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  • il y a 2 ans
Transcription
00:00 Renaud est longtemps marché. Il est si fatigué. Cette phrase qu'il lit au détour d'un chemin
00:16 qui borde une rivière le convainc de faire halte. Il passe les eaux sur une barque qu'il
00:24 invite à être au voyage. Il est très fatigué. Il ne peut plus faire de choses. Il est très
00:31 fatigué. Il ne peut plus faire de choses. Il est très fatigué. Il ne peut plus faire
00:38 de choses. Que c'est beau!
01:03 Dix-six. Tu ne peux manquer un de ses gestes. Ni être un homme, ni être un homme. Tu es
01:30 un homme. Tu ne peux manquer un de ses gestes. Ni être un vieux de vie. Il va bientôt dormir
01:37 envoûté par les lieux. Il te verra, encore moins. Lorsque je bondirai de ma cache, il
01:49 n'aura même pas le temps d'un regard sur celle qui le percera. Maintenant laisse-moi
01:57 dormir. Plus j'observe ces lieux et plus je les admire. Ce fleuve coule lentement et
02:17 s'éloigne un regret d'un séjour aussi charmant. Les plus aimables fleurs et les plus douces
02:30 effirent. Parfume l'air qu'on y respire. Non, je ne puis quitter de rivages si beaux. Un
02:47 son harmonieux se mêle au bruit des os. Les oiseaux enchantés se taisent pour l'entendre.
03:03 Ah, les charmes du sommeil, j'ai peine à me défendre. Ce gazon, cet ombrage frais,
03:20 tout m'invite au repos sous ce feuillage d'aigle. Renaud respire l'air délicieux,
03:34 puis levant les yeux vers une vaguelette qui s'élève au milieu puis tourne sur elle-même.
03:40 Il voit le beau visage, dans ses très doux parages, d'une nymphe suprême, puis le début
03:50 d'un buste. Présentant sa faiblesse au moyen d'harmonieux accords, l'enchanteresse charme,
04:00 endort le preux contre un tronc robuste. Un profond sommeil enchaîne alors ses sens.
04:07 Nul fracas ne dépareille son abyssal sommeil, figure de mortelle dormance.
04:35 Enfin, il est en ta puissance, ce fatal ennemi, ce superbe marquin.
04:43 Le charme du sommeil me livre à ma vengeance. Je vais percer son invincible cœur.
04:52 Par lui, tous mes captifs sont sortis d'esclavage. Qu'il éprouve toute ma rage.
05:04 Quel trouble me saisit ? Qui me fait hésiter ? Qu'est-ce qu'en sa faveur la pitié veut me dire ?
05:12 Frappons ! Sienne ! Qui peut m'arrêter ? Achevons !
05:20 Je prémis. Est-ce ainsi que je dois me venger aujourd'hui ?
05:30 Ma colère s'éteint quand j'approche de lui. Plus je le vois et plus ma vengeance est vaine.
05:40 Mon bras tremblant se refuse à ma haine.
05:47 Quelle cruauté de lui ravir le jour. A ce jeune héros, tout cède sur la terre.
05:59 Qui croirait qu'il fut né seulement pour la guerre, il semble être fait pour l'amour.
06:11 Ne puis-je me venger à moins qu'il ne périsse ? Et ne suffit-il pas que l'amour le punisse ?
06:19 Puisqu'il n'a pu trouver mes yeux assez charmants qu'il m'aime, au moins par mes enchantements.
06:25 Que s'il se peut, je le haïsse.
06:29 [Musique]
06:50 [Musique]
07:01 Je cède à ce vainqueur. La pitié me surmonte.
07:07 Démon ! Cachez ma faiblesse et ma honte dans les plus reculés déserts.
07:17 Démon ! Venez ! Conduisez-nous au bout de l'univers.
07:25 Venez ! Secondez mes désirs. Démon ! Transformez-vous en des mâbles épures.
07:35 [Musique]
08:05 Elles le filent avec lui par la voie des cieux. Ils atterrissent tous deux de l'autre côté du monde,
08:12 où elle le fait construire un palais par ses diaboliques essuppos.
08:16 Sur une île d'Occident, loin du Moyen-Orient, c'est l'écrin des amours d'Armide et de Renaud.
08:24 Un beau pays de cocagne, tout couvert d'ombres épaisses.
08:28 Sur la cime d'une montagne, elle creuse un lac et rige une forteresse.
08:34 Par la force d'un sortilège, ses versants sont couverts de neige et son sommet de verdure.
08:41 Ici, la belle saison perdure. Pourtant, l'été n'y scintille pas sous toutes ses faces.
08:48 L'hiver non plus ne s'arme pas de monceaux de glace.
08:53 L'air docile, au loin d'Armide, est à la fois humide et plein d'odeur subtile.
09:02 En ces rameaux, il appelle la sève. C'est un été sans trêve.
09:07 [Rires]
09:14 C'est un été sans trêve. Ah, si la liberté me doit être ravie !
