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  • il y a 12 heures
Interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, instaurer un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans, bannir les smartphones des lycées... Ces mesures font l'objet d'une proposition de loi déposée en novembre par les députés macronistes. Mais ces solutions sont-elles vraiment pertinentes pour déjouer la menace des algorithmes ? Nous avons demandé au député socialiste Arthur Delaporte, qui a présidé la commission d'enquête sur TikTok, et au youtubeur Sam Zirah, qui compte des millions d'abonnés sur les plateformes vidéo, d'en discuter devant nos caméras.

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00:00Les jeunes que je croise, ils sont captivés par les flux qu'on appelle « pour toi ».
00:04Et ils n'en sortent pas, parce que le réseau social, c'est mieux qu'eux, en gros, ce qu'ils ont envie de voir.
00:09Moi, je n'ai pas envie d'être enfermé dans ce monde, dans cet algorithme ultra communautaire
00:14qui va me conforter dans ce que je pense et qui va m'enfermer.
00:17Et j'aimerais au moins que les plateformes mettent un bouton à notre disposition
00:21pour qu'on puisse appuyer dessus pour choisir.
00:24Lui, c'est le député Arthur Delaporte.
00:26Et lui, c'est le youtubeur Sam Zira.
00:28Leur point commun, c'est les réseaux sociaux.
00:30Arthur Delaporte a présidé la commission d'enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok.
00:35Selon son rapport, ses effets sur les jeunes sont dévastateurs.
00:38Sam Zira, lui, est suivi par des millions de personnes sur les plateformes vidéo.
00:41Sa spécialité, c'est la télé-réalité.
00:43Mais désormais, il se fait aussi remarquer pour ses interviews de personnalités politiques.
00:47Le Nouvel Obs les a réunis pour discuter des dangers des algorithmes,
00:50alors que le parti Renaissance d'Emmanuel Macron envisage d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans
00:55et d'instaurer un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans.
00:57Qu'est-ce qui vous a amené à traiter d'un coup la politique sur les réseaux sociaux ?
01:01C'est juste que j'ai réalisé qu'en fait, les réseaux sociaux, c'est un lieu de conversation nationale.
01:07C'est la place du village.
01:08Voilà, c'est la nouvelle place du village.
01:10Et aujourd'hui, c'est là qu'on parle de politique.
01:12Et je me suis rendu compte que le divertissement et la télé-réalité, en fait, regorgeaient de sujets politiques.
01:18Et sans même s'en rendre compte, le public qui suit ces émissions s'est politisé et ils ont des avis qui sont très appuyés.
01:25Ils ont des avis politiques par rapport aux images qu'on voit.
01:28Quand on parle de genre, c'est de la politique.
01:30Quand on parle de sexisme, c'est de la politique.
01:32Quand on parle de masculinité toxique, c'est de la politique.
01:35Et en fait, j'ai réalisé que la télé-réalité et l'influence, c'était de la politique.
01:39Et inversement, c'est-à-dire que moi, quand j'ai commencé à travailler sur les influenceurs,
01:43bon, voilà, j'y suis arrivé par hasard et aussi parce que ça m'a dit, viens parler des placements de produits.
01:48Et donc là, je me suis intéressé aussi au sujet de l'influence.
01:51Et donc, j'ai annoncé sur son plateau que j'allais faire une loi sur les influenceurs.
01:54Donc, c'est parce que je venais, parce que je m'intéressais aussi au sujet et parce que, enfin voilà, on en a échangé aussi,
02:00que je suis rentré les deux pieds dedans dans la question de l'influence et que d'un sujet qui peut paraître trivial.
02:07Et au début, moi, j'étais assez critiqué.
02:09Enfin, je me souviens, j'avais des collègues qui disaient, mais c'est quoi tes trucs de guignol ?
02:12Enfin, en gros, voilà, il y avait une espèce de mépris ou peut-être parfois de manque de considération
02:17en disant que ce n'était pas un sujet sérieux.
02:18Alors que finalement, quand on regarde l'influence, ça touche toute la vie, ça touche le quotidien.
02:23Et donc, c'est aussi un sujet qui est intimement politique.
