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00:00Europe 1 matin, 6h-9h, Jacques Sauré.
00:04Et il est 7h10, Jacques Sauré, vous recevez ce matin Jean-Christophe Couvie qui est secrétaire national du syndicat de police unité.
00:14Bonjour Jean-Christophe Couvie.
00:15Bonjour.
00:1690 000 policiers, gendarmes militaires sur le terrain aujourd'hui pour cette journée du 31 décembre, dont 10 000 à Paris et en petite couronne.
00:26Est-ce que ces chiffres sont rassurants ou bien est-ce le signe que la situation est devenue incontrôlable sur le terrain ?
00:34Rassurant dans un sens, oui, parce que pour nous, pour travailler, c'est plus facile de travailler quand on est policier, quand on a beaucoup d'effectifs,
00:42parce qu'on peut justement occuper un peu plus le terrain, j'allais dire.
00:47Et en même temps, ça doit interpeller quand même les pouvoirs publics, parce qu'aujourd'hui, mettre 90 000 policiers sur un 31 décembre,
00:54ça interpelle aussi sur le niveau de la société et les risques qu'il peut y avoir.
00:58Alors quand je dis les risques, c'est les risques antiterroristes, parce que l'idée, c'est aussi que les personnes puissent faire la fête en toute sécurité,
01:05mais aussi d'éventuels débordements.
01:08Et donc, en gros, on a une fiche réflexe aujourd'hui, où on l'a vu d'ailleurs même depuis les JO,
01:14c'est très facile de rappeler tous les policiers, leur supprimer leur congé, leur rappel sur le travail, pour les mettre sur le terrain.
01:20Et donc, comme ça, quelque part, on a un parapluie administratif.
01:24Donc, quel état d'esprit on est lorsque l'on est policier, que l'on est ce 31 décembre,
01:31et que l'on dit au revoir à sa femme, à ses enfants ce matin ?
01:35État d'esprit très particulier, parce qu'effectivement, on a un des seuls métiers où on ne sait pas ce qu'on va malheureusement rencontrer dans la journée,
01:42ou sur notre service, ou dans la nuit.
01:44Donc, on fait toujours attention à prendre un peu de temps pour notre famille.
01:49Et déjà, on a une pensée, parce qu'on sait que le soir, on ne sera pas à leur côté, en fait.
01:54Donc déjà, on a une vie un peu décalée, vous savez, quand vous êtes policier.
01:57Vous êtes là pour vous assurer que tout le monde puisse justement profiter dans de bonnes conditions,
02:02et vous, vous travaillez alors que les autres s'amusent.
02:03Mais voilà, donc, on se prépare aussi, peut-être à une éventuelle blessure, ou à une nuit très difficile.
02:11Même si on a toujours un petit côté optimiste, on se dit, ah, ça serait quand même sympa si ce soir, il n'y avait pas de débordement,
02:17et qu'on pourrait tous passer une soirée dans la fraternité, avec les citoyens, s'embrasser.
02:22Moi, je l'ai vécu, où effectivement, sur les Champs-Elysées, par exemple, les gens, à minuit, se font tous la bise.
02:28Et puis, quelques abrutis arrivent, et à minuit dix, les bouteilles commencent à voler, l'alcool, les dents et la drogue, les gens s'énervent.
02:36Et puis, il y a aussi des personnes qui viennent avec des idées malintentionnées, voilà.
02:40Mais en principe, il y a quand même une fête, et il faut garder cet esprit.
02:44Vous parlez des Champs-Elysées, où cette année, des festivités ont été annulées.
02:49Quand on annule, c'est un geste d'autorité de la part du ministre, ou bien c'est clairement un aveu de faiblesse ?
02:57Alors ça, il n'y a que le ministre qui pourrait y répondre.
02:59Moi, ce que je pense quand même, c'est qu'on a l'impression qu'aujourd'hui, effectivement,
03:05dès lors qu'on n'a pas toutes les conditions nécessaires, peut-être, pour passer une bonne soirée,
03:10on préfère annuler les festivités.
03:13Et donc, du coup, c'est plus facile de dire, bon, on punit tout le monde, quelque part.
03:17Parce que c'est vrai que pas de festivités comme ça, déjà pas de casse.
03:20plutôt que de viser certaines personnes et de dire, ben, ceux-là, par contre,
03:24voilà, on va mettre le paquet, parce que c'est hors de question qu'ils viennent gâcher la fête.
03:27Jean-Christophe Couvy, je rappelle que vous êtes secrétaire national du syndicat de police unité.
03:31Justement, vous en parliez cet après-midi.
03:33À 17h, il y a un match, un match de football de la Coupe d'Afrique des Nations
03:37entre la Guinée équatoriale et l'Algérie.
03:39Or, lors du dernier match de l'Algérie, justement, on a vu des violences dans plusieurs villes de France,
03:44mortiers, dégradations, affrontements.
03:46Est-ce qu'aujourd'hui, c'est un peu un cocktail explosif entre ce match de l'Algérie et le Nouvel An ?
03:54Oui, mais ça fait depuis des années.
03:55Moi, quand j'ai commencé la police en 98, je me rappelle,
03:58quand on faisait, quand il y avait des matchs avec certaines équipes,
04:02notamment du Maghreb, il faut le dire,
04:04il y avait des débordements, notamment.
04:06Alors, le Maroc, c'est un peu plus encadré.
