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  • il y a 3 heures
Est-ce l’étincelle qui pourrait faire resurgir la colère des agriculteurs ? La prolifération de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), maladie infectieuse qui touche les bovins, provoque de nouveau une forte mobilisation des syndicats agricoles, à tout de moins de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale. En cause : le protocole sanitaire défendu par l’État, qui nécessite l’abattage total des troupeaux, dès le premier cas au sein d’une ferme.

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Transcription
00:00C'est la nouvelle hantise du monde agricole et elle tient en trois mots la dermatose nodulaire contagieuse, la DNC.
00:06Depuis la détection d'un premier foyer en France, dans une ferme savoyarde en juin dernier,
00:11cette maladie infectieuse fait des ravages dans les élevages,
00:14car la solution préconisée par les autorités est l'abattage total du troupeau dès le premier cas.
00:193000 animaux ont dû être euthanasiés jusqu'ici en France.
00:22Ce protocole ne fait pas du tout l'unanimité chez des agriculteurs,
00:25alors plusieurs d'entre eux manifestent aujourd'hui à Besançon, dans une région particulièrement touchée par ce virus.
00:30Qu'est-ce qu'on envoie comme message aux anciens qui ont trimé ?
00:33On leur dit tout ça, ça peut être balayé d'un jour, d'un revers de main, par une décision administrative et technocratique.
00:40Vaux vies ne valent rien.
00:41C'est ça le message qu'on envoie à toutes ces familles, à toutes les enfants et les femmes qui sont derrière le statut d'exploitants.
00:48Vous avez peur pour votre cheptel aujourd'hui ?
00:50Oui, aujourd'hui on se lève avec la boule au ventre, on n'ose plus regarder nos animaux.
00:56De peur d'avoir un nodule apparaître et de se dire qu'on peut tout perdre en deux jours.
01:01Ça vous fait peur cette maladie ?
01:02Oui, assez quand même.
01:03C'est détruire simplement des élevages, des familles et puis tous les corps de métier qui tournent autour.
01:10On est tous pris à la gorge d'avoir cette maladie chez nous du jour au lendemain.
01:13La politique actuelle veut qu'on abatte entièrement le troupeau alors qu'on pourrait peut-être faire différemment.
01:18L'ADN6 est donc une maladie infectieuse qui se transmet aux bovins, pas aux hommes, le plus souvent via des piqûres d'insectes.
01:25Les symptômes sont d'abord de la fièvre, puis des nodules sur la peau de l'animal.
01:29La mortalité peut atteindre 10% du troupeau, mais c'est aussi les séquelles pour les bêtes survivantes qui inquiètent,
01:34à savoir infertilité, amégrissement et une baisse importante de la production, en l'occurrence la lactation chez la vache.
01:42La maladie est relativement nouvelle en Europe.
01:43Historiquement, elle sévissait surtout en Afrique et au Moyen-Orient.
01:47Mais ces derniers mois, une centaine de foyers a été repérés par les autorités en France,
01:51surtout en Franche-Comté, dans les Alpes ou encore dans les Pyrénées.
01:54La circulation de ferme en ferme se fait par le transport d'animaux,
01:57parfois des transports illicites en dépit des directives sanitaires.
02:01Merci Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, Madame la députée Manon Meunier.
02:08Je suis là où je dois être, Madame la députée, c'est-à-dire à la tête d'un ministère
02:12dont l'objectif est de protéger les éleveurs et de protéger l'élevage bovin français.
02:19Et je voudrais dire que j'ai une pensée pour tous ces éleveurs qui ont vu leur cheptel abattu.
02:26J'en connais le drame intime que cela représente.
02:29Ces derniers mois, les abattages de troupeaux, appelés sobrement dépeuplement par les autorités,
02:34ont fait face à de fortes mobilisations.
02:36Ici dans le Doubs, il y a une famille qui incarne cette opposition, la famille Lhomme,
02:40qui tient une ferme à Pouillet français près de Besançon.
02:42Elle est présente aujourd'hui à ce rassemblement.
02:44Début décembre, les services vétérinaires sont débarqués sur leur exploitation
02:48pour euthanasier les 83 vaches de la ferme après l'apparition de nodules sur l'une d'entre elles.
02:53Tout ça s'est fait dans une ambiance extrêmement tendue,
02:55avec des heures entre les gendarmes et des agriculteurs du coin venus soutenir la famille.
02:59N'hésitez pas à partager cette vidéo, parce que voilà, voilà comment on est traités en fait.
03:04Voilà, il y a des flics partout.
03:07Il y a des CRS qui ont encerclé la ferme.
03:09Et voilà, une petite bête.
03:12Regardez, comme elles ont l'air malades.
03:14Voilà.
03:14Et en fait, ben, ils attendent.
03:171-5-5 ! 1-5-5 !
03:201-5-5 !
03:21On va en faire une base de la force !
03:23Allez, allez, allez !
03:29Allez, regardez, les gars, ils sont fiers !
03:35Ils sont fiers de tout amener pour détruire de vos fêtes !
03:39Regardez ce carnage, mais on est où, là ?
03:46Comment vous qualifiez ce que vous avez vécu l'autre jour ?
03:49On n'a pas compris.
03:50Quand moi, je suis sortie de chez moi et j'ai vu tous ces cars de CRS,
03:52tout le monde qui dit « mais en fait, on n'est pas des terroristes, quoi ! »
03:54La perte d'un cheptel, c'est quoi ?
03:56C'est la perte de combien d'années de travail ?
03:58C'est des générations, parce que là, mon mari est la quatrième génération à reprendre la ferme.
