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  • il y a 4 minutes
L'offre de reprise en Scop de Brandt a été rejetée par le tribunal, malgré le soutien de l'État et des collectivités. 700 emplois vont être supprimés après l'annonce de la liquidation judiciaire du dernier grand fabricant d'électroménager en France.

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00:00Oui, puisque la décision, la terrible décision est tombée ce matin de la part du tribunal de commerce de Nanterre,
00:06Brant, l'un des fleurons de l'industrie française, a donc été mis en liquidation judiciaire.
00:11Je suis devant l'une des deux usines, celle près d'Orléans, de Saint-Jean-de-la-Ruelle.
00:16Vous voyez, c'est une usine de 55 000 mètres carrés.
00:20Il y a 700 emplois qui vont être supprimés d'ici le 1er janvier.
00:25Il y avait une réunion il y a quelques minutes entre des salariés, président de la région Centre-Val-de-Loire,
00:32le maire d'Orléans et de la métropole d'Orléans, qui étaient avec moi,
00:36et avec des liquidateurs qui étaient en visioconférence pour annoncer la procédure de façon à aider les salariés de ce fleuron de l'industrie française.
00:45Monsieur le maire, il s'agit d'une tragédie.
00:49C'est une tragédie, vous avez raison. Moi, je suis écœuré. Je suis en colère.
00:56Parce que le gâchis est immense. On a, vous l'avez dit, un fleuron.
01:00Je dis que cette boîte était viable. Je le dis, je le répète.
01:04Entre vous, la métropole et la région, vous aviez proposé de mettre près de 14 millions d'euros.
01:09On allait même à 15 millions et l'État venait également à hauteur de 5, 6 millions.
01:14Donc la force publique mettait plus de 20 millions. C'est énorme. C'est énorme.
01:20Il nous fallait quelques jours de plus. Et là, terminé. Et vous l'avez dit, au total, 700 personnes. Paf ! Sur le carreau.
01:29Qu'est-ce qui n'a pas marché ? Ce sont les banques ? C'est le privé qui n'a pas joué le jeu ?
01:33Je vais vous donner deux dates.
01:371er octobre, redressement judiciaire.
01:41Nous, nous sommes prévenus qu'il n'y a plus de repreneurs industriels le 27 novembre.
01:46Pour un jugement le 3 décembre. Quelques jours pour arriver à monter un dossier de reprise. Parce qu'il n'y avait plus personne.
01:57Ce qui s'est passé, évidemment, dans ces quelques jours, c'est qu'il est très difficile de faire le tour de table bancaire.
02:02Tout est très difficile. Voilà. On a perdu deux mois. C'est aberrant. C'est absurde. C'est scandaleux.
02:09C'est quoi la suite, monsieur le maire, pour tous ces employés, pour ce fleuron de l'industrie française ? Quel est votre sentiment ?
02:16Vous êtes en colère, ça se voit.
02:17Moi, je suis en colère. Je suis écœuré. J'en ai marre de ceux qui nous parlent de réindustrialiser la France.
02:23Je les invite à venir partager ce moment avec nous. Je les invite à voir à l'intérieur les salariés.
02:29Arrêtez de jouer. Arrêtez de déconner.
02:31Si vous avez un peu des tripes, montrez-les et faites en sorte que cette boîte, elle tourne.
02:39Mais là, maintenant, liquidation judiciaire, c'est terminé.
02:42Et les derniers salaires dans les prochains jours ?
02:43Les derniers salaires, les derniers touts. Voilà. On ferme.
02:47Vous voyez, il y a marqué là. Regardez bien. Il y a marqué Brandt. Et en dessous, qu'est-ce qu'il y a marqué ? France.
02:53On va fermer la France pendant qu'on y est. Parce que c'est de ça dont il s'agit.
02:57La part de l'industrie française dans l'économie de la France, c'était plus de 20% il y a 25 ans.
03:04C'est autour de 9% aujourd'hui. Et bien, on va arriver bientôt à zéro. C'est simple.
03:09Et derrière, il y a des drames. Il y a des compétences. Il y a un tissu industriel. Il y a un tissu commercial.
03:17Il y a des gens qui savent faire. Et là, on avait un projet. On avait un projet de scope.
03:22Et on avait un repreneur. Et on amenait l'argent public. Mais qu'est-ce qu'il faut de plus ?
03:29À qui vous voulez faire passer ce message-là ? Au gouvernement ? À Emmanuel Macron, le président de la République ?
03:33Alors, je vais vous dire une chose. Il y a quelqu'un qui a mouillé le maillot, il faut le dire.
03:37C'est le ministre de l'Industrie, Sébastien Martin. Il est venu. Il a fait, je le sais, dans la coulisse, nous le savons.
03:43Il a fait tout ce qu'il a pu. C'est un système qui déconne totalement, qui est à bout de souffle, qui ne fonctionne plus.
