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  • 16/10/2023

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00:00 Merci de répondre à ces quelques questions.
00:02 Vous êtes directeur de l'Institut pour les Affaires publiques et internationales,
00:06 professeur à l'Université américaine de Beyrouth.
00:09 Le terminal de Rafah reste fermé.
00:12 Les Américains demandent son ouverture pour notamment évacuer les binationaux.
00:17 Il serait 500 aujourd'hui à Gaza.
00:19 Cela suppose que les bombardements israéliens cessent.
00:21 Visiblement, sur cette question, les Américains n'ont pas obtenu cette concession israélienne.
00:27 Non, j'ai l'impression, enfin tout indique qu'il y a pour le moment une divergence qui va grandissante
00:32 entre l'administration américaine, le président Biden et son équipe,
00:37 et le gouvernement israélien et probablement la petite équipe autour du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
00:44 La divergence ne porte pas seulement sur le mode opératoire dont vous parlez en ce moment à l'antenne,
00:50 mais aussi sur, disons, la finalité, le bien-fondé de l'opération israélienne.
00:55 Les Américains sont extrêmement, évidemment, soucieux de garantir la sécurité d'Israël.
01:00 Ils comprennent probablement la rage du gouvernement israélien de vouloir rétablir l'équilibre avec Gaza.
01:11 Ils sont beaucoup plus sceptiques et beaucoup plus dubitatifs sur la finalité politique
01:15 et surtout sur les conséquences que pourrait avoir une incursion terrestre et peut-être même une occupation de Gaza.
01:21 Vous savez, cette région, ça fait quand même des décennies qu'elle revit le même cycle.
01:27 Israël, pour sa sécurité, prend du territoire, l'occupe, puis ensuite est obligé de l'évacuer parce que ça provoque de la résistance.
01:35 On a vécu ça à Gaza même, on l'a vécu au Liban, on l'a vécu ailleurs.
01:39 Et donc les Américains n'ont pas non plus envie de se retrouver dans ce même engrenage,
01:44 d'autant plus que nous avons affaire à une administration Biden dont pratiquement tout le logiciel depuis trois ans,
01:51 et peut-être même pour l'avenir, est de progressivement se désengager de cette région
01:56 et de ne plus avoir à prendre en main les micro détails de la sécurité de tel ou tel.
02:02 Et donc je crois qu'il y a là quelque chose de profondément divergent entre Israël et les États-Unis.
02:07 On va le voir probablement s'accroître, mais pour l'instant, sur la question opérationnelle,
02:13 bien entendu, ce sont des détails qui pourraient être réglés dans les heures qui viennent.
02:16 Divergence aussi entre Américains et pays arabes.
02:19 On a vu Antony Blinken faire le tour de plusieurs pays, notamment Bahreïn, les Émirats, les Saoudiens, le Qatar, la Jordanie.
02:28 Il a assuré que les Américains ne voulaient pas un débordement du conflit,
02:35 mais on voit bien que les pays arabes, les Occidentaux, et a fortiori les Américains, ne parlent pas la même langue.
02:41 Non, en fait, je crois que ce qui a surpris tout le monde dans cette affaire,
02:45 c'est quand même la rapidité et la brutalité du revivrement saoudien essentiellement, beaucoup moins golfier.
02:54 Je crois que le gouvernement israélien était un tout peu rassuré, peut-être qu'il a même dormi sur quelques lauriers,
03:00 en pensant que l'approche de la normalisation avec l'Arabie saoudite voulait dire un blanc-seing total sur la question palestinienne.
03:10 Je crois que le réveil a été brutal, et il l'a été pour les Israéliens.
03:14 Il ne l'est pas tellement pour les Américains, qui essayent quand même de garder le fil entre les Saoudiens et les Israéliens.
03:21 À mon avis, ce fil restera, mais il sera peut-être mis en veilleuse pour le moment.
03:27 Mais je crois que ce qui a beaucoup changé dans la psyché israélienne,
03:31 c'est la conscience que si la question palestinienne n'est pas réglée de façon satisfaisante pour la partie arabe,
03:38 les normalisations qu'ils avaient en tête avec l'Arabie saoudite au premier tiers se retrouveront constamment en échec.
03:45 Et ça, je pense que c'est un grand tournant dans la dynamique politique de la région dans son ensemble.
03:51 Restez avec nous.

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