00:01Donc c'est un sujet important, le commerce, l'économie, vous allez nous en dire un petit peu plus.
00:07Oui, comme souvent dans ses voyages officiels, Emmanuel Macron, il est accompagné d'un certain nombre de patrons,
00:13ils sont près de carences dans ce voyage et aujourd'hui, on a vu quelques images à Pékin,
00:18le président français a présidé aux côtés de son homologue chinois, un conseil d'entreprise franco-chinois,
00:25c'est le septième du genre et lors de son allocution, à ce moment-là, le président français a demandé un rééquilibrage,
00:32je cite, des échanges, on va l'écouter.
00:36Le chemin qui est devant nous est celui d'un rééquilibrage nécessaire, pas par incantation,
00:43mais parce que le chemin actuel n'est pas soutenable, parce qu'il est rentré dans un déséquilibre trop important.
00:51Et je vous l'ai dit avec beaucoup de franchises, nous voulons le faire et nous voulons le faire avec vous,
00:55nous voulons consolider les entreprises qui travaillent des deux côtés, nous voulons améliorer les exports de nos entreprises
01:03et nous voulons améliorer les investissements de vos entreprises et de vos grands secteurs dans notre pays et notre continent.
01:11Christophe, est-ce qu'on peut dire que les échanges sont si déséquilibrés que ça ?
01:15Alors oui, très clairement, on peut le dire parce qu'ils le sont, que ce soit les investissements.
01:19La France, elle investit quatre fois plus en Chine que la Chine ne le fait en France.
01:24Les chiffres y sont assez éloquents, on va les voir.
01:2646 milliards d'euros d'un côté contre 12 milliards de l'autre.
01:32Voici le chiffre de 12 milliards qui s'affiche.
01:35Quant au commerce, la Chine exporte beaucoup plus de produits dans l'hexagone que la France ne le fait en Chine.
01:41Un déficit commercial de plus de 46 milliards d'euros en 2024 et surtout un déficit qui, à part l'année 22 qui est une année un peu particulière au sortir du Covid,
01:52eh bien à part cette année-là, on voit que la courbe, elle s'aggrave lentement mais sûrement un déficit qui se creuse.
02:01Et c'est d'ailleurs vrai pour la France, c'est vrai aussi au niveau européen avec un déficit commercial de plus de 300 milliards d'euros en 2024.
02:08Alors pourquoi ? Eh bien parce qu'on importe beaucoup, beaucoup d'ordinateurs, de smartphones, de composants électroniques en tout genre,
02:15de télectiles aussi, d'électroménagers et bien sûr aussi de plus en plus des voitures électriques qui arrivent massivement sur le marché européen, sur le marché français.
02:27Alors qu'inversement, eh bien on exporte certes des produits de luxe, du parfum, des produits pharmaceutiques aussi
02:33et puis surtout évidemment l'aéronautique, merci Airbus ou Safran.
02:39Mais tout cela reste très loin de compenser ce que nous les Français, nous les Européens, achetons à la Chine.
02:45Alors le problème c'est qu'Emmanuel Macron, ce n'est pas la première fois qu'il demande un tel rééquilibrage,
02:49il multiplie les voyages pour rééquilibrer cette relation.
02:52Oui, c'est son quatrième voyage depuis 2017, le deuxième depuis son deuxième mandat et à chaque fois, vous avez raison,
03:01il plaide pour une concurrence équitable, pour une meilleure ouverture du marché chinois.
03:06Mais la réalité c'est que les entreprises européennes, les entreprises françaises elles-mêmes, elles n'y arrivent plus.
03:11Un certain nombre sont parties.
03:13Je pense à Renault, je pense à Stellantis du côté de l'automobile ou Auchan ou Carrefour du côté de l'agroalimentaire.
03:20De nombreuses marques disent que de faire des affaires en Chine, c'est devenu extrêmement difficile avec des règles imprévisibles,
03:29Résultat, un certain nombre envisage de passer à des co-entreprises pour rester sur place.
03:34C'est le cas de Decathlon, vous voyez ici cette marque.
03:37Alors je vous ai mis un magasin à Place de la Madeleine à Paris, mais le groupe a 200 magasins en Chine.
03:44Et selon Bloomberg, le groupe réfléchit à s'associer à un partenaire local pour reprendre 30% de sa filiale chinoise.
03:51D'autres groupes européens ont déjà franchi le pas ou vont faire pareil pour se conformer à des nouvelles règles sur les appareils d'offres,
04:00notamment qui entreront en vigueur en janvier prochain.
04:02Et pendant ce temps, la Chine, elle exporte toujours plus vers l'Europe.
04:05Exactement, et c'est spectaculaire, et on en a parlé beaucoup ensemble sur ce plateau.
04:09Des plateformes comme Chine, comme Temu, comme JD.com, qui inondent le marché européen avec des produits à très très bas prix.
04:17La Chine exporte de plus en plus, de moins en moins cher, et ce qui creuse encore le déficit davantage.
04:23Et puis il y a un effet collatéral aussi, celui de la guerre commerciale menée par Donald Trump.
04:27Ce que les Etats-Unis bloquent ou taxent lourdement, la Chine le redirige de plus en plus vers l'Europe.
04:33Et bien résultat, les flux explosent et nos industries européennes encaissent de plein fouet ce surcroît de concurrence.
04:39Et pourtant l'Europe tente de réagir.
04:42Avec des enquêtes, avec des droits de douane, notamment sur les voitures électriques chinoises.
04:45Mais ça n'a pas ralenti les exportations chinoises, on l'a vu.
04:49Et Pékin a une avance industrielle énorme avec des batteries, des panneaux solaires, des véhicules électriques qui sont presque plus modernes que ce qu'on fait ici en France.
04:57Des secteurs entiers où la production chinoise dépasse largement celle de toute l'Europe réunie.
05:02Un chiffre, aujourd'hui la Chine c'est 30% de l'industrie mondiale.
05:06Christophe, ce voyage, est-ce qu'il peut changer quelque chose ?
05:09Alors Pauline, je dirais que sincèrement non, pas dans les médias.
05:12Alors certes, Emmanuel Macron a dit qu'il y aurait des annonces d'investissement lors du prochain Choose France,
05:17qui sera probablement au mois de mai à Versailles.
05:20Mais un voyage présidentiel comme celui-là ne peut pas renverser un rapport de force construit depuis maintenant presque 20 ans.
05:27La Chine, elle protège son marché, elle profite pleinement d'une autre.
05:31Ce que cette visite peut permettre, c'est un dialogue.
05:33On l'a vu, quelques contrats et peut-être quelques engagements symboliques.
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