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00:00De récentes statistiques d'ordre économique ont démontré que les femmes détiennent plus de la moitié des capitaux, des capitaux américains s'entend.
00:22En Amérique, il y a beaucoup plus de femmes en âge de se marier que d'hommes, environ deux millions.
00:30N'importe quel énarque trouverait la matière à faire une étude de marché intéressant.
00:36Nombre d'escrocs aux États-Unis l'ont fait avant lui de toute façon.
00:38Et en général, le moyen le plus employé pour rentabiliser ce marché potentiel que représentent ces femmes pour la plupart riches, c'est le club de rencontres ou la petite annonce.
00:52L'horrible petite annonce.
00:53Célibataire, 31 ans, cultivé bien physiquement, désir rencontré, femme mûre, laide, riche et stupide pour la tromper, lui faire croire qu'il l'aime pendant quelques jours, lui voler son argent et s'enfuir pour recommencer.
01:09Non !
01:09Raymond Fernandez était de cela.
01:14Américain bontain, puisque de descendance espagnole, né à Hawaï et demeurant à New York, il vivait de femme depuis longtemps.
01:22En 1945, il avait encore l'air d'un séducteur mondain des années 30, sourcis noirs et épais, moustaches fines, lèvres pendantes que ses conquêtes qualifiées de sensuelles.
01:37À 31 ans, Raymond Fernandez, 1m60, maigre à faire peur, portant perruque, n'avait pourtant aucun mal à mener une existence aussi dorée que ses fausses dents.
01:47Le piège de l'annonce matrimoniale, il ne savait pas qu'il s'y ferait prendre, lui aussi.
01:56Mais cela n'est pas important, non, vraiment pas important.
01:59Que Raymond Fernandez se fasse prendre à son propre piège, ce n'est que justice.
02:03Mais ce dossier a une autre dimension, celle de la monstruosité.
02:08Une telle monstruosité que, 25 ans après, on en parle encore, aussi bien à la prison de Sing Sing que dans les traités de criminologie.
02:19C'est que, contrairement aux apparences et à son habitude, c'est Raymond Fernandez qui répondit à une petite annonce,
02:28« Une annonce pour laquelle il fallait lire aussi, entre les lignes, dame seule, désir rencontrer M. Affreux sous tout rapport, en vue assassinat en série. »
02:58Le shérif Clarence Randall règne sur la petite ville de Grand Rapide, dans l'état du Michigan.
03:07Nous sommes en janvier 1949.
03:10On lui a signalé l'arrivée en ville d'un couple étrange, trois semaines auparavant.
03:15D'après ce qu'il sait, d'ailleurs, il ne s'agit pas d'un couple, mais du frère et de la sœur, Raymond et Martha Fernandez.
03:23Ils se sont installés dans la petite maison de Mme Dooling.
03:28Mme veuve Dooling habite la ville depuis longtemps.
03:31Un grand malheur l'a frappée il y a deux ans.
03:34Son mari est mort dans un accident de chemin de fer et elle est restée seule avec sa petite fille de deux ans, Renelle.
03:42Delphine Dooling, la jeune veuve, a 28 ans.
03:44Elle est très belle, mais elle ne dispose pour vivre que du revenu modeste de l'assurance-vie de son mari.
03:52Le shérif Clarence la connaît comme il connaît tout son monde ici.
03:56Le fait qu'elle reçoive des amis chez elle n'est pas inquiétant.
03:59Ce qui ne va pas, c'est que personne ne l'a vue ou rencontrée depuis 24 heures et pourtant la maison est habitée.
04:05« Allez donc voir ce qui se passe chez les Dooling, inspecteur, et faites-moi un rapport.
04:12La tête de ces deux escogriffes ne me revient pas. »
04:17Il frappe à la porte de la petite maison, comprend pourquoi les deux têtes qui lui ouvrent ne reviennent pas au shérif.
04:26On dirait Laurel et Hardy, en beaucoup, beaucoup, beaucoup plus vilain et le contraire du sympathique.
