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Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h30 à 14h sur #SudRadio.

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##LE_FACE_A_FACE-2025-11-27##

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News
Transcription
00:00– Midi 14h, Sud Radio, la France dans tous ses états, le face-à-face.
00:07– Eh bien oui, il est 13h04, vous êtes sur l'excellent de Sud Radio, la vraie radio libre,
00:13et c'est pour ça que nous avons Philippe Bilger avec nous.
00:17Vous pouvez l'appeler, c'est un ancien magistrat du parquet,
00:22mais il n'a pas peur de répondre aux questions.
00:24On va le mettre un petit peu en examen, vous et moi, en appelant au 0826 300 300.
00:28– Merci Philippe Bilger d'avoir accepté, vous êtes une des stars de cette antenne
00:34et d'autres plateaux de télévision et de stations de radio,
00:39parce que vous avez décidé de vous exprimer, de témoigner,
00:43d'abord de votre grande expérience de magistrat, d'homme de loi,
00:46et ensuite vous êtes un observateur hors pair de notre vie politique,
00:49avec des analyses, des approches, des prises de position originales,
00:54courageuses, souvent polémiques, voilà,
00:56on n'est pas forcément toujours d'accord avec vous,
00:58mais vous les dites avec conviction et sincérité,
01:02et ça c'est peut-être propre à un procureur qui est obligé de requérir,
01:05il ne peut pas inventer, il est obligé d'être dans la vérité,
01:09il peut se tromper, mais il est dans la sincérité.
01:11Je voudrais que nous commencions cet échange d'une heure,
01:15je n'ai pas pris une note, je n'ai pas préparé,
01:17je vous fais confiance pour conduire ce débat.
01:20Je vais vous mettre au sens littéral du terme en examen,
01:24parce qu'il faut vous examiner,
01:26c'est tout ce que vous avez dit depuis tant d'années,
01:29vous êtes un ténor du parquet,
01:32alors pas chez Saint-Maclou et Leroy Merlin,
01:34je parle bien du parquet, celui qui correspond au siège,
01:36c'est curieux les termes parquet et siège,
01:38on comprend très bien, parquet parce qu'on est debout,
01:40siège parce qu'on est assis.
01:41Je voudrais commencer par parler d'un monsieur qui me semble digne de respect,
01:46qui s'appelle Joseph Bilger, qui était votre papa,
01:48qui a connu la période de, pas d'occupation,
01:52de l'attachement de l'Alsace-Moselle après la guerre de 1870,
01:56à Versailles, Bismarck et l'empereur d'Allemagne récemment créé,
02:03rattache les deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin
02:07et le département de la Moselle, qui est une partie de la Lorraine,
02:10au Reich, ça devient un lander,
02:12un lander ça veut dire que c'est un territoire avec des représentants,
02:14avec des parlementaires qui vont siéger au Reichstag
02:19et cette vie démocratique qui dure depuis 1870 jusqu'à 1918,
02:25et bien quand la France récupère l'Alsace et la Lorraine,
02:29que Georges Clémenceau et Poincaré rentrent dans Strasbourg,
02:31ils refusent de recevoir les représentants démocratiquement élus
02:35de l'Alsace et de la Moselle qui venaient se présenter à eux
02:38comme représentants du peuple alsacien.
02:39C'est un épisode un petit peu, on l'a occulté totalement.
02:41Évidemment, ils étaient très considérés comme des collabos,
02:44mais ils ne faisaient que représenter les institutions
02:46mises en place par l'Allemagne pour représenter les citoyens et les citoyennes d'Alsace.
02:50Absolument.
02:51Alors, mon cher Perico,
02:55vous commencez, je dirais, par le sujet, pour moi, le plus sensible.
02:59Combien de fois, j'ai senti partout où l'expression libre existait,
03:07des reproches, voire des opproves, voire des calomnies
03:13sur le rapport que j'avais pu entretenir avec mon père.
03:18Et le paradoxe, c'est que plus notre société est gangrenée par l'inculture historique,
03:26plus elle a des jugements définitifs.
03:29En réalité, le rapport que j'ai entretenu avec mon père et avec son souvenir
03:36est très chahuté, très ambigu, très équivoque.
03:41En réalité, longtemps, je ne percevais, je n'appréhendais que le militant politique.
03:51pour des raisons personnelles, j'avais laissé de côté le père.
03:59Et en fait, sous l'influence de mon épouse,
04:02un jour, elle m'a fait comprendre qu'il fallait que je fonctionne
04:08en quelque sorte sur mes deux pieds.
04:11Il y avait le militant José Bilger
04:14qui a connu des moments très difficiles, voire douloureux,
04:21mais qui n'était pas autonomiste.
04:23Et puis, peu à peu, j'ai réintroduit dans mon être le père.
04:29Et notamment quand un jour, on m'a demandé
04:33« Mais pourquoi est-ce que vous respectez même les accusés
04:37contre lesquels vous allez requérir la perpétuité ? »
04:42Et j'ai compris qu'à ce moment-là, probablement,
04:45j'avais dans la tête l'image de mon père
04:49et de la condamnation qu'il avait subie
04:52et dont j'ai toujours considéré qu'elle était injuste.
04:57Et donc, je traitais les accusés,
05:00même ayant commis le pire,
05:02comme naturellement des réprouvés
05:05contre lesquels, bien sûr,
05:07j'avais aussi le devoir de requérir
05:10souvent la peine maximale.
05:12Il y a eu des injustices après les guerres,
05:14au moment des règlements de comptes,
05:15quand la loi du vainqueur arrive
05:17dans sa brutalité, quelquefois,
05:19même si elle est légitime,
05:20et tant mieux si c'est le camp de la liberté
05:22et de la démocratie qui a gagné.
05:24J'avais un ami journaliste que vous connaissez de réputation,
05:27mais je ne vais pas le citer,
05:28dont le prof de mathématiques avait été résistant,
05:30mais il avait été obligé de jouer le double jeu
05:32pendant la guerre de 40-45,
05:34et il a été fusillé.
05:35Voilà, alors qu'on avait prouvé
05:36que c'était un résistant,
05:37et ce jour-là, notre collègue journaliste,
05:40il a dit, je ne voterai plus jamais,
05:41je ne crois plus dans les générations de la République.
05:43Il y a eu, il y a eu de graves erreurs.
05:46Oui, alors, heureusement,
05:49ma mère était une femme extraordinaire
05:53qui, si je l'avais davantage écoutée,
05:56je n'aurais pas seulement des bribes de souvenirs
05:59sur cette période très...
06:01Vous l'avez connu, votre papa, vous l'avez...
06:04Oui, mais à partir de l'âge de 14 ans,
06:07je ne l'ai plus vu.
06:07D'accord.
06:08Et j'ai mis du temps pour,
06:11comme je viens de le dire,
06:12pour le réintroduire dans ma vie personnelle,
06:15et évidemment, pour me stabiliser moi-même.
06:19Et donc, mais, je...
