et vous réagissez bien sûr au 01-80-20-39-21.
00:07 Pascal ?
00:08 L'horreur en images. Si vous avez écouté ce matin la matinale de Dimitri Pavlenko,
00:11 vous avez entendu notre correspondant, notre envoyé spécial Sébastien Lebedzik,
00:17 envoyé spécial d'Europe 1 en Israël.
00:19 Il a vu les images d'horreur de l'attentat terroriste du 7 octobre.
00:22 Il va être avec nous dans une seconde.
00:24 C'est vrai que ces images ont été montrées par l'armée israélienne à des journalistes du monde entier.
00:29 Près de 45 minutes de scènes terribles, d'horreurs.
00:31 Sébastien, vous êtes avec nous ?
00:33 Sébastien Lebedzik, en direct d'Israël. Est-ce qu'il est là, Sébastien ?
00:41 Oui, oui, je suis là. Est-ce que vous m'entendez ?
00:43 Je vous entends très bien, Sébastien. Merci d'être avec nous.
00:46 Vous étiez dans cette salle hier où il y avait de nombreux journalistes.
00:50 Vous étiez une petite centaine, je crois ?
00:52 Oui, c'est ça. Une centaine de journalistes à l'invitation de l'armée israélienne, en fait,
00:57 qui voulaient projeter pour la première fois ces images brutes des massacres du 7 octobre.
01:02 Je me suis demandé, évidemment, et tout le monde se pose sans doute la même question,
01:06 si j'avais été à votre place, en tant que journaliste,
01:09 et puis ceux qui ne sont pas journalistes également se posent cette question,
01:12 est-ce qu'il reste ou pas dans la salle, sachant que ce que vous avez vu hier
01:17 ne sortira plus jamais, sans doute, de votre cerveau, Sébastien ?
01:20 Écoutez, c'est vrai que ça fait partie un peu de notre travail,
01:24 de pouvoir vérifier ces informations.
01:26 J'avais eu l'occasion, quelques jours plus tôt, d'aller à la morgue de Shura,
01:30 qui est la plus grande morgue d'Israël, une morgue improvisée, installée dans une base militaire.
01:34 Vous savez, ce sont des containers réfrigérés.
01:36 À l'intérieur, on a vu certains de ces cadavres qui étaient parfois en morceaux, dans des sacs.
01:42 On nous avait raconté des scènes absolument horribles, de femmes éventrées, de bébés décapités.
01:48 Et déjà, ça prenait vraiment aux tripes.
01:51 Et cette fois, on a vu les images. On a vu les images de ce qui s'est passé.
01:55 Des images qui, en plus, ont été tournées par les terroristes du Hamas.
01:59 Donc, ça venait, effectivement, confirmer toutes les informations que nous avons,
02:03 depuis maintenant, ce massacre du 7 octobre.
02:07 Alors, je n'ai pas regardé l'intégralité du film.
02:10 Je vous avoue que, parfois, j'ai tourné la tête, j'ai baissé les yeux.
02:13 Certaines personnes sont sorties de la salle, mais, quand même, on a pu voir...
02:17 Enfin, moi, j'ai assisté à l'intégralité de ces 45 minutes.
02:20 - Ce sont des images qui n'avaient jamais été diffusées, ou c'était une forme de montage d'images
02:25 qui avaient déjà été diffusées, mais là, les Israéliens proposaient une sorte de séquence de 45 minutes ?
02:33 - Alors, ils ont fait un tri dans toutes les images, les rushs, en fait, qu'ils avaient pu récupérer.
02:38 Certaines images qui avaient été tournées par des victimes de ce massacre
02:42 et récupérées sur les lieux des massacres, sur les téléphones portables des Israéliens,
02:47 on en avait vu certaines, notamment celle de la Rave Party,
02:50 mais la plupart de ces images, on ne les avait jamais vues.
02:53 Ce sont des images qui ont été tournées par les terroristes du Hamas
02:56 avec des GoPros, des petites caméras embarquées qu'ils portaient sur eux.
02:59 Et donc, celles-là, on ne les avait jamais vues.
03:02 Alors, ils n'ont pas montré l'intégralité des images.
03:04 Ils ont quand même fait un choix, notamment certaines qui étaient particulièrement horribles ont été retirées.