04:33Lui, Raymond Fernandez, tout petit et tout maigre, le sourire faux sur des canines en or,
04:38la moumoute toute frisée, le sourcil charbonneux passe encore.
04:42Mais elle, c'est ma sœur Martha, sourit Fernandez.
04:45Oh, l'inspecteur n'a jamais vu un monstre pareil.
04:48Cent kilos au moins, soutenus par deux jambes, ridiculement minces,
04:52le tout donnant l'impression curieuse d'un entonnoir dont la plus grande largeur commencerait aux hanches.
04:57Un visage totalement envahi par la graisse, à tel point que les yeux y disparaissent, ne laissant que deux fentes.
05:05Un mètre soixante-dix au moins, brune et pas très avenante pour tout dire.
05:09Le frère et la sœur ? Pas du même père, sûrement.
05:13Peut-être même pas de la même mère.
05:15En tout cas, c'est le frère qui répond à la question de l'inspecteur.
05:18Madame Douligne, nous ne savons pas où elle est.
05:21Je suis très ennuyé, d'ailleurs. Je ne sais pas quoi faire.
05:24J'espère qu'elle va nous donner de ses nouvelles.
05:28De retour chez le shérif,
05:30l'inspecteur lui fait part de sa mauvaise impression
05:32et une heure après, il ressonne à la porte de Madame Douligne, muni d'un mandat de perquisition.
05:40Oh ! Ce fut très vite fait.
05:42Dans la cave, des traces de ciment frais ont creusent pour découvrir deux corps,
05:48celui de Madame Douligne et de sa petite fille de deux ans.
05:51À peine arrêté, Raymond Fernandez et sa soi-disant sœur, Martha, avouent.
05:58Et ils avouent l'inimaginable, bien qu'il ne s'agisse encore que d'une partie de leurs aveux.
06:04Raymond Fernandez, nous connaissons déjà, c'est le Roméo des annonces matrimoniales.
06:10Et pour retrouver l'origine de sa rencontre avec Martha,
06:13retrouvons une petite annonce, justement,
06:16dans un grand journal de New York en 1945,
06:19cinq ans avant la disparition de Madame Douligne et de sa petite fille.
06:26Fernandez entame une correspondance avec une infirmière diplômée
06:29qui vit en Floride, Martha Beck.
06:32Les premières lettres qu'il lui envoie sont des lettres standards
06:36qu'il a préparées à l'attention des femmes seules
06:38et dont il ne change que les noms propres et les adresses.
06:43Au bout de quelques mois, s'aidant à ses propositions de rencontre au néotypé,
06:46Martha Beck vient rejoindre son séducteur.
06:50N'importe quelle bélâtre, même à vide d'argent,
06:52aurait fui devant le choc de cette première rencontre.
06:56Eh bien, Raymond Fernandez, lui, ne recule pas.
07:00Il ne recule pas devant les cent kilos de laideur,
07:03devant le monstre qui lui tombe dans les bras.
07:05C'est pire et, c'est là l'incompréhensible,
07:10il tombe amoureux.
07:13Martha, il faut quand même le préciser, à 26 ans,
07:16elle a déjà été mariée trois fois sans succès.
07:19On vient de la renvoyer du centre d'éducation pour enfants attardés
07:23où elle travaillait.
07:24Heureusement, d'ailleurs, qu'on l'a renvoyée.
07:25Malgré son physique, c'est une passionnée.
07:29Et elle aussi tombe amoureuse de ce freluqué espagnol sans cheveux.
07:34Il se confie leurs regrets, leurs espoirs.
07:37Et définitivement subjugué, Fernandez révèle à sa compagne ses moyens d'existence.
07:41Par la même, il avoue l'avoir trompé depuis le début de sa correspondance.
07:45Martha ne s'en offusque pas.
07:46Au contraire, elle propose de l'aider.
07:49Désormais, ils seront frères et sœurs.
07:53Cela va rendre plus plausible le personnage du jeune homme qui veut réellement se marier.
07:58Ainsi, Fernandez reprend sa lucrative activité.
