00:00Dominique, vous nous parlez donc du vote du budget de la sécurité sociale et de ses enjeux, vous en avez compté trois.
00:06Le vote qui a lieu, Florence, cet après-midi, a priori personne ne l'ignore, mais bon, il est utile de le rappeler parce que la France entière à la fois suit ce feuilleton et on a profondément ras-le-bol.
00:17Toujours a priori, ce sera ric-rac dans un sens ou dans l'autre, mais l'avenir de Sébastien Lecornu n'est pas seul en cause.
00:23Le premier enjeu est que ce texte n'est pas vide. Il ne prévoit pas seulement un gel de l'âge de départ en retraite à 62 ans et 9 mois pour 5 générations,
00:34pas seulement non plus une hausse de la CSG sur certains revenus du capital.
00:37On y trouve un nouveau calcul des pensions des mères de famille sur leurs 23 ou 24 meilleures années de rémunération au lieu des 25 ans, avec un geste pour les mères fonctionnaires.
00:47Il y a également le fameux nouveau congé de naissance jusqu'à deux mois, payé 60 à 70% du salaire net.
00:54Quoi encore ? La vaccination obligatoire dans tous les EHPAD, ça n'est pas rien.
00:59Et un tour de vis réel sur le cumul emploi retraite plutôt avantageux, il faut le dire, pour les salaires relativement élevés.
01:04Tout ça pour dire qu'au-delà des grandes masses financières, il y a du concret.
01:08Deuxième enjeu, Dominique.
01:09C'est de rappeler une chose toute simple.
01:11Depuis des semaines, le débat parlementaire porte sur des mesures qui bougent d'un chouïa, le déficit des comptes sociaux.
01:1720 milliards, 30 milliards entre les deux.
01:19Mais en vrai, c'est totalement incongru.
01:22Que la sécurité sociale soit dans le rouge est incongru.
01:26Les dépenses de retraite de santé et d'allocations familiales sont des dépenses courantes,
01:29qu'il n'est pas normal de faire payer par les générations suivantes.
01:33Autant on peut comprendre, à la limite, un déficit de l'État quand il est investi sur l'avenir,
01:38bon, cette précision est importante, autant sur la sécu, c'est même un scandale.
01:42Chaque salarié sur sa feuille de paie paye une cotisation, la CRDS,
01:47la contribution au remboursement de la dette sociale, au taux de 0,5%.
01:51Elle a été créée en 1996.
01:54L'idée était que les salariés, en la payant, se révoltent.
01:56Pourquoi boucher les trous des prescriptions de médicaments d'il y a 10 ans ?
02:00Ça ne s'est pas passé comme ça.
02:01Nous sommes amorphes, des moutons tendus.
02:04La CRDS a été prolongée au moins jusqu'en 2033.
02:07Et alors, dernier enjeu du vote ?
02:08Il est de réaliser ce que la grande question de l'évolution de nos dépenses de sécurité sociale veut dire en pratique.
02:14Personne n'imagine, n'envisage et ne prévoit que les dépenses de retraite et de santé doivent diminuer.
02:19Il s'agit juste de les ralentir.
02:22Depuis 2019, les dépenses de santé, ce qu'on appelle l'ONDAM, sont passées de 200 à 270 milliards d'euros.
02:30Et les dépenses de pension, les régimes de base, ont pris l'ascenseur aussi de 237 à 305 milliards d'euros.
02:36Dans les deux cas, c'est bien plus que l'inflation.
02:39Bref, elles galopent, peut-on seulement les faire courir ?
02:42Voilà le sujet.
02:43Et ça, la copie du PLFSS n'y répond pas.
02:46Une copie au total, clairement plus politique qu'économique,
02:50qui, si elle passe, provoquera un soulagement peut-être lâche,
02:54et qui, si elle trépasse, déclenchera des événements peut-être graves.
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