- il y a 5 heures
Alors que le saumon Atlantique disparaît de nos rivières, les fermes salmonicoles de Norvège, du Chili ou d'Écosse enferment toujours plus de saumons, avec un coût écologique et social très important. Faut-il encore manger du saumon d'élevage ?
Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre
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00:00Musique
00:00Aujourd'hui, saumon d'élevage, faut-il encore en manger ?
00:21Raconté par...
00:22Esther Dufort, cofondatrice et co-directrice de l'ONG Systémique.
00:26Et Maxime Carcel, journaliste.
00:28France Inter, la terre au carré, Mathieu Vidard.
00:36Imaginez une caisse de saumon fraîchement arrivée d'un fjord de Norvégiens.
00:40A l'extérieur, tout semble impeccable.
00:42L'emballage est propre, les étiquettes affichent qualité supérieure
00:45et rien ne laisse deviner ce qui se cache à l'intérieur.
00:48Pourtant, lorsque les employés d'une usine européenne soulèvent le couvercle,
00:52la scène change brusquement.
00:53Les poissons sont marqués de plaies, la peau lacérée, parfois infectée.
00:58Ces images qui ont été filmées par la chaîne publique norvégienne NRK
01:02ont révélé un scandale qui secoue aujourd'hui l'une des industries les plus puissantes du pays,
01:07l'élevage intensif de saumon.
01:09Une filière qui rapporte plus de 10 milliards d'euros par an au royaume scandinave,
01:13deuxième source de revenus après le pétrole et le gaz.
01:16Un symbole national et pourtant un système qui se fissure.
01:20Le reportage montre des chargements illégaux, des saumons blessés,
01:24normalement interdits d'exportation, expédiés pourtant en Europe en contournant les règles sanitaires.
01:30Les employés témoignent.
01:31Il y a 10 ans, un poisson sur 1000 présentait des lésions cutanées.
01:35Aujourd'hui, on en trouve dans presque tous les arrivages.
01:38Les contrôles sont insuffisants, les sanctions rares
01:40et l'autorité norvégienne de sécurité alimentaire juge ces poissons impropres à la consommation.
01:46Derrière ces manquements se cache une réalité plus large.
01:49En 2024, 58 millions de saumons d'élevage sont morts dans les fermes norvégiennes,
01:54victimes de stress, d'infections ou des traitements contre les poux de mer.
01:57Ces parasites qui rongent leur peau et affaiblissent leur système immunitaire.
02:02Et lorsque les poissons tentent d'échapper à ces conditions,
02:05comme les 27 000 saumons enfouis lors d'une tempête en février 2025,
02:10eh bien ils menacent les populations sauvages déjà au bord de l'extinction.
02:13Cette industrie n'a plus grand chose à voir avec l'image romantique des fjords de Norvégiens.
02:18Elle est devenue l'un des secteurs les plus concentrés du monde.
02:2110 multinationales contrôlent la moitié du marché mondial.
02:24Et à mesure que la demande explose, la production mondiale a triplé en 20 ans.
02:28Les conséquences écologiques s'alourdissent.
02:30Mortalité élevée, maladie, pollution organique, risque de pollution génétique
02:33et jusqu'à 10 kg de CO2 émis pour produire 1 kg de saumon.
02:37En France, nous sommes parmi les plus grands consommateurs au monde
02:40et 99% du saumon que nous mangeons est importé presque exclusivement de ces élevages.
02:47Alors avant de poser une tranche de saumon dans une assiette,
02:50mieux vaut se rappeler d'où elle vient.
02:52Et c'est cette histoire que nous allons vous raconter.
02:54Les fermes, comme celles devant lesquelles on passe, existent déjà depuis 50 ans.
03:06On est toujours confrontés aux mêmes problèmes environnementaux.
03:09Le pouls de mer, les poissons qui s'échappent et la pollution.
03:14Et la situation ne cesse de se dégrader.
03:17C'est scandaleux qu'une seule filière détruise à ce point la nature.
03:21Extrait d'un documentaire d'Arte, la crise du saumon en Norvège.
03:28C'était cette année.
03:29Esther Dufort et Maxime Carcel, bonjour à tous les deux.
03:32Bonjour.
03:32Bienvenue Maxime Carcel, vous publiez aux éditions du Rocher
03:35Un poison nommé saumon, enquête sur une industrie dévastatrice
03:38dans laquelle vous dévoilez la face cachée des élevages intensifs de saumon.
03:43Vous avez donc enquêté sur le poisson préféré des Français
03:46qui malgré des révélations depuis plusieurs années sur sa réalité
03:50reste un véritable intouchable de nos assiettes ?
03:54Oui, parce que nous, vous le disiez, nous sommes les premiers consommateurs,
03:59le pays le plus consommateur en Europe et aussi dans le monde.
04:03On fait partie du top 5.
04:05On en avait discuté, on avait vu des reportages à la télé, à la radio il y a quelques années.
04:09Et puis on a cette tendance à croire que quand on voit des reportages,
04:14l'affaire est réglée derrière, la prise de conscience est faite
04:17et que le sort des saumons n'existait plus et que les fermes à saumon avaient été réduites.
04:26Or, ce n'est pas du tout le cas.
04:27En France, étant les premiers mangeurs, il n'y avait jusqu'à ce jour pas de livre qui reprenait à zéro
04:36toutes les données, tout l'historique du saumon et de sa production en élevage.
04:44Donc il était temps de le faire pour que les gens, les citoyens, puissent avoir en main les données,
04:49au-delà du fait que des données open source de systémiques,
04:54d'avoir un document qui leur donnait les chiffres d'information.
04:58Esther Dufort, votre ONG systémique, avait publié il y a un an avec Data for Good une enquête
05:04qui mettait également en lumière les impacts des élevages de saumons dans le monde.
05:08Ça veut dire donc qu'on sait beaucoup de choses sur cette industrie depuis maintenant assez longtemps
05:11sans qu'effectivement rien ne change ?
05:14Et oui, quand on constate, c'est qu'effectivement côté science, on sait tout ce qui se passe,
05:19on sait combien d'antibiotiques sont utilisés, on est conscient des microplastiques,
05:25on peut mesurer les microplastiques que l'on consomme quand on consomme du poisson, du saumon précisément,
05:30on est capable de chiffrer l'impact de l'industrie du saumon sur les populations d'Afrique de l'Ouest,
05:34c'est-à-dire combien de petits poissons sont pêchés.
05:36Donc on a énormément de data, ce qu'on a pu mettre en lumière avec Pink Bombs,
05:40mais malheureusement en face, il faut imaginer qu'on a des médias et du marketing très très puissant
05:44de la part de la Norvège pour nous vendre un saumon soi-disant qui serait sauvage pêché dans un fjord pur en Norvège.
05:52Et ça, ça marche beaucoup dans l'esprit des gens, c'est plus rassurant de se dire ça finalement.
05:55Voilà, le saumon qui est resté pendant très longtemps un méga produit de luxe,
05:59il est devenu plus accessible en tout cas ces dernières années.