06:23À l'heure actuelle,
06:24je l'ai dit tout à l'heure,
06:26je suis frappé par cette inculture historique
06:29qui n'hésite pas à être d'autant plus expéditive
06:34dans ces jugements faits lamentables.
06:36Alors, vous êtes né à Metz.
06:38C'est une ville merveilleuse.
06:40J'ai une passion pour Metz.
06:43Grande cité Lorraine,
06:44Nancy est la capitale administrative
06:46de la région,
06:47mais Metz est la ville historique,
06:48la gare de Metz,
06:49et les souvenirs de cette période
06:511870-1918,
06:53sur le plan architectural,
06:54prouvent qu'il y a une culture germanique très forte.
06:56Les Lorrains, c'est la Lotharingie.
06:58Voilà, c'est une entité européenne.
07:00Et je dis que l'Europe est peut-être née
07:01dans ce concept de la fameuse Lotharingie,
07:04de Lothaire.
07:05D'où mon troisième prénom, Lothaire.
07:06Lothaire, voilà.
07:07Et Lothaire, finalement,
07:08aujourd'hui, l'Union Européenne,
07:10c'est la continuité de cette jonction
07:11entre le Saint-Empire romain germanique,
07:13la France chrétienne, le royaume,
07:14et on a fait, finalement,
07:15cette Europe qui fonctionne tant bien que mal.
07:18Mais Metz est l'endroit
07:20où ça peut...
07:21de naissance.
07:21Voilà, je suis resté.
07:23J'ai des souvenirs, encore une fois,
07:25très flous là-dessus.
07:27Jusqu'à Metz,
07:28je suis resté jusqu'à l'âge de 2 ans.
07:30Vous y repartez quelques fois ?
07:32Non, j'y suis allé pour faire des conférences
07:35aux Républicains Lorrains.
07:38Conférence qui s'est terminée
07:39par d'excellents déjeuners
07:41dans les restaurants du coin.
07:42Je confirme.
07:43Voilà.
07:44Et donc, après,
07:46il y a eu l'Alsace,
07:48ma mère était née à Inersheim,
07:51mon père appartenait au Sungo Prof.
07:53près de la Suisse.
07:56Et moi-même, enfin,
07:58j'ai passé un certain nombre d'années
08:00dans le Loiret,
08:02dans un collège à Montargis.
08:04Et puis ensuite,
08:05ça a été Paris.
08:07Et ce qui m'a beaucoup plu,
08:11c'était une formule de ma mère
08:13qui, à ceux qui affirmaient
08:15que nous étions des parvenus
08:17parce qu'elle avait restauré une fortune
08:20grâce à son travail fabuleux
08:22comme première femme importatrice
08:25de machines agricoles,
08:27elle disait,
08:28nous ne sommes pas des parvenus,
08:29nous sommes des revenus,
08:31en quelque sorte,
08:32puisqu'elle a restauré,
08:34grâce à son génie des affaires,
08:36alors qu'elle ne voulait pas
08:38être dans les affaires.
08:40On réussit parfois le mieux
08:42dans les exercices professionnels
08:45pour lesquels on croyait
08:47ne pas être fait.
08:48Très beau symbole sociologique,
08:50un revenu.
08:51Voilà.
08:51On revient, bien sûr,
08:54sur la base de valeurs,
08:55sur la base de principes,
08:56avec du courage certainement.
08:58Et puis avec une évolution,
09:00Paris,
09:02une chambre,
09:03d'abord rue de Mogador,
09:04ensuite un petit appartement
09:06rue de la Roche-Foucault,
09:08ensuite un plus grand appartement
09:09rue Condorcet,
09:12la télévision quand j'ai 18 ans,
09:16des Noëls très frusques,
09:18très pauvres,
09:18mais très chaleureux,
09:20une vie qui s'est élevée
09:23grâce à ma mère profondément.
09:25Donc vous connaissez
09:25toutes les facettes
09:26de la diversité sociale
09:28sans avoir mangé de la vache enragée,
09:30vous savez ce qu'est
09:31avoir des revenus modestes.
09:32C'est pour ça,
09:32mon cher Péricot,
09:34que j'ai...
09:36Certes, on abuse parfois
09:37du mot peuple,
09:39j'entends bien
09:40que je n'en suis pas propriétaire,
09:42mais c'est pour ça
09:43que j'ai le plus grand respect
09:45pour, j'allais dire,
09:47les valeurs,
09:48les vertus,
09:49toute cette simplicité,
09:52cette chaleur humaine
09:53du peuple
09:54qui n'appelle pas nécessairement
09:57une hostilité systématique
09:59à l'égard des élites.
10:01Et des racines,
10:01Philippe Bégère,
10:02des racines chrétiennes,
10:03des valeurs philosophiques
10:06qui conforment
10:07à notre civilisation
10:08et qui vous ont aidé
10:10à devenir ce que vous êtes,
10:11ce qui vous a permis
10:12d'une jolie vie.
10:13J'aime beaucoup
10:14cette phrase de Gide,
10:16obtiens-toi.
10:17Bon,
10:17eh bien,
10:17on va vous obtenir,
10:18on va faire...
10:19Voilà,
10:19dans quelques instants,
10:20on nous appelle
10:21au 0826 300 300,
10:23Emmanuel Galassou
10:24prendra votre appel
10:25et Philippe Bilger
10:26n'aura aucune crainte
10:27à répondre
10:28aux plus audacieuses
10:29de vos questions.
10:29Avec bonheur.
10:32Midi 14h,
10:33Sud Radio,
10:35la France dans tous ses états.
10:36Et vous êtes toujours
10:37avec Péricault,
10:39les gars,
10:39c'est surtout,
10:39vous êtes avec
10:40Philippe Bilger.
10:42Monsieur l'avocat général,
10:43je peux vous appeler procureur
10:44ou avocat général,
10:45vous avez été ?
10:46Quitte à,
10:47plutôt avocat général.
10:49Monsieur l'avocat général,
10:50auprès de la cour d'assises,
10:52de la cour d'appel.
10:52C'est à la fois
10:53de la cour d'appel de Paris
10:55et donc avocat général
10:57à la cour d'assises de Paris.
10:59Alors,
10:59précisément,
11:00c'est sur ce terrain-là
11:01que je veux aller.
11:01Je voudrais un petit cours de droit
11:02pour que les auditeurs
11:04entendent régulièrement
11:06les termes
11:06parquet,
11:07siège,
11:08président de cour d'appel,
11:09président de cour d'assises,
11:10le parquet,
11:11le ministère public,
11:12l'avocat général,
11:13le procureur.
11:14Pouvez-vous nous donner
11:15rapidement,
11:16voilà,
11:16la description du rôle ?
11:17Alors,
11:17le siège,
11:18c'est les juges qui jugent.
11:20En gros,
11:21alors,
11:21si on reste dans la matière pénale,
11:24bien sûr,
11:25il y a les juges
11:28qui jugent,
11:29qui siègent,
11:30qui sont assis
11:31et qui...