04:02Donc du coup, c'est un travail de quatre générations.
04:04Mais à côté de ça aussi, c'est des bêtes, c'était nos vaches, c'était nos filles,
04:08elle faisait partie de la famille, en fait.
04:11On nous a abattus, 83 bébés, quoi.
04:13Deux syndicats agricoles sont montés au créneau,
04:15la Coordination Rurale et la Confédération Paysanne.
04:18Ils dénoncent des méthodes autoritaires et inefficaces.
04:20Ils préconisent plutôt une vaccination élargie, voire systématique,
04:24ou des abattages partiels, si cela est vraiment nécessaire.
04:27Mais il faut dire que le sujet fait vraiment débat au sein du monde agricole.
04:31La FNSEA, par exemple, ne s'oppose pas à l'abattage systématique.
04:35Et avant ce reportage, j'ai parlé avec un agriculteur qui a vécu ce drame
04:38et qui considère que ce sacrifice était nécessaire.
04:41Aujourd'hui, quand on vaccine des troupeaux, il faudrait étendre la vaccination
04:45et puis il n'y aurait plus besoin de sacrifier des bêtes.
04:47Et puis surtout qu'aujourd'hui, il y a des gens qui n'arrivent pas à manger.
04:50Puis la viande, elle est consommable par l'homme.
04:52Puis on balance les bêtes comme ça, c'est honteux.
04:55La maladie de la dermatose, comme elle est classée A au niveau de l'Europe,
04:59elle provoque le blocage du commerce si la France choisit de ne pas abattre.
05:04Donc c'est quand même bien un problème commercial avant d'être un problème sanitaire.
05:08Là, ça fait deux ans qu'on prend des maladies plein les dents avec le réchauffement climatique.
05:11Il y a la MHE, il y a la FCO.
05:13Ça amène des problèmes de production derrière, effectivement.
05:16Mais ce n'est pas pour autant qu'on vient abattre nos troupeaux sur ces maladies-là.
05:18Est-ce que l'abattage systématique, ce n'est pas une manière aussi de sacrifier pour les autres,
05:22pour la bonne cause ?
05:23Si c'est un sacrifice, alors il est vraiment lourd.
05:30Mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire.
05:32Des soucis, on en a chaque année.
05:33Et puis on a toujours su les gérer.
05:35Pourquoi celui-là, on le gérerait par l'extrémination ?
05:39C'est un plaît total.
05:40Pour expliquer le protocole sanitaire, le préfet organise des réunions publiques dans le département
05:45avec des experts et le groupement de défense sanitaire.
05:49C'est une association reconnue par l'État qui veille notamment à la sécurité sanitaire des élevages.
05:54Et ce soir, il y a donc une centaine d'agriculteurs qui ont fait le déplacement.
05:56Ce n'est pas quelque chose de nouveau.
05:58Beaucoup de troupeaux ont déjà connu ça dans notre département.
06:02La différence qui nous met par rapport à ce qu'il y a, c'est aujourd'hui les réseaux sociaux.
06:06Et beaucoup de gens préfèrent déclater les 100 000 personnes sur les réseaux sociaux
06:11que de se déplacer ce soir ou dans notre réunion
06:14pour comprendre ce qu'est la réalité de la maladie.
06:17Sachant que le sanitaire, aujourd'hui, c'est l'échange de demain.
06:21Donc pensons aussi à nos enfants, à nos successions, savoir ce qu'on veut pour demain.
06:27Le choix de vacciner la France totalement,
06:30alors moi je dis une des choses franchement,
06:31le point positif pour tous, c'est qu'on voudrait souffler.
06:36Mais en parallèle, on peut se retrouver avec les marchés qui se fêtent.
06:40Certains disent qu'on ne veut pas produire les crues
06:43qui sont produits par du lait de vache fascinée TNC.
06:48Concrètement, en fait, ce que vous demandez à certains éleveurs,
06:51c'est quand même un sacrifice, un sacrifice énorme.
06:53Vous en avez conscience ?
06:54On en est pleinement conscients.
06:57Évidemment, le choc que ça peut représenter
06:58pour les éleveurs qui sont touchés par ces abattages,
07:02il faut quand même rappeler que ce n'est pas nouveau dans le monde agricole.
07:05On a, depuis très longtemps, lutté contre la diffusion de maladies,
07:09chez les bovins en particulier, par des mesures d'abattage.
07:12Ça ne faisait pas de débat parce qu'on n'avait pas les réseaux sociaux,
07:15parce que chacun comprenait l'utilité de la mesure.
07:18Et puis, tout est pris en charge par l'État.
07:21La compensation de la valeur du cheptel,
07:23la compensation des pertes d'activité.
07:25C'est vrai que c'est quand même quelque chose qui est très prenant pour nous,
07:29la profession, parce que bon, c'est quand même nos animaux.
07:33On vit avec, il y a de la génétique qui est là,
07:36les animaux qui viennent déjà depuis nos parents, nos grands-parents.
07:40Ce n'est pas simple.
07:43Vous comprenez les protocoles sanitaires aujourd'hui ?
07:45Oui, il faut essayer d'éradiquer plus la chose.
07:48C'est vrai que ceux qui sont personnellement touchés,
07:51ça doit être lourd.
07:52Moi, je le comprends.
07:54Je sais bien que ce n'est absolument pas réjouissant pour personne.
07:58C'est vrai que c'est toujours un crève-cœur.
08:01Mais bon, s'il faut passer par là pour tout assainir,
08:03pour tout le monde, je pense que c'est la solution.
08:22Sous-titrage Société Radio-Canada
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