06:03Maxime Carcel, votre livre commence par rappeler ce qu'était le saumon sauvage
06:06avant précisément de devenir ce produit industriel.
06:09C'est important de revenir à cette biologie originelle pour comprendre l'histoire ?
06:13Oui, parce que le saumon, c'est un poisson complet,
06:18un produit, une magie de la nature,
06:21qui est un adrome amphibiotique,
06:24épothamotox, ça veut dire...
06:25Oui, ça veut dire quoi ?
06:26Que c'est un poisson qui va vivre en eau douce et en eau de mer,
06:31et qui va remonter les courants et qui va se reproduire dans l'eau douce.
06:36Et ce poisson, en Europe, et dans les mismères d'or aux Etats-Unis et au Canada,
06:43ont été présents par milliers, par dizaines de milliers.
06:47A l'état sauvage, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
06:51J'ai en tête, par exemple, des tribus amérindiens
06:56qui avaient sur leur totem une tête de saumon,
06:58qui ne vivaient que par le saumon, ne mangeaient que le saumon.
07:00Aujourd'hui, c'est loin d'être le cas.
07:02Le saumon sauvage a quasiment disparu.
07:08Et la faute est principalement due aux fermes de saumon d'élevage.
07:12Et pourquoi ? Quel est le lien, justement ?
07:14Le lien, il est assez simple.
07:17C'est-à-dire que, quand vous mettez des fermes de saumon sauvage
07:22avec une promiscuité assez folle dans ces énormes menaces,
07:28200 000 saumons, 300 000, ça peut aller jusqu'à un million,
07:30il y a, on l'a vu encore cette année,
07:36des tempêtes qui peuvent casser ces fermes.
07:39Il va y avoir une fuite massive des saumons d'élevage.
07:42Et si les saumons sont matures sexuellement,
07:45il va y avoir un risque de croisement
07:48entre ces saumons d'élevage et ces saumons sauvages.
07:51On appelle ça une introgression génétique.
07:54Et il va y avoir la lignée des saumons qui se reproduisent
07:56qui va s'éteindre parce qu'ils vont donner naissance
07:59à des saumons qui ne sont pas viables.
08:00Et ça, du fort, il faut rappeler quand même
08:02que les saumons sont des super migrateurs
08:04qui sont capables de parcourir des milliers de kilomètres
08:07et que là, tout d'un coup, dans ces élevages,
08:09on les parque dans des endroits
08:11où la promiscuité est absolument épouvantable pour ces animaux.
08:14Oui, il faut imaginer qu'à la base,
08:16les saumons sont capables de parcourir 3 000 à 10 000 kilomètres
08:20et donc là, on les réduit à tourner en rond pendant deux ans.
08:23On accélère aussi leur processus de croissance
08:26en jouant avec la lumière.
08:27Voilà, il y a plein de choses.
08:28Et donc, maintenant, l'industrie du saumon
08:31est tellement dans une perspective très capitalistique,
08:34en hypercroissance,
08:36que pour, par exemple,
08:37contrer la problématique des échappés de saumons,
08:40l'idée maintenant, c'est de se dire
08:42qu'on va les faire sur Terre.
08:43Donc, tout le cycle de saumons pourrait passer sur Terre.
08:46Et là, à nouveau, il y a un mythe,
08:47et je le dis tout de suite,
08:48il y a un mythe qui s'est effondré il y a un an.
08:51Maintenant, même les élevages sur Terre, en fait,
08:53sont loin d'être infaillibles.
08:54Il y a eu des saumons qui se sont échappés d'un élevage sur Terre.
08:57Tout simplement parce qu'il y a une vanne qui reste ouverte.
08:59Donc, en fait, à partir du moment où il y a de la technique,
09:01de l'humain qui doit gérer,
09:03tout est possible.
09:04Et c'est une industrie qui fuit encore ces problématiques,
09:07qui est dans un déni de,
09:08finalement, non, elle doit vraiment réduire.
09:10Et à un moment, disparaître cette industrie.
09:11Elle est destructrice pour tout le monde.
09:13Pour les humains, la planète, les animaux.
09:16On va écouter l'extrait d'une archive de 1971 de l'ERTF
09:19qui nous parle du saumon en Bretagne.
09:22Peut-on dire qu'il existe encore beaucoup de saumons
09:23à l'heure actuelle en Bretagne ?
09:25Non, malheureusement, très peu.
09:26Très, très peu.
09:28On doit arriver à 5 ou 6 000 saumons maintenant.
09:30C'est-à-dire à peu près 5 ou 10 %
09:32de ce qui était capturé au début du siècle.
09:35D'abord, au siècle dernier,
09:36on a pêché d'une manière abusive.
09:38Et puis, les inscrits maritimes
09:40qui ont fait de vrais ravages
09:42par la pêche au filet dans les estuaires.
09:44Et puis, il y a les barrages,
09:46souvent construits trop et infranchissables.
09:48Et puis, enfin, phénomène qui tue
09:50des centaines de saumons maintenant,
09:51chaque année, la pollution.
09:53Voilà, et là, c'est en 1971,
09:55donc il y a fort longtemps.
09:57Et Maxime Carcel, on observe en fait
09:59ce déclin spectaculaire des populations de saumons
10:02absolument partout aujourd'hui ?
10:04Oui, partout, à tel point qu'en France,
10:06il y a les préfectures qui prennent
10:09des décisions désarrêtées
10:10pour interdire la pêche au saumon.
10:15Il faut dire que le saumon,
10:16l'être humain a vécu avec le saumon
10:18depuis des dizaines de milliers d'années.
10:19On a retrouvé des traces,
10:21des peintures rupestres de saumon
10:24datant d'il y a 40 000 ans dans les grottes.
10:27C'est un plat qui a été partagé
10:31pendant des siècles.
10:32Aujourd'hui, c'est un poisson particulier
10:37parce qu'il n'existe plus à l'état sauvage,
10:38comme on le disait.
10:39Et puis, on est en train d'en faire
10:40un produit marketing,
10:42un pur produit de consommation.
10:45Donc, je ne me souhaitais plus
10:46de votre question au départ,
10:48mais je suis en train de parler.
10:49Sur la disparition, justement,
10:50et l'effondrement des populations
10:52qu'on observe absolument partout.
10:54Esther Dufort, pourquoi justement
10:55la demande continue autant,
10:57malgré toutes ces alertes-là
10:58qu'on vient d'évoquer ?
10:59Il y a une méconnaissance
11:00de la part des consommateurs.
11:02Déjà, la majorité des consommateurs
11:04ne savent pas qu'avant,
11:05il y avait des saumons en France.
11:07À part les personnes qui vivent
11:09autour de la Dour, dans le sud-ouest
11:11ou proche des rivières
11:12où les anciens leur disent
11:12« Oui, avant, on avait plein de saumons ».
11:15Personne n'est vraiment au courant
11:16qu'il y a beaucoup de plans
11:18de repeuplement qui sont faits,
11:19mais qui vont s'arrêter
11:21parce que ça échoue,
11:22parce qu'en fait, on n'arrive pas
11:23à avoir de saumons qui remontent
11:24les rivières pour toutes les raisons
11:25évoquées qui sont toujours existantes.