08:00Lorsqu'il a repéré une femme seule et riche, il s'installe chez elle.
08:04Au bout de quelques temps, Martha vient le rejoindre.
08:06En racontant une histoire d'ennui financier, le reste n'est que routine.
08:09Et en 1947, Raymond et Martha font régulièrement une victime.
08:14Par mois.
08:16Oh, il n'y a guère de danger d'ailleurs pour eux.
08:17Beaucoup de femmes n'aiment guère porter plainte dans ce cas-là.
08:21Et il suffit, pour décourager les mauvaises langues, de changer l'état le plus souvent possible.
08:27En 1949, ils sont donc installés tous les deux chez Mme Dowling.
08:30Mais déception pour eux.
08:32La jeune et belle-veuve n'est pas très riche et surtout extrêmement méfiante.
08:35Elle est curieuse de savoir comment le beau Raymond a vécu avant de la connaître.
08:38Et pourquoi il traîne derrière lui, comme un boulet, cette soeur grotesque et avide.
08:44En effet, Martha se plaint, comme à son habitude, de manquer d'argent.
08:47Elle insiste tellement qu'un soir, Mme Dowling se fâche.
08:51« Si vous ne quittez pas la maison immédiatement, je porte plainte ! »
08:55Dans son bol de café le lendemain, il y a tellement de tranquillisant qu'elle s'en rend compte.
09:00Elle lutte pour ne pas s'endormir sur sa chaise,
09:03se traîne dans la cuisine, s'accroche aux jambes de Raymond qui panique.
09:05Et il l'abat d'un coup de revolver.
09:11Martha l'aide à transporter le corps dans la cave et à l'enterrer.
09:14Mais il reste la petite fille, Renel, à deux ans.
09:19Nous voyons plus sa mère, elle se met à pleurer, à pleurer de plus en plus fort.
09:23Et Martha, excédée, décide d'en finir.
09:25Elle noie la petite fille dans la baignoire.
09:28Et les deux amants refont le même travail de terrassement dans la cave.
09:36Jérif Clarence, arrivé à ce moment de l'interrogatoire, n'en croit pas ses oreilles quand il demande
09:39« Qu'est-ce que vous avez fait ensuite ? »
09:43Nous sommes allés au cinéma.
09:52Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
09:56Au Michigan, la peine de mort n'existe pas.
10:00Et malgré son dégoût, le shérif Clarence sait très bien quelle sera la conclusion de cette affaire épouvantable.
10:05Même si ce couple de monstres est condamné à la prison à vie,
10:08on les libérera comme c'est l'usage au bout d'une quinzaine d'années.
10:11Ils le savent tous les deux d'ailleurs.
10:12Alors ils crâne, elle est là, affalée sur la banquette de bois,
10:16son triple menton posé sur la poitrine, couvant son hidalgo de ses petits yeux porcins et méchants.
10:22Le shérif est un brave homme, mais ces deux-là dépassent la mesure.
10:29Inspecteur Yann, donnez leur signalement à tous les États.
10:34Prévenez le FBI.
10:36Fouillez leur passé jusqu'à leur première dent.
10:38Je veux tout savoir sur ces deux-là, tout.
10:43Il n'est pas question de leur passer le moindre vol dans un drugstore.
10:49Montre tes poches fernandaises.
10:51Relève tes chaussures.
10:53Votre ta perruque.
10:56Et donne-moi les numéros de tes comptes en banque.
10:59S'apercevant que le shérif a l'intention d'aller loin,
11:05le plus loin qu'il pourra.
11:08Martha bondit comme une énorme panthère.
11:11Ne le touchez pas.
11:12Vous n'avez pas le droit.
11:13Cette femme l'a provoqué.
11:14C'est elle qui cherchait à faire une affaire.
11:16Elle ne lui a même pas donné un cents pour faire le marché pendant toute la semaine.
11:21Le compte en banque de Raymond Fernandez est pourtant bien fourni.
11:25Six mille dollars.
11:25Séparé de sa maîtresse, Raymond est beaucoup plus fragile.
