00:00Thierry Breton, persona non grata aux Etats-Unis. L'ancien commissaire européen fait partie des cinq personnalités européennes visées par des sanctions décidées par Washington.
00:09Cinq personnalités privées de visa parce qu'elles ont été engagées dans l'élaboration de la régulation du secteur numérique.
00:17Réglementation stricte, qualifiée de censure au détriment des intérêts américains pour réagir sur ce dossier.
00:23Nathalie Loiseau est en ligne avec nous, députée européenne, ancienne ministre française chargée des affaires européennes.
00:30Merci d'être avec nous. Je l'ai dit en titre, Emmanuel Macron qualifie ses sanctions de mesures d'intimidation et de coercition.
00:38Vous êtes d'accord avec le chef de l'État français ? Washington va trop loin ?
00:43Ce sont des mesures inacceptables. Washington réinvente le délit d'opinion.
00:47Vous n'êtes pas d'accord avec moi, vous n'entrez pas sur mon territoire.
00:50Je rappelle que la loi sur les services numériques qui met l'administration Trump en fureur,
00:57c'est une loi qui a été conçue dans le dialogue avec les grands acteurs de la technologie américaine,
01:03avec les grandes plateformes.
01:05Que ces plateformes nous avaient assuré la main sur le cœur qu'elles allaient pouvoir l'appliquer.
01:10Il a suffi que Donald Trump revienne au pouvoir pour que tout change
01:13et que d'un seul coup, le simple fait de vouloir mettre de l'ordre dans notre espace public numérique
01:18devienne insupportable à la fois à Donald Trump et aux géants de la tech.
01:23C'est un retour du macartisme aux États-Unis et franchement,
01:26ça n'était pas les plus belles heures de l'histoire des États-Unis.
01:28Est-ce qu'il faut s'attendre à une réponse des instances européennes ?
01:31Stéphane Séjourné, commissaire européen, parle d'atteinte à la souveraineté numérique de l'Europe.
01:37De quelle façon est-ce que le vieux continent peut répondre ?
01:40Je crois qu'il ne faut pas se laisser intimider.
01:42Il faut continuer à faire ce qu'on a commencé à faire,
01:44c'est-à-dire vérifier si X, Facebook et les autres appliquent la loi sur les services numériques.
01:50Si c'est le cas, tout va bien.
01:52Et si ça n'est pas le cas, il faut le faire savoir aux Européens.
01:55Il faut appliquer des sanctions.
01:57X a déjà été frappé par une sanction de 120 millions d'euros,
02:01tout simplement parce qu'il y avait tromperie sur la marchandise,
02:06sur les fameuses coches bleues de X,
02:09et parce qu'il ne respectait pas les obligations de transparence.
02:12Ça n'a aucun lien avec la liberté d'expression,
02:14qui est mieux protégée en Europe qu'aux États-Unis, on le voit aujourd'hui.
02:18Est-ce que la seule arme dont dispose l'Union européenne,
02:21c'est celle de la sanction financière ?
02:24Est-ce qu'il faut absolument frapper au portefeuille ?
02:26Est-ce que c'est la seule chose qu'on puisse faire ?
02:28Écoutez, visiblement, c'est ce que les plateformes ne voudraient que nous ne fassions pas.
02:34Toutes ces mesures d'intimidation sont destinées à essayer de nous décourager.
02:38Nous, nous avons voté cette loi sur les services numériques massivement
02:41en tant que députés européens,
02:43parce que nos concitoyens demandent que les plateformes ne soient pas le Far West.
02:48Je suis désolée, mais si les États-Unis veulent rester le Far West, c'est leur choix.
02:52Ça n'est pas le choix européen.
02:54Donc nous allons continuer, sereinement mais fermement,
02:56à faire appliquer la loi.
02:59Aujourd'hui, c'est en Europe qu'il y a un shérif, pas aux États-Unis.
03:02Nathalie Loiseau, est-ce que cette affaire ne révèle pas le retard de l'Europe
03:06en matière de technologie ?
03:08Est-ce qu'il n'y a pas une forme de dépendance aux plateformes américaines ?
03:12Bien sûr, on ne peut pas complètement être étonné
03:16que des plateformes qui ne sont pas européennes
03:18ne fonctionnent pas comme nous aimerions que cela fonctionne en Europe.
03:21Alors, elles ont quand même le bénéfice de 450 millions d'utilisateurs européens
03:26et ça, du prix pour elles.
03:28Donc si elles veulent faire des affaires en Europe, elles doivent respecter nos règles.
03:32Mais vous avez raison, le président de la République a annoncé qu'il allait lancer un portavion.
03:37Moi, je voudrais que l'Union européenne lance un portavion numérique,
03:40c'est-à-dire qu'on est enfin des plateformes européennes.
03:42Merci beaucoup Nathalie Loiseau, merci d'avoir été en ligne avec nous.
03:47Je rappelle que vous êtes députée européenne,
03:50ancienne ministre française chargée des Affaires européennes.
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