11:27Toujours les mêmes.
11:27Toujours les mêmes.
11:28Ça n'a pas changé.
11:29Ça, c'est même plutôt aggravé.
11:31Actuellement, on n'a plus de saumons
11:33qui arrivent à remonter les rivières.
11:34Dans la Dour, c'est très rare,
11:35dans le gaffe de Pau,
11:36qu'on ait des saumons
11:37qui arrivent jusqu'ici.
11:39C'est très difficile pour eux.
11:42Globalement, le consommateur
11:43n'est pas conscient
11:43qu'avant, on avait des saumons chez nous.
11:45Imagine que ce saumon
11:46qui consomme est sauvage.
11:49Il y a encore des producteurs norvégiens
11:51qui hésitent à mettre
11:51un label aquaculture durable
11:55parce que sinon, ça voudrait dire
11:56qu'en fait, c'est de l'aquaculture
11:57et de l'élevage.
11:58Donc, on en est encore sur...
12:00Il y a beaucoup de désinformation.
12:02Et puis, finalement,
12:03c'est un produit qui est rose,
12:04qui a été très bien marketé.
12:06Il y a peu d'arêtes.
12:07Donc, il y a un gros succès.
12:08Mais aussi parce que les norvégiens
12:09ont vraiment créé
12:11de toute pièce cette demande.
12:12Ils se sont dit
12:13OK, qui consomme beaucoup de poissons ?
12:15Les japonais, les sushis.
12:16Et puis après, ça a été une histoire
12:17de percer des marchés,
12:18percer des marchés, percer des marchés.
12:20Et maintenant, vous pouvez acheter
12:21des sushis au Leclerc,
12:23si vous voulez.
12:23Enfin, voilà, on peut acheter
12:24des sushis en supermarché,
12:26un peu partout.
12:26Ça s'est popularisé dans les bagels,
12:29etc.
12:29Et la couleur, le goût,
12:32c'est travaillé.
12:33Et il y a une association aussi
12:34avec la santé
12:34qui a très bien réussi.
12:36Énormément.
12:37Donc ça, ça a été un message clé
12:38qui a été diffusé
12:39dès les années fin 90-2000
12:41en disant, voilà,
12:42manger du saumon,
12:43ça vous apporte des oméga-3.
12:45Et cette idée-là,
12:46il faut vraiment la combattre
12:48et revoir, en fait,
12:49changer notre vision.
12:51Parce que finalement,
12:52dans le saumon maintenant,
12:53l'alimentation du saumon,
12:53elle a été très végétalisée.
12:55Il y a vraiment plus grand chance
12:57en termes d'oméga-3.
12:58Il y a plus d'effets nocifs
12:59à manger du saumon
13:00parce qu'il y a des restes de PCB,
13:02d'épiphase, etc.
13:03Donc il y a beaucoup plus de risques
13:04à manger, à consommer du saumon
13:06que des bénéfices.
13:08Et les oméga-3,
13:09on peut les avoir ailleurs.
13:10Donc ça, c'est un vrai sujet,
13:11mais on pourra en reparler.
13:12Mais qui est bien rentré,
13:12en tout cas,
13:13dans la tête de toutes et tous.
13:15Est-ce qu'on peut encore sauver
13:16le saumon sauvage,
13:18aujourd'hui, Maxime Carcel ?
13:20Moi, je pense que oui,
13:22on pourrait sauver
13:23le saumon sauvage
13:24à condition de prendre conscience
13:28que le saumon sauvage
13:29est en grande difficulté.
13:32Il faudrait se prendre le temps
13:33de reconstituer les stocks
13:34des saumons sauvages.
13:35Donc il faudrait,
13:36mettre un frein
13:37à la consommation délirante
13:39de saumons d'élevage.
13:41Et puis il faudrait réduire
13:41toutes les pressions anthropiques
13:43dont on parlait encore tout à l'heure.
13:44Oui, tout à fait.
13:45Oui, tout à fait.
13:45Il faut savoir qu'à une époque,
13:47le Rhin, la Seine,
13:48faisaient remonter
13:50des milliers de saumons encore.
13:52C'est difficile d'imaginer,
13:53mais c'était comme ça
13:54que ça se passait.
13:56On va ouvrir avec vous
13:57la boîte noire
13:57de l'industrie du saumon
13:58dans un instant.
13:59Et puis vous répondrez également
14:00aux messages et aux questions
14:01des auditeurs et auditrices
14:02qui arrivent pour vous
14:03sur la page de La Terre au Carré
14:04juste après.
14:04Clara Luciani
14:07et le mur sur France Inter.
14:08C'est sûr
14:12on voit droit dans le mur
14:15Mais si c'est toi qui conduis
14:19La voiture, ça me va bien
14:21Ça me va bien
14:23Est-ce que t'es sûr ?
14:28Regarde dans mes yeux
14:29Dis-moi ce que tu as
14:30Je sais pas si je te viendrai
14:33Est-ce que tu crois ?
14:34Je vais s'approcher le mur
14:37Je pense que trois
14:38Mais trois, trois
14:41Dès que je t'ai vue
14:44J'ai su que c'était
14:45mon frère
14:47Dès que je t'ai vue
14:52J'ai su que ça serait douloureux
14:55Qu'est-ce que je t'ai vue ?
14:57C'est la seule évidente
14:58Dès que je t'ai vue
14:58Qu'est-ce que c'est
15:00Qu'est-ce que je t'ai vue ?
15:02C'est ma mort ?
15:02Elle va me rendre fou
15:04En dessous du Delacart
15:07J'suis dans le palace
15:07Moins de toi et de nous
15:09Oui, une histoire d'amour
15:11J'aime bien les têtes qu'on pourrait être ensemble
15:17C'est dangereux, c'est dangereux mais tu me plais
15:22C'est tout au tour de finir ensemble
15:25C'est pas sérieux, c'est pas sérieux mais je t'aimerais
15:30C'est sûr, on m'a droit dans le mur
15:38Mais si c'est toi qui conduis la voiture, ça me va bien, ça me va bien
15:46Est-ce que t'es sûr ?
15:50Regarde dans mes yeux, dis-moi ce que tu vois
15:52Je sais pas si je te viendrai ce que tu crois
15:56Quand je vais s'approcher de meilleure chose pour toi
16:01Mais toi, pour toi
16:04Mon cœur est sous décalage horaire
16:07Paris doit la rire et l'œil
16:09Des millions d'écoutes, j'ai même pas une minute pour toi
16:12Dans ma fast life, j'peux pas ralentir
16:16Es-tu sûr que tu veux me suivre ?
16:18Pour le meilleur et pour le pire
16:20J'aime le sabotage, tu es trop sage
16:25Si tu ne veux rien risquer, tu me perds au passage
16:28Le temps j'étonne de meilleurs baiser que l'ennui
16:32Toi, toi tu fuis
16:35Mais si c'est toi qui conduis la voiture, ça me va bien, ça me va bien
16:49Est-ce que t'es sûr ?
