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  • 20/09/2023
Gérard Longuet, trois fois ministre, ancien président de la région Lorraine et parlementaire pendant 45 ans, ne se représente pas aux élections sénatoriales 2023. Retour sur une vie politique en montagnes russes.

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Transcription
00:00 ...
00:10 -C'est le signe du poisson. Les poissons sont muets.
00:13 -En pleine gloire, Gérard Longuet est sûr de lui,
00:17 un peu arrogant, même.
00:19 -Taquin, sûrement.
00:22 Sûr de moi, peut-être, finalement.
00:25 -Gérard Longuet, 45 ans de vie politique.
00:28 Député, sénateur, président de groupe,
00:30 mais aussi président de région et 3 fois ministre.
00:33 -Assurément, le ministère le plus passionnant
00:37 pour quelqu'un qui aime son pays et l'histoire,
00:39 c'est le ministère de la Défense, à l'hôtel de Brienne.
00:43 Pour un homme public,
00:45 la liberté, c'est la présidence de région.
00:48 La fraternité sur des convictions partagées,
00:51 je l'ai eue avec Alain Madelin et François Léotard.
00:54 Je l'ai retrouvée avec Édouard Balladur,
00:56 avec Nicolas Sarkozy.
00:58 Nos caractères sont différents,
01:00 mais j'ai beaucoup de reconnaissance
01:03 pour son engagement, son courage
01:05 et le fait qu'il m'ait nommé à ce poste.
01:07 -Élu depuis les années 70,
01:10 Gérard Longuet est aussi un observateur éclairé
01:12 de la vie politique.
01:14 Il constate aujourd'hui un recul de la liberté
01:17 et de l'autorité des élus.
01:18 -Il y a deux facteurs.
01:20 Le premier et le plus important,
01:22 c'est l'absolue présidentialisation
01:24 de la vie politique en France,
01:26 qui a été d'ailleurs consolidée
01:29 par le vote du quinquennat.
01:32 L'autre changement, c'est l'exposition médiatique.
01:35 Le monde a changé dans ces 30 années.
01:38 J'ai dérégulé les télécoms
01:40 et François Léotard a dérégulé l'audiovisuel.
01:42 On prend le retour de bateau en pleine figure.
01:45 Je veux dire qu'en 2011,
01:47 la communication n'est plus du tout la même.
01:50 Le ministre est exposé à un jugement permanent
01:54 des réseaux sociaux,
01:56 du système numérique.
01:58 Dans la vie publique, le pire, c'est d'être inconnu.
02:01 Vous pouvez être connu par vos défauts,
02:05 vous pouvez être connu par vos excès,
02:07 vous pouvez être connu par vos maladresses.
02:10 J'ai eu des défauts, des excès et des maladresses
02:13 tout au long de ma carrière.
02:14 Je n'ai pas eu heureusement que cela.
02:17 Les gens, au fond, sont reconnaissants,
02:19 en disant qu'on n'est pas les carrés,
02:21 mais au moins, on sait ce que vous pensez.
02:24 -Sur Public Sénat, Gérard Longuet a eu un geste très commenté
02:27 et très polémique.
02:28 Un geste en réponse à une demande de l'Algérie
02:33 qui réclamait la reconnaissance par la France
02:35 des crimes du colonialisme.
02:37 -Pourquoi vous faites ce bras d'honneur ?
02:39 -Je suis contre la repentance.
02:41 Cela consiste à réécrire l'histoire
02:43 en méconnaissant les raisons pour lesquelles
02:46 nos prédécesseurs,
02:48 Français ou d'autres pays,
02:51 ont commis telle ou telle orientation.
02:54 La colonisation, c'est une aventure républicaine,
02:58 pour l'essentiel,
03:00 à partir de la Troisième République,
03:02 pourrie de bon sentiment,
03:04 et puis pourrie tout court,
03:06 les deux à la fois.
03:08 Mais la repentance,
03:10 c'est mettre tout le monde dans le sac des coupables,
03:14 et tout le monde n'a pas à être dans le sac des coupables.
03:17 Les Pieds-Noirs ne méritent pas, dans leur immense majorité,
03:20 ce jugement définitif,
03:23 alors qu'ils ont été, il faut bien le reconnaître,
03:25 abandonnés en 1962 à leur saurie.
03:27 -Ce rapport à la colonisation et à l'Algérie
03:30 explique aussi les premières années d'engagement
03:33 de Gérard Longuet à l'extrême droite,
03:35 alors qu'il était membre du mouvement occident,
03:38 un positionnement qui n'est plus le sien,
03:40 mais qu'il assume et explique.
03:42 -Il y a deux raisons principales.
03:44 Je trouve que l'indifférence en 1962 n'était pas possible.
03:47 La guerre froide et ce que nous ressentions
03:50 dans les médias soviétiques, il fallait choisir.
03:52 L'extrême droite n'est pas libérale.
03:55 J'ai changé d'avis sur ce sujet.
03:56 Je suis devenu libéral, en général, sur tous les aspects de la société.
04:00 Parce que je veux une France forte, je suis très attaché à mon pays,
04:04 et je crois que la France n'est pas forte
04:06 parce qu'elle est dirigée par une main de fer,
04:09 elle est forte parce qu'elle est libérale,
04:11 parce qu'elle fait confiance aux Français.
04:14 -Ce qui compte le plus, c'est la motivation professionnelle.
04:17 -Il y a un rôle dans la main, il faut le savoir.
04:20 C'est trop dur, c'est trop loin, c'est pas ce que je veux.
04:23 Vous comprenez, moi, j'étais formé pour faire du théâtre
04:26 et on me propose de faire du commercial.
04:29 Non, c'est une vérité.
04:30 Tous les employeurs qui vous disent...
