Bertrand Sciboz, expert en recherche sous-marine, à propos de la disparition du sous-marin américain : «Rien ne permet de dire que ces bruits proviennent du sous-marin de poche en question»
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonjour M. Pro.
00:02 Pour répondre à votre première question,
00:05 il faut savoir qu'on n'est pas dans le cas d'un sous-marin militaire.
00:09 Un sous-marin militaire, on va pouvoir utiliser des moyens d'essence
00:13 ou des moyens de compensation d'air à l'intérieur.
00:16 Et là, on est dans le cas d'un petit tube,
00:20 pardonnez-moi l'expression, d'un petit tube en fil de carbone
00:24 qui est perdu au fond de l'océan.
00:26 Donc une fois que les robots sous-marins ou que les autres sous-marins,
00:31 si on en voit d'autres, l'auront découvert,
00:36 l'autre problème qui va se poser, ça va être de comment extraire les gens
00:41 et comment remonter ce sous-marin.
00:44 Extraire les gens qu'il y a à l'intérieur,
00:46 il est hors de question d'imaginer une quelconque extraction au fond de la mer.
00:51 Il ne faut pas rêver.
00:52 C'est possible dans le cas de sous-marins militaires, encore une fois,
00:55 mais ce n'est malheureusement pas facile dans ces cas-là.
00:58 Par contre, il est probable qu'il y ait une tentative de renflouement
01:06 de ce sous-marin par des moyens que les Américains sont actuellement
01:11 en train de déployer, c'est-à-dire que les Américains ont envoyé sur zone
01:15 leur bateau cause-garde et leur bateau militaire
01:18 avec des moyens de relevage de grande profondeur.
01:23 Encore faut-il pour ça que l'on ait trouvé l'épave.
01:27 Actuellement, on a entendu des bruits, mais rien ne permet de dire
01:31 que ces bruits proviennent du sous-marin de poche en question.
01:36 Et qu'est-ce qui a pu arriver ?
01:38 Il y a plusieurs hypothèses, bien entendu.
01:41 La plus risquée, celle auxquelles personne ne veut croire,
01:46 est l'hypothèse d'un dommage de la structure même,
01:50 puisque il ne faut pas oublier que c'est aussi un outil innovant
01:54 en fibre de carbone, donc en conséquence avec un gros hublot à l'avant.
01:58 En conséquence, on peut penser qu'il y a eu des fissures.
02:02 Le hublot n'était pas validé par les autorités,
02:07 par les bureaux de classification type Lloyd's ou Veritas.
02:11 En conséquence, on peut imaginer ça, mais je dis juste imaginer.
02:16 Tout est possible.
02:17 On peut imaginer aussi une panne électrique,
02:20 puisque à l'intérieur, tout est géré par l'électricité
02:24 avec une partie hydraulique.
02:26 Tout ce que l'on sait à l'état actuel des choses,
02:29 c'est que le sous-marin est parti d'un point A,
02:31 qui est le bateau, dont on savait la position précisément,
02:33 pour aller à un point B, qui n'est pas du Titanic,
02:36 dont on connaît la position précise exactement.
02:39 Donc, on va considérer ces deux points,
02:43 et c'est à partir de là que les recherches vont s'effectuer.
02:47 - Une question qu'on a pris de chère.
02:49 Est-ce qu'il est possible, si on arrive jusqu'au sous-marin,
02:52 de fournir de l'oxygène à ceux qui sont à l'intérieur
02:55 pour gagner du temps ?
02:57 - Je ne suis pas un spécialiste de ce sous-marin en particulier,
03:00 mais à mon avis, non.
03:02 Et c'est bien là le drame.
03:05 Vous imaginez que lorsque les robots vont finir par le retrouver,
03:10 et si par chance les gens sont encore vivants à l'intérieur,
03:13 et notamment mon ami Narjolet,
03:17 ça risque d'être terrible de ne pas pouvoir les aider,
03:22 et de savoir qu'ils sont encore vivants.
03:24 Donc ça, c'est une hypothèse qu'il ne faut pas écarter,
03:26 et qui risque d'être vraiment terrible.
03:29 - Je vais vous poser une dernière question,
03:31 puisque vous êtes expert en recherche sous-marine.
03:33 Est-ce que vous seriez monté dans ce sous-marin ?
03:35 - Moi, non, pas du tout, jamais, non.
03:38 Je suis monté dans les sous-marins plus petits,
03:41 genre Remora avec Deleuze,
03:43 et avec aussi Narjolet qui est à bord de sous-marin.
03:48 Mais jamais je ne monterais à bord de ce truc-là, non.
03:51 Je regardais cinq personnes à bord d'un tuyau comme ça, à genoux,
03:55 et le tout commandé par un joystick.
03:58 Je ne suis pas un fan.
04:01 - Et c'est votre ami, Paul-Henri Narjolet ?
04:04 - Oui, je connais bien Narjolet.
04:06 - Et lui a accepté, c'est ce que disait tout à l'heure,
04:09 son attaché de presse, et qu'il pensait que c'était parfaitement sécure.
04:13 - Voilà, à contrario, connaissant Narjolet,
04:17 j'ai moins de doute, si vous voulez,
04:21 parce que c'était quelqu'un qui était extrêmement précis dans ce qu'il faisait,
04:24 dans ses plongées, autant plongées physiques, de mémoire,
04:27 puisqu'il était commandant des plongeurs et des mineurs,
04:30 et il avait une réputation d'être quelqu'un de très sérieux,
04:33 surtout au niveau de la sécurité,
04:35 et de toutes les plongées qu'il ait pu faire,
04:37 notamment les premières avec le Nautil,
04:39 et les plongées qu'il a faites sur le Titanic.
04:42 Toutefois, il n'en reste pas moins que ce sous-marin était,
04:46 à mon avis, un truc un peu, un objet un peu expérimental.
04:51 [Musique]
04:54 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]