Margot Turcat, créatrice du compte @mon.petit.avc, auteure de "Mon Petit AVC" et "Ça me prend la tête" (Larousse), a été victime d'un AVC à 33 ans quand elle se trouvait seule à la maison avec son fils de 14 mois.
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00:00J'ai été victime d'un AVC à 33 ans alors que mon fils n'avait que 14 mois.
00:04Le samedi 17 novembre 2018, j'ai été victime d'un AVC alors que j'avais strictement aucun facteur de risque
00:11et que j'étais toute seule à la maison avec mon bébé.
00:14Le matin au réveil, je ne me sentais pas bien et j'ai mis naïvement ça sur le compte d'une hypoglycémie.
00:20À un moment donné, j'ai réalisé que véritablement il y avait un souci
00:23et que ce souci c'était un AVC parce que j'étais lucide sur la situation puisque j'avais tout le tableau clinique.
00:29Ma première pensée n'a pas été d'appeler les secours, ça a été de me doucher pour ne pas arriver sale à l'hôpital
00:35et de gérer qui allait garder mon fils si j'étais embarquée par les secours.
00:40Donc j'ai appelé mes parents à la rescousse et mon père a compris instantanément ce qu'il se passait quand il m'a entendu parler.
00:48Le SAMU m'a appelée, ils m'ont fait le questionnaire de régulation et pour eux j'ai répondu tout juste
00:54alors que j'ai répondu tout faux puisque je n'ai pas été capable de donner mon véritable âge, ma véritable adresse.
00:59Ils m'ont envoyé SOS médecin et SOS médecin qui lui m'a ausculté et m'a vu a conclu comme le SAMU que c'était avec une migraine Nora, avec Aura.
01:10J'ai pu partir au CHU pour passer une IRM grâce à l'insistance de mon père et c'est la lucidité de papa qui m'a laissé finalement un maximum de chance.
01:19Alors je suis partie dans l'ambulance avec mon conjoint, papa est resté avec mon fils qui était à la sieste donc je n'ai pas pu lui dire au revoir.
01:26On m'a fait passer une IRM et bon constat sans appel, c'était véritablement un AVC, un AVC ischémique avec un caillot qui bouchait une artère de mon cerveau.
01:36Et j'ai été aiguillée vers les soins intensifs parce que le délai de prise en charge a été tellement long que je n'ai pas eu droit aux deux traitements d'urgence qui sont la thrombolise ou la thrombectomie.
01:46On m'a fait tous les bilans pour savoir quelle était l'étendue de mes séquelles et on a conclu qu'il fallait que je parte en centre de rééducation, en hospitalisation complète et j'y ai passé l'équivalent de 5 mois et demi.
01:59Quand j'étais à l'hôpital, alors en soins intensifs les enfants ne sont pas admis, ensuite quand je suis montée dans les étages c'est moi qui ne voulais pas que mon fils vienne parce que je trouvais ça trop cruel pour lui et pour moi et je lui expliquais ce qui s'était passé.
02:13Moi j'étais en fauteuil roulant et mon fils était dans la poussette alors quand on faisait des promenades je voyais bien qu'il était intrigué de voir que maman était poussée à côté de lui.
02:21De toute façon mon fils, moi j'ai toujours considéré que c'était mon meilleur rééducateur parce que j'ai axé toute ma rééducation autour de lui pour être capable de le porter, pour être capable de lui parler, de lui chanter des chansons, tout ce que je ne pouvais plus faire.
02:35Je me suis rendue compte que je réapprenais des choses que lui il était par exemple en train d'apprendre, donc par exemple tenir une fourchette et être capable de l'amener jusqu'à sa bouche.
02:44Quand je suis rentrée chez moi, j'ai voulu reprendre mes activités comme je faisais avant, donc m'occuper de mon fils, tout en m'allégeant quand même la charge mentale monstrueuse que je me mettais sur les épaules quand il était petit.
02:56Je devais gérer ma propre charge mentale médicale liée au fait de devoir me trouver un orthophoniste, un kiné et pouvoir gérer mon parcours de rééducation.
03:06Ma séquelle principale c'est que je suis aphasique, donc c'est un trouble du langage, ça impacte la parole, la lecture, l'écriture, la compréhension.
03:16Je souffre d'une immense fatigue neurologique, donc j'ai besoin de me reposer plusieurs heures dans l'après-midi, donc j'ai du mal à supporter le bruit, la lumière et les odeurs.
03:25Dans mon quotidien avec mon fils, par exemple, je suis incapable de faire des Legos avec lui.
03:29J'ai mis longtemps à être capable de lui lire un livre à haute voix, donc j'ai dû trouver des stratégies compensatoires pour m'adapter à sa vie de petit garçon,
03:38parce que je ne voulais pas que mon handicap impacte son quotidien.
03:42Lui, il le vit en fait de la manière la plus simple possible, c'est-à-dire qu'il n'a aucun souvenir de comment j'étais avant mon AVC.
03:49On m'a expliqué que ce serait difficile d'avoir un deuxième enfant, parce qu'une grossesse, ça fatigue, et que quand on a un AVC, on est excessivement fatigué,
03:58et que du coup, ce serait une grossesse très très surveillée, avec sûrement un accouchement par césarienne programmée,
04:05et que ce serait une grossesse où je serais sûrement à le longer pendant les neuf mois.
04:10Moi qui avais toujours imaginé, j'aurais deux enfants, bon mais il a fallu que j'encaisse la nouvelle.
04:14Je n'en veux absolument pas au SAMU, pour la simple et bonne raison que mon AVC, il a eu lieu en novembre 2018,
04:22et à cette époque-là, les agentes du SAMU n'étaient pas formés.
04:25Mais pour le médecin des SOS Médecins, je suis plus contrariée, parce que lui, il m'a vue, lui, il m'a auscultée.
04:32Mon fils, c'est mon quotidien, il sait pertinemment, le lundi, je suis là, le mercredi, je suis là, il connaît mes soignants.
04:38Concilier une vie de maman avec de la maladie ou du handicap, je pense que ça, ça prend.
04:43Quand on a un enfant, je pense qu'on est capable de tout faire.
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