DES RIVES Nathalie FUNÈS, Mon oncle d'Algérie

  • il y a 13 ans
De son grand-oncle Fernand, Nathalie Funès garde le souvenir d'un homme austère et plutôt renfermé. Mais quand elle tombe sur une petite notice biographique sur internet, parlant du passé anarchiste de Fernand Doukhan, sa curiosité la pousse à enquêter sur l'histoire de son grand-oncle.
Né dans une famille juive berbère, il est le premier de la famille à porter un nom qui ne soit pas hébraïque, le premier à aller à l'école française et le premier à devenir instituteur. Engagé auprès des troupes françaises pendant la Seconde guerre mondiale, fait prisonnier dans les camps pendant cinq ans, il enseignera ensuite à l'Ecole Lazergues dans le quartier de Bab El-Oued et s'insurgera contre la France coloniale. Fervent militant d'extrême gauche, anarchiste, il a rédigé de nombreux articles virulents dans le journal Le Libertaire, dans lesquels il dénonce la torture et les internements abusifs. Fernand Dukhan ne parlera que très peu de ce passé anarchiste qui lui vaudra d'être arrêté en pleine guerre d'Algérie en 1957 et envoyé au camp de Lodi dans lequel Henri Alleg (l'auteur de La Question) sera lui aussi enfermé. Libéré en 1958 et expulsé d'Algérie par bateau, Fernand Dukhan s'installera à Marseille et ne retournera plus en Algérie, ayant l'interdiction d'y revenir.

Lors de cet entretien pour l'émission Des Rives, Nathalie Funès retrace l'histoire de ce grand-oncle liée à celle du peuple juif en Algérie. Le décret Crémieux en 1870, les différentes vagues d'antisémitisme, la perte de la nationalité française pour les juifs entre 1940 et 1944 sont autant d'événements qui ont bouleversé l'histoire de sa famille et ont marqué toute une génération ; Nathalie Funès soulève ainsi les "croix" que son oncle avait mis, sur ses origines juives et sur l'Algérie.