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  • il y a 2 jours
Le 19 décembre 1985, le Palais de justice de Nantes devient le théâtre d’une prise d’otages totalement hors norme.
Durant 34 heures, un procès ordinaire bascule en chaos quand Georges Courtois, Abdelkarim Khalki et Patrick Thiolet prennent magistrats, jurés, journalistes et étudiants en otage à l’intérieur même de la cour d’assises.
Ce documentaire revient minute par minute sur cet événement incroyable :
la mise en scène de Courtois, l’entrée de Khalki armé d’une grenade, l’arrivée du RAID pour sa toute première intervention, les négociations interminables, la nuit de tension, les coups de feu, la sortie historique du président Bailhache menotté à son preneur d’otages, et enfin la reddition sur le tarmac de l’aéroport de Château-Bougon.
Un récit complet, vivant, fidèle aux faits, pour comprendre comment cette affaire a marqué à jamais la justice française.
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Transcription
00:00Le 19 décembre 1985, à Nantes, un procès banal s'est transformé en cauchemar.
00:10Un braqueur, un vrai, a décidé qu'il ne retournerait plus jamais en prison.
00:15Et pour ça, il était prêt à tout.
00:21Madame, Monsieur, bonsoir.
00:23À Nantes, une quinzaine de personnes sont encore sous la menace de trois hommes fortement armés.
00:28Cette prise d'otage très spectaculaire s'est déroulée ce matin en pleine audience de la cour d'assises de Nantes,
00:33où l'on jugait trois hommes et une femme accusés de plusieurs hold-up.
00:38Pendant plus de 34 heures, magistrats, jurés, étudiants sont devenus des otages enfermés dans une salle d'audience.
00:46C'est l'histoire d'un homme persuadé qu'il pouvait réécrire sa vie comme un film.
00:50C'est l'histoire d'une ville, d'un pays, qui va suivre minute par minute une prise d'otage totalement hors norme.
00:58Nous sommes le 18 décembre 1985, à Nantes.
01:15Le palais de justice est froid.
01:18Gris, un peu poussiéreux.
01:19Dans la vieille cour d'assises, ça sent le bois ciré, les dossiers empilés, et cette ambiance particulière des procès longs et monotones.
01:29À la barre, un homme, qui parle fort, trop fort pour un prévenu.
01:37Cheveux rejetés en arrière, regard sombre, insolent.
01:41C'est Georges Courtois, 38 ans, ancien plombier devenu braqueur, et avec plusieurs années de prison, à son actif.
01:48Dans un énième monologue, il dit à la cour,
01:50« Messieurs, vous ne me condamnerez pas une nouvelle fois. La prison, c'est terminé pour moi. »
01:57Tout le monde pense à une provocation, un numéro, de la mise en scène.
02:01Mais personne ne s'imagine que le lendemain, la justice française sera attaquée.
02:06Jeudi 19 décembre 1985, le procès reprend.
02:16Sur les bancs, Georges Courtois et Patrick Thiolet, 24 ans, braqueur.
02:23Face à eux, le président Dominique Bellache.
02:26Ses assesseurs, le procureur, le substitue.
02:29Dans la salle, une greffière, cinq policiers, des jurés tirés au sort,
02:33et une quinzaine d'étudiants en droit, venus assister au débat.
02:3810h45.
02:40C'est l'heure du réquisitoire de l'avocat général,
02:43quand soudain, une petite porte latérale s'ouvre,
02:46un homme entre, silence total.
02:49Dans la main droite, une grenade.
02:51Dans la main gauche, un revolver.
02:53C'est Abdelkarim, calqui, déjà condamné pour braquage,
02:57il vient de désarmer un policier dans le couloir,
02:59en lui collant sa grenade sous le nez.
03:01En quelques secondes, la scène devient irréelle.
03:08Les cinq policiers posent leurs armes,
03:10les magistrats restent figés,
03:12les jurés n'osent plus respirer,
03:14et le public comprend qu'un tournant vient de se produire.
03:17La justice vient de se faire braquer, littéralement.
03:20À 11h du matin, une équipe d'FR3 arrive à la demande du preneur d'otage.
03:26Les images tournées sont historiques.
03:30Courtois se lève, il n'est plus le prévenu dans son box.
03:33Il devient le meneur.
03:34Il sort un magnum 357, allume un cigare,
03:38et marche comme s'il était dans un film.
03:40Il montre son art.
03:41Cette opération est une opération ponctuelle,
03:46ainsi que je l'ai dit au procureur.
03:48Il sait ce que c'est une opération ponctuelle,
03:50il m'a accusé d'en avoir mené plusieurs.
03:53Elle a donc une entrée en matière,
03:55un développement,
03:57une conclusion.
03:59Cette affaire sera menée au bout,
04:01que les autorités le veuillent ou non.
04:03Courtois s'approche d'une jurée et lui demande.
04:07Quel effet ça vous fait d'être venu pour juger quelqu'un
04:10et finalement vous trouvez en position d'être jugé à votre tour ?
04:14Qu'est-ce que ça vous fait ?
04:17Très impressionnant.
04:18Madame ?