02:25Et donc, voilà, en fait, je pense qu'en se rencontrant, on a permis aussi à des sphères de dialoguer.
02:32J'imagine que tu as dû faire face même à une forme de snobisme.
02:35Ah ben, c'est sûr.
02:35Moi, quand j'ai dit je voudrais inscrire la loi influenceur à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale,
02:41on m'a dit, ah ah, ouais, ouais, pourquoi pas ?
02:43Puis après, on me l'a mis peut-être un peu pour dire, ouais, tu vois, on a des sujets sérieux, le social, le machin, le truc.
02:49Et puis bon, il y a les influenceurs.
02:51Alors je disais, mais attendez, c'est grave quand même, il y a des gens qui en sont morts, il y a des enjeux à la fois de vie quotidienne,
02:56mais aussi de protection des consommateurs.
02:57Emmanuel Macron a plusieurs reprises, s'est dit favorable à l'interdiction des réseaux sociaux au moins de 15 ans.
03:02Vous, à titre personnel, plusieurs fois, vous avez exprimé que vous étiez contre. Pourquoi exactement ?
03:05Disons que ce sujet-là, on l'a beaucoup travaillé, notamment dans la commission d'enquête sur TikTok.
03:09Et il faut bien voir qu'il n'y a absolument pas d'unanimité sur la question dans la sphère sociale.
03:14Et je dirais qu'il n'y en a pas forcément dans la sphère politique,
03:18même s'il peut y avoir une tendance à dire que c'est la solution,
03:21parce qu'on considère qu'il y a des dérives sur les réseaux sociaux pour protéger les mineurs.
03:25Moi, j'ai plusieurs réserves.
03:26D'une part, en termes de faisabilité.
03:29Je veux dire, bientôt, j'espère, on aura mis en place une régulation de tâche.
03:33Ça, c'est très important, mettre en place des mécanismes de contrôle de l'âge à l'inscription sur les réseaux sociaux.
03:36Mais pour autant, où est-ce qu'on s'arrête ?
03:39Est-ce qu'on intègre les applications de messagerie privée ?
03:42Instagram, pourquoi pas ?
03:45Mais dans ce cas-là, est-ce que Telegram, on met ?
03:46Est-ce que WhatsApp, on met ?
03:48Est-ce que YouTube, on met ?
03:49Et dans ce cas-là, qu'est-ce qui justifie qu'on ne mette pas les uns et qu'on mette les autres ?
03:53Ça, voilà. J'ai un premier sujet, c'est à quel niveau on discrimine ?
03:56Troisième sujet, c'est est-ce que les mineurs ont le droit, malgré tout,
04:01à avoir des espaces pour eux qui sont des espaces digitaux ?
04:05Parce que de toute façon, la société se digitalise.
04:07Et donc, quand on a 13 ans, 14 ans, qu'on est au collège, qu'on rentre au lycée,
04:13on a tendance à chercher aussi à avoir des rapports avec ses pères, y compris en dehors de l'école.
04:19Et donc, du coup, les réseaux sociaux sont aussi un formidable outil de mise en relation.
04:23Et donc, moi, j'étais content, quand j'étais au collège,
04:25de continuer à avoir des discussions avec mes copains sur, à l'époque, MSN Messenger
04:29ou sur les skyblogs de mes copains que j'allais voir, même si moi, j'en avais pas,
04:34je les commentais, etc.
04:35Enfin, c'était une manière aussi d'entretenir de la sociabilité.
04:38Et donc, du coup, voilà, est-ce qu'on réenferme les jeunes dans la maison,
04:41dans leur sphère familiale avant les 15 ans ?
04:43Ou est-ce qu'on a des choses à leur proposer ?
04:46Mais la question, c'est, au-delà des 15 ans, par ailleurs, est-ce que c'est le bon âge ?
04:51Parce que moi, j'ai vu des mineurs de 16 ans basculer sur les réseaux sociaux
04:55sans avoir eu de réseaux sociaux avant 15 ans,
04:57et pour autant être confrontés à de graves troubles dépressifs,
05:00exposés à des contenus avec des incitations au suicide, etc.
