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  • 04/07/2023

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00 Et bien, allez.
00:03 [Musique]
00:05 [Musique]
00:33 Ah oui, sans doute. J'aime beaucoup l'ordre.
00:37 A cause du bac, bien sûr.
00:39 Mais non, non, non.
00:42 J'ai fait trois, deux ans, je crois, de pensionnat, donc religieux, justement.
00:49 Et il y avait une chapelle, et il y avait un orgue, et...
00:54 C'est vrai que au lieu de, des fois, d'aller jouer ou de battre dans le cours de récré,
01:01 j'allais à l'ordre.
01:03 Et j'en profitais.
01:05 C'était calme, c'était typique.
01:07 [Musique]
01:36 [Musique]
02:01 Je le disais hier à mon cousin.
02:05 Juillet 91.
02:07 Et une, et une, et trois.
02:10 Tout cela n'a pas été réparé.
02:13 Voyons voir là-devant, fermé.
02:15 Bien, sur la droite, allons-y.
02:17 C'est curieux, toutes ces années.
02:19 Ces années s'en font aller comme si j'y allais.
02:21 Là, maintenant, là, derrière, sur la place, peu de choses vont changer.
02:26 Là-bas, comment va-t-on faire pour y commander, pour y commander quelque chose?
02:30 Entrons. Bonjour.
02:32 Vous non plus, vous n'êtes pas restés jusqu'à la fin.
02:35 Non. Il y a vraiment trop de choses.
02:37 Des bougies, j'en ai vu huit, et trois pleureuses.
02:40 Trop de coeurs, aussi.
02:42 Comme je vous le disais, tout est pâtissier devant.
02:45 Derrière, plus de mitraons.
02:47 Plus de magasins.
02:48 Et à droite, là, le magasin de ferrailleurs, un vendeur de, comment on appelle ça?
02:53 Il s'appelait Ouillard, ou Broca, ou Treca.
02:57 Non, Vermillard.
02:59 Avec beaucoup d'outils.
03:00 Là, le nom échappe maintenant.
03:02 Huit bougies et trois pleureuses.
03:04 Beaucoup d'impression.
03:06 Lorsqu'elles pleuraient fort, les bougies faiblissaient.
03:09 Puis là, ce qu'on appelle le défunt.
03:12 Celui qui reste.
03:14 Le défunt, oui.
03:15 Prostré.
03:16 Prostré, regardant fixement.
03:18 Ne pouvant s'en détacher, les bougies la voient.
03:21 Bien.
03:22 Maintenant, il va falloir qu'ils sortent.
03:25 Mais il n'y a que quand ça sonne, que c'est la bénédiction.
03:29 Tout cela n'a pas été réparé, je le disais tout à l'heure.
03:33 Tout est resté en état.
03:35 Ici même, nous jouions.
03:37 Ici même, des courses à bicyclette.
03:39 Bien sûr, les petits chemins ont peut-être disparu.
03:42 Puis la marverie, en face du cimetière.
03:44 Là, juste en face, tu t'en souviens, oui?
03:47 La petite porte.
03:48 Je dirais plutôt la grille, qui grince avec un bruit de menthe.
03:51 Là même, depuis des années, oui.
03:53 Pourtant, c'était vraiment le bruit des morts.
03:56 Puis je le fais maintenant.
03:58 Là, maintenant, ce bruit, c'est dans les aigus.
04:01 I, I, non, A, I, respire.
04:04 Comme un tissu qu'on déchire de haut en bas.
04:08 Le petit verrou, le loquet, soit d'entrée, soit de sortie.
04:12 Et puis hop, on tire, puis ça couine.
04:15 Pourrais-je le faire là maintenant, ce bruit?
04:19 Après, il faut monter.
04:22 C'est une petite allure gravillon, là.
04:24 Tout à l'heure, ça va être tout droit.
04:26 J'y ai ma place aussi.
04:28 D'ailleurs, une tombe très vaste, très propre, en haut du cimetière.
04:32 Mais là, pour le moment, nous obligons vers la droite,
04:34 à côté d'un isolé du premier empire.
04:36 Là, à côté, une trébelle, avec des gravillons bleus
04:40 et des portails improbables.
