00:007h39 sur Europe 1, place à l'édito éco Dimitri Pavlenko.
00:04Bonjour Olivier Babaud.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Alors l'Assemblée Nationale a adopté hier en deuxième lecture la loi de financement de la Sécu,
00:11alors que beaucoup saluent une victoire, vous dites qu'il n'y a pas de quoi pas voiser.
00:15Oui Dimitri, c'est au mieux une victoire à la pyrrhus, c'est un PLFSS qui devrait faire honte à tout député normalement constitué.
00:21La Sécu a fêté ses 80 ans en octobre dernier, vous vous en souvenez, mais le gâteau a un goût amer,
00:26un déficit de près de 20 milliards d'euros en 2026, du jamais vu,
00:28quand il n'y a pas de crise pour l'expliquer, pas de pandémie, pas de choc financier.
00:33Seulement l'incapacité chronique à maîtriser nos dépenses, à assumer nos choix.
00:36Mais le gouvernement dit que c'est sous contrôle, un transfert budgétaire de 4 milliards et demi d'euros vers les caisses de la Sécu est prévu.
00:43Justement, même avec ces 4,5 milliards d'argent public injecté en urgence, la trajectoire reste catastrophique.
00:49Sans cette perfusion, le déficit évidemment dépasserait les 24 milliards.
00:52On n'est plus dans un accident budgétaire, on est dans un naufrage délibéré.
00:55Mais ce qui choque le plus, c'est le caractère structurel du trou qu'on laisse s'installer.
00:59Ça signifie, il faut le redire aux auditeurs, qu'on paye nos dépenses courantes par de l'endettement pesant sur nos descendants.
01:04On paye nos rendez-vous de médecins d'aujourd'hui en les gageant sur les impôts de demain.
01:07Pourtant l'Assemblée a refusé des mesures qui étaient jugées trop dures.
01:11Ah bah oui, elle a refusé les mesures impopulaires, réforme des retraites évidemment, puisqu'on est revenu dessus.
01:15Gel des pensions, hausse de la franchise, taxation de titres au restaurant.
01:18Dans le même temps, elle a voté des dépenses supplémentaires, hôpital, déserts médicaux, EHPAD, Outre-mer.
01:23Au fond, la question essentielle qu'on refuse de se poser, c'est qu'est-ce qu'on veut vraiment financer par la solidarité nationale ?
01:30Regardez, on repousse la réforme du remboursement des cures thermales, qui n'est quand même pas absolument centrale ce remboursement.
01:35Ce qui oblige d'un autre côté à augmenter la CSG sur le revenu du capital, à taxer plus les complémentaires santé.
01:40Taxe qui sera répercutée sur les assurés, vous pouvez être sûr.
01:42Toujours ce réflexe de la pression fiscale, faute d'avoir le courage de réfléchir aux dépenses.
01:48Une parenthèse, la taxe mutuelle, en fait l'année dernière les cotisations avaient déjà augmenté en anticipation d'une taxe qui n'était pas venue et qui arrive cette année.
01:57Donc on aura deux fois la sûrement d'être considérant.
02:00Bon concrètement, qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
02:01N'importe quel pays responsable, les réformes seraient lancées immédiatement, allongement de la durée de travail indexée sur l'espérance de vie,
02:07désintexation des prestations sur plusieurs années pour en alléger le coût, une lutte résolue contre les actes inutiles,
02:13jamais de dépenses nouvelles sans financement, contrairement à ce qu'on a fait avec le Ségur de la santé,
02:17une réorganisation autour de la médecine ambulatoire, de la prévention qui avance beaucoup trop lentement, voilà, pour donner quelques pistes.
02:22Donc pour vous, ce budget de la Sécu, Olivier, c'est un budget de renoncement ?
02:26Le vrai scandale, c'est même pas que la Sécu soit en déficit, c'est que nous avons renoncé à la sauver, en fait, la Sécu.
02:32Tant qu'on ne dira pas clairement, comme le dit fort justement Nicolas Dufourc,
02:35qu'un modèle social qui est en déficit, ce n'est pas un modèle, car il n'est pas viable,
02:39tant qu'on verra dans la Sécu un totem plutôt qu'un système malade à rénover qu'il est,
02:42ce système malade à rénover, alors nous risquons de ne pas fêter beaucoup d'autres anniversaires de la Sécu.
02:47Elle a 80 ans cette année, la Sécuité sociale.
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