05:04Et donc, en fait, on peut se dire que 15 ans, c'est pas forcément la bonne borne d'âge.
05:07Est-ce que couvre-feu numérique, ça vous plaît plus ?
05:09Couvre-feu numérique, voilà, en fait, ça fait partie des deux, trois mesures
05:11que je trouve un peu urtiquantes,
05:13qui sont proposées par la rapporteure de la commission que j'ai présidée.
05:18Et pourquoi ? Parce que, en fait, ça fait plonger l'idée
05:22que le responsable, c'est l'individu.
05:24Alors qu'en fait, le responsable, c'est l'algorithme.
05:26Le responsable, c'est Facebook, c'est TikTok, etc.
05:29Voilà, parce qu'aujourd'hui, c'est des modèles économiques
05:32qui sont liés à une captation de l'attention,
05:34et pour capter l'attention, il faut choquer.
05:35Pour choquer, en fait, on laisse proliférer des contenus problématiques, intentionnellement.
05:41Ça, c'est ce qu'on a montré avec la commission d'enquête TikTok.
05:42On ne met pas assez de moyens pour la modération.
05:44On met en place des algorithmes qui vont, finalement,
05:47enfermer les gens dans des bulles de contenus mortifères.
05:50Et bien ça, c'est le principal des combats.
05:52Et donc, en fait, dire 15 ans,
05:54c'est une espèce de pansement qu'on va mettre
05:56qui ne réglera pas le problème,
05:57qui posera plein d'autres souples problèmes.
05:59Donc voilà, c'est pour ça que moi,
06:00j'ai une réticence personnelle sur ce sujet.
06:01Selon vous, ça me dirait, quels sont aussi les défauts des réseaux sociaux ?
06:04Le défaut, le premier gros défaut numéro un,
06:06c'est tout ce qui est en lien avec la désinformation.
06:08Voilà, la désinformation, la mésinformation, la malinformation.
06:13Et pour moi, la réponse à ça, elle passe par l'éducation.
06:18Il faut que ça fasse partie d'un des projets,
06:21d'une des réformes de l'école.
06:22On doit l'enseigner en élémentaire,
06:25de façon un peu plus imagée,
06:27et on doit l'enseigner de façon plus claire,
06:31aussi à partir du collège.
06:32C'est quoi une désinformation ?
06:34Quelle est la différence entre la désinformation,
06:36la malinformation, la mésinformation,
06:39la volonté aussi de tromper un public,
06:42la volonté de bousculer un agenda peut-être aussi politique ?
06:46C'est quoi la règle des 30 secondes,
06:48quand je suis sur les réseaux sociaux,
06:49avant de repartager ?
06:51Pendant 30 secondes, je me pose quelques questions.
06:53Je me dis, quelle est la ressource ?
06:54Est-ce que je connais la personne qui l'a postée ?
06:58Combien de temps elle dure la vidéo ?
06:59Est-ce qu'il y a une version plus longue de cette vidéo ?
07:02Est-ce qu'il y a une émotion exacerbée ?
07:03Est-ce que la personne est très en colère ?
07:05Quelle est l'émotion que ça me procure ?
07:06Parce qu'on sait aujourd'hui que la désinformation,
07:08elle cherche à déséquilibrer les utilisateurs des réseaux sociaux
07:11de cette façon-là.
07:13Moi, je pense que ça devrait être,
07:15ça devrait être inclus à l'école.
07:16On devrait l'apprendre aux collégiens
07:19à identifier les réseaux sociaux.
07:21On apprend aux enfants comment faire pour traverser la rue.
07:23On devrait leur apprendre comment faire pour traverser Internet.
07:26On regarde à droite, on regarde à gauche
07:28quand on est dans la rue.
07:29Et c'est ce que j'apprends à ma petite nièce.
07:31Et aujourd'hui, j'ai envie de lui dire à ma petite nièce,
07:33voilà, je vais t'expliquer ce que c'est les réseaux sociaux.
07:36Je te vois dessus régulièrement alors que tu n'as pas l'âge.
07:38Et j'aimerais que l'école fasse ça aujourd'hui.
