00:00La grande interview sur CNews et Europa, mon invité est reconnue pour son expertise budgétaire alors que se tient tout à l'heure le vote solennel sur le budget de la sécurité sociale.
00:11Bonjour et bienvenue Charles de Courson.
00:13Bonjour.
00:13Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes député Lyot, ancien rapporteur de la commission des finances à l'Assemblée.
00:19Tout d'abord, ce sera donc le dénouement tout à l'heure sur le budget, sur le PLFSS, sachant qu'il n'y aura pas de 49-3.
00:25Ça passe ou ça casse. Chaque député va donc assumer, monsieur le député, ses responsabilités face à ce vote. Vous allez voter ce budget ?
00:35Écoutez, oui, je ne suis pas d'accord sur tout ce qu'il y a dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais je pense que dans la situation actuelle, il vaut mieux voter pour que de s'abstenir ou de voter contre.
00:49Pourquoi ? Parce que sinon, on va vers le chaos. Et il y a dans ce texte une disposition qui est le report de la réforme des retraites.
01:03J'ai été celui qui a porté la motion de censure qui a failli passer. Et donc, je pense que ceux-là même qui avaient voté contre cette motion de censure,
01:15aujourd'hui, reconnaissent que ce texte n'était pas juste socialement, n'était pas équilibré.
01:21On va en parler, mais sur votre choix, Charles de Courson, vraiment expliquez aux auditeurs, aux téléspectateurs qui nous écoutent et nous regardent ce matin,
01:28pourquoi ne pas voter ce budget, ce serait le chaos ? C'est ce qu'on nous promet déjà depuis des mois, à chaque budget. Quel est le risque ?
01:36Il y a un premier risque, c'est qu'actuellement, le gouvernement avait proposé un texte avec un déficit de la sécurité sociale de 17 milliards et demi.
01:46Si on vote ce texte, on est 5 milliards au-dessus. On est à presque 23. Bien. Mais si on vote contre, on va monter à 29.
01:54Certains diront que c'est l'épaisseur du trait au point où nous en sommes.
01:58Non, parce que si vous ajoutez à ça ce qui est en train de se passer, y compris au Sénat, sur la loi de finances,
02:05où on est en train de déraper, pour donner des ordres de grandeur, de l'ordre de 8 milliards,
02:10si on dérape de 8 milliards sur la loi de finances et de 5 milliards sur la loi de financement de la sécurité sociale,
02:17ça fait 13 milliards. 13 milliards, c'est 0,4 point de notre richesse nationale.
02:22C'est-à-dire qu'on ne va pas être à 4,7% de déficit, on va être à 5,1% en l'état actuel des choses.
02:29On peut entendre cet argument, mais avec un hémicycle, Charles de Courson aussi divisé, fragmenté,
02:33est-ce que la sagesse n'aurait pas été plutôt de voter la censure, de laisser sa chance à une majorité
02:38qui aurait pu se dessiner grâce au retour des urnes, au vote populaire ?
02:42Mais ce n'est pas le Parlement qui décide de la dissolution.
02:46C'est le Président de la République, c'est un pouvoir propre.
02:48Or, tout le monde sait ce qui se passerait s'il y avait une deuxième dissolution.
02:53Ah bon ?
02:53Ah oui, tout le monde le sait.
02:55Demandez à ceux qui restent des macronistes, ils sont revenus à 160,
03:00ils vous disent qu'ils reviendront à 35-40.
03:03Ils seraient effacés, donc.
03:05Les Républicains disent qu'ils reviendraient à 15-20.
03:08Et qui profiterait de la situation ? La gauche ? Non.
03:11Le Rassemblement National ?
03:12Le Parti Socialiste me dit qu'on gagnera quelques sièges,
03:14mais pas beaucoup.
03:17Je pense que les filles risquent de perdre plus que des plumes.
03:21Et donc, le grand gagnant, ça sera le Rassemblement National,
03:23mais ce n'est pas pour ça qu'ils auront une majorité absolue.
03:26Et donc, qu'est-ce qui va se passer ?
03:27C'est une crise qui va encore s'approfondir.
03:30Et ça sera le président de la République qui sera mis en cause.
03:34En dirant, c'est vous qui avez 10 sous pour la deuxième fois,
03:37et le peuple ne veut pas.
03:39Donc là, on est dans une crise institutionnelle.
03:41C'est pour ça que la menace de la dissolution,
03:44les gens un peu réfléchis, n'y croisent pas un seul instant.
03:48Et que répondez-vous, Charles de Courson,
03:50à bien au fait que ce budget, c'est en réalité le résultat de compromis,
03:54voire même de compromissions ?
03:56On a écouté Olivier Faure qui a dit finalement,
03:58on va y aller parce que nous sommes arrivés à nous entendre,
04:02nous entendre entre nous, entre politiques,
04:04dans l'opacité parlementaire ?
04:05Entre... qu'est-ce qu'est une démocratie ?
04:09Il n'y a pas de majorité actuellement.
04:10Il n'y a aucune majorité.
04:12Donc, les gens raisonnables disent,
04:14mais tenons autour du table,
04:15essayons de trouver des compromis.
04:17Les compromis, ce n'est pas la compromission.
04:19Compromis ou marchandage ?
04:20C'est un peu les deux.
