La Job machine s'enraye : un signal d'alarme pour les salaires [Alexandre Mirlicourtois]

  • l’année dernière
Les signes de fragilisation du marché de l'emploi sont là et vont peser sur les négociations salariales et le niveau des salaires à l'embauche. Parmi ces alertes, la division par près de deux du rythme des créations nettes d'emplois entre les 2èmes trimestres de 2023 et de 2022. Cette modération s'est déjà retrouvée dans les chiffres du chômage. Sa décrue s'est stoppée et, avec plus de 2,8 millions de chômeurs en France métropolitaine en juillet dernier, il se situe à son plus haut niveau depuis le début de l'année. [...]

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00:00 Les signes de fragilisation du marché de l'emploi sont là et vont peser sur les
00:14 négociations salariales et le niveau des salaires à l'embauche.
00:17 Parmi ces alertes, la division part près de 2 du rythme de création nette d'emploi
00:22 entre les deuxièmes trimestres 2023 et 2022.
00:26 Cette modération s'est déjà retrouvée dans les chiffres du chômage.
00:29 Sa décruse s'est stoppée et à plus de 2,8 millions de chômeurs en France métropolitaine
00:34 en juillet dernier, il se situe à son plus haut niveau depuis le début de l'année.
00:39 La job machine devrait en outre connaître d'autres ratés.
00:42 Traditionnel indicateur avancé de l'état de santé du marché du travail, l'emploi
00:47 intérimaire recule depuis deux trimestres maintenant.
00:49 De leur côté, les licenciements se maintiennent à très haut niveau et de plus en plus de
00:54 contrats sont rempus pendant la période d'essai.
00:56 L'autre signe avant-coureur de la cassure à venir réside dans la trajectoire prise
01:01 par les intentions d'embauche qu'elles concernent les CDD de plus d'un mois ou
01:05 les CDI.
01:06 L'orientation ne pousse pas à être optimiste pour la fin de l'année et à pas plus de
01:10 long terme non plus, la progression de l'activité devenant trop lente.
01:14 Le lien entre croissance et emploi s'est certes distendu à la sortie de la crise de
01:18 la Covid, avec une productivité du travail en considérable recul par rapport à 2019.
01:24 En d'autres termes, il a fallu moins de croissance pour générer des emplois, notamment
01:29 en France.
01:30 Toutefois, certains facteurs spécifiques devraient s'effacer et permettre à la
01:34 productivité de se redresser.
01:36 C'est le cas notamment du bond spectaculaire du nombre d'apprentis dont la productivité
01:41 est inférieure à la moyenne, qui est maintenant derrière nous.
01:45 Idem concernant l'embardée post-Covid de l'absentéisme.
01:48 Résultat, la dynamique du marché du travail va recoller au cycle économique.
01:53 Il faut donc s'attendre à des créations d'emploi trop faibles d'ici la fin de
01:57 l'année pour absorber la hausse de la population active, avant d'entrer en 2024 dans une
02:03 phase de destruction d'emploi.
02:05 Le nombre de chômeurs et le taux de chômage vont donc remonter et le rapport de force
02:10 entre employés et employeurs devrait de la sorte s'inverser de nouveau.
02:14 La conséquence sur les rémunérations du personnel déjà en place ne se situe pas
02:19 en bas de l'échelle.
02:20 L'indexation même retardée du SMIC au prix dans un contexte d'inflation persistante
02:25 va alimenter sa hausse, comme celle des minimas conventionnels.
02:28 C'est d'ailleurs la principale explication de l'augmentation actuelle du salaire mensuel
02:33 de base.
02:34 À ce détail près, il progresse moins vite que le SMIC et l'écart se creuse.
02:38 Bref, l'inflation a partiellement été répercutée dans les augmentations annuelles
02:43 pour les catégories socio-professionnelles dont la rémunération sont les moins directement
02:49 accrochées au SMIC, alors même que les salariés étaient en position de force.
02:52 Les professions intermédiaires et plus encore les cadres sortent perdants de la situation
02:57 avec ce bémol toutefois.
02:58 Pour ces derniers, ce sont aussi eux qui ont le plus profité du versement massif de la
03:03 prime de partage de la valeur fin 2022.
03:06 Le refroidissement de la conjoncture replace ainsi les employeurs en position plus favorable
03:11 pour négocier avec un double impact.
03:14 Il n'y aura pas ou très peu de rattrapage de l'inflation passée dans les augmentations
03:18 salariales à venir et les entreprises seront moins généreuses sur la prime de partage
03:23 de la valeur.
03:24 Pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, cela veut dire des prestations
03:27 salariales revues à la baisse.
03:29 C'est déjà le cas dans l'hôtellerie et l'immobilier.
03:33 La température retombe aussi dans des secteurs jusqu'alors en surchauffe comme la finance,
03:37 le conseil, l'audit et même, au-delà de certains profils spécifiques, l'informatique.
03:42 Pas de doute, 2024 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour les salariés.
03:48 [Musique]
03:51 !

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