07:40Il y a un énorme problème avec les algorithmes
07:42qui sont enfermants et qui valorisent la polarisation des avis,
07:46les émotions qui sont très extrêmes,
07:49qui poussent aussi les créateurs de contenus
07:50à faire des contenus qui sont très extrêmes
07:52dès les premières secondes,
07:53pour pouvoir catcher, capter l'attention
07:55de tous les utilisateurs des réseaux sociaux,
07:57alors que même souvent les contenus sont faux
07:58ou alors peuvent être détournés.
08:00Comment réguler ça ?
08:02Moi, j'aimerais que les réseaux sociaux puissent me permettre
08:04d'avoir un bouton, un petit peu comme pour les publicités.
08:07Vous savez, les publicités, quand on dit
08:08est-ce que vous voulez que des publicités soient adaptées à vos goûts ?
08:10Tu dis oui ou tu dis non.
08:12J'aimerais pouvoir choisir si je veux
08:14avoir un algorithme qui me propose
08:16des choses par rapport à ce que j'ai liké
08:18sur la dernière semaine, ce que j'ai vu,
08:20ce que j'ai commenté sur la dernière semaine uniquement,
08:22ou alors si j'aimerais que ce soit
08:23une façon totalement fortuite,
08:26j'aimerais pouvoir avoir le choix.
08:27Aujourd'hui, les plateformes, elles ne nous laissent pas le choix.
08:30En tant qu'utilisateur des réseaux, ce n'est pas normal.
08:32Et la question de l'interdiction, au moins de 15 ans, par exemple,
08:34ça, vous y êtes favorable ?
08:36Alors, je ne suis pas sûr que la limite d'âge,
08:38ce soit la meilleure des solutions.
08:40Je suis pour quand même mettre en place
08:41une limite d'âge, mais je pense que ça passe
08:44avant tout par l'éducation et la pédagogie.
08:45Par exemple, moi, je suis pour une limite d'âge à 13 ans,
08:48pas de réseaux sociaux avant 13 ans,
08:50et après, un contrôle parental,
08:52une autorisation parentale jusqu'à 15 ou 16 ans.
08:54Ça, c'est le principe de la loi Marc-Angeli,
08:56qui a été votée il y a deux ans,
08:57qui n'est toujours pas mise en application.
08:59Donc, en fait, déjà, il faudrait qu'on arrive
09:00à faire appliquer le droit existant,
09:02et puis après, on verra si ça marche
09:04ou si ça ne marche pas,
09:05éventuellement modifier les choses.
09:06Mais c'est vrai que le combat prioritaire,
09:08et ça, ma raison de le rappeler,
09:08c'est un combat contre l'algorithme,
09:10pour la régulation de l'algorithme.
09:12Et pour moi, c'est vraiment ce qui est au cœur de tout,
09:15parce qu'à partir du moment où on ne choisit pas
09:17les contenus qu'on veut voir,
09:19mais où c'est la plateforme qui le décide à notre place,
09:21la plateforme, déjà, a une responsabilité première là-dedans.
09:23Donc, du coup, voilà, aujourd'hui, elles disent
09:25on est des hébergeurs de contenus,
09:27on est irresponsables, ce n'est pas vrai.
09:28Vous êtes aussi des éditeurs
09:30parce que vous avez une responsabilité,
09:31comme un commissaire d'exposition
09:33va sélectionner les œuvres que vous allez voir,
09:35et bien, en fait, le réseau social va sélectionner aussi
09:37les œuvres, ou en tout cas,
09:39les vidéos que vous allez voir.
09:40Donc, un des sujets, c'est la capacité de l'utilisateur
09:43à réguler l'algorithme.
09:45Et notamment, pour les mineurs,
09:46la mise en place, par exemple,
09:47d'un fil suivi par défaut.
09:49C'est-à-dire que quand on se connecte sur la plateforme,
09:51on voit d'abord les contenus auxquels on est abonné,
09:54avant de voir les contenus que la plateforme va nous suggérer.
09:57Parce que sinon, en fait, ce qui se passe aujourd'hui,
09:59c'est que les jeunes que je croise,
10:01ils sont captivés par les flux qu'on appelle « pour toi ».