04:08Mais c'est vrai que, voilà, les équipes, récemment, là, quand on l'a vu avec l'Algérie,
04:13personnellement, en tant que policier, je trouve ça vraiment désagréable
04:16parce qu'on ne peut pas imaginer qu'on puisse faire, encore une fois, la fête et représenter son pays
04:21en étant fier et de tout casser.
04:23Voilà.
04:23Donc, il y a vraiment un problème, à mon avis,
04:25où il faut qu'ils fassent un petit peu leur introspection,
04:28ces supporters-là, entre guillemets,
04:30parce que je pense que les vrais supporters font la différence
04:32et que certaines viennent uniquement pour gâcher la fête
04:34et, encore une fois, pour montrer une mauvaise image
04:36de ce qui pourrait être du football.
04:39Jean-Christophe Couvie,
04:41j'aimerais qu'on parle ensemble, ce matin, des refus d'obtempérer.
04:44Car dans la nuit du 27 au 28 décembre,
04:46dans le Finistère, à Saint-Paul-de-Léon,
04:48il y a une opération de contrôle qui a dégénéré.
04:50Sept gendarmes ont été blessés lors d'un refus d'obtempérer.
04:55C'est aussi une crainte pour cette soirée du 31 décembre,
04:58on l'imagine, pour les policiers et les gendarmes sur le terrain ce soir.
05:01On a l'impression qu'un simple contrôle, aujourd'hui,
05:04peut tourner au carnage.
05:05C'est ça, la réalité de la France en 2025 ?
05:07Malheureusement, oui.
05:08J'allais dire que, alors déjà, j'ai une pensée
05:10pour mes collègues gendarmes aussi,
05:11parce qu'on fait tous le même métier
05:12et on voit bien, d'ailleurs, que cette plaie,
05:14pour moi, c'est une plaie dans la société,
05:16ne touche pas que les grandes agglomérations.
05:19Ça touche aussi la campagne.
05:20Donc, il y a vraiment un problème sociétal.
05:23Aujourd'hui, la mission la plus dangereuse des policiers,
05:26c'est justement, c'est contrôler des véhicules, en fait.
05:29Et ça, vraiment, c'est une plaie.
05:30Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a un refus d'obtempéré sur 5.
05:35C'est 20% des refus d'obtempéré
05:37qui mettent en danger directement soit les citoyens,
05:40soit les policiers.
05:41Et ça, ça ne fait qu'augmenter, cette proportion.
05:43Et donc, c'est aggravant.
05:44Et effectivement, ça doit interroger aussi les forces politiques
05:47pour pouvoir avoir une réaction.
05:49Voilà, la société change.
05:51On a aujourd'hui des sociopathes.
05:52Je le dis comme je le pense.
05:54On a des personnes qui vivent en dehors des règles de notre société.
05:56Et sur cela, on a du mal, effectivement, à trouver une solution
05:59et à essayer, j'allais dire, de les punir.
06:03Et surtout, qu'ils ne réitèrent pas.
06:05Pour conclure, Jean-Christophe Couville,
06:07le chef de l'État, va prendre la parole ce soir
06:09lors de ses voeux aux Français.
06:12Est-ce que vous attendez un message fort de sa part ?
06:16Et qu'est-ce que l'on peut souhaiter aux policiers
06:18pour l'année 2026 ?
06:22Alors, ce que j'attends du président de la République,
06:24effectivement, c'est un message,
06:27notamment à l'endroit de la société,
06:29pour justement arriver à cette introspection,
06:32à savoir qu'il y a une partie de nos citoyens
06:36qui ne respectent pas les lois,
06:38qui ne respectent pas les policiers ni l'autorité.
06:40Et surtout, derrière, c'est à être aux côtés des policiers.
06:44Voilà, le rôle du chef de l'État,
06:45c'est aussi de protéger les policiers.
06:47C'est protéger ceux qui protègent,
06:49de les accompagner dans leur mission.
06:50Et nous, on attend, effectivement,
06:52au plus haut sommet de l'État,
06:54cet accompagnement et cette confiance.
06:55Et en 2026, j'espère qu'il y aura
06:57beaucoup moins de fonctionnaires de police blessés,
06:59que la justice aura la main encore plus lourde
07:02qu'elle peut l'avoir aujourd'hui.
07:03Et surtout, qu'on commence à réfléchir,
07:05à réformer police et justice, entre guillemets,
07:08parce que c'est toute la chaîne pénale
07:09qu'il va falloir repenser, à mon avis.
07:12Aujourd'hui, le monde change très vite.
07:13On le voit, la délinquance progresse,
07:15notamment avec les réseaux sociaux,
07:17les mentalités changent.
07:18Et on a toujours un système un peu figé,
07:20un peu archaïque, très administratif.
07:22Et je pense qu'il ne répond pas aux attentes
07:24de ces sociopathes et de ces citoyens.
07:27Donc, on le voit, dans d'autres pays,
07:28on a pu prendre, par exemple,
07:30des peines de prison qui arrivaient très vite,
07:34des peines de prison courtes,
07:35mais très sévères,
07:36et qui arrivent tout de suite,
07:37et qui brisent, j'allais dire,
07:38l'élan de la délinquance.
07:40Et ça, il va falloir vraiment y penser
07:41et se jeter dessus.
07:42Merci beaucoup, Jean-Christophe Couvy,
07:44secrétaire national du syndicat de police unité.
07:46Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin.
07:48Merci, et je vous souhaite un bon réveillon,
07:50une bonne année.
07:50Sous-titrage Société Radio-Canada
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