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  • il y a 2 jours
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Alexandre Peyrout revient sur les questions qui font l’actualité avec Gérald Darmanin, ministre de la Justice.

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Transcription
00:00– Effectivement, bonjour à tous et bonjour Gérald Darmanin.
00:04– Bonjour.
00:04– Merci d'être notre invité ce matin.
00:06L'actualité de la nuit, c'est bien le vote, tard hier soir,
00:09qui redonne une sorte de lueur d'espoir au gouvernement.
00:12Les députés se sont mis d'accord sur un amendement dit de compromis
00:15sur la hausse de la CSG sur les revenus du capital,
00:19indispensable selon la gauche, repoussoir selon la droite.
00:22Finalement, ils ont trouvé un terrain d'entente.
00:24Est-ce que vous poussez ce matin un ouf de soulagement ?
00:26– Pour les Français et pour leur sécurité sociale
00:29et pour la stabilité du pays, il faut qu'on ait un budget.
00:32On sait tous que ce que nous sommes en train de faire au Parlement,
00:34ce n'est pas le budget rêvé.
00:35En tout cas, moi, ce n'est pas mon budget rêvé.
00:37Je suis pour moins de charges, moins de déficits,
00:39moins d'impôts de manière générale et la réforme des retraites.
00:42Mais il faut faire un compromis.
00:43Et je trouve que ce que fait très courageusement le Premier ministre,
00:46c'est de trouver un compromis pour la France et pour la stabilité.
00:49– Est-ce que ce n'est pas un sursis finalement pour le gouvernement
00:53dans cette histoire avant la question de la réforme des retraites
00:56qui va arriver prochainement, le vote de la partie recettes
00:58qui sera aujourd'hui et l'adoption définitive mardi ?
01:02– Vous avez raison, c'est très très difficile la situation politique
01:05dans laquelle nous sommes.
01:06Nous n'avons pas de majorité, personne n'a de majorité à l'Assemblée nationale.
01:10Mais on a vu que l'instabilité politique,
01:12notamment après la chute du premier gouvernement de Sébastien Lecornu,
01:16coûtait très cher à la France.
01:17Des taux d'intérêt qui augmentaient, on paye notre dette plus cher.
01:20Et puis des Français qui sont désorientés.
01:22Je vois dans le ministère de la Justice,
01:24il y a 1 000 agents pénitentiaires supplémentaires l'année prochaine
01:27pour aider dans nos prisons.
01:28Si on n'a pas de budget, on n'a pas ces 1 000 agents.
01:31Je pense qu'on est d'accord pour dire que c'est difficile,
01:33mais il faut qu'on avance.
01:34– On va revenir sur le budget de l'État,
01:35mais avant ça, si aujourd'hui la partie recette,
01:39elle est rejetée, ça veut dire que tout le projet
01:41de loi de finances de la Sécurité sociale est rejeté,
01:44est-ce que dans ces cas-là, Sébastien Lecornu devra démissionner ?
01:46– D'abord, Sébastien Lecornu, il est dans un moment
01:48où il travaille, il trouve un compromis.
01:50On ne va pas commencer à faire la politique du pire
01:52ou la politique fiction.
01:53Moi, je ne suis pas un commentateur politique.
01:54J'ai confiance dans sa capacité à recevoir
01:57et à trouver un compromis.
01:58C'est un élu local, Sébastien,
01:59et il sait très bien comment on trouve ses compromis.
02:02Encore faut-il que les gens qui sont en face de lui
02:03aient envie de ce compromis.
02:05Moi, je plaiderai inlassablement pour la stabilité
02:08et pour l'Union.
02:09Et je suis sûr qu'on trouvera cet après-midi
02:11et la semaine prochaine lors du vote solennel
02:12les moyens d'avoir une majorité.
02:15Ce n'est pas le budget rêvé.
02:16On doit faire beaucoup de choses différemment pour la France,
02:19mais on doit d'abord donner à le gouvernement
02:20une stabilité pour le pays.
02:21Vous parlez d'Union.
02:22Est-ce que ça ne commence pas par votre propre camp
02:24quand on voit, par exemple,
02:25que les députés du parti Horizon d'Édouard Philippe
02:27menacent aujourd'hui de voter contre ce PLFSS ?
02:30En tout cas, ils disent que dans l'État,
02:31ils ne voteront pas pour.
02:33Est-ce que ce sont des traîtres, selon vous ?
02:35Non, mais je pense que Sébastien Lecornu,
02:37Édouard Philippe, Gabriel Attal,
02:39ils ont à la fois des ambitions,
02:41ils se connaissent très bien
02:42et ils trouveront un compromis.
02:44Ces ambitions, elles polluent ce débat ?
02:46Moi, je plaide inlassablement pour l'Union.
02:48Il faut regarder les choses positivement.
02:50Sébastien tend la main,
02:52il faut qu'il la serre.
02:54En même temps, il faut comprendre
02:54ce que dit Édouard Philippe aussi,
02:56un budget qui prévoit davantage de déficit,
02:58davantage de cotisations
03:00et qui reporte une réforme des retraites
03:02très courageuse que nous avons mis en place
03:04et qui est nécessaire pour le pays.