03:10 Mais on n'avait pas le droit de filmer ces images, on n'avait pas le droit d'enregistrer ce qui se passait.
03:16 Tout se déroulait à huis clos, dans un silence absolument incroyable,
03:21 un silence de mort dans cette salle.
03:23 Et on nous a demandé effectivement de ne pas donner trop de détails sur ce qu'on avait vu,
03:29 notamment parce que ces images étaient uniquement à destination de la presse étrangère,
03:32 qu'elles ne seront jamais diffusées en Israël,
03:34 elles ne seront jamais diffusées auprès des médailles israéliens,
03:37 parce que l'objectif, effectivement, c'est d'épargner autant que possible les familles des victimes.
03:41 - Et pardonnez-moi de poser des questions assez précises, mais je crois qu'il n'y avait pas de son.
03:47 Le son, on vous a épargné les cris ou les pleurs pour ne vous montrer que les images.
03:55 - Ah non, non, il y avait du son, il y avait parfois des photos, effectivement,
03:58 donc là il n'y avait pas de son, mais la plupart des images, il y avait du son.
04:02 Alors on entendait, oui, on entendait les victimes qui criaient, c'était vraiment opprenant.
04:06 Parfois, ils filmaient vraiment en gros plan les personnes qui étaient prises en otage,
04:09 on pouvait lire la terreur sur leur visage, c'était assez effrayant.
04:13 Et puis il y avait le son de ces assaillants, de ces terroristes du Ramaz qui criaient en permanence,
04:19 qui hurlaient, il y en avait même un, il y a même eu un message audio que j'ai trouvé vraiment horrible,
04:24 dans lequel l'un de ces terroristes, au moment de massacrer ces Israéliens, appelle ses parents,
04:31 il appelle sa mère et son père avec son téléphone, et il leur dit "papa, maman, je viens de tuer de mes mains 10 Juifs",
04:38 c'est les mots qu'il a utilisés, "je les ai tués de mes mains, allumez WhatsApp, allumez l'application sur mon téléphone portable
04:44 et vous allez voir ces images, je vais vous les montrer", et sa mère était toute joyeuse,
04:50 elle était très fière de son fils et son père aussi, et c'était vraiment monstrueux d'entendre cette séquence.
04:56 Là c'était une séquence uniquement audio, c'était une interception d'une communication téléphonique par l'armée israélienne.
05:02 - Alors c'est à la fois monstrueux ce que vous racontez, mais en même temps, vous faites le travail de journaliste,
05:08 puisque vous témoignez d'une réalité, d'un état d'esprit qui existe à Gaza et chez les Palestiniens,
05:15 de cette haine absolue des Juifs, on rappelle que dans la charte du Hamas, il y a la destruction d'Israël et la destruction des Juifs,
05:26 et on voit ces gens élevés, endoctrinés, comme à d'autres époques, il y a eu un endoctrinement auprès de certaines populations,
05:33 et on voit ces gens aujourd'hui manipulés par cet endoctrinement, mais quelle solution pour ces gens au stade où ils sont arrivés ?
05:40 Je ne la vois guère, Sébastien.
05:42 - Oui c'est vrai que le mot "endoctrinement" a été utilisé à plusieurs reprises par le général Edelstein,
05:48 qui nous a présenté ces images, lui-même a été en poste à Gaza pendant deux ans, donc il connaît très bien la situation,
05:53 il sait très bien à quel point, effectivement, une partie de ces jeunes Palestiniens engagés dans les brigades du Hamas
06:01 peuvent commettre des actes absolument terribles, mais on a vu aussi que tout cela a été parfaitement organisé,
06:09 l'armée israélienne a arrêté des dizaines de ces terroristes du Hamas après les massacres,
06:14 ils ont été interrogés, les vidéos aussi de ces interrogatoires ont été en partie diffusées,
06:18 on voit qu'ils avaient un manuel de ce qu'il fallait faire pendant cette journée du 7 octobre,
06:24 l'objectif c'était de tuer le maximum de personnes, de leur faire subir des actes absolument terribles,
06:30 il était indiqué sur cette sorte de manuel qu'ils devaient violer les femmes, qu'ils devaient même violer des cadavres,
06:37 qu'ils devaient découper les têtes, qu'ils devaient faire un maximum de dégâts,
06:41 et pour cela, d'après ce qu'on a vu sur ces documents qui ont été présentés par l'armée israélienne,
06:46 ils étaient récompensés par une somme de 10 000 dollars qui leur a été versée et un appartement qui leur serait donné à Gaza.