11:30Il ne résiste que 48 heures à l'interrogatoire du shérif Clarence.
11:34Madame Veuve Young, morte à Chicago d'une trop forte dose de tranquillisant,
11:40avait rencontré le couple monstrueux.
11:43Puis, Madame Wilson et sa fille unique.
11:48De 48 heures en 48 heures, les noms défilent.
11:52Quatre, sept, douze, quinze, vingt, vingt, vingt-deux.
12:09Vingt-deux victimes en cinq ans.
12:13Vingt-deux femmes avec leurs enfants dans certains cas.
12:17Et jamais nulle part le moindre soupçon sur le couple Fernandez.
12:24Le shérif Clarence n'a jamais vu sur sa table un dossier aussi énorme.
12:30La presse américaine gronde, l'Amérique gronde,
12:32après ces deux êtres bouclés chacun dans une cellule de grand rapide.
12:36Chaque fois qu'un photographe ou qu'un journaliste s'occupe de Martha,
12:39elle clame son amour pour son ridicule petit amant maigre et chauve.
12:43Chaque fois que c'est à son tour, Fernandez en rajoute sur sa passion pour l'énorme Martha.
12:48Il s'aime.
12:49Aussi aberrant que cela puisse paraître, il s'aime jusqu'à la folie.
12:54Le véritable mobile de cette cascade de meurtre n'est pas véritablement l'argent d'ailleurs, non.
12:59Plus l'enquête avance et plus la police en rend compte,
13:02c'est la jalousie de Martha qui l'a provoquée pour l'essentiel.
13:06Tenez, le meurtre jeunesse fait, par exemple, était totalement gratuit.
13:09Fernandez avait fini son travail.
13:12Il lui avait extorqué la totalité de ses ressources.
13:15Il voulait simplement s'enfuir avec Martha.
13:17Mais Jeannette Faye était séduisante, bien qu'âgée de 60 ans.
13:21Pendant plusieurs semaines, Martha avait vécu dans son appartement,
13:24couchant seule dans une petite chambre
13:25et supportant les amours de son frère entre Guilbert et de cette femme sans rien dire.
13:31Au moment de partir, elle ne se retint pas de faire une séance de jalousie grotesque et incompréhensible pour la malheureuse femme.
13:36Fernandez l'entraîna de force.
13:38Elle revint seule pour assommer sa rivale à coup de marteau sans toutefois réussir à la tuer.
13:44C'est Fernandez qui dut l'achever en étouffant la blessée avec un foulard.
13:49Ils se débarrassèrent de leur victime en l'expédiant dans une malle
13:51à 50 km de chez elle dans une maison louée pour la circonstance.
13:56Jeannette Faye fut découverte dans cette dernière maison, enterrée dans la cave.
13:59Ce meurtre d'ailleurs commis dans l'État de New York allait permettre une astuce juridique.
14:07Certains journalistes affirment même qu'en l'occurrence,
14:10le ministre de la justice américaine a quelque peu triché.
14:13En effet, le meurtre de Jeannette Faye étant antérieur à celui de Mme Dooling,
14:18la loi fédérale permettait de faire extrader les deux criminels dans l'État de New York pour y être jugée.
14:25Et dans l'État de New York, il y a la peine de mort.
14:28C'est donc New York qui connut l'épilogue de ce dossier extraordinaire
14:33et la fin de Raymond Fernandez et Martha Beck.
14:38Mais ils n'avaient pas fini de faire parler d'eux, cependant.
14:44En juillet 1947, ils savent que la chaise électrique les attend.
14:48Ils entament alors une procédure sans précédent pour y échapper.
14:52Elle dure deux ans avant que le procès s'ouvre enfin, fin juillet 1949.
14:58Le couple va plaider l'irresponsabilité.
15:03Un défilé impressionnant de médecins, de psychiatres, affirme à la barre
15:07qu'ils ne disposent ni l'un ni l'autre de toutes leurs facultés.
15:13La thèse de la défense est simple.
