00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Vincent, hier soir les députés ont donc adopté par 247 voix pour, contre 234, le budget de la sécurité sociale.
00:13C'est une belle victoire pour Sébastien Lecornu.
00:15L'analyse des votes alors est intéressante puisque l'arc du soutien s'étend des écologistes de Syrie et de Châtelain jusqu'au LR de Laurent Wauquiez, Vincent.
00:23Oui, si vous êtes amateur de tambouilles parlementaires, Dimitri, si vous faites partie de cette catégorie de plus en plus rare,
00:28vous goûterez avec un plaisir de connaisseur et un brin d'admiration la recette de Maître Lecornu.
00:33Alors je vous la résume, vous mettez un bouillon de socialisme, un bloc central coupé en morceaux, une pincée d'écolos, des horizons émincés,
00:40vous ajoutez à la toute fin un gros bouquet de députés LR, vous faites mijoter quelques semaines et à la fin la soupe est prête.
00:47Alors vous me direz que le goût est amer pour les finances publiques, mais le but n'est pas de redresser notre économie,
00:51mais de passer l'hiver bien au chaud, même si pour cela la France doit boire une potion tragique.
00:56Vous ironisez Vincent, mais c'est quand même une belle victoire pour le Premier ministre.
00:59C'est une magnifique victoire d'apparence pour Sébastien Lecornu-mer, en réalité, si l'on sort des habiletés tactiques.
01:04Si l'on prend la mesure de l'état de délitement de notre économie, c'est une défaite collective.
01:08La France n'est pas une île, l'Assemblée n'est pas une principauté, et pourtant depuis trois mois,
01:13les débats qui animent les missyques sont en décalage total avec les urgences de notre pays surendetté et déclassé.
01:18Au regard de la compétition mondiale, c'est tout simplement effrayant.
01:22Cet exercice budgétaire pourrait se résumer en deux tristes formules.
01:25La première, c'est travailler moins pour gagner un peu moins.
01:28La seconde, c'est imposer plus pour dépenser plus.
01:31Alors que les prédateurs se partagent le monde, la France accable ses forces vives.
01:36Michel Barnier avait parlé d'un budget de découragement.
01:38Il avait raison, c'est le mot juste.
01:39Mais il valait mieux un budget que pas de budget, c'est la politique du moindre mal, dirait le Premier ministre.
01:44Ah oui, le préférable et le détestable, l'éthique de conviction ou l'éthique de responsabilité,
01:50le « tu préfères une jambe de bois ou des dents en mousse », on connaît la musique qui justifie toutes les compromissions.
01:56Mais en trois mois, on a quand même balancé à la scène la seule réforme du second mandat d'Emmanuel Macron, celle des recettes.
02:02Et puis on a autorisé le PS à jouer sans limite à qui veut taxer des milliards.
02:06Au bout du compte, on a stabilisé le naufrage, bureaucratisé l'affaissement.
02:10L'Assemblée nationale s'est transformée en un immense conseil général où l'on négocie le bout de gras,
02:15un gigantesque foirail où les intérêts particuliers l'emportent sur l'intérêt collectif.
02:20Et puis voir la politique de notre pays, guidée par Olivier Faure, sous l'œil bienveillant des écologistes,
02:25alors que la droite est majoritaire en France, c'est particulièrement pénible.
02:29D'autant que le PS peut compter sur le ralliement de la droite, la droite la plus consternante du monde.
02:35Vous parlez des républicains qui sont abstenus et même de ceux qui ont voté aussi le texte ?
02:40Oui, sans le vote favorable de 18 députés LR, ce budget était rejeté.
02:43C'est de dire la responsabilité des amis de Laurent Wauquiez.
02:46Franchement, c'est navrant.
02:47Devenir les brancardiers du macronisme moribond, c'était déjà absurde tactiquement et critiquable moralement.
02:52Mais voter avec François Hollande ou s'abstenir avec Sandrine Rousseau,
02:56les amis de Sandrine Rousseau, Sandrine Rousseau elle a voté contre.
02:59Pour sauver un texte qui abroge la réforme des retraites, ce n'est même plus du renoncement,
03:02c'est une forme d'immolation.
03:05Les députés LR ont peut-être gagné quelques mois,
03:07mais ils risquent de condamner beaucoup de candidats de leur famille politique
03:09aux élections municipales, tant leurs électeurs sont en colère.
03:13Quant à la présidentielle, c'est encore pire.
03:15La droite, le centre, le PS se pressent tous ensemble dans la même impasse
03:18et laissent l'autoroute complètement vide pour Jean-Luc Mélenchon et Jordan Bardella.
03:24Alors nos belles âmes diront qu'elles ont choisi la stabilité pour échapper au chaos.
03:28Elles ne voient pas que cette stabilité, quoi qu'il en coûte,
03:30c'est l'antichambre du chaos.
03:32Merci beaucoup Vincent Trémolet de Villers, l'édito politique sur Europe 1.
03:34Je me permets de vous reprendre, c'est
03:35« Tu préfères des dents en bois ou une jambe en mousse ? »
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