03:05On peut comprendre aussi
03:06qu'il se pose ces questions avec ses députés.
03:09C'est normal dans un parlement de parlementer,
03:12mais au bout d'un moment, il faut décider
03:13et il faut soutenir le Premier ministre.
03:15Est-ce que vous êtes toujours proche d'Édouard Philippe ?
03:17Est-ce que vous comprenez ce qu'il est en train de faire ?
03:18Moi, je suis même, je pense, un ami d'Édouard Philippe.
03:21Je le connais depuis très longtemps.
03:22Nous étions élus municipaux ensemble
03:24alors qu'il n'était pas encore maire du Havre
03:26et je n'étais pas encore maire de Tourpoint.
03:27Je le connais depuis longtemps.
03:29Après, j'ai des divergences parfois d'opinion
03:30avec Édouard Philippe, mais c'est normal.
03:32Vous avez des divergences avec vos amis.
03:33Ça nous arrive.
03:34Voilà.
03:34Est-ce qu'il n'y a pas aussi une question d'autorité ?
03:37C'est quelque chose dont vous parlez souvent,
03:39vous parlez d'autorité de l'État.
03:40Est-ce qu'il n'y a pas une question de l'autorité du Premier ministre
03:42qui a du mal à tenir, si ce n'est sa majorité,
03:46la minorité qui aujourd'hui le porte à l'Assemblée nationale ?
03:49Je pense qu'on est à quelques encabures d'une future élection présidentielle.
03:53Et donc, ce n'est pas tout à fait anormal
03:55que des camps politiques, des parlementaires fassent de la politique.
03:59L'avantage de ce que fait le Premier ministre,
04:01c'est qu'il a oublié, lui, son ambition personnelle.
04:04Il se sacrifie un peu pour nous tous,
04:06parce que c'est très dur d'être à Matignon aujourd'hui.
04:08Et je pense que l'autorité du Premier ministre est naturelle.
04:12Tout le monde considère qu'il est très courageux de faire ça.
04:14Viendra le moment où on aura un débat présidentiel
04:17pour la suite et pour l'avenir.
04:18Les parlementaires, ils peuvent avoir peur aussi de la dissolution.
04:20C'est aussi pour ça qu'ils se disent
04:21« Moi, je ne vais pas prendre une position
04:22parce que je vais retourner dans mes électeurs dans quelques jours. »
04:25Il n'y aura pas de dissolution s'il y a une stabilité au gouvernement.
04:28Je pense qu'il faut écouter la stabilité
04:30et penser intérêt général avant intérêt partisan.
04:33On va aussi parler ce matin des prisons.
04:35Vous avez lancé il y a dix jours un grand plan de fouilles
04:37de l'ensemble des établissements pénitentiaires de France.
04:41On va parler très concrètement ce matin.
04:43Combien de fouilles ont déjà été menées
04:44et qu'est-ce que vous y avez trouvé ?
04:46Il y a 26 maisons d'arrêt qui ont connu déjà des fouilles
04:49jusqu'à hier soir.
04:50Par exemple, à Paris-la-Santé hier soir.
04:52On trouvait plus de 400 téléphones,
04:54plus de 600 objets interdits.
04:56Ça peut être des couteaux,
04:57ça peut être des Airpods,
04:59ça peut être...
05:00J'y ai trouvé même en allant à Nanterre
05:02des lunettes connectées.
05:04De la drogue aussi ?
05:05Et plusieurs kilos de drogue,
05:06et notamment singulièrement du cannabis.
05:08Voilà, moi j'ai dit que j'étais tout à fait,
05:10comme tous les Français,
05:11scandalisé de ce qui se passait dans nos prisons.
05:12Ça veut dire quoi ?
05:12Que les prisons aujourd'hui,
05:13ce sont des passoires dans lesquelles
05:14on fait rentrer et sortir n'importe quoi ?
05:16Oui, c'est vrai.
05:17C'est pour ça d'ailleurs que je change radicalement
05:19la façon dont les prisons sont organisées.
05:21D'abord en faisant des prisons de haute sécurité.
05:23En six mois, nous les avons faites,
05:24construites, aménagées.
05:26Là, il n'y a pas de téléphone,
05:26il n'y a pas de clé USB,
05:27et surtout on y a mis les personnes
05:28les plus dangereuses.
05:29Et maintenant,
05:30on s'occupe de toutes les autres prisons,
05:32les maisons d'arrêt,
05:32à la fois en les sécurisant.
05:34Il faut qu'on change totalement
05:35la façon dont on fait l'architecture
05:36d'une prison.
05:37Parce que quand on les a inventées
05:38il y a plus de 150 ans,
05:39parfois certaines,
05:40on n'a pas pensé au drone,
05:41on n'a pas pensé au téléphone portable.
05:42Et puis en remettant de la sécurité
05:44et de l'autorité dans ces prisons,
05:45en y remettant des effectifs
05:46parce qu'il manque des agents pénitentiaires,
05:48en luttant contre la supropulation carcérale
05:50parce qu'il y a trop de prisonniers
05:51dans ces prisons,
05:52mais aussi en remettant les fouilles
05:54au parloir,
05:55en faisant venir des chiens anti-stup,
05:56en faisant des fouilles systématiques.