06:54 – Alors j'ai entendu ces témoignages, et pour tout vous dire, on va en parler tout de suite après la pause,
06:58 parce qu'il est 11h11, mais je vais vous interroger sur ces témoignages également.
07:02 Sébastien Le Belzic est en direct d'Israël avec nous, vous êtes à Tel Aviv Sébastien ?
07:07 – Là je suis à Jérusalem, je suis à la visite du président Macron.
07:11 – Et effectivement vous êtes l'envoyé spécial d'Europe 1, on peut vous écouter dans toutes les éditions,
07:17 et ce que vous dites, vous faites un travail évidemment tout à fait remarquable,
07:20 et on va vous retrouver dans une seconde, à tout de suite.
07:23 – De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud et vous sur Europe 1.
07:26 – Europe 1.
07:27 – Pascal Praud et vous.
07:28 – De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1,
07:31 et Pascal, nous retrouvons Sébastien Le Belzic, envoyé spécial d'Europe 1 en Israël en ce moment.
07:36 Sébastien, vous parliez de ces témoignages de terroristes du Hamas,
07:43 qui ont donc été capturés par Israël et que j'ai entendu comme vous ces dernières heures.
07:48 Comme je me méfie évidemment de tout, dans cette période particulière,
07:53 je me suis dit, est-ce que, pardonnez-moi de le dire comme ça d'ailleurs,
07:57 est-ce que ce sont des vrais terroristes, ou est-ce que c'est une mise en scène d'Israël,
08:01 puisque ces terroristes disent "voilà ce que nous avons fait",
08:05 c'est d'ailleurs tout à fait étonnant la manière dont ils parlent,
08:09 j'ai envie de dire qu'ils parlent quasiment normalement,
08:12 ils racontent des horreurs avec une voix sans émotion,
08:17 et ils ne sont pas du tout heurtés dans le témoignage qu'ils apportent.
08:23 Et je me suis posé cette question, est-ce que vous-même vous l'étiez posée Sébastien Le Belzic ?
08:29 – Oui, évidemment, après je pense que l'armée israélienne a fait une sélection
08:33 dans les interrogatoires qui ont été diffusés,
08:36 ils n'ont pas dû tous être aussi calmes évidemment,
08:40 parce qu'il y a une véritable haine qui se développe.
08:42 – Et aussi précis.
08:43 – Et aussi précis, oui, effectivement, après au niveau de l'armée,
08:45 c'est vrai qu'on nous amène un certain nombre d'éléments qui sont sujets à caution,
08:50 mais qui nous interrogent quand même, par exemple hier,
08:52 le général Edelstein, pour parler encore de lui,
08:55 nous a dit qu'il avait des preuves de l'implication de l'Iran,
08:58 qu'il avait des preuves que des camps d'entraînement avaient été financés,
09:01 installés par l'Iran à Gaza, et que c'est là que tout a été organisé.
09:05 Il nous a dit évidemment aussi que ces jeunes n'étaient absolument pas drogués
09:10 au moment de procéder à ces massacres, mais qu'ils avaient été entraînés pour cela,
09:15 et d'où peut-être le calme apparent dans leurs déclarations.
09:20 Voilà, c'était effectivement des éléments qui nous parviennent,
09:23 mais on n'a qu'une seule source, on a uniquement la source de l'armée israélienne,
09:27 parce qu'on ne peut pas se rendre à Gaza, évidemment,
09:29 la frontière est fermée, c'est totalement hermétique,
09:32 donc on n'a pas d'informations en provenance de Gaza,
09:34 et les seules informations qu'on a, elles viennent du Hamas,
09:37 donc elles sont complètement sujettes à caution,
09:39 on l'a vu avec le bombardement, soi-disant, de cet hôpital à Gaza.
09:44 Sébastien Lebedzik, envoyé spécial d'Europe 1.