11:32On leur a mis conscience
11:33en fonction du droit.
11:35... et qui sont indépendants
11:36par principe.
11:38Ils le sont vraiment ou non ?
11:40Je l'espère.
11:41Parlez librement.
11:41Oui,
11:42oui,
11:42oui,
11:42oui,
11:43je crois que là,
11:44la prépa en tout cas.
11:45Objectivement,
11:45le siège est indépendant,
11:47d'autant plus que nous avons aujourd'hui un pouvoir politique
11:51qui,
11:52au moins officiellement,
11:54n'intervient plus sur les délibérations des juges.
11:58Ils peuvent se tromper,
11:59bien sûr,
12:00la justice est humaine.
12:01Mais en gros,
12:03ils sont indépendants.
12:04Et de l'autre côté,
12:06on a donc le parquet.
12:08Ce sont les magistrats
12:09qui poursuivent
12:10au nom du peuple français.
12:13Et quand j'avais à définir ma fonction,
12:15plutôt que de dire
12:17que je défendais
12:18l'intérêt social,
12:20je disais que j'étais l'avocat
12:22de tous les citoyens,
12:23en quelque sorte,
12:25et que,
12:26par ma voix,
12:27j'espère la moins médiocre possible,
12:30nous aboutissions
12:32devant les cours d'assises
12:34à des décisions,
12:35des arrêts,
12:36de condamnation
12:37ou d'acquittement,
12:39si le doute était important.
12:40Alors,
12:40les magistrats du siège,
12:42jugent en leur âme et conscience,
12:44en fonction de leur connaissance du droit,
12:46mais bien sûr,
12:47en fonction aussi de leur valeur personnelle.
12:49Et c'est pour ça qu'ils sont là.
12:50et ils vous disent qu'on juge en droit.
12:52En face,
12:53il y a le parquet,
12:53donc le ministère public.
12:55Fouquier-Tainville,
12:56portez le titre d'accusateur public.
12:58C'est très violent.
12:59Est-ce que pour autant,
13:00un magistrat du parquet
13:02est tenu,
13:04j'allais dire,
13:04de requérir
13:05et d'accuser systématiquement
13:07où un représentant du parquet
13:09peut dire
13:09mais je suis désolé,
13:10les charges ne sont pas très lourdes ?
13:13Ou voilà,
13:14l'inculpation,
13:14parce qu'on parle d'inculpation,
13:16ou vous avez mis en examen,
13:17et bien je ne vois pas
13:18pourquoi cette personne
13:19est dans le prétoire.
13:19Je n'ai supporté
13:20la magistrature
13:22et l'institution judiciaire
13:24que parce que
13:25d'abord,
13:26je ne les voulais pas
13:27et ensuite,
13:29parce que
13:29pour les supporter,
13:31j'ai toujours dû
13:32les adapter
13:32à ce que j'étais.
13:34Et donc,
13:34je peux dire que
13:35dans ma carrière
13:37d'avocat général,
13:39puisque j'ai commencé,
13:40mon premier poste
13:41était juge d'instruction
13:43à Lille,
13:43mais plus de 20 ans
13:44à la cour d'assises de Paris,
13:47j'ai toujours requis
13:48ce que je pensais
13:50et donc naturellement,
13:52la plupart du temps,
13:53lorsque la culpabilité
13:55est démontrée,
13:56je requerrais une peine,
13:59mais j'ai requis
14:00un certain nombre
14:01d'acquittements,
14:02non pas parce que
14:04j'aurais découvert
14:05miraculeusement
14:06dans le boxe
14:07un innocent,
14:08je n'ai jamais connu
14:10le coup de théâtre
14:10à la Monte Cristo,
14:12mais parce qu'il y avait
14:14des causes
14:15sur lesquelles
14:16le doute
14:17était trop important
14:18pour que je puisse
14:20requérir une condamnation.
14:22Donc vous pouvez me jurer
14:22que vous n'avez jamais
14:24quelquefois accusé
14:25pour le principe
14:26qu'il fallait accuser.
14:27Jamais.
14:28En ce sens-là,
14:29je crois
14:29d'avoir jamais connu,
14:31commis, pardon,
14:32d'erreur judiciaire,
14:34c'est-à-dire
14:34faire condamner quelqu'un
14:36alors que le coupable
14:37se trouvait ailleurs,
14:39mais parfois
14:40j'ai commis,
14:41c'est évident,
14:43des erreurs
14:44d'interprétation.
14:47J'ai donné
14:47trop d'importance
14:49à tel aspect
14:50contre tel autre,
14:52mais ça,
14:52c'est en quelque sorte
14:54l'inévitable rançon
14:57d'une liberté personnelle.
14:58Vous convenez
14:59que vous avez pu commettre
14:59des erreurs
15:00d'appréciation
15:01en toute bonne foi,
15:02en toute un état
15:03intellectuel
15:04et juridique.
15:06L'appel sert à ça.
15:07Oui,
15:07alors ça n'était même
15:09pas des erreurs
15:10qui, me semble-t-il,
15:12concernaient,
15:14je dirais,
15:15la sanction
15:15que je requerais,
15:17c'était plutôt
15:18dans l'analyse
15:19des ressorts
15:20criminels.
15:21Quand j'ai eu
15:22l'affaire Brunery
15:23qui a cherché
15:24à assassiner
15:25Chirac,
15:27Jacques Chirac,
15:28j'ai sans doute
15:31sus-estimé
15:32la part identitaire
15:34en développant trop
15:36la formation
15:37intellectuelle.
15:38Mais tout cela
15:39généralement
15:41n'a jamais
15:41porté préjudice
15:43à la sanction
15:44qui...
15:44La faute reste la même
15:45que la motivation
15:46ait été...
15:47Non,
15:48je voulais vous dire
15:48quelquefois,
15:49il y a des faisceaux
15:49de présomption
15:50pour utiliser
15:51les formules consacrées
15:52qui sont massives
15:53et pour autant,
15:54on apprend ensuite
15:55que l'inculpé,
15:56que de mise en examen
15:57n'était pas coupable.
15:57Oui,
15:58mais parce qu'il y a
16:00aussi un paradoxe,
16:01là,
16:01vous faites allusion,
16:03enfin,
16:03me semble-t-il,
16:04Perico,
16:05les gars,
16:05ça a quelque chose
16:07dont j'ai beaucoup
16:08entendu parler
16:09ces dernières semaines.
16:10Oui.
16:11C'est le paradoxe
16:13français.
16:14À la fois,
16:15on est très heureux
16:16que l'aveu ne soit plus
16:17la reine des preuves,
16:19mais en réalité,
16:20lorsqu'on appréhende
16:22les jugements
16:22ou les arrêts,
16:24on continue à faire
16:26comme si l'aveu
16:27était la seule preuve.
16:28Et quand il n'y a pas
16:30d'aveu,
16:30eh bien,
16:31on a du mal
16:32à convaincre
16:33qu'il peut y avoir
16:34d'autres preuves,
16:35des présomptions
16:36pas forcément périphériques,
16:39ça n'est pas l'aveu,
16:40mais elles sont
16:42tout de même
16:42impressionnantes
16:44et parfois accablantes.
