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  • 05/06/2023

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00:00 - Voilà, notre invitée du jour, c'est Diane Baumnet-Jouanet,
00:04 responsable plaidoyer, déchets, à Surf Rider Foundation Europe.
00:08 Diane Baumnet-Jouanet, bonjour, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:12 On vient d'en parler avec Marina Bertsch.
00:14 La pollution plastique, elle est partout.
00:17 Elle est sur terre, dans les océans, dans l'air aussi.
00:21 Il y a urgence aujourd'hui à trouver un traité international
00:24 pour lutter contre cette pollution.
00:26 - Oui, tout à fait. Le plastique, c'est un peu comme le climat,
00:30 le dérèglement climatique. C'est vraiment une pollution diffuse,
00:32 une pollution persistante.
00:34 Donc, on a une contamination plastique partout dans le monde.
00:37 Tous les pays sont responsables, pas au même niveau,
00:40 mais tout le monde est responsable et tout le monde est impacté par cette pollution
00:43 parce que vu qu'elle est diffuse, il n'y a pas de frontière.
00:46 Les microplastiques se baladent et on en a dans l'air, dans l'eau,
00:49 dans notre corps, dans 90% de la biodiversité.
00:51 Donc, il y a urgence à agir et à avoir une décision,
00:55 on va dire, de la part de tous les États pour que les efforts soient
00:59 bien répartis et qu'on ait des mesures de réduction à l'ensemble de la planète.
01:04 - La semaine dernière, il y avait ces négociations à l'UNESCO,
01:07 175 pays présents au siège de l'UNESCO à Paris.
01:13 Des pays qui ne s'accordent pas vraiment sur les solutions à donner.
01:17 Certains privilégient d'abord le recyclage et d'autres,
01:21 notamment la France, l'Union européenne également,
01:23 veulent s'en prendre à la production de plastique aux industries pétrolières.
01:27 Et là, il y a un vrai fossé entre les deux.
01:30 - Effectivement, il y a un vrai fossé.
01:31 Tous les États du monde s'accordent sur le fait qu'il faut réduire la pollution
01:35 plastique parce que tout le monde a conscience aujourd'hui des impacts
01:38 sur l'environnement, sur la santé.
01:40 Mais sur les solutions, il y a quand même une grosse division
01:43 entre un groupe d'États qui reste majoritaire qui est pour une réduction.
01:46 - Parmi ces États, il y a notamment les États-Unis, la Russie ou encore la Chine,
01:50 l'Arabie saoudite.
01:51 - Sur les États qui sont plutôt sur la fin de vie des déchets,
01:55 donc plutôt le recyclage, on a effectivement les États-Unis,
01:58 la Russie, l'Arabie saoudite, la Chine, l'Inde.
02:00 Donc des pays qui sont attachés à la production de pétrole, de plastique
02:05 et donc qui ne veulent pas prendre des mesures de réduction
02:09 et donc mettre à mal potentiellement leur économie.
02:11 Et de l'autre côté, une majorité d'États qui veulent plutôt des mesures
02:14 de réduction de la production et de réduction des éléments chimiques
02:17 toxiques dans les plastiques, ce qui est assez important
02:20 et dans lesquels on retrouve l'Union européenne, les pays africains,
02:22 des pays d'Amérique latine.
02:24 Donc on a quand même finalement, malgré certains pays bloquants,
02:27 une majorité d'États qui veulent aller plus loin sur ce sujet.
02:29 - Et le recyclage aujourd'hui, ce n'est pas la solution ?
02:32 - Non, ce n'est pas la solution.
02:34 De tous les déchets qui ont été produits jusqu'à aujourd'hui,
02:36 seulement 9% sont recyclés et on recycle en moyenne 30% de nos plastiques.
02:41 Donc il faut savoir que sur tous les plastiques qu'on produit,
02:43 qu'on consomme au quotidien, il n'y en a qu'une minorité
02:45 qui est effectivement recyclée.
02:46 Donc on n'aura jamais la capacité de traiter les 460 millions de tonnes
02:50 de plastiques qu'on met sur le marché.
02:51 Donc le recyclage, c'est une partie de la solution,
02:54 mais ce n'est pas une solution en soi.
02:55 Il faut d'abord réduire, optimiser la consommation, l'utilisation,
02:58 le réemploi des plastiques et au final les recycler.
03:01 - Le recyclage qui pollue également d'une certaine mesure
03:05 et certains pays ne sont pas en mesure aussi de recycler aujourd'hui,
03:09 notamment certains pays du Sud.
03:11 - Oui, alors certains pays du Sud n'ont pas de système de traitement de déchets.
