Le spectacle qui nous est offert depuis un mois est suffisamment déprimant pour ne pas relever les petites victoires qui jalonnent ce chemin de croix budgétaire. Retrouvez « L'édito éco de Dominique Seux » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco
00:00Dominique Seux, vous nous parlez donc ce matin de murs et d'impasses et c'est encore le budget qui vous anime.
00:06Oui, encore et toujours. Le spectacle qu'il nous a offert depuis un mois est suffisamment déprimant pour ne pas relever les petites victoires,
00:13toutes petites victoires qui gêlent ce chemin de croix budgétaire.
00:16Hier, le gouvernement a annoncé en Conseil des ministres qu'il a franchi un mur sans se casser la figure.
00:22Le déficit des finances publiques pour 2025 sera tenu à la virgule près. Il n'y a pas eu de dérapage.
00:28Je vous le répète à voix haute parce qu'on en a perdu l'habitude. Message politique évident, l'État tient tant bien que mal dans cette période de pâte à caisse et d'embrouille à mini-politique.
00:37Alors bien sûr, il faut préciser illico presto que le déficit à 5,4% du PIB, ce déficit est de très loin le plus élevé d'Europe.
00:47Pas de quoi sortir à Bercy, le champagne à peine l'eau abîle.
00:50Si ça ne tenait qu'à vous, ce serait même de l'eau plate.
00:52Oui, et d'autant plus que dans le détail, on constate le fossé entre le débat public et la réalité,
00:57ce qui est un problème grave. L'opinion est persuadée que nous vivons dans l'austérité la plus austère,
01:02que des économies sont cachées derrière chaque ligne budgétaire.
01:05C'est faux. Les dépenses publiques cette année auront grimpé de 45 milliards d'euros.
01:10J'ai bien dit 45 milliards à 1697 milliards, soit bien plus que l'inflation.
01:16Les dépenses de santé et de retraite montent le plus.
01:19Mais comme les recettes ont aussi augmenté, le déficit, oui, c'est vrai, a été tenu.
01:23Donc un mur a été franchi cette année, mais l'an prochain ?
01:26Eh bien, ce qui apparaît, c'est que derrière le bruit et la fureur du débat budgétaire pour 2026 à l'Assemblée nationale,
01:33il n'y a pas forcément un mur au fond de l'apparente impasse politique.
01:37En tout cas, sur le niveau du déficit public.
01:40Selon nos informations, la ministre du Budget, Amélie de Montchalin,
01:43estime qu'avec ce qui a été voté jusqu'à présent,
01:45ce déficit sera de 4,8% du produit intérieur brut l'an prochain.
01:49Et qu'à la fin des fins du débat, la barre des moins que ou égale à 5% est encore tenable.
01:55Et comment est-ce possible ?
01:56D'abord, ce n'est pas un objectif très ambitieux.
01:59Encore en 2026, la France sera bonne et d'âne de la zone euro.
02:03Deux, des hausses d'impôts sur les grandes entreprises compensent des baisses sur les ménages.
02:07Au total, pour essayer de rassurer les milieux économiques découragés,
02:11on en parlait ici hier,
02:12Bercy insiste sur le fait que la copie finale sera bien différente
02:16de ce qui a émergé du brouillard de ces dernières semaines.
02:19Par exemple, le gouvernement va tout faire, dit-il,
02:22pour que l'assurance vie en euro ne soit pas intégrée dans la taxation de la fortune
02:27au moment même où la France émet des quantités d'emprunts absolument considérables.
02:32Mais ce qui émerge le plus, c'est l'absence d'économie.
02:36Aucune, et je dis bien aucune, n'a été acceptée jusqu'à maintenant.
02:40La France est un cas unique en son genre et on le comprend mal.
02:43Alors Florence, normalement, le travail d'un éditorialiste est d'expliquer les choses,
02:47mais là, je ne vois pas comment expliquer ce que je ne comprends pas.
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