16:45Alors,
16:45on va poser les pieds
16:46un petit peu plus posément
16:47sur le...
16:48profondément sur le parquet.
16:51Est-ce que vous requérez,
16:52est-ce qu'un représentant
16:53du ministère public,
16:54un avocat général,
16:55un procureur de la République,
16:57est-ce que vous requérez,
16:58on va dire que les juges
16:59du siège sont en totale
17:00indépendance,
17:01est-ce que vous requérez
17:02toujours librement,
17:04en votre âme et conscience,
17:05de représentant
17:05du ministère public
17:06ou est-ce qu'au parquet,
17:07on peut recevoir
17:08quelques instructions
17:09de la chancellerie
17:10ou d'autorité supérieure ?
17:12Alors,
17:13je...
17:13Dans ma pratique judiciaire
17:16et en réalité,
17:18c'est parce que ma nature,
17:20bien avant d'être magistrat,
17:23ne supportait pas
17:24la moindre injonction.
17:25Mais ça peut arriver.
17:27De la part de qui ?
17:28Du procureur général ?
17:30Qui peut vous dire,
17:30n'est-ce pas,
17:31monsieur le Président ?
17:31Nous sommes d'accord.
17:31Par exemple, bien sûr.
17:33J'ai eu la grande chance.
17:35Je peux dire,
17:36en totale sincérité,
17:38que je n'ai jamais eu
17:39un ordre direct
17:41dans les réquitions
17:43que je prenais.
17:44Et le jour où j'ai senti,
17:46parfois,
17:47une tentative
17:49de me donner
17:50une ligne directrice,
17:52je répondais,
17:53mais comment voulez-vous
17:54que je vous dise
17:55ce que je vais requérir
17:57à la fin
17:59de l'audience,
18:00puisque précisément,
18:02je vais attendre
18:02la fin des débats
18:05pour savoir
18:06ce que je vais
18:07décider de requérir.
18:09Et donc,
18:10autant,
18:11quand j'étais jeune,
18:12c'était difficile
18:13à faire admettre,
18:14mais ensuite,
18:16on connaissait
18:16le caractère
18:18de Philippe Bilger,
18:21pardon,
18:21d'utiliser
18:22cette troisième personne
18:24pompeuse.
18:24Vous êtes là pour ça.
18:25Et donc,
18:26à partir de là,
18:27le problème a été réglé.
18:29Je n'ai jamais connu
18:30d'injonction
18:31et de toute manière,
18:33les aurais-je connus ?
18:35Je peux dire
18:35sans présomption
18:36que j'y aurais résisté.
18:38Mais elles ont pu exister
18:40et peut-être
18:40qu'elles y existent encore.
18:42Est-ce que la chancellerie,
18:43quelque part,
18:43le garde des Sceaux
18:44est dans son rôle de...
18:46Qu'est-ce qu'il peut donner ?
18:47Un avis ?
18:48Une suggestion ?
18:48Je dirais qu'il ne le fait plus.
18:52Objectivement...
18:52On va dire que ça existait
18:53à une époque...
18:54Voilà.
18:55On a enfin
18:56un grand garde des Sceaux.
18:58Ça fait longtemps
18:59qu'on n'en avait plus.
19:01Eh bien,
19:01Gérald Darmanin
19:02ne donne jamais
19:03d'avis direct.
19:05Mais par le biais,
19:06vous l'avez dit tout à l'heure,
19:07d'un procureur général
19:09ou d'un procureur,
19:10des conseils,
19:12des avertissements
19:13peuvent être donnés,
19:14des suggestions.
19:15Mais il faut faire attention
19:16à ce que ces suggestions
19:18ne soient pas
19:19une manière subtile
19:20de vous donner
19:21des ordres.
19:21Est-ce que Méditer
19:22a pu en donner ?
19:23Peut-être ?
19:23Sûrement.
19:23Jean Le Canuet,
19:25Jean Foyer...
19:26Ah ben bien sûr !
19:27À l'époque, c'était...
19:28Ils ont, à l'époque,
19:29c'était un autre système judiciaire
19:32où les magistrats
19:33étaient
19:34beaucoup plus,
19:36moins rétifs
19:37à leur souci
19:38d'être indépendants.
19:40Et puis,
19:41chacun a son caractère.
19:42De la même manière
19:43que vous n'êtes pas
19:45que des pericots,
19:47les gaz,
19:47dans le journalisme
19:49ou ailleurs,
19:50je dirais,
19:52chacun a sa force
19:53et sa faiblesse.
19:55En tout cas,
19:56ce qui m'a tout obsédé
19:57et créé des problèmes,
19:59c'est mon envie
20:01frénétique de liberté
20:03et mon exigence
20:05de sincérité
20:06qui m'a créé
20:07parfois plus de problèmes
20:09que davantage.
20:10Quand Jean Foyer,
20:12qui est un des auteurs
20:12de la Constitution
20:13d'octobre 1958,
20:15qui est garde des sceaux
20:15du général de Gaulle,
20:17et quand le général de Gaulle
20:18décide de formuler
20:20pouvoir législatif,
20:21pouvoir exécutif,
20:22autorité judiciaire.
20:24Pourquoi cette nuance
20:25sémantique,
20:26non pas pouvoir
20:27mais autorité ?
20:28Mais parce que
20:28je crois qu'il considérait,
20:31et Jean Foyer,
20:32et bien sûr au-dessus
20:33le général de Gaulle,
20:34qu'il ne fallait pas donner,
20:37fût-ce par le verbe,
20:39une importance
20:39trop considérable
20:41à l'institution judiciaire.
20:43Mais merci pour cette question.
20:46En réalité,
20:47je n'aurais pas l'intention
20:48et je n'en ai jamais eu
20:50le désir
20:50de débattre
20:52de l'autorité
20:53ou du pouvoir judiciaire.
20:55C'est comme si on discutait
20:57du sexe des anges.
20:59Quel que soit le nom,
21:01nous avons à démontrer
21:02qui nous sommes
21:03et ce que nous valons.
21:04Mais vous convenez
21:05que certains magistrats
21:06se croient dotés
21:08du pouvoir judiciaire
21:09et n'ont pas
21:09d'autorité judiciaire.
21:10Ça ne me gêne pas cela,
21:12Péricault...
21:12Non, mais je vous demande
21:13si c'est le cas.
21:14Oui, il y a des magistrats.
21:15Sûrement,
21:15mais ça me gêne
21:17uniquement à partir
21:18du moment
21:19où ils se réfugient
21:20derrière le nom
21:22pour ne pas démontrer
21:23l'effectivité
21:25de leur rôle.
21:27Autorité ou pouvoir,
21:28de toute manière,
21:30on a démontré
21:31ce qu'on vaut.
