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00:00Avec Audrey donc, bonjour Audrey. Aujourd'hui un projet européen dans le viseur de milliers de scientifiques.
00:08Oui, demain la Commission européenne publiera ses propositions pour simplifier, réduire la bureaucratie pour les entreprises.
00:15Et concernant l'environnement, elle va proposer d'assouplir les règles concernant l'utilisation de produits chimiques dangereux,
00:22notamment les phytosanitaires, pesticides, herbicides, fongicides, etc. dans les exploitations agricoles.
00:27Concrètement, si cette proposition est adoptée, les fabricants de pesticides et autres produits phytosanitaires
00:34ne devront plus redemander régulièrement des autorisations de mise sur le marché de leurs molécules.
00:40Et ça, ça inquiète fortement les scientifiques qui travaillent sur les effets de ces produits
00:44et découvrent parfois leur toxicité après des années, voire des décennies d'utilisation.
00:49En France, ils sont près de 2300 à avoir publié hier une lettre ouverte demandant un rejet de cette proposition de la Commission.
00:56Et voici ce qu'ils écrivent. Si la proposition de la Commission était adoptée, cela diminuerait de fait la capacité des agences
01:02à encadrer la mise sur le marché des pesticides et à surveiller leurs effets sanitaires.
01:07Parce que ces signataires sont médecins, toxicologues, biologistes.
01:11Et leur inquiétude, c'est clairement que l'on sacrifie notre santé pour des considérations économiques sous la pression des lobbies.
01:17Écoutez l'un des signataires de cette lettre ouverte, Philippe Grancola.
01:20L'objectif de cette lettre ouverte, c'est vraiment de faire prendre conscience aux décideurs, d'une manière générale,
01:27y compris bien sûr aux élus, de l'importance du principe de précaution,
01:33de ne pas donner un blanc-seing à des entreprises d'agrochimie,
01:38dont l'objectif évidemment est de se donner le moins de travail possible pour réaliser le plus de bénéfices possibles
01:44en mettant sur le marché des pesticides dont on ne reverra jamais la conformité en termes scientifiques,
01:50en particulier par rapport à la santé humaine.
01:52Les pesticides, ce sont des substances qui sont faites pour tuer, évidemment.
01:55On prétend qu'elles sont ciblées, les insecticides sur les insectes,
01:58les fongicides sur les champignons et les herbicides sur les plantes.
02:01Mais néanmoins, ce que la science a montré depuis plusieurs décennies,
02:04c'est que ce ciblage est défaillant.
02:06Et donc la plupart de ces substances sont toxiques pour un grand nombre d'êtres vivants, y compris les humains.
02:10Ça coûte extrêmement cher en termes, bien sûr, de pression dolorise, de douleurs, de problèmes humains terribles,
02:18et puis en termes économiques également.
02:20Donc c'est vraiment un enjeu qu'il faut prendre à bras-le-corps, il ne faut pas attendre.
02:25Donc vous voyez que les signataires de cette lettre ne veulent pas opposer la santé humaine à l'économie
02:30parce qu'en réalité on calcule depuis un moment maintenant le coût faramineux pour nos systèmes de santé
02:36et des maladies induites par toute cette toxicité, cette pollution de notre environnement.
02:40Et on parle de quels problèmes pour la santé humaine alors ?
02:43Alors on a une explosion des maladies neurodégénératives tout d'abord,
02:46des cancers, des lymphomes, etc.
02:48Parkinson pour les maladies neurodégénératives.
02:51Et on voit que ces maladies sont plus présentes chez les agriculteurs qui traitent leurs champs
02:54et chez les habitants des régions agricoles, les ruraux.
02:57Donc c'est difficile d'ignorer ce problème, sa réalité.
03:00Pour que ce soit concret pour ceux qui nous regardent,
03:02il suffit de parler du chlordécone qui a été autorisé pendant des décennies aux Antilles
03:07pour traiter les bananeries avec des effets sur les santé des populations
03:10qui persistent encore aujourd'hui.
03:12Au-delà du risque de voir toutes ces substances ne pas être réexaminées par les autorités de santé,
03:18il y a aussi des analyses de toxicité qui ne sont pas assez poussées aujourd'hui.
03:22C'est-à-dire qu'on examine chaque molécule séparément en laboratoire.
03:26Mais dans la nature, ce n'est pas comme ça que ça se passe.
03:29Il y a notamment le fameux effet cocktail,
03:31c'est-à-dire qu'une molécule supposément sans danger, sans toxicité,
03:36peut avoir un principe toxique si elle est combinée à d'autres molécules.
03:40C'est le principe de toutes les réactions chimiques.
03:42Et ce n'est pas la seule limite de ces tests.
03:46Écoutez encore Philippe Grancola.
03:48Il y a de nombreuses substances aujourd'hui qui sont dans le milieu naturel.
03:52Par exemple, en France métropolitaine,
03:54on a à peu près 300 substances actives, pesticides autorisées.
03:57Ça veut dire 40 000 possibilités d'interaction.
04:00Les tests pour les mises sur le marché ne sont pas suffisants du tout.
04:03Tous les scientifiques le disent.
04:05D'abord, on ne devrait pas tester uniquement la toxicité aiguë,
04:08c'est-à-dire combien il faut de substances pour tuer un animal
04:11avec lequel on essaye de tester la substance.
04:16On a aussi besoin de regarder la toxicité chronique,
04:19c'est-à-dire de regarder les effets qui paraissent mineurs,
04:22mais qui vont apparaître petit à petit sur le long terme.
04:24C'est vrai que pour les scientifiques, c'est très dur de voir finalement
04:27ces mauvaises décisions politiques,
04:29parce qu'il y a derrière ces enjeux un énorme travail réalisé,
04:34avec des moyens souvent assez médiocres, pour le bien commun.
04:39Et on voit, on perçoit tous les dangers,
04:42tous les risques que nos sociétés prennent
04:44par les manques de décisions conformes à la science.
04:46et on est impuissants, parce que bien sûr,
04:50en tant que scientifique, on n'est pas prescripteur,
04:52on n'est pas décideur.
04:54Les scientifiques, vous l'aurez compris,
04:56cherchent à apporter au grand public
04:59l'état de leur connaissance sur ce sujet.
05:01J'espère avoir aidé à le faire aujourd'hui.
05:03On suivra demain les débats au Parlement européen
05:06et on s'en reparle jeudi, Julien.
05:07Merci.
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