10:04Et ils n'en sortent pas,
10:05parce que le réseau social, c'est mieux qu'eux,
10:08en gros, ce qu'ils ont envie de voir.
10:09Donc, ça, c'est un vrai sujet.
10:10Le sujet aussi du pluralisme algorithmique.
10:13La capacité, éventuellement, à plugger
10:15sur les différentes applications,
10:17à brancher, si on veut,
10:18sur les différentes applications,
10:20des algorithmes autres.
10:21Par exemple, on pourrait avoir un algorithme Nouvel Ops
10:23qui fonctionnerait avec un certain type de sélection,
10:27peut-être valorisation des contenus internationaux,
10:29une certaine pensée.
10:31Enfin, voilà, je ne sais pas.
10:32Mais ça, ça peut être aussi des choix d'utilisateurs
10:34pour dire, voilà, moi, je veux ce type de présélection des contenus
10:38et pas forcément, en effet, les contenus chocs d'abord.
10:41Parce qu'aujourd'hui, c'est ce qui se passe.
10:43C'est d'abord les contenus chocs, qu'on le veuille ou non.
10:45Et ça, ça me pose problème.
10:46Et c'est d'ailleurs un des vrais sujets
10:48qu'on a mis en avant dans la commission TikTok.
10:50Et c'est d'ailleurs pour ça que, dans les solutions,
10:51on propose aussi de mettre en place un principe pollueur-payeur,
10:54au sens où, comme il y a des dégâts qui sont liés à l'algorithme,
10:57il faut que ce soit les plateformes qui passent à la caisse
10:58pour financer aussi, à la fois, les signaleurs de confiance,
11:01c'est-à-dire ceux qui sont censés faire la modération
11:04à la place des plateformes parce qu'elles ne le font pas assez bien,
11:06pour financer aussi, par exemple,
11:08l'accompagnement psychologique des jeunes
11:09qui sont aujourd'hui en grande souffrance,
11:11notamment parce qu'ils sont surexposés aux réseaux sociaux
11:13et qu'ils perdent le sommeil,
11:14qu'ils tombent pour certains,
11:17voire leurs troubles dépressifs renforcés.
11:19Le groupe macroniste à l'Assemblée nationale a annoncé
11:21de déposer une proposition de loi sur cette question-là,
11:23notamment en proposant d'interdire les réseaux sociaux
11:25aux moins de 15 ans et d'instaurer un couvre-feu numérique
11:27pour les 15-18 ans.
11:29Quelle est votre opinion là-dessus ?
11:30On a l'impression que c'est toujours les jeunes
11:31qui sont responsables ou les parents.
11:33Et en fait, aujourd'hui, on va dire,
11:34tiens, le délit de maltraitance numérique,
11:36de toute façon, c'est Gabriel Attal.
11:37Dès qu'il y a un problème,
11:38on fait un délit de maltraitance pour les parents.
11:40Le sujet, c'est ce que disait Sam tout de suite,
11:41c'est l'éducation.
11:42Alors certes, il y a quelques déclarations d'intention
11:44dans cette loi sur l'éducation.
11:45Je veux bien, d'ailleurs, on avait modifié
11:46le code de l'éducation dans la loi influenceur
11:48pour sensibiliser et dire qu'il fallait former à l'école.
11:51Mais une fois qu'on a modifié le code d'éducation,
11:54il faut des moyens pour l'éducation.
11:56Or, c'est même député de Renaissance
11:57qui nous explique qu'il faut mettre pour l'éducation.
11:59Derrière, ils suppriment 4000 postes.
12:00Ils ont réduit le nombre d'heures de documentalistes.
12:02Alors que c'est les profs documentalistes,
12:04notamment, qui sont chargés en premier lieu
12:06de tout ce qui est éducation, médias et l'information.
12:08Moi, ça m'agace un petit peu.
12:09Donc ça veut dire que, puisqu'on ne met pas
12:10de moyens pour l'éducation,
12:12derrière, le seul truc qui reste,
12:14c'est la sanction, la pénalisation des parents
12:15et l'enfermement des jeunes dans leurs cercles familiaux,
12:19alors que les jeunes aussi ont besoin
12:20d'avoir d'autres univers et d'autres espaces.