09:46 Il n'y a pas de journaliste à Gaza ? Aucun ? Aucun journaliste n'est présent ?
09:51 Il y a des journalistes qui étaient déjà à Gaza avant le début des hostilités,
09:56 donc qui sont restés sur place, un certain nombre d'ailleurs ont été tués,
09:59 notamment des dizaines de journalistes palestiniens,
10:03 mais nous actuellement, en tant qu'envoyés spéciaux ici en Israël,
10:07 on ne peut pas traverser la frontière,
10:10 et il y a un no man's land qui sépare actuellement Gaza d'Israël,
10:14 donc on ne peut même pas approcher de la frontière de Gaza
10:17 sans être accompagné d'une escorte, ça reste extrêmement dangereux,
10:20 il y a toujours des tirs de roquettes, quotidiennement, jusqu'à Tel Aviv.
10:23 - Ce qui nous permet d'ailleurs de dire, pour vous,
10:26 et puis pour tous les envoyés spéciaux bien sûr de France,
10:29 mais du monde entier, faites attention évidemment à vous Sébastien,
10:32 puisque le travail que vous faites, évidemment, est tout à fait exceptionnel,
10:36 bien sûr, et puis dangereux, et vous êtes un journaliste qui est sur place,
10:41 vous connaissez évidemment bien la région, sans doute,
10:44 mais faites attention à vous.
10:46 Dernière chose, avant de vous laisser, si j'ose dire,
10:50 ces images d'atrocités, elles ont été récupérées sur des terroristes
10:59 que l'Israël avait capturés, ou elles ont été récupérées d'une autre manière ?
11:05 - Alors il y avait plusieurs types d'images, un certain nombre d'images,
11:09 ce sont des caméras de vidéosurveillance,
11:12 qui sont installées un peu partout dans les kibbutz,
11:14 donc là, ils ont pu récupérer les images,
11:16 d'autres, ce sont des caméras embarquées sur les véhicules,
11:19 des Israéliens qui ont été abattus de sang-froid sur les routes,
11:23 donc là aussi, ils ont pu être récupérés.
11:25 Les images qui proviennent des combattants, des terroristes du Ramas,
11:30 là, effectivement, ce sont soit des caméras qui ont été abandonnées dans la bataille,
11:35 soit des prisonniers qui ont été arrêtés par l'armée israélienne,
11:39 et sur lesquels on a pu retrouver, effectivement, ces caméras.
11:42 - Et bien, je vous remercie beaucoup Sébastien Lebedzik,
11:44 vous êtes donc envoyé spécial d'Europe 1,
11:45 et vous suivez aujourd'hui le président de la République, qui est à Jérusalem,
11:48 qui va aller également à Ramallah.
11:50 - Oui, il semble qu'il se rende à Ramallah par la suite,
11:52 ou qu'il rencontre Mar Moudabas à cette occasion,
11:58 mais rien n'est encore confirmé,
11:59 c'est une visite qui s'est vraiment organisée au tout dernier moment,
12:02 et la presse est un peu tenue à l'écart de tout ce qui se dit.
12:05 - A priori, dans ce que nous donne l'Élysée,
12:07 entre 17h et 18h30, heure israélienne,
12:11 il y a un entretien en tête à tête de Emmanuel Macron avec Mar Moudabas,
12:16 qui est le président de l'autorité palestinienne,
12:18 puis il y aura un entretien élargi aux délégations.
12:21 Ça, c'est le déplacement du président de la République,
12:24 tel qu'il a été donné par le protocole de l'Élysée.
12:26 Je remarque d'ailleurs ce matin que c'est le chef du protocole
12:30 qui a accueilli le président de la République,
12:32 chef du protocole israélien, ce n'est pas Benjamin Netanyahou,
12:35 alors que Benjamin Netanyahou, par exemple, avait accueilli Joe Biden.
12:39 - Oui, effectivement, il y a un certain froid entre les deux hommes,
12:43 surtout que dans l'agenda d'Emmanuel Macron,
12:46 il y a la demande d'arrêter les colonisations, de couloirs humanitaires,
12:50 un certain nombre d'éléments qui ne sont pas du tout appréciés
12:53 de la part de Benjamin Netanyahou et de son cabinet de guerre,
12:56 qui sont obnubilés par la guerre actuellement
12:58 et qui ne veulent pas entendre parler de l'après-guerre,
13:02 de ce qui peut se faire après avec Gaza,
13:05 et des négociations autour d'un État palestinien qui soit viable.