04:19Très impressionnant.
04:21Ce que je voudrais savoir,
04:24c'est le rapport que vous faites entre ce genre de choses.
04:28C'est-à-dire qu'on vient tranquillement condamner les gens
04:30et puis on s'aperçoit que ça ne se passe pas comme ça.
04:33Patrick Thiolet exhibe son arme,
04:36il la tapotera sur la tête du procureur de la République.
04:42Et nous partirons à partir du moment
04:45où on nous laissera partir.
04:48Mais attention, la sortie, ça va être chaud.
04:51Je pense d'ailleurs que nous jetterons une petite grenade
04:53dans la salle des pans perdus
04:54histoire de...
04:55La prise d'otage est bel et bien lancée.
04:59À midi, la nouvelle se propage à l'extérieur de la cour d'assises,
05:03radio locale, policiers qui convergent, rue bloquée.
05:08Nantes retient son souffle.
05:13Le préfet déclenche une cellule de crise.
05:16On appelle alors une toute nouvelle unité créée quelques semaines plus tôt.
05:21Presque inconnu du grand public, le RAID.
05:23Recherche, assistance, intervention, dissuasion.
05:32Le RAID est une unité d'élite créée en octobre 85,
05:37quelques semaines avant cette prise d'otage.
05:40À sa tête, deux légendes de la police.
05:48Robert Broussard, le policier qui a battu Mérine,
05:52et Ange Mancini, stratège, calme et respecté.
05:57Pour eux, c'est un baptême du feu.
05:59Dans la salle, Courtois continue de parler, de provoquer,
06:05de jouer avec les nerfs de tout le monde.
06:07À la minute même que j'aurais fixée pour l'expiration de l'ultimatum,
06:11si cette exigence n'a pas été formulée,
06:14un individu sera exécuté ici.
06:17Par conséquent, il est inutile de penser que cette affaire-là
06:20va se terminer par une réédition pure et simple.
06:24Et c'est hors de question.
06:25À 13h, il tire un coup de feu en l'air.
06:28Une étudiante de 21 ans fait un malaise.
06:30Courtois la laisse sortir.
06:32Un sens tordu de la mise en scène.
06:36La nuit tombe sur le palais de justice.
06:39Les heures passent.
06:41Tous les étudiants ont été libérés.
06:44Il reste à l'intérieur les jurés et les magistrats.
06:49Et à l'extérieur, les hommes du RAID et du GIPN
06:51se positionnent dans la galerie des pas perdus,
06:54tapis dans l'ombre.
06:55À 20h30, Courtois exige un bus
06:58pour sortir avec les otages comme bouclier.
07:02Je voudrais que la police mette le car à notre disposition
07:05qu'on puisse sortir, c'est tout.
07:06Parce que c'est uniquement la police qui nous retient ici.
07:09C'est tout.
07:10C'est la police qui sera responsable
07:12si vous envoyez quelque chose que vous envoyez témoin.
07:14Si vous nous donnez quelque chose comme serpent vivant,
07:16que ce soit le capitaine Broussard ou je ne sais trop quoi
07:18qui est responsable de ça.
07:20Qu'est-ce qu'ils font parlementer
07:21pour ne rien leur donner de toute façon ?
07:24Moi, j'ai confiance en ces hommes.
07:25Jusqu'à présent, ils ont tenu leur parole.
07:27Et notre seule chance de salut, c'est de partir avec les caméros.
07:29Les otages sont épuisés.
07:30Les négociations tournent en rond.
07:33Calqui s'énerve et la tension monte.
07:35C'est une grenade découpillée
07:36que par conséquent, il n'y a aucune heure.
07:39Je lâche et puis c'est tout.
07:41Alors, écoutez, cette affaire est assez durée
07:43et ma patience, moi, personnelle,
07:45je ne parle pas de mes collègues,
07:47mais ma patience personnelle a des limites, croyez-moi.
07:50Et je vous jure que j'attends encore un peu
07:53et je ne prendrai la décision de personne ici.
07:56Je vais me flinguer et je vais jeter cette grenade.
07:59J'ai encore une autre ici, là.
08:01Je vais les découpiller tous.
08:03Je vais, regardez, ils sont là à côté de moi.
08:06Je préfère quand même ne pas partir tout seul,
08:08ne pas mourir tout seul.
08:09Au moins quatre personnes, ça ne fait du bien.
08:11D'accord ?
08:12Bon, ça a assez traîné, ça suffit.
08:14Parce que ma patience personnelle a des limites.
08:17C'est tout ce que j'ai à dire, messieurs.
08:20La nuit continue.
08:21Deux otages malades seront libérés.
08:24Je viens à l'instant de rendre la liberté
08:25à un homme qui était malade
08:27et dont le fils m'a fait passer un message
08:29pour me le faire connaître.
08:31Il sera procédé également à la libération
08:34d'une dame ici présente d'un certain âge
08:37et qui est également malade
08:39et qui pourra donc rejoindre ses foyers sans problème.
08:43La salle, elle, ne dormira pas.
08:49Vendredi 20 décembre, 5h du matin.