04:32 Il y a des jeunes qui viennent pointer chez moi
04:35 et qui me disent "ne me proposez rien, j'attends plusieurs mois".
04:39 -Je constate que j'étais un précurseur
04:41 et que le président de la République lui-même
04:43 a rappelé à nos compatriotes qu'il fallait traverser la rue
04:47 pour trouver du boulot.
04:48 Il ne s'agissait que de traverser la rue pour trouver du boulot.
04:52 Ca veut dire accepter de changer un peu d'orientation,
04:55 de faire un petit effort et on trouve quelque chose.
04:58 Et aujourd'hui, le problème français,
05:00 c'est qu'on a 7 % de chômeurs,
05:02 ce qui est un taux bas, mais qu'on n'arrive pas à descendre en dessous.
05:06 La langue de bois tue ce pays.
05:08 A force de parler de technicien de surface
05:11 plutôt que de balayeur,
05:12 à force de parler d'incivilité plutôt que de délinquance,
05:16 on finit par ne pas donner aux faits
05:19 les mots qui les recouvrent et qui les expliquent.
05:23 Je suis pour la vérité du langage.
05:25 -Une vérité du langage qui prend parfois des allures de provocation.
05:29 Interrogé sur les "Paradise Papers",
05:31 l'ancien ministre explique tout à fait comprendre
05:34 que certains cherchent à échapper au fisc.
05:37 -Il y a une réticence à l'impôt.
05:39 Quand l'impôt est confiscatoire, ce qui est le cas en France,
05:42 mais pas seulement dans notre pays,
05:44 les Français se battent pour garder leur pouvoir d'achat.
05:47 Il y a des milliers de salariés dont c'est le métier.
05:51 Ca s'appelle les experts fiscaux.
05:54 Ils font leur métier. Tout ça est très logique.
05:56 -J'ai un peu le goût de la provocation.
05:59 Je rappelle simplement que 10 % des Français
06:01 payent 60 % des impôts sur le revenu.
06:04 Donc, évidemment, ça ne crée pas beaucoup d'enthousiasme.
06:07 Je sais si 10 %, vous me direz, ils sont riches.
06:10 Mais s'ils sont riches, c'est qu'en général,
06:13 ils sont des voleurs. Et ce ne sont pas des voleurs,
06:15 mais des gens qui travaillent.
06:17 -Je vais reprendre un combat
06:19 pour défendre mon honneur,
06:22 pour faire respecter
06:25 ce que je suis,
06:27 un citoyen parmi d'autres,
06:29 se défendant
06:32 selon des règles fondées sur la présomption d'innocence.
06:36 -Financement du Parti républicain,
06:38 financement des travaux de sa villa à Saint-Tropez,
06:41 l'avis politique de Gérard Longuet a été marqué
06:44 par plusieurs affaires judiciaires.
06:46 -D'avoir été jeté en peinture par un tout petit nombre de journalistes
06:50 devant
06:51 les regards faussement condescendants
06:56 et faussement tapitoyés de quelques amis politiques
06:59 et l'activisme de magistrats
07:03 qui n'étaient pas concernés et pas en charge de mon affaire.
07:06 -Vos affaires se sont soldées par 5 relaxs et un non-lieu.
07:09 Ils ont laissé des traces. -15 ans.
07:12 Vous m'avez dit très gentiment qu'il y avait 30 ans
07:15 entre mon premier ministère et mon dernier ministère,
07:18 mais entre ces 30 ans, il y a eu 15 ans
07:21 pendant lesquels j'avais l'obligation de faire,
07:23 je l'ai accepté, d'être modeste et discret
07:27 parce que j'avais besoin que toutes les affaires soient réglées.
07:30 Les plus importantes, les relaxs dont vous parlez,
07:33 ont mis à l'aise 5 ans,
07:35 et le non-lieu, qui était légitime dès le départ,
07:39 a mis 15 ans.
07:40 J'ai eu un non-lieu en 2010
07:43 pour des affaires qui remontaient à 1984,
07:48 c'est-à-dire 26 ans avant.
07:51 La France est assez systématiquement condamnée
07:55 à la Cour européenne des droits de l'homme
07:57 pour la durée de ses procédures.
07:59 Parce que les procédures longues
08:02 vous excluent de la vie publique.
08:04 J'ai une capacité de résistance
08:08 parce que j'étais sûr de mon bon droit.
08:10 Et à tout prendre, c'est moins grave
08:12 que la mort d'un proche ou l'accident d'un enfant.
08:15 -Vous êtes très philosophe ? -Très.
08:17 Il vaut mieux, quand on vieillit,
08:19 si on n'est pas philosophe, ça devient pénible.
08:23 -Gérard Longuet décide de raccrocher les gants.
08:25 Au mois de juin, lors de sa dernière prise de parole
08:28 dans l'hémicycle du Sénat,
08:30 sa question a des allures de leçon de vie politique.
08:33 -Vous avez trois choix.
08:35 En effet, la coalition gouvernementale,
08:39 c'est pas prévu et c'est pas dans le caractère du président.
08:43 Vous avez la cohabitation dans votre propre camp
08:46 en choisissant un Premier ministre
08:48 dont vous pensez qu'il sera plus fédérateur.
08:51 Et vous avez enfin la dissolution.
08:53 Je regrette de ne pas être parlementaire
08:55 pour ces trois événements.
08:57 -Je regrette d'avoir 77 ans,
08:59 parce que le sablier est largement renversé.
09:03 Bon, je ne suis pas à plaindre.
09:06 J'ai à peu près capacité,
09:10 mais de lire, d'écrire, de marcher, de me promener,
09:14 mais je ne verrai pas la fin de l'histoire.
09:16 Mais personne ne voit la fin de l'histoire.
09:18 [Musique]

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