13:09 - Merci beaucoup Sébastien Le Belzic, et faites attention à vous,
13:14 il est 11h20, nous marquons une pause, je n'ai pas salué nos amis
13:19 aujourd'hui dans la régie, à savoir Fabrice, qui est là, bonjour.
13:25 - Présent, bonjour. - Tout va bien ?
13:27 - Tout va très bien, merci malgré l'actualité.
13:29 - Et notre ami Olivier Guenec. - Bonjour à tous.
13:32 - Et puis on est partis tellement vite dans l'émission
13:34 qu'on ne s'est même pas dit bonjour. - Bonjour Pascal.
13:36 - Alors on se dit bonjour évidemment en dehors de l'antenne,
13:38 c'est bien de se redire bonjour une deuxième fois, bien évidemment.
13:41 Merci d'être avec nous Géraldine Amon, qui est là jusqu'à 13h,
13:47 comme nous tous, à tout de suite après la pause.
13:50 - Europe 1, Pascal Praud.
13:52 - Et de 11h à 13h sur Europe 1, vous réagissez avec Pascal Praud,
13:55 0180 29 21.
13:58 - Jonathan Arfi était le président, il est le président du CRIF,
14:01 il est présent à Tel Aviv, il était l'invité de Dimitri Pavlenko ce matin,
14:05 il a eu l'occasion évidemment de voir ce théâtre des horreurs
14:09 et également de visiter une morgue, écoutons-le.
14:13 - Vous savez ce que j'ai vu d'abord, c'est un théâtre de l'enfer,
14:17 c'est-à-dire un kibbutz où le porte-à-porte a été le mode d'exécution
14:22 de civils à bout portant par des terroristes qui les ont pourchassés
14:26 jusqu'aux dernières pièces de leur maison,
14:28 des femmes enceintes dont on nous a dit qu'elles ont été éventrées,
14:32 des viols de masse aussi ont été rapportés,
14:35 voilà ce que nous avons pu recueillir comme témoignage des secouristes,
14:40 comme témoignage aussi de rescapés de ces tueries.
14:43 - Jonathan Arfi, il est le président du Conseil représentatif
14:46 des institutions juives de France, c'est le CRIF,
14:49 il s'est déplacé deux jours en Israël en mission de solidarité,
14:52 les Israéliens sont extrêmement sensibles aux gestes de solidarité,
14:55 a-t-il dit également, parce que cette crise les renvoie
14:58 à un sentiment d'insécurité, donc profondément à la question
15:01 de la solitude des Juifs.
15:04 Je vous propose également d'écouter Nadine Morano,
15:06 qui est députée européenne, elle est présente en Israël
15:09 et elle a été l'invitée de CNews ce matin.
15:11 - Je suis allée sur la base de Shoura où sont déposés,
15:16 en attente d'identification, des centaines de corps
15:20 et c'est absolument éprouvant de voir cela.
15:23 Je suis allée sur...
15:29 - On va reprendre parce que Nadine Morano est extrêmement émue,
15:34 comment ne pas l'être.
15:36 Vous êtes à nouveau à l'antenne, Nadine Morano.
15:39 - Je suis allée sur le kiboutz de Béry, où les images sont insoutenables
15:44 parce qu'il y avait encore dans cette garderie d'enfants
15:50 du sang partout et des jouets cassés et des maisons dévastées
15:56 dont on a pu mesurer la violence de l'attaque
16:00 et tous ces enfants qui ont été exécutés.
16:05 - Quel monde et quelle horreur et quelle réflexion peut-on avoir sur l'humanité ?
16:10 Je crois que c'est Nicolas Sarkozy qui disait l'autre jour
16:13 "après avoir vu cela, est-ce qu'on peut avoir confiance en l'humanité ?
16:17 C'est vrai qu'elle est traversée, cette humanité, depuis toujours
16:20 de choses horribles. Elle n'est pas forcément plus horrible qu'elle n'était en 1942
16:25 dans un camp de Schwyz ou de Mauthausen.
