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  • il y a 2 ans
Mathieu Bock-Côté sur l'agression à Bordeaux : la folie, alibi de la sauvagerie ?

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00:00 Qu'est-ce qu'on voit sur le fond des choses, au-delà de la nationalité, panationalité
00:03 et tout ça? On est devant un individu troublé psychiquement, un individu troublé psychiatriquement,
00:09 un individu à problèmes, un individu qui est connu des services de justice, de police,
00:15 et qui est connu défavorablement, comme on dit très pudiquement. On est devant quelqu'un
00:20 qui ne devrait pas être dans la rue. On est devant quelqu'un qui devrait être soit à
00:24 l'asile, soit en prison. Je ne vois pas de troisième destination possible. Or, on est
00:29 devant cette personne qui circulait librement, comme tant d'autres personnes avec un semblable
00:34 profil circulent librement. Rappelez-vous, on en parlait il y a quelques mois, la colline
00:39 du crac à Paris. Rappelez-vous les gens dont on parlait à la colline du crac? C'était,
00:42 moi j'appelle ça poliment, des zombies. C'est-à-dire des individus qui sont effondrés psychiquement,
00:47 qui errent agressivement dans la rue, qui errent dans la ville et qui pourraient s'en
00:51 prendre à n'importe qui en toute circonstance. Et ça, ces zombies-là, qu'ils soient, et
00:57 je reprends la formule, d'origine africaine ou d'origine européenne ou d'origine australienne,
01:04 faites la liste, quels que soient leurs origines, ces zombies sont fondamentalement dangereux,
01:09 quels que soient leurs origines. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas la mentionner
01:11 par simple souci descriptif des faits. Or, ces zombies, aujourd'hui, représentent probablement
01:17 un des premiers facteurs de danger pour la sécurité publique des Français. Vous avez
01:21 des gens qui, dans la rue, en fait, on fait une forme de cartographie de la violence.
01:25 Il y a des gens qui vous agressent clairement parce qu'ils veulent quelque chose. Ils veulent
01:28 votre portefeuille, ils veulent votre sac, ils veulent votre argent, ils veulent vous
01:31 violer, ils veulent vous tuer, qu'en sait-je? Mais ils ont une raison. Il y a aussi, quelque
01:34 fois, le tiroisard des bandits, et ainsi de suite. Mais là, on est dans une autre catégorie.
01:39 On est devant des individus errants qui peuvent vous agresser en fonction de ce qu'on appelle
01:44 poliment une bouffée délirante. Quand on a cela à l'esprit, on se dit que nos villes
01:49 sont de plus en plus hantées, justement, par de tels zombies. Y a-t-il des individus
01:55 désocialisés et agressifs? Y a-t-il un lien avec l'immigration? Certains le prétendent,
02:00 d'autres disent que non, mais nous y reviendrons un peu plus tard.
02:03 Oui, on reviendra un peu plus tard et on fera un tour de table sur ce sujet parce que j'ai
02:08 énormément de questions à vous poser là-dessus. Mais posons-nous, Mathieu Bocote, maintenant
02:12 la question du traitement médiatique de cette agression.
02:16 Là, ça devient intéressant, encore une fois, parce qu'on voit tout de suite la mise
02:20 en garde, comment nous devons raconter et comment nous ne devons pas raconter. Je vais
02:24 vous citer d'abord un passage de Libération, sans surprise, et je vous dirai ensuite ce
02:28 que Libération a biffé au fil de la journée dans le texte. C'est intéressant. Oui, l'autocensure,
02:32 quelquefois, c'est intéressant. Alors, l'Ebay nous dit « Un vol à l'arracher comme il
02:37 s'en produit des dizaines chaque jour en France. » De ce point de vue, c'est descriptif.
02:41 « Mais celui-ci a été filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, suscitant une vive
02:46 émotion et des raccourcis dans la fachosphère. » Je précise qu'au fur et à mesure où
02:51 on avance dans la journée, le passage « Un vol à l'arracher comme il s'en produit des
02:55 dizaines chaque jour en France » est disparu. Ça n'était plus dans l'article de l'Ebay.
