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00:00Avec notre invité Marc-Julienne, directeur du Centre Asie de l'IFRI, bonsoir à vous.
00:07Bonsoir Stéphanie.
00:08Cette visite de deux jours, dont un échange à Chengdu, qu'il faut noter entre Emmanuel Macron et le président chinois,
00:14quelles en sont à votre avis les priorités ?
00:18Je crois que les priorités, et ça a été rappelé dans votre sujet, c'est le commerce,
00:21le déficit commercial trÚs important, l'inégalité d'accÚs au marché chinois par rapport à l'accÚs au marché européen.
00:27Et puis la deuxiÚme priorité, ce sera la guerre en Ukraine, comme toujours, qui est la priorité diplomatique de la France,
00:33en essayant peut-ĂȘtre d'engager le prĂ©sident Xi Jinping Ă  se tenir Ă  ses engagements de dĂ©fendre la Charte des Nations Unies et les nĂ©gociations de paix.
00:43Et enfin, il y a peut-ĂȘtre un troisiĂšme sujet qui tient Ă  cƓur Ă  Emmanuel Macron, c'est la prĂ©sidence du G7,
00:52la présidence française qui arrive début 2026, c'est le sommet du G7 qui aura lieu à Evian au mois de juin.
00:59Et Emmanuel Macron souhaiterait inviter la Chine lors de ce sommet.
01:04Sur l'Ukraine, justement, Xi Jinping peut-il véritablement écouter le président français,
01:09si par exemple Emmanuel Macron lui demande d'aider à un plan de paix en s'écartant du soutien à la Russie ?
01:16– Alors c'est ce que le prĂ©sident français, et il n'est pas le seul, plusieurs leaders europĂ©ens ont tentĂ© de faire depuis le dĂ©but de la guerre,
01:23depuis 2022, évidemment sans résultat pour le moment.
01:28Il faut bien comprendre que la Chine est dans une fausse neutralitĂ©, elle prĂ©tend ĂȘtre neutre,
01:32mais cette neutralité en réalité repose simplement sur le fait que la Chine ne transfÚre pas d'armement à la Russie.
01:38En revanche, elle prend partie politiquement puisqu'elle ne critique pas, elle ne condamne pas Vladimir Poutine.
01:43En revanche, elle considĂšre que les responsables de cette guerre, ou de ce qu'elle appelle la crise, sont Ă  Washington et sont en Europe.
01:51Donc Ă  partir de ce moment-lĂ , la Chine prend quand mĂȘme politiquement fait et cause pour la Russie
01:56et donc n'a pas vraiment intĂ©rĂȘt Ă  aider les EuropĂ©ens Ă  rĂ©soudre la crise contre Vladimir Poutine.
02:03Oui, ce que vous décrivez, c'est qu'elle est exactement dans la ligne de Vladimir Poutine, dans sa ligne politique à l'égard de l'Ukraine.
02:11Elle va continuer de livrer des composants à la Russie et d'accéder au pétrole russe à bas prix du coup ?
02:19Oui, oui, bien sĂ»r, peut-ĂȘtre parce que c'est parce qu'elle souhaite aider la Russie, peut-ĂȘtre aussi parce qu'elle y a intĂ©rĂȘt elle-mĂȘme.
02:26Elle perçoit du pĂ©trole Ă  trĂšs bon prix, c'est un intĂ©rĂȘt pour elle et pour son industrie,
02:31et elle exporte des produits massivement vers la Russie, alors des produits qui peuvent ĂȘtre critiques,
02:36qui peuvent servir à l'industrie de défense russe, mais aussi toutes sortes de produits et de biens de consommation.
02:42Et ça, c'est intĂ©ressant pour l'Ă©conomie chinoise qui est, comme vous le savez, dans une situation extrĂȘmement difficile
02:48avec une absence de consommation intérieure.
02:50Et donc l'économie aujourd'hui est tirée par les exportations et donc la Russie est un marché d'exportation comme un autre.
02:56La France a une stratégie en Indo-Pacifique. La question de Taïwan sera-t-elle abordée entre le président français et le président chinois ?
03:06Alors oui, trĂšs probablement, et il y a mĂȘme de grandes chances que ce soit le prĂ©sident chinois qui mette le sujet sur la table.
03:11Pour une raison simple, c'est qu'actuellement, on se trouve déjà dans une crise sur la question de Taïwan,
03:17entre la Chine et le Japon, puisque la nouvelle premiÚre ministre japonaise, Mme Takehi, a eu des déclarations
03:24qu'elle maintient d'ailleurs sur Taïwan, en fait, en faveur de Taïwan et en faveur d'un réarmement du Japon,
03:30justement par rapport à la dégradation de la stabilité dans le détroit de Taïwan,
03:34ce qui a provoqué la colÚre de Pékin.
