Confiteor - Pascal Boulanger

  • il y a 9 ans
La vérité poétique fait scandale, rupture, impossibilité de clore, de conclure ou encore de réussir.

L’espèce ? Elle croit dur comme fer à son progrès et à son salut. L’humanisme claironné ? Un crime généralisé sous le masque des droits de l’homme. La religion de notre temps ? Un pathos maternel et social.
L’homo technicus, programmé dans un tube de verre, éduqué dans les collèges de l’illettrisme et de la violence communautariste, ne fonctionne plus que par messages préétablis.

Ce que j’écris, depuis le début des années 90, part d’une vérité étroitement liée à des expériences subjectives, personnelles.
J’écris à partir de ce que Léon Chestov appelle un texte zéro, traumatique, caché… Quelque chose, en effet, surgit du dehors et gagne ma propre existence. Quelque chose vient buter et échouer qui nécessite déjà un dévoilement. Un fond de nuit, une série de mémoires instinctives et qui surgissent dans ma propre vie. Mon écriture alors s’ouvre au hasard, aux circonstances, aux accidents, en sachant qu’une chute a eu lieu et que l’écriture poétique va tenter de renverser la malédiction (la malédiction de toute existence) en exultation.

Les eschatologies temporalisées ont fait long feu… Mais nous ne nous réveillons toujours pas. Nous croyons encore être des dieux et nous répétons le meurtre inaugural. Nous voulons jouir de la vie et nous transformons le réel en marchandise.
Que peut être une vie – le bonheur d’une vie – au sein même de la catastrophe généralisée ?

C’est contre leur propre sang circulant que les hommes sont aux aguets, contre leur propre vie qu’ils se mettent à l’affût, dans la résolution maniaque de se nier et de nier l’autre, de pourrir le don de l’existence et de le changer en lacune. Tout pouvoir ne vit que de ceux qui s’y résignent, toute parole qui n’est pas d’amour demeure dans la nuit. Quelle serait l’échappée belle ?

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