02:59 C'est intéressant. Pourquoi? Parce que c'est une information assez pertinente. L'Ebay
03:03 banalisait. On a vu la scène. C'est d'une violence incroyable. On a le zombie qui s'en
03:08 prend à la grand-mère, qui s'en prend à la petite, qui les traumatise durablement,
03:12 peut-être même à vie, qui veut soit les voler, soit kidnapper la petite. C'est d'une
03:16 violence extrême. Comment l'Ebay, voyant ces faits, voyant ces faits, comment on nous
03:20 le raconte? « Un vol à l'arracher comme il s'en produit des dizaines chaque jour
03:24 en France ». Mais que de calme, que de tolérance envers cela chez l'Ebay. Mais encore une
03:30 fois, je prends la peine de dire qu'ils ont retiré cette phrase plus tard dans la journée.
03:34 C'est intéressant quand même, cette manière de faire disparaître une phrase comme ça.
03:37 Peut-être se sont-ils rendus compte que le commun des mortels, quand on lui explique
03:40 que ce n'est pas grave ce qui vient de se passer, ça arrive tout le temps, calmez-vous,
03:44 bien il se peut que le commun des mortels, quand on lui explique qu'une telle agression
03:47 arrive tout le temps, ça ne le rassure pas, ça lui dit que c'est peut-être une mauvaise
03:50 nouvelle. Premier élément.
03:52 Ensuite, description par France Inter. Je cite « Un fait divers qui fait réagir l'extrême
04:00 droite ». Éric Zemmour, ce matin. On ne sait même pas encore de quoi on parle, mais
04:03 on sait que c'est un fait divers qui fait réagir l'extrême droite. Comprenez, c'est
04:07 méchant. Révélé par le préfet de Nouvelle-Aquitaine sur Twitter. Il parle d'une agression, d'une
04:12 rare violence hier soir à Bordeaux. Une septuagénaire et sa petite fille auraient été sorties
04:18 de chez elle.
04:19 Au conditionnel.
04:20 Ah ben oui, comme ça le conditionnel apparaît soudainement, mais la réaction d'Éric Zemmour
04:23 et de l'extrême droite n'est pas conditionnelle. Auraient été sorties de chez elles et jetées
04:28 à terre par un homme. Lequel? Qui a ensuite été interpellé. C'est ce qu'on voit dans
04:33 une vidéo diffusée par le maire de Bordeaux. Il dénonce lui aussi des images insupportables.
04:38 Alors, décryptons un peu ce qui se dit là-dedans. Premièrement, on nous explique que c'est un
04:43 fait divers. Compris? C'est pas un fait de société, ça n'a pas de signification politique.
04:46 Circuler, il n'y a rien à voir. C'est un fait divers.
04:49 Si vous ne voulez pas y voir un fait divers, c'est bien la preuve que vous êtes d'extrême
04:53 droite. L'extrême droite, toujours présente partout. Et donc, vous vous identifiez. Vous
04:58 pensez que c'est pas un fait divers? Vous êtes d'extrême droite. Vous êtes peut-être
05:00 même comme Éric Zemmour. Regardez à qui vous ressemblez si vous pensez la chose suivante.
05:06 Vous voulez vraiment ressembler à Zemmour? C'est ce qu'on dit, pensez pas ça.
05:09 Ensuite, on décrit au conditionnel. C'est intéressant la description conditionnelle.
05:13 Et à la fin, une référence au maire de Bordeaux qui est fausse par ailleurs. Ce n'est pas
05:16 le maire de Bordeaux qui a diffusé, c'est l'ancien maire de Bordeaux. Mais si on demandait
05:20 de la rigueur à France Inter, franchement, on aurait beaucoup de... Les espérances doivent
05:24 être réalistes en ce monde. Ensuite, ensuite, ce qui est intéressant dans
05:29 la description des faits, c'est qu'on nous explique que, puisque c'est un fait divers,
05:33 ça ne mérite pas une telle narration, ça ne mérite pas une telle place dans la vie
05:36 publique. Et la seule raison pour laquelle on en parle, c'est parce que ça a été filmé,
05:40 et c'était filmé, et là, la fachosphère peut s'en emparer. La fachosphère peut s'en
05:44 emparer. Dès lors, nous sommes en ce moment victimes d'une manipulation de la fachosphère
05:50 qui donne une importance démesurée à un événement qui est un fait divers. D'ailleurs,
05:54 il en arrive des dizaines par jour, comme nous le disait Libé avant de s'auto-censurer.