03:37Et Pékin, aujourd'hui, cherche à attirer du soutien autour de lui et à pousser ses partenaires internationaux
03:43Ă  prendre des positions contre le Japon, en rappelant d'ailleurs, en utilisant un discours historique,
03:49en disant que le Japon est de nouveau dans une trajectoire de remilitarisation,
03:55tout comme c'était le cas au XIXe siÚcle et ce qui a conduit au désastre du XXe siÚcle
04:01et des invasions et de la Seconde Guerre mondiale.
04:03Et qu'elle pourrait ĂȘtre finalement ?
04:05Donc il est fort probable que le président Xi Jinping cherche à ce qu'Emmanuel Macron se prononce
04:09en faveur de ce que la Chine appelle le principe d'une seule Chine
04:13et qui est différent de la politique française, qui est la politique d'une seule Chine.
04:17Il y a une petite nuance, mais qui a son importance.
04:19Mais c'est une nuance, justement, que va garder, conserver Emmanuel Macron, Ă  votre avis.
04:23Il avait dĂ©jĂ  affirmĂ© ne pas ĂȘtre suiviste des États-Unis sur le sujet de TaĂŻwan.
04:28On s'en souvient, ça avait créé un tollé.
04:30Donc ça va ĂȘtre difficile pour le prĂ©sident français de s'aligner sur la position chinoise.
04:36Ça va ĂȘtre difficile, mais effectivement, c'est lĂ  qu'il y a une grande sensibilitĂ©.
04:38C'est que d'une part, il y a de fortes chances que Xi Jinping, comme je le disais,
04:41cherche à mettre le sujet sur la table et cherche à ce que le président Macron se positionne.
04:45Et le reste de la communauté internationale est effectivement les yeux braqués
04:50sur les éventuelles déclarations d'Emmanuel Macron en raison de ces polémiques d'avril 2023,
04:58justement Ă  son retour de Chine, oĂč il avait eu des propos malheureux ou en tout cas ambigus,
05:02peut-ĂȘtre parfois mal compris, sur la position de la France par rapport Ă  TaĂŻwan.
05:07– Sur le dĂ©ficit commercial, le dĂ©ficit commercial de la France est de 47 milliards d'euros en 2024 Ă  l'Ă©gard de la Chine.
05:14Vont-ils négocier sur un rééquilibrage ?
05:16– Un rééquilibrage, de toute façon, c'est hors de portĂ©e.
05:22En tout cas, une égalisation du commerce, ce serait totalement hors de portée.
05:27Ce que va chercher à obtenir Emmanuel Macron, c'est en tout cas l'ouverture de certains marchés.
05:33Il faut voir qu'aujourd'hui, le marché chinois est globalement fermé, en tout cas il est sélectivement fermé.
05:39Et donc, les autorités françaises doivent négocier pied à pied, secteur par secteur,
05:43parfois segment par segment, l'ouverture de marché pour qu'on puisse exporter
05:47qui de la viande, qui des produits agricoles.
05:51Et ça, ces dĂ©gociations prennent des mois, et parfois pour des rĂ©sultats qui sont extrĂȘmement faibles.
05:56– Comment l'Europe ?
05:56– Le prĂ©sident français va chercher justement Ă  ouvrir davantage ces marchĂ©s-lĂ .
06:02– Pardonnez-moi.
06:03– Comment l'Europe se place-t-elle dans la rivalitĂ© entre les Etats-Unis et la Chine ?
06:08– Le moment, trĂšs largement, elle subit, il faut ĂȘtre honnĂȘte,
06:14elle subit les pressions, la guerre commerciale,
06:16et puis une certaine dépendance technologique vis-à-vis des Etats-Unis.
06:19Et de l'autre cÎté, elle subit une coercition chinoise qui s'accentue,
06:23qui s'accélÚre depuis quelques années.
06:26Et ça, c'est d'ailleurs un phénomÚne nouveau.
06:29C'est-à-dire qu'avant, la Chine faisait un peu la sourde d'oreille quand il s'agissait de négocier.
06:33Là, désormais, non seulement, elle ne fait plus la sourde d'oreille,
06:35mais elle montre les muscles et elle utilise les leviers dont elle dispose,
06:39que ce sont des leviers dĂ©jĂ  pour ĂȘtre trĂšs compĂ©titifs,
06:41qui a été rappelé dans votre sujet, c'est-à-dire les subventions d'Etat à certaines industries,
06:47pour aussi une déflation artificielle pour maintenir une monnaie faible et pour rester compétitive.
06:54Donc aujourd'hui, l'Europe est effectivement dans une situation de subir un petit peu
06:58ces deux poids, ces deux superpuissances de part et d'autre.
07:03Mais il faut dire qu'elle a quand mĂȘme des leviers, qu'elle commence Ă  en prendre conscience
07:07et qu'elle se dote progressivement d'outils, justement, pour protéger son marché,
07:13à la fois de cette concurrence déloyale chinoise et aussi de certaines mesures de rétorsion américaines.
07:19– Merci Marc-Julienne, directeur de Centrasie de l'IFRI, merci d'avoir participĂ©.
07:23Donc Ă  question directe, commentez ce voyage d'Emmanuel Macron.
07:27– Merci.
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