12:21Et que moi, ma priorité, c'est qu'on tape sur les plateformes,
12:23on régule les plateformes.
12:25Et ce n'est pas la logique que je vois
12:26dans la loi telle qu'elle est présentée.
12:27Les réseaux sociaux, contrairement à ce que beaucoup pensent,
12:29c'est devenu la vraie vie.
12:31Pour beaucoup et surtout pour les jeunes,
12:33c'est la vraie vie.
12:34Elle est parfois même plus importante sur les réseaux sociaux
12:36que dans la vie réelle.
12:38Ce qui va être dit sur les réseaux sociaux
12:39va plus compter que dans la vie réelle.
12:40De toute façon, il y a une interconnection.
12:41Il n'y a pas d'un côté les réseaux
12:42et de l'autre la vie réelle.
12:44Tout est mélangé.
12:46Bien sûr, à la différence que dans la vie réelle,
12:49quand je vais prendre mon bus
12:50ou quand je vais dans le métro
12:51ou quand je vais dans un restaurant,
12:53ce n'est pas un algorithme qui m'y mène.
12:55Les personnes que je peux rencontrer
12:56dans ces espaces publics,
12:57les belles rencontres potentiellement que je peux faire,
13:00les différentes opinions auxquelles je vais être confronté
13:02de façon totalement fortuite,
13:04ce n'est pas un algorithme qui m'a mis là.
13:05Moi, je n'ai pas envie d'être enfermé dans ce monde
13:08qui n'existe pas, dans cet algorithme
13:09ultra communautaire,
13:11qui va me conforter dans ce que je pense
13:13et qui va m'enfermer et m'emprisonner là-dedans.
13:16Je veux avoir le choix
13:18et j'aimerais au moins que les plateformes
13:20mettent un bouton à notre disposition
13:22pour qu'on puisse appuyer dessus, pour choisir.
13:24Sur ce que tu viens de dire tout de suite,
13:26moi, je pense qu'il faut aussi laisser,
13:27en effet, des espaces préservés.
13:30On n'est pas obligé de se dire
13:31que les réseaux sociaux sont partout.
13:32Mais encore une fois,
13:34moi, je me bats contre ceux
13:36qui veulent diaboliser et fermer,
13:39alors qu'ils sont eux-mêmes dans l'incapacité
13:41de se libérer de leur propre addiction au smartphone.
13:45Et donc, en fait, on va avoir tendance
13:46à rendre les jeunes coupables
13:47de nos propres maux,
13:49de nos propres turpitudes.
13:50On va dire que les jeunes sont violents
13:51sur les réseaux sociaux.
13:52Mais quand on regarde, par exemple,
13:53moi, je regarde le procès de Tiffany Day
13:55qui a été récemment,
13:57qui s'est soldé par la condamnation
13:59de neuf personnes pour du cyberharcèlement.
14:01Qu'est-ce que ça a donné ?
14:03C'était des hommes, déjà que des hommes,
14:05plutôt âgés,
14:08qui étaient de tout milieu.
14:09Et ce n'étaient pas des enfants
14:10qui étaient des cyberharceleurs.
14:12Moi-même, j'ai porté plainte
14:13contre des gens qui m'avaient cyberharcelé.
14:15Et les personnes n'étaient pas non plus des enfants.
14:18Ça me dira aussi dans le milieu
14:19dans lequel vous évoluez.
14:20Est-ce que vous sentez qu'il y a un intérêt
14:21plus important maintenant, peut-être,
14:22pour la politique ?
14:23Je pense qu'en fait,
14:25les réseaux sociaux,
14:26ils ont permis à tout un chacun
14:28d'être beaucoup plus à l'écoute
14:29de ce qui se passe
14:29et d'être aussi plus à l'écoute
14:30de la politique.
14:32Donc, je pense que c'est la bonne posture,
14:33justement, même en tant que politique,
14:35de ne pas se mettre
14:36contre les réseaux sociaux,
14:37dans une posture contre les réseaux sociaux,
14:39en tapant sur les réseaux sociaux.
