Invité sur franceinfo, l'eurodéputé Renew, Pascal Canfin considère qu'Emmanuel Macron a montré de la "cohérence", en présentant les grands axuses de la planification écologique de la France ce lundi.
00:00 Le 18-20 France Info, Jean-François Aquiline.
00:06 Bonsoir à vous Pascal Canfin.
00:07 Bonsoir.
00:08 Emmanuel Macron a donc présenté les grands axes de la planification écologique.
00:10 Je cite un exemple, la production d'un million de pompes à chaleur d'ici la fin du quinquennat.
00:15 Moi j'ai envie de vous poser une question, est-ce qu'elles vont être livrées avec les EPR qui doivent être installées pour alimenter tout ça ?
00:22 Tout est cohérent et c'est un des éléments clés du discours d'Emmanuel Macron, c'est d'avoir montré la cohérence d'ensemble de notre stratégie de planification écologique.
00:33 Avec des mots clés, une écologie souveraine. C'est d'ailleurs pour ça qu'on fait à la fois les énergies renouvelables et le nucléaire.
00:41 Parce qu'on ne peut pas se passer ni de l'un ni de l'autre si on veut être souverain.
00:44 Sauf que les EPR et les SMR n'existent pas encore.
00:47 Bien sûr, c'est pour ça qu'il y a de l'innovation. Vous n'allez pas me faire croire que vous ne croyez pas non plus au progrès et à l'innovation.
00:53 Donc nous on y croit et on veut inventer des nouvelles solutions en plus de ce qu'on a aujourd'hui.
00:57 L'énergie décarbonée souveraine produite chez nous.
01:00 Pareil pour les voitures, les batteries électriques. On veut produire tout ça chez nous. C'est pour ça qu'on a organisé...
01:06 Et quel horizon ça ? Les usines ?
01:08 Alors maintenant, les 4 méga factories qui vont produire des voitures et des batteries chez nous dans les Hauts-de-France, entre Douai et Dunkerque,
01:18 c'est la plus grande région européenne de production de la mobilité électrique.
01:24 Hors-mobilité ça ?
01:25 C'est maintenant, c'est en train de se construire. Allez voir sur les sites, ils sont en train de sortir de terre.
01:30 Tout ça n'existait pas il y a 2 ou 3 ans.
01:34 Et je peux multiplier les exemples, comme l'a fait le Président de la République cet après-midi, pour montrer la cohérence de tout ça.
01:40 Je crois que c'est la première fois que c'est montré de manière aussi claire et détaillée.
01:45 Ça veut dire demander aux constructeurs français notamment de fabriquer des petites voitures électriques, parce que pour l'instant on a des gros SUV.
01:51 Oui, d'une part, et de les produire chez nous. Made in France et Made in Europe, et non Made in China.
01:58 C'est exactement ce qu'on est en train de faire.
02:00 Autre exemple, décarboner notre industrie. On est en train de passer 50 contrats de décarbonation avec les 50 sites qui émettent le plus dans le domaine industriel en France.
02:12 Ces 56, ça représente les 2/3 des émissions des voitures de tous les français sur une année.
02:19 Donc c'est absolument majeur. On les prend un par un, et on les décarbone avec des contrats intelligents avec les industriels chez nous.
02:28 Et donc ça, ça crée de la valeur.
02:30 Vous y croyez Pascal, et c'est bon pour l'emploi et pour le climat.
02:32 Bien sûr, j'y crois.
02:33 Mais il y a des pessimistes qui disent que nous sommes loin du compte, que la transition n'a pas commencé.
02:37 Vous savez, les entreprises RSE, elles n'en font pas suffisamment parce qu'elles ne rentrent pas dans les limites planétaires.
02:42 Si vous voulez me dire qu'on y est là maintenant, qui va vous le dire ? Personne, évidemment. On n'y est pas maintenant.
02:48 C'est précisément pour ça qu'on fait cet exercice absolument inédit de planification écologique, et qu'on le finance.
02:54 Puisque vous pourriez me dire "Ok, tout ça c'est sympa, c'est des mots, c'est sympathique, mais l'argent il est où ? Or c'est le nerf de la guerre."
02:59 Et bien précisément, les 7 milliards de plus qui nous mènent à 40 milliards d'investissement de la nation, du budget de l'État, en 2024, dans la transition écologique.
03:10 Jamais atteint, à un niveau, jamais atteint.
03:13 Ça c'est du concret, et ça va permettre d'accompagner encore plus les français et les entreprises.
03:18 Vous dites "on n'y est pas maintenant", c'est réaliste, mais on y est quand ? Alors vous savez, on pose la question quand même.
03:23 Bien sûr, et vous avez raison. Et nous, notre analyse, c'est la science.
03:26 Donc c'est ce que nous dit le rapport du GIEC, les scientifiques du climat.
03:29 Et donc, on doit réduire nos émissions deux fois plus vite qu'on ne le fait aujourd'hui.
03:34 Ça c'est ce que dit le GIEC, mais nous...
03:35 Et on le fait déjà deux fois plus vite qu'on ne le faisait en 2017.
03:39 J'entends parfois dire que Emmanuel Macron c'était le président du premier quinquennat de l'inaction climatique.
03:44 Mais on a doublé le rythme de réduction d'émissions de gaz à effet de serre sur le premier quinquennat.
03:50 Et on se donne les moyens, les moyens d'organisation, les moyens financiers, de doubler de nouveau ce rythme pour être au rendez-vous et faire taire enfin les pessimistes.
04:00 A quoi sert cette mesure de 100 euros par an pour aller travailler, répit modeste ?