21:32Comme l'avocat
21:34n'est pas génial
21:35parce qu'il appartient
21:37aux barreaux,
21:38il l'est
21:38quand, miraculeusement,
21:40sa pratique le démontre.
21:42Bon, Philippe Béger,
21:42puisque je vous tiens,
21:43je vais vous demander
21:43tout à l'heure
21:44de faire des cas de figure
21:45dans des cas concrets.
21:46Pour l'instant,
21:47voilà, on réfléchit
21:48deux minutes
21:49et on se retrouve
21:49dans quelques instants.
21:51Vous nous appelez
21:51au 0 826 300 300.
21:53A tout de suite.
21:55Sud Radio.
21:55Sud Radio.
21:57La France dans tous ses états.
21:59Vous êtes sur Sud Radio
22:00avec Péricault,
22:01les gars.
22:01C'est l'excellent
22:02redouté,
22:03très estimé.
22:04Philippe Béger,
22:05les mots ont un sens,
22:06Philippe Béger,
22:07magistrat,
22:08ministre.
22:09Ministre,
22:09c'est mineur,
22:10c'est le serviteur
22:11qui se prend souvent
22:12pour un magistrat.
22:14Le magistrat,
22:15c'est magistère,
22:15donc en latin,
22:16c'est le maître
22:17qui se prennent parfois
22:19pour des ministres.
22:20Il y a eu confusion
22:20des genres.
22:21Mais c'est le gros problème
22:23dans les institutions
22:24et dans la vie.
22:25il y a deux défauts
22:28que j'exécre au plus haut point.
22:31La vanité
22:32et le mépris.
22:34Et souvent,
22:35ça va de pair,
22:36évidemment.
22:37Mais vous avez raison.
22:40Il faut se rendre compte
22:44que la seule légitimité
22:46qu'on a,
22:47pas seulement comme magistrat
22:49ou comme ancien magistrat,
22:50je dirais même
22:51comme journaliste
22:53dans toutes les fonctions
22:54qui ont pour vocation
22:56d'être en rapport
22:57avec l'espace public,
22:59c'est d'être au service d'eux.
23:02Ça me paraît fondamental.
23:03Vous arrivez au parquet de Paris
23:05en tant qu'avocat général
23:06auprès de la cour d'appel ?
23:09La cour d'assises ?
23:10Alors, d'abord,
23:12je suis au parquet de Paris.
23:17En quelle année arrivez-vous ?
23:18D'abord,
23:23vers 1980,
23:27parce que je suis sanctionné
23:29à l'époque.
23:30Je devais partir en 1980
23:32à Paris.
23:34Et comme j'avais écrit
23:36un article sulfureux
23:37dans Libération,
23:39je suis maintenu
23:40un an de plus à Bobigny,
23:42évidemment,
23:43sans procédure disciplinaire.
23:46et donc j'arrive à Paris
23:49en 1981.
23:50Qui est avocat général ?
23:52C'est Pierre Arpaillange,
23:53peut-être,
23:53ou Robert Bouchery ?
23:54Bouchery, absolument.
23:56Il y a eu quelques ténors,
23:58ensuite,
23:58dans le parquet parisien.
23:59Je vais vous citer
24:00des noms que vous avez connus.
24:02Pierre Truches,
24:03Jean-François Burgelin.
24:05C'est celui que j'ai
24:06le plus respecté.
24:07Jean-Louis Nadal.
24:08C'était des personnalités,
24:09quand même.
24:09Nadal, absolument.
24:11Pierre Truches,
24:12une sensibilité de gauche.
24:14Mais c'est probablement
24:16l'homme que j'ai
24:17le plus respecté,
24:18parce qu'on pouvait dialoguer.
24:21Jamais cet être-là
24:23n'aurait assaini
24:24une injonction.
24:25On pouvait discuter.
24:27Alors d'autres,
24:28c'était plus difficile.
24:29Jean-Louis Nadal,
24:30plus controversé.
24:31Oui, mais j'ai eu
24:32de bonnes relations
24:33avec lui,
24:34et j'ai failli passer
24:35sous des fausses disciplinaires
24:38avec Rachida Dati
24:39et Alio Marie,
24:41qui était une catastrophe,
24:42à la fois, objectivement.
24:44Post-avocat général,
24:48post-toujours controversé,
24:49parce qu'on les soupçonne
24:50toujours d'être aux ordres
24:51ou pas aux ordres du pouvoir,
24:52ou de...
24:52Voilà.
24:53Ils prennent des décisions
24:54de justice
24:55qui sont les leurs.
24:56Là, je n'ai jamais eu
24:56de problème,
24:56Péricault,
24:57sur ce plan-là,
24:58parce que je ne faisais
25:00que cela.
25:00Donc j'étais plus de 20 ans
25:02uniquement voué
25:05à être aux assises,
25:07et les gens
25:09qui me connaissaient,
25:10même qui ne m'aimaient pas,
25:11m'imputaient
25:14mille défauts,
25:15mais au moins,
25:16ils savaient
25:16que je disais
25:17ce que je pense,
25:18et d'où aussi
25:19le fait que j'étais invité
25:21dans les médias
25:22bien avant
25:23la cour d'assises,
25:25non pas parce que
25:26j'exerçais
25:27une fonction officielle,
25:28mais parce que
25:29les journalistes
25:30savaient qu'au moins,
25:31je dirais la vérité
25:33selon moi.
25:34Je me souviens
25:34de vos débuts,
25:35Philippe Bilger,
25:36sur les antennes
25:37et sur les ondes,
25:38à l'écran,
25:38je me souviens
25:39autour de moi
25:40des gens s'étonner
25:41que vous puissiez
25:41avoir cette liberté
25:42de parole,
25:43ils se demandaient
25:44seulement comment
25:44votre autorité
25:45vous autorisait
25:46à aller,
25:47vous étiez tenu
25:47à un droit de réserve
25:48surtout quand vous
25:49étiez en activité,
25:50vous arriviez
25:51à faire,
25:51j'allais dire,
25:52le juste équilibre
25:53entre le fait
25:54de vous exprimer
25:55sans pour autant
25:56trahir des secrets
25:56professionnels.
25:57J'espère y être arrivé,
26:00c'est-à-dire que
26:01je faisais un partage
26:02absolu
26:03entre la pratique
26:04professionnelle,
26:06le ministère public
26:07que j'étais
26:08dans les affaires
26:09criminelles
26:10ou correctionnelles
26:11et bien sûr
26:12ce que j'avais
26:13le droit de dire
26:14en dehors
26:15de ma pratique
26:16professionnelle
26:18et donc
26:19lorsque Nicolas Sarkozy
26:21était président
26:22de la République
26:23et que
26:24en permanence
26:25justice et politique
26:26se mêlait,
26:27il était très simple
26:29pour moi
26:29de cliver
26:30les deux domaines
26:31et de parler
26:33en tant que
26:36citoyen
26:37avocat général
26:38et pour le reste
26:40je respectais
26:41évidemment
26:42la tenue
26:44et la déontologie
26:45qu'imposait
26:46la pratique
26:47professionnelle
26:48que j'avais.