05:59 C'est intéressant. Ensuite, qu'est-ce qui choque, manifestement, ici, nos amis de la
06:03 presse autorisée? Eh bien, ils nous disent que c'était filmé. C'était filmé. Si c'était
06:08 pas filmé, on ne nous embêterait pas avec ça. Si c'était pas filmé, ce serait justement
06:12 ce fait divers qui arrive des dizaines de fois par jour en France. Pourquoi vous vous
06:15 préoccupez de ça? Un zombie qui agresse une grand-mère et sa petite-fille, c'est normal.
06:19 Dizaines de fois par jour, calmez-vous. - Et si j'ai pu me permettre, on fera un tour
06:22 de table, justement, sur ce sujet, parce que toutes les questions se posent ce soir sur
06:26 qui a filmé, qui a posté, qui a osé... - Alors, on raconte que c'est une vidéo...
06:28 Vous savez, c'est l'espèce de visée à fond... - Non, non, non, mais je sais bien.
06:31 - Mais qui a diffusé, oui. - Mais je veux dire que qui a diffusé...
06:33 Oui, mais c'est ça. Qui a diffusé, qui a posté, etc., au lieu de s'inquiéter, peut-être,
06:39 du véritable problème. - Voilà l'important. On se fondent totalement
06:42 sur l'événement politique. Aujourd'hui, ce n'est plus l'agression. C'est qui a osé
06:46 en faire un événement politique, qui a osé en faire un événement social, qui a osé
06:50 filmer. D'ailleurs, on nous a mis en garde immédiatement, sur une chaîne info pro-gouvernementale.
06:55 On nous a mis en garde, encore une fois, en nous disant que si vous diffusez la vidéo,
06:59 vous risquez de véritables soucis, des soucis juridiques, des soucis des pénalités financières,
07:04 amendes et ainsi de suite. Donc, si vous diffusez la vidéo, vous participez à la transformation
07:09 du fait divers en fait de société. Et ça, c'est inacceptable. Ça, c'est inacceptable.
07:14 Dès lors, l'événement politique, au terme de la journée, ce n'est plus l'agression
07:17 par le zombie de la grand-mère et de sa petite-fille. L'événement, c'est que certains aient vu
07:22 une signification politique dans cela, que certains aient filmé, qu'on ait pu diffuser
07:28 la vidéo et que le commun des mortels soit désormais victime d'une manipulation par
07:31 la fachosphère. Je note que Pierre Hermic, le maire de Bordeaux, s'est finalement manifesté.
07:36 Et qu'est-ce qu'il nous a dit? C'était quoi son principal souci? C'était quoi le message
07:39 de la journée? Pas de récupération. Ah, surprise. Surprise, je le cite. « Je n'entends
07:43 pas commenter des réactions qui non seulement sont indécentes, mais sont indignes. Je pense
07:48 à des réactions de récupération politique. » On est même parvenu, on le comprend, que
07:52 l'avocat de la famille est même parvenu à faire dire la même chose à la famille,
07:54 qui est probablement déstabilisée par les événements. Finalement, dit, répète le
07:58 propos attendu pour ne pas faire de vagues. Vous me permettez de faire le commentaire
08:03 suivant. Je pense que, pour le dire avec la formule anglo-saxonne, américaine, pas de
08:08 récupération, is the new pas d'amalgame. C'est-à-dire, on disait pas d'amalgame au
08:12 moment des attentats. Désormais, la nouvelle formule pour empêcher de réfléchir à la
08:16 signification des événements, c'est pas de récupération, pas de récupération, pas
08:20 de récupération. Autrement dit, ne pensez pas.
08:22 [Musique]
08:25 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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