16:53Regarde dans mes yeux, dis-moi ce que tu vois
16:55Je sais pas si je deviendrai ce que tu crois
16:59Quand je vais s'approcher de meilleure chose pour toi
17:04Mais toi, mais toi
17:07Le mur, Clara Luciani avec Yamey sur France Inter
17:11La terre au carré
17:13Mathieu Vidard sur France Inter
17:16On a enfilé nos combinaisons de plongée
17:21On a sauté dans l'eau
17:24Et on s'est approché furtivement d'une de ces fermes
17:29Je savais que je verrais des tonnes de poissons
17:36Mais je ne m'attendais pas à ce que ça soit aussi horrible
17:39L'enclos était plein de poissons malades
17:44Certains étaient infestés de champignons
17:46D'autres étaient en forme de S
17:48La plupart avaient des plaies aussi larges que ma main
17:52C'était comme aller dans une ferme
17:56Et voir des vaches ensanglantées
17:57Couvertes de plaies
17:59Et qui arrivent à peine à respirer
18:01Qui aurait envie de les manger ?
18:05Il s'appelle Michael Frodil
18:07C'est un pêcheur suédois
18:08Membre de l'association pour la conservation des saumons de l'Atlantique
18:11Esther Dufort de l'ONG Systémique
18:14Et le journaliste Maxime Carcel
18:15Vous êtes nos invités à l'occasion de la sortie de votre livre
18:17Maxime Carcel a un poison nommé saumon
18:20C'est une enquête sur une industrie dévastatrice
18:23Pour reprendre votre sous-titre
18:24Livre qui sort aux éditions du Rocher
18:26Vous commencez cette enquête avec
18:28Moï
18:29C'est le leader mondial du saumon d'élevage
18:31Qu'est-ce qu'il incarne exactement ce groupe ?
18:34Il incarne une espèce de gargantua
18:38De la production du saumon d'élevage
18:40Il faut savoir que la Norvège c'est le premier pays producteur de saumon au monde
18:46Et Moï est le premier groupe au monde
18:49Ce sont des Norvégiens
18:50En 2023 les volumes de récoltes
18:54On parle de récoltes
18:54Même si ce sont des animaux
18:56C'est comme ça
18:58En 2023 à peu près 475 000 tonnes de saumon
19:03C'est un record historique
19:04Des records qui sont ensuite battus année après année
19:07Avec aujourd'hui à peu près un chiffre d'affaires de plus de 5 milliards et demi d'euros
19:13A la tête de ce grand groupe
19:16On a un multimilliardaire
19:19Qui s'appelle John Fredricksen
19:21Dont le journaliste Gounar Stavrum avait fait une biographie en 2006
19:26Qui s'appelait Le Grand Loup
19:27Une biographie non autorisée de John Fredricksen
19:30C'est quelqu'un qui n'a pas fait d'études
19:32Et qui s'est intéressé très rapidement au transport de pétrole
19:37Et il a profité à l'époque de la guerre Iran-Irak
19:41Pour livrer du pétrole
19:43Entre la Syrie et l'Iran
19:45Parce que plus personne ne voulait le faire
19:47Donc lui il a répondu à l'appel d'offres
19:49Il a dit moi je peux le faire
19:50Sauf qu'il n'avait pas de bateau
19:51Et son idée avait été de se dire
19:54Si je suis choisi je vais louer des bateaux
19:55Donc c'est ce qu'il a fait
19:56Parce qu'à l'époque il faut savoir que
19:58C'était extrêmement dangereux
20:00Il y avait des obus qui tombaient
20:01Mais lui il s'est dit
20:03C'est moi qui vais le faire
20:05Et donc il a mis des ouvriers philippins à bord
20:07Et il a commencé à devenir riche
20:12A partir de cette opération là
20:14En 1985 il y a quand même eu une attaque
20:17Qui a eu un de ses bateaux
20:19Il y a eu des morts
20:20Mais peu importe
20:22Jeanne Fredricksen a poursuivi son ascension
20:25Et l'autre idée pour devenir riche
20:29C'était de faire des économies
20:30Et lui il a décidé de faire des économies
20:32Sur le fuel lourd
20:34A la fin de chaque traversée
20:38Les navires nettoient les cuves
20:41Et vous avez toujours un espèce de
20:42On appelle ça du slope
20:45C'est à dire un fuel lourd
20:47Qui est impropre
20:48Qui doit être jeté
20:50Et ils avaient décidé de le reprendre
20:53Pour le mélanger
20:54Avec du fuel qui allait être utilisé
20:57Ce qui est complètement interdit
20:59Il s'était fait signaler
21:01A plus de 3000 reprises
21:03Et donc il a écopé
21:04Plus de 100 jours de prison
21:06Et au sortir de prison
21:08Il a dit je suis un homme changé
21:09Aujourd'hui je suis quelqu'un de plus humble
21:12Donc je vais me calmer un petit peu
21:15Ce qui n'a pas été du tout
21:17Comme ça que ça s'est produit
21:19Parce qu'en fait à partir de 2006
21:21On lui a soufflé à l'oreille
21:23Qu'il y avait un marché à prendre
21:25Celui des saumons
21:25Parce qu'à l'époque
21:27Le Chili s'était mis au saumon
21:29Donc les prix mondiaux avaient un peu baissé
21:31Donc il y avait quelque chose à faire
21:32Il a racheté à peu près
21:34Toutes les grosses entreprises
21:35De saumons de l'époque
21:36Aujourd'hui il se frotte les mains
21:39C'est devenu l'un des hommes
21:40Il fait partie des 100 personnes
21:42Les plus riches du monde
21:44D'après Forbes
21:44Il a plus de 80 ans
21:46Et tout va bien pour lui
21:48Et tout va bien pour lui
21:49Esther Dufour
21:50Ce qui est intéressant dans cette histoire
21:51Que vient de retracer Maxime Carcel
21:53C'est qu'on voit bien
21:53A quel point l'industrie du saumon
21:55Elle est ancrée aussi
21:57Dans cette histoire capitaliste
21:58Liée au pétrole
22:00A la finance
22:01Plus que finalement
22:02A la pêche traditionnelle
22:02Beaucoup plus
22:03Et pour vous donner un ordre d'idée
22:05La Norvège en 2023
22:07A décidé de passer une taxe
22:08Sur les super profits
22:09Donc sur les industries
22:10Qui font des super profits
22:11En Norvège
22:12Cette taxe a concerné
22:14Les industries pétrolières
22:15Et l'industrie du saumon
22:17Preuve en est
22:17Qu'ils font énormément de profits
22:19Et donc effectivement
22:20Quand on regarde par exemple
22:22Le projet de fermes terrestres
22:24Donc de saumon
22:25Des fermes-usines
22:26De saumon terrestres
22:27En France
22:27Qui essayent de se monter
22:28Notamment celle en Gironde
22:30Le projet porté par Pure Salmon
22:31Pure Salmon
22:32C'est pas du tout
22:33Un producteur initialement
22:34De poissons
22:35C'est pas des pêcheurs
22:37Ils ont rien à voir
22:38Avec on va dire
22:38L'économie de la mer
22:39Ce sont des investisseurs
22:41Purement et simplement
22:42Qui viennent
22:43De Abu Dhabi
22:44De Singapour
22:46Et qui font des levées de fonds
22:48Qui estiment que c'est un super secteur
22:49Dans lequel il faut investir
22:51C'est des financiers avant tout
22:52C'est de l'investissement
22:53Et des financiers avant tout
22:54Parce que l'industrie
22:55Est hyper rentable en fait
22:56Parce que c'est rentable
22:57C'est rentable aussi
22:58Parce qu'il y a zéro contrainte
22:59Les poissons arrivent
23:01Ils sont morts
23:03Avant d'être abattus
23:03Donc il faut
23:04Répétons
23:05Morts avant d'être abattus
23:06Et ça c'est une vraie problématique
23:08L'agence
23:08De protection des consommateurs
23:10En Norvège
23:11A demandé à ce que
23:11Sur l'étiquetage
23:12Ça apparaisse
23:13Pour les consommateurs
23:13Pour qu'ils puissent comprendre
23:15Donc ça dit quoi ?