03:14 Donc ça, c'est ce qui est beaucoup demandé dans le cadre des négociations,
03:18 d'avoir un soutien technologique et un transfert de compétences
03:21 pour pouvoir développer les systèmes de traitement des déchets et de recyclage.
03:24 Mais effectivement, tout mode de traitement des déchets,
03:26 que ce soit l'enfouissement, l'incinération ou le recyclage,
03:28 a un impact sur l'environnement.
03:30 D'où l'intérêt de réduire à la source et d'avoir moins de déchets à gérer
03:33 pour pouvoir réduire l'impact global de ces déchets.
03:36 - La semaine dernière, ces pays ont voté pour qu'une première version
03:39 d'un futur traité contre cette pollution plastique
03:41 soit rédigée d'ici le mois de novembre,
03:44 d'ici la prochaine session de discussion.
03:46 Est-ce que c'est quand même une étape importante ?
03:48 - Oui, c'est quand même une étape importante,
03:49 puisque les négociations commençaient par un gros blocage sur les règles de procédure.
03:53 Donc ce n'était pas gagné qu'on ait ce mandat pour la rédaction d'un texte.
03:58 Et finalement, jusqu'à novembre, les Etats vont continuer de travailler,
04:01 de travailler sur les questions techniques et d'avancer sur une rédaction d'un texte
04:05 qui va pouvoir permettre d'aller plus loin, en tout cas dans les discussions
04:08 et d'avoir un texte sur la table avec des engagements concrets.
04:12 Et après, on verra sur les options, les objectifs, les obligations
04:16 auxquelles les Etats vont devoir se soumettre.
04:17 Il va y avoir encore des discussions.
04:19 Et sur l'engagement volontaire ou contraignant des obligations,
04:22 il va y avoir encore des discussions.
04:24 - On l'évoquait avec Marina Bertsch à l'instant.
04:27 Il y a aussi des négociations climat qui débutent à Bonn, en Allemagne,
04:30 pour la future COC qui se tiendra à Dubaï.
04:35 Toutes ces négociations, finalement, c'est tout notre mode de vie
04:38 qu'il faut revoir, notre mode de consommation,
04:40 parce qu'aujourd'hui, le plastique est central depuis les années 60.
04:43 - Oui, effectivement, ça revient en question.
04:45 - Ça fait partie aussi, parce que le plastique produit des gaz à effet de serre également.
04:49 Ça fait partie aussi de la lutte contre le réchauffement climatique.
04:52 - Tout à fait. Le plastique est en fait à partir de pétrole.
04:55 Quand on commence à parler de réduction de la production de plastique,
04:58 on commence à parler de réduction des énergies fossiles,
05:02 en fait de la production des énergies fossiles.
05:04 Et tout notre modèle économique est fondé sur ces énergies fossiles.
05:06 Donc pour nous, au NG, il y a un intérêt à faire le lien
05:09 entre climat et plastique, voire biodiversité, parce que tout est lié.
05:14 Et donc, il nous faut changer notre modèle économique
05:15 et ne plus être fondé sur les énergies fossiles.
05:17 Donc, il faut engager cette transition,
05:19 que ce soit pour des raisons de dérèglement climatique ou de pollution plastique,
05:22 parce que dans tous les cas, on n'aura plus le choix.
05:24 Il faut faire évoluer.
05:26 Et c'est pour ça que ça bloque autant dès le début.
05:29 - 460 millions de tonnes de plastique par an,
05:31 un chiffre qui pourrait tripler d'ici 2060.
05:35 Est-ce qu'un traité aujourd'hui, ça n'arrive pas trop tard,
05:39 finalement, quand on voit toute cette pollution qui est déjà faite,
05:44 le mal est fait dans les océans et le plastique qui,
05:46 finalement, ne disparaît jamais vraiment et se transforme en micro-particules,
05:50 nanoparticules.
05:52 Mais ça reste pour l'instant, le mal est fait.
05:55 - Le mal est fait, mais il faut limiter en tout cas les impacts
05:59 sur l'environnement, sur la santé.
06:01 C'est un peu comme le climat.
06:02 Il nous faut, par cette prise de conscience généralisée,
06:05 prendre des décisions ambitieuses.
06:06 Vu qu'on arrive un peu tard, il faut que l'ambition soit très forte.
06:09 Il faut beaucoup de moyens pour amorcer un changement.
06:12 On a besoin d'avoir des mesures importantes.
06:14 On ne va pas se laisser envahir encore plus par le plastique.
06:18 Notre santé en dépend.
06:19 - Merci beaucoup, Diane Baumnet-Jouanet d'avoir été notre invitée sur France 24.

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