08:52Le bus demandé par Courtois est devant le palais.
08:55Les preneurs d'otages sortent,
08:59armes et grenades en main,
09:00entourant les otages.
09:02Ils avancent quelques mètres dans le hall
09:04et s'arrêtent.
09:06Ils sentent une présence,
09:08des ombres, des fusils.
09:10Ils comprennent qu'un assaut est possible.
09:13Paniquent.
09:14Ils retournent dans la salle.
09:17Et dans cette confusion,
09:18ils oublient la greffière
09:19qui, elle, est restée derrière eux dans le hall.
09:22Un otage de moins.
09:25À midi, Courtois exige la venue d'un journaliste de Radio France
09:28contre la libération d'otages.
09:30Et c'est Joël Bitoune, correspondant local,
09:33qui entre dans la salle.
09:34Il enregistre la déclaration de Courtois
09:36qui menace.
09:37Nous ne sommes pas des pantins
09:39ni des fumistes.
09:41Nous sommes des gens de parole.
09:43Nous n'avons aucun point commun
09:44avec les forces de police.
09:47Pas conséquent.
09:47Nous affronterons,
09:48je le redis ici,
09:50les forces de l'ordre
09:51sans reculer
09:53quand le moment sera venu.
09:56C'est-à-dire environ 45 à 60 minutes
09:58après notre départ d'ici
10:00et après la libération totale
10:03de tous les gens que nous avons retenus.
10:04Que cela réjouisse M. Broussard
10:07et ses tueurs patentés.
10:09Courtois libère les neuf jurés restants.
10:11Ne restent plus que les magistrats.
10:13Je vais appeler M. Broussard
10:15et lui faire connaître
10:16que les otages vont être libres
10:17de quitter cette salle.
10:19À 14h30,
10:20Courtois apparaît sur le perron du tribunal.
10:21Il tire un coup de feu
10:30en direction des médias
10:31et pulvérise l'objectif d'une caméra
10:35de la télévision américaine CBS.
10:38Devant le palais,
10:39les journalistes pris pour cible
10:40se jettent au sol.
10:42La tension est irréelle.
10:44Courtois comprend
10:45que ce n'est pas le moment d'une sortie.
10:47Il re-rentre dans le palais de justice
10:48avec le président Bellach.
10:50À 15h15,
10:52les portes s'ouvrent.
10:53Tout le monde comprend
10:54que cette fois-ci,
10:55c'est la vraie sortie.
10:59Les preneurs d'otages
11:00descendent les marches
11:01menottées au magistrat.
11:05La sortie est filmée
11:06par les caméras présentes à l'extérieur
11:08et on y voit
11:09les preneurs d'otages
11:11accompagnés
11:12d'Angelo Insigny,
11:14chef du raid.
11:17Ils montent dans un Renault-espace beige
11:19suivi d'un autre espace
11:25où se trouvent
11:26Broussard
11:27et les hommes du raid.
11:35Le convoi part en direction
11:36de l'aérodrome
11:37de Château-Bougon.
11:38L'aéroport se trouve
11:42à 13 kilomètres
11:43du palais de justice.
11:46Sur place,
11:47l'aéroport
11:48est totalement évacué.
11:49La piste est vidée,
11:50les vols sont annulés.
11:55Les hommes du raid
11:56se positionnent
11:57sur les toits,
11:58sur la piste.
11:59L'aéroport
12:00est quadrillé.
12:01Courtois demande
12:05un avion,
12:05un mystère vain.
12:07Il parle de partir
12:07au Liban,
12:08au Maroc.
12:09Mais peu importe,
12:11personne ne bougera.
12:13À 18h,
12:14les négociations avancent.
12:16Deux otages
12:17sont libérés.
12:19Et à 20h30,
12:20épuisés,
12:21conscients
12:21qu'il n'y aura
12:22ni avion,
12:23ni fuite,
12:24les trois hommes
12:24déposent les armes.
12:26Je vous annonce
12:27que nous considérons
12:28cette affaire
12:28comme un demi-échec,
12:30c'est-à-dire
12:31comme un demi-succès.
12:32Après 34 heures,
12:34la prise d'otage
12:35du palais de justice
12:36de Nantes
12:36se termine.
12:38Pas de fusillade,
12:39pas de mort.
12:42Le raid a réussi
12:43sa première grande opération.
12:46Pour un accord psychologique,
12:47il faut savoir
12:48parlementer,
12:50négocier,
12:51ne pas brusquer
12:52les événements,
12:53de savoir dédramatiser,
12:54obtenir progressivement
12:56que l'on relâche
12:58des otages.
13:01Quand tout est terminé,
13:03il est presque 21h.
13:04Les armes sont au sol,
13:06les otages sont vivants
13:07et la France vient de vivre
13:09un des épisodes
13:10les plus surréalistes
13:11de son histoire judiciaire.
13:14Les images tournées
13:15ce jour-là,
13:17les magistrats menottés,
13:18les coups de feu,
13:19les caméras brisées,
13:20tout ça restera gravé
13:22dans la mémoire
13:23collective française.
13:24et la cuirc,
13:55...
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