23:16Voilà
23:16Qu'est-ce que ça on dit ?
23:17Et donc ça montre qu'en fait
23:18On peut faire des marches
23:18Très facilement
23:19Alors que typiquement
23:21Quand même on n'accepterait pas
23:22De manger des vaches
23:24Qui étaient mortes
23:25Ça voudrait dire
23:26Qu'on prend des cadavres
23:27Enfin ça ne marcherait pas
23:28Mais là sur ces élevages-là
23:31Pour les poissons
23:32Ils sont plus petits
23:33Ils sont loin de nous
23:33Ils sont sous l'eau
23:34On ne les voit pas
23:35Donc globalement
23:36On fait un peu ce qu'on veut
23:37Donc ça veut dire
23:37Que les poissons
23:38Que nous recevons en France
23:40Les saumons
23:41Que nous consommons
23:41Ils correspondent exactement
23:43A ce que vous décrivez là ?
23:44Oui
23:44Oui oui
23:45Ça a été une demande
23:46C'est-à-dire qu'il y a une opacité
23:50On ne sait pas
23:51Quel est le pourcentage
23:51De saumons
23:52Qui sont morts
23:53Avant d'être abattus
23:53Le nombre de saumons
23:55Qui avaient des maladies
23:56Qui n'auraient pas dû être consommées
23:57Et qui arrivent dans des états
23:59Voilà
23:59Ils ont énormément souffert
24:00Mais on les prend
24:01Et on rentabilise au maximum
24:03Votre ONG donc systémique
24:04Esther Dufour
24:05S'est intéressée au cas du Sénégal
24:07Pourquoi exactement ?
24:08Qu'est-ce qui se passe
24:09En Afrique de l'Ouest
24:10En lien avec cette affaire ?
24:11Alors systémique
24:12Déjà c'est un petit jeu de mots
24:13Pour la mer en anglais
24:15Et on a une approche
24:17Qui est systémique
24:17C'est-à-dire que nous
24:18On regarde
24:18Ok on a un problème
24:19Notre système alimentaire
24:21A des impacts
24:22Très importants
24:23Sur l'océan
24:23Il faut bien avoir en tête
24:25Qu'actuellement
24:26L'océan est en danger
24:27L'océan est malade
24:28Et se vide de ses poissons
24:29Et que la moitié du problème
24:31Et cette partie est croissante
24:32C'est l'aquaculture intensive
24:33Donc la pisciculture intensive
24:35C'est-à-dire les élevages
24:36De poissons carnivores intensifs
24:37Donc nous
24:38Ceux qu'on consomme majoritairement
24:40Du saumon
24:40De la truite
24:41Du bar d'orade
24:42Donc pour nourrir ces poissons
24:44Qu'est-ce qu'on fait ?
24:44On pêche des petits poissons
24:45Des sardines
24:46Des sardinelles
24:46Des macros
24:47Des anchois
24:47On les broie en farine de poisson
24:49On les transforme en croquettes
24:52On met ça avec du soja
24:53Pour la partie végétale
24:55Ça fait des croquettes
24:55Tac
24:56On le donne au saumon
24:57Problématique
24:58C'est que ces petits poissons
24:59Initialement
25:00Ils étaient bien mangés par quelqu'un
25:01Et ils étaient mangés
25:02Notamment sur les côtes d'Afrique de l'Ouest
25:04Par les populations locales
25:05Ça fait partie quand même
25:06De leur alimentation de base
25:07Et actuellement
25:08On vient vraiment créer
25:10Des cercles de paupérisation
25:11C'est-à-dire qu'on enlève
25:13Tous les emplois locaux
25:14Des femmes transformatrices de poissons
25:15Des pêcheurs
25:16Qui n'ont plus de poissons à pêcher
25:18Parce qu'en fait
25:18Ce sont nos gros bateaux
25:19Qui pêchent ces poissons
25:21Pour les mettre directement
25:22Dans les usines de farine de poisson
25:23Qui sont sur les côtes
25:24Donc plus d'emplois
25:25Plus d'accès à l'alimentation de base
25:28Donc derrière
25:28Des problématiques pour les femmes
25:30Pour les enfants
25:30L'accès au droit
25:31A l'école
25:32La santé
25:32Et donc des gens qui migrent aussi
25:34Donc derrière
25:35Pour donner un chiffre
25:37Un ordre de grandeur
25:38On estime que la Norvège
25:39Quand elle pêche
25:40Tous ces petits poissons
25:41Sur un an
25:42Le volume qu'elle pêche
25:43Ça permettrait de nourrir
25:442 millions 5
25:45A 4 millions de personnes
25:462 millions 5
25:47C'est la population de la Gambie
25:484 millions
25:49C'est le Gabon
25:50Ça veut dire qu'en fait
25:51On enlève vraiment
25:52Le pain à la bouche
25:53Des populations d'Afrique de l'Ouest
25:55Réellement
25:56C'est une vraie problématique
25:57Et on déstructure finalement
25:58Les sociétés en Afrique de l'Ouest
26:00Maxime Carcel
26:01Quels impacts écologiques
26:02Ressortent comme les plus graves
26:04A l'issue de votre enquête
26:06Justement sur le saumon
26:07Et Lucie Sarfati
26:08Est déjà en train de m'apporter
26:09Des questions
26:10Et je peux vous dire
26:10Qu'elles sont ultra ultra nombreuses
26:12Donc on y consacrera du temps
26:13Dans la troisième partie
26:15Donc les impacts écologiques
26:16Oui Maxime
26:16Elles sont nombreuses
26:17On parlait du cas
26:18De l'Afrique noire
26:19Mais on pourrait aussi parler
26:20Du cas du Pérou
26:21Avec la ville de Chimbote
26:23Qui avant se faisait
26:25Appeler la Perle du Pacifique
26:26Qui était une ville portuaire
26:29Extraordinaire
26:30Aujourd'hui il y a
26:3242 usines de transformation
26:34D'anchois
26:34Parce qu'en fait
26:35Le problème de Chimbote
26:36C'est qu'au large
26:37Vous avez des populations
26:38D'anchois qui sont
26:39À foison
26:41Et cette particularité
26:43Elle avait fait justement
26:44De Chimbote
26:44Une ville très riche
26:46Aujourd'hui c'est plus du tout le cas
26:47Et ces usines de transformation
26:48Donc qui transforment