04:05 Vous savez, c'est le plein de carburant qu'il a annoncé hier.
04:07 C'est un gros plein par an, quoi. A quoi ça sert ?
04:10 Ça sert à faire en sorte que les personnes...
04:13 Pour ceux qui prennent les voitures, c'est pas grand-chose ?
04:15 Ah oui, mais si vous voulez, quelle est l'équation ?
04:18 Si on commence à arroser tout le monde avec des chèques carburants pendant des années et des années, c'est d'une part totalement contraire à nos objectifs de réduction des émissions...
04:26 C'est un peu un chèque, ça, quand même.
04:27 Et deux... Attendez, c'est le tout le monde qui compte.
04:29 Et deux, budgétairement, c'est insoutenable. L'année dernière, juste l'année dernière, on a mis plus de 20 milliards là-dessus.
04:35 Donc c'est insoutenable ou alors c'est des impôts en plus massifs. Et je pense pas qu'on ait tous envie de ça.
04:40 Donc il faut cibler. Cibler sur les Français qui en ont vraiment besoin, pour lesquels peut-être ces 100 euros, c'est pas grand-chose pour vous, monsieur Akim.
04:50 Parce qu'ils vous disent, les Français, en question, les reportages, ils vous disent...
04:52 Je peux vous dire que 100 euros pour les Français...
04:55 C'est une fois, quoi.
04:56 100 euros pour les Français qui font du plein, d'accord, et qui font 40, 50 kilomètres de trajet, domicile, travail, tous les jours, c'est quelque chose que l'on cible pour eux.
05:07 Et si demain, 100 euros, c'est pas assez, comme c'est ciblé, on pourra faire plus.
05:11 C'est un demi-milliard.
05:12 Alors que si on fait quelque chose...
05:13 C'est 450 millions, 100 millions d'euros.
05:14 Si on fait quelque chose qui arrose tout le monde, si j'étais propriétaire, ce que je ne suis pas, d'une Porsche Cayenne que je vais à ma maison à Deauville, d'accord, depuis Paris,
05:22 si vous arrosez tout le monde, comme le propose le Rassemblement National avec la baisse de la TVA, c'est moi qui en bénéficie le plus.
05:27 Parce que j'ai la plus grosse voiture, que je dépense le plus, alors que, bien évidemment, j'en ai pas besoin.
05:31 Donc on voit bien qu'une mesure ciblée, c'est celle qui est à la fois la plus efficace et la plus juste.
05:35 Le président qui promet, en octobre, une reprise du contrôle du prix de notre électricité, de mémoire Ursula von der Leyen, a parlé d'une réforme structurelle...
05:45 Du marché de l'électricité.
05:46 On est en train de la négocier.
05:47 Ça veut dire quoi ? Qu'on va s'autonomiser de l'Europe ?
05:50 Non, précisément, c'est l'inverse.
05:51 C'est-à-dire que nous sommes en train de changer les règles du jeu en Europe.
05:54 Pour éviter la situation absurde de l'année dernière, où, alors que nous produisons une électricité, en l'occurrence nucléaire et renouvelable, chez nous décarbonée,
06:04 notre prix de vente était dépendant d'une énergie importée et fossile, à savoir le gaz russe.
06:11 On comprend bien qu'il y a quelque chose qui ne marche pas dans l'affaire.
06:13 Bon, on est précisément en train de changer ces règles du jeu, pour les rendre à la fois plus efficaces pour notre économie, pour notre pouvoir d'achat,
06:21 et pour notre indépendance et notre souveraineté géopolitique.
06:24 Si nous n'y arrivons pas en Europe, et on est en train de le faire, c'est en ce moment même les négociations,
06:29 si jamais nous n'y arrivions pas, ce qu'a dit le président de la République, c'est qu'on le ferait tout seul.
06:33 Donc tout ça va marcher, et pour conclure, si et seulement si, nous arrivons à construire les futurs EPR et les futures mini-centrales nucléaires, les mini-réacteurs ?
06:41 Non, tout ne repose pas là-dessus.
06:42 Ah, quand même ?
06:43 Non, c'est un élément de la solution, bien évidemment, et moi je considère que le nucléaire fait partie de la solution et n'est pas un élément d'un problème.
06:50 D'ailleurs, les scientifiques, les climatologues disent exactement la même chose.
06:54 En revanche, nous ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier, et nous sommes les seuls, avec cette majorité présidentielle,
07:00 à avoir trois piliers extrêmement clairs, les renouvelables, l'efficacité, la sobriété et le nucléaire.
07:06 À gauche, c'est le chaos, puisqu'il y en a qui sont pour et d'autres qui sont contre, et à droite, c'est ni, c'est 100% nucléaire.
07:12 Ça, ça ne marche pas non plus.
07:13 Donc cette synthèse que nous avons faite, je pense que c'est la seule qui est efficace pour la création des emplois dont on parle dans l'industrie,
07:19 et qui protège le pouvoir d'achat des Français.
07:21 Et vous dites ce soir, Pascal Canfin, Emmanuel Macron, super écolo, c'est ça ?
07:24 Moi, je dis qu'on a défini l'écologie selon Macron.
07:27 Voilà, on l'a défini, ça a pris du temps, maintenant toute la doctrine est là, et ça nous permettra d'avancer encore plus vite demain.
07:34 Merci à vous, Pascal Canfin. Je vous rappelle, euro, député, renew, renaissance, vous présidez la commission environnement du Parlement européen.
07:40 Merci d'avoir répondu à nos questions sur France Info.