04:22Mais quel est l'essence de la démocratie
04:23quand il n'y a aucune majorité ?
04:25C'est quand même être capable de dialoguer,
04:26de faire un pas les uns vers les autres.
04:28Sinon, il n'y a pas de démocratie.
04:30C'est bien le danger de la situation actuelle.
04:32C'est que si on continue comme cela,
04:33il n'y aura plus de démocratie parlementaire.
04:35Et on a un régime autoritaire.
04:37Il y a un risque aujourd'hui d'un régime autoritaire en France ?
04:39Les Français en ont assez.
04:40Moi, dans ma circonscription,
04:42je ne rencontre pas un seul de mes électeurs
04:45qui me disent, mais qu'est-ce que vous foutez là-haut ?
04:48Pourquoi vous n'arrivez pas, au moins, à un compromis ?
04:52Et donc, je pense que ceux qui défendent la thèse
04:56d'essayer d'avoir un compromis,
04:58c'est le cas du projet de loi de financement
05:00qui va faire l'objet d'un vote cet après-midi.
05:03C'est un compromis.
05:04D'accord.
05:05Et ceux qui sont contre Charles de Courson,
05:07alors sont-ils pour autant les ingénieurs du chaos ?
05:10LR, on a entendu Bruno Rotaillot qui dit que ce budget est mauvais.
05:13Édouard Philippe appelle ses députés à s'abstenir.
05:16Alors, pour vous, si je vous comprends bien,
05:18eh bien, ils sont pour le chaos ?
05:19Non, mais la décision de cet après-midi,
05:23elle repose sur trois groupes.
05:26Vous avez les Républicains.
05:28Il faut rappeler qu'ils sont 49.
05:29Sur les 49, il y en a 10 qui avaient voté
05:31la motion de censure que j'avais portée.
05:34Et donc, les modérés, si vous voulez,
05:38sont en train de progresser.
05:40Et donc, il y aura peut-être 15, 20 Républicains
05:43qui vont voter pour le texte.
05:44Et les autres vont s'abstenir.
05:46Après, vous avez un deuxième groupe
05:49qui est le problème d'horizon.
05:51C'est-à-dire les partisans d'Édouard Philippe.
05:53Une partie d'entre eux vont voter pour.
05:55Voilà.
05:57Et initialement, ils disaient,
05:59on va voter contre.
06:00Puis maintenant, ils disent, on va s'abstenir.
06:02Vous verrez, il y aura des abstentions,
06:03mais il y aura aussi des votes pour.
06:05Et puis, il y a le problème des écolos,
06:06des écologistes.
06:08Alors, eux, ils demandent une réévaluation de l'ondame.
06:12Le gouvernement a donné accord.
06:15Et donc, ils vont déposer un amendement
06:17pour remonter de 0,5 points.
06:19Disons, 0,5 points, c'est un bon milliard.
06:21Oui.
06:22L'ondame.
06:23Et ils vont se partager, probablement,
06:27entre des abstentions.
06:29En somme, ça va fragmenter tous les groupes,
06:31sauf un.
06:33Les socialistes.
06:34Et est-ce que vous reconnaissez...
06:34Et les filles.
06:35Et les filles.
06:36Ils votent en bloc contre.
06:37Oui, contre.
06:37Et alors, ceux qui votent pour
06:39et qui, semble-t-il, ont raflé la mise.
06:41Est-ce que vous dites, Charles de Corson, ce matin,
06:42que c'est un budget estampillé socialiste ?
06:46Non, c'est plus compliqué que cela.
06:48Pourtant, ils ont l'air ravis.
06:50Il y a des mesures.
06:52Écoutez,
06:53sans les socialistes, de toute façon,
06:55c'est impossible de faire voter ce texte.
06:57Donc, ceux qui disent que c'est scandaleux,
07:01c'est un texte socialiste,
07:05non, non.
07:07C'est le fruit de négociations.
07:09Mais c'est l'essence de la démocratie.
07:11La démocratie, ce n'est pas de dire,
07:12moi, j'ai raison, vous avez tort,
07:14et donc, c'est comme ça et il n'y a rien à voir circuler.
07:17C'est d'être capable de discuter.
07:18Eh bien, rentrons dans le fond.
07:20Parce que, par exemple, pour vous-même, Charles de Corson,
07:22expliquez-nous votre positionnement.
07:24Vous avez violemment attaqué l'exécutif sur la dette
07:26et sur l'aggravation de déficit.
07:28Et là, vous validez tout, quand même,
07:30en votant le budget.
07:31Par ailleurs, longtemps favorable à une baisse de dépense,
07:34vous êtes récemment muet en pourfendeur
07:36de la réforme de la retraite,
07:37qui, malgré tout, aurait pu permettre...
07:39Sa non-suspension aurait pu être source d'économie.
07:43Comment vous expliquez, aujourd'hui, un tel grand écart ?
07:45Mais moi, j'étais contre cette réforme de la retraite
07:48parce qu'elle augmentait l'âge légal de départ à la retraite.
07:51Le problème, ce n'est pas l'âge légal,
07:52c'est l'âge effectif de départ.
07:54Et donc, nous, nous avions proposé, notre groupe,
07:57cinq mesures visant à encourager nos concitoyens
08:01à travailler, mais volontairement, davantage,
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