En ce mois d'octobre 2025, des archéologues mènent une nouvelle campagne d'études des épaves de l'Opération Dynamo. Entre le 26 mai et le 3 juin 1940, plus de 330 000 soldats britanniques, français et belges sont évacués par la mer vers l'Angleterre pour échapper à l'avancée des Allemands. Episode 3 : entre les plongées
00:00Cécile Sauvage et Claire Destanc travaillent ensemble sur cette campagne qui s'étale sur trois ans.
00:08La première année, il s'agissait de rechercher les différents sites où se trouvaient les épaves coulées lors de l'opération Dynamo en mai-juin 1940.
00:16Un bateau muni d'un radar multifaisseau a permis de retracer une image de ces bateaux, leur position exacte, s'ils sont coupés en deux, pliés sur la coque, en partie ensevelis sous le sable.
00:26Les campagnes de 2024 et 2025 permettent de relever des éléments de détail grâce aux plongées.
00:33Confirmer d'abord l'identité de l'épave en se référant aux documents d'époque, les registres d'assurance par exemple pour les chaudières ou les blocs moteurs.
00:41Il s'agit aussi de comparer archives et observations sur zone, confirmer ensuite les circonstances du naufrage.
00:47Le bateau a-t-il vraiment sauté sur une mine ? Est-ce qu'il a été torpillé par les ch'toukas de l'aviation allemande ? Est-ce qu'il a chaviré sur le côté ?
00:55On ne réinvente pas l'histoire de Dynamo, explique Cécile Sauvage. On dresse un inventaire pour protéger ce patrimoine.
01:01Même sur les épaves qui sont près de la côte, il y a parfois à la marge des petites erreurs d'identification.
01:06On a par exemple un secteur qui est appelé par les plongeurs les Trois Bouts.
01:10Il y avait des confusions entre les trois épaves, entre la Vénus, le Denis-Papin et le Moussaillon.
01:14Nous, très vite, avec le sondeur multifaisseaux, on a compris quel était quel site, parce que les trois navires avaient des dimensions différentes.
01:21Et ça, nous, avec notre appareil, on a une mesure précise de la longueur du site, de sa largeur.
01:25On voit déjà des éléments de détail et du coup, c'est facile de faire des identifications.
01:30Donc, globalement, ces sites étaient assez connus.
01:32Mais là, on va vraiment confirmer tout ça.
01:34L'idée, c'est d'avoir un inventaire fiable, parce qu'en fait, une des missions du DRAC, c'est d'inventorier, de protéger ce patrimoine.
01:40Mais on ne protège bien que ce qu'on connaît bien.
01:41C'est débrouillé, là ? C'est bon ?
01:43Allez-y.
01:48Là, dans le courant, il est plus...
01:50Vraiment, comme on a fait le choix, il n'a pas de bien sur ce courant.
01:57Et la hanche, le tribord éclair, c'est clair.
01:59Ça fait trop bizarre de plonger sur votre côté.
02:01C'est génial.
02:03Ces épaves, elles sont aussi connues par les plongeurs du club de Dunkerque.
02:07Christian Di Constanzo, le directeur technique du club, également moniteur fédéral, les pratiquent depuis plusieurs années.
02:13Nous, initialement, on a moins d'intérêt archéologique que les archéos à proprement parler.
02:19Donc, il y a bien sûr le côté historique de cette bataille qu'il y a eu en juin 40.
02:24Il y a aussi, bien sûr, les vestiges, les canons, ce genre de choses.
02:30On ne rentre pas dans les épaves parce que notre fédération nous interdit de rentrer dans les épaves.
02:34Donc, normalement, il faut vraiment être à la sortie.
02:37Il y a des risques importants de rentrer dans une épave.
02:39Déjà, il faut retourner au bon endroit.
02:41Il suffit qu'on soulève un petit peu la vase dans le fond ou le sable pour qu'on ne trouve pas la sortie.
02:46Donc, on reste toujours à l'extérieur de l'épave, ce qui est déjà un beau terrain de jeu pour nous.
02:50Notre épave phare, c'est le Haven.
02:51C'est une épave britannique, un torpilleur anglais qui a deux canons, mais elle est inoffensive.
02:59Par contre, on connaît des épaves.
03:01Je ne vais pas trop citer les noms, mais on connaît des épaves, des contre-torpilleurs allemands plus loin,
03:05qui sont encore très riches en munitions.
03:07D'ailleurs, celle-là est interdite à la plonger normalement.
03:10Donc, on n'y va pas.
03:14Et au passage, sachez qu'on ne remonte aucun objet du fond, sauf à avoir une autorisation de fouille.
03:19Le cas des épaves de l'opération Dynamo est un peu plus complexe,
03:23puisque même si elles sont dans les eaux françaises, elles appartiennent toujours aux Anglais.
03:27Il faut donc l'accorder britannique en cas de prélèvement.
03:30Aujourd'hui, les archéologues préfèrent laisser les objets au fond.
03:33C'est encore là qu'ils sont le mieux conservés.
03:35On a vu, par exemple, que des dizaines d'objets ont été prélevés sur ces épaves de l'opération Dynamo.
03:40Ils se trouvent, par exemple, au musée Dunkerque 40.
03:42C'est des choses qui ont été prélevées anciennement par des plongeurs,
03:44à l'époque où les archéologues ne s'intéressaient pas du tout à ces sites.
03:47En fait, la plupart du temps, ces objets n'ont pas été traités en sortant de l'eau,
03:51donc ils n'ont pas été restaurés.
03:53Et en fait, quand un objet a passé 85 ans sous l'eau,
03:56et que tout d'un coup, on le sort de son environnement,
03:58le changement va être tellement brusque qu'il va commencer à s'abîmer beaucoup plus rapidement.
04:02Il va se corroder, les éléments en bois ou en cuir vont sécher et se déformer s'ils ne sont pas traités.
04:07D'où l'intérêt de faire des photos sous-marines.
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