04:42 Ribet, muset, tabet, bosset, tablet.
04:45 Je ne dis pas que ces noms sont faux.
04:48 Personne ne peut dire qu'ils sont vrais.
04:50 Attaqués qu'ils sont par des successifs légides,
04:53 non pas pour autant propres.
04:56 Vous êtes du bas? Oui.
04:58 C'est moi qui ai le ventre. C'est moi.
05:00 Je porte toute la charge.
05:02 Je ne peux pas regarder derrière moi.
05:04 Devant, forcément.
05:05 Vous avez vu la guénie du cimetière?
05:07 Vous l'avez vue?
05:09 Elle ne peut pas s'ouvrir sans qu'elle grince.
05:11 À chaque fois, elle grince.
05:13 Un coup, il m'envoie.
05:14 À droite, en haut, vers le côté, vers l'ouest.
05:16 Bien après, les sapins.
05:18 Nous avons des places vides.
05:20 C'est curieux, comme cet enterrement a duré longtemps.
05:24 Moi, on se voit à mieux, c'est.
05:26 Vous partez à mieux?
05:28 Ce n'est pas loin.
05:29 Non, franchement, ce n'est pas loin.
05:31 Faire attention, je pense, à un affaissement des marches.
05:34 Pas de photos.
05:35 Et prendre au plus court.
05:37 Nous avions déjà réservé bien avant.
05:40 La rue est nouvellement faite, qui mène au cimetière.
05:42 Des gravillons sur les côtés.
05:44 Montez.
05:46 Montez encore un petit peu.
05:47 Montez.
05:48 On va descendre, le machin, descendre le truc.
05:50 C'est la descente la plus dangereuse, à cause du gravier.
05:53 Encore deux marches.
05:55 Le gardien est toujours content de me voir partir.
05:58 Tous les gens sont partis.
06:00 Une fois, quelqu'un qui montait pendant que je descendais, pour la même chose.
06:03 Oui.
06:05 De cousin à genre.
06:07 Chaque fois, le même problème.
06:09 En vélo, avec lui.
06:11 Il n'est pas là, celui-là.
06:13 Les enterrements qui sont drôles, parfois.
06:16 Les gens mal aimés, bien aimés, trop aimés.
06:19 On rigole bien, forcément.
06:21 La terre meuble, grâce même.
06:24 Nous ne sommes pas si souvent ensemble.
06:27 Qu'est-ce qu'on prévoit tout à l'heure ?
06:29 Chez le roux, bien sûr.
06:31 J'ai foutu ce truc dans ma poche.
06:33 Voilà. Dans l'eau.
06:35 Trois assiettes, c'est ce qui coûte le plus.
06:37 Puis deux crevettes, deux bulots, une tripe.
06:41 Une récrème, un tournodot, deux juliennes.
06:45 Deux muscadets, deux cidres, quatre whisky.
06:48 Un pastis, trois billes, 14 cafés.
06:51 Ce qui est étonnant.
06:53 12 cabanos, divisé par deux, ça fait 7 cafés et 6 cabanos.
06:57 Ce qui est étonnant.
06:59 La vie qui s'en souvient.
07:01 Je le disais hier encore à mon cousin.
07:03 Il ne viendra pas, celui-là.
07:05 Regarde donc sur la droite, la maçonneuse, là.
07:08 Sur la droite, en vert.
07:10 C'est là-dessus que nous pissions.
07:13 Une femme qui n'en avait plus pour longtemps.
07:16 Tant pleurer, tant piétiner son nom, agiter son image.
07:20 Mon cousin ne supporte rien, même pas le chagrin.
07:24 Avant de nous séparer, voici l'agneau de Dieu
07:27 qui enlève les péchés du monde.
07:29 C'est ce que disait l'autre, là, tout à l'heure.
07:32 Ça n'arrive qu'une fois.
07:34 C'est pour ça que ça prend du temps.
07:36 Elle est partie bien avant, trop attachée à la terre.
07:39 Voilà ce qui arrive.
07:42 Maître d'Arthur Adamoff.
07:44 Un député de Naux, le 9 septembre 1961.
07:48 en 1963.
07:50 [SILENCE]

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