16:28 La différence peut-être c'est qu'aujourd'hui nous savons tout,
16:30 que les images sont là et que cette horreur qui a parfois été rapportée
16:35 en parole, nous l'avons sous les yeux aujourd'hui.
16:39 Nous sommes avec Jérémy, bonjour Jérémy, qui habite Hode.
16:43 Vous nous aviez appelé la semaine dernière, Jérémy, vous étiez je crois à Eshkelon ?
16:49 - Effectivement.
16:51 - Vous êtes aujourd'hui à Hode, c'est un franco-israélien,
16:55 et ce qui est particulier dans cette période, c'est que votre épouse était enceinte
17:01 il y a quelques jours et qu'elle a accouché ces dernières heures.
17:06 - Effectivement, on a eu une petite fille qui naît le vendredi 13
17:10 à 5h et quelques du matin.
17:13 - Est-ce que c'est indiscret de vous demander comment vous l'avez prénommée ?
17:17 - Non, ce n'est pas indiscret, on l'a appelée Emma Inès Dominic.
17:23 En premier prénom on l'a donnée Emma, ça vient d'Emmanuel,
17:26 qui veut dire en hébreu "Dieu est avec nous".
17:29 Et donc voilà, pour répondre à votre question.
17:33 - La dernière fois qu'on s'était eus, vous m'aviez rappelé que vous vivez
17:37 je crois depuis 5 ans en Israël.
17:41 - Oui, moi j'habite en Israël depuis 5 ans, c'est ça.
17:44 C'est exactement ça.
17:46 - Vous êtes franco-israélien ?
17:49 - Eh bien oui, moi je suis franco-israélien, donc en fait je suis de la côte d'Azur à la base,
17:53 et il y a 5 ans j'ai décidé de venir m'installer en Israël.
17:56 Et je ne pensais pas un jour voir toutes ces horreurs sur notre terre.
18:04 Il y a un sentiment d'incompréhension de voir un antisémitisme aussi brutal et sauvage
18:14 venir taper les juifs en terre d'Israël.
18:19 - Et vous incarnez également effectivement tous les français et d'autres
18:23 qui ont fait ce qu'on appelle leur "alia",
18:25 précisément pour venir en Israël, parce qu'ils se sentaient en sécurité en Israël.
18:30 C'était ça une des motivations j'imagine que votre "alia" ?
18:34 - Complètement.
18:36 C'est vrai qu'aujourd'hui on le voit encore avec cet antisémitisme primaire
18:44 qui est déversé dans les rues aujourd'hui lorsqu'il y a des manifestations encore,
18:48 ou lorsqu'on entend Mathilde Panot s'exprimer,
18:50 ou Mélenchon utiliser les termes qu'il utilise avec son talent de privain
18:55 qui lui est aussi bien prêté.
18:58 Il y a un antisémitisme horrible qui m'a poussé à partir en Israël
19:03 pour d'autres raisons, mais qui a fait pencher la balance.
19:08 - Jérémy vous allez rester avec nous, on marque une pause, on revient tout de suite.
19:11 - Europun. - Pascal Prohevo.
19:13 - Pascal Prohevo, la suite sur Europun de 11h à 13h.
19:16 Vous écoutez Pascal Prohevo, réagissez au 01 80 20 39 21.
19:19 Nous retrouvons Jérémy qui est avec nous en ligne Pascal.
19:22 - Jérémy qui effectivement est à Hachdod.
19:25 Jérémy qui était en France sur la côte d'Azur il y a encore 5 ans,
19:28 qui a fait son alia, qui pensait, comme beaucoup de juifs,
19:31 lorsqu'ils partent pour Israël, que c'était un terrain de sécurité.
19:34 La sécurité elle n'est nulle part aujourd'hui pour les juifs.
19:37 Partout ils sont en danger simplement parce qu'ils sont juifs.
19:41 C'est ce qui s'est passé d'ailleurs lorsque le Hamas est arrivé sur la terre d'Israël.
19:45 Est-ce que vous imaginez aujourd'hui quitter Israël, Jérémy ?
19:52 - Non, non, non, pas du tout. C'est même pas envisageable.
19:56 Encore moins quand je vois les relents d'antisémitisme.
19:59 J'ai l'impression que c'est les années 30 en France.
