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  • il y a 14 minutes
“Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser.” C'est la phrase prononcée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur en visite à Argenteuil. À ce moment, Djamel Mazi a 19 ans et il habite justement à Argenteuil. Il va même directement interpeller Nicolas Sarozy ce jour-là.

20 ans plus tard, Djamel Mazi, devenu journaliste, revient à Argenteuil et mesure l'impact de cette phrase prononcée par Nicolas Sarkozy. | SPEECH

Le documentaire "On n'est pas des racailles" est disponible gratuitement sur France.Tv.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00En 2005, je faisais partie des jeunes à qui Nicolas Sarkozy avait dit ça.
00:03Vous avez un cidre, cette bande de racailles.
00:05On va vous en débarrasser.
00:06Quand j'entends ça, je le prends en plein cœur.
00:10Moi, j'ai eu une jeunesse relativement heureuse.
00:13On était tout le temps dehors avec les copains.
00:14On n'avait pas de smartphone à l'époque.
00:16On n'avait que la télévision à la maison.
00:18Et donc, on était très, très souvent dehors avec les copains.
00:21On savait qu'on avait beaucoup moins de moyens, qu'on était pauvres, en fait.
00:24Mais qu'on s'occupait comme on pouvait, qu'on avait des rêves plein à la tête.
00:27Pour refaire un peu le film de la soirée,
00:28on avait entendu parler justement de cette visite potentielle du ministre.
00:32Donc avec tous les copains, on s'était rendus sur la dalle.
00:35On voulait vraiment être aux premières loges pour le voir et essayer de le rencontrer.
00:39Et j'étais ce soir-là devant lui, derrière les caméras,
00:41quand il lance cette fameuse phrase
00:43« Vous vous en avez assez de cette bande de racailles, je vais vous en débarrasser ».
00:45Quand j'entends ça, je le prends en plein cœur.
00:49Ça m'avait choqué à ce moment-là.
00:51Et quelques minutes après, il entre dans le hall de l'immeuble.
00:54Et à ce moment-là, je l'interpelle et je lui pose cette question.
00:56C'est super de lutter contre la soufferté.
00:58Mais vous ne pensez pas que les jeunes vont se sentir un petit peu tout le monde dans le même salle, quelque sorte ?
01:02Il n'y aura aucun analgame.
01:04D'ailleurs, moi, je ne dis jamais ce que je parle des voyous.
01:08Et un voyou, quel que soit son âge, c'est un voyou.
01:10J'ai dû me contenter de cette réponse-là.
01:12Alors, Raka, quand on ouvre un dictionnaire, ça désigne des gens louches, un peu infréquentables.
01:16Et quand on regarde dans l'histoire, le 15e siècle, ça voulait dire les déchets.
01:19Donc c'est terrible.
01:20Quand on vient ce soir-là sur la dalle d'Argenteuil,
01:22quand on sait que parmi ses habitants, il y a essentiellement des gens d'origine immigrée,
01:27dont pour la plupart, les parents sont venus d'Afrique, d'Afrique du Nord,
01:30pour reconstruire la France après la guerre,
01:33qui sont arrivés dans des bidonvilles, comme mon père,
01:36qui ont été là dans des conditions insalubres,
01:38qui sont arrivés après, dans ces bâtiments HLM, autour de la dalle,
01:41pour continuer à travailler, à faire des enfants, fonder une famille,
01:44et qu'on se prend cette insulte-là en plein de la figure,
01:47ouais, ça fait mal.
01:48Aujourd'hui, quand on prononce ce mot, il y a un contexte, encore une fois,
01:51c'est une insulte qui peut aussi être considérée comme raciste.
01:54Les mots ont un impact, d'autant plus quand ils viennent des politiques.
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