26:49Il est vrai
26:50ou est-il vrai
26:51Philippe Bilger
26:53que parfois
26:54la magistrature
26:56et notamment
26:56au parquet
26:57voire les juges
26:58d'instruction
26:58on n'en a pas parlé
26:59mais c'est aussi
27:00un troisième élément
27:01on peut avoir besoin
27:03de faire passer
27:04ou filtrer
27:05certaines informations
27:06pour que l'affaire
27:07aboutisse
27:07pour que la vérité
27:09éclate au grand jour
27:10parce que
27:10s'il s'en tenait
27:11à la hiérarchie
27:12on n'en aurait
27:13jamais rien su.
27:14Alors là
27:14je dirais
27:15qu'il y a eu
27:17une forte évolution
27:18en 40 ans
27:19quand j'ai commencé
27:21dans la magistrature
27:22et je l'avoue
27:23j'ai parfois
27:25usé
27:25de certains médias
27:27pour
27:28faire plier
27:29une hiérarchie
27:30qui ne souhaitait pas
27:32faire avancer
27:33une procédure
27:35pour advenir
27:36à une vérité
27:37qui aurait pu être gênante
27:38mais ça a beaucoup
27:39changé après.
27:41Aujourd'hui
27:42le magistrat
27:43me semble-t-il
27:44qui décide
27:45de violer
27:45le secret
27:46de l'enquête
27:47ou de l'instruction
27:48commet une grave erreur
27:50parce que
27:51ça n'est plus
27:52nécessaire
27:52véritablement
27:54et donc
27:55nous devrions
27:56être beaucoup
27:57plus sévères
27:59à l'égard
27:59de toutes
28:00ces violations
28:00qui
28:01évidemment
28:03constituent
28:04des ruptures
28:05graves
28:06par rapport
28:07à une pratique
28:07professionnelle
28:09de rectitude.
28:10Je vous entraîne
28:11un petit peu
28:11sur le terrain
28:12politique
28:12de faits
28:14d'actualité
28:15quand
28:16Bruno Retailleau
28:17ministre de l'Intérieur
28:18suggère
28:19que l'on repense
28:20l'état de droit
28:21non pas pour mettre
28:22en cause
28:23l'ordre républicain
28:24ni la démocratie
28:24mais peut-être
28:25il n'était pas adapté
28:26j'en discutais
28:27tout à l'heure
28:28avec Etienne Blanc
28:28sénateur
28:29républicain au Sénat
28:32qui propose
28:33une proposition
28:34de loi
28:35sur l'entrisme
28:35islamiste
28:36est-ce qu'il faut
28:37est-ce qu'on peut
28:38aujourd'hui
28:39et c'est le magistrat
28:40qui va parler
28:40est-ce qu'on peut
28:41repenser l'état de droit
28:42aujourd'hui
28:42sans porter atteinte
28:43aux libertés démocratiques
28:44moi je le souhaiterais
28:45il est évident
28:46Bruno Retailleau
28:48qui s'est fait lâcher
28:50pour avoir dit ça
28:51oui a eu totalement
28:52raison
28:52et parce qu'il avait
28:53totalement raison
28:54dans notre monde
28:55à la fois
28:56aveuglé
28:57et frileux
28:58il a été
28:59comme vous le dites
29:00très bien
29:00vilipendé
29:01mais cela fait longtemps
29:03que je considère
29:05que notre conception
29:07formelle
29:08et abstraite
29:08de l'état de droit
29:09est une absurdité
29:11je dirais
29:12l'état de droit
29:13n'est pas uniquement
29:14destiné
29:15à sauver la mise
29:16aux coupables
29:18aux soupçonnés
29:19aux mises en cause
29:20aux transgresseurs
29:22comme l'a dit
29:23Bruno Retailleau
29:24il y a une majorité
29:26d'honnêtes gens
29:27c'est à ceux
29:29à leur service
29:31que l'état de droit
29:32doit être mis
29:34et ça veut dire
29:35qu'il faut
29:36fondamentalement
29:37fondamentalement
29:38on garde un socle
29:40qui ne doit jamais bouger
29:41et pour le reste
29:43on doit l'adapter
29:44à l'évolution
29:46d'une société
29:47et il est évident
29:49qu'on ne traite pas
29:50l'état de droit
29:51de la même manière
29:52lorsqu'il est
29:54rapporté
29:55à une société
29:56de tranquillité
29:58et de pacification
30:00ou à une société
30:01terrorisme
30:02où le vivre ensemble
30:04est complètement
30:05déchiqueté
30:06un juge n'est jamais
30:07qu'un implicateur
30:08de la loi
30:08on est bien d'accord
30:09au départ
30:10on le reproche souvent
30:11d'ailleurs
30:11on l'a vu
30:12à propos
30:13justement
30:14de certaines mises
30:15en examen
30:15récentes
30:16avec des exécutions
30:17provisoires
30:18de peine
30:18vous auriez été
30:20vous répondez si vous voulez
30:21mais je sais que vous allez le faire
30:22vous auriez été
30:23à la place de votre
30:24c'était un homme
30:26je crois
30:27qui requerait
30:27dans le dossier Sarkozy
30:29sur l'affaire libyenne
30:30vous auriez requis
30:32à peu près
30:32la même chose
30:33j'aurais probablement
30:35ils ont été très bons
30:38les deux avocats généraux
30:40j'aurais été au siège
30:43je n'aurais pas nécessairement
30:45la détention
30:46n'était pas nécessaire
30:48de mon point de vue
30:49même si après
30:50on parle bien de l'exécution immédiate
30:52elle a duré très peu de temps
30:53et heureusement
30:54il a été libéré
30:55ce qui
30:57n'a pas créé
30:59ça n'est pas Mandela
31:00ni Dreyfus
31:02il faut être clair
31:03mais il est évident
31:04que l'exécution provisoire
31:07qui a été votée
31:08par le Parlement
31:09oui
31:10eh bien
31:10elle pose réellement
31:13un problème
31:14à la va vite
31:14et dans des circonstances