15:15Il s'agit de prouver que l'amant Maigrichon et la maîtresse obèse
15:19se tenaient sous une sorte de domination réciproque.
15:22Et l'on trouve dans l'épidoirie ce genre d'argument.
15:26Ils étaient victimes du même envoûtement.
15:29Un envoûtement qui faisait d'eux des pantins irresponsables.
15:32Lorsque Fernandez tuait, c'était la faute de Martha Beck.
15:36Lorsque Martha Beck tuait, c'était la faute de Raymond Fernandez.
15:39Et pour étayer leur thèse, les avocats déballent devant les jurés
15:43les détails intimes de la vie privée des deux accusés.
15:47On connaît la grande liberté dont jouissent les journaux américains dans ce domaine,
15:51mais pourtant tous, tous refusent d'imprimer ces détails.
15:54Pendant trois semaines, c'est un étalage de monstruosité,
15:58d'incidents d'audience, d'écœurements.
16:00Le genre de procès-fleuve dont on se demande si la justice a vraiment besoin.
16:06S'il ne conviendrait pas de faire ce déballage à huis clos.
16:10Sur cette scène gigantesque, devant un public horrifié et des jurés exténués,
16:16Martha profite de la moindre occasion pour s'échapper de son boxe,
16:20courir dans les bras de son amant et l'embrasser avidement.
16:24Dans le désordre que provoquent ces manifestations d'un goût douteux,
16:27les partisans de la peine de mort ont bien du mal à se faire entendre.
16:30Il est évident que la défense profite de la confusion.
16:33L'horreur des meurtres successifs, patiemment détaillés,
16:37la personnalité et le physique étrange de ce couple,
16:39tout cela fait que le jury a tendance à penser à l'asile psychiatrique
16:44plutôt qu'à la chaise électrique.
16:47Il faut toute la fermeté du juge Pécora pour rendre aux jurés leur rôle essentiel.
16:52Le 18 août 1949, tard dans la soirée,
16:55pressentant qu'il fallait en finir au plus vite,
16:57il s'adresse aux membres du jury en ces termes.
17:00« Je ne remettrai pas l'audience à demain matin.
17:03Je vous demande d'accepter de ne pas dormir cette nuit
17:06et de rendre votre verdict en oubliant tout ce qui n'est pas l'essentiel. »
17:12Toutes les stations de radio d'Amérique suivirent le suspense des délibérations pendant quatre heures.
17:17Et dans leur quasi-totalité, ces stations exprimaient le vœu que les criminels soient exécutés.
17:24Bestialité sans froid pour 22 crimes d'argent ne devait pas être oubliée
17:29dans le tumulte de la paranoïa simulée.
17:32Le jury fut unanime.
17:35Quatre jours plus tard, le 22 août,
17:38le juge Pécora condamnait Raymond Fernandez et Martha Beck à la chaise électrique.
17:42L'un et l'autre firent appel et une nouvelle bataille légale s'instaurait
17:46pendant qu'ils échangeaient des lettres d'amour à la prison de Sing Sing.
17:50Là aussi, ce fut un vraisemblable.
17:52Du Shakespeare à la sauce des prisons américaines.
17:55L'architecture de la section des condamnés à mort est faite de telle façon
17:58qu'elle permettait à Martha et Raymond de s'entrevoir de temps en temps.
18:02En effet, c'était l'été et le plus souvent, les gardiens laissaient ouvertes les huit portes
18:06qui rayonnent dans toutes les directions à partir du couloir central.
18:11La surveillance chez les femmes étant moins sévère,
18:13Martha arrivait souvent à se promener jusqu'à cette salle circulaire
18:17et à apercevoir son amant dans la première cellule du couloir des hommes,
18:22à lui crier des déclarations d'amour avant que la gardienne ne l'enferme à nouveau.
18:28Le manège dura un an, le temps accordé aux États-Unis
18:31pour effectuer les démarches légales en vue de la révision d'un procès.
18:36Pendant un an, ils s'envoyèrent des lettres enflammées,
18:39se hurlèrent des mots d'amour par-dessus les grilles électriques.
