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  • il y a 2 ans
Avec Arnaud Viviant, journaliste.

Retrouvez les éditos culture sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-culture

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Transcription
00:00 l'édito Culture, on est heureux d'accueillir Arnaud Vivian dans l'équipe du 7-10. Arnaud,
00:05 vous nous parlez ce matin d'une histoire de fantôme, et pas n'importe lequel.
00:09 Alors, parmi les 74 premiers romans de cette rentrée littéraire, il y en a un qui m'a
00:15 particulièrement plu, qui m'a fait rire, qui m'a ému, avant de me bouleverser dans
00:20 un reversement final, qui évidemment, je ne vous raconterai pas. Ce roman s'intitule
00:25 « Mon fantôme » et il est signé Mehdi Hourawi aux éditions Fayard. C'est l'histoire
00:31 d'un prof de latin au lycée Henri IV de Paris. Il se prénomme Mehdi, comme l'auteur,
00:36 il est né d'un père algérien de confession musulmane et d'une mère française, il a
00:39 grandi à Bayonne. Mehdi vient de signer une traduction d'Ovid qui lui vaut d'être
00:45 invité sur France Inter dans l'émission « Boomerang » d'Augustin Trappard, car
00:51 l'action, c'est l'important de le dire, se déroule en 2019. Mehdi est divorcé, il
00:56 a deux enfants, un fils, Jalil, qui vit aux Etats-Unis, et une fille, Nora, une adolescente
01:01 turbulente, révoltée, qui vient de se faire virer de son lycée public pour avoir rebaptisé
01:07 les salles de classe du nom de « victime de violences policières ». Mais surtout,
01:11 surtout, Mehdi a pour principal compagnon un fantôme, son fantôme, bien à lui, qui
01:18 lui est apparu le 24 décembre 2018 et qu'il est le seul à voir et avec lequel il a de
01:25 longues discussions. Et ce fantôme, vous le connaissez, nous le connaissons tous, ce
01:31 fantôme, c'est lui.
01:32 Oh écoutez-moi camarade, laisse tomber cette fille, tu m'entends, elle va te rendre malade,
01:43 et tu vas souffrir longtemps, je sais bien que tu le sais.
01:48 Et puis, ce fantôme que Mehdi trimballe dans son cartable de prof, c'est Rachida, le chanteur
01:53 de cartes de séjour et du couscous-clan, le nom très drôle de son dernier groupe,
01:58 décédé le 12 décembre 2018, quelques jours avant ses 60 ans, au Lilac, terminus du bus
02:04 96 que le prof de latin Mehdi prend tous les matins pour se rendre à Henri IV. Alors,
02:10 c'est bien sûr la première belle idée de ce premier roman que de ressusciter ce
02:15 grand artiste. Et je dois dire que pour avoir eu la chance de fréquenter un peu Rachida,
02:20 et plutôt tard dans la nuit d'ailleurs, je dois dire que Mehdi Houhari le restitue
02:25 dans toute sa verve rock'n'roll, sa véracité drôle, puisque comme l'écrit justement
02:31 l'écrivain, c'est une grande responsabilité d'être le souvenir de quelqu'un.
02:36 Oui mais voilà, les fantômes, c'est comme les trains, un fantôme peut en cacher un autre.
02:41 Car sous ses atours fantaisistes, ce roman qui trouve son point culminant le lundi 28 octobre 2019,
02:50 quand, souvenez-vous, un octogénaire a grièvement blessé deux hommes devant la mosquée de Bayonne,
02:56 est aussi une réflexion sur les racismes en France, une réflexion émouvante, jamais
03:01 manichéenne, au contraire éclatante de subtilité avec son retournement final, que je ne raconterai
03:07 pas donc, et dont la morale se trouvait être peut-être dans cette réflexion que Mehdi
03:12 fait à sa fille Nora. En observant ta génération, si différente, la mienne se demande ce qu'elle
03:19 a raté. Jamais nous ne nous disons que la génération ratée est peut-être celle,
03:26 et peut-être celle qui ne s'est pas aimée la suivante.
03:29 NICOLAS : Magnifique. Merci Arnaud Vivian, la référence du livre sur le site de France Inter.
03:35 À mercredi prochain.

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