31:15à cause d'affaires
31:16qu'à Usac
31:16un prix d'avant
31:17c'est sûr
31:18pour Nicolas Sarkozy
31:20pour Marine Le Pen
31:21c'est une manière
31:23un peu désinvolte
31:25et précipitée
31:26de s'épargner
31:28l'embarras
31:30de la réflexion
31:31en disant
31:32on a l'exécution provisoire
31:34on verra après
31:35l'appel
31:36mais ça porte atteinte
31:38profondément
31:38à ce qu'on appellerait
31:41une véritable justice
31:42ça ne retire rien
31:43à leurs responsabilités
31:44acquises
31:45ou supposées
31:46et la cour d'appel
31:47en tranchera
31:47donc vous considérez
31:49qu'il y a quand même
31:49une décision un peu symbolique
31:51du millier de personnages
31:52mais elle a eu
31:55un double effet pervers
31:57d'abord évidemment
31:58sur le plan
32:00de notre conception
32:01de la justice
32:02et surtout
32:03la discussion
32:04sur l'exécution provisoire
32:07a complètement occulté
32:09le débat
32:10sur la validité
32:11du jugement
32:12qui contrairement
32:13à ce qu'on prétend
32:14a été d'un pointisme
32:16juridique absolu
32:18et qui a été
32:19plutôt indulgent
32:20à l'égard de Nicolas Sarkozy
32:23donc évidemment
32:24je n'ai pas pu le dire
32:26ou trop peu
32:27parce que l'exécution provisoire
32:29bouchait tout l'horizon judiciaire
32:31situation qui aurait été impensable
32:33dans les années 70 ou 60
32:35la configuration
32:36ne se serait jamais présentée
32:37bien sûr
32:38bien sûr
32:38et puis surtout
32:39mais en même temps
32:41il est étrange
32:42de devoir convaincre
32:44Perico
32:44que lorsqu'on a du pouvoir
32:47lorsqu'on a des privilèges
32:49lorsqu'on a des devoirs
32:50et que
32:51si on les viole
32:53parce qu'on est au plus haut niveau
32:54il est normal
32:56que la sanction
32:57soit la plus élevée possible
32:59en tenant compte
33:00de la mesure
33:01tout de même
33:02et pourtant
33:03cette évidence
33:04n'est pas bien comprise
33:06en permanence
33:07on réfère
33:08pour se plaindre
33:10des sanctions
33:11contre les puissants
33:13aux voyous
33:14qui ne seraient pas
33:15assez punis
33:16mais au fond
33:16c'est très offensant
33:18pour ces gens
33:19de pouvoir
33:19c'est très clair
33:21vous restez avec nous
33:22et avec Philippe Bilger
33:23on se retrouve dans quelques instants
33:24et nous poursuivons
33:25cet échange passionnant
33:26et c'est le moment
33:27ou jamais
33:27d'appeler
33:28d'échanger
33:29avec Philippe Bilger
33:30au 0826-300-300
33:32sur Sud Radio
33:33on est ensemble jusqu'à 14h
33:34à tout de suite
33:35Sud Radio
33:36votre avis
33:37dans tous ses états
33:38nous sommes avec
33:39Philippe Bilger
33:40que vous pouvez appeler
33:41au 0826-300-300
33:43il m'a promis
33:44qu'il ne vous mettrait pas
33:44en examen
33:45quelle que soit la question
33:46vous lui poserez
33:47Philippe Bilger
33:49vous êtes
33:50un ancien magistrat
33:51je crois
33:52c'est un peu comme un médecin
33:53on le reste toute sa vie
33:54dans son âme
33:55une lecture de la justice
33:57et du droit
33:57vous êtes sur les plateaux
33:59aujourd'hui de télévision
34:01et les médias
34:02depuis longtemps
34:03vous êtes une des voix
34:04de la France
34:05qu'on l'écoute
34:06et même
34:07je le sais
34:08de gens qui vous connaissent
34:09et qui vous suivent
34:10depuis longtemps
34:10même s'ils ne sont pas
34:12toujours d'accord avec vous
34:13ils savent que vous parlez
34:15beaucoup plus
34:15avec vos convictions
34:16et jamais avec vos certitudes
34:18oui
34:19et puis surtout
34:20j'attache
34:21une importance
34:22considérable
34:24Pierrico Legas
34:26à ce partage
34:28très net
34:29que j'ai toujours fait
34:31entre la contradiction
34:33la contestation
34:35des idées
34:36ou l'adhésion
34:37que j'ai à leur égard
34:38et l'hostilité personnelle
34:41c'est pour cela
34:42que parfois
34:43je me sens
34:44en porte-à-faux
34:45dans le monde
34:46médiatique
34:47et politique
34:48d'aujourd'hui
34:49ça n'est pas
34:50parce que
34:50je ne suis pas
34:51en accord
34:52avec
34:53certains propos
34:54ou certaines personnalités
34:56d'eux et les filles
34:58que je les déteste
34:59sur le plan humain
35:00je ne supporte pas
35:03cette manie
35:04contemporaine
35:05de vouloir
35:06mettre tout le monde
35:08dans le même sac
35:09et d'engloutir
35:11dans l'opprobre
35:12aussi bien
35:13la personnalité
35:14que ce qu'elle pense
35:15et ce qu'elle propose
35:16pour autant
35:17vous convenez
35:17qu'il y a aujourd'hui
35:18un tribunal de la pensée
35:19soit à l'encontre
35:21des médias
35:21soit à l'intérieur
35:22des médias
35:23où l'on prend des jugements
35:24avec des positions
35:25qui sont non plus éditoriales
35:26mais idéologiques
35:27et du coup
35:28au contraire
35:29l'opinion publique
35:30peut dire
35:30tel média est orienté
35:31et tel média
35:32dénonce un autre média
35:33on est dans l'actualité
35:34on ne va pas citer de cas
35:35alors là c'est autre chose
35:36ça vous interpelle ou non ?