20:02 Alors, il ne faudra pas... Malheureusement on apprend de l'histoire.
20:06 Et l'histoire elle se répète.
20:08 Et là on voit certaines choses horribles se passer.
20:12 Donc je me sens beaucoup plus en sécurité en Israël,
20:15 malgré le conflit, que je m'y sentirais en France.
20:19 - Là où vous avez peut-être raison, c'est lorsque vous comparez avec les années 30.
20:24 Sinon que l'antisémitisme aujourd'hui a le visage de l'islamisme.
20:29 C'est cela qui diffère, alors que dans les années 30 c'était un antisémitisme...
20:35 - Oui, oui, la seule différence c'est que dans les années 30 il était habillé en Hugo Boss.
20:40 C'est la seule grande différence.
20:42 Aujourd'hui oui, l'islamisme radical a pris le flambeau de l'antisémitisme.
20:46 Il y a aussi l'extrême gauche.
20:49 Alors il ne faut pas oublier un truc, c'est que Hitler a été élu au pouvoir avec le national-socialisme.
20:54 Tout le populisme, le populisme ça n'a jamais une bonne odeur pour le peuple juif.
21:00 L'avantage aujourd'hui c'est qu'on a Israël.
21:02 Et qu'on a beaucoup de soutien aussi.
21:05 Je vois beaucoup de soutien, moi j'ai beaucoup de gens...
21:09 - Il y a beaucoup de soutien dans la communauté.
21:11 Je n'ai jamais vu, pour tout vous dire, les français aussi proches de la communauté qu'en ce moment.
21:16 Il y a parfois eu dans la société française un antisémitisme qui a existé.
21:24 Mais je peux vous dire que tous les gens de la communauté qui sont français, bien sûr,
21:29 me rapportent combien il y a une proximité avec eux, une proximité de nos concitoyens.
21:36 Bon, c'est pas toujours le cas à travers des manifestations, bien sûr.
21:39 - Est-ce que c'est vrai ce que me dit Pascal ?
21:42 A mon avis la raison est la suivante, c'est parce que pour une fois,
21:45 les gens savent qu'ils sont dans le même bateau que nous.
21:48 - Je pense que vous avez raison.
21:50 - Lorsque le frère Kouachi sort de l'immeuble de Charlie Hebdo et qu'il hurle "on a vengé le prophète Mahomet",
21:57 d'ailleurs vous connaissez ces images qu'on a des frères Kouachi qui sortent,
22:00 là on ne questionne pas la véracité de la froideur des terroristes.
22:04 Tout à l'heure vous disiez à votre intervieweur reporter qui est en Israël,
22:07 vous lui demandiez est-ce qu'on peut s'inquiéter, savoir si les interrogatoires des terroristes
22:11 sont des vraies images ou si elles sont données par l'armée israélienne.
22:14 On ne peut pas se poser ce genre de questions parce que ça donne du...
22:19 même si c'est légitime, et vous faites votre travail très bien Pascal,
22:22 malheureusement aujourd'hui il y a des questions lorsqu'on les pose,
22:26 elles viennent donner du grain à moudre à un terreau antisémite et aussi anti-occidental,
22:33 il faut être honnête, aussi anti-occidental.
22:36 Ces images, vous les avez vues, elles vous ont marqué,
22:39 ces images d'horreur et évidemment elles vont vous hanter,
22:43 ces images de massacre perpétré auprès de juifs.