18:42La presse américaine se faisait régulièrement l'écho de cet idylle derrière les barreaux
18:46et des lecteurs sadiques dévorèrent les péripéties du roman d'amour
18:51des deux criminels les plus détestés des États-Unis.
18:54Le vol-glaure continuait, même à quelques semaines de la chaise électrique.
19:00On finit quand même par les séparer un peu plus efficacement,
19:03mais Raymond Fernandez devint alors la bête noire des autres condamnés à mort.
19:08Ils avaient trouvé le point faible du Roméo des petites annonces matrimoniales, sa jalousie.
19:14Chaque fois qu'un enquêteur ou un avocat pénétrait dans la cellule de Martha,
19:18la nouvelle passait d'une cage à l'autre, alourdit de sous-entendus obscènes,
19:22et Raymond Fernandez hurlait de rage, se roulait par terre dans une frénésie de jalousie hystérique.
19:29Par deux fois, il tenta de se suicider, une fois avec un nœud coulant,
19:33fabriqué avec les débris d'une chemise, une seconde fois,
19:36en essayant de fabriquer un système curieux.
19:38Un gardien trouva sous son sommier des fils de cuivre torsadés.
19:43Intrigué, il examina le commutateur électrique placé à l'extérieur de la cellule,
19:47mais que le condamné pouvait atteindre d'une main.
19:49Les contacts avaient été trafiqués,
19:51et on s'aperçut que Fernandez pouvait se suicider
19:54en branchant le fil de cuivre sur le commutateur,
19:57en humectant ses mains,
19:59et en touchant en même temps un des barreaux de la cellule,
20:03pour faire masse.
20:05Une chaise électrique avant l'heure, en quelque sorte.
20:07Il fallut l'isoler davantage,
20:10jusqu'au 8 mars 1951, jour fixé pour la double exécution.
20:16Tous les moyens légaux avaient échoué,
20:18pas de grâce, pas de recours,
20:20et le gouverneur de l'État refusa son pardon.
20:24Le 8 mars,
20:26on servit à Fernandez son dernier repas,
20:29du steak, des légumes, du fromage, des gâteaux,
20:31et un van offert par l'administration.
20:34Il mangea le tout et fuma son cigare.
20:38Martha Beck se contenta d'un morceau de poulet,
20:40de quelques frites et d'une salade.
20:43À 23 heures,
20:44elle entra la dernière dans la pièce au mur vert clair,
20:47et s'assit sur la chaise électrique.
20:50Fernandez l'avait quitté quelques instants auparavant.
20:52Même leur fin fut monstrueuse.
20:56Et j'aurais tendance à dire,
20:58il n'y a qu'en Amérique,
21:00que ce genre de choses arrive.
21:02Je n'en veux pour preuve que la dernière conversation
21:04de Martha Beck avec son gardien,
21:07tellement effarante,
21:09que l'on a du mal à penser que ces gens existent vraiment,
21:12qu'ils ne sortent pas d'un horrible film de fiction.
21:14Le gardien,
21:17qui lui servait son repas, poulet et salade,
21:20s'inquiéta de savoir
21:21si elle ne désirait pas autre chose.
21:24Martha Beck
21:25a une heure de la chaise électrique.
21:28À 32 ans
21:29et 22 crimes abominables,
21:31ce monstre de 100 kilos répondit
21:33et le témoignage est authentique.
21:36Non merci,
21:36je ne veux pas grossir.
21:44Vous venez d'écouter
21:58les récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
22:01Un podcast issu des archives d'Europe 1.
22:05Réalisation et composition musicale,
22:07Julien Tarot.
22:09Production,
22:10Estelle Laffont.
22:11Patrimoine sonore,
22:12Sylvaine Denis,
22:13Laetitia Casanova,
22:15Antoine Reclus.
22:17Remerciements à Roselyne Bellemare.
22:19Les récits extraordinaires
22:20sont disponibles sur le site
22:22et l'appli Europe 1.
22:24Écoutez aussi le prochain épisode
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