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  • 21/03/2023

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00:00 commenter cette séquence qu'on va vous faire vivre en direct à partir de midi
00:04 sur France 24. Pierre Legrand nous fait l'honneur d'être sur ce plateau, bonjour.
00:07 Merci d'être là, vous êtes l'un des ex-otages d'Arlitt pour rappel enlevé au
00:11 Niger en 2010, Parakmi finalement libéré en 2013. Vous qui avez vécu trois ans
00:18 en captivité et qui connaissez bien ce que ça prête à vivre,
00:20 Olivier Dubois, ce matin ce retour en France, le retour avec les proches,
00:26 on est dans quel état d'esprit à ce moment là ? On est impatient, on
00:31 appréhende aussi, on espère que tout le monde va bien, parce que moi je suis
00:35 resté trois ans, Olivier deux ans donc il a le temps de se passer beaucoup de
00:38 choses donc on appréhende aussi un petit peu, on appréhende aussi toute la sortie
00:43 avec les médias, les journalistes, alors moi je suis pas du tout un homme de médias.
00:47 C'est ce qu'il disait hier lui-même, Olivier Dubois qui est pourtant lui-même journaliste, il disait "j'ai pas
00:51 l'habitude de me retrouver face au micro". Voilà c'est très impressionnant.
00:54 Vous avez eu le sentiment d'une accélération du temps peut-être ?
00:57 Oui, tout va vite, c'est très impressionnant, on se sent très vite débordé, mais on a hâte de
01:04 retrouver nos proches dans un endroit confiné où on sera avec nos proches,
01:08 personne d'autre, et prendre le temps de discuter, prendre le temps de profiter
01:13 d'un instant, de les retrouver. Pour moi ça a été avec mon frère, mes soeurs
01:17 aussi qui avaient énormément grandi, elles étaient jeunes quand je suis parti,
01:20 et c'est des moments qui sont importants et qu'on attend.
01:24 Vous aviez 25 ans quand vous aviez été enlevé à Arlide, donc trois ans plus tard vous
01:29 retrouvez votre famille. Évidemment tout le monde aujourd'hui pense à la femme
01:33 d'Olivier Dubois, à ses deux petits enfants qu'il va retrouver
01:36 aujourd'hui. Je vous parlais du changement, il se passe beaucoup de choses pour vous
01:38 en trois ans, deux ans aussi, c'est énorme. J'imagine qu'on a hâte et on
01:43 appréhende en même temps ce face à face. C'est ça, on espère que tout le monde va bien,
01:48 qu'il n'y a pas eu de coup dur. On se sent un peu responsable aussi, on a
01:53 toujours un peu de culpabilité par rapport à ce qui s'est passé.
01:57 On se prépare, on se dit "qu'est ce qu'il va falloir que je gère après ?"
02:01 Ça va être vis-à-vis de l'administratif, ça va être vis-à-vis des impôts, ça va être
02:05 plein de choses. On se dit "mais est-ce que j'ai été payé, est-ce que j'ai toujours une
02:08 mutuelle ?" Moi c'est dans l'avion qu'ils me ramenaient, je me disais "oui j'ai
02:12 tout ça à gérer, comment je vais gérer ça ?" Et c'est plein de choses auxquelles on
02:16 pense, c'est très confus, il y a plein de sentiments, il y a plein de
02:20 sentiments, il y a de la joie, il y a de l'appréhension, il y a de la crainte,
02:24 on est impatient aussi, c'est plein de sentiments mélangés.
02:28 Le vol comme ça, c'est un peu comme le temps suspendu, ce dernier trajet
02:34 avant le retour avec les proches, j'imagine qu'il y a quand même du monde
02:37 aussi dans l'avion, on n'est pas seul pendant ce voyage ?
02:39 J'étais avec le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Défense à l'époque,
02:44 avec qui on a pu échanger, et puis tout le staff, mais oui c'est un temps un peu
02:49 bizarre, je n'ai pas encore les mots pour décrire tout ça.
02:54 On a les images de vos retrouvailles sur le tarmac.
03:01 Je vous demandais juste avant, est-ce qu'on vous avait demandé si vous
03:04 vouliez prendre la parole, parce que c'est vrai que parfois certains otages
03:08 tout juste libérés ont besoin de parler, de remercier, de s'exprimer, puis d'autres
03:13 veulent rester évidemment dans leur intimité, c'était votre cas à vous ?
03:16 Pour moi oui, on m'a proposé de prendre la parole plusieurs fois, j'ai refusé,
03:20 parce que je ne savais pas trop quoi dire, je ne suis pas quelqu'un des médias,
03:25 donc je n'ai pas l'habitude, et c'est de voir, enfin là à Villacoupelet,
03:29 c'est très impressionnant de voir toute la rangée de caméras, de photographes.
03:32 C'est ce qu'on ne voit pas à l'écran évidemment.