03:50Vous avez, par exemple, un règlement européen qui vous dit que BPI ne peut pas aider des boîtes de plus de 250 salariés.
03:58Mais les Chinois, ils font quoi pendant ce temps-là ?
04:00J'allais vous le dire, il y a la concurrence chinoise, coréenne, turque. C'est ça aussi.
04:04Et nous, on est comme des cons. C'est ça, la réalité. On est les imbéciles du village planétaire.
04:11C'est ça, la réalité. Au-delà même de l'exemple de Brandt. C'est tout notre système qui s'effondre.
04:17Il y en a un politique qui le dit. J'en connais qu'un, Jean-Louis Borloo. Il n'arrête pas de le dire.
04:22Il faut renverser la table et tout reconstruire. Et c'est possible. Parce que ce que je vois là, et ce qui m'écœure encore plus,
04:29c'est les gens qui sont là. C'est la dignité des gens tout à l'heure, quand l'annonce a été faite.
04:34Voilà, la dignité et les compétences. Dans ce pays, ce pays regorge de compétences.
04:39On ferme. C'est aberrant.
04:42Je vous sens ému, monsieur le maire.
04:43Mais oui, parce que... Parce qu'on y est tous les jours, quand on est maire.
04:48À deux pas d'ici, il y a une autre boîte.
04:50Duralex. Mais Duralex, elle tourne. On l'a sauvée, Duralex.
04:54Avec le même truc, la SCOP,
04:57des financements extérieurs,
04:59la part publique, de la part privée.
05:01On a mis tout ça. Duralex, ça tourne.
05:03Mais quand on a dit qu'on ne voulait pas que Duralex se ferme,
05:06moi, on m'a rigolé au nez.
05:08On m'a dit, mais non, tu te rends compte, ils font du verre, c'est pas viable.
05:11Ça tourne.
05:12Et il y a eu un engouement populaire,
05:14un engouement français. Il y a le même ici.
05:17Les Français, ils veulent sauver
05:18cette boîte. Vous avez donné
05:20les noms des marques. Voilà, ils veulent
05:22sauver ça. C'est un patrimoine.
05:24Mais quand je dis ça, ça fait presque...
05:25C'est vieillot, c'est un patrimoine, mais c'est terminé. Mais pas du tout.
05:28Pas du tout. C'est l'avenir qui est là.
05:31Mais Serge Gouar,
05:32je sais pas si vous m'entendez,
05:34on perçoit évidemment
05:36votre émotion, votre colère
05:38également. Vous avez évoqué
05:39Duralex. A force de combat, on a sauvé
05:42Duralex. Est-ce qu'il ne reste pas
05:43un petit espoir de sauver Brandt
05:45et toutes ces marques qui l'accompagnent ?
05:49Écoutez, vous savez, je retourne ça dans ma tête
05:52nuit et jour et avec les différents acteurs
05:53ici. Et si vous avez la solution, moi, je la prends.
05:56Le tribunal s'est prononcé
05:58et qu'est-ce qu'il pourrait y avoir ?
05:59Un appel
06:01du procureur du tribunal.
06:03D'accord. Et on repart pour un tour.
06:05Mais moi, je suis prêt à aller au bout de toutes les solutions.
06:09Voilà. Je crois qu'on a imaginé tout.
06:11Mais vraiment tout.
06:12Voilà. Mais il y a un moment où quand une liquidation
06:15est prononcée, elle est malheureusement prononcée.
06:17Et vous avez évoqué, monsieur le maire,
06:19avec beaucoup d'émotion également, le sort de ces
06:21700 salariés. Et quand on pense salarié,
06:23on pense aussi forcément
06:24famille, qui vont se retrouver
06:26sur le carreau. Bien sûr.
06:28Ils fabriquaient quoi, ces gens-là, par exemple,
06:30c'est bien pour Noël. Vous pouvez ajouter pour Noël.
06:34Pour Noël, ils se retrouvent sur le carreau.
06:35Oui, oui. C'est une super bonne nouvelle.
06:38Voilà. Nous, on va
06:39festoyer en famille, tout ça, avec les copains,
06:41les amis. Eux, ils sont sur le carreau.
06:44Donc ça, il faut le dire.
06:46Ce n'est pas des numéros.
06:47C'est des gens. Et des gens qui sont
06:49d'une dignité impressionnante.
06:52Impressionnante.
06:52Voilà. C'est ça, la réalité.
06:54Nous, on va faire, au plan local,
06:56avec les services de l'État
06:58déconcentrés, ceux qui fonctionnent.
07:01C'est les services déconcentrés
07:02de l'État qui fonctionnent.
07:03Pas les services centraux.
07:05Ils sont aux fraises.
07:05Non, il faut y aller.
07:06Ils sont aux fraises. D'accord ?
07:07Ça, avec la région, nous, avec la métropole,
07:10dès lundi matin, on va y être.
07:12On va y être pour essayer
07:14d'aider chaque cas particulier,
07:16chaque personne.
07:17Chaque personne.
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