00:00Anthony Saint-Léger, bonsoir. Alors qu'Emmanuel Macron, on l'a vu, a dévoilé aujourd'hui un service militaire volontaire,
00:09une rumeur circule depuis plusieurs jours sur l'envoi de combattants français en Ukraine via des milices privés.
00:16L'affirmation est faite par plusieurs internautes, notamment des personnalités politiques à droite ou à l'extrême droite.
00:22Notons par exemple cette publication de Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France qui nous dit ceci,
00:28que la publication d'un décret va permettre la création d'opérateurs de référence, c'est-à-dire, selon lui, ni plus ni moins que des groupes armés privés.
00:36Et c'est-à-dire, selon lui encore, que cela permet surtout à Emmanuel Macron de permettre une intervention en Ukraine sans passer par l'accord du Parlement.
00:45Emmanuel Macron qui vient légaliser, renchérit à cet autre internaute, en l'occurrence l'ancien conseiller économique de Marine Le Pen,
00:53vient légaliser les sociétés militaires privées à l'étranger et en France.
00:58Et puis, il y a aussi cette publication qui a circulé ici et là, celle de ce média biélorusse,
01:05qui nous dit ceci, que nos soldats vont être transformés en opérateurs économiques.
01:11La publication, elle est assez longue.
01:12Dans une deuxième partie, on voit cette affirmation que la France a trouvé une ficelle pour envoyer ses militaires en Ukraine sans l'admettre,
01:21intervention déguisée donc, il s'agirait de ça, et de dénoncer un pompier pyroma dans la personne d'Emmanuel Macron.
01:28On est tout simplement dans une situation de clownisme pyrotechnique, assure le média biélorusse.
01:34Donc, des affirmations qui trouvent évidemment une certaine résonance du fait de l'annonce par Emmanuel Macron de ce service national volontaire d'une part,
01:43et aussi par les propos polémiques du chef d'état-major des armées, Fabien Mondon, il y a quelques jours,
01:49qui assurait que la France devait se préparer à perdre ses enfants, même si ses propos ont été précisés depuis.
01:56Sauf que le décret qui existe bien ne dit rien de tout cela.
01:59Non, absolument pas. De quel décret d'ailleurs s'agit-il ?
02:03Eh bien de celui-ci, celui du 31 octobre 2025, qui a été publié le 1er novembre au Jourdal officiel,
02:10relatif, vous le voyez, aux opérateurs de référence, les fameux du ministère des Armées pour la coopération militaire internationale.
02:16Un décret qui nous dit quoi précisément, zoomons un peu.
02:20On apprend qu'il s'agit du maintien et du développement de l'influence de la France,
02:25qui requiert une assistance des armées par des opérateurs économiques de référence,
02:29capables de quoi ? De seconder ou de se substituer aux forces dans certaines missions identifiées.
02:35Est-ce que ça veut dire pour autant qu'on parle de combattre et d'envoyer des soldats ?
02:39Eh bien absolument pas.
02:40Et d'ailleurs, ce décret le précise très clairement dans son article 3.
02:44On va le regarder ensemble, cet article 3.
02:47Voici ce qu'il nous dit, que les opérateurs de référence sont consacrés à des missions de formation, d'entraînement,
02:55de maintien en conditions opérationnelles ou de soutien.
02:59Donc ces entités, ces personnes ne sont pas engagées militairement dans un conflit armé.
03:04Opérateur économique ne doit donc pas être entendu comme soldat, comme évoqué dans les publications,
03:11mais plutôt comme une société et il n'y a pas donc d'intervention déguisée en Ukraine.
03:15On ajoute à cela qu'il n'y a pas non plus de mercenaires, tout simplement parce que c'est illégal en France.
03:22La France n'a pas le droit d'y recourir et notamment depuis le 14 avril 2003, une loi,
03:27et vous le voyez que c'est par ailleurs sanctionné pénalement,
03:30puisque 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.
03:35Notons toutefois que la France a bien recours à des sociétés privées et ce, depuis des années.
03:40Oui, en voici quelques noms, Chiron, Géos, ou encore Amarante, pour n'en citer que quelques-unes,
03:49à des sociétés privées dont il est fait mention, ou plus précisément dont le rôle est expliqué dans ce rapport parlementaire de 2012.
03:58Voici ce qu'il nous dit, que ces sociétés fournissent du Conseil en sécurité internationale,
04:04de l'accompagnement, de la sécurisation d'investissements à l'étranger, soutien de bases militaires ou encore logistique.
04:11La France qui appelle par ailleurs ces sociétés des ESSD pour entreprises de services de sécurité et de défense,
04:18et non pas des SMP, des sociétés militaires privées, parce que ça c'est plutôt l'acronyme anglais,
04:24en tout cas une étymologie anglo-saxonne, et c'est un terme qui a plutôt mauvaise réputation
04:30et qui est entouré de nombreuses spéculations.
04:32En résumé, ce fameux décret du 1er novembre dont je vous parlais tout à l'heure
04:37ne vient pas créer des sociétés militaires privées, il vient simplement donner un cadre légal
04:43beaucoup plus précis, formaliser le recours de l'armée à ses opérateurs de référence,
04:50mais pas de création de milices privées, pas d'intervention militaire déguisée,
04:55et pas d'envoi de soldats français en Ukraine.
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