09:21 Est-ce à toi d'être mon vainqueur ? Trop funeste ennemi du bonheur de ma vie !
09:28 Faut-il que malgré moi tu règnes sur mon cœur ?
09:33 Le désir de ta mort fut ma plus chère envie.
09:37 Comment as-tu changé ma colère en longueur ?
09:41 En vingt-deux-mille amants, je me croyais suivi. Aucun n'a fléchi ma rigueur.
09:48 Se peut-il que Renaud tienne à Armide asservie ?
09:53 [Rires]
09:57 Que ce dévable loi à mon âme est asservie !
10:01 Qu'il m'aidou de te voir partager ma longueur.
10:04 Qu'il m'aidou d'enchaîner un si fameux vainqueur.
10:07 Que mes fèves sont si dignes d'envie.
10:09 Aimons-nous, tout nous y convie.
10:13 Si tu avais la rigueur de m'enlever ton cœur, tu m'offrirais la vie.
10:17 Non, je perdrais le jour plutôt que d'éteindre ma flamme.
10:22 Non, rien ne peut changer mon âme.
10:24 Non, je perdrais le jour plutôt que de me dégager d'un si charmant amour.
10:35 [Musique]
10:44 Armide, tu vas me quitter.
10:47 J'ai besoin des enfers.
10:49 Je vais les consulter, mon arbre de l'insolitude.
10:52 L'amour que j'ai pour toi à cause de l'inquiétude dont mon cœur se sent agité.
10:57 Vraiment, me quitter.
11:00 Mais vois en quel lieu je te laisse.
11:04 Ne puis-je rien voir que tes appâts ?
11:07 Les plaisirs te suivront sans cesse.
11:09 En est-il ou tu ne serais pas ?
11:13 Va-t'en.
11:15 Un noir pressentiment me trouble et me tourmente.
11:21 Il m'annonce un malheur que je veux prévenir.
11:24 Et plus ton bonheur m'enchante, plus je crains de le voir finir.
11:29 D'une bête terreur pourrais-tu être atteinte ?
11:34 Toi qui fais tant trembler le ténébreux ces jours.
11:39 Tu m'apprenais à connaître l'amour.
11:44 L'amour m'apprend à connaître la crainte.
11:47 Tu vivais pour la gloire avant que de m'aimer.
11:50 Tu l'as cherché partout, du dardeur sans égale.
11:54 La gloire est une rivale qui doit toujours m'alarmer.
11:59 Qu'étais-je insensé de croire
12:02 qu'un valeurier donné par la victoire de tous les biens fut le plus précieux ?
12:07 Est-il seulement un bien si charmant, si rare,
12:12 que celui dont l'amour peut combler mon espoir ?
12:17 La sévère raison et le devoir barbare sur les héros n'ont que trop de pouvoir.
12:26 Plus la raison m'éclaire, plus je suis amoureux.
12:31 T'adorer, bel amide, est mon premier devoir.
12:37 Je me fais gloire de te plaire.
12:40 Tout mon bonheur est de te voir.
12:43 Et tandis que ça donne les tourtereaux à la passion,
12:52 un très proche chevalier, Hubald, par Bouillon-Missonnet, vient chercher Renaud,
12:57 voulant lui annoncer son retour en grâce
13:01 et lui intimer l'ordre de désensorceler la forêt des croisés
13:05 où trouvait les futets destinés à la tour d'assaut de Bouillon,
13:09 stratagème pour enjamber les créneaux de Jérusalem.
13:13 (Musique)
13:17 (Musique)
13:20 (Musique)
13:49 Aimons-nous, tout nous y confie.
13:53 Aimerons-nous dans cette glace
13:57 que nous présente l'amour sous les traits d'un bouti.
14:01 S'y superposent nos deux faces, confondues au miroir des amants.
14:06 Nous formons le tableau vivant.
14:11 Le miroir devant ma face reflète le devisage.
14:15 A ne plus savoir qui des trois, d'Armide, de Renaud ou de moi,
14:19 amour est tien en première place.
14:22 De l'œuvre baroque à l'arrière-plan, nous formons le tableau vivant.
14:28 (Musique)
14:32 (Musique)
14:35 (Musique)
15:03 L'amour cala pour lui, cause de l'inquiétude dont son cœur se sent agité.
15:08 Son arbre de la solitude, elle le retourne aux enfers, elle le va les consulter.
15:13 De colossaux serpents dressent, sifflant, leurs têtes vengeressent.
15:21 Un affreux dragon pharao, couvert d'écailles mortifères,
15:25 colle gonflé de colère, sa grande gueule entière, fumant de vapeur délétère,
15:29 menace le chevalier.
15:31 Aidé de sa baguette et de son bouclier, il triomphe de ses bêtes.
15:36 Un labyrinthe en mille pâtes d'oies pourrait le perdre,
15:39 mais grâce à sa carte il se repère, de ses lieux s'écarte.
15:43 Il quitte la jungle, arrive à Clairevaux,
15:48 aperçoit une fontaine dont l'onde invite à la halte.