14:41Et tu as complètement raison là-dessus,
14:42je trouve, Arthur.
14:43Parce qu'en fait,
14:44les réseaux sociaux,
14:45ce n'est pas, eux,
14:46véritablement le problème.
14:47Les réseaux sociaux,
14:47c'est le miroir
14:48de quelque chose de plus profond.
14:50Il faut s'intéresser à ce miroir.
14:51Il faut comprendre ce miroir.
14:52Oui, c'est-à-dire que...
14:53Oui, je ne voulais pas t'interrompre,
14:55mais tu as raison.
14:55Alors, à la fois,
14:57les réseaux sociaux sont un problème
14:58par l'algorithme,
14:59je veux dire par la manière
15:00dont ils vont déformer le débat.
15:02Mais ils sont aussi le reflet
15:03de problématiques sociales.
15:06Le masculinisme,
15:07c'est le fruit de siècles,
15:09en fait,
15:09de machisme,
15:11de domination des hommes.
15:13Enfin, voilà,
15:13la violence n'est pas née
15:14avec TikTok
15:16et le suicide non plus.
15:18On vous entend,
15:18vous êtes très critique
15:19à l'égard des algorithmes.
15:20Pourtant, vous participez
15:21un peu à les nourrir.
15:22Est-ce qu'il n'y a pas là
15:23une forme de contradiction, peut-être ?
15:24Si vous prenez le temps
15:25de regarder mon contenu,
15:26qui sont des formats longs,
15:28justement,
15:28déjà, c'est à contre-courant
15:30des formats qui sont très courts,
15:32très extrêmes,
15:32où on n'a pas le temps
15:33de développer son propos,
15:35où on n'a pas le temps
15:36d'exprimer sa pensée.
15:39Et je fais partie
15:40de ces réseaux sociaux
15:40et c'est parce que j'en fais partie,
15:42c'est parce que je suis dessus
15:43et c'est parce que, justement,
15:44je m'estime être plus dans la mesure,
15:46dans la nuance
15:47et dans l'équilibre
15:49que j'ai envie
15:50qu'il y ait un petit peu plus
15:52de justesse aussi
15:53sur ces réseaux sociaux.
15:54Voilà, je trouve que ça manque
15:55d'équilibre.
15:56aujourd'hui,
15:57c'est la parole extrême
15:58qui est mise en avant.
16:00Plus on est équilibré,
16:01moins l'algorithme
16:01va nous pousser.
16:02C'est sûr.
16:03Donc, je fais quoi ?
16:03J'arrête ?
16:04J'arrête ?
16:05Je laisse les autres proliférer
16:06avec leur contenu ultra-choc ?
16:08Oui.
16:09Ce que dit ça, mais...
16:10Non, je continue
16:10et je continuerai
16:12de défendre ce propos.
16:13Ce que tu dis,
16:14c'est juste,
16:15c'est que
16:15on est dans un monde
16:17où soit
16:18pour exister,
16:19enfin, pour que la parole
16:20continue d'exister,
16:22on est contraint
16:23à polariser un petit peu,
16:24soit on fait
16:25quelque chose de nuancé,
16:27mais du coup,
16:27ça passe totalement en radar.
16:29Donc, voilà,
16:29il y a ce dilemme permanent
16:31et c'est pour ça
16:32que la régulation,
16:33elle vient aussi
16:34pour dire
16:35comment est-ce qu'on arrive
16:36à valoriser
16:36ces autres contenus
16:37et que nous,
16:38quand on est arrivé,
16:39on a dit,
16:39bon, c'est la loi de la jungle,
16:40il faut que ça arrête,
16:41c'est un peu une expression
16:41du commun,
16:43mais de dire que
16:44plus on aura mis
16:45de cadres de régulation,
16:46plus on aura imposé
16:47aux plateformes aussi
16:47de sortir de cette logique
16:50de l'enfermement algorithmique,
16:52plus on aura aussi
16:53contribué à saignir
16:55ou en tout cas
16:55à faire d'un espace public
16:57un espace plus démocratique,
16:58plus ouvert,
16:59plus apaisé.
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