26:49Les anchois en farine
26:50Notamment pour les productions
26:53De saumon en Tasmanie
26:55En Australie
26:55Et vous avez donc
26:56Une odeur puante
27:00Dans la ville
27:00Et puis sur la côte
27:01Et puis vous avez aussi
27:02Une boue
27:03Qui va donc se répartir
27:04Sur 54 millions de mètres cubes
27:05Au large de la ville
27:07Et qui va
27:08Atrophier
27:10Et qui va
27:11Annihler toute sorte
27:11Toute vie
27:12Avec évidemment
27:14Il y avait le gardien
27:15Qui avait fait un reportage
27:16Là-dessus
27:17Il y a quelques années
27:18Qui avait été voir un médecin
27:19Et le médecin disait
27:20Il y a un taux de cancer
27:21Parmi les enfants
27:22Qui est alarmant ici
27:23Donc on a
27:24On a des cas de
27:26Et il y a eu
27:26Une association directe
27:27Avec
27:28Ah oui
27:29Le problème
27:31C'est qu'il faudrait
27:33Il faudrait avoir
27:34Là-bas au Pérou
27:34Du temps
27:35Et de l'argent
27:35Pour faire les études nécessaires
27:37La farine d'anchois
27:39Fait rentrer énormément
27:41D'argent
27:42Donc bon
27:42Pour le moment
27:43Il s'occupe des anchois
27:45Et pas d'autre chose
27:46Et ça du fort
27:46Au-delà du cas du Pérou
27:48Qu'est-ce qu'on peut dire
27:49Des impacts écologiques
27:50De l'élevage de saumon
27:52Pour bien avoir en tête
27:53Les impacts hygiènes
27:55Donc ils sont multiples
27:56Donc ça commence déjà
27:58Par la production
27:59Des aliments
28:00Pour les saumons
28:00Donc on a du soja
28:02Qui vient de la déforestation
28:03La farine de poisson
28:05Donc on pêche
28:05Tous ces petits poissons
28:06Quand on pêche ces poissons
28:07Qu'est-ce qu'il se passe ?
28:08On est sur de la pêche
28:09Avec des filets
28:11Qui viennent ramasser
28:12Des tortues
28:12Des dauphins
28:13Etc
28:14Donc on pêche pas
28:14Que des petits poissons
28:15C'est pas une pêche sélective
28:16C'est une pêche
28:17Qui est super destructrice
28:18Et donc ça
28:19C'est une première
28:20Très grosse problématique
28:21Sur la faune marine
28:23Qui se retrouve impactée
28:24Puis après
28:25Une fois qu'on a
28:25Les saumons
28:26Qui sont dans ces élevages
28:27Ils ont
28:28Comme Maxime l'a dit
28:29Énormément de maladies
28:30Et de difficultés
28:30Donc on utilise
28:31Beaucoup de produits chimiques
28:32Beaucoup d'antibiotiques
28:33Dernièrement
28:35On a trouvé des stéroïdes
28:36Pour stimuler la croissance
28:38Alors que c'est interdit
28:39Et donc tout ça
28:40Ça reste en fait
28:41Tous ces produits chimiques
28:42Restent dans l'eau
28:43Et impactent
28:44Toute la faune marine autour
28:45Donc c'est simple
28:45Quand vous plongez sous l'eau
28:46Il n'y a aucune faune marine
28:48En dessous des filets
28:49Et tout ça
28:49Après bien sûr
28:50Il faut se dire
28:50Nous les humains
28:51On le mange
28:51Mine de rien
28:52Donc ça veut dire
28:53Qu'on ingère des microplastiques
28:55On ingère des métaux lourds
28:57On ingère des pifaces
28:58Donc on a des impacts
29:00Qui sont sur la santé humaine
29:01Des impacts qui sont éthiques
29:02L'inéquité
29:03Clairement
29:03On n'a pas besoin
29:05De manger autant de saumon
29:06Vraiment
29:06On n'en a pas besoin
29:07Alors que les populations
29:08En Afrique de l'Ouest
29:08Elles ont besoin
29:09De pouvoir manger leurs sardines
29:10Donc ça aussi
29:11C'est un impact
29:12Les impacts sur les écosystèmes marins
29:14Qu'on détruit
29:15Donc vraiment
29:16C'est assez massif
29:17Et il faut essayer
29:17De voir le problème
29:18Dans son ensemble
29:19De manière macro
29:20Il y a eu récemment
29:20Je crois des pollutions
29:21Aux antibiotiques
29:22En Norvège d'ailleurs aussi
29:23Oui
29:23A cause de l'utilisation intensive
29:25De ces médicaments
29:26Tout à fait
29:26Et les fjords
29:28En fait
29:28C'est une vraie problématique
29:30Autant en Écosse
29:31Qu'en Norvège
29:32Mais les fjords
29:32Sont très pollués
29:33Et pour l'instant
29:35Il n'y a pas de résolution
29:37Il n'y a pas de solution
29:38Qui a été trouvé
29:39A cette problématique
29:40C'est ça
29:41Autour du saumon
29:42L'un des gros problèmes aussi
29:43C'est que la régulation
29:44Elle peine aussi
29:45A se faire entendre
29:46Il n'y en a pas réellement
29:47En fait
29:47Pour le moment
29:49Il y a eu des demandes
29:50Des gouvernements
29:51La Norvège
29:52Ils ont essayé
29:52De mettre des systèmes
29:53Pour essayer de gérer
29:55Les infestations de poux
29:56Qui mangent vivant
29:58Donc c'est à dire
29:58Que les saumons
29:59C'est un animal
29:59Qui se fait manger vivant
30:00En poux de mer
30:01C'est quand même
30:02Assez effroyable
30:03Et ce n'est pas résolu
30:05Les taux de mortalité
30:06Sont toujours très élevés
30:07Les élevages de saumon
30:08Le taux de mortalité
30:09Il est de 16%
30:10Un élevage de porcs
30:12Ou de bovins
30:12En France
30:13On est à 4%
30:14Vous voyez
30:14Il y a un écart
30:15Qui est quand même massif
30:15Et malgré tout
30:17Ce qui a été tenté
30:18Il n'y a pas de solution
30:19Pour le moment
30:20Allez on va répondre aux questions
30:22Le message pour vous
30:22Car elles sont très nombreuses
30:24Ces questions
30:25Ce sera juste après
30:25Burnaboy
30:26Et Dem Day
30:27Sur France Inter
34:53à l'échelle locale, quelles sont la qualité des rejets.