05:58Et donc nous allons changer,
05:59nous changeons la façon
06:00dont on gère les prisons en France.
06:01Mais quand on voit
06:02qu'il y a eu aussi
06:02cette double évasion
06:04pendant une permission,
06:05certes à la prison de Dijon,
06:07il y a eu aussi
06:07d'autres évasions,
06:10on se demande,
06:10on se dit qu'il y a quand même
06:12un sous-investissement dans la justice,
06:14on sait que ça a été augmenté
06:15ces dernières années,
06:16mais qu'a fait l'État
06:18ces dernières années avant cela ?
06:20Alors je pense que depuis 40 ans,
06:22nous sous-investissons
06:23totalement dans la justice.
06:25Nous avons quatre fois moins
06:26de magistrats que les autres,
06:27quatre fois moins de magistrats
06:28qu'en Allemagne par exemple.
06:30On a trois fois moins d'agents
06:31qui s'occupent de la jeunesse
06:32de nos enfants
06:32qui sont en difficulté
06:34que les autres pays
06:34qui nous entourent.
06:35Et on a effectivement
06:364000 agents pénitentiaires
06:37qui nous manquent dans nos prisons.
06:38Éric Dupond-Moretti,
06:39quand il était ministre de la justice,
06:41il a obtenu un budget très important.
06:43Et ce budget très important
06:44obtenu par mon prédécesseur,
06:45moi je le maintiens,
06:46et je remercie le Premier ministre
06:47et le Président de la République,
06:48puisqu'avec les armées,
06:49c'est le sol qui ne baisse pas
06:50et qui augmente.
06:51Mais nous devons continuer
06:52à augmenter ce budget.
06:53Cependant,
06:53le budget ne fait pas tout.
06:55Il y a aussi une politique
06:55que l'on veut insuffler
06:56et on ne peut pas laisser
06:57des téléphones portables
06:58dans les prisons.
06:59C'est inacceptable
07:00pour la société
07:01et pour les victimes.
07:01Sur les questions budgétaires,
07:02vous avez été vous-même
07:03ministre du budget
07:04entre 2017 et 2020.
07:05J'ai regardé les chiffres
07:07sur cette période-là,
07:08sur ces trois ans,
07:10seulement 700 millions
07:11d'euros supplémentaires.
07:13Est-ce que vous dites aujourd'hui
07:14que quelque part
07:14vous aviez une part
07:15de responsabilité ?
07:16On a tous une part
07:16de responsabilité.
07:17Moi, je suis un jeune ministre,
07:18mais vous avez parfaitement raison.
07:20Il faut regarder l'avenir.
07:21Après 700 millions,
07:22si je regarde les choses,
07:23pour sécuriser une prison totalement,
07:24il faut 5 millions d'euros.
07:25Là, avec 30 millions d'euros,
07:27je sécurise les six prisons,
07:28dont Dijon,
07:29qui connaissent les plus
07:29de difficultés.
07:30Il ne faut pas reconstruire
07:31des prisons, forcément.
07:32Oui, il faut en construire.
07:33Mais ce qu'il faut surtout,
07:35qu'il bautille aux fenêtres,
07:36pour pas que les drones
07:37rentrent dans les cellules.
07:38Il faut évidemment
07:39mettre plus d'effectifs
07:40pour qu'ils puissent
07:40faire des contrôles.
07:41Il faut des chiens anti-stupes,
07:42parce qu'on n'a pas ça, forcément.
07:43On n'en a pas beaucoup
07:44dans les prisons françaises.
07:46Au parloir,
07:46il faut faire des contrôles.
07:47Et lorsque vous remettez
07:49ces contrôles,
07:49vous remettez de l'ordre.
07:50Moi, je suis toujours élu local.
07:52J'ai reçu, il y a quelques semaines,
07:53une dame qui avait été violentée
07:55très fortement par son mari
07:57et qui, de sa prison,
07:58ce sexe était avec ce mari,
08:00appelait avec un téléphone portable
08:01pour la harceler,
08:02alors qu'elle,
08:02elle avait obtenu sa condamnation.
08:04Elle me dit,
08:04mais monsieur le maire,
08:05elle m'appelle encore
08:05monsieur le maire à Tourcoing,
08:06comment c'est justifiable ça ?
08:08Je me suis trouvé honteux
08:09devant cette dame.
08:10Et c'est pour ça
08:10que c'est bien sûr
08:11une lutte contre le narcotrafic
08:12ou le terrorisme,
08:13mais c'est aussi une lutte
08:14contre l'insécurité du quotidien.
08:15Merci beaucoup,
08:16Gérald de Darmanin,
08:16d'avoir été notre invité ce matin.
08:18Bonne journée à vous.
08:18Merci à vous.
08:19Bonne journée à tous.
08:19C'est tout de suite
08:20la suite de votre Télématin.
08:21Bonne journée à tous.
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