15:55 [Bruit de pas]
15:57 [Bruit de pas]
16:00 [Bruit de pas]
16:02 [Bruit de pas]
16:04 [Bruit de pas]
16:33 Son cristal froid contient des poisons,
16:37 qui la voit est soudain pris d'une faconde.
16:45 Son âme nage dans une euphorie folle,
16:53 et un rire insensé l'amène jusqu'à chez eux.
17:02 [Rire]
17:30 Plus redoutables sont les ébats des deux nayans,
17:34 présentant leurs gorges de lait et des appâts bien plus secrets,
17:40 et plus charmants, sous le voile inhabituel,
17:44 de leurs cheveux de miel.
17:47 Reste en calme, il dépasse ses accents,
17:56 qui échaupe son sang sans troubler son âme.
18:00 [Bruit de pas]
18:02 [Bruit de pas]
18:04 [Rire]
18:16 [Bruit de pas]
18:18 [Bruit de pas]
18:27 [Bruit de pas]
18:29 [Bruit de pas]
18:37 [Bruit de pas]
18:48 [Bruit de pas]
18:50 Renaud !
19:01 Renaud voit partout sa face, dans les brisures de la glace,
19:15 son clou de cheveux au vent, épais pour lui, déguisement.
19:19 De ses crôles, il arrache les fleurs,
19:23 ne pouvant plus apercevoir la coquetterie dérisoire
19:26 qu'il considère avec horreur.
19:29 Vains ornements d'une indigne mollesse,
19:35 ne m'offrez plus vos frivoles attraits,
19:38 restez en queue de ma faiblesse,
19:42 quittez-moi pour jamais !
19:45 [Bruit de pas]
20:06 [Bruit de pas]
20:08 Notre général vous rappelle,
20:20 la victoire vous garde une palme immortelle.
20:23 Tout vous presse de revenir,
20:26 de cent divers climats, chacun court à la guerre,
20:29 Renaud, lui, aime au bout de la terre.
20:33 Dérobez-vous aux pleurs d'armée,
20:35 c'est l'unique danger dont votre âme intrépide
20:38 a besoin de se garantir.
20:40 Dans ces lieux enchantés, la voluté préside,
20:44 vous n'en sauriez trop tôt sortir.
20:47 Renaud !
20:58 [Bruit de pas]
21:00 Au ciel, au mortel Eupène,
21:13 tu t'en vas, Renaud, tu t'en vas !
21:16 Attends-nous !
21:26 Démon, suivez ses pas,
21:29 volez et l'arrêtez !
21:32 Hélas, tout me trahit, ma puissance est vaine.
21:37 Renaud !
21:38 Oh, mortel Eupène,
21:40 mes cris ne sont pas écoutés.
21:43 Si je ne te vois plus, crois-tu que je puisse vivre ?
21:47 Ai-je pu m'hériter un signe cruel, tourment ?
21:55 Au moins comme ennemi, si ce n'est que ma menthe,
21:58 emmène armée de captives, j'irai dans les combats,
22:01 j'irai m'offrir au coup destiné pour toi.
22:04 Renaud, pourvu que je te vois,
22:08 le sort le plus affreux me paraîtra trop doux.
22:11 Attends !
22:12 Non !
22:15 Non !
22:17 Non !
22:44 Tu n'es point le fils de la belle Sophie,
22:47 ni du sang des héros dont tu te crois sorti.
22:50 Tu as su c'est le lait d'une tigresse d'Ircani,
22:53 et la mère en colère t'enfanta dans l'orage,
22:56 qu'Ocasio te nourrit de ses affreux rochers.
22:59 S'il faut qu'échappant ta marrage,
23:12 tu viennes jusqu'au lieu de cette bataille mêlée,
23:16 mon ombre te suivra, constamment attachée à tes pas,
23:20 armée de torches et de serpents.
23:23 Oui, elle égalera mon amour, mes élans.
23:41 Avant l'enfer et sa rage,
23:44 Renaud s'en va près de la plage.
23:48 Elle s'y traîne avec effort.
23:51 Elle baise ses genoux, lui se dérobe,
23:53 en vain de l'amour fou, dit-elle.
23:56 Sous des dehors tranquilles, il cache sa griève,
23:59 en s'éloignant de l'île, regarde vers la grève.
24:02 Elle tombe presque sans vie,
24:06 une sueur perle glacée sur ses membres endoloris.
24:10 Ses yeux privés de lumière lui refusent une consolation dernière,
24:15 les larmes de l'homme qui l'abandonne.
24:19 Ses oreilles se ferment,
24:23 elle le n'entend guère les soupirs de celui que la pitié consume,
24:26 d'un feu chaste, mortifique, dévaste.
24:30 De la barre que Renaud ressent la prétangage,
24:36 ses yeux fixés sur le rivage,
24:39 le voient peu à peu s'estomper.
24:42 Renaud !
24:58 (Musique)
25:02 (Musique)
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25:24 (Musique)
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25:34 Sous-titrage FR : VNero14
25:36 Merci.
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