34:56Énormément de questions
34:57qui ne sont pas résolues,
34:59donc on va voir ce qui arrive.
35:01La mobilisation continue sur le terrain.
35:04Samedi prochain, il y a une mobilisation
35:05et puis nous, derrière, on continue le travail
35:07à l'échelle nationale. On porte une demande
35:09de moratoire pour stopper l'implantation
35:11de ces élevages, un moratoire de 10 ans
35:13pour qu'on ait le temps d'avoir
35:15nos super scientifiques qu'on a en France
35:17qui se réunissent et qui regardent
35:19quel est l'intérêt d'avoir ces fermes-usines.
35:21Est-ce que c'est compatible avec les accords de Paris,
35:23avec la stratégie d'aquaculture durable, etc.
35:26Parce qu'il y a aussi beaucoup d'émissions
35:27de gaz à effet de serre dans les vaches de saumon.
35:30On le disait tout à l'heure dans la présentation.
35:32Une usine de saumon, c'est la consommation
35:33d'une ville de 40 000 habitants.
35:35Ça consomme énormément d'eau.
35:37Je ne vais pas vous sortir tous les chiffres
35:38parce que vous allez avoir le tournis,
35:40mais c'est massif. Et l'idée, c'est de faire
35:4310 000 au début pour aller sur du 20 000 tonnes.
35:45Pour vous donner un peu une idée, la pisciculture
35:47en France, on produit 40 000 tonnes.
35:49Donc, eux, à eux, tout seuls, ils voudraient
35:51produire 10 000 tonnes.
35:52Et donc, l'enquête publique, ça va donner quoi ?
35:53Ça sert à quoi ?
35:54C'est de demander l'avis des citoyennes et citoyennes ?
35:57C'est le moment où les citoyennes et les citoyens
35:58peuvent participer et c'est le moment où tout le monde
36:00peut donner son avis.
36:01Et ça peut peser dans la balance ?
36:03Ça pèse toujours dans la balance.
36:04C'est l'occasion. En fait, c'est vraiment un espace
36:06de temps démocratique où on peut poser nos questions
36:08et on peut justement partager notre avis.
36:10Donc, vraiment, suivez-nous pour voir
36:12comment participer de manière simple.
36:16Voilà, pour toutes celles et ceux qui s'inquiètent
36:18de cette ferme aquacole de Verdon-sur-Mer,
36:21ferme donc terrestre, Maxime Carcel,
36:24est-ce qu'on pourrait penser que ce sont des alternatives
36:26justement aux fermes piscicoles norvégiennes,
36:29par exemple, qui sont dans les fjordes,
36:31d'un point de vue écologique ?
36:32Est-ce que vraiment là, on résout, pardon,
36:36pas du tout le problème ou pas ?
36:38Avec les fermes terrestres ?
36:41Absolument pas. Non, non, au contraire,
36:42on ne fait qu'empirer la chose.
36:45Les pays du Golfe s'y mettent aussi beaucoup.
36:47À Dubaï, par exemple.
36:49À Dubaï, par exemple.
36:49Il faut savoir que ce sont des énormes hangars
36:51où il doit être rendu une température norvégienne.
36:54Donc, je vous laisse imaginer
36:55la quantité astronomique d'énergie
36:58qui doit être utilisée.
37:00Et puis, vous avez des pertes.
37:02Il y a déjà...
37:04La littérature montre qu'il y a eu
37:05des pertes massives de saumons
37:07dans ce genre d'élevage
37:08parce qu'il y a un peu d'azote
37:10qui n'a pas été mis
37:11ou ce genre de choses.
37:12Et là, vous avez 200 000 poissons
37:14qui vont mourir d'un coup.
37:15Ils sont toujours à l'état d'essai
37:17mais ils y vont peut-être baisser
37:19parce qu'ils savent que ça va rapporter énormément.
37:23Donc, non, c'est loin d'être la solution.
37:24Allez, on passe aux questions
37:25des auditeurs et auditrices.
37:31Et on va écouter un premier message vocal
37:33d'Estelle qui vient de nous joindre
37:34sur l'application Radio France.
37:36Quand j'étais enfant, j'ai 49 ans,
37:38c'était un poisson de luxe.
37:39Le saumon, on le mangeait à Noël,
37:41au Nouvel An.
37:42Aujourd'hui, c'est l'un des poissons
37:43les moins chers sur les étals.
37:44Il ne faut pas s'étonner
37:45si c'est un désastre écologique.
37:47Personnellement, c'est un boycott total.
37:50Esther Dufour, c'est quoi le message finalement
37:52s'il y a beaucoup de questions
37:53sur les alternatives de la part de vos auditeurs ?
37:55Premièrement, nous, ce qu'on recommande,
37:57c'est de réduire la fréquence
37:58de consommation de saumons.
38:00Si vous pouvez, ça dépend
38:01où vous en êtes dans votre niveau d'addiction.
38:04Est-ce que vous êtes team
38:04tous les mardis, ces sushis,
38:07tous les samedis ?
38:08Voilà, il faut voir là où vous en êtes.
38:10Réduisez, réduisez, réduisez après les portions
38:12si vous avez l'habitude d'en mettre dans les pâtes,
38:14dans des plats préparés.
38:15Donc réduire la fréquence, réduire la portion,
38:18végétaliser et après aller vers d'autres poissons.
38:21Là, regardez le travail de pleine mer.
38:24C'est des associations qui font un très bon travail.
38:26Il y a une entreprise qui s'appelle Poisskai aussi.
38:29Voilà, donc il y a d'autres choses qui existent,
38:30mais dans tous les cas,
38:31il faut avoir en tête qu'on doit diviser par trois
38:33la consommation de poissons des Français.
38:35C'est énorme et on va le faire de manière progressive,
38:37mais il ne faut pas être non plus trop lent
38:38parce que l'océan n'attend pas.
38:40Donc l'idée, c'est de repeupler l'océan
38:42en laissant les poissons
38:43et de dépoissonner notre alimentation.
38:45On décarbone,
38:46vraiment on décarbone notre société,
38:48on doit faire la même chose,
38:49on doit dépoissonner,
38:50vraiment réduire.
38:51Et on met le haro sur les poissons d'élevage.
38:54Donc la truite, c'est pareil.
38:56Beaucoup de personnes se posent la question.
38:57Il y a beaucoup de questions aussi en ce sens.
38:59Voilà.
38:59Est-ce que c'est mieux ou pas ?
39:01Alors, qu'est-ce que vous répondez ?
39:03La truite, c'est la cousine du saumon.
39:04Donc elle mange exactement comme le saumon.
39:07Son alimentation a les mêmes impacts que les saumons.
39:10En termes de polluants à l'intérieur des truites,
39:12ça va être la même chose.
39:14Donc tous les poissons carnivores,
39:15barres, truites, dorades,
39:17et qui sont des poissons d'élevage,
39:19il faut vraiment éviter, mettre de côté,
39:21si on peut arrêter et passer sur autre chose,
39:23plutôt de la petite pêche artisanale.