35:37ah oui bien sûr
35:38en même temps
35:40naïvement
35:41j'étais prêt
35:42à y voir
35:43un petit progrès
35:44c'est-à-dire que
35:46ces médias
35:47enfin sortaient
35:49d'une sorte
35:49d'inconditionnalité
35:52corporatiste
35:53ils se rentraient
35:54pardonnez-moi
35:56l'expression vulgaire
35:57dans le lard
35:58réciproquement
35:59mais ça prend
36:00une tournure
36:01qui devient
36:01aujourd'hui
36:02certaine plateaux
36:04sont des tribunaux
36:05voilà
36:05et personne n'est
36:06irréprochable
36:07avec réquisitoire
36:08quelquefois extrêmement
36:09violente
36:09et aucun média
36:11ne peut donner
36:12des leçons
36:12aux autres
36:13c'est un vrai problème
36:14Philippe Bilger
36:15il y a Sophie
36:15qui nous appelle
36:16de Bézier
36:17bonjour Sophie
36:17oui bonjour
36:18vous allez bien Sophie
36:20oui je vais bien
36:21bonjour à vous
36:22et bonjour à monsieur
36:23Philippe Bilger
36:24il est à votre écoute
36:25Sophie
36:26qu'est-ce que vous voulez
36:27demander à Philippe Bilger
36:28c'est simplement
36:29un petit point de vue
36:30c'est-à-dire que
36:32je pense que
36:33la justice
36:34là vous parlez
36:35de parquet
36:35vous parlez
36:36d'assises
36:37etc
36:37mais je voudrais
36:38parler de la justice
36:40des petits gens
36:41comme moi
36:41comme voilà
36:43bien sûr
36:43on arrive
36:44dans un tribunal
36:46je peux vous dire
36:46que c'est une
36:48vraie machine
36:49à broyer les gens
36:50déjà parce que
36:52dans notre vie
36:53on nous a appris
36:53à écrire
36:55à lire
36:55mais on ne nous a pas
36:56appris le droit
36:56et ça fait
36:5815 ans
36:59donc je suis
37:00dans une affaire
37:02juridique
37:03et j'ai beaucoup appris
37:05j'ai eu
37:06des jugements
37:07alors un
37:08avec l'autorité
37:09de la chose jugée
37:10qui est protégée
37:11par la constitution
37:12je ne savais pas
37:13ce que ça voulait dire
37:14au bout de 15 ans
37:15j'ai appris
37:15ensuite j'ai eu
37:16une première instance
37:17puis j'ai eu un appel
37:19maintenant je vais avoir
37:21un pourvoi en cassation
37:22vous vous y perdez
37:24un petit peu
37:25si je comprends bien
37:26alors maintenant
37:26je commence à comprendre
37:27mais les rouages aussi
37:28parce que la base
37:29c'est d'avoir
37:30un bon avocat
37:31et dire
37:32avoir un bon avocat
37:33malheureusement
37:34des fois
37:34c'est de voir le payer cher
37:35pour autant
37:36est-ce que vous avez
37:36encore confiance
37:37dans la justice
37:38de votre pays
37:38pour consacrer l'expression
37:40non parce que
37:40je vais vous dire
37:41si je perds en cassation
37:42je vais aller me coucher
37:44dans la cour de cassation
37:45parce qu'en fait
37:46des fois
37:47c'est les avocats
37:48qui nous représentent
37:49mais ils ne nous représentent
37:50pas nous
37:50ils ne représentent pas
37:52ce qu'on a dit
37:53ils vont
37:54pour peu
37:56qu'il y ait encore
37:56des arrangements
37:57entre les avocats
37:58parce que personne
37:59ne me fera dire
38:01qu'il n'y a pas
38:01à un moment donné
38:02des failles
38:04ne serait-ce que
38:06dans la défense
38:06voilà
38:08Philippe Milger
38:09va vous répondre
38:10sans connaître
38:10le fond de votre affaire
38:12mais sur le principe
38:13est-ce que le malaise
38:14de Sophie
38:15vous le comprenez
38:16Philippe Milger
38:17je trouve très regrettable
38:20évidemment
38:20le point de vue
38:21de Sophie
38:22qui dit
38:22et je sais
38:23que certains le partagent
38:25que la justice
38:26peut broyer
38:27qu'elle est très intimidante
38:29ça c'est vu
38:29parce qu'en effet
38:30et c'est très dommage
38:32parce qu'il est très facile
38:33oui vous ne le niez pas
38:35vous dites que c'est dommage
38:36que ça est vrai
38:36et il est pourtant
38:38très facile
38:39de montrer le respect
38:40à tout citoyen
38:42qui est obligé
38:43d'aller vers la justice
38:45il y a mille manières
38:46de lui faire perdre
38:48cette timidité
38:49devant l'institution
38:50et puis sur le second plan
38:52je ne peux pas
38:54évidemment répondre
38:55en connaissance de cause
38:57à Sophie
38:58parce que
38:58j'aurais besoin
39:00par une sorte
39:01de passion
39:02de la contradiction
39:03mais sinon
39:04je
39:04si j'étais en charge
39:07de quelque chose
39:08et j'ai tout retenté
39:09de le faire
39:10quand j'étais magistrat
39:12c'est de montrer
39:13aux citoyens
39:14à quel point
39:15la justice
39:16est une institution
39:17pour lui
39:18et pas contre lui
39:20et pourtant
39:20vous avez des gens
39:21qui vous disent
39:22le moins on y passe
39:23mieux on se porte
39:24parce qu'il y a des cas de figure
39:25où effectivement
39:26ça peut être très douloureux
39:27il y a en même temps
39:27des plaideurs d'habitude
39:28c'est une catastrophe
39:30mais
39:31je veux dire
39:32le magistrat
39:35devrait être obsédé
39:36par le citoyen
39:38quand il agit
39:39est-ce que vous savez très bien
39:43quand on lit
39:44un jugement
39:45c'est un charabia
39:47que seuls
39:48les juristes
39:49peuvent comprendre
39:50on reçoit des jugements
39:51on ne sait même pas
39:53c'est du français
39:55du 13ème siècle
39:57Sophie
39:59les avocats
40:00sont là pour ça
40:01justement
40:02et heureusement
40:02que les textes
40:03de droit
40:04sont rédigés
40:05de façon précise
40:06et en fonction du droit
40:07je vous
40:08mais enfin
40:08on vous comprend
40:09merci Sophie
40:11pour votre témoignage
40:14Philippe Bilger
40:15on va aller sur
40:16des principes fondamentaux
40:18nous sommes encore
40:19en démocratie
40:20oui
40:20même si certains
40:21nous disent
40:21attention
40:22elle est un peu abîmée
40:23liberté d'expression
40:24totale
40:25oui
40:25mais là aussi
40:26il y a des marches
40:27qui commencent à se resserrer
40:28un petit peu
40:29liberté d'expression
40:30qui est
40:32je dirais
40:33une passion
40:34cardinale
40:35chez moi
40:35je constate
40:37tout de même
40:38qu'il y a
40:39une légère dérive
40:41très étonnante
40:42à la fois
40:43on est prêt
40:47à considérer
40:48que les critères
40:50pour la liberté
40:51d'expression
40:52ne doivent plus être
40:54les critères
40:55évidents
40:56de la fausseté
40:57ou de la vérité
40:58de l'écrit
40:59ou du pas
41:00mais est-ce que
41:01ce qu'on dit
41:02est décent
41:02ou non
41:03ce qui est tout à fait différent
41:05et donc
41:06parfois
41:06j'ai l'impression
41:07qu'on touche
41:09à l'essentiel
41:10de la liberté
41:11d'expression
41:11et qu'en même temps
41:14on s'émeut
41:14pour des choses
41:15parfaitement dérisoires
41:17avec un niveau culturel
41:18souvent défaillant
41:19vous êtes d'accord
41:20et donc
41:20la liberté
41:21d'expression
41:22et je suis heureux
41:24de la défendre
41:25sur
41:26dans une radio
41:28que
41:28que j'aime
41:30profondément
41:31et dont le slogan
41:32parlons vrai
41:33est authentiquement
41:36vécu chaque jour
41:37je le sais
41:38pour l'éprouver
41:39et
41:40c'est quelque chose
41:42qui
41:42pour ceux
41:43qui y travaillent
41:44est fondamental
41:45vous avez toujours
41:46jugé vrai
41:46maintenant vous parlez vrai
41:48parce qu'on parle libre
41:49d'abord
41:50et bien c'est pour ça
41:51que nous sommes
41:51sur Sud Radio
41:52et on s'en réjouit
41:53merci Philippe Bilger
41:54d'avoir accepté
41:55cette invitation
41:55j'aurai certainement
41:57l'occasion
41:58de vous réinviter
41:59pour éclairer
42:00nos consciences
42:01sur le bien fondé
42:02de certaines affaires
42:03à très bientôt
42:04merci
42:04Sud Radio
42:05Sud Radio
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