Le député Rassemblement national de la Somme Jean-Philippe Tanguy "prépare une proposition de loi" visant à rouvrir les maisons closes qui seraient "tenues par les prostituées elles-mêmes".
00:00Une proposition là pour ouvrir les maisons-closes, elle serait tenue par des prostituées elles-mêmes, sous une forme coopérative, et porterait un autre nom que maisons-closes.
00:22Qu'est-ce que vous proposez concrètement ?
00:24C'était quand même des lieux d'exploitation humaine, donc c'est pour ça qu'elles ont été fermées, il ne faut pas réécrire l'histoire.
00:28C'est vrai qu'on a parfois une version romantique, un peu artistique, de la maison-close par l'héritage Toulouse-Lautrec, un certain nombre d'artistes français ou de films.
00:36Enfin c'était sordide et puis c'était de l'exploitation humaine.
00:38Elles ont fermé en 1946.
00:39Voilà, en fait, la question, alors, je dois vous dire que déjà, je ne sais pas pourquoi ça fait la une des journaux, parce que je l'ai dit il y a un mois, au détour d'une commission,
00:48parce que c'est vrai que c'est un peu loin des préoccupations des Français.
00:50Pourquoi vous avez décidé de vous attaquer à ce dossier ?
00:51Parce qu'il y a aussi beaucoup de gens qui se disent pourquoi on parle de ça, c'est vrai que c'est un peu loin des préoccupations des Français.
00:55Mais néanmoins, en fait, on a un problème. On va fêter les 10 ans de la pénalisation des clients.
00:59Alors ça partit d'un bon sentiment, c'est-à-dire qu'effectivement, on s'est dit, tiens, on va abolir la prostitution en pénalisant les clients.
01:05Ça n'a pas marché.
01:05Il y avait beaucoup de débats à l'époque, parce que justement, il y avait beaucoup de prostitutions dans les rues de Paris, notamment.
01:11Oui, il y en a encore.
01:12Oui, encore, mais ça a été un débat.
01:14Le débat s'était dire, avec la pénalisation, on va renvoyer les prostituées dans la clandestinité.
01:18C'est ce qu'on pensait à l'époque. Déjà, le Rassemblement National, Marine Le Pen, l'avait déjà dit d'ailleurs.
01:21Et c'est ce qui s'est passé, malheureusement. C'est-à-dire que les prostituées sont obligées d'exercer leur métier dans des endroits toujours plus cachés, obscurs, dangereux.
01:30Et donc, il y a toujours eu, malheureusement, des agressions, des violences, des viols et des meurtres.
01:35Il y a malheureusement toujours plus, dans des conditions extrêmement sordides.
01:38Ça favorise le trafic humain. Par exemple, à Paris, il y a tous des filières, on connaît les filières africaines, mais il y a aussi les filières asiatiques.
01:45Il y a eu un reportage de vos confrères du Parisien sur la prostitution chinoise, dans des conditions sordides.
01:51Et puis, il y a aussi autre chose, c'est que ces femmes, quand elles font ce métier même librement, se retrouvent, quand elles veulent changer de vie, sans statut, sans droit, à peu abandonner de tous.
02:00Et il y a une certaine hypocrisie à les abandonner.
02:03Et je pense qu'elles seraient, en tout cas, la moins pire des solutions, parce que je ne prétends pas que c'est une baguette magique, évidemment.
02:08Mais la moins pire des solutions, c'est de leur offrir cette possibilité d'être dans des lieux sécurisés, avec de la prévention, évidemment.
02:15Et puis, un petit pécule par les parts sociales de cette coopérative, pour que quand elles veulent changer de vie,
02:19parce que c'est évidemment de leur ressort, de leur liberté, eh bien, elles puissent le faire.
02:24Mais, pardon, quand vous dites, elles seraient, je vous cite, impératrices en leur royaume, et ce serait une forme, ça pourrait être une forme de revanche pour elles.
02:30Est-ce que ce n'est pas la naïveté de votre part ?
02:32Non.
02:33Et de croire notamment que, précisément, les dérives sordides que vous dénoncez tout à l'heure sur les précédentes maisons closes,
02:42ne réessaieraient pas, comment dire, de s'infiltrer dans ce projet-là, le proxénétisme, etc., ce genre de dérives-là.
02:50Bien sûr. Il y aurait toujours des tentations de dérives, évidemment.
02:52Ce ne serait pas, je n'ai jamais dit, ce n'était pas une baguette magique.
02:55Mais, en tout cas, la forme choisie permettrait de le combattre.
02:57Parce que, si vous autorisez un commerce, ça existe, dans d'autres pays, c'est une activité économique ordinaire,
03:03là, vous avez le risque, effectivement, qu'il y ait encore plus d'abus.
03:06Je ne dis pas du tout que ce serait une solution parfaite.
03:10Ce n'est pas du tout mon propos.
03:11Moi, mon propos, c'est dire qu'il y a beaucoup, c'est pour ça que je parle de cette formule impératrice en notre royaume,
03:15c'est que les prostituées, comme un certain nombre de fonctions, dans d'autres pays,
03:19parfois, aussi, subissent une certaine type d'hypocrisie.
03:24Donc, on ne veut pas voir, cacher ça, ça n'existe pas.
03:28Et puis, en fait, c'est encore pire pour les personnes qui sont victimes de ça.
03:31Mais vous ne craignez pas, M. Tanguy, qu'on se retrouve dans la situation à l'Allemande,
03:35où ça existe et ça devient une espèce de, je ne sais pas comment exprimer ça,
03:39presque supermarché, c'est un système allemand qui, est-ce que ça correspondrait un peu ?
03:48Je suis contre, effectivement, votre question, si c'est des femmes dans une vitrine, je suis contre, évidemment.
03:53Il ne faut pas mettre des femmes dans une vitrine.
03:54Et pourquoi vous n'employez pas le terme de travail et du sexe ?
03:57Je pourrais l'employer, effectivement.
03:58Je l'emploie, mais vous savez pourquoi ?
04:00Parce que j'ai employé plusieurs fois, et puis tout de suite, j'ai des groupes,
04:04des influences de gauche ou d'extrême-gauche,
04:06qui tout de suite se mettent dans des étapes impossibles,
04:07parce que j'ai utilisé leurs termes.
04:09Mais c'est vrai que dans ma jeunesse, où j'ai un peu travaillé dans ces milieux-là,
04:12dans la prévention, à l'époque, effectivement, on travaillait, j'utilisais ce terme.
04:16– Alors, Okaïa, comment vous voyez l'idée ?
04:17– D'ailleurs, en commission finance, j'avais utilisé le terme de travailleur et travailleuse du sexe.
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