39:26Quand on peut végétaliser,
39:28voilà, c'est plutôt vers ça qu'il faut tendre.
39:30Oui, et Sébastien va être effondré
39:31puisqu'il nous dit dans son message
39:32« Je remplace de plus en plus le saumon que j'adore
39:34par la truite française et de Bretagne particulièrement.
39:37J'ai la faiblesse de croire que leur élevage est plus sain. »
39:40Maxime Carcel, donc ?
39:40Ça veut dire que si la truite rencontre le même succès que le saumon,
39:45on va avoir les mêmes problèmes qu'avec le saumon actuellement
39:47d'ici quelques années.
39:49Mathieu, tu demandes quelles sont les alternatives.
39:51Si vous me parliez hors antenne d'un saumon végétal, en fait, c'est ça ?
39:55Oui, en fait, souvent, le réflexe du consommateur,
39:58ça va être de se dire « je vais acheter en bio ».
40:00Finalement, dans le bio, il y a plus de traces de…
40:04En fait, il faut imaginer que le saumon, c'est un poisson carnivore,
40:06donc en fait, on a une accumulation au fil de la chaîne trophique.
40:09Les poissons bio, qui sont élevés en bio,
40:11ils mangent plus de petits poissons,
40:12donc en fait, il y a plus de contaminants dans ces poissons-là.
40:14Donc, c'est moins bon pour la santé.
40:17Idem pour le label rouge.
40:18Quand on regarde ces types d'élevages,
40:21les incidents et les taux de mortalité sont similaires,
40:24voire parfois pires.
40:25Donc, c'est gage de rien du tout, ces labels-là.
40:29Et ce qu'il faut regarder, c'est finalement,
40:31la truite, ok, elle nous paraît locale,
40:33à l'échelle, là, quand elle est produite,
40:35mais son alimentation n'a rien de locale.
40:37Son alimentation vient du Brésil,
40:38vient d'Afrique de l'Ouest, vient du Pérou, vient du Chili.
40:40Donc ça, c'est juste une idée qu'on se fait,
40:42parce que c'est rassurant, on est d'accord.
40:44Mais c'est loin d'être le cas.
40:45Donc, l'idée, après, c'est que parfois,
40:47il y a des simili qui existent.
40:48Nous, il y a le simili, on ne va pas faire...
40:51Sans cité de marque.
40:52Sans cité de marque.
40:52Mais ça existe.
40:53Mais pour du saumon fumé,
40:54on trouve que ça marche bien.
40:55Pour les gens qui sont très fans du goût,
40:57qui ont envie de le retrouver,
40:59et qui font du bio, ça marche bien.
41:01Il y a des choses sur lesquelles on pourra remplacer,
41:03d'autres où, clairement, remplacer un pavé de saumon,
41:05ça va être plus difficile.
41:06Donc là, on vous invite à réduire à nouveau la fréquence,
41:09les portions, et à aller manger d'autres choses.
41:11Donc, malheureusement, même la truite,
41:13même le label bio, même le label rouge,
41:15tout ça, ça ne fonctionne pas, en fait.
41:17Non.
41:18Et pour vous dire, c'est une vraie problématique pour l'Ecosse.
41:20L'Ecosse, c'est l'Irlande.
41:21L'Irlande, premier producteur en bio.
41:23L'Ecosse, premier producteur du label rouge.
41:25C'est des vraies problématiques là-bas pour les populations locales.
41:27Les fjords, ils sont défoncés.
41:29En termes de pollution chimique à l'intérieur des fjords,
41:32il y a énormément de contestations.
41:36Donc, ça ne résout pas du tout le souci.
41:38Maxime Carcel.
41:39En Écosse, on parle de l'Écosse,
41:40il faut savoir que les Écossais sont en majorité contre la salmoniculture.
41:45En Norvège aussi, d'ailleurs.
41:46En Norvège, ce ne sont pas des gros mangeurs de poissons, de saumon.
41:50Le poisson là-bas, le saumon là-bas,
41:51est très mal vu à cause justement de ces problèmes de pesticides.
41:57Violette nous dit souligner aussi, s'il vous plaît,
41:58l'industrie alimentaire animale, surtout féline,
42:00qui vend et vante les mérites de l'huile de saumon,
42:03précisément pour ces supposés oméga-3
42:05et leurs effets sur le pelage des chats.
42:07Le marketing, écoutez...
42:10Il faut déconstruire un peu tout ça.
42:12Il faut savoir que les saumons,
42:14ils ont leurs oméga-3 parce qu'on produit des oméga-3.
42:16Les oméga-3 sont produits par des algues.
42:18Initialement, les poissons mangent ces petites algues,
42:20puis ils ont des oméga-3 et nous, on mange les poissons.
42:23Les gens qui mangent des poissons.
42:24Ça, ça ne marche plus.
42:25Donc souvent, ce qu'on fait, c'est qu'on supplémente,
42:27comme tous les animaux d'élevage,
42:28les saumons sont supplémentés en oméga-3
42:30pour en avoir un petit peu.
42:32Et donc, en fait, on pourrait faire de manière très différente,
42:34juste produire ces algues et les mettre dans les croquettes,
42:36effectivement, pour les chats et les chiens,
42:37plutôt que d'utiliser du saumon.
42:39Et je termine avec le message d'Anique,
42:40qui travaille pour l'association Hauts-Rivières de Bretagne.
42:42Nous sommes très inquiets pour le saumon
42:43depuis plus de 60 ans maintenant
42:45et on veut créer une coalition pour le saumon.
42:47Est-ce qu'il vous semble possible de dialoguer
42:48avec les pêcheurs en estuaire
42:49qui, par leur capture accidentelle,
42:51condamnent les derniers reproducteurs
42:52qui arrivent dans nos rivières ?
42:55Vaste sujet.
42:56Et nous, on essaye de dialoguer avec eux.
43:00Moi, dans le temps, j'ai mon oncle
43:01qui a pêché le saumon dans l'Adour.
43:03Donc, on connaît un peu le sujet de près.
43:06Et effectivement, c'est un sujet,
43:07mais ils sont sensibles
43:08parce que d'eux-mêmes, déjà, dans l'Adour,
43:10ils ont décidé d'eux-mêmes d'arrêter de pêcher les saumons.
43:12Maintenant, il faut faire le travail à l'échelle nationale.
43:15Merci en tout cas à tous les deux.
43:17Esther Duford, je renvoie sur votre ONG systémique.
43:20On met le nom de l'association en lien
43:22sur le site de la Terre au Carré.
43:23Et puis, Maxime Carcel, ce livre que vous signez
43:26aux éditions du Rocher, ça s'appelle
43:27« Un poison nommé saumon, enquête sur une industrie dévastatrice ».
43:30Merci beaucoup d'être venu nous en parler aujourd'hui.
43:32On commence bien la semaine avec vous.
43:34Merci également à Joël Levert qui a préparé ce dossier,
43:37Renaud Maé à la technique,
43:38Selim Guéribi à la vidéo
43:40et Mathias Volant qui réalisait cette émission.
43:43Merci à tous.
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