03:34 C'est l'autre côté, et c'est très impressionnant qu'on ne connaît pas,
03:37 donc non, je n'avais pas du tout envie de prendre la parole, j'avais envie de
03:41 remercier les gens, mais dans l'intimité, après il y a un petit bureau justement,
03:44 on a été à Villacoupelet, où c'est là où j'ai pris le temps de remercier les gens,
03:47 que ce soit les gens de mon entreprise, la cellule de crise aussi, qui était les
03:51 gens de la cellule de crise du ministère des affaires étrangères, donc c'est là
03:54 où on prend le temps de les remercier, mais devant tout le monde, c'était trop
03:57 impressionnant pour moi.
03:58 Le chef de l'État, j'imagine qu'à 25+3 à 28 ans, se retrouver en face de François Hollande,
04:03 Olivier Dubois lui sera accueilli par Emmanuel Macron dans moins d'une heure,
04:07 ça c'est quelque chose qu'on n'envisageait pas ?
04:10 Non, non, non, alors moi j'avais déjà rencontré M. Fabius et M. Le Drian,
04:15 M. Le Drian qui avait été justement très avenant avec moi, qui avait réussi à un peu
04:21 me dérider et à me faire comprendre que voilà, j'allais retrouver ma famille,
04:25 c'était assez agréable cette discussion que j'ai pu avoir avec lui, mais oui,
04:28 on n'est pas préparé à tout ça, enfin, j'étais pas préparé à rester trois ans
04:31 autache d'Al-Qaïda, là pareil, j'arrive, j'étais pas préparé à rencontrer
04:35 un président de la République, c'est très impressionnant et on perd vite pied,
04:39 on est vite perdu et c'est pour ça que, enfin, heureusement ma famille était présente,
04:45 mon frère surtout, sur qui j'ai pu beaucoup compter et ça a été mon repère,
04:49 lui, t'inquiète pas, on va gérer ça pour toi, alors lui là, c'est des gens de la Cil de crise,
04:54 ils nous ont beaucoup soutenus, voilà, ils m'ont aussi parlé de l'association
04:58 de la FENVAC, de SOS otage, à l'époque qui était otage du monde,
05:02 et en me disant, ben voilà, eux ils vont t'aider parce que moi, direct,
05:04 je suis arrivé, j'ai posé la question, j'ai une mutuelle, comment ça se passe,
05:07 faut que j'aille chez le médecin. - Des questions bien concrètes.
05:09 - Très concrètes, voilà. - Que se posera sûrement Olivier Dubois à son arrivée.
05:13 Vous êtes mobilisé pour Olivier Dubois, on s'est mobilisé ici aussi sur France 24,
05:18 chaque mois rappelant son état, son sort. Qu'est-ce que vous vous disiez
05:24 pendant ces deux longues années, qu'on n'en parlait pas assez ?
05:29 - Ah oui, c'est ce que j'avais dit dans les studios de RFI, qu'on en parlait très très peu,
05:33 je pense qu'on a été beaucoup plus médiatisés, nous les otages d'Arlites,
05:36 je trouvais qu'il y avait très peu de communication dans les médias,
05:40 de la part du gouvernement, enfin voilà, moi je sais qu'il y avait beaucoup de...
05:44 Régulièrement, il y avait mon visage qui était affiché dans les médias une fois par semaine, je crois.
05:49 Enfin, il y a eu beaucoup de choses qui ont été faites, très peu,
05:51 donc c'est pour ça que j'ai essayé avec l'association SOS Otage,
05:55 il y a RSF aussi qui s'était mobilisé, il y a le comité de soutien,
06:00 et de mobiliser les gens, de mobiliser les politiques,
06:03 on a été soutenu par certains politiques qui nous ont reçus,
06:07 qui ont parlé d'Olivier à l'Assemblée Nationale,
06:09 je pourrais prendre l'exemple d'Éric Botorel et Giovanni William,
06:13 qui tout de suite ont été assez réactifs et nous ont soutenus et se sont mobilisés.
06:19 - Vous me disiez tout à l'heure, en off, que dans votre cas, vous étiez branché aussi sur le canal des RFI,
06:23 parfois, c'est le cas d'Olivier Dubois, il a dit "j'ai eu des nouvelles"
06:27 et ça, ça m'a permis de m'accrocher, de tenir ce canal de communication si précieux pour les otages.
06:32 - C'est très important, on peut entendre nos proches, mais on peut aussi entendre les politiques,
06:38 c'est toujours agréable d'entendre un politique parler de notre captivité en disant qu'il se mobilise,
06:42 on sait que ça rassure, on se dit que l'État fait quelque chose,
06:46 et puis ça permet d'avoir des nouvelles de ce qui se passe dans le monde aussi, de manière générale,
06:52 c'est vraiment très très important, ça aide vraiment à tenir le coup pour le quotidien.
06:57 Vraiment, dès que j'ai écouté RFI, au début en cachette, de loin,
07:01 et puis après j'ai eu accès à la radio et j'écoutais "Afrique matin", "Afrique midi",
07:07 et c'était vraiment des moments que j'attendais dans la journée,
07:11 des petites pauses dans la captivité où je pouvais un peu m'évader.
07:15 - Merci beaucoup Pierre Legrand, vous restez évidemment avec nous, on va commenter ensemble.
07:20 Vous nous faites honneur de rester parmi nous pour commenter cette séquence.

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