22:48 L'avantage c'est qu'il y a un vrai respect des familles en Israël
22:51 et il y a très peu d'images qui ont filtrées,
22:53 des journalistes ont vu des images auxquelles on n'aura pas accès,
22:56 c'est tant mieux, moi je ne veux pas savoir,
22:57 par contre je peux vous garantir une chose,
22:59 moi j'ai deux enfants, deux bébés, j'ai un troisième, un grand qui a 13 ans,
23:03 des images de bébés qui ont été égapités,
23:07 des femmes enceintes qui sont éventrées, leurs fœtus étinés au sol,
23:13 et quand bien même les maux sont horribles,
23:16 et ce sont des images qu'on ne peut même pas imaginer,
23:18 il faut aussi voir l'iceberg dans sa totalité,
23:23 il faut imaginer ce que ces personnes ont traversé cette matinée-là,
23:26 il faut imaginer l'effet que ça fait à un petit garçon,
23:30 à une petite fille de 7-8 ans, de voir sa maman se faire violer dans le salon,
23:34 un samedi matin, un jour de fête,
23:36 je rappelle que c'était Shabbat et que c'était Simchat Torah,
23:40 et il faut imaginer que ces asphaltes dans les active-huts,
23:43 là où les gens sont des pacifistes,
23:45 des gens qui envisagent des solutions à deux états,
23:49 qui sont à mon avis de plus en plus utopistes,
23:52 parce qu'il y a un indoctrinement à l'intérieur de la bande de Gaza
23:55 qui est beaucoup trop important,
23:57 et ces gens qui ont été massacrés,
23:59 ils ont vécu ça seconde par seconde,
24:01 et les atrocités qu'ils ont subies,
24:03 heureusement qu'il y a une pudeur de l'état d'Israël
24:08 de ne pas montrer toutes les images,
24:10 parce que ça pourrait être dangereux les répercussions.
24:13 - Jérémy, vous étiez à Shekelon il y a quelques jours,
24:15 vous êtes à Shiddod aujourd'hui,
24:17 qu'est-ce que vous faites chaque jour ?
24:19 Vous attendez peut-être d'être appelé par l'armée ?
24:25 - Non, moi j'ai pas eu la chance de pouvoir faire mon service militaire,
24:30 je suis arrivé ici trop vieux,
24:32 mais j'avais plus l'âge,
24:34 donc non, moi la vie elle reprend son cours,
24:36 je travaille, il faut s'occuper de l'esprit,
24:39 et puis Israël, il y a une certaine résilience qui se met en place,
24:43 et on voit les gens essayer de prendre leur quotidien à bras-le-corps.
24:48 - C'est-à-dire que la vie a repris, les restaurants sont ouverts,
24:52 la vie professionnelle reprend ?
24:54 - Petit à petit, ça dépend des villes,
24:57 des villes comme Shekelon ou Sheddod,
25:00 bien évidemment qui sont en première ligne,
25:03 il y a moins de choses qui sont ouvertes,
25:05 mais oui il y a des endroits où Nathania,
25:08 par exemple, ma maman qui habite à Shekelon,
25:10 qui a dû aussi se déplacer,
25:12 elle est à Nathania en ce moment,
25:14 elle va prendre des cafés,
25:17 mais elle me dit, il y a une ambiance très angoissante,
25:21 parce qu'on est quand même conscient de ce qui se passe.
25:24 - Merci de ce témoignage Jérémy,
25:29 et merci, votre femme a pu accoucher dans des conditions convenables ?
25:36 - Oui, grâce à Dieu ma femme a pu accoucher dans des bonnes conditions,
25:42 on était dans un hôpital où le service maternité est comme un bunker,
25:47 un abri anti-missiles, donc il n'y a aucun risque,
25:49 il y a eu des alertes pendant qu'on était là-bas,
25:51 mais tout s'est très bien passé,
25:53 et la petite est magnifique, ça c'est très bien.
25:56 - Bon bah écoutez, c'est ça qui est paradoxal,
25:59 et qui est un raccourci de ce que nous sommes,
26:03 de ce qu'est l'humanité,
26:04 c'est-à-dire qu'au milieu des pires monstruosités,
26:08 il y a quelque chose qui s'appelle la vie,
26:11 et qui repart avec cette petite fille,
26:13 qui naît dans des conditions si particulières.
26:16 - Exactement.
26:17 - Merci beaucoup Jérémy de ce témoignage,
26:21 et faites attention à vous bien sûr.
26:24 - Merci Pascal, merci beaucoup.
26:26 - Il est 11h39, nous marquons une pause,
26:29 et nous continuons évidemment cette discussion,
26:31 et cet échange avec les auditeurs.
26:33 A tout de suite.
26:34 - Le top jeu européen.
26:35 Et ça c'est le top jeu européen,
26:37 il faut jouer dès maintenant pour tenter de gagner
26:40 votre iPhone 15+ offert cette semaine par Europe 1.
26:44 Alors comment faire ?
26:45 comment faire, vous envoyez des maintenant.
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